Cependant, le paysage mondial se modifie sensiblement : les pays pionniers ont saturé leurs marchés
respectifs et se sont tournés vers l'exportation. En Europe, l'Espagne, le Portugal et plus récemment la France
et la Grande-Bretagne (qui occupent les deux premiers rangs en terme de potentiel éolien) ont mis en place
une politique volontariste d'aide et ont donc pris le relais de la progression en Europe. Mais de nouveaux
marchés, immenses, vont peu à peu réduire la part européenne (de 65 % en 2006 à 55 % en 2008, cf.
tableau 1 en [Doc. BM 4 640]). Les États-Unis ont repris leur politique d'investissements dans l'éolien en 2006
et le Canada s'est lancé à grande échelle en 2007. En Asie, l'Inde et la Chine profitent de l'augmentation
importante de leur demande intérieure pour se positionner sur toutes les formes de production d'énergie et en
particulier sur le renouvelable. Au-delà de leurs parts respectives qui vont croissantes (les États-Unis sont
devenus le n 1 mondial fin 2008), ce sont de nouveaux acteurs qui se créent ou investissent dans la chaîne
industrielle de l'éolien et qui vont concurrencer progressivement les acteurs actuels.
Les pays européens pionniers de l'éolien, tels que l'Allemagne et le Danemark, se tournent maintenant vers le
développement des implantations offshore, nouvel eldorado de l'éolien attendu depuis le début des années
2000. Au-delà des conditions de vent favorables et d'un potentiel énorme, l'offshore est une nouvelle
perspective de marché qui s'affranchit de nombreuses contraintes rencontrées en terrestre, notamment
concernant l'impact sur les populations... mais qui possède aussi des spécificités propres assez
contraignantes.
Avec une progression aussi spectaculaire de la puissance installée au niveau mondial, il est toujours difficile
de faire des projections sur le long terme, les perspectives devant être réactualisées régulièrement à la
hausse. Suivant les projections du GWEC (Global Wind Energy Council) de début 2008 [12]* , ce sont
240 GW d'éolien qui pourraient être disponibles en 2012 et qui fourniraient alors environ 3 % de la
consommation électrique globale. La part européenne se situerait autour des 40 % avec 100 GW installés.
Selon l'EWEA (European Wind Energy Association [13]* ), 180 GW (dont 35 en offshore) sont probables à
l'horizon 2020 pour les 27 États membres de l'UE. Les prévisions pour la France [14]* se situent autour de
7 GW en 2012 et entre 20 et 25 GW en 2020 (dont 6 en offshore). À cette échéance, la France produirait selon
le RTE (Réseau de Transport d'Électricité [11]* ) 48 TWh d'électricité éolienne, soit environ 9 % de la
consommation intérieure d'électricité prévue (535 TWh).
Les conditions de réalisation de ces objectifs sont cependant très intimement liées à différentes facteurs :
le maintien sur la durée de soutiens politiques et économiques pour les énergies renouvelables. La
volonté des États de sécuriser leur approvisionnement énergétique, en réduisant leur dépendance aux
énergies fossiles, et de combattre le réchauffement climatique annoncé va cependant dans le sens d'un
déploiement, pour l'ensemble de la planète, de ces énergies et en particulier de l'éolien ;
la capacité de chaque pays à développer un cadre législatif et administratif adapté à ses contraintes
propres et à son territoire (degré d'acceptation et densité de la population, répartition du potentiel éolien,
etc.) ;
la capacité de chaque pays à prendre en compte l'arrivée de cette production non constante sur leurs
réseaux électriques respectifs ou en interconnection avec les pays voisins. Différents possibilités sont
en outre actuellement à l'étude pour développer des dispositifs de stockage couplés à l'éolien, afin de
lisser ce mode de production ;
l'évolution du coût du kilowattheure éolien. Depuis une vingtaine d'années, il n'a cessé de se réduire
pour atteindre environ les 1 000 e/kW installés (en terrestre). Comparé au gaz dont le prix n'a cessé
d'augmenter, il est déjà compétitif sur certains sites terrestres bien ventés. Cependant, avec
l'explosion de la demande depuis 2005, ce chiffre est légèrement remonté puisque les constructeurs ont
fini par être à court de composants. De nouvelles capacités de production ont du être lancées et de
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