See discussions, stats, and author profiles for this publication at: https://www.researchgate.net/publication/283724104 Mission d’appui à la Révision du Plan de Gestion du Parc National du Diawling et de sa zone périphérique, Mauritanie, 30 novembre - 17 décembre, 2004 Technical Report · August 2005 DOI: 10.13140/RG.2.1.3852.2322 CITATIONS READS 2 280 1 author: Olivier Hamerlynck National Museums of Kenya 128 PUBLICATIONS 2,114 CITATIONS SEE PROFILE Some of the authors of this publication are also working on these related projects: Western Indian Ocean Deltas Exchange and Research Network (WI°DER) View project What drives restoration governance worldwide? View project All content following this page was uploaded by Olivier Hamerlynck on 13 November 2015. The user has requested enhancement of the downloaded file. Mission d’appui à la Révision du Plan de Gestion du Parc National du Diawling et de sa zone périphérique Mauritanie 30 novembre - 17 décembre, 2004 Dr. Olivier Hamerlynck CONTRAT N° UICN-MR/CONS/11/04/PND1 1 Photo de couverture : bouchon du marigot de Bell, brèche de la Langue de Barbarie, Flamants Nains dans l’Aftout inondé, Affaissement de la digue rive droite dans le bassin du Diawling Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 1 Résumé exécutif Le Parc National du Diawling (PND) a été créé en 1991 et, à partir de cette date, des démarches ont été entreprises pour le doter des équipements, des instruments de gestion et des ressources humaines nécessaires à l’accomplissement de ses objectifs : • La conservation et l’utilisation durable des ressources naturelles d’un échantillon de l’écosystème du bas-delta • Le développement harmonieux et permanent des diverses activités des populations locales • La coordination des activités pastorales et piscicoles menées sur son territoire. Bien avant la création du Parc, des études, faites dans le cadre de l’analyse des impacts des barrages, avaient démontre que la meilleure utilisation économique, sociale et écologique des terres du bas-delta mauritanien était d’y pérenniser tant que possible la productivité qui dépendait essentiellement de l’inondation annuelle de superficies importantes des plaines par la crue et du mélange des eaux douces et des eaux salées. Dans le système artificialisé aprèsbarrages, c’est maintenant la gestion hydraulique du bas-delta qui détermine sa productivité, l’exploitation des ressources renouvelables par les collectivités et l’épanouissement de la biodiversité. Ce rapport se concentre donc sur cette gestion hydraulique dont la réussite, et l’adaptation aux conditions toujours changeantes, détermine en majeure partie le bien-être des populations locales et l’intérêt de la zone sur le plan de la biodiversité. Depuis la création du PND il convient de distinguer plusieurs phases dans la gestion. La période initiale (1991-1993), a surtout été une prise de contact entre la nouvelle institution et les collectivités, ainsi qu’une phase d’identification des besoins en termes de restauration, d'aménagement et de développement. Dans une seconde période (1994-1996), l’accent a été porté sur la mise en place des infrastructures hydrauliques et l’élaboration du premier plan de gestion. De 1997 à 1999, plusieurs scénarios d’inondation ont été testés et ont eu pour effet une reprise des activités traditionnelles des populations locales. La période 2000-2002 a été caractérisée par une instabilité en terme de ressources humaines et par la perte d’une certaine mémoire institutionnelle au Parc. Néanmoins, il y a aussi eu consolidation de certains acquis et les résultats sur les plans socio-économique et environnemental ont continué à s’améliorer. L’équipe actuelle, bien dotée en compétences techniques et scientifiques, est confrontée à de nouveaux défis qui nécessitent une actualisation du plan de gestion : 1. Du fait de la mise en service progressive des turbines à Manantali, les lâchers de Diama en période sèche ont augmenté de façon considérable. Cette évolution a rendu moins nécessaire la pratique des inondations de contre-saison à travers le bassin de Bell. Néanmoins, la conductivité dans le Ntiallakh doit rester le critère primordial pour décider s’il faut oui ou non une inondation de contre-saison et, une fois le marigot de Bell curé, la procédure devra être re-testée dans le nouveau contexte pour s’assurer que le dispositif sera fonctionnel en cas de besoin. 2. La création d’une brèche dans la Langue de Barbarie, dans la nuit du 3 octobre 2003, a profondément modifié la donne hydraulique du bas-delta. L’augmentation du marnage pourra avoir des impacts positifs sur la productivité halieutique de l’estuaire et favoriser l’extension de la mangrove. Par contre, l’évacuation trop rapide des lâchers de Diama vers l’océan peut mettre en péril la recharge des nappes phréatiques, vitales aux populations riveraines du Ntiallakh. La réduction de l’amplitude des crues risque aussi d’avoir des incidences négatives sur la production de pâturages et du Sporobolus dans le Ntiallakh. En compensation, le PND devra donc maximaliser les débits qui Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 2 transitent par ses bassins vers le Ntiallakh. En amont du barrage, l’impact s’est, en 2004, surtout fait sentir par une baisse plus importante du niveau en période de crue (à moins de 1.50 m IGN). Pour le bassin de Gambar, les impacts d'une telle baisse du niveau de la retenue peuvent être positifs puisqu’il fonctionnera à nouveau quelque peu comme une plaine inondable mais avec un rythme et une durée de crue inversés : l’exondation se fera dans la période d’inondation de la situation avant-barrages. L’exondation périodique pourra permettra de freiner la recolonisation par le Typha des zones les plus élevées, si celles-ci ont été dégagées auparavant. Cette exondation offrirait aussi une possibilité d’aménager des petits bassins pour la culture du nénuphar ou du bourgou, éventuellement de pisciculture. En ce qui concerne les bassins du Parc, une telle baisse du niveau d'eau dans la retenue aura pour impact principal une réduction de la charge et donc des débits d’entrée pour une ouverture donnée. Il y aura donc nécessité de plus de planification et de coordination avec l’OMVS SOGED pour des manipulations probablement plus fréquentes des vannes. Pour plus facilement s’accommoder de la nouvelle gestion de la retenue et de Diama, le nouvel hydrogramme de crue pour les bassins du PND propose de suivre la remontée lente du niveau dans la retenue en août-septembre, de retarder la pointe de crue jusqu’à la mi-octobre et de faire suivre immédiatement par la fermeture des vannes et une décrue active. Néanmoins, lors de la 57ème réunion de la Commission Permanente des eaux de l’OMVS en début juillet 2005 il a été décidé de garder un niveau minimal de 1.75 m IGN dans la retenue. 3. La remise en eau des cuvettes sud de l’Aftout es Saheli qui a deux causes concomitantes : le curage, pour favoriser l’agriculture irriguée, des marigots du bassin du Ndiader, et la création de la brèche dans la Langue de Barbarie. Effectivement, selon les consignes de gestion du barrage de Diama, l’énergie à dissiper ne pouvait dépasser 1000m3/s pour 1 m de charge pour éviter le basculement du barrage. Avec la baisse du niveau des basses eaux en aval, les gestionnaires ont préféré évacuer le surplus d’eau vers l’Aftout. Cette remise en eau des cuvettes de l’Aftout a recréé un écosystème de très grande valeur pour la biodiversité. Ce potentiel avait déjà été décelé par les gestionnaires du PND et, dès la fin des années 1990, ils essayent d’y envoyer d’importants débits par l’exutoire non contrôlé de Hassi Baba. Depuis 1997, il y avait des indications que cela permettait la nidification du Flamant Nain (Phoeniconaias minor), espèce dont on ne connaît que 3 autres sites de nidification (Tanzanie, Namibie, Pakistan). Actuellement, l’inondation de l’Aftout sur de vastes superficies permet l’accueil de concentrations très significatives d’oiseaux d’eau. En 2004, la nidification en masse du Flamant Rose (Phoenicopterus ruber) y a été confirmée, celle du Flamant Nain est très probable, et il y a eu une tentative de nidification par des centaines de couples du Pélican Blanc (Pelecanus onocrotalus). En 2005, la nidification de la Sterne Caspienne (Sterna caspia), la Sterne Royale (Sterna maxima) et du Goéland Railleur (Larus genei) y a été confirmée. Cela positionne les cuvettes sud de l’Aftout es Saheli parmi les sites de très grande importance pour la conservation en Afrique de l’Ouest. Depuis la 57ème réunion de la Commission Permanente des eaux de l’OMVS la contrainte de l’énergie à dissiper a été levée mais l’impact de cette nouvelle révision des consignes de gestion sur l’Aftout reste encore indéterminée. Par rapport à ces nouveaux défis, il convient de décrire la situation actuelle des bassins du bas-delta et d’analyser comment leur gestion récente s’apparente à, ou diffère des, recommandations faites par le premier plan de gestion du PND et de sa zone périphérique, Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 3 élaboré de façon participative et approuvé par les diverses instances d’abord locales et ensuite nationales en 1997. La gestion du bassin de Bell en 2003 a, en début d’inondation et jusqu’à la pointe de crue, été caractérisée par une application ‘à la lettre’ du plan de gestion. Par contre, cette première pointe de crue à la mi-septembre a été suivie par une deuxième en début octobre, liée à une crue exceptionnelle dans le Ntiallakh et la décrue a été tardive et pas assez soutenue. Par contre, l’inondation dans le bassin du Diawling a été tardive et relativement faible. Le bassin du Ntiallakh a connu une de ses plus grandes crues depuis la construction du barrage de Diama et c’est cette situation, avec la ville de Saint-Louis inondée, qui a conduit les autorités sénégalaises à procéder à la création d’un canal de délestage à travers la Langue de Barbarie. La situation en décrue dans l’ensemble des bassins n’est pas claire parce que les dates de fermetures des ouvrages secondaires sont inconnues. En 2004, l’inondation de l’ensemble des bassins a été minimale en juillet et très faible sur toute la saison pour le bassin de Diawling. Dans le bassin de Bell, avec l’intention de favoriser le développement du Sporobolus, on a procédé très tardivement à une crue importante. Ce n’est qu’en septembre que les plaines au-dessus de 1.20 m IGN sont inondées et on atteint une première pointe de crue de 1.45 m IGN en début octobre. Cette cote semble excessive pour deux raisons : la mauvais état de la digue de Ziré, notamment à l’ouvrage de Berbar et de la faible cote dans le bassin du Diawling. Effectivement, par consigne du constructeur, la charge de part et d’autre de la digue de Ziré ne devrait jamais dépasser 1 m ! Le bassin de Bell a ensuite connu une deuxième pointe à la fin d’octobre et cela n’a pas été suivi par une décrue assez active avec comme conséquence une rallonge plutôt qu’un raccourcissement de l’inondation des champs de Sporobolus. Dans cette année de faible hydraulicité, le Ntiallakh n’a reçu qu’une très faible quantité d’eau par des lâchers du PND et ce en contradiction avec les recommandations du plan de gestion qui conseille de maximaliser l’adoucissement du Ntiallakh dans une telle situation. La gestion du PND en 2004 pourrait être caractérisée comme une gestion de type ‘Djoudj’ : le remplissage de cuvettes, pratiquement sans évacuation d’eau vers l’estuaire. Recommandations Les grands axes des propositions d’intervention suite à cette mission sont donnés ici, des recommandations plus détaillées suivront dans les chapitres. Infrastructures • Gros travaux avec participation des partenaires nécessaire o Le curage du marigot de Bell, intervention considérée comme prioritaire depuis 1996, n’avait toujours pas été réalisé en fin 2004. Cette intervention était devenue encore plus nécessaire afin de permettre au PND d’assurer des débits plus importants en direction du Ntiallakh. Ce curage a finalement été réalisé avec un engin terrestre en juin 2005 sur une largeur de 4 m. Par contre, le niveau IGN de ce nouveau dispositif hydraulique et son hydraulicité (débits sous différentes charges) sont à présent encore inconnus ; o La construction d’un ouvrage à Mohad pour contrôler les sorties du bassin de Diawling-Tichilitt vers le Chat Tboul et l’Aftout. Les débits à envoyer vers le Nord à partir du bassin du Diawling sont effectivement devenus moins importants pour ces zones grâce aux inondations en provenance du Ndiader. Cette intervention permettra aussi de relever les niveaux dans le bassin du Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 4 • Diawling et d’envoyer des débits plus importants vers le Ntiallakh par l’ouvrage de Lekser. Avant de procéder à cette construction, l’impact sur les débits, les cotes et la circulation des eaux doit être modélisé (par exemple avec le logiciel Mike 11). Il est probable que la digue nord doit être construite sur toute sa longueur ; o La construction d’un ouvrage de contrôle dans l’extension ouest du bassin du Ndiader sera probablement nécessaire pour assurer une indépendance du calendrier d’inondation de l’Aftout de la gestion du bassin de Ndiader. La stratégie de l’OMVS SOGED en 2004 a été d’éviter des lâchers importants à Diama et d’évacuer le trop plein de la retenue vers l’Aftout mais se trouve encore modifiée pour 2005. La compatibilité de ces nouvelles stratégies avec les besoins des écosystèmes de l’Aftout et notamment avec le calendrier de nidification des oiseaux d’eau doit être analysée ; o La baisse saisonnière importante du niveau d’eau dans la retenue de Diama offre la possibilité d’y aménager des petits bassins permettant la culture du nénuphar Nymphea lotus, de tester la culture du bourgou Echinochloa stagnina (pour la production de fourrage), d’y pratiquer une aquaculture extensive (récolte des poissons bloqués par la baisse du niveau). Ces bassins pourraient être aménagés avec une pelle amphibie (ou par travaux à haute intensité de main d’œuvre, HIMO) et les déblais utilisés pour renforcer les zones de la digue rive droite actuellement sensibles au batillage. On pourrait, par exemple, aménager un talus à faible pente dans le bassin du Diawling du côté du PND, mettre en place des épis de protection (brise lames) à proximité de la digue rive droite et la digue de Ziré, créer des zones propices au développement d’une végétation protectrice (Tamarix, cypéracées), etc. Une deuxième utilisation des déblais pourrait être d’aménager des levées dans la retenue même qui pourraient être utilisées pour un reboisement (Acacia nilotica). L’ombre de ces arbres empêchera un développement du Typha à proximité des ces levées ; o Remise à niveau de la digue de Ziré surtout à l’ouvrage de Berbar. Faciliter le passage de l’ouvrage pour les piétons et les cyclistes. Renforcement du dispositif de protection contre le batillage, notamment du côté nord de la digue avec surcreusement des fossés et utilisation des déblais pour favoriser l’installation d’une végétation protectrice, tout en évitant de toucher à la végétation protectrice déjà installée ; o Faire une demande à l’OMVS SOGED pour la réparation des fuites au niveau de l’ouvrage de Cheyal ; o Trouver une solution adéquate au problème d’eau potable des populations riveraines du Ntiallakh, éventuellement d’abord par des simples conduites en PEHD à partir de Diama vers Ndiago (12.5 km) et Moëdina (8 km). Travaux réalisables par le PND (HIMO) o Le plus URGENT est la remise en état des protections contre la circulation à l’entrée des digues pour éviter le contournement des barrières pendant l’hivernage. Il faut surcreuser les fossés en pied de digue à proximité des ouvrages (tout en évitant de toucher à la végétation protectrice déjà installée), installer des barres de fer UPN avec pied en béton des deux côtés des barrières, rehausser les barrières en argile sur les digues Nord et de Ziré pour empêcher l’accès aux véhicules afin de pérenniser les infrastructures ; o Installer dans la zone la plus basse du lac du Diawling, près des échelles limnimétriques et à proximité de la digue rive droite, un enrochement qui permet de réduire l’attaque de la digue par le batillage. Ceci pourrait être fait à Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 5 moindre coût en utilisant les anciens canaux des conduites de motopompe mis en dépôt à Bou Hajra. Ainsi, des cotes plus élevées pourront être atteintes dans le bassin du Diawling sans augmenter les risques pour la digue rive droite et donc des fermetures précoces par l’OMVS SOGED ; o En saison sèche réaliser une tranchée pour créer un îlot pour la nidification des pélicans à l’ouest de l’ancien mirador ; o Se procurer d’un dispositif de palplanches pour pouvoir créer un batardeau aux ouvrages ; En attendant la construction de l’ouvrage de Mohad, un dispositif similaire pourrait être utilisé pour rehausser le seuil de Hassi Baba après le remplissage des Tumbos Sud. Equipement • Vérification de la topographie des échelles et des bornes associées. C’est un travail minutieux à réaliser sur plusieurs mois avec un maximum de lectures très précises de façon aussi simultanée que possible. La période de décrue par évaporation est assez idéale pour cela puisque les bassins sont plus ou moins en équilibre ; • Le siège du PND sur le terrain a été développé initialement selon un concept architectural qui contribue à son image de marque. Les constructions plus récentes de bâtiments, miradors et postes de garde sont un retour regrettable vers le modèle ‘boite de chaussures couverte de tôle ondulée’. Des nouvelles constructions pourraient s’inspirer plus du concept d’origine. Il serait préférable de construire des miradors en bois sur pilotis, accessibles par des embarcadères protégés sur les côtés par des écrans de Typha (par exemple juste au nord de Cheyal aux endroits de concentration des oiseaux) et de les relier à des circuits de diguettes dans les bassins praticables à vélo TT ; • Un système de connexion à internet par satellite au siège de Bou Hajra faciliterait énormément les contacts entre l’équipe de terrain, l’OMVS et les partenaires scientifiques du monde entier ; Des échanges d’informations avec l’OMVS sur les prévisions de crue pourraient permettre à l’équipe de terrain d’adapter la gestion des bassins et d’échanger, en temps réel, les données recueillies sur le terrain avec la direction à Nouakchott ; • L’équipe de terrain manque d’appareil photo numérique performant et de sticks mémoire type ‘flashcard’ pour faciliter l’échange de données entre le siège à Nouakchott et le terrain et avec l’OMVS, notamment pour les niveaux d’eau en aval du barrage. Gestion • Préparation de la campagne d’hivernage: l’équipe technique du PND devrait prendre connaissance des prévisions de l’OMVS pour la gestion des barrages, pour le suivi des débits et lâchers, ainsi que des prévisions du niveau d’eau dans la retenue de Diama, du soutien de la crue naturelle programmé à Manantali, de la stratégie et du calendrier de gestion de l’ouvrage de l’Aftout, etc. Sur la base de ces données une proposition de hydrogramme des bassins du bas-delta pourra être discutée en collaboration avec les usagers locaux et les différents partenaires impliqués par la réserve de biosphère (Marine Nationale, gestionnaires du projet d’adduction d’eau à Nouakchott, gestionnaires de l’ouvrage de l’Aftout es Saheli, etc.), afin de planifier et adapter la gestion aux besoins ; • Pendant la période d’hivernage, ces informations sont à actualiser régulièrement : c’est sur la base du niveau d’eau dans la retenue de Manantali à la date du 20 août que la décision (ou non) de pratiquer un soutien à la crue du fleuve dans l’année en cours est Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 6 • • • • • • prise par l’OMVS. A partir de cette date, l’ hydrogramme de crue prévisionnel du fleuve est régulièrement revu. Comme l’onde de crue prend plusieurs semaines pour descendre de Bakel à Diama, l’équipe de terrain peut y adapter sa gestion prévisionnelle (par exemple retarder la pointe de crue dans les bassins pour la faire coïncider avec le passage de la crue naturelle renforcée afin d’éviter un double pic). Dans le cadre du développement de la réserve de biosphère, le PND pourrait déplacer le centre de gravité de ses activités vers le bassin de Ntiallakh et y assurer une permanence, par exemple louer une maison à Moëdina, site stratégique où une petite équipe motorisée (moto, bateau) approvisionnée par la pick-up du Parc pourrait être plus proche des utilisateurs de cette zone et donc mieux s’intégrer et apprécier les besoins des populations et les potentialités économiques de la zone ; Faire les démarches nécessaires pour inclure les cuvettes de la partie Sud de l’Aftout es Saheli jusqu’à 16°50’ Nord dans la réserve de biosphère. Il semble utile aussi d’inclure dans la réserve de biosphère une partie marine tout au long du littoral de la frontière avec le Sénégal jusqu’à la limite nord de la réserve sur une largeur au moins équivalente à la partie marine de la Réserve du Chat Tboul. Il semble nécessaire qu’un organisme chargé de la gestion des cuvettes sud de l’Aftout es Saheli soit désigné et qu’il convienne d’œuvrer pour son classement comme zone humide d’importance internationale (convention de Ramsar) et pour le développement d’un plan de gestion pour la zone. Il sera probablement nécessaire de construire un ouvrage de contrôle dans le bassin du Ndiader pour pouvoir pratiquer un calendrier des inondations favorable à la nidification des divers groupes d’oiseaux d’eau et d’en assurer l’indépendance des autres utilisations des eaux dans le bassin de Ndiader (agriculture, eau ménagère et potable pour les collectivités riveraines, eau potable pour Nouakchott…) ; Entamer une action de sensibilisation des collectivités riveraines des cuvettes sud de l’Aftout, notamment sur l’importance de ne pas y déranger les sites de nidification. Y mettre en place un dispositif de surveillance dans les périodes sensibles, de préférence en s’appuyant sur les collectivités locales. Limiter les survols à basse altitude de la zone sensible ; Tester les recommandations de la gestion hydraulique du plan de gestion actualisé et en discuter les résultats avec les usagers pour arriver à une gestion consensuelle ; Améliorer la communication du PND pour la promotion de son potentiel touristique, mettre de la documentation à la disposition des opérateurs à Saint-Louis et aux institutions fréquentées par des expatriés à Nouakchott (centre culturel français). Disposer d’un stock de documents à vendre aux visiteurs au siège de Bou Hajra. Néanmoins, la mesure qui aurait le plus d’impact positif sur le tourisme serait la levée de l’obligation de Visa pour les ressortissants des pays intéressés par l’écotourisme. Le PND pourrait se faire un des avocats de cette mesure qui aurait probablement des impacts économiques favorables beaucoup plus larges ; Actualiser la fiche descriptive du Parc National du Diawling dans la base de données de la convention de Ramsar. Inondation • Maximaliser les débits vers le Ntiallakh par les ouvrages de Bell et de Lekser ; • Maximaliser les échanges entre les différentes masses d’eau par des ouvertures prolongées et importantes des ouvrages secondaires (Berbar, Bell, Lekser, éventuellement Mohad) ; Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 7 • • • • Faire attention à la charge de part et d’autres des digues, ne pas dépasser 1m de charge sur les digues de Ziré et de Lekser. De préférence rester au-dessous de 0.5 m de charge ; Ne pas dépasser la durée d’inondation de 6 semaines pour les zones entre 1 et 1.20 m IGN (zones à Sporobolus). Pratiquer une courte pointe de crue, si possible à la mioctobre et procéder immédiatement après à la fermeture des ouvrages de prise d’eau ; Réaliser une décrue active avec les ouvrages secondaires ouverts avant de passer en mode décrue par évaporation ; L’ouverture de l’ouvrage de Lekser en décembre 2004 semble avoir eu un effet positif pour la durée de la saison de la pêche aux crevettes dans le Lac Nter. Cette pratique pourrait devenir une procédure standard. Peut-être que un deuxième test pourrait être fait en fin 2005/debut 2006 lorsque l’on constate une baisse importante des rendements de la pêche. Renforcement des capacités • Organiser une mission d’appui à la gestion des données, adapté aux besoins spécifiques de l’équipe technique, sur mesure, mise en place du système d’échange, de vérification et de validation des données entre le siège et le terrain (2 semaines). Suivi et Recherche • La plus grande priorité est une étude hydraulique détaillée du bassin du Ntiallakh et de la zone à l’aval de Diama (y inclus le Gueyelebou) pour analyser par quels moyens (lâchers par Bell et Lekser, lâchers de Diama, renforcement ou création de seuils) peut-on réaliser des inondations dans le bassin de Ntiallakh favorables aux usagers (recharge des nappes, pâturage, Sporobolus, pêche). On pourrait mettre en œuvre un projet de suivi-recherche participatif avec les populations du Ntiallakh et Gueyelebou ; • Equiper le bassin du Ndiader de dispositifs permettant un suivi écologique et développer un programme de suivi et de recherche pour l’Aftout es Saheli en collaboration avec les partenaires (y inclus le projet d’adduction d’eau de Nouakchott). Le démarrage du suivi écologique dans le bassin du Ndiader et dans les cuvettes du sud de l’Aftout es Saheli nécessite probablement une clarification des aspects institutionnels et des responsabilités des différents acteurs. • Le suivi écologique au Chat Tboul devrait être repris et élargi (restauration des échelles, mesures de conductivité). Une attention particulière devra être portée à la qualité des eaux en provenance du Ndiader, notamment en ce qui concerne les pesticides, herbicides et engrais utilisés dans l’agriculture intensive. Sur le plan institutionnel la reprise du suivi écologique dans la réserve du Chat Tboul nécessite probablement une clarification de son statut d’aire protégée, par exemple par un décret conjoint entre le Ministère de la Défense et le Ministère chargé de la gestion de l’Environnement. Un tel décret faciliterait probablement la mobilisation de financements. • Modélisation des impacts de la brèche de la Langue de Barbarie et de la gestion adaptée de Diama sur les conductivités dans le Ntiallakh ; • Pour le développement du Schéma Directeur de Recherche pour le PND il est conseillé de s’inspirer du processus d’implication des acteurs sociaux et des partenaires tel que facilité par l’UICN pour des plaines inondables au Cameroun et en Tanzanie. Le plan de travail du GREZOH de la fin des années 1990 soulève un nombre de problématiques qui restent d’actualité ; • Récupération et analyse des données 2000 – 2002, démarches par l’OMVS, l’IRD, recherche au siège PND, ordinateurs utilisés par le précédent conseiller technique, etc. Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 8 Suivi écologique par le PND • Poursuivre et intensifier le suivi dans les bassins du Ntiallakh et de Gueyelebou ; • Améliorer la procédure d’échange de données entre le terrain et le siège de Nouakchott, validation des données (stick, copie de l’ensemble des données sur le terrain, visualisation graphique pour comparaison hebdomadaire avec le plan de gestion). Révision du Plan de Gestion D’après les observations faites sur le terrain et sur la base de commentaires reçus de diverses sources on peut conclure que le plan de gestion du PND et de sa zone périphérique 1997-2000 reste valable dans ses grandes lignes et demande une mise à jour plus qu’une révision en profondeur. Les principales propositions de modification sont évoquées ci-dessous. La partie descriptive du plan de gestion peut être actualisée en intégrant les publications scientifiques et les rapports récents. Pour éviter une tendance monographique et au vu des nombreuses publications sur le bas-delta qui ont vu le jour depuis la rédaction de la première version du plan de gestion et auxquelles on peut faire référence, il est proposé de condenser la partie descriptive. La partie opérationnelle du plan de gestion reste en majeure partie pertinente sur ses trois thèmes : • Restauration du régime hydraulique et des ressources naturelles • Gestion du PND • Développement communautaire Sa révision doit faire l’objet d’un processus de dialogue avec les usagers et les partenaires. Le présent rapport ne peut que faire des propositions un nouveau plan de gestion intégré en annexe à ce rapport. Pour un exploitation plus commode et au vu du développement en cours d’un plan directeur de recherche il est proposé de supprimer les propositions de recherche, qui étaient intégrées aux objectifs dans l’ancienne version et de développer un quatrième thème. Il est proposé aussi de modifier l’ordre des thèmes pour que les aspects institutionnels soient regroupés en fin de volume. La nouvelle structure de la partie opérationnelle devient donc : • Restauration du régime hydraulique et des ressources renouvelables • Développement communautaire • Développement de la recherche • Gestion de l’institution PND Pour une lecture plus facile du corps du texte, le résumé de l’analyse et les activités il est proposé de déplacer les indicateurs et les conditions vers un tableau synthétique. Thème 1 : Restauration du régime hydraulique et des ressources renouvelables Sur le Thème 1, restauration du régime hydraulique et des ressources renouvelables, quelques adaptations semblent nécessaires dans le cadre de la nouvelle donne hydraulique (brèche de la Langue de Barbarie et inondation permanente de l’Aftout es Saheli) mais surtout une application plus rigoureuse des principes de gestion, notamment en ce qui concerne l’alimentation du bassin de Ntiallakh et la décrue active. Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 9 Pour l’objectif 1 Restauration du fonctionnement hydraulique, la cote maximale à atteindre dans le bassin de Bell, initialement fixée à 1.30 m IGN, a déjà été rehaussée à 1.40 m IGN dans la pratique sur la base des souvenirs du niveau de la crue optimale de quelques personnes ressource de la zone. L’ouverture des ouvrages de prise d’eau devrait être précoce mais en prenant soin de ne pas inonder en permanence les zones à Sporobolus, en général situées entre 1.10 m et 1.30 m IGN. Ces prairies ne devraient être sous eau plus que 6 semaines (maximum 8 semaines). Cette inondation des bassins de Bell et du Diawling (dont la cote maximale reste encore limitée à cause des risques de dégâts sur la digue rive droite) devrait s’accompagner d’envois de débits importants vers le Ntiallakh par les ouvrages de Bell et de Lekser. Pour la production halieutique locale et nationale il est important de maximaliser les échanges entre les différentes masses d’eau par des ouvertures prolongées et importantes des ouvrages secondaires (Berbar, Bell, Lekser, éventuellement Mohad). Pour mieux suivre l’évolution du niveau d’eau dans la retenue de Diama (bas au mois d’août), l’inondation des zones à Sporobolus sera retardée jusqu’au mois de septembre et la pointe de crue maximale à la mioctobre sera brève et suivie par une décrue plus énergique. L’application de la décrue active est un point sensible qui nécessitera demandera probablement des discussions approfondies avec les utilisateurs, notamment les pêcheurs, qui en reconnaissent quand-même la nécessité. Pour l’objectif 2 Restauration de la végétation caractéristique, fixation des dunes et protection des digues, le programme de mise en défens ‘itinérant’ devrait être dynamisé et plus opportuniste, clôturant pendant quelques années les zones de régénération naturelle, par exemple les zones à Indigofera oblongifolia sur les glacis de la dune de Ziré. Un plan de contrôle ou, à certains endroits, d’extermination des Prosopis est à développer en collaboration avec les usagers. En ce qui concerne les herbacées pérennes la réduction de la durée d’inondation des prairies à Sporobolus devrait réduire la tendance d’envahissement par les cypéracées. Le contrôle du Typha dans le bassin du Diawling nécessite la réparation de la fuite à Cheyal. Dans les deux bassins, la décrue active et la fermeture des ouvrages d’entrée à la mi-octobre prolongera l’à sec et donc devrait réduire la tendance d’envahissement des marigots. A certains endroits stratégiques pour l’écoulement, un contrôle manuel est envisageable. Une pointe de crue unique et courte sera favorable au développement des herbacées annuelles à haute valeur fourragère. Avec la baisse de niveau plus prononcée dans le bassin de Gambar en hivernage il y a une opportunité pour l’aménagement de bassins de culture de nénuphars et du bourgou. Pour l’objectif 3 Restauration du potentiel halieutique, la mise en œuvre des principes de la gestion de l’eau : superficies maximales, durée suffisante et contacts entre masses d’eau différentes avec un suivi plus rapproché des recommandations hydrauliques (dates d’ouverture, connexions, décrue) devrait améliorer la situation. Un ou plusieurs lâchers de Lekser quand on constate une baisse des rendements à la décrue pourraient convertir le Lac Nter en bassin d’aquaculture extensive. Le développement d’une filière commerciale pour les crabes, initialement pour l’hôtellerie de proximité mais éventuellement pour l’exportation de crabes vivants vers des marchés européens pourra être exploré. Pour l’objectif 4 Restauration des valeurs ornithologiques, les cotes plus élevées dans le bassin de Diawling et la décrue active devraient être favorables. La réalisation d’une tranchée pour convertir la presqu’île à l’ouest de l’ancien mirador central entre les cuvettes du Diawling et du Tichilitt du Parc en une île pourrait permettre aux Pélican Blanc d’y nidifier (comme en 1999) à des niveaux d’eau qui posent moins de problèmes pour la digue rive droite. Une attention particulière devra être accordée à l’analyse de l’impact des inondations plus courtes et plus tardives sur la nidification des grues couronnées. Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 10 Un nouvel objectif 5 a été ajouté à ce thème pour la restauration des autres valeurs fauniques. A condition de pouvoir maîtriser la chasse illégale, la réintroduction d’ongulés sahéliens peut actuellement être envisagée grâce à la reconstitution des habitats. Thème 2 : Développement communautaire Depuis sa création, le PND s’est impliqué dans plusieurs projets de développement local qui, basé sur la restauration de la productivité du milieu, ont abouti au renforcement de diverses filières commerciales en matière d’artisanat, de produits maraîchers, de produits de la pêche et de l’élevage et ont contribué à une évolution positive considérable des revenus des ménages. Ce développement économique a eu des effets multiplicateurs sur les secteurs de la construction, du commerce et des transports. Naguère une zone ‘de femmes, d’enfants et de vieillards’, les équilibres sociaux dans le bas-delta se sont rétablis avec une plus forte présence (quasi) permanente de jeunes dynamiques et l’établissement de nouveaux villages et hameaux. Les premiers essais de la mise en place d’un système de micro-crédit sont encourageants. Une réflexion plus approfondie sur les contreparties environnementales de cette initiative s’impose encore. Avec des moyens certes top limités, le PND a aussi apporté des solutions partielles et des fois temporaires aux deux problèmes principaux posés par les collectivités, l’eau potable et le désenclavement. Le PND a réussi à attirer vers le bas-delta des partenaires de développement plus diversifiés. Malheureusement, le grand chantier eau-désenclavement-infrastructures économiques (extension des périmètres maraîchers), qui était supposé accompagner les activités de conservation de la biodiversité et de renforcement des capacités de l’institution PND, n’a pas encore vu le jour. Certaines des activités programmées dans ce chantier se réalisent néanmoins, entre autres sur le budget de l’Etat. Néanmoins, à l’image du reste du pays et de la sous-région d’énormes défis restent posés en matière de santé, d’éducation et de développement des activités économiques. L’écotourisme, probablement le secteur avec le plus grand potentiel de revenus pour les populations locales directement liés aux succès de la conservation, n’arrive pas encore à décoller mais le PND s’est doté d’une stratégie en la matière. Thème 3 : Développement de la recherche Souvent, dans les aires protégées, la recherche se limite à des études des espèces dans le cadre de la conservation. De par sa particularité d’un ensemble d’écosystèmes artificialisés, le basdelta est un véritable laboratoire où l’impact de divers scénarios d’inondations sur l’environnement physique, biologique et humain (stratégies des utilisateurs, modalités de cogestion, etc.) peuvent être étudiés et apporter des réponses à des questions posés dans de nombreux autres sites dans le monde. Le PND a aussi été un site idéal pour la formation d’un grand nombre de jeunes techniciens et chercheurs de divers pays. Pour mieux structurer cette activité le PND s’est engagé dans le développement d’un plan directeur de recherche et a créé son comité technique et scientifique, qui n’est malheureusement pas encore opérationnel. Autour de ces deux instruments, ce secteur, qui représente un certain potentiel économique (hébergement, guides, assistants) et de communication (conférences, publications), peut être redynamisé. Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 11 Thème 4 : Gestion de l’institution PND Suite à l’adoption par le Gouvernement mauritanien, le 8 décembre 1999, d’une Déclaration d’Orientation sur la Bonne Gouvernance, un cadre général de bonne gouvernance a été adopte et dont les axes pertinents pour le PND sont la modernisation et le renforcement des capacités de l’administration, l’amélioration de la gouvernance économique et le renforcement des capacités de contrôle de la gestion des ressources publiques, le renforcement de la décentralisation, la promotion du Partenariat Etat – Secteur Privé et la promotion des droits de l’homme et de la société civile. Le statut de établissement public à caractère administratif accorde au PND une grande autonomie et la subvention de l’Etat Mauritanien à l’établissement est considérable. Le PND s’est doté d’un personnel scientifiquement et techniquement qualifié, tant à Nouakchott que sur le terrain. Son organigramme a été adapté avec la création à Nouakchott d’un Service de Programmation, Suivi et Evaluation au sein duquel il y a une cellule SIG (Système d’Information Géographique) et Base de Données. En collaboration avec une diversité de partenaires le PND, a complété son dispositif d’infrastructures et d’équipements et a réalisé de nombreuses études, y inclus le plan de zonage. Le secteur de la surveillance, qui semble bloqué dans une approche démodé, pourrait bénéficier d’une réflexion Néanmoins, la gestion reste très centralisé au niveau de Nouakchott, les conditions de travail sur le terrain restent difficiles et, sans budget autonome, le service conservation, pourtant assez bien intégré dans la maille sociale du bas-delta, a peu de marge de manoeuvre et peut difficilement développer des initiatives. Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 12 Contenu Résumé exécutif ................................................................................................................. 2 Contenu ............................................................................................................................ 13 Abréviations, Sigles, Lexique .......................................................................................... 14 1. Contexte ............................................................................................................................... 15 Remerciements ................................................................................................................. 17 2. Termes de référence ............................................................................................................. 17 Tâches du Consultant ....................................................................................................... 17 Déroulement de la mission............................................................................................... 18 3. La situation actuelle dans le bas-delta.................................................................................. 19 3.1 Introduction .................................................................................................................... 19 3.2 Méthodologie ................................................................................................................. 19 3.3 Le bassin de Bell ............................................................................................................ 22 3.3.1 Récapitulatif des inondations dans le bassin de Bell entre 1994 et 2002................ 22 3.3.2 L’inondation du bassin de Bell en 2003.................................................................. 24 3.3.3 L’inondation du bassin de Bell en 2004.................................................................. 28 3.4 Le bassin du Diawling.................................................................................................... 36 3.4.1 Récapitulatif des inondations dans le bassin de Diawling en 1994, 1995 et 1996.. 36 3.4.2 Récapitulatif des inondations dans le bassin de Diawling en 1997, 1998 et 1999.. 36 3.4.3 Récapitulatif des inondations dans le bassin de Diawling en 2000, 2001 et 2002.. 37 3.4.4 L’inondation du bassin du Diawling en 2003 ......................................................... 38 3.4.5 L’inondation du bassin du Diawling en 2004 ......................................................... 39 3.5 Les bassins du Ntiallakh et de Gueyelebou.................................................................... 46 3.5.1 L’inondation du bassin du Ntiallakh en 2003 ......................................................... 46 3.5.2 L’inondation du bassin du Ntiallakh en 2004 ......................................................... 46 3.5.3 Les conductivités dans le bassin du Ntiallakh et de Gueyelebou en 2004.............. 53 3.5.4 L’envasement dans le bassin du Ntiallakh .............................................................. 56 3.6 Les bassins du Ndiader, Chat Tboul et l’Aftout............................................................. 58 3.7 Le bassin de Gambar et le fleuve Sénégal en amont de Diama ..................................... 60 4. Récapitulatif des constats avec des incidences majeures sur la gestion............................... 62 4.1 Impacts de la brèche de la Langue de Barbarie.............................................................. 62 4.2 Impacts de l’inondation permanente de l’Aftout es Saheli ............................................ 65 4.3 Forces et faiblesses de la gestion actuelle ...................................................................... 66 5. Propositions pour la révision du Plan de Gestion ................................................................ 69 5.1 Restauration du régime hydrologique et des ressources naturelles................................ 69 5.1.1 Pertinence de l’inondation de contre-saison............................................................ 69 5.1.2 Pertinence du calendrier de crue en hivernage........................................................ 70 5.2 Gestion du Parc National du Diawling........................................................................... 73 5.3 Développement communautaire..................................................................................... 74 6. Annexes................................................................................................................................ 75 Annexe 1. Calendrier de la mission ................................................................................. 75 Annexe 2. Personnes rencontrées en entretien particulier................................................ 76 Annexe 2. Personnes rencontrées en entretien particulier................................................ 76 Annexe 3. Tableau des zéros des échelles et des facteurs de conversion ........................ 77 Annexe 4. Conductivité à l’aval de Diama en décembre 2004 ........................................ 77 Annexe 5. Conductivités dans les différents bassins du bas-delta en décembre 2004..... 80 Annexe 6. Bibliographie .................................................................................................. 81 Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 13 Abréviations, Sigles, Lexique Confluent BKN E1 E2, E3, etc. HIMO IGN OMVS PND PNOD SIG SOGED Thalymedes Confluent des marigots de Bell, du Khorumbam et du Ntiallakh Elément 1 d’une échelle limnimétrique, la plus profonde Eléments successifs à des niveaux plus élevés de la même échelle Haute Intensité de Main d’Oeuvre Institut Géographique National, référence du zéro topographique utilisé dans le bas-delta, correspondant probablement au niveau moyen de la mer et qui est plus élevé que le ‘zéro des cartes’ qui, en général, correspond approximativement au niveau des plus basses mers (Lowest Astronomical Tide pour les Anglais). Organisation pour la Mise en Valeur du Fleuve Sénégal Parc National du Diawling Parc National des Oiseaux du Djoudj Système d’Information Géographique Société de Gestion du barrage de Diama Limnigraphe moderne, instrument qui enregistre la hauteur de l’eau en format électronique Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 14 1. Contexte Le Parc National du Diawling (PND), créé en 1991, se situe à environ 215 km à vol d’oiseau au sud sud-ouest de Nouakchott dans le bas delta du fleuve Sénégal en rive droite. Il s’étend sur une superficie de 16 000 ha et fait partie intégrante d’une unité écologique plus vaste de laquelle il ne peut être dissocié. Cet ensemble, Parc National du Diawling et sa zone périphérique, est délimité comme suit : • • • • Au Nord Ouest par le Chat Tboul ; Au Nord par le système du Ndiader ; A l’Est et au Sud par le fleuve Sénégal ; A l’Ouest par l’Océan Atlantique. Les aménagements hydrauliques, mis en place depuis bientôt une quinzaine d’années dans le cadre des projets de l’OMVS, ont largement modifié le fonctionnement de la zone estuarienne du fleuve Sénégal. La première et principale conséquence de ces changements a été la perte de la diversité biologique et la chute de la productivité globale d’un milieu autrefois caractérisé par le mélange d’eau douce et d’eau salée. L’un des principaux objectifs du Parc National du Diawling depuis sa création est la restauration, la conservation et l’utilisation durable des ressources naturelles du Parc et de sa zone périphérique. La première condition nécessaire au bon fonctionnement des écosystèmes du bas-delta est la mise en eau selon un calendrier d’inondation qui s’apparente à la situation d’avant-barrages. Néanmoins, l’artificialisation de l’hydrosystème, par la mise en place d’infrastructures hydrauliques, permet d’optimiser les inondations en fonction de différents objectifs socio-économiques et écologiques. A la différence donc de beaucoup d’aires protégées où il s’agit surtout de réduire les interventions humaines et de laisser ‘la nature’ faire, voire d’éliminer toute activité humaine sauf contemplative, le Parc National du Diawling (PND) et sa zone périphérique demande sans cesse des interventions à différents niveaux. D’abord, il y activités humaines extractives (pêche, élevage, cueillette) qui s’y pratiquent depuis des siècles et qui sont parfaitement compatibles avec la conservation de la biodiversité, voire nécessaires au maintien du bon fonctionnement des écosystèmes. Par exemple, l’élevage permet de convertir une partie importante de la biomasse herbacée annuelle et d’en disponibiliser les éléments nutritifs pour fertiliser les eaux lors de la prochaine inondation. Un deuxième type d’intervention est hydraulique. L’OMVS-SOGED, qui gère les ouvrages de mise en eau du bas-delta (Cheyal, Lemer, Diama et Bell) et l’autorité du PND, qui gère les ouvrages de contrôle et de distribution des eaux (Berbar, Lekser) se doivent de mettre en œuvre les dates d’ouvertures et les cotes programmées dans le ‘plan directeur d’aménagement du Parc National du Diawling et sa zone périphérique’ (MDRE PND 1997), approuvé par les instances gouvernementales appropriées en 1997. Ce premier plan de gestion, qui ne couvrait en principe que la période 1997 à 2000, est le résultat d’un long processus de collaboration entre différents partenaires : l’administration du Parc National du Diawling (PND), les populations locales devenues graduellement cogestionnaires du bas-delta, les partenaires de développement et d’appui technique. Le projet a Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 15 comporté également une importante composante de suivi et de recherche, compte tenu de la complexité et du caractère inédit de l'exercice. Au vu de cette complexité, le PND avait besoin d’une approche beaucoup plus scientifique que la traditionnelle recette ‘Service des Eaux et Forêts’ qui a longtemps caractérise la gestion de la majorité des aires protégées africaines mais qui s’adapte assez mal à une cogestion avec des usagers locaux. Des accords de cogestion restent encore à être formalisés avec l’ensemble des collectivités du bas-delta. Actuellement, une révision du plan de gestion devient nécessaire au vu des changements importants intervenus depuis sa rédaction. Notamment, la mise en œuvre du volet hydroélectricité au barrage de Manantali et la création d’une brèche dans la Langue de Barbarie ont fortement modifié l’hydraulicité du fleuve et de l’estuaire avec des impacts non négligeables sur les bassins du bas-delta. De plus, une Réserve de Biosphère Transfrontière est en cours de création, pour laquelle un plan de gestion global doit être défini englobant l’ensemble du basdelta (rive Mauritanienne et Sénégalaise). Du côté mauritanien, le plan de gestion 1997-2000 ne concerne en effet que 5 unités hydrologiques, les bassins du Diawling, de Bell, du Gambar, du Ntiallakh et du Gueyelebou. La réserve de biosphère intègrera en plus le bassin du Chat Tboul et celui du Ndiader qui se joignent dans les cuvettes sud de l’Aftout es Saheli, dont le rôle primordial pour la biodiversité ne s’est développé et n’a été reconnu que progressivement avec sa (re-)mise en eau. Il s'agit d'une mosaïque de zones humides, de terrasses et dunes et tout cet ensemble est fortement influencé par la proximité de l’Océan Atlantique. En effet, toutes ces unités sont des zones interdépendantes et connectées, unifiées notamment par la circulation de l’eau, élément moteur des écosystèmes du bas-delta et conduite principale des échanges, y inclus avec l’océan. On peut ainsi considérer que la zone d’étude et d’intervention s’est étendue d’un Parc National du Diawling et sa zone périphérique à un bas-delta et sa zone périphérique. La gestion de tous ces écosystèmes doit donc être conçue dans une vision d’un vaste ensemble unique mais diversifié. L’historique du bas-delta, le développement du premier plan de gestion, ainsi qu'une évaluation des impacts du projet de restauration à travers ses trois premières phases ont été décrites par Hamerlynck & Duvail (2003). La mission avait en plus à sa disposition le rapport ‘Appui à la restructuration du plan directeur d’aménagement du Parc National du Diawling et de sa zone périphérique’ (Duvail 2003), dont la mission actuelle est en fait une suite logique. D’autres rapports qui ont été mis à la disposition du consultant sont un rapport d’activité semestriel de la conservation du Parc (Ould Dadah 2003) et une série de rapports de suivi écologique hebdomadaires et mensuels (Ould Sidaty 2003, 2004). Egalement, un rapport sur l’évaluation économique du PND (Moulaye Zeine 2004), un rapport sur l’installation des échelles limnimétriques (Afrecom 2004), un rapport sur l’intégration du PND dans une Réserve de Biosphère (Ould Limame & Math 2001), un draft de la fiche d’inscription pour cette réserve et une proposition de zonage (Betra PND 2004), un rapport provisoire du Projet de Conservation et d'Utilisation Durable du Mulet en Mauritanie (IMROP PND, sous presse), un rapport d’enquête socio-économique (BSA PND 2004), un rapport provisoire du Schéma directeur de recherche pour le Parc National du Diawling 2005-2009 (Ould Mohamed Saleck 2004). D’autres publications ont été identifiées et consultées (voir bibliographie en annexe 6). Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 16 Remerciements Je voudrai présenter mes sincères remerciements à tous ceux qui ont consacré leur temps à préparer et appuyer ma mission, en particulier Dr. Bah Ould Moctar Sidy, Directeur du Parc National du Diawling et Dr. Mohamed Lemine Ould Baba, Coordinateur du Programme de l’UICN en Mauritanie. Je remercie aussi Monsieur Ba Amadou Diam, Conseiller Technique au PND qui m’a accompagné sur le terrain avec le Dr. Bernd Steinhauer-Burkart, consultant en écotourisme. Beaucoup de personnes ont été généreuses avec leurs idées et les données nécessaires à la rédaction de ce rapport. Parmi elles, je tiens à remercier particulièrement le Conservateur du Parc Monsieur Moktar Ould Dadah, qui a dû interrompre sa participation à la semaine du littoral pour nous rejoindre sur le site, Monsieur Adama Cheibani de l’OMVS SOGED et toute l’équipe technique du PND à Nouakchott et sur le terrain. L’accueil de la mission a partout été chaleureux mais mention particulière doit être faite des ‘anciens’ parmi les agents du PND Ba Oumar et Traoré Fousseynou, qui n’ont ménagé aucun effort pour faciliter le déroulement de la mission. Bien évidemment, cette mission n’aurait pu aboutir sans le ‘guide des guides’ Ahmed Ould Chorfa dont les observations et remarques restent toujours aussi pertinentes. 2. Termes de référence Cette consultation vise à apporter un appui-conseil au Parc National du Diawling et au Bureau de Liaison de l’UICN en Mauritanie pour la révision du plan de gestion du Parc National et de sa zone périphérique. L’un des objectifs spécifiques de la phase IV du projet d’appui au PND est de renforcer les capacités scientifiques et techniques du Parc, notamment en élaborant une version actualisée du plan directeur d’aménagement. Cette actualisation doit se faire à travers une démarche participative impliquant l’ensemble des partenaires du Parc (comités villageois, comités inter villageois, notables locaux et partenaires de développement). En effet, un plan directeur d’aménagement est un processus continu qui doit être régulièrement révisé en fonction des résultats des nouvelles études, de l’évolution du contexte local et général. La nouvelle version du plan directeur de gestion doit tenir compte à la fois : • • • • • des évolutions d’ordre écologiques (baisse de la péjoration climatique et évolution récente du niveau des crues), du processus de régénération des écosystèmes produit par le modèle de gestion hydrologique adopté par le Parc ces dernières années, des nouvelles règles de gestion du Barrage de Diama, de la réduction de la zone estuarienne suite à l’ouverture sur la langue de Barbarie, du développement récent des activités socio-économiques des populations de la périphérie, de la perspective de classement de l’ensemble du bas delta en une réserve de biosphère du bas delta mauritanien avec de nouvelles délimitations d’aires (centrales, tampons et de transitions) Tâches du Consultant Le consultant procédera par un diagnostic écologique détaillé de l’espace occupé par le Parc et sa zone périphérique. Ce diagnostic doit tenir compte de tous les paramètres biogéographiques, Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 17 écologiques, socioculturels et socio-économiques. Le consultant s’attellera à : 1. Faire un état des lieux en visitant le Parc et sa périphérie. Il travaillera en étroite collaboration avec l’équipe technique du Diawling, les partenaires scientifiques du Parc et les populations du bas delta mauritanien ; 2. Faire une évaluation de la pertinence du plan de gestion actuellement utilisé ; 3. Faire une proposition d’actualisation du plan de gestion sur la base des objectifs de gestion de chaque entité écologique, et fonction de l’évolution des activités d’exploitation des ressources naturelles tenant compte des perspectives en cours ; 4. Organiser un atelier de concertation entre les différents partenaires et acteurs. L’actuelle mission n’a pu aborder que les 3 premiers points, l’atelier de concertation ne pouvant s’organiser que lorsque les nouvelles propositions auront été diffusées, commentées et discutées à l’intérieur des organisations et structures partenaires. Les produits attendus de cette première mission sont : • Un rapport descriptif sur la situation actuelle, c’est le document actuel ; • Une proposition d’une nouvelle version du plan de gestion tenant compte des résultats, des modifications et études intervenus depuis 2001, qui fera l’objet d’un document séparé de ce rapport. Déroulement de la mission Après un court briefing à Nouakchott et la mise à la disposition du consultant de divers rapports et de données, l’essentiel de la mission a été axé sur une exploration du bas-delta et de sa zone périphérique, à pied, en voiture, en bateau et par un survol aérien. Plusieurs rencontres avec des utilisateurs, l’administration locale et des techniciens ont permis de recueillir des points de vue sur la situation actuelle dans le bas-delta. Une brève visite à SaintLouis au Sénégal a permis de rencontrer certains acteurs du processus de réserve de biosphère transfrontière en cours. Malheureusement, les agents de la capitainerie de Saint-Louis étant en mission, il n’a pas été possible de récupérer les données du marégraphe. Un calendrier de la mission est présenté en annexe 1. La liste des personnes rencontrées en entretien particulier est donnée en annexe 2. Un sérieux problème s’est posé à la mission pour la récupération des données pertinentes. Les analyses ne peuvent donc qu’être succinctes. Une prochaine mission devrait être précédée par une préparation plus rigoureuse par les partenaires locaux et leurs conseillers, avec un recueil systématique des données disponibles et de leur état de saisie, de vérification et d’analyse. Il est essentiel de toujours garder des copies des données brutes à plusieurs endroits (terrain, siège) et sur différents supports (électronique, papier). Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 18 3. La situation actuelle dans le bas-delta 3.1 Introduction A l’instar des autres écosystèmes sahéliens, la productivité du bas-delta dépend essentiellement de la présence d'eau : eau des pluies pour les écosystèmes arides des dunes et des terrasses, eau des crues artificielles pour les zones inondables des différents bassins. La compréhension de la situation actuelle passe donc nécessairement par une analyse des conditions hydro-climatiques. La pluie étant hors contrôle, c’est la gestion des inondations par le PND et par la SOGED qui est le facteur déterminant de la productivité dans une année spécifique. Les interventions sur les zones arides se limitent à des mises en défens, avec éventuellement plantation d’arbres, et à la gestion des parcours du bétail. Sur le moyen terme c’est donc la pluviométrie et l’ensemble des interventions humaines qui déterminent l’évolution des paysages. Afin d’évaluer la pertinence du plan de gestion utilisé actuellement, il est nécessaire de savoir s’il a été appliqué ou non et, si oui, en quelle mesure et de connaître les causes des divergences éventuelles, choisies ou imposées. Une analyse approfondie de la série d’inondations de 1994 à 1999 et une comparaison exhaustive de celles-ci avec les recommandations du plan de gestion a été faite par Duvail (2003). Pour 2000, 2001 et 2002 il n’y a pratiquement pas de données exploitables sur les bassins du PND et les inondations ont dû être analysées de façon indirecte par des discussions avec les techniciens et les utilisateurs et en réalisant des bilans paysagers (Duvail 2003). L’actuel rapport se concentre donc sur l’analyse des inondations de 2003 et 2004. Le bassin de Bell, dont l’hydraulicité est la mieux maîtrisée, sera analysé en premier lieu, ensuite le bassin du Diawling et du Ntiallakh. En l’absence d’équipement hydrométrique (Fig. 1) et de suivi écologique systématique, l’analyse des autres bassins sera nécessairement plus concise. 3.2 Méthodologie Dans le système artificialisé du bas-delta, les conditions hydrologiques (que l'on peut scinder en deux composantes principales : l’étendue et la durée de l'inondation) déterminent la qualité et la disponibilité des ressources naturelles utilisées par les usagers (Duvail 2003). Il a donc été nécessaire de reconstituer le calendrier de la gestion des ouvrages du Parc du Diawling et du barrage de Diama, l'évolution des hauteurs d'eau dans les différents bassins et la chronologie des événements climatiques de 2003 et 2004. Quelques mesures hydrologiques (hauteurs et qualité de l'eau) ont également été réalisées pendant la présence de la mission sur le terrain (du 3 au 10 décembre et du 15 au 16 décembre 2004) et les données ultérieures intégrées dans la mesure où elles semblaient fiables. En collaboration avec l’équipe technique du PND, un test des impacts d’une ouverture de l’ouvrage de Lekser sur les écosystèmes en aval a été initié le soir du 9 décembre 2004. Cette intervention a rempli et adouci le Lac Nter et ainsi prolongé la saison de la pêche aux crevettes. Un survol aérien, le 5 décembre 2004, a permis de visualiser l’ensemble des zones inondées en 2004 et de découvrir des concentrations d’oiseaux d’eau qui ont ensuite été approchées par Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 19 voie terrestre. Ces observations ont permis à l’équipe chargée de la préparation du dénombrement international des oiseaux d’eau du 15 janvier 2005 (Benmergui 2005) de cibler ses efforts et de répartir ses ressources humaines selon les défis posés par des concentrations très importantes d’oiseaux dans l’Aftout es Saheli et dans la partie nord-ouest du bassin de Tichilitt. Les troupeaux de bovins étant encore essentiellement localisés vers les PK et la cueillette n’ayant pas encore commencé, les interviews avec les utilisateurs se sont limitées aux pêcheurs. Les coordonnées géographiques dans ce rapport sont en WGS 84 sauf si un autre ‘datum’ est mentionné. L’ensemble de ces informations est ensuite analysé et des recommandations sont faites. Photo d’un Prosopis juliflora sur la digue de Bell. Cette espèce a été introduite dans le bas-delta pour la fixation des dunes mais est devenu une espèce envahissante qui colonise les plaines inondables. Promu par la FAO, l’espèce pose des problèmes partout où elle a été introduite, couvrant 800 000 ha dans le nord de l’Australie, causant 1.2 milliards de $ de pertes annuelles à l’agriculture aux Etats-Unis et est appelé arbre du diable par les éleveurs exaspérés en Ethiopie. La lutte chimique a donné des résultats décevants mais l’annélation, suivi d’une coupe et d’un feu pour tuer la souche semble donner les meilleurs résultats. Dans le bas-delta actuellement des charbonniers éliminent les grands Prosopis. Si le PND pouvait mobiliser les ressources pour aussi éliminer les jeunes arbres, notamment dans les plaines à l’ouest de Ziré, l’impact pourrait être positif. En Ethiopie les gousses sont récoltées et broyées pour faire une pâte riche en protéines en complément nutritif pour les bovins tout en limitant le risque de dissémination par le bétail et la faune. Il est important aussi d’éliminer les arbres isolés dans le bassin de Bell. Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 20 Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 21 3.3 Le bassin de Bell 3.3.1 Récapitulatif des inondations dans le bassin de Bell entre 1994 et 2002 Pour analyser les inondations dans le bassin de Bell, c’est l’échelle de Bell Est qui est généralement la plus intéressante à suivre. Effectivement, l’échelle de Lemer est fixée sur l’ouvrage et subit fortement les remous pendant la période d’ouverture des vannes. De plus, elle se situe au bord d’un long plan d’eau où les vagues se développent facilement et la lecture devient donc assez imprécise. Actuellement, les traits de la plaque de 1 à 2m sont effacés et sous 1.40 m l’échelle est illisible. L’échelle de Bell Est a en plus l’avantage de se situer à proximité du poste du PND à Bou Hajra et que sa lecture est en général assez fréquente et régulière. Si l’on compare les hauteurs d’eau dans le bassin de Bell avec les recommandations du plan de gestion (Fig. 2 et 3), l’on peut distinguer plusieurs phases dans la remise en eau du bassin que l’on pourrait intituler successivement : 1994-1996 prudence, 1997-1998 expérimentation, 1999 consolidation, 2000-2001 absence de données, 2002 renouvellement d’équipe technique, 2003 application ‘à la lettre’, 2004 gestion ‘Djoudj’. De 1994 à 1996, la prudence était de mise parce que les ouvrages et digues étaient en construction et en période de réception provisoire. Les travaux ne pouvant s’effectuer qu’en saison sèche quand les sols non consolidés du bas-delta peuvent supporter des engins, le PND n’avait pas la possibilité d’appliquer une inondation de contre-saison. En hivernage les cotes n’ont pas dépassé 1.20 m IGN. Fig. 2. Hauteurs d’eau dans le bassin de Bell relevées à l’échelle de Bell Est de août 1994 à mars 2000 (crues de 1994, 1995, 1996, 1997, 1998 et 1999) et comparaison avec les cotes recommandées par le plan de gestion. Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 22 En 1997 et 1998, une contre-saison a été pratiquée en avril-mai. Les impacts sur la conductivité dans le Ntiallakh ont été considérables (Pires 1998, Lebourgeois 1999) et donc cette pratique a atteint son objectif principal : l’adoucissement du Ntiallakh et la prévention d’inondations délétères pour la végétation recrudescente. Par contre, le problème principal a été la difficulté de vidanger le bassin de Bell à cause de l’envasement du marigot entre l’ouvrage de Bell et le Ntiallakh. Des eaux douces ont donc stagnées dans les marigots du bassin de Bell et une prolifération de Typha s’en est suivie. En 1998, un essai de vidange vers le bassin du Diawling a été pratiqué mais le Typha a continué à proliférer, probablement par l’humectation des sols et la recharge de petites lentilles d’eau douce dans des poches sablonneuses. L’inondation de contre-saison posait aussi des problèmes à la circulation des femmes pratiquant la cueillette du Sporobolus. Le seul soutien enthousiaste pour la contresaison provenait des éleveurs à qui cela évitait de retourner chaque soir à la dune pour abreuver les animaux à partir des puits. Pour la saison 1999, il a donc été décidé de ne pas pratiquer une contre-saison par le bassin de Bell mais de tenter de réaliser l’adoucissement du Ntiallakh à travers le bassin de Diawling. Malheureusement, les débits pratiqués étaient insuffisants et la période d’ouverture trop courte pour atteindre l’objectif visé. Néanmoins, l’option d’une alternance entre une contre-saison à travers le bassin de Bell (année paire) et par le bassin de Diawling (année impaire) reste possible, surtout si un ouvrage de contrôle est construit à Mohad. En ce qui concerne l’inondation d’hivernage, les deux années 1997 et 1998 se caractérisent par une ouverture tardive de l’ouvrage de Lemer (problème de coordination avec l’OMVS SOGED). La crue de 1997 a une double pointe à cause de la fermeture précoce de l’ouvrage de Lemer par l’OMVS SOGED pour des érosions autour de l’ouvrage. Afin d’atteindre les cotes recommandées par le plan de gestion, une deuxième ouverture a été pratiquée en novembre. Cette procédure de double pic a été très fortement critiquée par les pêcheurs qui affirment que le poisson est retourné au fleuve dès la réouverture. En 1998, la cote maximale atteint enfin celle préconisée par le plan de gestion : 1.30 m IGN. L’extension de l’inondation à cette cote a été comparée par les personnes ressources locales à leurs souvenirs des années de bonne crue et il a été décidé conjointement de rehausser la cote maximale à 1.40 m IGN. Ce scénario a été expérimenté en 1999 avec de très bons résultats pour le pâturage sur le glacis de la dune de Ziré et la production des gousses d’Acacia nilotica. Il s’agit là donc d’une modification à officialiser dans le nouveau plan de gestion. A partir de 2000, il a été décidé de suspendre l’inondation de contre-saison parce que la nouvelle gestion de Diama (baisse importante du niveau de la retenu avant l’hivernage) nécessitait des lâchers importants en fin de saison sèche qui adoucissaient efficacement le Ntiallakh. Il n’y a pas de données suffisamment fiables pour analyser en détail les inondations de 2000, 2001 et 2002. Néanmoins, nous ne perdons pas l’espoir d’un jour soit de récupérer les données des limnigraphes Thalymedes OMVS-IRD, soit de retrouver les fichiers du suivi écologique dûment envoyés par le Conservateur à la Direction et au Conseiller Technique de l’époque. Pour l’inondation de 2000, nous savons par contre que la cote maximale n’a pas dépassé 1.26 m IGN, afin d’éviter d’attirer vers les ouvrages de prise d’eau la plante envahissante Salvinia molesta qui avait colonisé la retenue (Ba & Diawara 2000). A cause de la salinité Salvinia molesta ne pose pas un véritable problème aux bassins du PND mais peut gêner les Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 23 écoulements aux ouvrages. L’espèce reste présente dans la retenue mais est sous contrôle grâce au contrôle biologique (Pieterse et al. 2003). Pour l’inondation de 2001 nous ne disposons malheureusement d’aucune donnée fiable. Fig. 3. Hauteurs d’eau dans le bassin de Bell relevées à l’échelle de Bell Est de juin 2002 à mai 2004 (crues de 2002, 2003 et 2004) et comparaison avec les cotes recommandées par le plan de gestion. Par manque de données la cote de 0.6 m IGN de fin janvier 2003 est une extrapolation de la décrue tardive entamée en décembre-janvier (initialement de 1.5 cm par jour). Pour l’inondation de 2002 (Fig. 3) nous savons qu’elle a été très prudente et qu’elle a été perturbée par des travaux tardifs sur la digue rive droite. En octobre, une crue importante, probablement jusqu’à 1.40 m IGN, a été pratiquée mais, du moins initialement, la décrue a été extrêmement lente, ce qui est contraire aux recommandations du plan de gestion. Ce problème s’explique par l’inexpérience de l’équipe technique, pratiquement entièrement renouvelée après le départ massif des cadres formés depuis la création du PND. Le résultat sur les oiseaux a été positif avec près de 30 000 oiseaux d’eau dans le bassin de Bell lors du dénombrement international du 16 janvier 2003 (PND 2003). Néanmoins, le fait que 70% des oiseaux dénombrés dans l’ensemble du bas-delta se trouvaient dans le bassin de Bell démontre que ce bassin a fonctionné quelque peu comme le refuge au vu des faibles cotes atteintes et de l’inondation tardive dans les autres bassins. 3.3.2 L’inondation du bassin de Bell en 2003 Suite aux recommandations de Duvail (2003), l’équipe technique du PND a réussi à créer une inondation en hivernage 2003 très proche des recommandations du plan de gestion (Fig. 4). L’ouverture de l’ouvrage de Lemer s’est faite le 2 juillet 2003 avec une augmentation progressive s’étalant sur une semaine et une stabilisation autour de 1 m IGN (humectation de la plaine inondable pour favoriser le démarrage du stade végétatif du Sporobolus) à partir de mi-juillet avec quelques fluctuations autour de cette cote (jusqu’à 1.08 m IGN) jusqu’en début août. L’ouvrage de Bell a été ouvert à la mi-juillet ce qui a dû contribuer à l’adoucissement du Ntiallakh avant l’arrivée de la crue, mais cette ouverture aurait pu progresser plus rapidement en juillet encore. Ensuite, on remarque une montée progressive du niveau d’eau pour atteindre une pointe de crue de 1.39 m IGN (parfait pour le développement des pâturages sur le glacis Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 24 des dunes et pour s’assurer d’une bonne production de gousses d’Acacia nilotica pour le tannage) à la mi-septembre. Très rapidement, l’équipe technique a été confrontée à un sérieux problème avec la crue exceptionnelle dans le bassin du Ntiallakh (pointe de 1.56 m IGN !) et donc la nécessité, pour protéger la digue de Bell de la rupture, de laisser entrer de l’eau par les ouvrages de Bell 1 et 2. Une meilleure communication avec l’OMVS aurait pu avertir le PND d’une année de grande crue, ce qui aurait pu permettre de retarder la crue artificielle pour la faire coïncider avec le crue naturelle en début octobre. Fig. 4. Hauteurs d’eau dans le bassin de Bell relevées à l’échelle de Bell Est de juin 2003 à avril 2004 (crue de 2003) et comparaison avec les cotes recommandées par le plan de gestion. Heureusement, cette intervention s’est accompagnée d’une réduction considérable par l’OMVS SOGED des débits d’entrée par l’ouvrage de Lemer et une très grande ouverture de Berbar pour une évacuation du trop plein du bassin de Bell vers le bassin du Diawling. L’équipe technique a donc, pendant cette urgence, fait preuve d’un grand sens de responsabilité et de maîtrise des outils de gestion. A partir de la fermeture de Lemer au 31 octobre, la décrue a été amorcée tardivement et les zones à Sporobolus sont donc restées sous l’eau trop longtemps. Néanmoins par rapport à la gestion de 2002 il y a eu une nette amélioration de la gestion de l’eau. Les données du suivi hydrologique disponibles sont relativement nombreuses, exception faite du mois de novembre. Les données de Bell Est en fin de saison (mars 2004) ont été supprimés. Probablement il s’agit d’erreurs de lecture ou de conversion à IGN, puisque la cote à Lemer semble suivre le taux d’évaporation enregistré aux 3 ouvrages depuis la supposée fermeture de tous les ouvrages à la fin novembre (Fig. 5). Effectivement, dans les fichiers mis à la disposition du consultant on ne peut connaître la date de fermeture des ouvrages de Bell et de Berbar (Tableau 1). Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 25 Manipulations des ouvrages de l'inondation 2003 Lemer Bell I Bell II Berbar Cheyal Lekser Remarques 01/07/2003 0 0 0 0 0 0 02/07/2003 5 04/07/2003 10 07/07/2003 15 08/07/2003 15 10/07/2003 0 13/07/2003 7 18/07/2003 5 augmentation pirate 23/07/2003 10 25/07/2003 5 ? augmentation pirate 01/08/2003 39 9 augmentation pirate 03/08/2003 10 45 ? 42 augmentation pirate 05/08/2003 10 14/08/2003 20 15 27/08/2004 25 18 02/09/2004 20 09/09/2003 10 10 45 14/09/2003 20 15 21/09/2003 10 10 60 12/10/2003 5 19/10/2003 0 30/10/2003 30 20 31/10/2003 0 0 02/11/2003 14 ? ? ? ? ? dates fermetures ? Tableau 1. Calendrier des manipulations des ouvrages lors de l’inondation de 2003. Fig. 5. Hauteurs d’eau dans le bassin de Bell relevées aux différentes échelles en 2003 et gestion des ouvrages. Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 26 La lecture des 3 échelles encore fonctionnelles dans le bassin (Lemer, Bell Est et Berbar Sud) est assez cohérente pendant toute la saison (Fig. 5) et le suivi assez régulier et bien réparti sauf en novembre (aucune donnée entre le 2 et le 30 novembre pour Bell Est et Berbar Sud) et de janvier à mars. La lecture de l’échelle de Lemer est toujours un peu plus élevée pendant l’ouverture à cause des remous à l’aval de l’ouvrage. Par contre, Berbar Sud et Bell Est peuvent être un peu plus bas à cause de l’inclinaison du plan d’eau lors de lâchers vers le Diawling et/ou le Ntiallakh. La réalisation de cette inondation ‘exemplaire’ par rapport aux recommandations du plan de gestion s’est fait avec un minimum de manipulations de vannes par l’OMVS SOGED, ce qui implique que l’équipe technique, voire les pêcheurs Takhrédient ont sagement ajusté les ouvertures de Berbar en fonction des cotes. Effectivement, il y a eu des augmentations ‘pirates’ des ouvertures de Berbar autour du 15 juillet, du 1 août et du 4 août (Tableau 1). Il est très important d’analyser la perception des usagers de ces manipulations ‘pirates’. Probablement il s’agit d’une procédure efficace pour favoriser la production halieutique des bassins. Effectivement, les ouvrages de Berbar et de Lekser ont été ajoutés au schéma hydraulique initial sur les conseils des pêcheurs, précisément pour permettre aux géniteurs de rejoindre les frayères. Il est donc logique de permettre des ouvertures importantes de Berbar (et Bell et Lekser) dès le début de l’inondation (par exemple une à deux semaines après l’ouverture de Lemer) et de les garder ouverts de façon maximale (en fonction des cotes) tout au long de l’inondation. Les augmentations de la cote dans les bassins devraient donc se pratiquer plus par des augmentations des entrées à Lemer (et Cheyal) que par des réductions des sorties par les ouvrages secondaires (Berbar, Bell et Lekser). De toute façon, cette procédure sera favorable à la maximisation des débits envoyés vers le Ntiallakh, devenus prioritaires dans le contexte de la brèche de la Langue de Barbarie. Le résultat sur les oiseaux d’eau de cette inondation a été positif avec près de 20 000 oiseaux d’eau dans le bassin de Bell lors du dénombrement international du 15 janvier 2004 (PND 2004). A première vue, cela semble être moins important que les 27 000 qui y étaient en janvier 2003 mais en janvier 2004 le total du bas-delta s’approchait de près de 90 000 oiseaux, pratiquement le double de l’année précédente. Le bassin de Bell n’était donc pas un refuge mais une zone attractive pour ses qualités intrinsèques d’accueil. Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 27 3.3.3 L’inondation du bassin de Bell en 2004 Le problème du recalage des échelles limnimétriques Un problème sérieux s’est posé à la mission pour l’interprétation du niveau de l’eau dans le bassin de Bell en 2004. Effectivement, en juin 2004, les échelles ont été renouvelées et recalées par rapport au niveau IGN par Afrecom. Si l’on essaye d’interpréter les cotes avec les cotes du zéro des échelles selon le tableau qui figure dans le rapport définitif d’Afrecom de juillet 2004, il y a des inconsistances notoires. L’échelle de Lemer, qui appartient à l’OMVS SOGED n’a pas été recalée par Afrecom et l’on peut supposer aussi que l’ouvrage est resté stable. Ainsi, son facteur de correction reste donc inchangé depuis son dernier calage par l’équipe de Serade en 1995 tel que rapporté dans Duvail (2003). Ce tableau (avec quelques corrections) est donné en Annexe 3. La première colonne du Tableau 2 ci-dessous doit donc, plus ou moins, correspondre à la véritable cote IGN. IGN Zéro selon Afrecom Facteur de correction Afrecom Facteur de correction Duvail 3 décembre 2004 4 décembre 2004 6 décembre 2004 8 décembre 2004 9 décembre 2004 12 décembre 2004 15 décembre 2004 16 décembre 2004 Lemer Av 0,26 1,19 1,14 1,13 Mréau -0,07 0,07 Bell Est -0,13 0,13 Berbar S -0,20 0,20 1,27 1,26 1,25 1,55 1,22 1,20 1,20 1,51 1,49 1,03 0,98 0,96 0,95 Tableau 2. Niveaux de l’eau relevés dans le bassin de Bell pendant la mission de décembre 2004, corrigées au niveau IGN en appliquant le facteur de correction de Duvail (2003) pour Lemer Aval et celui d’Afrecom (2004) pour les autres échelles selon la formule : Cote IGN = Cote lue – Facteur de correction. Si le facteur de correction est négatif il s’agira donc d’une addition. Pour l’échelle de Mréau (Tableau 2), on s’aperçoit d’un décalage de -0.16 à -0.18 m par rapport au niveau à l’ouvrage de Lemer, ce qui est très improbable en absence d’un seuil entre les deux endroits et au vu du fait que, par le passé, il y a presque toujours eu correspondance parfaite (à quelques cm près) entre les niveaux IGN à ces deux endroits (Duvail 2001, Duvail 2003). Néanmoins, dans le texte du rapport Afrecom il est précisé que la nouvelle échelle a été mise en place à la même cote que l’ancienne. L’on peut penser qu’il s’agit là donc d’une faute de frappe dans le tableau du rapport Afrecom (2004) et que le zéro de l’échelle se situe toujours à approximativement +0.07 m IGN et non pas à -0.07 m IGN. Le décalage se réduirait ainsi à quelques centimètres, ce qui semble acceptable. Apparemment, le nivellement de la nouvelle échelle s’est faite immédiatement suite à son installation par des coups de marteau jusqu’à rupture. Les sols du bas-delta sont peu consolidés, notamment au niveau des marigots et il est donc concevable que, après le nivellement par Afrecom de juin 2004, la nouvelle échelle ait bougé encore un peu et que le vrai zéro de l’échelle se situe vers 0.11 m IGN. Ceci pourra être vérifié en faisant plusieurs lectures simultanées à Lemer et Mréau dans des conditions où le bassin est en équilibre (toutes les vannes fermées) et qu’il n’y a peu ou pas de vent, par exemple tôt le matin pendant toute la période d’ici l’assèchement du bassin et aussi entre fin novembre 2005 et l’assèchement du bassin en début 2006. Avec une trentaine de mesures simultanées fiables l’on pourra statistiquement déterminer le facteur de correction Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 28 le plus approprié. Il est important de noter les conditions de vent, de batillage etc. lors de cet exercice pour éventuellement exclure les mesures les moins précises. Il faut donc au total essayer d’obtenir au moins une quarantaine de lectures simultanées. Pour l’échelle de Bell Est (Tableau 2), le décalage est très important aussi mais va dans l’autre sens. Il y aurait +0.07 à +0.08m d’eau de plus à Bell Est que à Lemer, ce qui est impossible parce qu’il n’y a pas de seuil important entre les deux endroits et que les niveaux ont donc dû s’équilibrer. Heureusement, les anciennes échelles sont encore en place et lisibles. Si l’on compare les anciennes et les nouvelles échelles on voit que les cotes relevées sont parfaitement concordantes. La conclusion est donc que l’équipe de Afrecom a dû faire une erreur lors du nivellement et que le zéro de l’échelle est à -0.24 m IGN et non pas à -0.13 m IGN. D’ailleurs cela correspond bien à ce qui est précisé dans le texte du rapport Afrecom : que l’élément 1 de la nouvelle échelle a été rattaché directement à celui de l’ancienne échelle. Le facteur de correction aurait donc dû rester inchangé sauf s’il a eu des effondrements ou des soulèvements des sols. Pour l’échelle de Berbar Sud (Tableau 2), on s’aperçoit d’un décalage très substantiel avec le niveau à Lemer, de l’ordre de +0.36 à +0.37 m. Les cotes IGN sont d’ailleurs impossibles parce que à 1.50 m IGN l’eau devrait dépasser le niveau de la digue de Ziré. Il n’y a pas de seuil entre Bell 2 et Berbar et donc, bien que l’ouvrage de Berbar soit encore un peu ouvert et que le plan d’eau peut être légèrement incliné à cet endroit, il doit y avoir plus ou moins équilibre. Heureusement, à cet endroit aussi les anciennes échelles sont encore en place et lisibles et il y a une concordance parfaite avec l’élément 2 de l’ancienne échelle. Notre interprétation est donc que, contrairement au texte du rapport Afrecom qui dit que le rattachement a été fait avec l’élément 1 de l’ancienne échelle (dont le zéro était à -0.20 m IGN), le rattachement a en fait été avec l’élément 2 (dont le zéro se situait à +0.38 m IGN). L’élément 1 de la nouvelle échelle aurait donc été enfoncé jusqu’au niveau où il y a succession automatique et le zéro se trouverait ainsi à -0.62 m IGN. Mis à part les fautes de frappe, qui ne sont tout de même pas acceptables dans un tableau de rapport final de topographe, on est forcé de constater que le travail de Afrecom sur les échelles du bassin de Bell montre des sérieuses lacunes dans sa méthodologie et/ou dans sa rigueur. Dans ce petit bassin, presque toujours en équilibre et dont l’hydrologie est assez bien connue, les vérifications sont heureusement assez faciles et l’unité de conservation avait déjà remarqué que, avec les facteurs de correction préconisés par le rapport Afrecom, ils n’arrivaient plus à comprendre le fonctionnement hydraulique du bassin. Ces erreurs ne sont pas anodines et auraient pu entraîner des risques pour les infrastructures. Imaginons un instant que la gestion du bassin en 2004 s’était, basée sur l’échelle de Mréau, par exemple parce que les échelles à Lemer auraient été détruites ou vandalisées et que l’équipe de terrain savait que ni Bell Est, ni Berbar Sud (décalage de 0.30 m !) n'étaient fiables ou que ces échelles n’étaient pas accessibles. Dans ces conditions, l’équipe de terrain aurait pu ajouter une quinzaine de cm d’eau de plus, en pensant que la cote n’avait atteint que 1.25 m IGN, pour atteindre la pointe de crue de 1.40 m IGN pratiquée dans ce bassin pour optimiser la production de pâturages. Cette mauvaise interprétation et la tentative d’effectivement pratiquer une crue à 1.55 m IGN aurait pu rapidement entraîner la rupture de la digue de Ziré. De plus, s’il s’agit véritablement d’un problème de méthodologie et de rigueur dans l’exécution de l’installation des échelles et du nivellement, des erreurs similaires ont Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 29 probablement aussi été introduites dans les autres bassins (Diawling, Ntiallakh) où, malheureusement, les vérifications sont beaucoup plus difficiles. Il faut certainement soumettre ce constat effarant à Afrecom. Il nous semble que la première chose à résoudre est : ‘quelle est la fiabilité du bornage ?’. Effectivement, les échelles sont des instruments qui peuvent facilement tomber, être désaxées (par exemple par un âne qui s’y frotte) ou vandalisées. Il faudrait donc disposer de copies des carnets du topographe pour vérifier où se situent les erreurs et de corriger les cotes erronées des bornes, qui doivent, le cas échéant, servir à correctement remettre en place des échelles disparues ou abîmées. Avec toutes ces corrections l’interprétation des cotes relevées lors de la mission de décembre 2004 devient donc : IGN Facteur de correction 3 décembre 2004 4 décembre 2004 6 décembre 2004 8 décembre 2004 9 décembre 2004 12 décembre 2004 15 décembre 2004 16 décembre 2004 Lemer Av Mréau Bell Est 0,26 1,19 -0,11 1,21 0,24 1,16 1,15 1,14 1,14 1,13 1,16 1,14 1,13 1,11 1,09 1,09 Bell Est Anc 8,71 Berbar S 0,62 Berbar S Anc 2,62 1,16 1,13 1,13 1,09 1,07 1,09 Tableau 3. Niveaux de l’eau relevés dans le bassin de Bell pendant la mission de décembre 2004, corrigées au niveau IGN en appliquant les facteurs de correction de Duvail (2003) sauf pour Mréau où un nouveau facteur a été introduit. Voir annexe 3 pour un tableau complet des facteurs de conversion. Cette interprétation semble assez cohérente (Fig. 6) et c’est avec cette grille de lecture que l’inondation de 2004 sera analysée. Néanmoins, il y a très peu de lectures simultanées et un recalage des bornes ne devra être entamée qu’après un suivi intensif et simultané de toutes les anciennes et nouvelles échelles pendant une certaine période, de préférence lorsque le bassin est en équilibre. Les facteurs de correction du Tableau 3 ne peuvent donc être qu'approximatifs et provisoires. Une mission de vérification a été conduite par Afrecom en 2005 mais le rapport des révisions éventuelles n’avait pas encore été reçu par le PND au moment de la rédaction de ce rapport. Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 30 Fig. 6. Représentation schématique des échelles dans le bassin de Bell avec les lectures à l’échelle au 15 décembre 2004, le niveau du plan d’eau, le niveau zéro IGN et les niveaux des zéros des échelles. Néanmoins, l’analyse de la décrue en 2004-2005 semble indiquer que les interprétations des calages du Tableau 3 sont correctes mais il n’y a pas assez de données de lectures simultanées pour en être certain. Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 31 Analyse de l’inondation avec les facteurs de conversion révisés L’ouvrage de Lemer a été ouvert le 12 juillet 2004 à 5 crans. Selon les informations du rapport d’hivernage 2004 (Ba 2005), le PND a procédé à cette ouverture tardive pour inverser la tendance à un remplacement des graminées et notamment du Sporobolus par des cypéracées. Effectivement, comme il n’y a pas de décrue active, les zones de prédilection de cette formation végétale, entre 1m et 1.20 m IGN, sont souvent inondées trop longtemps (plus que 6 semaines), ce qui favorise leur remplacement par des cypéracées. Retarder l’inondation de ces zones est donc un des moyens de raccourcir leur inondation et ressemble d’ailleurs plus à la situation avant-barrages. Cette procédure sera donc intégrée et même renforcée dans la proposition de l’hydrogramme de crue pour le plan de gestion actualisé. Par contre, s’il est préférable de rester à des faibles cotes dans le bassin, il est nécessaire de pratiquer des débits de transit plus conséquents vers les bassins de Diawling et du Ntiallakh. Aussi, l’impact de cette nouvelle gestion sur la productivité halieutique est à évaluer en détail. Subjectivement, les pêcheurs Takhrédient jugent qu’elle a été faible en 2004-2005. La Tableau 4 montre les manipulations des vannes tels que rapportées dans Ba (2005), exception faite pour les manipulations de Bell et de Lekser qui ne correspondent pas aux données recueillies sur le terrain, notamment le faible niveau d’eau et la salinité élevé dans le Lac de Nter constaté en début décembre. Manipulations des ouvrages de l'inondation 2004 Lemer Bell I Bell II Berbar Cheyal Lekser Remarques 01/07/2004 0 0 0 0 0 0 12/07/2004 5 5 5 26/07/2004 10 16/08/2004 15 15 ? 25/08/2004 20 0 20 0 ? 45 ouverture pirate 05/09/2004 36? 25 06/09/2004 10 23/09/2004 25 30 04/10/2004 45 25 05/10/2004 15 0 06/10/2004 10 14/10/2004 0 17/10/2004 10 21/10/2004 30 24/10/2004 25 28/10/2004 35 30/10/2004 40 31/10/2004 0 10 0 09/12/2004 5 10/12/2004 10 21/12/2004 0 15/01/2005 0 Tableau 4. Calendrier des manipulations des ouvrages lors de l’inondation de 2004. Fin août les vannes sont ouvertes plus largement, les charges dans la retenue de Diama augmentent et le bassin commence véritablement à se remplir. La cote de 1.10 m IGN est dépassé le 2 septembre, celle de 1.20 m IGN le 15 septembre et celle de 1.30 m IGN le 26 Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 32 septembre pour atteindre la cote maximale de 1.45 m IGN en début octobre (Fig. 7). Cette cote nous semble quelque peu excessive au vu de l’état de la digue de Ziré, notamment au niveau de l’ouvrage de Berbar et aussi de la faible cote dans le bassin du Diawling. Effectivement, la charge de part et d’autre de la digue de Ziré ne devrait jamais dépasser 1 m ! Fig. 7. Hauteurs d’eau dans le bassin de Bell relevées aux différentes échelles pour l’inondation de 2004 et gestion des ouvrages. Ensuite une décrue est amorcée mais, étrangement, une deuxième pointe de crue est créée dans la dernière semaine d’octobre et qui amène le niveau à la fermeture des ouvrages loin audessus des recommandations du plan de gestion (Fig. 8). Ainsi, tout l’effet bénéfique éventuel de la crue artificielle tardive, se trouve annihilé par une prolongation de l’inondation à des cotes élevées. En effet, la cote est restée au-dessus de 1.10 m IGN (à peu près la cote des zones à Sporobolus) pendant une centaine de jours, au-dessus de 1.20 m IGN pendant 75 jours et au dessus de 1.30 m IGN pendant 50 jours, ce qui semble être plus long que la période optimale pour l’espèce (Duvail & Hamerlynck 2003). Le rapport de suivi d’hivernage (Ba 2005) ne donne pas de précisions sur la cause de cette double pointe de crue. L’augmentation du niveau dans le bassin avait déjà commencé avant l’augmentation de l’ouverture de lemer à 25 crans du 24 octobre. Initialement, il s’agit probablement d’un effet secondaire de l’augmentation du niveau dans la retenue de Diama. Pour éviter ce problème à l’avenir, la proposition de hydrogramme de crue dans le plan de gestion actualisé sera de procéder à une fermeture précoce de ces vannes, dès la réalisation de la pointe de crue vers la mi-octobre. Il semble y avoir une décrue active uniquement par une ouverture relativement faible de l’ouvrage de Berbar, encore ouvert pendant la mission. Selon les données recueillies sur le terrain l’ouvrage de Bell n’a été ouvert qu’à de très faibles ouvertures en juillet et août et a même été fermé du 25 août au 6 octobre 2004. Pourtant il est clairement précisé dans le plan Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 33 de gestion (et répété dans Duvail 2003) que, dans des années de faible crue du fleuve, un maximum d’eau devrait être envoyé vers le Ntiallakh. Même s’il y avait un besoin de garder des niveaux faibles dans le bassin de Bell de début juillet à la mi-août, on peut, en augmentant l’ouverture des ouvrages de sortie de Bell et de Berbar, équilibrer des ouvertures plus conséquentes de Lemer et donc y faire transiter des débits plus importants, surtout lorsque des cotes importantes sont atteints dans le bassin de Bell. Ainsi, Une simulation des volumes d’eau transités par l’ouvrage de Bell en 2004, selon la formule Q=mLO√2gh pour calculer le débit instantané et multiplié par le nombre de secondes par jour, donne un total de 2.861.000 mètres cubes d’eau transités. Si au contraire l’on avait pratiqué un scénario plus conforme au plan de gestion, avec une ouverture à 10 crans à partir du 26 août (au lieu d’une fermeture), une ouverture à 20 crans à partir du 6 octobre et la fermeture de l’ouvrage au 15 novembre, le volume transité en direction du Ntiallakh aurait été 10 fois supérieur, autour de 29 millions de mètres cubes. Fig. 8. Hauteurs d’eau dans le bassin de Bell relevées à l’échelle de Bell Est de juin 2004 à avril 2005 (crue de 2004) et comparaison avec les cotes recommandées par le plan de gestion. Selon les pêcheurs, les doubles pointes de crue dans le bassin en 1996 et 1997 (à cause de fermetures précoces des ouvrages) avaient eu des effets négatifs sur la productivité halieutique et le PND s’était plus ou moins engagé auprès des pêcheurs à ne plus en faire pour éviter que le poisson ne retourne au fleuve avant la fermeture des ouvrages. Il n’est pas certain qu’une deuxième pointe de crue sans fermeture de l’ouvrage entraîne les mêmes conséquences, mais il serait judicieux de s’en enquérir auprès des usagers. Déjà en 2003 il y avait eu une augmentation de l’ouverture des vannes juste avant la fermeture du 31 octobre mais en 2004 elle s’est faite depuis le 24 octobre, créant ainsi une très nette deuxième pointe de crue qui a été une des causes d’un trop plein très marqué du bassin en décembre. Pour le bassin de Bell en 2003 et 2004 il n’y avait aucune raison de procéder à cela, les cotes en fin de saison de crue étant déjà bien au-dessus des recommandations du plan de gestion. Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 34 L’augmentation du débit d’entrée aurait dû s’accompagner au moins d’une adaptation par des ouvertures plus grandes aux ouvrages de sortie et d’une décrue active. La montée tardive des niveaux d’eau dans le bassin de Bell peut être l’une des explications de la faible densité de grues couronnées constatée lors de la mission de décembre 2004. Il est possible que le démarrage tardif de l’inondation des champs de Sporobolus a été incompatible avec leur calendrier de nidification. La crue tardive, en l’absence d’une décrue suffisamment active, explique aussi très probablement la présence d’un éventail d’espèces d’oiseaux plutôt caractéristiques pour le Djoudj ou pour la période d’octobre – novembre (Ibis Falcinelle, Barges à Queue Noire, Pilets, Sarcelles, Dendrocygnes, et la quasi-absence de flamants constatée début décembre. Ce n’est que quelques jours plus tard, avec la décrue en direction du bassin du Diawling par l’ouvrage de Berbar), a rapidement augmenté l’attractivité du bassin pour ses caractéristiques flamants nains et avocettes. Lors du dénombrement terrestre des oiseaux du 15 janvier 2005, le bassin de Bell accueillait plus de 20 000 oiseaux d’eau, lors du dénombrement aérien 12 jours plus tard y en avait que 10 000 (Benmergui 2005). Cette différence s’explique notamment par la dominance des Dendrocygnes lors du dénombrement terrestre (plus que 13 000 oiseaux), deux espèces de canards afrotropicaux qui se déplacent facilement entre les différents sites du bas-delta et qui, contrairement aux Souchets zooplanctivores, n’utilisent les bassin du PND que comme aire de repos. Leur nombre n’en reflète donc pas la productivité. Ce qui frappe plutôt dans l’analyse des données c’est l’absence de Flamants Roses (à cause de la nidification dans l’Aftout ?) et la présence relativement faible d’oiseaux piscivores. Aussi, faut-il se méfier de comparaisons du nombre d’oiseaux simplistes entre années. Par rapport à 2003, année de bonne pluviométrie sur le Sahel, 2004 était une année de sécheresse, ce qui limite considérablement le potentiel d’accueil dans des sites alternatifs. Photo de l’ouvrage de Berbar, la connexion entre le bassin du Bell (en haut) et du Diawling (en bas). La digue de Ziré y n’est plus à niveau et très menacé par le batillage. Le passage des piétons est difficile à cause du grand dénivelé entre l’ouvrage et la digue. Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 35 3.4 Le bassin du Diawling 3.4.1 Récapitulatif des inondations dans le bassin de Diawling en 1994, 1995 et 1996 En 1994 et 1995, le bassin du Diawling était alimenté à partir du bassin de Bell, l’ouvrage de Berbar n’ayant pas encore été mis en service, et à partir du bassin du Ntiallakh quand la crue y remontait, l’ouvrage de Lekser n’étant pas encore été mis en service. En 1996, les deux ouvrages étaient fonctionnels mais d’importants remous et érosions empêchaient l’équipe du PND d’y faire transiter de gros débits vers le bassin du Diawling. De toute façon, en 1996 la crue était très faible aussi dans le Ntiallakh et il n’y a pas eu beaucoup de remplissage du bassin. Fig. 9. Hauteurs d’eau dans le bassin du Diawling dans les trois premières années de crues artificielles 1994, 1995 et 1996 et comparaison avec les recommandation du plan de gestion. Il s’agit de reconstructions approximatives, le bassin ayant peu d’échelles et étant rarement en équilibre. En 1994, ces données sont une moyenne des cotes à Berbar et à Lekser. En 1995, des cotes à ces deux ouvrages et dans le Ntok. En 1996, ce sont des moyennes des cotes dans le Ntok et le Tichilitt. Lors de ces trois premières inondations (Fig. 9), les cotes sont donc restées loin au-dessous des recommandations du plan de gestion, surtout en 1996. Néanmoins, les cotes maximales en 1994 et 1995 au milieu du bassin peuvent avoir été surestimées comme nous ne disposons que de données à proximité d’un des deux ouvrages d’entrée, Berbar et Lekser et que les cotes dans le Diawling – Tichilitt ont besoin de délais assez prolongés pour s’équilibrer avec les entrées. 3.4.2 Récapitulatif des inondations dans le bassin de Diawling en 1997, 1998 et 1999 Avec la mise en service de l’ouvrage de Cheyal en 1997, l’alimentation du bassin du Diawling a pu se faire directement au lieu de passer par Bell et Berbar. Ceci a permis de progressivement y atteindre des cotes maximales supérieures et surtout des inondations plus prolongées avec des volumes importants transités en direction du Chat Tboul et des cuvettes du sud de l’Aftout es Saheli. Les inondations de 1997 et 1998 ont été décrites en détail par Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 36 Duvail (2003) qui présente les niveaux d’eau à chaque échelle. Le présent rapport expose une analyse des mêmes inondations et de celle de 1999 en construisant une courbe de remplissage ‘moyen’ (Fig. 10) de la même façon que pour les inondations de 1994 à 1996. Il faut noter que, sur les analyses de Duvail, les cotes à ‘Mohad’2 étaient toujours une dizaine de cm plus bas qu’ailleurs dans le bassin. Il s’agissait d’une erreur dans le tableau des conversions et qui a été corrigée (Annexe 3). Fig. 10. Hauteurs d’eau dans le bassin du Diawling pour les années 1997, 1998 et 1999 et comparaison avec les recommandations du plan de gestion. Il s’agit de reconstructions approximatives, le bassin ayant peu d’échelles et étant rarement en équilibre. Des moyennes hebdomadaires des cotes aux différentes échelles ont été calculées. Des données sont surtout disponibles pour les échelles de Diawling, Berbar Nord et Lekser Nord, occasionnellement pour Tichilitt et ‘Mohad’ (= Hassi Baba). La petite pointe de crue (Fig. 10) entre les inondations de 1997 et 1998 (en mai 1998) a été causée par l’évacuation de la crue de contre-saison du bassin de Bell par l’ouvrage de Berbar. La crue d’avril à juin 1999 est la tentative de pratiquer l’alimentation en contre-saison du Ntiallakh par le bassin du Diawling. L’inondation de 1999 a permis d’atteindre pour la première fois la cote de 1.20 m IGN et donc d’inonder d’importantes superficies du bassin et de permettre la nidification de plus d’un millier de couples de Pélican Blanc, principalement sur une île à l’ouest de l’ancien mirador au centre du bassin. Les effets sur l’Aftout es Saheli ont aussi été très positifs (Measson 2001). 3.4.3 Récapitulatif des inondations dans le bassin de Diawling en 2000, 2001 et 2002 Il n’y a pas de données suffisamment fiables pour analyser en détail les inondations de 2000, 2001 et 2002. Lors de l’inondation de 2000 (Ba & Diawara 2000) nous savons que la cote maximale de 1999 a probablement été dépassée. 2 Ces échelles de ‘Mohad’ se situent en fait à Hassi Baba et il est plus judicieux de garder le nom de Mohad pour le seuil où se situera éventuellement l’ouvrage de contrôle de Mohad. L’échelle au niveau de la mangrove au nord de Hassi Baba où les jaugeages des débits vers le Chat Tboul ont été faits devrait s’appeler Baillargeat. Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 37 Sur l’inondation de 2001 nous ne disposons malheureusement d’aucune donnée fiable. En 2002, les cotes ont été relativement faibles longtemps à cause de l’obstruction des vannes. Il semble que les vannes aient été ouvertes le 7 juillet mais que le 12 et le 24 juillet elles étaient obstruées, probablement par des îlots flottants de Typha. A la mi-septembre, Cheyal semble avoir été rouvert après une période de fermeture (la cote était à ce moment autour de 0.60 m IGN) et, en début octobre, la cote aurait avoisiné 1.10 m IGN (Yelli Diawara, comm. personnelle). La cote maximale a été relativement faible, ce qui se reflète certainement dans un nombre d’oiseaux d’eau relativement bas lors du dénombrement international des oiseaux d’eau du 16 janvier 2003 (moins de 5000 oiseaux d’eau), les conditions étant devenues défavorables aux grandes concentrations de canards zooplanctivores à partir de fin décembre (PND 2003). A cause du faible remplissage du bassin du Diawling, l’Aftout es Saheli a par conséquence reçu très peu d’eau et était déjà à sec lors de la mission de décembre 2002 (Duvail 2003). L’ouvrage de Lekser ayant été fermé de façon précoce, le bassin n’a pas pu jouer pleinement son rôle de zone de frayère – nourricière pour les poissons et crustacés marins et anadromes. 3.4.4 L’inondation du bassin du Diawling en 2003 L’inondation du bassin du Diawling en 2003 a été caractérisée par une ouverture très tardive de l’ouvrage de Cheyal (Tableau 2) vers la fin de juillet. L’alimentation initiale du bassin s’est faite uniquement par l’ouvrage de Berbar et ce avec des ouvertures très faibles appliquées par l’équipe technique et de la manipulation ‘pirate’ bien plus importante par les usagers. Le plus grand risque de cette inondation asymétrique des bassins de Bell et de Diawling est le dépassement de la charge maximale de 1 m de part et d’autre de la digue de Ziré et ce pendant plusieurs semaines ! Effectivement, les digues en terre compactée de Ziré et de Lekser ne peuvent être soumis à des charges importantes qui risquent de les déstabiliser et peuvent même causer des ruptures. Si des contraintes particulières (travaux sur la digue rive droite par exemple) empêchent l’inondation quasi symétrique par Lemer et Cheyal il faut réduire les entrées dans le bassin avec la cote la plus élevée et favoriser au maximum le remplissage de l’autre bassin par les ouvrages secondaires. Fig. 11. Hauteurs d’eau dans le bassin du Diawling relevées aux différentes échelles en 2003 et gestion des ouvrages. Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 38 Heureusement, il y a eu un remplissage additionnel par l’ouvrage de Lekser grâce à la grande crue du Ntiallakh. Ceci explique l’avance relative que prend la cote à l’échelle de Lekser Nord courant le mois de septembre (Fig. 11). Effectivement, dans des années de remplissage ‘normale’ (par exemple 1997-1998), la cote à cette échelle a généralement un mois de ‘retard’ par rapport aux autres échelles à cause du temps nécessaire au remplissage des grandes cuvettes du Diawling et du Tichilitt avant d’atteindre un équilibre dans le bassin. Le manque de données en octobre est dû au fait que l’échelle a été entièrement submergée quand la cote a dépassé 1.14 m IGN. Par contre, nous ne disposons pas de données sur la fermeture ou non de Lekser à la décrue. Fig. 12. Hauteurs d’eau dans le bassin du Diawling pour 2003 et comparaison avec les recommandations du plan de gestion. Il s’agit d’une reconstruction approximative avec la moyenne des lectures d’échelles disponibles. L’inondation, malgré son démarrage tardif et une cote maximale relativement faible sur les grands lacs (Fig. 12), a été favorable à la présence d’oiseaux zooplanctivores puisque sur les 19 000 oiseaux dénombrés le 15 janvier 2004, 17 000 étaient des canards souchet. Néanmoins il est à craindre que la production halieutique a été perturbée par l’inondation tardive. Il serait intéressant de connaître l’avis des pêcheurs sur les quantités pêchés à Cheyal. Un deuxième nouvel élément est que, probablement, l’Aftout es Saheli a été inondé par le biais de l’ouvrage de l’Aftout et le curage des marigots du bassin de Ndiader réalisé en 2002. Ceci expliquerait la présence de quelques 21 000 oiseaux d’eau dans l’Aftout en dépit des volumes relativement faibles transitées par Hassi Baba. 3.4.5 L’inondation du bassin du Diawling en 2004 Le problème du recalage des échelles limnimétriques A l’image de la situation pour le bassin de Bell, un problème sérieux s’est posé à la mission pour l’interprétation du niveau de l’eau dans le bassin du Diawling en 2004. Effectivement, en juin 2004, les échelles ont été renouvelées et recalées par rapport au niveau IGN par Afrecom. De plus, la situation dans le bassin du Diawling est toujours bien plus complexe que celle dans le bassin de Bell. Effectivement, le bassin est vaste et rarement en équilibre et donc la cote à une échelle ne reflète pas toujours celle des autres échelles, il y a une sortie non Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 39 contrôlée à Hassi Baba avec un seuil relativement bas, les échelles sont très dispersées et souvent difficiles d’accès donc le suivi est moins intense, etc. Lors de la mission de décembre 2004 nous n’avons pu faire que quelques relevés de quelques échelles. Néanmoins, l’analyse précédente de la situation dans le bassin de Bell depuis l’installation des nouvelles échelles par Afrecom, a confirmé en général les zéros des anciennes échelles tels que rapportés dans Duvail (2003) et a incité à tout de suite appliquer les anciens facteurs de correction aux anciennes et aux nouvelles échelles à proximité des anciennes pour en vérifier la cohérence. Dans un second temps nous avons comparé ces résultats avec les nouveaux zéros proposés par Afrecom. IGN correction 3-déc-04 4-déc-04 5-déc-04 6-déc-04 7-déc-04 8-déc-04 9-déc-04 10-déc-04 11-déc-04 12-déc-04 13-déc-04 14-déc-04 15-déc-04 16-déc-04 Cheyal Av 0,10 Diawling -0,07 Berbar N 0,70 Berbar N Anc 5,70 Lekser N 0,52 Ntok 0,86 0,86 0,78 0,78 0,77 0,71 0,13 Hassi Baba -0,15 Hassi B Anc E1 1,84 Hassi B Anc E2 2,51 0,77 0,77 0,75 0,70 0,70 0,69 0,76 0,73 0,73 0,68 0,72 0,73 0,82 0,66 0,65 Tableau 5. Lectures des échelles du bassin du Diawling pendant la mission de décembre 2004, corrigées au niveau IGN en appliquant les facteurs de correction de Duvail (2003) avec une correction pour Hassi Baba (‘Mohad’) tel que rapporté en annexe 3. La correction pour l’échelle Cheyal Aval est une hypothèse. Pour Lekser Nord le calage est douteux, voir ci-dessous. Berbar Nord Selon le tableau 5, la cohérence est parfaite entre l’ancienne échelle de Berbar Nord et la nouvelle échelle, si l’on maintient un zéro de l’élément 2 de l’échelle à +0.30 m IGN et que donc le zéro de l’élément 1 est à -0.70 m IGN non pas à -0.13 m IGN tel que rapporté par Afrecom. Le facteur de correction reste donc 0.70. Sous l’hypothèse que le nivellement d’Afrecom serait correct, le niveau d’eau à Berbar Nord serait de plus de 1.40 m IGN en début décembre et le niveau serait donc plus élevé dans le bassin du Diawling que dans le bassin de Bell (tel que confirmé par l’ensemble des échelles dans ce bassin). Le courant à travers l’ouvrage était clairement du Sud vers le Nord donc la deuxième hypothèse est invalidée. Cheyal Cette échelle, fixée sur l’ouvrage ne figurait pas dans l’ancien dispositif. Effectivement, il s’agit d’une nouvelle échelle, mise en place par l’OMVS SOGED à proximité du limnigraphe Thalymedes. Le sommet de l’ouvrage a été calé par rapport à IGN (une croix tracée dans le béton se situe à 3.59 m IGN) lors de la mission topographique de juin 1999 (Staub 2000), il Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 40 est donc possible de caler le niveau zéro de l’échelle par rapport à ce repère. Lors de la vérification par Afrecom le zéro serait à -0.10 m IGN et le facteur de correction donc 0.10 (Ba Amadou Diam, pers. comm.) Diawling L’échelle du Diawling a toujours été problématique. Pour avoir une correspondance avec les autres échelles du bassin, son calage par rapport à IGN a dû être revu après le nivellement fait lors de son installation et ce de 0.20 m ! Duvail (2003) émet l’hypothèse qu’il y a eu un affaissement de terrain à cet endroit. Cette hypothèse n’est pas fortuite et peut même être compliquée par une situation d’instabilité permanente. Effectivement, l’élément 1 de l’échelle se trouve dans une poche de Typha très dense (sur la photo, la flèche verte indique la position approximative de l’E1, la flèche rouge montre l’E2 désaxé de l’ancienne échelle, une indication de plus de l’instabilité des sols à cet endroit) au milieu d’un terrain généralement excessivement salé et donc dénudé. Il doit donc y avoir une remontée d’eau douce à cet endroit, probablement souterraine et en provenance du fleuve. Cette échelle se situe sur un ancien marigot d’alimentation du bassin de Diawling dans la situation avant-barrages et peut de ce fait (vitesses de courant importantes, création de méandres) être caractérisé par des mosaïques de sols sablonneux (et donc perméables) et argileux. L’existence d’une connexion souterraine sablonneuse avec le fleuve, permettant cette remontée n’est donc pas exclue. La force de cette remontée pourrait varier en fonction de la charge et il n’est donc pas exclu que les sols bougent avec la cote dans le fleuve. Il nous semble logique de mettre en place un nouvel élément 1 à un endroit un peu plus stable qui aurait l’avantage aussi de ne pas être envahi par le Typha, ce qui facilitera la lecture de cette échelle à partir de la digue rive droite (éventuellement au télescope), sans la nécessité d’à chaque fois rentrer dans l’eau. Un endroit un peu plus au sud, libre de végétation mais relativement bas, par exemple vers WGS 84 UTM Easting (X) 358286 Northing (Y) 1816146 serait probablement préférable. Hassi Baba La batterie de 4 éléments qui forment l’échelle de Hassi Baba était appelée ‘Mohad’ dans l’étude Duvail (2003) sur la base de l’étude Serade (1995). Malheureusement, cette appellation est incorrecte et prête à confusion. Dans le rapport de Afrecom l’on distingue entre l’échelle de Hassi Baba (Mohad), ce qui correspond à Hassi Baba et Hassi Baba (Mangrove) ce qui correspond à Mohad. Pour éviter de prolonger la confusion, le moment est probablement venu pour réviser ces appellations une fois pour toute selon la proposition suivante : • l’endroit où l’eau quitte le Lac du Tichilitt dans son coin nord-ouest pour s’écouler vers le nord s’appelle Hassi Baba. Il s’agit d’un petit nombre de marigots qui s’anastomosent et où il y a toute une batterie d’éléments d’échelle en face du grand palmier dattier à troncs multiples qui se situe pratiquement sur le coin nord-ouest da la limite du Parc National du Diawling (WGS 84 N 16° 28’ 88, W 16° 25’ 92 ou en UTM Easting (X) 347142 Northing (Y) 1822717). Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 41 • L’endroit près de 3 km plus au nord (et un peu plus à l’est), à proximité des deux palétuviers Avicennia germinans dits ‘arbres de Baillargeat’ et qui s’appellera 'Baillargeat'. C’est un endroit stratégique pour les mesures de débit parce que le marigot de Hassi Baba y est confiné à un seul chenal et d’ailleurs c’est pour les mesures de débit que l’échelle y a été installée. • Si un ouvrage est construit sur la ligne de crête qui sépare le bassin du Diawling de celui du Chat Tboul – Aftout – Ndiader, elle sera équipée d’échelles qui s’appelleront Mohad Sud et Mohad Nord Pour Hassi Baba où il y avait deux éléments de l’ancienne échelle dans l’eau en décembre, la correspondance est parfaite si l’on assume que le zéro de la nouvelle échelle se situe à + 0.15 m IGN. Baillargeat Par manque de temps, la mission n’a eu la possibilité de visiter cette échelle. Elle sera à mettre en relation avec celle de Hassi Baba par des lectures simultanées dans une période de débits relativement faibles pour évaluer la précision du recalage par Afrecom. Théoriquement, l’élément E1 aurait été calé au niveau de l’ancien E1 à 0.29 m IGN, donc sans modification par rapport à Duvail (2003) mais au vu des cafouillages à certaines autres échelles cette hypothèse reste à confirmer. Lekser Nord Déjà en 2003, on constatait une incohérence entre l’E1 et l’E2 mais l’E1 n’avait fait l’objet que de quelques lectures en début 2003. Une vérification des anciennes données 1997 à 1999 montrait une parfaite cohérence entre les deux éléments. Sauf erreur répétée de lecture (ce qui nous semble peu probable), il y a donc eu un problème sur au moins une des deux échelles qui a dû être recalée, avant l’intervention d’Afrecom, et sans qu’il y ait un rapport sur cela. Peutêtre que les pêcheurs qui fréquentent cet ouvrage en savent plus ? Pour les synthèses des inondations de 2003 et de 2004, l’hypothèse que l’E2 n’a pas bougé (Zéro à +0.07 m IGN), a été retenue. L’E1, qui se situait plus bas, dans une zone peut-être érosive sous l’influence des remous des forts débits de Lekser pendant l’inondation de 2003, a pu tomber et être sommairement redressée. Ensuite il faut supposer que Afrecom a recalé par rapport à l’ancien élément 1. Néanmoins, à condition que, lors du recalage de l’échelle du Ntok, son zéro n’ait pas été modifié, il semble probable que le zéro de la nouvelle échelle se situe vers -0.52 m IGN. L’hypothèse alternative, avec E1 non modifié, diminuerait les cotes à Lekser Nord pour la saison 2003 de 0.21 m, ce qui nous parait peu probable au vu de l’importance de l’inondation du Ntiallakh et la grande ouverture de l’ouvrage de Lekser (45 crans à partir de début août, 60 crans à partir du 21 septembre). Pour 2004, il est encore plus difficile de donner une interprétation à cause du recalage généralisé des échelles avec un certain manque de rigueur. Les échelles de Lekser ont donc besoin d’une attention toute particulière lors de la prochaine inondation avec des comparaisons avec les cotes des échelles de Ntok, Tichilitt, Hassi Baba. Effectivement, en dépit d’une bonne correspondance entre l’unique lecture de l’échelle de Ntok et celle de Hassi Baba quelques jours plus tard, il y a un important décalage avec celle de Lekser Nord. Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 42 S’il y a une occasion d’équilibre des plans d’eau au nord et au sud de l’ouvrage de Lekser ce serait l’idéal. Une telle occasion se produira probablement dans les mois à venir, par exemple entre février et avril quand les plans d’eau seront déconnectés et qu’une ouverture de l’ouvrage de Lekser permettra d’équilibrer entre le nord et le sud de l’ouvrage. La même procédure devra être appliquée à Berbar et à Bell II. Heureusement, les supports UPN des anciens éléments des échelles de Lekser Nord sont encore visibles (sur la photo les flèches rouges indiquent les supports des anciens éléments). Il suffirait donc de mesurer la distance entre le niveau de l’eau et le sommet de l’UPN pour en faire des lectures simultanées avec la nouvelle échelle. Au minimum ces lectures devraient être complétées par des lectures aux échelles (anciennes et nouvelles) du Ntok, Hassi Baba, Baillargeat et Tichilitt, de préférence aussi avec les échelles de la partie est du bassin (Diawling, Cheyal, Berbar Nord). Ntok La mission n’a pu faire qu'une lecture de cette échelle en décembre et sans comparaison visuelle avec l’ancien élément. En cette période de faible évaporation et dans un contexte de probable équilibre, du moins dans la partie ouest du bassin, la correspondance avec les multiples lectures des échelles de Hassi Baba semble assez bonne. Nous retenons donc pour l’instant l’hypothèse que cette échelle n’a pas été modifiée. Néanmoins la vérification (doubles lectures avec l’ancien élément E1 et avec les échelles à proximité) s’impose. Cette échelle nous semble essentielle pour résoudre les problèmes d’interprétation au niveau de Lekser Nord. Tichilitt Pour l’échelle du Tichilitt, dont le calage de l’E2 était inconnu, on dispose heureusement de quelques lectures pendant l’inondation de 2003 (Ould Sidaty 2003), dont une permet en principe de rattacher le calage de E2 à E1. Selon cette lecture, le zéro de l’élément E2 serait à +0.06 m IGN et le facteur de correction 5.94. Cette double lecture d’échelle permet donc de réinterpréter les anciennes données des lectures de l’échelle de Tichilitt. Nous ne disposons pas de données de lectures de l’échelle de Tichilitt pendant l’inondation de 2004. La lecture de toutes les échelles du Tichilitt en simultanée avec celle des autres échelles du bassin est très importante. Effectivement, le rapport d’Afrecom précise que l’E2 a été recalé pour faire une succession automatique avec l’E1 mais nous avons vu dans d’autres sites où la même mention est faite (Berbar, Lekser) que, des fois c’est l’E1 qui a été recalé pour faire une succession avec un E2 qui a été mis au même niveau que l’ancien E2. Il faut espérer que c’est le cas du Tichilitt où l’intérêt d’avoir une échelle avec un zéro très bas par rapport à IGN permet de faciliter sa lisibilité dans des périodes où le mirador est accessible, généralement quand le Tichilitt est entre 0.6 et 0.3 m IGN (l’E1 est très loin dans la plaine et ainsi généralement lisible seulement avec un télescope, ce qui rend souvent la lecture peu précise). Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 43 Analyse de l’inondation avec les facteurs de conversion révisés Au vu des incertitudes sur les zéros des échelles, l’analyse ne peut être qu’approximative. Comme pour le bassin de Bell, l’ouverture de Cheyal du 12 juillet n’a pas été suivie par des augmentations de débit et ce jusqu’à la mi-août. De plus, Berbar n’a pas été utilisé pour combler ce déficit (sauf par une manipulation ‘pirate’ vers la fin août). Les niveaux d’eau sont donc restés très faibles, notamment à Lekser (Fig. 13). Fig. 13. Hauteurs d’eau dans le bassin du Diawling relevées aux différentes échelles en 2004 et gestion des ouvrages. Ce n’est qu’en septembre que le bassin commence à véritablement se remplir pour atteindre une cote maximale autour de 1 m IGN à la fermeture définitive de l’ouvrage de Cheyal le 31 octobre. Cette inondation est très tardive et loin au-dessous des recommandations du plan de gestion (Fig. 14) Selon les informations recueillies sur le terrain il ne semble pas qu'il y ait eu d’ouverture de l’ouvrage de Lekser, sauf par des manipulations ‘pirates’ et donc pas de décrue active jusqu’à l’intervention pendant la mission de décembre. Pourtant le plan de gestion précise que, dans des années de faible crue dans le Ntiallakh, un effort doit être fait, autant par l’ouvrage de Bell que par l’ouvrage de Lekser pour alimenter ce bassin et les populations avoisinantes en eau douce. L’eau du Diawling a donc principalement servi à alimenter les Tumbos sud, le Chat Tboul et les cuvettes du Sud Aftout déjà inondées par le Ndiader. Une simulation des volumes d’eau transités par l’ouvrage de Lekser en 2004 selon la formule Q=mLO√2gh pour calculer le débit instantané et multiplié par le nombre de secondes par jour donne, sous un scénario avec une ouverture à 10 crans à partir du 29 août, une ouverture à 20 crans à partir du 6 octobre et la fermeture de l’ouvrage au 15 novembre le volume transité en direction du Ntiallakh aurait été de 8.2 millions de mètres cubes. Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 44 Fig. 14. Hauteurs d’eau dans le bassin du Diawling pour 2004 et comparaison avec les recommandations du plan de gestion. Il s’agit d’une reconstruction approximative avec la moyenne des lectures d’échelles disponibles. Le ralentissement apparent de la décrue après janvier est un artefact lié à la fuite dans l’ouvrage de Cheyal dont l’échelle est pratiquement la seule, avec Lekser Nord, à être lu régulièrement. Cette inondation faible et tardive a probablement contribué à réduire l’attractivité de la zone pour les grues couronnées. La seule bonne nouvelle est que cette gestion, pour le reste assez peu compréhensible, n’a pas empêché la nidification des cormorans, aigrettes et spatules africaines dans les Tamarix de la rive nord du Tichilitt. Photo des nids de oiseaux d’eau piscivores dans les Tamarix de la partie nord du Tichilitt Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 45 3.5 Les bassins du Ntiallakh et de Gueyelebou 3.5.1 L’inondation du bassin du Ntiallakh en 2003 L’année 2003 dans le bassin de Ntiallakh a été caractérisée par l’une des plus grandes crues depuis la mise en place du barrage de Diama, avec une pointe de crue de 1.56 m IGN le 2 octobre (Fig. 15). Il y a donc eu inondation de la totalité de la plaine et un contact assez prolongé des eaux douces avec les glacis sablonneux des dunes et donc une bonne recharge des nappes. Par contre, et comme à l'habitude, cette crue par des lâchers de Diama a été trop rapide (une soixantaine de centimètres d’augmentation en une cinquantaine de jours) pour permettre un bon démarrage végétatif du Sporobolus et de pâturages d’Echinochloa. Fig. 15. Hauteurs d’eau dans le bassin du Ntiallakh relevées aux différentes échelles en 2003 Le niveau d’eau à Bell Ouest et le décalage entre celui-ci et le niveau aval de Diama démontre bien le soutien que des lâchers par Bell peuvent apporter aux inondations dans la zone à l’aval de l’ouvrage, même avec des ouvertures relativement faibles. Malheureusement, la mission ne disposait pas de données de conductivité du bassin de Ntiallakh en 2003 pour en évaluer les impacts sur son adoucissement en début d’hivernage. 3.5.2 L’inondation du bassin du Ntiallakh en 2004 Le problème du recalage des échelles limnimétriques Les mêmes problèmes signalés précédemment pour les bassins de Bell et du Diawling ont pu se produire lors du recalage des échelles du Ntiallakh mais sont encore bien plus difficiles à corriger puisque ce bassin ne peut être en équilibre à cause de l’effet de la marée, très accentué depuis octobre 2003 (création de la brèche dans la Langue de Barbarie). Le présent rapport ne peut qu’émettre quelques hypothèses sur ce qui s’est passé lors du recalage des échelles dans ce bassin et surtout mettre en exergue la nécessité d’une étude approfondie de l’hydraulicité dans la nouvelle situation. Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 46 Echelles bassin du Ntiallakh Bien que cela pose des difficultés au niveau logistique (éloignement et donc augmentation des frais du carburant), le bassin du Ntiallakh devrait figurer de façon plus prééminente dans la gestion du bas-delta pour plusieurs raisons : • c’est surtout sur ce bassin que la brèche de la Langue de Barbarie a des impacts qu’il faut analyser en détail ; • c’est en bordure de ce bassin que se trouvent les plus grandes concentrations de population humaine du bas-delta. Leur bien-être dépend, du moins partiellement, de la présence d’eau douce à proximité des villages et donc de la recharge des nappes phréatiques par les crues ; • L’estuaire du Ntiallakh est l’unique voie d’accès et de retour à l'océan pour les géniteurs et les juvéniles des espèces halieutiques de grande importance économique, surtout les mulets et les crevettes ; • Le Ntiallakh est la pièce maîtresse parmi les zones d’éco-développement dans le cadre de réserve de biosphère transfrontière. Afin de réduire les coûts du suivi des échelles, pour améliorer la fréquence de la collecte de données limnimétriques et afin de s’assurer d’une plateforme sociologique bien informée et impliquée dans la réservé de biosphère, une mobilisation des villageois du bassin du Ntiallakh et du Gueyelebou est envisageable. Pour la préparation on pourrait proposer une campagne de sensibilisation lors de la Journée Internationale des Zones Humides (le 2 Février) qui ouvre un débat avec les villageois sur les impacts possibles et déjà perçus de la brèche. Ensuite on pourrait développer conjointement avec les populations une action de suivi-recherche participative (en partenariat par exemple avec la Faculté des Sciences de Nouakchott et l’Université de Gaston Berger de St. Louis pour des appuis à l’analyse des données recueillies) avec comme objectif d’améliorer la gestion hydraulique du Ntiallakh. Cette amélioration de la gestion dépendra en partie de l’adaptation de la gestion des ouvrages du PND (qui devrait augmenter les débits vers le Ntiallakh en hivernage) mais aussi de la prise en compte de la zone à l’aval de Diama par l’OMVS-SOGED dans la gestion des lâchers par le barrage. L’ensemble des populations du bas-delta mauritanien (et probablement ceux du côté sénégalais vont avoir les mêmes besoins, notamment en ce qui concerne l’alimentation des nappes phréatiques) pourrait se mettre d’accord pour réclamer des inondations annuelles du Ntiallakh. Une requête en ce sens pourrait être adressée à l’OMVS-SOGED pour qu’ils pratiquent une crue annuelle d’au moins 1.20 m avec une augmentation maximale du niveau d’eau de 1 cm par jour en début d’inondation (pour permettre au Sporobolus robustus de se développer dans les plaines à l’est du Ntiallakh). Conformément aux propositions faites par Duvail et al. (2002), une limite à la salinité maximale dans le Ntiallakh devrait aussi être imposée. Néanmoins, selon les premiers résultats du suivi lors de la mission de décembre 2004, il semble que l’augmentation du marnage par la brèche dans la Langue de Barbarie ait pour effet une réduction des variations saisonnières de la conductivité (Fig. 17 et 18). Chaque village équipé d’échelle (et il faudrait en rajouter par exemple à Ndiago, Kaharra et pour Ebden une dans le marigot de Boytet et une sur le Ntiallakh en face de la digue de Birette, Mboyo, Conk et Jaos) pourra désigner un volontaire pour suivre une formation en lecture de l’échelle et de notation. Sur deux à trois ans (selon la taille de la crue, il faudrait au moins une année de petite et une de moyenne ou grande crue) des lectures journalières pourraient être faites, de préférence à une heure fixe de la journée (par exemple 07:30 du matin pour coïncider avec les relevées à Diama aval) et 6 h plus tard à 13:30. En chaque saison (mi-Février, mi-Mai, mi-Août, mi-Décembre) deux cycles complets de la marée Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 47 devraient être suivis (un lors de vives eaux, un lors de mortes eaux) avec aussi des mesures de la conductivité. Une coordination avec l’OMVS SOGED pourrait, de plus, permettre de faire des campagnes ponctuelles lors d’importants lâchers en contresaison et pendant la crue pour permettre d’analyser et ensuite de modéliser l’impact des lâchers (hauteur et conductivité). Des transects en bateau et des prélèvements à plusieurs profondeurs (bouteille Nisken ou câble gradué), afin de mieux caractériser et donc comprendre la circulation des masses d’eau, devraient compléter ce dispositif. Quelques pluviomètres additionnels pourraient aussi être suivis au niveau des écoles primaires. En Tanzanie (Duvail & Hamerlynck 2004) et au Rwanda (Hamerlynck et al. 2004) ce genre d’approche de suivi-recherche participative en hydrologie a donné des résultats probants. Bien évidemment, une situation avec des marées est bien plus complexe que le suivi d’un fleuve ou d’un lac et nécessitera une méthodologie adaptée. Lekser sud Deux nouveaux éléments ont été mis en place par Afrecom côté sud de l’ouvrage de Lekser. Selon le rapport Afrecom (2004), l’élément 1 de la nouvelle échelle aurait été rattaché directement à l’ancien E1 avec un zéro à -0.51 m IGN. Cette interprétation paraît improbable parce qu’elle impliquerait une différence entre le niveau dans le Lac Nter et celui de Lekser Sud d’une cinquantaine de centimètres, tandis que ces bassins restent connectés à cette période de l’année (une observation au cours de cette mission le prouve : lors de l’ouverture test de l’ouvrage de Lekser, les eaux du Lac Nter se sont considérablement adoucies en quelques jours) et donc devraient donc être plus ou moins en équilibre. Une hypothèse plus probable est que l’échelle a été calée en rattachement avec l’élément 2 et que donc le zéro de l’échelle est à -0.93 m IGN. Le facteur de correction serait donc 0.93. Il est à remarquer que, dans le rapport final de Afrecom (2004), les échelles de Lekser Nord et Sud sont désignées respectivement par Lekser ‘Aval’ et Lekser ‘Amont’. Ces dernières appellations sont à éviter absolument et ne peuvent que prêter à confusion puisque la direction du courant dépendra des niveaux respectifs dans les bassins du Diawling et du Ntiallakh. Nter Pour ce lac de la partie nord-est du bassin de Ntiallakh, l’étude Afrecom n’apporte aucune précision, ni dans le rapport, ni dans le tableau récapitulatif. Pourtant, deux nouveaux éléments ont clairement été mis en place, un à côté de l’ancien E1 et vraisemblablement, à en juger de la hauteur de la nouvelle et de l’ancienne échelle, calé à la même hauteur donc -0.64 m IGN. Le facteur de correction resterait donc 0.64. Le deuxième élément a été placé à côté de l’ancienne échelle E2 mais, contrairement à la situation antérieure, a été mis en rattachement direct comme c’est le cas pour l’ensemble des nouvelles échelles. Le niveau minimal de cet élément (1.00 m) se situe donc à 0.36 m IGN. Le facteur de correction en est donc aussi 0.64. Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 48 Confluent Bell-Khoroumbam-Ntiallakh (BKN) Deux nouveaux éléments ont été mis en place par Afrecom côté ouest du confluent et l’élément 1 (E1) de l’échelle aurait été calé au même niveau que l’ancienne échelle. Cette échelle n’a pas pu être calée par rapport à IGN lors de l’étude topographique avec GPS bifréquence en juin 1999 parce que des erreurs dépassant 0.2 m étaient signalées. L’E1 de l’ancienne échelle montre qu’un important envasement de 0.26 m a eu lieu entre la mise en place des anciennes, en 1997, et l’installation des nouvelles échelles en juin 2004 (voir ci-dessous 3.5.4 envasement du Ntiallakh). Néanmoins, le 16 décembre 2004 à 08:17 les deux échelles étaient lisibles. L’E1 de la nouvelle échelle était à 0.38 tandis que l’E1 de l’ancienne était à 2.39. A un cm près le calage est donc effectivement identique. L’échelle BKN a été rattaché au réseau topographique (du moins de façon approximative) par une lecture simultanée des échelles BKN Ouest et Est le 9 juillet 2005 à 17 h17. Cette unique lecture suggère que le zéro de l’échelle BKN Ouest serait à -0.03 m IGN. Néanmoins, il faudra faire plusieurs autres lectures lors de marées pleines de vives eaux.. La mission de décembre 2004 n’a, par manque de temps, pas pu accéder à l’échelle côté est du confluent. Néanmoins, il est à signaler que les coordonnées géographiques données dans le rapport d’Afrecom (2004) pour ces deux échelles sont fausses. Pour l’échelle dite ‘rive gauche’, c'est-à-dire à l’est les longitudes et latitudes données seraient identiques (16°19’27.9’’). Malheureusement, ces coordonnées se situent au Sénégal, probablement dans le PNOD. Pour l’échelle dite ‘rive droite’, c'est-à-dire celle à l’ouest la latitude donnée (16°28’92.0’’) se situerait à peu près au niveau de Hassi Baba. Ces coordonnées sont à corriger. Il faut aussi remarquer que les coordonnées géographiques du rapport Afrecom, en dépit de l’utilisation d’une notation ’’ il ne s’agit pas de minutes et secondes mais de minutes et centièmes de minutes. Dar es Salaam Deux nouveaux éléments ont été mis en place par Afrecom et l’élément 1 (E1) de l’échelle aurait été calé au même niveau que l’ancienne échelle dont le zéro était à -0.04 m IGN. Cette échelle pose plusieurs problèmes. Premièrement, il y a un dépôt de vase de 0.32 m qui s’est installé depuis la mise en place des nouvelles échelles en mai 2004 (voir ci-dessous 3.5.4 envasement du Ntiallakh). La lecture à marée basse est donc impossible. Il n’est pas clair si cet envasement, observé aussi au site BKN est un phénomène saisonnier ou une tendance vers un envasement progressif du Ntiallakh. Dans les deux cas il est important que, dès qu’une bonne charge sera atteinte dans les bassins du PND, de forts débits de chasse soient envoyés à partir des ouvrages de Bell et de Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 49 Lekser vers le Ntiallakh. L’envasement rend également la comparaison avec les anciens éléments difficile. Le 16 décembre 2004 à 09:50, la lecture du nouveau E1 était de 0.59 m et le socle de l’E2 de l’ancienne échelle (qui se situe à 0.71 m IGN) était sous l’eau. Une première vérification pourrait être faite lors d’un jour calme, sans vent, de préférence très tôt le matin pour éviter l’effet des vagues. Il suffit de faire une lecture précise de l’élément E1 et de mesurer la hauteur de l’eau à partir du sommet du socle en béton de l’E2 ancien situé en principe à 0.71 m IGN. Une deuxième comparaison pourra être faite avec le socle de l’ancien E1 qui se situe en principe à -0.04 m IGN. Ndjorakh La mission n’a pas eu l’occasion de visiter cette échelle qui était d’ailleurs à sec en décembre. Théoriquement, selon Afrecom (2004), le nouvel élément E1 a été installé au même niveau que l’ancien et donc le zéro se situerait toujours à 0.42 m IGN. Les données recueillies en 2004 ne contredisent pas cette interprétation mais une vérification est toutefois indiquée. Il s’agit d’une échelle assez intéressante à suivre, surtout en début de saison d’hivernage, parce qu’elle annonce de façon précoce des remontées d'eau douce dans le Ntiallakh et aussi la décrue, permettant d’adapter la gestion des ouvrages de Bell et de Lekser pour profiter de l’élévation du niveau et ainsi inonder des superficies maximales. Moëdina Selon le rapport Afrecom (2004) deux nouveaux éléments ont été mis en place et l’élément 1 (E1) aurait été calé au même niveau que l’ancienne échelle dont le zéro était à -0.03 m IGN. Comme l’on peut voir sur la photo cette interprétation pose quelques problèmes. Le 6 décembre 2004 à 15:35, l’E1 de la nouvelle échelle montre une lecture de 0.02 m tandis que le socle de l’E1 de l’ancienne échelle est hors eau et que son point 0 est au moins à 4 cm audessus du niveau de l’eau. Il semble donc probable que le zéro de la nouvelle échelle se situe à (au moins) 0.09 m IGN et, en attendant une analyse plus précise, nous proposons d’utiliser un facteur de correction de 0.09. Le déchaussement de l’ancienne échelle ferait partie d’une tendance générale, liée à l’augmentation du marnage sous l’influence de la brèche dans la Langue de Barbarie, à une érosion dans les parties les plus dynamiques du Ntiallakh et une accumulation dans les zones plus tranquilles. Une estimation plus précise pourrait être faite quand les deux échelles sont dans l’eau (jour calme, sans vent, de préférence très tôt le matin pour éviter l’effet des vagues). Il suffit de faire une lecture précise de l’élément E1 et de mesurer la hauteur de l’eau à partir du sommet Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 50 du socle en béton situé en principe à -0.03 m IGN. Comme le surveillant Yarge habite à Moëdina il pourrait facilement faire cela. Une hypothèse alternative, pour expliquer la différence entre les zéros des échelles, serait que le socle de l’ancienne échelle est progressivement remonté à la surface depuis l’installation de la nouvelle échelle et que l’ancienne n’est plus à la cote -0.03 mais plus haut. Une vérification demanderait une nouvelle campagne topographique au GPS différentiel, soit en nivellement direct à partir d’un point dont l’altitude est connue (barrage de Diama). Confluent Ntiallakh – Fleuve Sénégal Deux nouveaux éléments ont été mis en place par Afrecom. Selon le rapport Afrecom (2004), l’élément 1 de la nouvelle échelle aurait été rattaché directement à l’ancien E1 avec un zéro à -0.40 m IGN. Cette interprétation paraît improbable au vu de la configuration des anciens et nouveaux éléments toujours en place (Photo). Effectivement, le nouveau E2 semble fixé à la même altitude que l’ancien E2, tandis que le nouveau E1 est clairement plus profond que l’E1 ancien. L’hypothèse serait donc que la nouvelle échelle a été calée en rattachement direct avec l’E2 de l’ancienne et que donc le zéro se situe à -0.91 m IGN. Malheureusement, l’E1 de la nouvelle échelle est déjà penché, ce qui rend sa lecture imprécise. Le déchaussement de l’ensemble des éléments d’échelles observé à cet endroit peut indiquer un phénomène érosif lié à la présence de la brèche et l’augmentation du marnage (voir ci-dessous 3.5.4 envasement du Ntiallakh). Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 51 Analyse des inondations du Ntiallakh en 2004 La cote de Diama aval n’ayant pas dépassé 1m IGN, il n’ y pas eu à vrai dire d’inondation du Ntiallakh en 2004 (Fig. 16). Pourtant, cette inondation est vitale pour les écosystèmes et ses usagers et il faut donc analyser les causes de cette absence d’inondation pour essayer d’y remédier à l’avenir. Fig. 16. Hauteurs d’eau dans le bassin du Ntiallakh relevées aux différentes échelles en 2004. Pour Diama aval seuls les lectures à 07:30 du matin ont été utilisées. Le cycle bihebdomadaire de la marée (alternance vives eaux – mortes eaux) à Diama est clairement visible sur la Fig. 16, ce qui pourrait inciter le PND (et la SOGED) à faire coïncider ses plus grands lâchers avec les périodes de vives eaux, afin de maximaliser les superficies inondées. L’absence d’inondation du Ntiallakh en 2004 s’explique d’abord par le fait que les lâchers de Diama ont été faibles et ce en liaison avec une faible hydraulicité du fleuve. Deuxièmement, il n’y a pas eu une tentative de compensation de cela par des lâchers par les ouvrages secondaires du PND. Il serait utile de disposer des données de Manantali pour pouvoir analyser l’hydraulicité de 2004 par rapport aux autres années. Selon Fraval et al. (2002) et Bader et al. (2003) un soutien de crue serait possible dans pratiquement toutes les années, même avec la production d’hydroélectricité. La question qui se pose est de savoir si il n’y a pas eu de soutien à la crue ou si c’est la gestion de l’eau dans le delta qui a été modifiée en redirigeant la crue vers l’Aftout. Normalement c’est le taux de remplissage de la retenue de Manantali le 20 août qui détermine si un soutien à la crue sera pratiquée (Bader et al. 2003). Le PND pourrait se renseigner régulièrement sur les stratégies, les décisions et la planification de l’OMVS, d’en analyser les impacts éventuels sur sa campagne d’hivernage et, en concertation avec les cogestionnaires locaux, y adapter sa gestion de l’eau pour la rapprocher le plus possible des objectifs du PND. Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 52 En période d’hivernage 2004, les ouvrages de Bell et de Lekser n’ont a été ouvert que dans des périodes où les cotes dans les bassins du PND étaient faibles. Le volume total d’eau douce transféré au Ntiallakh a donc était faible. Pourtant, au début de la section opérationnelle du plan de gestion (PND 1997), à la page 32 dans l’objectif 1 ‘restauration du fonctionnement hydraulique’, deux scénarios extrêmes sont envisagés dont l’une concerne les années ‘Beqôr’ : année de faible pluviométrie, de crue minimale et donc de fermeture (quasi-totale) du barrage de Diama ; peu ou pas de remontées d’eau douce par l’aval dans le Ntiallakh. Ce qui a exactement été le cas en 2004. Pour ce type d’année le plan de gestion prévoit des priorités de gestion décrites comme : ‘dans les années de ‘Beqôr’, la priorité hydraulique doit être accordée à un soutien aux populations et aux habitants souffrant le plus de manque d’eau douce, ceux du bassin du Ntiallakh en particulier. A partir du 1er juillet, il conviendra donc d’assurer une bonne inondation des bassins de Bell (par Lemer) et du Diawling (par Cheyal) et d’ouvrir aussitôt les vannes aval (Bell 2 et Lekser) pour obtenir un maximum de débit vers le Ntiallakh. Les vannes resteront ouvertes jusqu’à la fin octobre’ De plus, en 2004 le Chat Tboul et les cuvettes du Sud Aftout étaient déjà remplis à ras bord par les écoulements du bassin de Ndiader. Les eaux en provenance du PND auraient pu juste remplir les cuvettes du Tumbos sud pour connecter les plans d’eau et ainsi permettre les échanges avec les autres masses d’eau. Avec la fermeture quasi permanente des ouvrages de Lekser et de Bell il n’y a eu que très peu d’échanges avec le Ntiallakh et donc avec l’océan, perturbant ainsi le cycle de reproduction des mulets, ethmaloses, crevettes et des autres espèces avec un stade estuarien obligatoire. Pour la durabilité de la pêche il est nécessaire qu’une majeure partie des peuplements de ces espèces puissent retourner à l’océan après leur séjour dans les bassins du PND. 3.5.3 Les conductivités dans le bassin du Ntiallakh et de Gueyelebou en 2004 Une des raisons principales d’être du PND est la création d’un estuaire artificiel afin de contrer les effets négatifs du barrage de Diama sur la zone à l’aval et d’ainsi maintenir des écosystèmes estuariens. Le suivi de la conductivité dans le Ntiallakh est donc une tâche importante pour l’équipe technique et, en cas de valeurs excessives, devrait être le signal déclencheur pour pratiquer une inondation de contre-saison afin d’adoucir le Ntiallakh, voire pour augmenter les débits de sortie des ouvrages de Bell et de Lekser pendant l’hivernage. Malheureusement, pour 2003 et 2004 la mission n’a pas pu trouver des informations sur la conductivité dans le Ntiallakh. Pourtant, dans la nouvelle situation de la brèche de la Langue de Barbarie, on peut s’attendre à une influence marine accrue sur le bassin avec des incidences sur les mouvements et le brassage des masses d’eau et donc sur la conductivité. Les 6 et 7 décembre 2004, des mesures de conductivité ont donc été prises lors de circuits en pirogue, organisés à l’intention du consultant en écotourisme. Le 6 décembre 2004, le circuit a commencé au barrage de Diama et suivi le cours principal du fleuve jusqu’à la pointe nord de Saint-Louis pour ensuite progresser avec la marée montante dans le marigot entre l’île de Mboyo et le cordon littoral jusqu’au village de Mboyo où les voitures sont venues récupérer l’équipe. Tout au long de ce trajet, à peu près tous les 500 m, il a été procédé à une mesure de la conductivité de l’eau en surface, au total une trentaine de mesures (Annexe 4) avec à chaque fois la position GPS (WGS 84, UTM). Le 7 décembre 2004, le même circuit a été emprunté jusqu’à l’entrée du Ntiallakh et ensuite ce marigot a été suivi jusqu’à l’embouchure Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 53 de Boytet, où les voitures sont venues récupérer l’équipe. Lors de ce transect, l’équipe PND UICN a procédé à 15 mesures de la conductivité des eaux de surface. Les données de ces deux exercices sont en annexe 4. Les mesures, dans la partie fluviale commune entre les deux transects des deux jours consécutifs, étant très similaires (le 6 décembre 2004 entre 28.5 et 29.7 mS/cm et le 7 décembre entre 28.6 et 29.3 mS/cm), les données ont été amalgamées comme s’il s’agissait d’une seule campagne de mesures (Fig. 17). Fig. 17. Conductivité des eaux de surface à l’aval de Diama et dans la partie sud du Ntiallakh les 6 et 7 décembre 2004 Le lit mineur du fleuve est caractérisé par des conductivités relativement élevées, entre 20 et 30 mS/cm. Il s’agit probablement de masses d’eau qui sont un mélange d'eaux océaniques et d'eaux des lâchers de Diama. Par contre, dès que l’on passe des zones relativement profondes (plusieurs mètres) à des zones à faible profondeur (moins d’un mètre) on trouve des eaux nettement plus douces (entre 10 et 20 mS/cm). L’hypothèse est donc que les eaux douces lâchées par Diama restent en surface et que, à chaque marée montante, elles sont préférentiellement repoussées dans les biefs de faible profondeur. Le mélange eaux douces – eaux salées se ferait ensuite principalement dans les lits mineurs assez profonds. Cette Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 54 stratification, si elle se confirme tout au long de l’année est probablement assez positive pour les écosystèmes des bassins du Ntiallakh et de Gueyelebou. Fig. 18. Conductivité des eaux de surface dans le Ntiallakh le 16 décembre 2004. Cette tendance a été confirmée lors des mesures ponctuelles faites dans le bassin du Ntiallakh tout au long de la mission (Fig. 18 et Annexe 5). Même le bief assez isolé devant le village de Kaharra (le Bahti), avec un seuil important à la petite mangrove qui le connecte au Ntiallakh, et qui par le passé montrait souvent des conductivités élevées puisque l’évaporation y est d’habitude dominante par rapport aux échanges avec le Ntiallakh, était qu’à 16.8 mS/cm le 16 décembre. En général, les conductivités dans le Ntiallakh ne dépassaient pas les 25 mS/cm, même au confluent BKN. La seule exception était l’extrémité nord du bassin à Lekser Sud et dans le Lac Nter avec des conductivités au-dessus de 40 mS/cm, deux biefs qui, vraisemblablement, n’étaient pas (fortement) influencés par la marée et où l’évaporation dominait les échanges. Après l’ouverture test de l’ouvrage de Lekser le 9 décembre il y a eu un adoucissement assez spectaculaire de la partie nord du Khoroumbam et même dans le Lac Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 55 Nter la conductivité avait déjà chuté à 35.7 mS/cm le 16 décembre 2004. Ce jour là, les conductivités dans le lit mineur du Ntiallakh étaient bien plus faibles que les jours précédents (Fig. 18). A l’exception des modifications dans la partie nord du Khoroumbam, influencée surtout par les lâchers de Lekser, il est probable que cette chute des conductivités était liée à des lâchers importants de Diama ainsi qu’à la redistribution des eaux relativement douces sous l’effet du marnage fort, lié aux vives eaux. Malheureusement, la mission n’avait pas à sa disposition les données de Diama de décembre 2004 mais une chute de 4 à 5 cm du niveau amont dans le fleuve avait été constatée entre le 13 et le 15 décembre. 3.5.4 L’envasement dans le bassin du Ntiallakh Avant la création de la brèche dans la Langue de Barbarie, il y avait subjectivement déjà une légère tendance à un envasement au niveau du confluent BKN qui se manifestait surtout du côté du marigot de Bell. Les débits transités par ce marigot ne suffisaient clairement plus à en dégager les dépôts éoliens tout au long de son cours (Photo de couverture). Au niveau du confluent même, il y a avait aussi des signes d’un envasement dont l’origine était, du moins partiellement, des apports par le fleuve. Cet envasement semblait plutôt saisonnier du côté Ouest, avec des fois des dépôts de vases autour du pied de l’E1 de l’échelle mais qui ne dépassaient jamais plus que quelques cm. L’envasement semblait plus progressif du côté Est mais la distinction avec des dépôts éoliens charriés par les débits en provenance du bassin de Bell, n’était pas claire. Une analyse géochimique des dépôts pourrait probablement en déterminer les proportions relatives de leurs origines. En décembre 2004, nous étions clairement dans une situation nouvelle avec un dépôt de 0.26m au confluent BKN et de 0.32m IGN au pied de certains éléments d’échelles limnimétriques. Il semble probable que ces dépôts, très peu consolidés, étaient récents et se sont mis en place après l’installation des nouveaux éléments des échelles par Afrecom en juin 2004. Dans ce cas, il pourrait s’agir d’un phénomène saisonnier similaire à la situation d’avant-brèche mais dont l’amplitude a augmenté en relation avec le marnage. Cette hypothèse d’un dépôt récent pourrait être confirmée ou infirmée par les techniciens de Afrecom ou de l’équipe technique du PND qui a accompagné Afrecom : quelle était la situation au moment de l’installation des échelles ? Dans le cas contraire, si c’est un phénomène progressif, il peut s’agir d’une adaptation de la section de la partie nord du Ntiallakh à la baisse des débits qui y transitent. Il s’agirait dans ce cas d’une tendance post-barrages qui se trouve accélérée dans la situation post-brèche, c'est-àdire que la tendance existait mais que le matériel pour les dépôts n’était pas disponible en quantité suffisante avant l’existence de la brèche. Ces matériaux pourraient être disponibles maintenant grâce à l’augmentation des forces frictionnelles liées à l’augmentation du marnage, notamment dans la partie sud du Ntiallakh. Le déchaussement des échelles à l’embouchure du Ntiallakh et de façon moins prononcée à Moëdina, pourrait indiquer que des phénomènes d’érosion se produisent dans la partie sud du Ntiallakh. Ces dépôts ainsi mobilisés seraient ensuite déposés dans la partie moins dynamique au nord du goulot d’étranglement. Le phénomène d’envasement (flèche verte) semble être visible aussi sur une des photos aériennes du survol du 5 décembre 2004, juste au niveau d’un goulot d’étranglement naturel du Ntiallakh (flèche rouge, position approximative N 16° 15,82’ W 16°28,40’) où la section en avril-mai 1997 n’était déjà que de près de 100 m² (Duvail & Ould Messaoud 1997) Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 56 Quoi qu’il en soit, il s’agit d’un phénomène très important pour l’avenir du bas-delta qui demande d’être suivi et étudié en profondeur parce qu’il peut changer l’hydraulicité du bassin et avoir des impacts considérables sur les inondations et tous les processus écologiques qui y sont associés. Ces impacts ne sont pas nécessairement négatifs : • un redimensionnement des axes hydrauliques avec des goulots d’étranglement sur le Ntiallakh créerait des seuils naturels qui permettraient aux débits envoyés vers le Ntiallakh par les ouvrages de Bell et de Lekser d’inonder des superficies plus importantes • les vases non-consolidées sont des milieux très productifs qui peuvent attirer des poissons démersaux à marée haute et des limicoles à marée basse. • Les zones d’envasement peuvent créer des milieux favorables à l’extension des mangroves. Par contre, si la tendance est à un envasement rapide et que les seuils deviennent très élevés, il se peut que, à l’avenir, ils bloquent les écoulements à partir des bassins du PND, un peu à l’image de ce qui s’est passé dans le marigot de Bell, les charges étant insuffisantes pour les dépasser. Un projet de recherche et de modélisation spécifiquement sur ce phénomène, dans le cadre d’une étude plus générale sur les impacts de la brèche dans la Langue de Barbarie sur le Ntiallakh et l’aval de Diama semble avoir une très haute priorité. En ce qui concerne le suivi par l’équipe du PND, un premier pas pourrait être de soigneusement noter l’envasement/déchaussement (par exemple par des séries de photos numériques) aux différentes échelles du bassin de Ntiallakh à chaque relevé (fortement intensifié par rapport au rythme actuel) et de répéter de façon saisonnière la bathymétrie du Ntiallakh pour une comparaison avec la situation de mai 1997. Les sections relevées lors de cette étude (par rapport au 0 IGN, donc corrigées par rapport à l’état de la marée au moment du relevé) sont données dans le Tableau 6. Bathymétrie du Ntiallakh Relevée entre le 29 avril et le 5 mai 1997 par S. Duvail et B. ould Messaoud Attention les coordonnées géographiques sont en Adindan Désignation Coördonnées géographiques Section en m² Dar es Salaam Njemer Meftah El Kheir Goulot Kaharra Tweikitt Kaharra Tweikitt Boytet Ebden N16°18,07'; W16°27,84' N16°17,63'; W16°28,36' N16°16,43'; W16°28,50' N16°15,84'; W16°28,45' N16°14,27'; W16°28,88' N16°12,27'; W16°28,91' N16°12,94'; W16°29,15' N16°12,27'; W16°27,92' N16°18,06'; W16°27,79' N16°17,54'; W16°28,26' N16°16,44'; W16°28,33' N16°15,81'; W16°28,36' N16°14,26'; W16°28,77' N16°13,38'; W16°29,00' N16°13,01'; W16°29,08' N16°12,35'; W16°27,84' 104,14 125,51 169,04 104,82 224,51 240,50 396,25 367,83 Profondeur maximale 1,35 1,20 1,00 2,30 2,30 3,10 3,20 4,70 Tableau 6. Bathymétrie du lit mineur du Ntiallakh en 1997. Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 57 3.6 Les bassins du Ndiader, Chat Tboul et l’Aftout Le survol aérien du 5 décembre 2004 a permis de constater que les cuvettes du Sud Aftout étaient pleines d’eau et accueillaient d’importantes concentrations d’oiseaux d’eau. L’abondance de l’eau dans la zone semble liée au curage des marigots du bassin de Ndiader où le Typha a été enlevé. A chaque ouverture de l’ouvrage de l’Aftout (qui d’ailleurs présente de nombreuses fuites même quand il est fermé), d’importantes quantités d’eau parviennent probablement directement dans le Lac de Lemrabott et dans la mare la plus au nord des lacs des Tumbos. Photo de Flamants Nains, dont de nombreux juvéniles, nageant dans l’Aftout inondé Le 7 décembre 2004, la zone a été visitée par voie terrestre. Le Grand lac du Chat était très plein (la plaque de l’échelle est tombée mais la lecture est estimée à autour de 0.35m sur l’E2, ce qui correspond à peu près -0.60 m IGN) et avec une conductivité de 3.89 mS/cm donc beaucoup plus doux que le Ntiallakh. Dans le Grand Lac il y avait 1000 Pélican Blanc, 800 Grand Cormoran et 220 Aigrette Garzette en pêche collective, plus 20 Spatule Européenne, 20 Canard Souchet, 232 Sterne Caspienne, 800 Sterne Caugek, 140 Goéland Railleur, 60 Goéland Brun et 6 Mouette Rieuse. Dans la branche nord du Grand Lac, la conductivité baissait encore à jusqu’à 2.53 mS/cm, ce qui indique que les apports d’eau douce provenaient en majeure partie du nord. Les apports du bassin de Ndiader étaient donc plus importants que les apports en provenance des bassins du Diawling-Tichilitt par Hassi Baba. Cet adoucissement extrême a même permis à des poissons d’eau douce de se développer dans l’Aftout et au Chat Tboul où l’on capture entre autres des capitaines, Lates niloticus. Que ces poissons essayent de retourner au fleuve par le bassin de Ndiader peut être déduit de la présence massive de Pélicans Blancs et de Spatules dans le Lac de Lemrabott, juste à l’embouchure du marigot qui connecte la cuvette de Sud Aftout avec le Ndiader (Photo). Situation semblable au ‘barrage vivant’ que font les pélicans à la connexion entre le Lac de Diawling et le marigot de l’ouvrage de Cheyal où la fuite des vannes continue à attirer les poissons d’eau douce. L'inondation de l’Aftout, jusqu’à 25 km au nord du Chat Tboul, a détaché deux îlots propices à la nidification d’oiseaux d’eau. Une petite île dans la partie sud où, en décembre, des Flamants Roses étaient en nidification et une grande île dans la partie nord où il y a eu une tentative de nidification de Pélicans Blancs abandonnée probablement en octobre-novembre. Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 58 Dans les Tamarix en face de la grande île, il y avait encore quelques nids de Grand Cormoran occupés. Dans cette zone, il y avait plus d’1 m d’eau saumâtre d’une conductivité de 28.8 mS/cm et quelques milliers de Souchets. Les milliers de Flamant Nain juvéniles dans l’Aftout indiquent une probable nidification (en 2003 et en 2004). Les flamants étant très sensibles aux perturbations, nous avons soigneusement évité de nous approcher de la colonie en activité, tant pendant le survol aérien que pendant la visite terrestre,. La vérification de présence d’œufs ou de cadavres de juvéniles des deux espèces ainsi qu’un dénombrement des structures argileuses des nids devrait se faire de préférence en mars-avril, la saison de nidification du Flamant Nain débutant probablement en juin-juillet, suivie par celle du Flamant Rose à partir de septembre. Ce nouveau rôle de l’Aftout es Saheli, qui pourra se confirmer dans la durée en fonction de la gestion de l’ouvrage de l’Aftout (adduction en eau potable de Nouakchott), demande une réflexion sur son intégration dans la réserve de biosphère et sur les dispositifs de gestion à prendre, notamment en matière de surveillance et de gestion de l’eau. Une étude sur la gestion durable de l’ensemble du bassin Ndiader – Chat Tboul – Sud Aftout avait été faite en 2000. Cette étude serait à actualiser. La riziculture dans ce bassin ne pas rentable, ni durable. Dans les zones à faible potentiel agricole, il y a lieu de réfléchir à la conversion des rizières abandonnées en bassins de pisciculture extensive et des zones environnantes en pâturages de décrue (voir aussi Braund et al. 2000, Kotschoubey 2000). Photo de l’activité de nidification du Flamant Rose sur l’île dans l’Aftout es Saheli. A l’avant plan on peut distinguer un groupe de quelques milliers de sternes et à l’arrière plan un groupe compact de Flamant Nain en parade nuptiale. Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 59 3.7 Le bassin de Gambar et le fleuve Sénégal en amont de Diama Le survol aérien du 5 décembre 2004 a permis de faire quelques constats sur le bassin de Gambar. Les tendances y restent constantes avec une colonisation massive par le Typha domingensis, ce qui pose une forte contrainte à la pêche, l’élevage et les autres formes d’exploitation traditionnelle. Quelques petites mares en eau libre avec des nénuphars subsistent dans les endroits à plus grande profondeur, comme c’est le cas juste au sud de la digue rive droite entre les deux ’slipway’ du sud du bassin de Bell (Photo). Photo d’une des plus grandes mares en eau libre qui existe encore dans le Gambar. Les différentes couleurs de Typha indiquent divers stades de régénération et d’assèchement après brûlis et inondation. Les zones les plus élevées montrent des signes d’assèchement saisonnier voire de brûlis, pratiqués pendant des baisses du niveau de la retenue de Diama, donc principalement pendant l’hivernage. Bien que ce bassin accueille une certaine biodiversité il s’agit principalement d’espèces afro-tropicales à large distribution et abondantes dans des milieux d’eaux douces stagnantes (Ardeidae, Rallidae) et pour lesquelles les zones humides du sud Mauritanien ont une valeur de conservation toute relative. Il est vrai que les brûlis pratiqués peuvent temporairement poser des problèmes à ces espèces pendant la période de nidification. Néanmoins, il reste toujours de vastes espaces de refuge à ces espèces. En saison sèche, et notamment pendant la période d’octobre à mars lorsque le bas-delta accueille de nombreuses espèces paléarctiques, le bassin de Gambar et les autres parties du fleuve couvertes de Typha jouent très probablement un rôle d’accueil aussi pour des passereaux et oiseaux d’eau paléarctiques mais, à cette période de hautes eaux, les brûlis sont rares et de superficie généralement restreinte. La ‘gestion’ actuelle, quelque peu anarchique, du bassin ne constitue donc pas une véritable menace à sa biodiversité. Par contre, son potentiel écologique et économique se trouverait en nette augmentation si des rythmes de crue et de décrue plus naturels pouvaient y être appliqués, à l’image de la gestion de l’eau dans les bassins du PND. Tant que l’agriculture irriguée gravitaire et par pompage restera une activité dominante dans les zones plus en amont du delta, cette option restera entièrement théorique et la Commission Permanente des Eaux de l’OMVS poursuivra une stratégie de maximisation des niveaux d’eau tout au long de la saison agricole. Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 60 Fig. 19. Niveau d’eau dans le fleuve Sénégal en amont du barrage de Diama entre janvier 1999 et mai 2005. Par contre, l’augmentation du marnage à l’aval de Diama (Fig. 20) impose des nouvelles pratiques de gestion à la partie amont du barrage, avec une baisse saisonnière nettement plus importante qu’avant la création de la brèche dans la Langue de Barbarie. Effectivement, dans la situation avant-brèche, l’OMVS SOGED avait l’habitude de baisser le niveau d’eau ans la retenue de Diama de 2.15 m IGN à 1.50 m IGN entre juillet et novembre (Fig. 19). Depuis la création de brèche le niveau minimal a nettement baissé, jusqu’à 1.10 m IGN en novembre 2003 et 1.23 m IGN en août 2004. La principale incidence pour la gestion du PND est donc que la charge au niveau des ouvrages peut être relativement faible pendant la période où l’on essaye de faire monter le niveau dans les bassins de Bell et de Diawling de 1 m IGN vers 1.30 m IGN et que donc des ouvertures plus grandes des vannes sont nécessaires pour l’obtention de débits comparables à ceux de la situation avant-brèche. Cette situation demande donc une bonne concertation avec l’OMVS SOGED pour savoir à quelle période ils envisagent de baisser le niveau dans la retenue et un suivi rapproché pour éventuellement adapter les ouvertures des vannes quand le niveau commence à descendre, voire remonter. Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 61 4. Récapitulatif des constats avec des incidences majeures sur la gestion 4.1 Impacts de la brèche de la Langue de Barbarie La création de la brèche A partir de la fin septembre 2003, la crue du fleuve avoisinait 2000 m3/s et le niveau d’eau à l’aval de Diama dépassait les 1.5 m IGN (à partir du 24 septembre) avec une pointe de 1.56 m le 2 octobre. Les zones basses de la ville de St. Louis se trouvaient ainsi inondées. Bien que l’inondation était moins importante que celle de 1999 (pointe de crue de 1.64 m), les autorités sénégalaises décident, sur conseil de la Somagec, entreprise marocaine dirigée par Roger Sahayoun, d’ouvrir une brèche de 4 m de large et 100 m de long dans la Langue de Barbarie à quelques 6 km au sud de la ville. Les travaux furent réalisés dans la nuit du 3 au 4 octobre 2003. Cette petite brèche s’est rapidement élargie et son impact sur les niveaux en aval du barrage s’est fait sentir à partir du matin du 6 octobre avec une brusque chute du niveau aval de 1.52 à 1.35 m IGN. Dès le 8 octobre, le niveau aval se situait à moins de 1 m. La crue a donc été très rapidement évacuée vers l’Océan. Actuellement, la brèche fait 800 à 900 m de large et cette largeur semble stabilisée mais avec une tendance de migration vers le sud. Impacts Amplitude du marnage Avec le raccourci de près de 25 km entre l’ancienne embouchure à Gandiole et la nouvelle embouchure artificielle juste au sud de l’hydrobase de Saint-Louis, la force de la marée, qui normalement s’atténue dans le fleuve, se fait donc sentir beaucoup plus en amont dans l’estuaire (Fig. 20). Nous ne disposons malheureusement pas des données du marégraphe de St. Louis avant et après la création de la brèche mais une approche indirecte nous permet une approximation quantitative de l’impact sur le marnage. Effectivement, le niveau d’eau à l’aval du barrage de Diama est noté au moins une fois par jour (d’habitude vers 07:30). Comme chaque jour la marée progresse de près de 50 minutes Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 62 par 24h, sur une période de 1 mois cet enregistrement couvre au moins un cycle complet des marées, souvent deux. Fig. 20. Niveau d’eau dans le fleuve Sénégal en aval du barrage de Diama entre janvier 1995 et décembre 2004. Afin d’éviter l’interférence de lâchers de Diama, qui influencent le niveau aval, seuls les mesures entre le 1 novembre et le 31 mai sont utilisées. En prenant l’amplitude mensuelle des variations du niveau d’eau (le niveau maximal moins le niveau minimal) l’on peut estimer le marnage. Cet exercice a été mené pour les années 2001 à 2004. Ensuite la moyenne de cette amplitude est faite pour la période pré-brèche (19 amplitudes mensuelles entre janvier 2001 à mai 2003) et post-brèche (8 amplitudes mensuelles entre novembre 2003 à décembre 2004). Finalement, ces moyennes et leurs intervalles de confiance (95%) sont comparés (Fig. 21). On constate donc que le marnage a, en moyenne, augmenté de 0.74 m (de 0.41 m à 1.16 m) depuis l’ouverture de la brèche. La marée basse est donc devenue plus basse et la marée haute plus haute sur l’ensemble de la partie estuarienne. L’augmentation du marnage n’est pas uniforme : elle diminue au fur et à mesure que l’on s’éloigne de l’embouchure, principalement à cause de la friction des fonds qui réduisent la force de la marée. La durée de la mission ne nous a pas permis d’évaluer le marnage à chaque échelle limnimétrique du bassin du Ntiallakh mais ce serait une étude à faire, puisque nous disposons de données d’avant-brèche (Lebourgeois 1999). Par exemple, en 1999, le marnage au niveau de l’ouvrage de Lekser était de 2 cm tandis que lors de la mission nous avons trouvé un marnage probable autour de 10 cm. Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 63 Marnage Diama Aval 1,4 Amplitude mensuelle (m) 1,2 1 0,8 0,6 0,4 0,2 0 pré-brèche post-brèche . Fig. 21. Comparaison entre l’amplitude du marnage au niveau du barrage de Diama entre la situation avant la création de la brèche (moyenne 0.41 m, intervalle de confiance 95% 0.37-0.45 m) et après la création de la brèche (moyenne 1.16, intervalle de confiance 95% 1.01-1.30 m). Il suffit de poster un observateur à chaque échelle pendant un cycle complet (13 h) lors de vives eaux, idéalement lors des fortes marées d’équinoxe hors période de crue (autour du 31 mars), et de noter, par exemple chaque 30 minutes, le niveau de l’eau. Cet exercice est important parce que dans la nouvelle situation (post-brèche) le marnage va ‘aider’ les eaux des lâchers du PND (et par Diama) d’inonder des superficies de la plaine du Ntiallakh et il faudrait quantifier cet effet. D’ores et déjà l’on peut conclure qu’il y a intérêt à faire coïncider aux maximum les lâchers les plus importants avec les vives eaux de fortes marées (équinoxe du 21 septembre) mais de préférence en complément de lâchers par Diama. Le niveau le plus bas enregistré à l’aval du barrage a baissé de 0.43 m (de -0.38 à - 0.81 m). C’est ainsi qu’à marée basse plusieurs piliers du pont Faidherbe peuvent être entièrement hors eau. Impact écologique Cette augmentation du marnage fait que de nombreuses zones dans le Ntiallakh, le long du fleuve et dans le Gueyelebou s’inondent et s’exondent deux fois par jour. Leur productivité va donc augmenter, notamment en ce qui concerne la flore (algues) et la faune (polychètes, mollusques, crustacés) benthique (Photo). A marée haute cette activité benthique accrue va attirer des poissons démersaux et à marée basse des limicoles. L’extension des zones intertidales va aussi offrir à la mangrove des opportunités d’extension, surtout au vu des résultats préliminaires (voir section 3.5.3 ci-dessus) sur les impacts de la brèche sur la conductivité. Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 64 Photo d’une zone intertidale dans le marigot de Boytet. L’on aperçoit des algues en vert et jaune, de nombreuses traces de gastéropodes herbivores, des trous larges de siphons de mollusques probablement détritivores, des traces des pattes et des petits trous faits par les becs d’oiseaux limicoles, etc. Incidences sur la gestion par le PND Les changements dans la partie à l’aval de Diama devraient inciter le PND a déplacer son centre de gravité un peu plus vers le bassin du Ntiallakh autant sur la gestion de l’eau (maximaliser les débits), qu’au niveau des études scientifiques et le suivi. L’intégration des bassins du Ntiallakh et du Gueyelebou dans la réserve de biosphère exigera aussi une implication accrue des collectivités riveraines de ces deux bassins dans les activités socioéconomiques compatibles avec un statut d’aire protégée. 4.2 Impacts de l’inondation permanente de l’Aftout es Saheli Déjà en janvier 2004 (crue de 2003), le dénombrement international des oiseaux d’eau du basdelta élargi (avec la cuvette sud de l’Aftout) avait atteint un nombre record de plus de 80 000 oiseaux. Ce chiffre a été plus que doublé lors du dénombrement de janvier 2005 (crue de 2004), avec un total probable de 178 000 oiseaux d’eau (calculs préliminaires de Maurice Benmergui, ONCFS, communication personnelle). Ces augmentations spectaculaires s’expliquent probablement essentiellement par la remise en eau sur près de 25 km au nord du Chat Tboul de l’Aftout es Saheli et l’extraordinaire augmentation de la productivité écologique qui s’en est suivie. Les dizaines de milliers de Flamant Rose et Nain, les nombres impressionnants de laro-limicoles et de canards qui séjournent dans l’Aftout en font une des zones humides de premier ordre mondial. De plus, les tentatives de nidification des pélicans (probablement 800 couples en 2004), les nidifications réussies du Flamant Rose et Nain et la nidification probable de sternes et goélands rendent le classement de la zone en aire protégée pratiquement incontournable au vu des conventions internationales dont la Mauritanie est Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 65 signataire. Incorporer les cuvettes sud de l’Aftout dans la réserve de biosphère serait un premier pas. Incidences sur la gestion du PND Les premières inondations de l’Aftout es Saheli dans la situation après-barrages se sont produites à la fin des années 1990 lorsque la gestion par le PND a réussi à atteindre des cotes importantes dans le bassin de Diawling-Tichilitte pendant des périodes suffisamment longues pour que l’eau y transite par Hassi Baba, les Tumbos et la Chat Tboul. C’est en partie cette nécessité qui avait fait que la digue nord et l’ouvrage de Mohad étaient considérés comme ayant une moindre priorité par rapport à l’ajout des ouvrages de Berbar et de Lekser et de l’élargissement de la digue de Lekser pour la rendre carrossable. A condition que l’inondation de l’Aftout es Saheli par des lâchers de l’ouvrage de l’Aftout devienne un phénomène régulier dans le nouveau contexte de l’adduction d’eau potable à Nouakchott, cet envoi de grandes quantités d’eau vers le nord est devenu beaucoup moins important pour les équilibres écologiques du bas-delta. La construction d’un ouvrage à Mohad et l’extension de la digue nord jusqu’à la dune côtière devient donc une nouvelle priorité pour le PND. Un deuxième avantage d’un contrôle des eaux à Mohad est que les cotes plus élevées dans le bassin de Diawling permettront au PND d’envoyer plus d’eau vers l’Aftout par l’ouvrage de Lekser. Cette extension de la digue nord va poser des problèmes surtout à la surveillance. Un accès facile aux plaines inondables à très grand potentiel de biodiversité entre Hassi Baba et le Chat Tboul serait catastrophique et donc il faut absolument que cette digue nord ne soit pas du tout carrossable avec des fossés très profonds et bien entretenus des deux côtés de la digue et des barrières argileuses et métalliques à des distances régulières. Le PND devra aussi recruter plus de surveillants et construire un grand poste de garde confortable et équipé sur le point de connexion entre la digue rive droite et la digue nord, de préférence avec un mirador facilement accessible permettant de surveiller la zone. Un deuxième poste avec mirador, à proximité de l’ouvrage de Mohad serait nécessaire. Les surveillants pourraient faire des patrouilles régulières à vélo tout le long de la digue. Dans ces conditions de surveillance efficace, la réintroduction de la gazelle à front roux dans la zone entre Hassi Baba et le Chat Tboul, où les milieux naturels se sont déjà bien régénérés, deviendrait une possibilité. 4.3 Forces et faiblesses de la gestion actuelle Cette mission de courte durée a permis de déceler quelques tendances dans la gestion actuelle du PND. Quelques observations positives et négatives données ci-dessous, quelque peu ‘en vrac’, devraient permettre de plus facilement adapter le suivi et la gestion. Positif • Le suivi écologique a repris de façon plus systématique et les données sont de qualité ; • Mesures hydrométriques détaillées même en décru ; • Mesure de la conductivité au confluent en avril 2003 (24.5 g/l) donc pas de contresaison nécessaire ; • Rapport sémestriel janvier-juin 2003 ; • Rapports hebdomadaires du suivi écologique disponibles sur plusieurs mois ; Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 66 • • • • • Quand, en 2003, l’échelle de Bell Est était submergé lors de la crue d’octobre 2003 quelqu’un a continué à prendre des mesures entre le sommet de l’échelle et le niveau d’eau ; Approche scientifique de la gestion en 2003, suivi très précis des recommandations de gestion dans le bassin de Bell ; Double lecture E1 et E2 Tichilitt donc possibilité de caler l’E2 inconnu à l’E1, résultat zéro de l’échelle à +0.06 m IGN, facteur de correction 5.94 (mais attention il ne s’agit que d’une lecture et les conditions de batillage et la précision sont inconnues, à pied ? ou à distance aux jumelles ou au télescope ? etc.) ; Bonnes réactions lors de la situation de crue extrême dans le Ntiallakh en 2003 : ouverture maximale de Lekser, de Bell et de Berbar, réduction du débit d’entrée à Lemer ; Bon suivi de la nidification des oiseaux en saison d’hivernage, découverte de plusieurs nouvelles espèces pour la zone. Négatif • Pas de rapport global sur l’inondation 2003, impossible de reconstruire le cheminement décisionnel ; • Difficile de suivre les manipulations des ouvrages, notamment en décrue. Ici encore 2003 semble plus complet que 2004 ; • Ouverture tardive de Cheyal en 2003, risque pour la digue de Ziré. Pas d’informations sur les raisons de l’ouverture tardive ; • Faibles débits envoyés vers le Ntiallakh, surtout en 2004. Il faut ouvrir au maximum Bell et Lekser et ajuster (en augmentant) le débit de Lemer et Cheyal ! • Bases de données au siège à Nouakchott incomplètes et beaucoup d’erreurs. Pas de procédures d’échange et de vérification des données, peu de données disponibles dans les ordinateurs sur le terrain. Il faudrait un système de validation : la conservation envoie ses données brutes ; à la direction on met dans des fichiers excel et on fait la conversion plus des graphiques ; ces résultats sont envoyés à la conservation qui vérifie et approuvé ou corrige ; ensuite le mois est entré dans la base de données. Il est essentiel que toutes les données brutes restent disponibles sur papier et fichier excel ; • Pas de données sur la direction du courant aux ouvrages de Berbar, Bell et Lekser (ce qui aiderait à l’interprétation des recalages des échelles par Afrecom) ; • Une échelle hors eau ne correspond pas à une lecture égale à 0 m IGN, utiliser un symbole, par exemple HE ; • Les rapports hebdomadaires mettent l’accent sur le ‘surpâturage’, il n’y a pas de surpâturage possible dans une plaine inondable en saison sèche, tout est à recycler (sauf les arbres, mangrove et acacia). C’est très bien s’il y a 3000 vaches en avril 2003 (les bousses vont fertiliser la plaine lors de la prochaine inondation). Par contre, en début d’hivernage il serait préférable d’éloigner les troupeaux des non-résidents des bassins pour laisser le pâturage se développer ; • La pêche en début d’inondation semble acceptable à condition de laisser passer suffisamment de géniteurs – pourrait être un sujet de discussion avec les pêcheurs, qui pêche, pourquoi, comment, où, combien ? • Lecture d’échelle BKN mais pas de données conductivité en juin 2003 ; • Des zones de bonne régénération en glacis de la dune de Ziré non clôturées. Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 67 Actions recommandées : • La direction doit avertir l’OMVS au moins 6 semaines avant le 1 juillet du calendrier d’ouverture des vannes ; • A la fermeture de Lemer et Cheyal faire un premier rapport sur la gestion en hivernage (ouvertures, fermetures, hauteurs de l’eau, qualité, etc.) et à la fin de la saison (févriermars) faire un grand rapport de synthèse de la crue, avec une comparaison avec les recommandations du plan de gestion, à discuter lors de la réunion de programmation sur le terrain (en mars) mais aussi à présenter dans les villages Faire un fichier excel récapitulatif pour chaque saison avec toutes les manipulations des vannes ; • Mettre en place un système d’échange, de vérification et de validation par l’équipe de terrain des données entrées dans l’ordinateur à Nouakchott. Ceci demanderait probablement une mission de renforcement des capacités pour mettre en place la procédure d’échange, d ‘informatisation, de validation et d’analyse des données du suivi hydro-météorologique et écologique. Formation sur le tas et pratique à Nouakchott et sur le terrain pour surtout le conservateur et le responsable du SIG, de préférence aussi avec le chef de secteur suivi écologique mais avec au moins un atelier de restitution avec l’ensemble de l’équipe de terrain. Cette mission devrait inclure une rencontre avec l’équipe hydro SOGED OMVS du barrage pour faciliter l’échange de données et tenter de mettre en place une procédure de coordination pour la gestion des ouvrages, etc ; • Favoriser plus les contacts et échanges entre différentes masses d’eau, donc utiliser plus les ouvrages secondaires de Berbar, Bell et Lekser à des ouvertures plus grandes ; • Plus de dynamisme dans les mises en défens de zones pour favoriser le développement de la strate ligneuse. Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 68 5. Propositions pour la révision du Plan de Gestion Le plan de gestion du PND, intitulé ‘Plan Directeur d’Aménagement du Parc National du Diawling et de sa zone périphérique 1997-2000’ comporte 3 sections : • une description du bas-delta et du Parc National • une partie opérationnelle • des annexes et cartes La section descriptive du plan de gestion peut être actualisée en intégrant les nombreuses publications scientifiques, mémoires, thèses, études et rapports récents. Bien que de nombreuses consignes n’aient été appliquées qu’à des degrés très variables, la section opérationnelle du plan de gestion reste en majeure partie pertinente sur ses trois thèmes : • restauration du régime hydraulique et des ressources naturelles • gestion du PND • développement communautaire Sa révision doit faire l’objet d’un processus de dialogue avec les usagers et les partenaires. Le présent rapport ne peut que faire quelques réflexions sommaires, détaillées ci-dessous. Une proposition pour le nouveau plan de gestion fera l’objet d’un autre document. La troisième et dernière section demandera une actualisation des annexes et la cartographie thématique devrait se baser sur le SIG. Bien évidemment, dans le cadre du développement de la réserve de biosphère, la couverture géographique du plan devra être étendue. 5.1 Restauration du régime hydrologique et des ressources naturelles 5.1.1 Pertinence de l’inondation de contre-saison En 1997 et 1998, une contre-saison a été pratiquée en avril-mai. Les impacts sur la conductivité dans le Ntiallakh ont été considérables et donc cette pratique a atteint son objectif principal : l’adoucissement du Ntiallakh et ainsi la prévention d’inondations délétères pour la végétation recrudescente. Par contre, le problème principal a été la difficulté de vidanger le bassin de Bell à cause de l’envasement du marigot entre l’ouvrage de Bell et le Ntiallakh. Des eaux douces ont donc stagnées dans les marigots du bassin de Bell et une prolifération de Typha s’en est suivie. En 1998, un essai de vidange vers le bassin du Diawling a été pratiqué mais le Typha a continué à proliférer probablement par l’humectation des sols et la recharge de petites lentilles d’eau douce. L inondation de contre-saison posait aussi des problèmes à la circulation des femmes pratiquant la cueillette du Sporobolus. Le seul soutien enthousiaste pour la contre-saison provenait des éleveurs à qui cela évite de retourner chaque soir à la donne pour abreuver les animaux à partir des puits. Il a donc été décidé de ne pas pratiquer une contre-saison par le bassin de Bell en 1999 mais de tenter de réaliser l’adoucissement à travers le bassin de Diawling. Malheureusement, les débits pratiqués étaient insuffisants et la période d’ouverture trop courte pour atteindre l’objectif visé. Néanmoins, l’option d’une alternance entre une contre-saison à travers le bassin de Bell Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 69 (année paire) et par le bassin de Diawling (année impaire) reste possible, surtout si un ouvrage de contrôle est construit à Mohad. Le critère principal pour la pratiquer doit être la conductivité dans le Ntiallakh. Par exemple, si celle-ci dépasse 50 mS (chiffre à préciser par une modélisation de l’évolution de la conductivité) à la fin mars suite à une année de faible hydraulicité du fleuve, une très courte pointe de crue de contre-saison devrait être testée, à condition bien évidemment que le marigot de Bell soit curé et que la vidange du bassin se fasse efficacement. La même procédure, mais par le bassin de Diawling, pourra être testée une fois l’ouvrage de Mohad construit. Ainsi, le PND aura testé une procédure qui pourra s’appliquer si les conditions changent fondamentalement. Néanmoins, s’il n’y a pas de grande baisse de l’hydraulicité du fleuve et/ou et des pratiques de production d’hydroélectricité à Manantali, une intervention en contre-saison sera l’exception plus que la règle, vu son caractère perturbateur pour la végétation. 5.1.2 Pertinence du calendrier de crue en hivernage Sur l’objectif 1 : restauration du fonctionnement hydraulique, il y a des fois un manque de rigueur dans l’application plus des recommandations du plan de gestion actuel, sans que cela soit nécessairement un manquement de la part du PND. Effectivement, beaucoup de contraintes externes peuvent intervenir et empêcher l’application du calendrier. Les ouvertures de vannes sont ainsi très souvent tardives parce qu’il y a des travaux sur la digue rive droite où que la coordination entre le PND et l’OMVS est en panne. De même, les fermetures sont souvent précoces et les cotes atteintes inférieures aux recommandations à cause de dégâts et d’affaissements des pentes beaucoup trop raides de la digue rive droite et le manque d’enrochements sur les zones les plus sensibles. Pour le bassin de Bell, cette situation s’est nettement améliorée depuis que l’OMVS a fait de grands investissements pour réduire la pente du talus au sud du bassin mais encore sans enrochements ni épis de protection dans le bassin qui pourraient réduire le batillage. On peut donc prévoir que ce nouveau talus sera progressivement rongé. Photo de l’amélioration du talus nord de la digue rive droite dans la partie sud du bassin de Bell. Au premier plan l’ancienne pente très raide, en arrière plan le nouveau talus mais déjà rongé. Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 70 Pour le bassin de Diawling, le problème reste entier et, en dépit des cotes très faibles en 2004, il y a déjà un affaissement. En attendant un grand financement pour une consolidation de la digue rive droite avec des enrochements et épis aux endroits sensibles, une solution à moindre coût pourrait être tentée par le PND en utilisant les anciens canaux des conduites de motopompe mis en dépôt à Bou Hajra. Effectivement, ces canaux pourraient être déposés dans le bassin à proximité de la digue (à une trentaine de m par exemple) en pyramides de 3 dans une orientation sud-est à nord-ouest pour fonctionner comme brises lames mais aussi comme structures de captage de dépôts éoliens sur lesquels une végétation de Tamarix pourrait se développer. Photo de l’affaissement de la digue rive droite face aux échelles du lac du Diawling En ce qui concerne l’hydraulique, pour le bassin de Bell la cote maximale à atteindre a déjà été rehaussée à 1.40 m IGN dans la pratique, afin de favoriser le développement des pâturages en glacis de dune et la fructification des Acacia nilotica. Cette pointe de crue doit être très courte (quelques jours seulement) et se faire plutôt en septembre qu’en août pour profiter du démarrage de la végétation par des pluies éventuelles. La cote maximale ne doit être atteinte que si l’intégrité des infrastructures, et notamment de la digue de Ziré, est assurée et si on a la possibilité d’une baisse rapide en cas de grandes pluies (donc charge relativement importante vers le Ntiallakh et le Diawling). Le curage du marigot de Bell et la remise en état de la digue de Ziré et de l’ouvrage de Berbar restent donc aussi une priorité pour cette raison de potentiel d’évacuation rapide. Les cotes maximales dans le bassin de Diawling ne devraient toujours pas dépasser 1.30 m IGN mais des efforts doivent être faits pour au moins atteindre 1.10 m à l’échelle de Tichilitt (à condition que cela ne mette pas en péril la digue rive droite) au mois d’octobre. La décrue active reste un point d’achoppement entre le PND et les usagers, notamment avec les pêcheurs qui veulent une fermeture rapide des ouvrages secondaires pour le démarrage de la campagne de pêche. Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 71 Une possibilité serait d’entamer une recherche participative sur deux scénarios. En concertation avec les pêcheurs, analyser les résultats de deux inondations aussi similaires que possibles (hauteur, durée) en deux années consécutives : • une avec ouverture prolongée de Bell, Berbar et Lekser par exemple de 10 crans audelà du 31 octobre, jusqu’à la mi-décembre • une avec fermeture par exemple le 15 novembre pour leur permettre d’effectuer une première campagne de pêche et suivi d’une décrue plus tardive (en décembre-janvier) Un suivi rapproché des débarquements en quantité et en qualité devrait permettre de comparer les campagnes de pêche sur le plan économique et écologique. Effectivement le rôle du PND comme zone nourricière (crevettes, mulets, ethmaloses, etc.) ne doit pas être occulté. Au vu des changements dans le bassin de Ntiallakh, la connexion entre les masses d’eau doit être renforcée et un rôle accru doit être accordé à l’alimentation du Ntiallakh par des débits importants tout au long de la saison d’hivernage, de préférence en conjonction avec des lâchers de Diama ou des périodes de vives eaux. Sur l’objectif 2 : restauration de la végétation caractéristique du bas-delta, fixation des dunes et protection des digues, le programme de mise en défens devrait être dynamisé et plus opportuniste, clôturant les zones de régénération naturelle, par exemple sur les glacis de la dune de Ziré. Comme l’on peut s’attendre à une tendance à l’extension naturelle de la mangrove, le PND pourrait, en collaboration avec les collectivités, essayer de mieux protéger les sites de colonisation par la gestion des parcours du bétail (notamment des chameaux) et des mises en défens mais surtout surveillance accrue de ces derniers. Des surveillants villageois pourraient être indemnisés sur la base du pourcentage de survie des jeunes plants Un plan de contrôle ou, à certains endroits, d’extermination des Prosopis est à développer en collaboration avec les usagers. Sur l’objectif 3 : restauration du potentiel halieutique, le suivi plus rapproché des recommandations hydrauliques (dates d’ouverture, connexions, décrue) devrait améliorer la situation mais les impacts devraient être vérifiés par un suivi qualitatif et quantitatif de la production. Le développement d’une filière d’exportation de crabes (vivants, marchés asiatiques) pourra être exploré. Sur l’objectif 4 : restauration des valeurs ornithologiques, les cotes plus élevées dans le bassin de Diawling et la décrue active dans le Bell et le Diawling devraient être favorables, notamment aux flamants et canards zooplanctivores. Les faibles cotes dans le bassin de Diawling peuvent être quelque peu compensées par que la réalisation de la tranchée pour créer une île plus permanente permettant la nidification des pélicans à l’ouest de l’ancien mirador. Un effort particulier s’impose pour favoriser la nidification des grues couronnées, notamment en respectant les dates de l’ouverture et les consignes de fluctuation du niveau autour de 1 m IGN en juillet pour le développement végétatif. Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 72 5.2 Gestion du Parc National du Diawling Ce thème doit être revu en profondeur avec les usagers et les partenaires dans le cadre de la création de la réserve de biosphère. La cogestion devra être dynamisée et formalisée dans des engagements contractuels suivis et les moyens mis à la disposition des différents acteurs, notamment sur le terrain, devront être en conformité avec les tâches. Sur l’objectif 1 : optimaliser la gestion du PND, il s’agit essentiellement d’appliquer et de régulièrement actualiser les procédures normales de gestion d’une entreprise, avec une attention particulière aux ressources humaines qui sont l’unique vrai matériel de l’entreprise. La réparation de torts faits par le passé (notamment sur les salaires de certains agents parmi les plus anciens et performants), la valorisation des compétences et une évaluation objective des performances, suivie d’une promotion sur la base de mérite n’en sont que quelques outils. Le budget de fonctionnement du terrain, qui permet aux agents d’accomplir leurs tâches et de se rapprocher en permanence des usagers et des écosystèmes devra être en équivalence avec les tâches à accomplir. Le Parc n’existe que sur le terrain. Le plan de zonage est enfin en cours d’élaboration et les premiers signes d’un zonage intelligent, parce que dynamique dans le temps, sont encourageants. Sur le plan de la surveillance il faut faire attention de ne pas partir dans la dérive sécuritaire. Le PND est un Parc qui existe pour et par les usagers et le prélèvement occasionnel d’un oiseau n’est pas une menace pour son potentiel ornithologique toujours croissant (Fig. 21). La cogestion implique une certaine tolérance et une flexibilité des deux parties Fig. 21. Nombre d’oiseaux d’eau dans le bas-delta lors du dénombrement international de la mijanvier. Les résultats sont rapportés par rapport à la crue de l’année précédente. Ainsi le chiffre de 2004 est un dénombrement effectué en janvier 2005. Pour 2001 il n’y a pas de données. Les points sur la communication interne, sur le comité technico-scientifique et sur les relations avec les institutions de recherche, restent toujours aussi pertinents. Une dynamisation sur toute la ligne est souhaitée. Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 73 5.3 Développement communautaire Comme pour les autres thèmes, il s’agit essentiellement d’appliquer et de régulièrement actualiser. Sur l’objectif 1 : renforcement des activités traditionnelles compatibles avec la restauration de l’écosystème, la même règle de base reste de mise : si l’on applique les consignes hydrauliques du plan de gestion, les écosystèmes seront productifs et les usagers pourront en tirer profit. Le développement communautaire ne se réduit pas à la construction de lieux de travail ou de réunion. C’est le dynamisme de l’encadrement et l’engagement sur la facilitation de l’écoulement de la production à des prix en adéquation avec les efforts produits qui en déterminera le succès. En Tanzanie l’exportation de crabes de mangroves vivants en direction de l’Asie du sud-est est une filière très rémunératrice. Sinon le marché hôtelier de St. Louis pourrait être une débouchée. Sur l’objectif 2 : développement d’activités nouvelles compatibles avec la conservation de l’écosystème, la nécessité du développement d’un tourisme intelligent et qui apporte des bénéfices réels aux populations reste une priorité absolue. Le potentiel est là mais il est mal communiqué, mal structuré, et mal géré. Le PND sort d’une phase difficile sur ce plan. Ni le PND, ni les populations locales profitent actuellement beaucoup du tourisme qui reste bien en deçà du potentiel. Une étude sur le développement écotouristique est en cours et devrait permettre de revoir ce secteur en profondeur. L’obligation de visa pour les touristes en provenance du Sénégal reste une très grande contrainte au développement d’un potentiel considérable. La production de foin n’a jamais été testée, ni l’essai de pisciculture extensive, ni de l’apiculture. Ces propositions restent probablement pertinentes. En matière d’embarcations, le potentiel touristique d’un circuit en bateau avec 2-3 personnes dans le bassin de Bell guidé par un Takhrédient garde toute sa potentialité. Effectivement, le Djoudj existe déjà et le PND n’a pas intérêt à essayer de le copier mais d’au contraire développer un produit original qui met en valeur les spécificités mauritaniennes. Sur l’objectif 3 : amélioration de la qualité de vie des collectivités, le PND a fait énormément d’efforts dont certains ont abouti. Même si il faut relativiser un peu les paroles du Maire de Ndiago que le PND ‘a failli à ses promesses’, force est de constater que le problème de l’adduction d’eau potable reste posé avec acuité en dépit de toutes les études et de tous les efforts consentis. La crédibilité de l’institution auprès de son partenaire principal, la population locale, en a beaucoup souffert. Le développement récent d’un système de microcrédit semble un créneau qui pourrait aider à créer une meilleure entente entre le PND et ses cogestionnaires. Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 74 6. Annexes Annexe 1. Calendrier de la mission 30/11/2004 Voyage France - Mauritanie 01/12/2004 Briefing au siège du Parc National du Diawling et au bureau de liaison de l'UICN en Mauritanie Réunions avec les techniciens du PND et de l'UICN Travail documentaire 02/12/2004 Réunion à la Direction de la Marine Nationale Réunion avec le consultant réserve de biosphère Travail documentaire 03/12/2004 Voyage Nouakchott PND Discussion avec les pêcheurs Takhrédient à l'ouvrage de Cheyal 04/12/2004 Visite des ouvrages du Parc et mesures hydrologiques Réunion avec les techniciens sur le terrain Discussion avec les pêcheurs de crevettes au Lac Nter 05/12/2004 Survol aérien Visite au bassin de Ntiallakh et mesures hydrologiques 06/12/2004 Circuit en bateau de Diama jusqu'à Mboyo et mesures hydrologiques Réunion avec le Maire de Ndiago 07/12/2004 Visite au Chat Tboul et l'Aftout es Saheli et mesures hydrologiques 08/12/2004 Visite à Saint Louis Réunion avec des opérateurs touristiques et les responsables des aires protégées 09/12/2004 Réunion avec la SOGED à Diama Visite aux ouvrages de la digue rive droite et au poste de garde et mesures hydrologiques Visite aux glacis de la dune de Ziré Réunions techniques avec l'équipe de terrain 10/12/2004 Visite aux zones sous influence de l'ouverture de Lekser Mesures hydrologiques dans le bassin de Ntiallakh Voyage de retour à Nouakchott 11/12/2004 Travail documentaire Préparation du séminaire gestion Intégrée et Durable du Littoral Mauritanien 12/10/2004 Présentation sur le bas-delta au séminaire du littoral 13/10/2004 Participation au séminaire du littoral 14/10/2004 Restitution des résultats préliminaires à la Direction du PND 15/12/2004 Participation comme observateur à la réunion du comité national de réserve de biosphère transfrontière Rencontres avec les partenaires de développement Retour au terrain du bas-delta 16/12/2004 Visite aux zones sous influence de l'ouverture de Lekser Mesures hydrologiques dans le bassin de Ntiallakh Visite au Chat Tboul et l'Aftout es Saheli Voyage de retour à Nouakchott 17/10/2004 Voyage de retour en Europe Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 75 Annexe 2. Personnes rencontrées en entretien particulier Dr. Bah Ould Moctar Sidy Moktar Ould Dadah Ba Amadou Diam Abdallahi Magrega Boubacar Ba Mohamed Lemine Ould Baba Bernd Steinhauer-Burkart Matthieu Bernardon Directeur du Parc National du Diawling Conservateur au PND Conseiller Technique UICN au PND Chargé de programme au PND Responsable SIG au PND Coordinateur au bureau de liaison de UICN en Mauritanie Consultant en écotourisme Conseiller Technique UICN au projet de conservation et d'utilisation durable du mulet en Mauritanie Cheikh Ould Ahmed Directeur de la Marine Nationale Pierre Campredon Coordinateur au Programme régional de Conservation de la Zone Côtière et Marine en Afrique de l'Ouest Zein El Abidine Ould Sidaty Chef Secteur Suivi Ecologique au PND Mamadou Sow Chef Secteur Surveillance au PND Abderrahmane Ould Limame Consultant Réserve de biosphère Moctar Ould El Hacen Directeur de l'Aménagement du Territoire et de l'Action Régionale Adama Cheibani SOGED OMVS de Diama Jean-Jacques Bancal Opérateur touristique à Saint-Louis Gilles Chausse Directeur de l'Agence Française de Développement Stéphanie Picard Chargée de Mission à l'Agence Franaçse de Développement Jean-Marc Pradelle Service de Coopération et de l'Action Culturelle Niang Diop Isabelle Université de Dakar Stéphane Doumbé-Billé Consultant en droit de l'environnement Noëline Rakatoarisoa Spécialiste du Programme Environnement/Ecologie à l’UNESCO Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 76 Annexe 3. Tableau des zéros des échelles et des facteurs de conversion Tous les noms et valeurs en rouge sont des modifications par rapport au tableau de Duvail (2003) Les valeurs modifiés par rapport au relevés Afrecom sont à vérifier n° Sites 1 2 2 5 5 5 5 6 6 6 7 7 8 8 8 9 9 9 9 9 9 10 10 10 12 12 12 12 12 12 13 14 14 15 15 15 16 16 16 17 17 18 18 Chat Tboul, Mulets Chat Tboul, Gd lac Chat Tboul, Gd lac Hassi Baba Hassi Baba Hassi Baba Hassi Baba Afrecom Tichillit Tichillit Tichillit Afrecom Ntok Ntok Afrecom Diawling 2 Diawling 2 Diawling Afrecom Lekser Lekser Lekser S Afrecom Lekser Lekser Lekser N Afrecom Nter Nter Nter Afrecom Berbar Berbar Berbar S Afrecom Berbar Berbar Berbar N Afrecom Lemer Aval Lemer Amont Lemer Amont Bell Est Bell Est Bell Est Afrecom Bell Ouest Bell Ouest Bell Ouest Afrecom N'Djorakh N'Djorakh Afrecom Confl BKN est Confl BKN E Afrecom 18 Confl. Bell ouest 18 Confl. Bell W Afrecom 19 Dar es salam Elément Date Date du dernier calage 1994 1994 1999 1994 1994 obs. obs. 1994 obs. E1 Implantation 1994 1994 1997 1994 1994 1997 2004 1994 1997 2004 1994 2004 1997 1997 2004 1995 1995 2004 1995 1995 2004 1994 1994 2004 1995 1995 2004 1995 1995 2004 1994 1994 1994 1995 1995 2004 1995 1995 2004 1994 2004 1994 E1 1997 * * -0.03 2 * 0.03 E1 1994 1994 -0,04 3 3,04 E1 E1 E2 E1 E2 E3 E1 E1 E2 E1 E1 E2 E1 S E2 S E1 N E2 N E1 E2 E1 S E2 S E1 N E2 N E1 E1 E2 E1 E2 E1 E2 E1 1994 obs. 1997 +obs. 1997 + obs obs. 1997 1997 obs. 1997 1997 1997 1997 obs. 1997 1997 obs. 1997 1997 obs. 1995 1995 1995 1995 1995 obs. 1999 1995 obs. 1994 obs. 1994 Altitude du zéro (m IGN) n° plaque -0,92 -2,15 -0,93 0,16 0,49 0,79 0,15 -0,14 0,06 inconnu -0,13 -0,13 0,07 0,69 0,07 -0,51 0,07 -0,93 -0,57 0,14 (-0.52 ?) -0,64 0,19 -0,64 -0,2 0,38 -0,62 -0,13 0,3 -0,7 -0,26 -0,13 -0,24 -0,24 0,29 -0,24 -0,2 0,5 -0,2 0,42 0,42 0 0 6 5 6 2 3 4 Facteur de correction1 5 6 5 5 6 2 3 8 9 5 6 2 3 5 6 1 1 2 8 9 5 9 6 6 6,92 7,15 6,93 1,84 5,51 3,21 -0,15 5,14 5,94 5,13 0,13 4,93 5,31 -0,07 2,51 2,93 0,93 8,57 8,86 (0.52) 5,64 5,81 0,64 2,2 2,62 0,62 5,13 5,7 0,7 0,26 0,13 0,24 8,24 8,71 0,24 5,2 8,5 0,2 5,58 -0,42 6 Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 77 19 Dar es salam 19 Dar es salam Afrecom 20 Moëdina 20 Moëdina 20 Moëdina Afrecom 21 N'Tiallakh N'Tiallakh Afrecom 25 Baillargeat Baillargeat Afrecom 26 Cheyal aval Cheyal aval OMVS 27 27 27 27 E2 1994 2004 1994 0,7 inconnu 4 3,3 E1 E2 1997 1997 1999 * 3 4 E1 1994 1994 4 3,03 * 0,09 3,81 E1 1998 2004 1998 1999 -0,03 * -0,09 0,19 inconnu 0,29 inconnu 0,6 probablement -0,10 -0,4 0,09 0,45 inconnu 5 4,71 2 1,4 0.10 1 4 6 1,4 3,91 5,55 5 6 4,93 5,18 -0,11 E1 1999 Confl. Sénégal E1 1999 1999 Confl. Sénégal E2 1999 1999 Confl. Sénégal E3 1999 1999 Confl. Sénégal 2004 Afrecom 28 M'réau E1 1999 1999 28 M'réau E2 1999 1999 28 Mréau Afrecom 2004 obs. * : donnée manquante obs. : calage déduit de l'observation directe des autres éléments 1 : valeur à soustraire pour obtenir la cote IGN 2 : recalée de 20 cm dans l'hypothèse d'un affaissement du terrain 0,07 0,82 0,11 Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 78 Annexe 4. Conductivité à l’aval de Diama en décembre 2004 Date Heure 6-déc-04 X 10:00 348730 347995 347155 346374 345777 345144 344705 344432 344501 344615 344497 344521 344623 344441 344954 345521 345111 344056 343559 342753 341499 340323 339959 339115 339169 339662 339798 339442 339387 339307 338887 12:06 13:20 14:25 Y 1793820 1793674 1793382 1792804 1792017 1791008 1790280 1790044 1788509 1787461 1786491 1786014 1784937 1783434 1782315 1781431 1780377 1779732 1778727 1778037 1776408 1775263 1774825 1774672 1774746 1774940 1775563 1776667 1779086 1780217 1780879 7-déc-04 Cond Heure mS/cm 29,20 08:55 29,70 09:07 29,30 09:12 28,90 09:17 28,70 09:22 28,60 09:27 28,50 09:32 26,80 09:38 27,50 09:44 27,90 09:53 27,90 10:00 26,30 10:07 26,80 10:14 26,90 10:19 27,10 10:25 26,80 28,80 27,60 26,50 27,20 27,60 28,40 18,87 20,60 21,20 13,00 12,66 12,99 14,21 13,04 15,51 X 348148 347321 346269 345645 345063 344492 344034 343900 343623 342749 341875 341110 340539 340045 339627 Y 1793505 1793072 1792166 1791381 1790611 1790056 1790463 1791141 1791808 1792618 1792992 1793196 1793006 1792733 1792280 Cond mS/cm 28,90 29,00 28,70 28,60 28,60 29,40 29,30 29,30 29,00 27,60 26,30 17,26 14,65 13,31 13,14 Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 79 Annexe 5. Conductivités dans les différents bassins du bas-delta en décembre 2004 Conductivités bas-delta Décembre 2004 (en mS/cm) Bassin Bell Diawling Echelle Lemer Mréau Bell Berbar Cheyal Diawling Berbar Av Est S Av N 3-déc-04 4-déc-04 7,32 4,53 4,50 5-déc-04 6-déc-04 7-déc-04 8-déc-04 0,877 6,84 9-déc-04 0,315 2,24 10-déc-04 11-déc-04 12-déc-04 0,892 8,82 6,42 4,65 2,49 4,65 13-déc-04 14-déc-04 15-déc-04 0,934 9,44 5,57 0,248 2,80 4,82 16-déc-04 5,94 Bassin Echelle 3-déc-04 4-déc-04 5-déc-04 6-déc-04 7-déc-04 8-déc-04 9-déc-04 10-déc-04 11-déc-04 12-déc-04 13-déc-04 14-déc-04 15-déc-04 16-déc-04 Ntiallakh Lekser Nter S 47,2 47,8 48,6 49,2 41,5 Bell W Confl BKN Dar Moëdina Salaam Confl NS Lekser N Ntok 10,73 12,10 10,92 Hassi Baba 1,76 10,56 10,02 11,90 10,66 1,935 Chat Tboul Chat Chat GL Mul Fleuve Lemer Am Cheyal Am 0,178 0,113 8,52 25,1 25,2 20,4 12,78 14,01 23,5 3,89 24,6 57,8 10,89 44,0 11,01 42,3 9,44 0,177 0,118 12,06 12,12 40,2 39,3 35,7 8,53 8,20 0,102 0,088 19,41 18,08 19,41 17,27 15,07 Rapport de mission Déc 2004 Hamerlynck page 80 Annexe 6. Bibliographie Afrecom 2004. Installation d’échelles limnimétriques avec bornage systématique. Rapport final. MDRE, PND, Nouakchott, 7 pp. Ba Amadou, 2005. Rapport de suivi de l’inondation de l’hivernage 2004. PND, Nouakchott 24 pp. Ba, A. & Diawara, Y. 2000. Rapport de l’hivernage 2000, PND, Nouakchott 7 pp. + annexes. Bader, J-C., Lamagat, J-P. & Guiguen, N. 2003. Gestion du barrage de Manantali sur le Fleuve Sénégal : analyse quantitative d’un conflit d’objectifs. Journal des Sciences Hydrologiques 48: 525-538. Benmergui, M., 2005. Zones humides et oiseaux d’eau en Mauritanie : formation et dénombrements internationaux. Rapport de mission ONCFS en Mauritanie du 11 au 30 janvier 2005, ONCFS, Birieux, France19 pp. + ann. Betra PND 2004. Définition d’un plan de zonage du Parc National du Diawling et de sa zone périphérique. Rapport provisoire Betra PND MDRE, Nouakchott 27 pp. + annexes. BSA 2004. 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