Résumé
L’objet de ce travail de thèse est la description linguistique de la modalité
interrogative, en français, en conversation spontanée et en synchronie. Il s’agit
d’abord de relever et d’évaluer tous les indices morphosyntaxiques qui per-
mettent de faire état de l’information transmise. Puis, l’objectif est de mesurer
l’implication dialogique du locuteur.
On considère à l’instar de [Damourette 1934], qu’un énoncé interrogatif
n’est complet que lorsque une réponse est apportée. Un locuteur formule sa
question en fonction d’une image de réponse qu’il a présente à l’esprit et qui
véhicule l’information-réponse tout autant qu’un contexte interactif et argu-
mentatif. On peut émettre l’hypothèse que l’intentionnalité d’un locuteur se
mesure en se fondant sur la réponse qu’il escompte, c’est-à-dire sur celle qu’il
considère être non seulement la plus plausible au sein de sa représentation du
monde, mais aussi la plus adéquate à la situation énonciative et dialogique. À
partir de cette hypothèse, l’analyse a permis, dans un premier temps, de pro-
céder à une description modélisée de l’interrogation en fonction de deux axes
complémentaires. Dans un second temps, un dernier axe a été ajouté afin
de circonscrire la dimension ontologique des outils interrogatifs du français
contemporain.
Les deux premiers axes sont strictement linguistiques : le premier, appelé
axe des variations morphotypiques, prend en charge la distribution des outils
interrogatifs qu’ils soient ou non adverbiaux. Il s’agit notamment de distinguer
l’outil adverbial simple quand de la locution prépositionnelle plus complexe
à quelle heure. Le deuxième, appelé axe argumentatif, établit une typologie
des indices morphosyntaxiques correspondant aux possibles pragmatiques. Il
s’agit alors de distinguer les intentions cachées derrière l’utilisation de dif-
férentes configurations morphosyntaxiques. Recourir à la locution renforcée
est-ce que dans Où est-ce que tu vas ? n’induit pas la même intentionnalité que
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