Aménager les territoires en France

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Aménager les territoires en France La réforme des programmes de géographie pour les concours A/L et B/L conduit le jury à proposer cette année une seule question portant sur la France. L’année suivante, les candidats composeront sur un seul programme de géographie thématique. Le choix du programme a été guidé par un triple objectif : -­‐ proposer au candidat une lecture synoptique du territoire métropolitain et ultra-­‐
marin ; -­‐ permettre d’aborder de façon transversale l’ensemble des approches géographiques contemporaines et d’acquérir les bases conceptuelles et méthodologiques de la discipline ; -­‐ sensibiliser les candidats à la dimension appliquée de la géographie, à travers la question de l’aménagement qui ouvre sur de nombreuses formations universitaires, aussi bien en recherche qu’en filières professionnelles. Le programme exige une bonne connaissance du territoire national et de ses dynamiques. Celle-­‐ci se mesurera d’abord à l’aune de la qualité et la variété des exemples, véritablement analysés et non simplement cités. Aucun exemple canonique n’est attendu : nous demandons en revanche que les candidats s’approprient les études de cas et ne se contentent pas de plaquer le cours de leur professeur, les manuels ou les articles qu’ils auront pu lire. Nous serons très attentifs à la qualité des productions graphiques, et ce à toutes les échelles, car celles-­‐ci révèlent aussi la connaissance du territoire. Les cartes et les croquis muets, les erreurs de localisation, l’absence de légende organisée, de titre ou d’échelle, le non respect des règles de base de la sémiologie graphique seront fortement pénalisés. Nous sanctionnerons très lourdement l’absence de productions graphiques (ou l’équivalent, à savoir des croquis microscopiques, illisibles et peu soignés). Nous indiquons en outre que nous n’attendons pas la reproduction à l’identique de croquis pris dans les manuels ou les articles : nous évaluerons très attentivement la capacité du candidat à adapter le croquis (et l’exemple qu’il accompagne) à sa démonstration. Nous tenons ici à rappeler que l’exercice du commentaire de carte est un bon moyen d’acquérir des exemples et que le fait de citer une carte dans une dissertation (à condition bien entendu de le faire à propos) peut être valorisé. Le programme demande ensuite de maîtriser le vocabulaire de base de la géographie. Nous serons, comme chaque année, très attachés au bon usage des concepts élémentaires. Plus largement, le programme doit permettre au candidat de maîtriser les fondamentaux de la démarche géographique, afin de produire un questionnement problématisé. Nous insistons ici sur la nécessaire approche multiscalaire de la question, qu’il s’agisse d’espace ou de temps. Le candidat sera ainsi amené à faire le va-­‐et-­‐vient entre les échelles locales, voire micro-­‐locales, régionales et nationales, sans s’interdire de prendre en compte, lorsque le sujet l’exige, l’échelle européenne ou mondiale. Concernant les échelles temporelles, nous mettons en garde les candidats sur les risques d’un traitement chronologique des sujets. Il ne s’agit ni de raconter l’histoire de l’aménagement du territoire en France, ni de s’interroger sur le couple permanence/mutation, mais d’envisager des dynamiques territoriales, de réfléchir en termes de rythmes et de temporalités. Enfin, comme les autres années, le programme invite les candidats à ne pas verser dans les propos désincarnés, purement théoriques et rhétoriques. Nous voulons voir des territoires, concrets, précis, localisés et localisables, mais aussi des hommes (et donc des femmes), des jeunes, des personnes âgées, des aménageurs, des habitants, des usagers, des passants, des élus, etc. (et non pas simplement des acteurs, des « on » et des verbes à la voie passive). Ces remarques préalables posées, nous proposons quelques pistes pour guider les candidats dans leur préparation. Le programme les invite à réfléchir au glissement qui fait passer de l’aménagement du territoire en France à l’aménagement des territoires. S’agit-­‐il d’un simple jeu sur les mots ou assiste-­‐t-­‐on à des évolutions réelles, qu’il s’agisse des principes et des objectifs, des outils, des acteurs de l’aménagement ? Quels territoires sont concernés ? À quelle(s) échelle(s) et pourquoi ? Nous appelons donc les candidats à s’interroger sur cette évolution, afin de comprendre quel est aujourd’hui le rôle de l’aménagement en France : comment il modifie les territoires, dans quel but, selon quelles logiques, par quels acteurs et quels coûts, pour qui ? Il est impératif de tenir compte de l’épaisseur historique des territoires concernés, pour bien saisir le rôle des héritages avec lesquels les aménageurs doivent composer, des temporalités et des rythmes selon lesquels les transformations s’opèrent. Nous souhaitons que le candidat puisse inscrire cette réflexion dans un contexte national précis, marqué par la globalisation, la mondialisation, l’intégration européenne, la crise de l’État-­‐Providence et des finances publiques, etc. Il doit aussi prendre en compte l’évolution des pratiques et des représentations de la population française dans un contexte de mobilité accrue (sinon d’hypermobilité), de croissance des inégalités de tous ordres ou encore, de sensibilité accrue aux questions environnementales (la liste n’est bien sûr pas exhaustive). Plus largement, il convient de bien avoir à l’esprit les dynamiques territoriales actuelles pour bien cerner les enjeux (et les problèmes) auxquels les aménageurs doivent répondre : métropolisation, périurbanisation, littoralisation, déprise agricole et rurale, désindustralisation et reterritorialisation de l’industrie, reconversion des territoires, insularité, marginalisation de certaines périphéries, etc. Il est par ailleurs nécessaire d’insister sur l’évolution des dispositifs politico-­‐
administratifs, avec notamment la décentralisation, l’émergence de l’échelon régional et européen, la libéralisation de certains services publics, l’affirmation des acteurs privés, bref, la transformation de la gouvernance des territoires. La réflexion ne peut faire l’économie des jeux d’acteurs, des rapports de forces qui s’instaurent sur les territoires, des mécanismes d’appropriation par les différents pouvoirs qui s’exercent sur l’espace, des stratégies de territorialisation qui sont mises en œuvre dans les discours, les projets, les réalisations. Si ce cadre général est un préalable indispensable, il ne dispense pas de considérer la spécificité de chaque territoire, en particulier les dimensions sociales de ces derniers. C’est donc bien toutes les échelles et toutes les facettes de la discipline qui peuvent être abordées. Nous souhaitons enfin mettre en garde les candidats : nous attendons de leur part une certaine distance critique, qui leur permettra de décoder la rhétorique du marketing territorial et ne pas se contenter de produire un catalogue de jugements de valeurs. Nous rappelons qu’une dissertation n’est pas le lieu pour expliquer ce qu’il faut ou faudrait faire, pour prédire l’avenir ou pour condamner (ou au contraire porter au pinacle) tel ou tel principe d’action, tel ou tel projet. En ce qui concerne la bibliographie, ce programme a été donné à l’agrégation et au CAPES. Les attentes envers des candidats à niveau bac +2 ne sauraient être aussi élevées. En revanche, il existe de nombreux manuels publiés chez les éditeurs spécialisés dans les concours de l’enseignement, ouvrages synthétiques et abordables, qui permettront aux candidats de se familiariser avec la question. Le jury rappelle ici qu’il n’attend pas un exercice d’érudition ni une lecture exhaustive de toute cette bibliographie abondante ! Il insiste lourdement sur le fait que le manuel doit permettre l’acquisition des concepts et des problématiques de base : il est donc fortement déconseillé de chercher à réciter le contenu de ces ouvrages dans les copies. Le jury exige une réflexion personnelle, qui montre la maîtrise des fondamentaux de la géographie, nourrie par des exemples originaux, et non un copier-­‐coller plus ou moins habile des manuels, qui le condamnerait à une lecture fastidieuse d’éléments redondants et le mettrait forcément de très mauvaise humeur. La lecture d’articles scientifiques récents, facilement accessibles en ligne par les portails de revue ou en bibliothèque reste très vivement recommandée. Les numéros de la Documentation photographique voire certains manuels du secondaire peuvent être des sources précieuses d’études de cas et de croquis originaux, que le candidat pourra s’approprier. Pour conclure, nous rappelons que la préparation doit d’abord permettre au candidat de s’ouvrir au monde qui l’entoure et de réfléchir à ce qu’il voit, entend, pratique. Elle est l’occasion pour lui d’apprendre à connaître le territoire sur lequel il vit et de satisfaire une curiosité que l’on espère grande. La réduire à un bachotage scolaire serait non seulement triste mais totalement inefficace. L’oral L’oral s’appuie toujours sur le commentaire d’une carte de l’IGN au 1/25000e, DROM compris, assorti d’un document d’accompagnement et d’un sujet qui fournira au candidat une problématique d’étude. Il ne s’agira donc pas de traiter l’ensemble de la carte mais d’adapter le commentaire au sujet proposé. Le document d’accompagnement ne doit pas être commenté en tant que tel mais parce qu’il éclaire la carte et le sujet proposé. Les candidats disposent par ailleurs d’un atlas : le jury ne saurait trop insister sur l’importance de son utilisation. Le jury exclut pour cette année de donner des sujets sur l’aménagement. Nous invitons donc les candidats à ne surtout pas essayer de réciter leur cours. En revanche, l’aménagement concernant l’écrasante majorité des territoires en France, il est évident que le candidat pourra se référer à ses acquis de l’écrit, à condition qu’il en fasse un usage pertinent, c’est-­‐à-­‐dire approprié à sa démonstration. Nous rappelons qu’à l’oral, le croquis n’est pas obligatoire et qu’il est peu utile -­‐ voire déconseillé -­‐ d’écrire son plan au tableau. Nous soulignons aussi que la reprise est un temps essentiel, qui compte autant que l’exposé du candidat : le jury ne cherchera jamais à piéger le candidat ou à éprouver son érudition, mais à tester la capacité de ce dernier à réfléchir, à partir de ses connaissances et des documents, pour mettre en œuvre un questionnement et une démarche géographiques. L’exposé dure entre quinze et vingt minutes : mieux vaut un exposé plus court, qui ouvre la voie à une discussion constructive avec le jury qu’un exposé qui cherche à gagner du temps pour échapper aux questions. De même, comme il est impossible de tout dire en quinze ou en vingt minutes, il est impératif de sélectionner les informations (et donc de les hiérarchiser) afin de proposer au jury un exposé clair et audible, et non un propos débité à grande vitesse et de fait incompréhensible. Le jury ne note pas ce que le candidat aurait pu, voulu ou pensé dire, mais ce qu’il a entendu et compris. Ajoutons pour conclure que lorsque le candidat ne sait pas répondre à une question, il est préférable qu’il le dise plutôt qu’il tente de répondre à côté ou de s’en tirer par des réponses aussi emberlificotées que chronophages : le jury essaiera par ses questions de le faire réfléchir pour qu’il trouve la réponse. 
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