4
1.1.1 : La crise des années 70 et le regain d’intérêt pour la prospective
La crise affectant l’économie mondiale au début des années soixante-dix suscitera
un regain d’intérêt pour les travaux de prospective ; les ruptures induites par la crise
justifiant la nécessité d’explorer des trajectoires alternatives à long terme. Trois
ouvrages majeurs rendent compte des débats de l’époque.
Le rapport Interfuturs de l’OCDE
1
présentait 6 scénarios possibles de l’économie
mondiale à l’horizon 2000, allant de la coopération internationale au fractionnement
de l’économie mondiale et à la rupture des relations Nord-Sud.
Le rapport du Club de Rome
2
insistait alors sur les dérives dangereuses induites par
la croissance démographique, la sur-utilisation des ressources rares et non
renouvelables, l’industrialisation, la pollution et les insuffisances de la production
agricole. Il préconisait un ralentissement volontaire de la croissance au Nord et une
mobilisation des ressources pour le développement du Sud.
Enfin, le rapport Tinbergen
3
mettait en évidence les risques de contradiction et de
conflits entre, d’une part, un nouvel ordre économique international fondé sur le
développement des procédures de marché et sur une industrialisation accrue et,
d’autre part, les stratégies de satisfaction des besoins fondamentaux mettant
l’accent, quant à elles, sur l’amélioration des conditions de vie des êtres humains.
1.1.2 : Essor de la prospective africaine au début des années 80 : les images de
l’Afrique à l’horizon 2000
Ces interrogations sur les futurs possibles rencontreront un écho favorable en
Afrique où l’on assistera, à partir à la fin des années 70, à un développement
important des travaux de prospective. Parmi les travaux les plus marquants, et qui
portaient alors sur l’Afrique à l’horizon 2000, figuraient les études présentées au
colloque de Monrovia en 1979
4
, le Plan d’action de Lagos de 1980
5
, le Rapport Berg
6
et l’étude ILTA
7
.
Une partie des travaux du colloque de Monrovia s’inscrivait dans la lignée des
« forecast studies ». L’extrapolation des tendances lourdes du passé conduisait à
une image à long terme de l’Afrique, sinon catastrophique, du moins très pessimiste,
marquée par une aggravation multiforme des inégalités : inégalités au sein des États
1
OCDE, 1979. Rapport Interfuturs. Face aux futurs : pour une maîtrise du vraisemblable et une
gestion de l’imprévisible. OCDE, Paris
2
Meadows, Dennis ; Meadows, Donella ; Randgers, Jorgen, 1972. The Limits to Growth. Universe
Books, New-York.
3
Tinbergen, Jan, 1976. Reshaping the International Order. Dutton, New-York.
Un bilan de la prospective africaine Vol. 1 p. 18
4
OUA, 1979. Quelle Afrique pour l’an 2000 ? Rapport final sur les perspectives du
développement de l’Afrique à l’horizon 2000. Monrovia 12-16 février 1979 - Genève, Institut
international d’études sociales
5
OUA, 1981. Lagos plan of action for the economic development of Africa 1980-2000. OUA
6
Banque mondiale, 1981. Le développement accéléré de l’Afrique au sud du Sahara. World
Bank, Washington D.C.
7
SCET International, SCET Agri, SEDES, 1984. Une image à long terme de l’Afrique au sud du
Sahara. Commission des Communautés européennes, Caisse des Dépôts et Consignation, Paris.