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francophones, facilitant les résidences, les productions et les diffusions
d’auteurs et de créations francophones. Sont notamment mobilisés, sous
l’impulsion de la Direction générale de la création artistique, l’Office national de
la diffusion artistique, l’Institut français, la Chartreuse de Villeneuve lez Avignon,
le Festival des francophonies à Limoges ou la Cité internationale des arts de
Paris. La Saison Africa 2020 doit également contribuer à cette ouverture
comme à cette reconnaissance nécessaire de la diversité culturelle qui
s’exprime au sein même de notre pays.
Pourquoi ces questions sont- elles parfois difficiles à aborder ?
Parce que notre mémoire a du mal à se réconcilier avec elle-même à travers
les questions postcoloniales. Il y a aussi les questions de la solidarité Nord/Sud,
de l’accueil des migrants en France et en Europe. Je suis convaincu que
l’amélioration de l’accueil de la francophonie en France, notamment dans le
domaine culturel, ouvre un dialogue sur les sujets mémoriels comme sur les
sujets tragiques de l’actualité. Par la culture, c’est toujours mieux que par
l’idéologie.
Apprendre le français hors de France amène-t-il à découvrir les cultures
francophones ?
La culture vient toujours de la diversité. Il n’y a pas de culture sans diversité, ce
n’est pas possible. La langue est le premier véhicule de la diversité culturelle. À
partir du moment où elle est autant partagée sur cette planète et où elle
s’exprime dans une telle variété, la langue française contribue à un
enrichissement formidable. Et les cultures elles-mêmes l’enrichissent de par
leur diversité. Accéder à la langue française pour un public étranger, c’est
accéder à la France, certes. Mais c’est aussi accéder aux horizons du monde.
D’Afrique en Amérique du Nord en passant par l’Asie du Sud-Est. Et cette
ouverture doit permettre, par la langue en partage, de constituer de nouveaux
réseaux. C’est une opportunité formidable dans le contexte de la
mondialisation. Le défi aujourd’hui est de travailler sur ces réseaux, de pouvoir
les accompagner et de favoriser leur développement.
Pour les étrangers, apprendre le français peut donc apporter une réelle
ouverture internationale ?
Si l’on est aujourd’hui étudiant dans une école de commerce en Argentine (a
fortiori en Chine), on n’apprend pas le français seulement parce que l’on est
intéressé par des perspectives de marché en France ou en Belgique, mais
aussi parce que l’on peut trouver des débouchés en Afrique ou dans l’océan
Indien. Le marché de la francophonie, qui est mondial, n’est pas assez quantifié
économiquement. Or, la francophonie ouvre un espace de négociations et
d’affaires qui peut être considérable si l’on sait l’exploiter. Là encore, la
constitution de réseaux francophones trace une piste intéressante.