Conclusion. –Diagnosis of carpometacarpal dislocation of the little finger can be performed with conventional radiographic examination;
computer-tomography is helpful to confirm an associated fracture of the carpus. The goal of treatment is early reduction and fixation of the
metacarpal. There is no recommendation for operative technique based on scientific evaluation. Early diagnosis is the key to success.
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Mots clés : Luxation carpométacarpienne ; Cinquième rayon
Keywords: Carpometacarpal dislocation; Little finger
1. Introduction
La luxation carpométacarpienne du cinquième rayon
(LCM5) est une lésion rare, l’entité luxation carpométacar-
pienne (LCM) représentant de 1 à 2 % de l’ensemble des
lésions du carpe [1–3]. De diagnostic souvent difficile, cette
lésion passe souvent inaperçue avec un diagnostic retardé.
Les conséquences de ces lésions ne sont pas négligeables, car
elles sont à l’origine d’instabilité articulaire et peuvent évoluer
vers une arthrose invalidante lorsque la prise en charge initiale
est inadéquate.
McWhorter en 1918 [4] a été le premier à individualiser
cette lésion et à décrire sa présentation clinique. Depuis, de
nombreuses publications concernant la prise en charge des
LCM5 peuvent être retrouvées dans la littérature, mais le plus
souvent elles se limitent à l’étude de cas isolés ou de petites
séries [4–15], ou incluent ces lésions dans l’étude de
l’ensemble des luxations carpométacarpiennes (LCM) des
doigts longs [1,2,16–25].
Nous avons donc souhaité étudier, à travers l’expérience
d’un service d’urgences mains, les patients ayant présenté une
LCM5, afin de rediscuter les différentes formes cliniques et
radiologiques, la physiopathologie, les problèmes liés au diag-
nostic, la prise en charge thérapeutique, ainsi que les différents
éléments pronostics.
2. Matériel et méthodes
2.1. Série (Tableau 1)
Nous avons réalisé une étude rétrospective des patients trai-
tés dans le service de chirurgie orthopédique–traumatologique
et urgences mains du CHU Purpan de novembre 1994 à mars
2003. Pendant cette période, 31 patients ont présenté une
LCM5 associée ou non à d’autres lésions de la main et du
poignet. Trente patients étaient de sexe masculin, et dans un
cas cette lésion intéressait une femme (n
o
31) ; l’âge moyen
de cette population était de 27,6 ans (extrêmes : 16 et 57 ans).
Vingt-cinq patients ont été pris en charge par le service
d’accueil des urgences de notre hôpital, quatre venaient de
départements limitrophes et ont été vus secondairement, et
deux patients n’ont pas été examinés en urgence et se sont
présentés en consultation spécialisée au deuxième jour post-
traumatique et à six mois respectivement.
Le mécanisme lésionnel consistait principalement en un
coup-de-poing contre un plan dur, retrouvé dans 20 cas
(64,5 %). Dans cinq cas (16 %), la luxation était consécutive
à un accident de la voie publique, avec un mécanisme lésionnel
difficilement appréciable. Dans quatre cas (13 %), la luxation
était induite par une chute sur la main (deux cas avec réception
poing fermé, un cas avec réception sur la paume de la main en
hyperflexion dorsale, et un cas non appréciable). Enfin, deux
lésions (6,5 %) étaient consécutives à la chute d’un objet sur la
face dorsale de la main. La main dominante était atteinte dans
80 % des cas.
2.2. Diagnostic et classification
Le diagnostic de la LCM5 a été porté 19 fois en urgence
permettant une prise en charge immédiate, chirurgicale dans
18 cas et orthopédique dans un cas (n
o
23). Dans neuf cas, le
diagnostic adéquat n’a pas été porté en urgence retardant la
prise en charge (de trois jours à deux ans). Deux patients
n’ont pas consulté initialement et le diagnostic a été réalisé à
deux jours et à six mois après le traumatisme initial. Enfin, un
patient présentait une luxation secondaire après traitement
orthopédique d’une fracture isolée de l’hamatum (n
o
20).
Les bilans radiographiques initiaux (29 dossiers) compre-
naient toujours un cliché de face en incidence antéroposté-
rieure, un cliché de trois quarts et un cliché de profil. Dans
tous les cas le diagnostic de LCM5 pouvait être porté après
un examen soigneux des clichés. Les lésions osseuses asso-
ciées des autres métacarpiens étaient également visibles, en
revanche les lésions osseuses carpiennes étaient plus difficile-
ment interprétables et le recours à un examen tomodensitomé-
trique s’est avéré indispensable dans deux cas (n
os
7 et 29).
Toutes les LCM5 rencontrées étaient des luxations dorsales.
Nous avons utilisé deux classifications :
●la classification de Costagliola et al. [18] qui individualisait,
àl’image du pied, deux axes architecturaux : le système
columnaire pour la colonne du pouce et le système spatu-
laire pour les doigts longs ; ils classaient les lésions selon
leur siège, leur déplacement et leur nature (ligamentaire
pure ou ostéoligamentaire). Selon cette classification, on
retrouvait : des luxations spatulaires isolées (fracture–luxa-
tion du cinquième métacarpien et luxation isolée du cin-
quième métacarpien), des luxations spatulaires partielles
associant deux ou trois métacarpiens (quatrième–cinquième
et troisième–cinquième) et des luxations spatulaires complè-
tes intéressant l’ensemble des métacarpiens. Le résultat
selon cette classification est reporté dans le Tableau 2 ;
D. Gangloff et al. / Chirurgie de la main 26 (2007) 206–213 207