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Clinic 2015 ; 36 : 123-131
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d’une partie de ce réseau aux instru-
ments, solutions d’irrigation et maté-
riaux d’obturation). Il paraît alors logique
que son retrait permette de rétablir la
perméabilité canalaire et d’obtenir une
meilleure prédictibilité du traitement.
Techniques de retrait
De nombreuses techniques ont été
décrites dans la littérature, certaines
sont largement éprouvées, d’autres
sont plus anecdotiques. Cependant,
elles nécessitent toutes, dans un pre-
mier temps, un accès rectiligne à la tête
du fragment (par un aménagement de
la cavité d’accès ou bien au détriment
des parois canalaires).
La plus ancienne utilise un système
d’extracteur, le kit de Masserann (Micro
Mega, Besançon) (fig. 1 et 2). L’accès rec-
tiligne est réalisé par un aménagement
de la cavité d’accès, puis la création d’un
plateau centré sur la tête de l’instru-
ment permet l’introduction d’un trépan
(fig. 3) qui en libère la partie coronaire.
L’extracteur (tube creux) est ensuite
mis en place dans l’espace créé autour
de l’instrument et un pointeau inséré
dans le tube vient bloquer le fragment
contre ses parois. Un mouvement, ho-
raire ou anti-horaire selon la nature de
l’instrument, permet ensuite son déga-
gement (fig. 4).
D’autres systèmes d’extracteurs ont été
décrits. Certains, plutôt artisanaux, uti-
lisent des tubes du type aiguille hypo-
dermique. Une aiguille du diamètre de
l’instrument fracturé est choisie ; elle
est utilisée comme un trépan, son bord
biseauté tranchant étant susceptible
d’entamer la dentine. Il est préconisé
d’utiliser un adhésif, un composite ou
un autre instrument servant de coin à
l’intérieur de l’aiguille pour venir blo-
quer l’instrument fracturé. Le système
est ensuite retiré par un mouvement
de dévissage [1].
Bris instrumental
intracanalaire : Technique
et prise de décision
La présence d’un bris d’instrument dans le réseau canalaire
complique le traitement endodontique et compromet le contrôle
de l’infection canalaire, ce qui peut altérer le pronostic du
traitement. Cependant, et malgré les avancées techniques dans le
domaine, le retrait du fragment fracturé peut représenter un risque
pour l’intégrité de la dent et son avenir fonctionnel. C’est ce rapport
bénéfice/risque que le praticien doit savoir analyser afin d’orienter
sa décision thérapeutique dans l’intérêt de la dent et du patient.
La fracture d’instruments dans le réseau
endodontique, sans être un événement
fréquent, reste relativement courante
au vu du nombre de traitements réali-
sés. Tout praticien doit donc savoir
apprécier la situation en s’appuyant sur
des données scientifiques et cliniques
guidant les différentes options théra-
peutiques et leur pronostic. Le recueil
et l’analyse de ces données devront
éclairer sa prise de décision : faut-il
déposer ou non ?
Les règles générales régissant la gestion
des bris instrumentaux intracanalaires
s’appuient sur les principes fondamentaux
et les objectifs des traitements endodon-
tiques : prévenir ou supprimer les patho-
logies périradiculaires par un contrôle
optimal de l’infection canalaire et, ainsi,
assurer l’avenir fonctionnel de la dent.
Un bris d’instrument présent dans le
réseau canalaire peut être considéré
comme un facteur de risque indirect de
l’échec endodontique, dans la mesure
où il compromet le contrôle de l’infec-
tion bactérienne (empêchant l’accès
Endodontie
Soazig GLATIGNY
Docteur en chirurgie dentaire
DIU d’endodontie, université
Paris Descartes
Tchilalo BOUKPESSI-JUBIEN
Docteur en chirurgie dentaire
MCU-PH, université Paris Descartes,
hôpital Charles-Foix AP-HP
Jean-Philippe MALLET
Docteur en chirurgie dentaire
Ancien assistant hospitalo-universitaire,
université Paris Descartes