République algérienne démocratique et populaire Ministère de l’enseignement supérieure et de la recherche scientifique Université Mohammed Seddik Benyahia – Jijel Faculté des sciences de la nature et de la vie, Département des sciences de la terre et de l’univers. كلية علـــــــــــــــوم الطبيعـــــــــــــة والحيــــــــــــاة قســــــــــــــــم علــــــــــوم األرض والكــــــــــــــون Cours Préparé au profit des étudiants de 3ème Année licence Géologie appliquée Intitulé de la matière : PETROLOGIE DES ROCHES METAMORPHIQUES Par Dr. LEKOUI Abdelmalek Maitre de conférences à l’université M.S.B – Jijel ** Année 2021** Chap. I Pétrologie des roches métamorphiques INTRODUCTION Les roches magmatiques, formées à des températures relativement élevées (650 à 1200°C), et les roches sédimentaires, déposées à la surface de la terre, représentent les termes extrêmes de l’intervalle de températures réalisées dans le processus de la formation des roches. Plus tard et au cours des événements géologiques, de telles roches peuvent devenir une partie d’une région de la croûte terrestre où existent des températures intermédiaires ; donc différentes des températures de leur formation. Aussi, la pression de leur nouvel environnement sera, en général, différente de la pression de leur formation. En ces nouvelles conditions de T et P, les roches subissent deux types principaux de changements: (1) un changement minéralogique où plusieurs minéraux, qui seront instables dans ces roches, réagissent, souvent à l'état solide, et forment des assemblages minéraux en équilibre ou tendent vers un équilibre et (2) un changement textural où la recristallisation des minéraux produira de nouvelles textures tel que l'alignement des minéraux phylliteux dans les micaschistes et le grossissement progressif des grains depuis le calcaire vers le marbre. Ces deux types de changements peuvent se produire, dépendant du type de métamorphisme et du type de roche en question, soit ensemble soit plus ou moins indépendamment. Plusieurs études ont montré que les roches métamorphiques ont la même composition chimique que leurs parents sédimentaires ou magmatiques, sauf la perte ou l'addition des espèces volatiles (souvent H2O et CO2). Ce type de métamorphisme est appelé métamorphisme isochimique. Parfois, cependant, la composition chimique d'une roche change beaucoup durant sa recristallisation. Cela se produit souvent là où la circulation des solutions chaudes à travers les fractures des roches est importante ; plusieurs éléments chimiques seront fixés alors que d'autres migrent ailleurs. Ce processus de changement chimique durant le métamorphisme est appelé métamorphisme allochimique ou métasomatisme. p. 1 Mr. Lekoui A/Malek. Univ. M.S.B – Jijel. 2020 Chap. I Pétrologie des roches métamorphiques CHAPITRE I I. I.1 DEFINITION ET FACTEURS DU METAMORPHISME Définition du métamorphisme Le métamorphisme est défini étant un ensemble de transformations minéralogiques, texturales, structurale…etc que subit une roche sous l’effet de l’application ou de la variation de la pression et de la température (en présence ou non d’une phase fluide). Ces transformations s’accomplissent à l’état solide. En conséquence, il n’y a pas de fusion de la matière et le phénomène métamorphique est souvent accompagné par une déshydratation et recristallisation minérale. Les minéraux de métamorphisme comme tout système chimique, vont répondre aux variations des propriétés de leur environnement. Les minéraux recristallisent, évoluent et changent de forme et de chimisme pour s’adapter aux changements de pression et de température. Il existe deux manières pour qu’un minéral se transforme et s’adapte : (1) En changeant de géométrie du réseau cristallin (squelette). Comme pour les trois polymorphes de silicate d’alumine « andalousite, sillimanite et disthène » qui partagent le même chimisme Al2SiO5. (2) En changeant d’éléments chimiques qui le composent, soit partiellement (Chlorite → Biotite) ou complètement (minéraux argileux → micas). La roche d'origine soumise au processus métamorphique est appelée ‘’protolithe’’. Le protolithe peut être tout type de roche, et parfois les changements de texture et de minéralogie sont si sévères qu'il est difficile de distinguer la nature du protolithe. Lors du métamorphisme, Il n’y a pas de perte de la matière si l’on excepte, l’eau et le CO2, par conséquent, la composition chimique peut rester inchangée ((1) transformation isochimique) ou change partiellement ou complètement ((2) transformation allochimique), comme suite : p. 2 Mr. Lekoui A/Malek. Univ. M.S.B – Jijel. 2020 Chap. I Pétrologie des roches métamorphiques (1) NaAlSi3 O8 ➔ NaAlSi2O6 Albite + Jadéite SiO2 Quartz (2) 3CaMg(CO3)2 + 4SiO2 + H2O ➔ Mg3Si4O10(OH)2 + 3CaCO3 + 3CO2 Dolomite Quartz Talc Calcite I.2 Les facteurs du métamorphisme Les facteurs physiques qui contrôlent le processus métamorphique sont la pression et la température, auxquels se rattachent également la présence d’une phase fluide et le facteur temps : Si les carbonates et les minéraux hydratés participent à la réaction métamorphique, le CO2 et H2O sont libérés. Plus la température du métamorphisme est élevée, plus la quantité de CO2 et de H2O combinés dans les minéraux stables est faible. Donc une phase fluide composée de constituants volatils est toujours présente lors du métamorphisme de ces roches I.2.1 Rôle de la pression La pression est responsable de la déformation et de la réduction du volume de la roche, par conséquent, il en résulte une recristallisation à forte densité (foliation) avec simplification du système cristallin. L’exemple type est représenté par les silicates qui cristallisent à la surface en « phyllo » et en profondeur en « tecto » (structure cubique simple). L’origine de la pression peut être : I.2.1.1 La pression lithostatique (Pl) Ce type de pression est généré par le poids des roches qui surmontent la roche soumise au métamorphisme, elle est fonction de la densité des roches () et de la profondeur (h) à laquelle elle s'exerce. Elle est isotrope, et ne provoque pas de déformation. Elle se calcule par la formule suivante : Pl = g h Où = densité des couches sus-jacentes, g = pesanteur, h = profondeur d’enfouissement. Remarque : La pression solide moyenne Ps a pour expression : Ps = (N1 + N2 + N3) /3 p. 3 Mr. Lekoui A/Malek. Univ. M.S.B – Jijel. 2020 Chap. I Pétrologie des roches métamorphiques C'est la moyenne des trois contraintes totales principales. Ainsi, dans le cas le plus général, la pression totale qui s'exerce sur un élément de roche en profondeur inclut à la fois la pression lithostatique et les contraintes totales engendrées par les efforts tectoniques. La différence Pl – Ps définit la "surpression tectonique", qui représente, semble-t-il, une assez faible fraction de la pression totale (quelques centaines de bars), compte tenu de la plasticité des terrains pendant le métamorphisme. En première approximation on peut poser Pl = Ps. Cette conclusion montre le rôle limité de l'anisotropie des contraintes dans la réalisation des pressions très élevées qui ont été supportées par les roches des séries métamorphiques dites de haute pression. I.2.1.2 La pression tectonique (Pt) Elle est fonction des forces tectoniques (compression) lors des chevauchements et des processus orogéniques. Elle est anisotrope et orientée. Elle cause des déformations donnant de nouvelles structures telle que la schistosité. I.2.1.3 La pression des fluides (Pf) C'est la pression appliquée par les fluides au niveau des pores des roches favorisant la circulation et facilitant les réactions de transformations minérales et les échanges de matière (figure I-1). L'existence d'une phase fluide dans les roches au moment du métamorphisme est prouvée par de nombreuses observations : présence d'inclusions fluides primaires dans la plupart des minéraux, existence de fractures de tension synchrones du métamorphisme, mise en évidence d'isogrades de déshydratation jusque dans les domaines les plus intensément transformés (catazone du faciès des granulites). Donc, cette pression est produite par les fluides H2O, CO2, SO2,…etc qui sont présents dans les pores entre les minéraux des roches et les microfissures ou veines. Dans les parties superficielles et moyennes de la croûte terrestre, Pl = Pf . Cette dernière diminue avec l’augmentation de la profondeur parce que la quantité d’eau diminue ainsi que la porosité et la perméabilité. p. 4 Mr. Lekoui A/Malek. Univ. M.S.B – Jijel. 2020 Chap. I Pétrologie des roches métamorphiques Figure I.1 Représentation schématique montrant la relation entre la pression lithostatique (Pl) et la pression du fluide (Pf) lors du métamorphisme. I.2.2 Rôle de la température Elle provoque une instabilité du système rocheux. L’augmentation de la température est responsable de remplacement des minéraux de basse température instables par les minéraux de haute température plus stables. Les cristaux ou les particules d’une roche ignée ou sédimentaire seront aplatis et étirés par la pression sous des températures élevées et viendront s’aligner dans des plans de schistosité ou de foliation. La température varie à la verticale et augmente avec l’augmentation de la profondeur, il s’agit du gradient géothermique. La température varie horizontalement en relation avec l’activité des plaques lithosphériques (dorsale, subduction, collision…). I.2.3 Rôle de la phase fluide La présence des fluides (le plus souvent H2O) décale le solidus et facilite les réactions chimiques (à une pression et température données). Les zones déformées qui assurent la circulation des eaux sont le siège des recristallisations les plus complètes. Le diagramme ci-dessous (figure I-2) illustre l’abaissement de la température de fusion d’un gabbro en présence de H2O. p. 5 Mr. Lekoui A/Malek. Univ. M.S.B – Jijel. 2020 Chap. I Pétrologie des roches métamorphiques Figure I.2 Influence de la phase fluide (H2O) sur les conditions de fusion d’un gabbro. I.2.4 Rôle du temps Le temps est un facteur important car les réactions métamorphiques se produisent à des vitesses extrêmement faibles. Pour vue que la plupart des minéraux soient métastables, il faut que les conditions physico-chimiques se maintiennent durablement pour que les transformations minéralogiques et structurales aient le temps de se produire. En effet, les zones des boucliers ont été soumises à des phases d'orogenèse et de métamorphisme au Précambrien et se sont stabilisées au Phanérozoïque et aux temps ultérieurs. Elles avaient suffisamment le temps pour former les noyaux des continents dont l’étendue proportionnelle de diverses roches a été estimée dans différentes zones ; gneiss, 80 %, métasediments 10 %, métabasites 10 %. I.3 Conditions du métamorphisme Le métamorphisme s’étend entre le processus sédimentaire (faible pression/faible température ou diagénèse) et celui magmatique (fusion ou anatexie). La figure I-3 illustre le domaine du métamorphisme. p. 6 Mr. Lekoui A/Malek. Univ. M.S.B – Jijel. 2020 Chap. I Pétrologie des roches métamorphiques Figure I.3 Limites des conditions de P et de T du processus métamorphique (domaines approximatifs) d’après K. Bucher & R. Grapes (2011). I.3.1 Limites de la température La limite du métamorphisme à basse température a été estimée à 150 °C ± 50 °C. Les minéraux indicateurs de début du métamorphisme comprennent : carpholite, pyrophyllite, Na-amphibole, lawsonite, paragonite, préhnite, pumpellyite ou stilpnomélane bien que les diagrammes de phases montrent les phases d’équilibre supérieurs à 200 °C ou 300 °C. La limite supérieure de la température dans le métamorphisme des matériaux crustaux est enregistrée entre 1000 – 1150 °C, bien évidement en fonction de la teneur en eau et de la pression. Par ailleurs, les parties du manteau en convection peuvent avoir des transformations à l’état solides à une température plus élevée qui peut atteindre 1500°C. I.3.2 Limites de la pression A faible profondeur et à des pressions de quelques mégapascals certains types de métamorphisme (métamorphisme de contact) peut se produire pour former des cornéennes (voir plus loin). p. 7 Mr. Lekoui A/Malek. Univ. M.S.B – Jijel. 2020 Chap. I Pétrologie des roches métamorphiques La pression lithostatique à la base d'une croûte continentale normale d'une épaisseur de 30 à 40 km ne dépasse pas 1,0 GPa, cependant, il a été découvert des roches de haute pression d'origine clairement crustale, par exemple, dans le massif Dora-Maira des Alpes et dans le massif de l‘Edough en Algérie, des gneiss à grenat et diamant indiquent des pressions d'au moins 3,0 GPa. Comme le processus métamorphique n'est pas limité à la croûte terrestre ou aux roches crustales subduites, le métamorphisme des roches mantelliques peut enregistrer des pressions d’environ 4 GPa. Par conséquent, il est possible de trouver des roches qui se sont formées à 100–200 km sous la surface de la terre correspondant à des pressions supérieures à 3–6 GPa. I.4 Les réactions métamorphiques de base Les changements minéralogiques lors de l’évolution progressive du métamorphisme, notamment la disparition de minéraux instables et l'apparition de minéraux stables, caractéristiques des nouvelles conditions (P, T), est très utile en ce qui concerne les problèmes pétrographiques et leur relation spatio-temporelle. Les réactions métamorphiques qui gouvernent ces transformations minéralogiques se classent en quatre (04) types essentiels : I.4.1 Les réactions solide – solide • Un cas simple est important, c’est la transformation entre les polymorphes des silicates d’alumine (Al2SiO5). Andalousite ↔ sillimanite, Disthène ↔ sillimanite. • D’autres cas de réactions solide – solide considèrent les transformations jadéite – albite. NaAlSi2O6 + SiO2 ↔ NaAlSi3O8 Jadéite Quartz ↔ Albite 2NaAlSi2O6 ↔ Jadéite ↔ NaAlSi3O8 + NaAlSiO4 Albite + Néphéline p. 8 Mr. Lekoui A/Malek. Univ. M.S.B – Jijel. 2020 Chap. I Pétrologie des roches métamorphiques Les réactions solide – solide sont importantes pour l'estimation de la température et de la pression, car leurs courbes d'équilibre sont indépendantes du potentiel chimique de H2O et CO2. La relation d’équilibre entre les minéraux dans les deux cas est illustrée dans la figure ci-dessous (figure I-4). Figure I.4 Diagramme d’équilibre des silicates métamorphiques montrant les réactions solide – solide (Miyashiro, 1973) I.4.2 Les réactions de déshydratation La plupart des réactions métamorphiques se produisant avec l'augmentation de la température provoquent la libération d'eau des phases solides comme illustré cidessous : Al2Si4O10(OH)2 ↔ Pyrophyllite KAl3Si3O10(OH)2 Muscovite KAl3Si3O10(OH)2 Muscovite + SiO2 Quartz ↔ Al2SiO5 + 3SiO2 + H2O Disthène Quartz ↔ Al2SiO5 KAlSi3O8 + H2O Sillimanite Al2O3 + Corindon Feldspath potassique KAlSi3O8 + H2O Feldspath potassique p. 9 Mr. Lekoui A/Malek. Univ. M.S.B – Jijel. 2020 Chap. I Pétrologie des roches métamorphiques Figure I.5 Diagramme d’équilibre des silicates métamorphiques montrant les réactions de déshydratation (1) réaction muscovite – quartz, (2) décomposition de la muscovite (3) réaction d’équilibre forstérite + talc = enstatite + eau celle-ci au-delà de 10 Kbar prend un trend inverse. (Miyashiro, 1973) I.4.3 Les réactions de décarbonatation Le métamorphisme des roches carbonatées provoque la libération du CO2. La thermodynamique des réactions de décarbonation est similaire à celle de la déshydratation. Cependant, en présence d’une phase fluide, les réactions d’équilibre sont fonction du mélange (CO2 et H2O). La réaction ci-dessous illustre la formation de la wollastonite par la décarbonation. CaCO3 + SiO2 Calcite quartz ↔ CaSiO3 + CO2 wollastonite I.4.4 Les réactions d’oxydation – réduction Le fer contenu dans les minéraux peut se montrer dans deux états d'oxydation différents, à savoir ferreux (Fe+2) ou ferrique (Fe+3). Les phases de silicate riches en ions ferreux sont généralement vertes (par exemple olivine et hornblende) cependant p. 10 Mr. Lekoui A/Malek. Univ. M.S.B – Jijel. 2020 Chap. I Pétrologie des roches métamorphiques celles riche en fer ferrique sont généralement rouges ou oranges (par exemple l'hématite). Les réactions qui impliquent un changement de valence des phases Fe-Ti dans le système sont appelées réactions d'oxydoréduction. Si une réaction fait augmenter la valence du fer de Fe+2 à Fe+3, elle est appelée une réaction d'oxydation, alors que dans le cas inverse, la réduction, la valence diminue. Dans la croûte terrestre et le manteau l'oxygène est principalement combiné sous forme de silicates et d’oxydes, il se trouve par conséquent sous pression très élevée. Similairement à H2O, l'oxygène dans la roche est à une pression PO2 (pression d’oxygène) en équilibre osmotique avec l'extérieur. Les meilleurs indicateurs les plus utiles pour PO2 dans la croûte sont les oxydes de fer, c'est-à-dire l'hématite, la magnétite et la wüstite. Ces minéraux sont liés les uns aux autres par les équations suivantes : 6 Fe2O3 = 4 Fe3O4 + O2 [Formation de la magnétite (Fe3O4) de l’hématite (Fe2O3)] 2 Fe3O4 = 6 FeO + O2 [Formation de la magnétite (Fe3O4) de la wüstite (FeO)] 2FeO = 2 Fe + O2 [Formation du fer (Fe) natif à partir de la wüstite (FeO)] ½ Fe3O4 = 3/2 Fe + O2 [Formation du fer natif (Fe) à partir de la magnétite (Fe3O4)] La magnétite (Fe3O4) et l'ilménite (FeTiO3) ont tendance à être les oxydes stables de Fe-Ti dans la plupart des roches métamorphiques, tandis que l'hématite primaire est généralement absente, les réactions d’oxydo-réduction se font dans un intervalle typique de pression, température et fugacité en oxygène (fO2). Similairement pour les silicates, par exemple, la fayalite (Fe2Si04) est stable dans la plage de PO2 (pression d’oxygène dans la roche) = 10-16 à 10-26 bar à 700 ° C (avec une légère variation avec la pression de la roche). Si la PO2 est supérieure ou inférieure à cette plage, la fayalite se décompose pour produire de la magnétite ou du fer natif, comme suit: 2Fe3O4 + 3SiO2 = 3Fe2SiO4 + O2 Magnétite + Quartz = Fayalite Fe2SiO4 = 2Fe + SiO2 + O2 Fayalite = Fer + Quartz p. 11 Mr. Lekoui A/Malek. Univ. M.S.B – Jijel. 2020 Chap. II Pétrologie des roches métamorphiques CHAPITRE II II. CLASSIFICATION, COMPOSTION ET SEQUENCES II.1 CLASSIFICATION GEOLOGIQUE DU METAMORPHISME La classification géologique du métamorphisme a commencé les années 50, on y connaît depuis plusieurs terminologies parfois confuses. Dans ce support de cours, on adopte la classification la plus largement utilisée et basée sur l’extension spatiale du phénomène métamorphique, on en distingue deux grands types (Figure II-1) : Figure II.1 Les différents types du métamorphisme II.1.1 LE METAMORPHISME REGIONAL II.1.1.1 Le métamorphisme orogénique Le métamorphisme orogénique (nommé également métamorphisme général), comme son nom l’indique, est engendré par les processus orogéniques. Il affecte de grands volumes de roches. Il s'agit du type de métamorphisme le plus significatif affectant les roches de la croûte continentale à grande échelle. Ce métamorphisme est celui qui p. 12 Mr. Lekoui A/Malek. Univ. M.S.B – Jijel. 2020 Chap. II Pétrologie des roches métamorphiques affecte de grandes régions, les roches soumises à un métamorphisme orogénique s'étendent généralement sur de grandes ceintures (les Alpes, les Maghrébides, l’Himalaya…etc) des centaines ou des milliers de kilomètres de long et des dizaines ou des centaines de kilomètres de large. Le métamorphisme orogénique dit aussi ‘’dynamothermal’’ est à la fois contrôlé par des augmentations importantes de pression et de température. C’est le métamorphisme des racines de chaînes montagneuses qui prend de longues durées (millions d’années). Ce métamorphisme produit trois grandes transformations : Une déformation souvent très poussée de la roche (texture pénétrative). Le développement de minéraux dits métamorphiques (silicates d’alumine surtout) Le développement de la schistosité et de la foliation métamorphique (voir plus loin). Figure II.2 Représentation schématique de l’application de la pression lors du métamorphisme D’après Bucher and Grapes (2011), deux transformations métamorphiques surviennent successivement lors de l’évolution d’un métamorphisme orogénique : p. 13 Mr. Lekoui A/Malek. Univ. M.S.B – Jijel. 2020 Chap. II - Pétrologie des roches métamorphiques (1) Métamorphisme des zones de subduction, précoce, caractérisé par une pression élevée et une température basse (HP, BT) ; - (2) Métamorphisme des zones collision continentale, tardif, caractérisé par un degré moyen (MP, MT). Cette succession chronologique au cours du métamorphisme orogénique s’explique par les intervalles majeurs du cycle (Wilson, 1966). Ci-dessous un tableau récapitulatif des différentes caractéristiques du métamorphisme orogénique dans un contexte de collision et de subduction. Tableau II-1 Récapitulatif, comparatif entre le métamorphisme des zones de subduction et celui des zones de collision (d’après Bucher and Grapes (2011) modifié). Métamorphisme orogénique Type subduction Type collision Cadre géologique Plusieurs 1000 km2 Phase précoce de l'orogène Plusieurs milliers de km2 Phase tardive d'orogène Régime Statique / dynamique Métamorphisme dynamique (charriage) Dynamique (déformation polyphasée, foliation et plissement) 150–700 °C (> 700 °C subduction profonde) 200 à 3 000 millions de Pa pour les roches crustales 150–850 °C (max. T ~ 1050 °C) 200–1 000 MPa (dans certaines ceintures de collision jusqu'à 14 kbars) Température Pression Lithostatique 5–12 °C / km (vertical) dépend de la vitesse de subduction Associé à la subduction de la Gradient géothermique lithosphère océanique (ophiolites) et en partie aussi des roches continentales Roches métamorphiques Schiste bleu, éclogite, serpentinite 12 à 60 °C / km (vertical) dépend de l'activité magmatique associée à la collision continent-continent, épaississement lithosphérique, compression et chauffage Ardoise, phyllite, schiste, gneiss, Migmatite, marbre, quartzite, Schiste vert, amphibolite, granulite II.1.1.2 Le métamorphisme des fonds océaniques Ce type de métamorphisme régional a été introduit par Miyashiro (1971) pour les transformations de la croûte océanique au voisinage des dorsales médio-océaniques où le gradient géothermique est très élevé, jusqu'à plusieurs 100°C/km. Les roches métamorphiques ainsi produites sont déplacées latéralement lors de l'extension du p. 14 Mr. Lekoui A/Malek. Univ. M.S.B – Jijel. 2020 Chap. II Pétrologie des roches métamorphiques fond océanique, couvrant de vastes zones. Le processus métamorphique prend place en dessous du sommet de la dorsale, les roches formées seront exhumées par des failles profondes ou d’autres mouvements tectoniques. Figure II.3 Représentation schématique du processus de métamorphisme de fonds océaniques. Ces roches de composition basique et ultrabasique (basalte, gabbro, dolérite et péridotite), pour la plupart, ne montrent pas de schistosité. Elles préservent partiellement leurs textures magmatiques originelles dont les paragenèses minérales varient entre le faciès à zéolites, schiste vert voir l’amphibolite. Ce métamorphisme est parfois allochimique, en plus du H2O, certains éléments peuvent être introduits de l’extérieure tels que SiO2 et Na2O. II.1.1.3 Le métamorphisme d’enfouissement Le terme ‘’ métamorphisme d'enfouissement’’ a été utilisé par Coombs (1961). Il convient à décrire des roches métamorphiques à zéolites dans le géosynclinal du sud de la Nouvelle-Zélande. Ce type du métamorphisme régional est de basse température et affecte les sédiments et les roches magmatiques intercalées dans un géosynclinal sous l’effet de la pression lithostatique ce qui explique l’absence de schistosité dans les roches métamorphiques ainsi formées. La minéralogie des roches métamorphique de ce type est formée par la coexistence des reliques d’ancien protolithe et les nouveaux minéraux métamorphiques en raison des réactions minéralogiques incomplètes. Contrairement aux observations macroscopiques, il faut signaler que ces petits changements minéralogiques sont microscopiques, on les reconnait uniquement dans p. 15 Mr. Lekoui A/Malek. Univ. M.S.B – Jijel. 2020 Chap. II Pétrologie des roches métamorphiques les lames minces. Les recristallisations minérales à grande échelle se font progressivement avec la subsidence au fur et à mesure que des sédiments se déposent (figure II-4). Figure II.4 Représentation schématique du processus de métamorphisme d’enfouissement. II.1.2 LE METAMORPHISME LOCAL II.1.2.1 Le métamorphisme de contact Le métamorphisme de contact prend place lorsque les roches magmatiques encore chaudes percent dans des roches encaissantes froides. Les changements métamorphiques sont causés par l’augmentation de la température dégagée par le corps igné refroidissant ainsi que par les gazes et les fluides libérés par le magma cristallisant. La zone de contact métamorphique est appelée ‘’auréole métamorphique’’. La température diminue en s’éloignant du pluton, par conséquent, la largeur des auréoles métamorphiques de contact varie en fonction de la taille de ce dernier. Le métamorphisme de contact, à la différence de celui régional, est caractérisé par son étendu très limitée, généralement de plusieurs mètres à quelques kilomètres. La composition des plutons est variable (gabbroique, basaltique …etc.) cependant, comme les plutons granitiques sont les plus abondants dans la croûte continentale, le métamorphisme de contact de ces derniers est le plus courant. Bien que la pression n’intervienne pas dans ce métamorphisme (métamorphisme thermal), (P= négligeable !!!), des déformations locales associées à la mise en place de la masse ignée peuvent être observées dans certaines auréoles. p. 16 Mr. Lekoui A/Malek. Univ. M.S.B – Jijel. 2020 Chap. II Pétrologie des roches métamorphiques Figure II.5 Représentation schématique du processus de métamorphisme de contact. II.1.2.2 Le métamorphisme hydrothermal Le métamorphisme hydrothermal d’après Miyashiro (1973) est le processus de recristallisation qui a lieu lors d’une percolation par une solution hydrothermale très chaud introduite de l'extérieur. Lorsque la recristallisation est limitée à de petites zones telles que les veines, l'altération hydrothermale semble être une désignation plus adéquate. Le métamorphisme hydrothermal se produit alors dans des zones plus vastes (un champ géothermal). Un des exemples de ce type, c’est la transformation de grands volumes de péridotites en serpentinites sous l’effet d’eau chaude d’origine magmatique, marine ou mixte. La figure II-6 illustre le métamorphisme hydrothermal. Figure II.6 Schéma explicatif du Processus de métamorphisme hydrothermal. II.1.2.3 Le métamorphisme cataclasique Le métamorphisme cataclasique signifie le concassage et le broyage des roches qui se produisent généralement à la suite de très forte tectonique (mouvement des failles) qui p. 17 Mr. Lekoui A/Malek. Univ. M.S.B – Jijel. 2020 Chap. II Pétrologie des roches métamorphiques génère une pression élevée pour donner des roches de « mylonite » et « mylonites métamorphisées ». Le métamorphisme cataclasique se fait à basse température en l’absence d’une recristallisation significative. Le long des failles profondes ou parfois transformantes, des chaines de roches cataclasiques peuvent s’étendre sur plusieurs kilomètres (exemple de failles profondes, les méga-shear zones au Hoggar, sud algérien). II.1.2.4 Le métamorphisme d’impact Le métamorphisme d’impact (de choc), se produit par la chute brutale d’une météorite sur une surface terrestre. Ce contact engendre des températures et des pressions énormément élevées qui sont bien au-delà de celles atteintes dans le métamorphisme régional. Les caractéristiques minéralogiques impliquent la présence de la coésite (quartz maclé) et la stishovite à très haute pression ainsi que de minuscules diamants. La roche bréchique et partiellement fondue produite par l'impact est connue sous le nom de suevite (figure II-7). Figure II.7 Représentation schématique du processus de métamorphisme d’impact (de choc). II.2 COMPOSITION DES ROCHES METAMORPHIQUES Etant donné que le processus métamorphique prend place à différents niveaux de l’écorce terrestre, l’intensité de pression et de température est si variable que les changements causés permettent dans plusieurs cas la reconnaissance de l’ancienne composition et texture lorsqu’elles ne sont pas totalement oblitérées. Sur la base de la composition originelle, A. Miyashiro (1973) distingue cinq groupes de compositions de roches métamorphiques : p. 18 Mr. Lekoui A/Malek. Univ. M.S.B – Jijel. 2020 Chap. II Pétrologie des roches métamorphiques II.2.1 Roches métamorphiques pélitiques Les roches métamorphiques dérivées des sédiments métapélitiques contiennent des teneurs élevées d’Al2O3 et K2O, qui pendant le métamorphisme donnent généralement lieu à la formation de micas abondants. En raison de l’abondance de micas et d’autres minéraux en feuillets, les métapélites montrent couramment une forte schistosité. Des minéraux très alumineux tels que les trois polymorphes (andalousite, sillimanite et disthène), la cordiérite, l’almandin et la staurotide peuvent être également présents. Les métapélites sont très répandues dans les géosynclinaux et sont sensibles aux changements de température et de pression pendant le métamorphisme. Le tableau ci-dessous indique la composition moyenne des roches dérivées de pélites : Tableau II-2 Composition chimique des roches métamorphiques (Miyashiro (1973) Phyllades Micaschistes Gneiss à deux micas Gneiss quartzofeldspathique SiO2 60,0 64,3 67,7 70,7 TiO2 1,1 1,0 - 0,5 20,7 17,5 16,6 14,5 3,0 2,1 1,9 1,6 4,8 4,6 3,4 2,0 0,1 0,1 - 0,1 2,9 2,7 1,8 1,2 1,2 1,9 2,0 2,2 2,0 1,9 3,1 3,2 4,0 3,7 3,5 3,8 0,2 0,2 - 0,2 100,0 100,0 100,0 100,0 Al2O3 Fe2O3 FeO MnO MgO CaO Na2O K 2O P2O5 Total p. 19 Mr. Lekoui A/Malek. Univ. M.S.B – Jijel. 2020 Chap. II Pétrologie des roches métamorphiques II.2.2 Roches métamorphiques quartzo-feldspathiques Les roches quartzo-feldspathiques sont généralement dérivées soit de roches sédimentaires quartzeuses, soit de roches ignées felsiques, caractérisées par une teneur élevée en SiO2. Elles montrent généralement la foliation et ne sont pas sensibles aux changements de température et de pression. II.2.3 Roches métamorphiques dérivées des carbonates Lorsqu’il s’agit de calcaire pur (uniquement de CaCO3), la recristallisation forme du cipolin (99% de calcite). En présence du MgO et du SiO2, la recristallisation produit de la trémolite, du diopside, de la wollastonite et d'autres silicates. En présence également du Al2O3, du plagioclase, de l'épidote et de la hornblende seraient produits, conduisant à la génération d'un type de roche minéralogiquement similaire aux dérivés métamorphiques des roches ignées mafiques. Ils sont sensibles aux changements de température et de pression. II.2.4 Roches métamorphiques basiques Comme pour la pétrologie magmatique, les roches basiques contiennent environ 50% de SiO2, les dérivés métamorphiques de ces roches ignées basiques sont appelés métabasites. Sachant que les métabasites sont riches en MgO, FeO, CaO et Al2O3, elles produisent généralement de la chlorite, de l'actinolite et de l'épidote en métamorphisme à basse température (schistes verts) et de la hornblende à des températures plus élevées (amphibolites). À des températures encore plus élevées, des roches à clinopyroxène, l'orthopyroxène et plagioclase se forment. Les métabasites sont très sensibles aux changements de température et de pression, et présentent donc un grand intérêt pétrologique. II.2.5 Roches métamorphiques ultrabasiques Les roches métamorphiques dérivées des roches ultrabasiques se trouvent dans de nombreux terrains métamorphiques, par exemple les serpentinites sont répandues dans les terrains métamorphiques à glaucophane (Ex : formation franciscaine de Californie). Contrairement à d’autres classes de roches métamorphiques, aucune p. 20 Mr. Lekoui A/Malek. Univ. M.S.B – Jijel. 2020 Chap. II Pétrologie des roches métamorphiques donnée pétrographique détaillée n’est disponible sur les changements progressifs de ce groupe. II.3 NOTION DE SEQUENCE METAMORPHIQUE L’évolution du métamorphisme dans le temps et dans l’espace dépend de la roche (la zone) originelle et par conséquent plusieurs faciès apparaissent selon le degré du métamorphisme qu’on désigne par le nom ‘’séquence’’, il s’agit d’un ensemble de roches métamorphiques, de degré variable, issu d'un même protolithe, caractérisé par une composition minéralogique donnée. II.3.1 Séquence para-éctinitiques Séquence argileuse ou pélitique : Argile → phyllade → schiste (chlorite, séricite…etc.) → micaschiste →gneiss Séquence siliceuse ou arénacé Grès → quartzite et quartzite micacée → leptynite (pour les arkoses) Séquence carbonatée Calcaire et dolomie → marbre et cipolin → serpentinite (si magnésium) Séquence calcaro-pélitique Marne → micaschiste calcifère → parasinite → para amphibolite et para pyroxénite II.3.2 Séquences ortho-éctinitiques Séquence granitique Granite → protogine → orthogneiss et ortholeptynite Séquence gabrro dioritique Gabrro → parasinite (zoïsite, épidote, albite) → ortho amphibolite et orthopyroxénite. Séquence volcanique basique Laves → formation schisteuse granulaire (à amphibole, épidote et albite) Eclogite → parasinite → ortho amphibolite et ortho pyroxénite. p. 21 Mr. Lekoui A/Malek. Univ. M.S.B – Jijel. 2020 Chap. III Pétrologie des roches métamorphiques CHAPITRE III III. ARCHITECTURE DES ROCHES METAMORPHIQUES ✓ Le terme structure décrit la manière d’agencement des minéraux d’une roche métamorphique à la l’échelle macroscopique (affleurement sur terrain, échantillons … etc). ✓ Le terme texture est utilisé, cependant, à l’échelle microscopique, il décrit l’arrangement des minéraux les uns avec les autres conduisant à des conclusions pertinentes sur la chronologie des processus de formation de la roche. III.1 Structures des roches métamorphiques Dans certains types du métamorphisme (ex : métamorphisme régional), l’effet de la pression surtout se traduit par des déformations qu’on observe à l’échelle de l’affleurement et des minéraux constitutifs. Ces déformations sont qualifiées « synschisteux » ou « syn-métamorphiques » et conduisent ainsi à des structures diverses. On y distingue : III.1.1 Structure ardoisée La structure ardoisée se forme à faible degré métamorphique par la croissance de chlorite à grain fin (cristaux <0,1 mm) et de minéraux argileux. L'orientation préférée de ces silicates en feuillets fait que la roche casse facilement suivant les plans parallèles aux silicates en feuillets, provoquant un clivage ardoisé (figure III-1). Figure III.1 Structure ardoisée des roches métamorphiques https://krovservice.ru/images/2stati/slanets.gif Mr. Lekoui A/Malek. Univ. M.S.B – Jijel. 2020 p. 22 Chap. III Pétrologie des roches métamorphiques III.1.2 La schistosité La schistosité est un débit en feuillets de même composition minéralogique. Cette disposition apparait à faible pression (+ 5 km de profondeur). Les minéraux qui donnent la schistosité sont généralement les micas. Le plus souvent la schistosité est perpendiculaire aux contraintes tectoniques. La roche montrant la schistosité s’appelle ‘’schiste’’ (figure III-2). Figure III.2. Schistosité des roches métamorphiques (Texanna, Jijel) III.1.3 La foliation La foliation est un débit planaire marqué surtout par une alternance de lits de minéraux aplatis (quartz, feldspath, ...etc.). La présence de la foliation témoigne d’une pression élevée (plus de 10 Km de profondeur). Les gneiss sont de bons exemples qui montrent souvent une foliation formée par alternance de lits blancs à quartz, feldspath et de lits sombres à biotite (figure III-3). Figure III.3 Foliation des roches métamorphiques (El-Djenah, Jijel) Mr. Lekoui A/Malek. Univ. M.S.B – Jijel. 2020 p. 23 Chap. III Pétrologie des roches métamorphiques III.1.4 La linéation Les éléments linéaires, ou linéation, sont représentés par les axes des microplis et les stries représentant les tracés des mouvements sur les surfaces (ex : miroirs de failles). Ils sont définis également par les axes des minéraux (linéation minérale) ou agrégats de minéraux (linéation d'agrégats). Dans les roches sédimentaires et éruptives, les divers minéraux sont généralement mêlés de manière quelconque. Au fur et à mesure que le degré de métamorphisme augmente, on constate une ségrégation entre les minéraux à relativement faible degré de fusion (ex : quartz, feldspath,) et les minéraux à relativement haut degré de fusion (ex : micas, amphiboles, grenat, pyroxènes). On appelle ce phénomène ‘ségrégation métamorphique’. Figure III.4 Linéation minérale des roches métamorphiques III.1.5 La crénulation La crénulation est un type de structure métamorphique montrant des microplissements (crénulation) d'une foliation ou une schistosité préexistante. Il est généralement associé à divers degrés métamorphiques. Figure III.5 Crénulation dans des roches métamorphiques http://espace-svt.ac-rennes.fr/applic/metam1/ex1-1d.gif Mr. Lekoui A/Malek. Univ. M.S.B – Jijel. 2020 p. 24 Chap. III Pétrologie des roches métamorphiques III.1.6 Structure gneissique Il s’agit d’un type de structure caractérisée par une foliation mal développée dans toute la roche ou, si elle est bien développée, se produit d’une manière largement espacée, de sorte que la roche se divisera sur une échelle de plus d'un centimètre. Figure III.6 Structure gneissique des roches métamorphiques (El-Djenah, Jijel) III.1.7 Structure oeillée La structure oeillée est caractérisée par de gros grains minéraux en forme d'œil lenticulaires ou des agrégats minéraux visibles dans certaines roches métamorphiques foliées de très hautes pression. En coupe, ils ont la forme d'un œil (figure III-7). Le feldspath, le quartz et le grenat sont des minéraux communs qui forment cette structure. Les yeux ‘’ porphyroblastes’’ se forment dans des roches qui ont subi un métamorphisme et un cisaillement. Figure III.7 Structure oeillée des roches métamorphiques (gneiss). (https://fb.ru/misc/i/gallery/83577/3186554.jpg) Mr. Lekoui A/Malek. Univ. M.S.B – Jijel. 2020 p. 25 Chap. III Pétrologie des roches métamorphiques III.1.8 Structure migmatitique Elle marque le degré ultime du métamorphisme, certaines parties de la roche ont subi une fusion partielle (Anatexie), en conséquence, la foliation serait discontinue, plissée et enroulée en formant des pods ou des lentilles. Cette structure caractérise les roches situées au niveau inférieur de la croute continentale (ex : gneiss migmatitique). Figure III.8. Structure migmatitique des roches métamorphiques (gneiss) https://www.chinaneolithic.com/RockPhoto/EN/Migmatite/Migmatite.jpg III.2 Textures des roches métamorphiques Les déformations minérales au cours du métamorphisme sont responsables d’engendrer les différentes textures et/ou structures qu’on connait dans les roches métamorphiques. En réalité, les contraintes affectent les minéraux qui recristallisent, provoquant ainsi des modifications de forme, d’orientation, de réorganisation…etc. Ces modifications peuvent parfois constituer des témoins indicateurs des conditions du métamorphisme. L’étude des textures sous microscope est d’une importance capitale en ce qui concerne la définition du type, sens, chronologie et ampleur des contraintes. La figure III.9 résume les déformations minérales qui peuvent surgir lors du processus métamorphique. Mr. Lekoui A/Malek. Univ. M.S.B – Jijel. 2020 p. 26 Chap. III Pétrologie des roches métamorphiques Figure III.9 Déformations minérales lors du métamorphisme http://eduterre.enslyon.fr/thematiques/terre/metamorphisme/images/deformatio ns/image_preview Nous citons dans cette section les principaux types de textures les plus adoptées. III.2.1.1 Texture granoblastique Les grains sont visibles à l’œil nu et sont généralement équigranulaires (ex : les granulites, amphibolite, certains cipolins, quartzites). Les cristaux sont bien cristallisés et se présentent sous la forme de grains automorphes avec des contacts entre eux formant des angles de 120° (parfois appelée texture polygonale). Figure III.10 Cristaux d’hornblende formant une texture granoblastique (LPA, X2, champ de vision = 7mm). http://www.alexstrekeisen.it/immagini/meta/pavimentosa2012(4).jpg III.2.1.2 Texture lépidoblastique Elle résulte de l’agencement des minéraux phylliteux (ex : les micas, les chlorites, la séricite). Mr. Lekoui A/Malek. Univ. M.S.B – Jijel. 2020 p. 27 Chap. III Pétrologie des roches métamorphiques Figure III.11 Cristaux lamellaires étirés des micas blancs montrant une Texture lépidoblastique (LPA, X2, champ de vision = 7mm). http://www.alexstrekeisen.it/immagini/meta/alpi0182(43).jpg III.2.1.3 Texture nématoblastique Elle résulte de l’abondance des minéraux prismatiques ou sous forme aciculaire tel que les amphiboles, les pyroxènes, etc. (ex : amphibolites, pyroxénites…etc.). Figure III.12 Cristaux aciculaires, (allongés) du glaucophane montrant une texture. Nématoblastique (LPA, X2, champ de vision = 7mm). http://www.alexstrekeisen.it/immagini/meta/nematoblastica2012(4).jpg III.2.1.4 Texture porphyroblastique Elle montre des porphyroblastes dans une pâte à grains fins (granoblastique). Exemple : le grenat, la cordiérite, la staurotide dans les gneiss et les gneiss oeillés. Dans les orthogneiss oeillés dérivant d'anciens granites porphyroïdes, on peut aisément reconnaître les anciens phénocristaux (minéraux reliques) sous forme des yeux feldspathiques plus ou moins bien conservés, qui se sont même parfois accrus, alors que des minéraux néoformés plus petits participent à la constitution du fond granoblastique de la roche. Mr. Lekoui A/Malek. Univ. M.S.B – Jijel. 2020 p. 28 Chap. III Pétrologie des roches métamorphiques Figure III.13 Grand cristal de grenat dans une matrice fine montrant une texture porhyroblastique (LPA). https://geology.com/minerals/photos/garnet-mica-schist-thinsection.jpg III.2.1.5 Texture poeciloblastique Elle montre des porphyroblastes englobant des minéraux en inclusions. Si ces minéraux inclus ne sont pas présents dans la matrice, on les appelle des reliques et non pas des inclusions. Figure III.14 Porphyroblaste de cordéirite avec de fines inclusions montrant une texture poeciloblastique (LPA, X2, champ de vision = 7mm). http://www.alexstrekeisen.it/immagini/meta/skiddaw1820(9).jpg III.2.1.6 Texture diablastique (syn. Englais. Decussate) Elle montre des minéraux qui s’interpénètrent mais ne se recoupent pas. Les grains sont moyens à grossiers (cristaux> 0,5 mm), cristaux orientés de façon aléatoire mais nettement non équidimensionnels (c'est-à-dire lamellaires et / ou allongés). Mr. Lekoui A/Malek. Univ. M.S.B – Jijel. 2020 p. 29 Chap. III Pétrologie des roches métamorphiques Figure III.15 Texture diablastique (LPA, x10, champ de vision = 2mm). https://www.alexstrekeisen.it/immagini/meta/decussata2012(2).jpg III.2.1.7 Texture cataclastique Elle résulte d’une déformation mécanique très intense. Les minéraux qui sont broyés et recimentés par une pâte, peuvent être partiellement ou complètement recristallisés. Figure III.16 Cristaux broyés du Quartz et plagioclase dans une Cataclasite (LPA, X2, champ de vision = 7mm). https://www.alexstrekeisen.it/imm agini/meta/cataclasite(8).jpg Remarque D’autres termes de textures composites, entre deux types différents de ce qu’on a cité plus en haut, peuvent être également appliqués. Par exemple, une texture granolépidoblastique pour certains types de gneiss riche en micas, une texture granonématoblastique pour certaines amphibolites …etc. Mr. Lekoui A/Malek. Univ. M.S.B – Jijel. 2020 p. 30 Chap. IV Pétrologie des roches métamorphiques CHAPITRE IV IV. LES FACIES METAMORPHIQUES IV.1 DÉFINITIONS IV.1.1 Les termes isograde et réaction-isograde Tilley (1924) a introduit le terme isograde pour désigner un degré de métamorphisme bien défini par la première apparition d'un soi-disant minéral indicateur, tel que biotite, almandin, staurotide, etc. Un isograde est une courbe sur une carte joignant les points de la première apparition de minéraux indicateurs ; c'est-à-dire, les points où un changement spécifique dans l'assemblage minéral indiquant qu'une réaction chimique a eu lieu (ex : chlorite isograde, biotite isograde, grenat isograde etc.) par exemple, l’isograde ‘staurotide’ est défini par la réaction : Grenat + chlorite + muscovite = staurotide + biotite + quartz + H2O. Les isogrades représentent des réactions minérales et non pas la composition chimique de la roche. Puisqu’une réaction métamorphique dépend de la température, la pression et la composition, un isograde représentera, en général, un ensemble de conditions de P-T-X (X = composition de la phase fluide) qui satisferait la réaction d'équilibre et pas les point d'égales conditions de P-T-X. Donc, toutes les fois que la réaction est connue, le terme isograde est remplacé par le terme réaction-isograde. Une réactionisograde est une courbe joignant les points caractérisés par la paragenèse d'équilibre d'une réaction donnée. IV.1.2 Métamorphisme prograde Prograde (= progressif) : où la pression et la température augmentent, une roche d'une composition chimique donnée devrait subir une série continue de réactions chimiques entre ses minéraux constitutifs et toute phase fluide présente pour produire une série de nouveaux assemblages minéraux stables aux pressions et températures plus élevées. La minéralogie des roches est modifiée avec notamment des réactions de déshydratation. p. 31 Mr. Lekoui A/Malek. Univ. M.S.B – Jijel. 2020 Chap. IV Pétrologie des roches métamorphiques IV.1.3 Métamorphisme rétrograde Rétrograde (= rétrogressive) : un métamorphisme donnant lieu à la formation de minéraux typiques d'un degré inférieur (c.-à-d. Température plus basse) que l'assemblage de la phase précédente. Lorsque la température diminue, l'eau nécessaire n'est plus disponible et les associations minérales de plus hautes températures persistent, par conséquent, les roches rencontrées à la surface indiquent le plus souvent les conditions P-T maximales atteintes lors du métamorphisme prograde. IV.1.4 Le gradient métamorphique La succession des étapes d’un métamorphisme, permet de définir plusieurs gradients métamorphiques, caractérisés par des conditions de pression et de température identiques. Le gradient métamorphique peut présenter tous les degrés de métamorphisme. Trois principaux types de gradient métamorphique (Fig.IV-1): Le gradient métamorphique de basse pression et haute température (type Abukuma) (environ 100°c/km). Caractérise les zones de divergence. Le gradient métamorphique de moyenne pression et haute température (type Barrowien) (environ 30°c/km). Caractérise les zones de collision. Le gradient métamorphique de haute pression et basse température (type Franciscain) (environ 10°c/km). Caractérise les zones de subduction. Ces gradients métamorphiques qui caractérisent des zones en mouvement (divergence, collision et subduction) se traduisent sur le diagramme (P-T) (Fig. IV-1), par la courbe T= F(P). Par contre, La variation de cette courbe dans des zones stables est dite « le géotherme moyen ». Lorsque la température diminue avec la diminution de la profondeur le gradient est « rétrograde ». Lorsque la température augmente avec l’augmentation de la profondeur (pression) le gradient est « prograde ». p. 32 Mr. Lekoui A/Malek. Univ. M.S.B – Jijel. 2020 Chap. IV Pétrologie des roches métamorphiques Figure IV.1 Diagramme P-T montrant les trois gradients métamorphiques IV.1.5 Faciès métamorphique Le concept de faciès métamorphique a été introduit par Eskola (1915) ‘’ A metamorphic facies includes rocks which ... may be supposed to have been metamorphosed under identical conditions’’ (P.115). Un faciès métamorphique est donc un ensemble de roches ayant été métamorphisées dans des conditions identiques. Ce concept a depuis, progressé, P. Eskola (1920 et 1939) pensait qu'il y avait des roches ignées ayant pratiquement les mêmes assemblages minéraux que certaines roches métamorphiques, le terme faciès minéral a été proposé. Un faciès métamorphique correspond à un assemblage de minéraux qui caractérise des conditions physico-chimiques identiques lors de la formation des roches. Cet assemblage est indépendant de la composition chimique des roches métamorphisées. Les minéraux présents dans la roche sont donc des minéraux marqueurs des conditions de pression et de température du métamorphisme. Ainsi, chacun des faciès correspond à un domaine de pression et de température. On connaît huit faciès minéraux (Fig.IV.2) : - Faciès des zéolites - Faciès à prehnite-pumpellyite - Faciès des schiste verts - Faciès des amphibolites p. 33 Mr. Lekoui A/Malek. Univ. M.S.B – Jijel. 2020 Chap. IV Pétrologie des roches métamorphiques - Faciès des schiste bleus - Faciès des cornéennes - Faciès des granulites - Faciès des éclogites L’intervalle de température / pression que couvre chacun de ces faciès est résumé dans le schéma de la figure IV.2 (Eskola, 1939). Formation des zéolites Schistes verts Sanidinite (Faciès de diabase) Pression Amphibolite Amphibolite Cornéenne à pyroxène (Épidote) (Hornblende) (Faciès des gabbros) Granulites Schistes blues (Glaucophane) Éclogites Température Figure IV.2. Faciès métamorphiques et leurs relations température – pression (d’après Eskola, 1939) Dans ce chapitre, nous allons voir les différents faciès métamorphiques groupés en trois types principaux suivant le degré de pression (Miyashiro, 1973) : faciès de basse pression, faciès de moyenne pression et faciès de haute pression. IV.2 FACIES DE BASSE PRESSION IV.2.1 Faciès des zéolites Il est caractérisé par la présence de minéraux des zéolites qui marquent la fin de la diagenèse et le début du métamorphisme. La laumontite cristallise à des températures d'environ 300°C et indique la limite supérieure de ce faciès. En plus des zéolites, le quartz et quelques phyllosilicates peuvent exister. Les exemples de ce faciès se trouvent dans les monts d’Akaishi et Tanzawa au Japon et la région de Mogami au même pays (Miyashiro, 1973). Dans la zone d’Akaishi (Kuriyagawa, 1965), les terrains métamorphiques sont d'âge Mésozoïque et Tertiaire, avec environ 40km de large. Ils sont constitués de roches volcaniques et pyroclastiques. Le métamorphisme, qui va du faciès des zéolites, en p. 34 Mr. Lekoui A/Malek. Univ. M.S.B – Jijel. 2020 Chap. IV Pétrologie des roches métamorphiques passant par le faciès des prehnites et pumpellyites, jusqu'au faciès des schistes verts, est de type d'enfouissement sur une grande échelle et ne montre aucune relation avec les masses plutoniques présentes. Les zéolites identifiées dans les basaltes, les dolérites, et les andésites métamorphisées sont : mordenite, heulandite, laumontite, analcime et thomsonite. Les roches du faciès des zéolites ne montrent aucune orientation préférentielle. Dans la région de Mogami, le métamorphisme d'un petit terrain Tertiaire de 6km de large a été décrit par Utada (1965). Cette région est constituée essentiellement par des laves et des roches pyroclastiques formées durant le Miocène et le Pliocène et métamorphisées durant le Pliocène. La zone du faciès des zéolites passe directement à la zone du faciès des schistes verts ; le faciès des prehnites et pumpellyites est absent. Le métamorphisme, en général, apparaît de type enfouissement, malgré que la zone de haute température contienne quelques intrusions acides et intermédiaires. Les zéolites identifiées sont presque les mêmes que ceux de la région d’Akaishi. Dans les Monts de Tanzawa (Miyashiro, 1973), le complexe métamorphique tertiaire, de 10km de large, s'étale du faciès des zéolites au faciès des amphibolites. Les roches d'origine sont constituées de laves basaltiques et andésitiques ainsi que des roches pyroclastiques sous-marines. Elles ont été formées pendant la période allant du Miocène inférieur au Pliocène inférieur. Dans le faciès des zéolites faible, les roches sédimentaires et mafiques partiellement recristallisées sont caractérisées par le clinoptilolite, heulandite, stilbite et mordenite ainsi que de fins lits constitués d'un mélange de minéraux argileux smectite-vermiculite et vermiculite-chlorite. La chlorite seule est absente. Le faciès des zéolites fort est caractérisé par la présence de l'assemblage laumontite-quartz et la présence de la chlorite dans des roches nonschisteuses et incomplètement recristallisées. IV.2.2 Faciès à prehnite et pumpellyite Au-delà de 350°C, la laumontite devient instable et, en conséquence, de nouveaux minéraux seront formés ; exemple : l'apparition de la prehnite et de la pumpellyite. En plus de ces deux espèces, d'autres minéraux stables peuvent coexister ; exemple : chlorite, muscovite, albite, quartz et épidote. L'exemple de ce faciès a également été décrit dans les monts de Akaishi et Tanzawa au Japon. Pour plus de détails concernant ce faciès, le lecteur est sollicité de consulter l’ouvrage de Winkler (1979). p. 35 Mr. Lekoui A/Malek. Univ. M.S.B – Jijel. 2020 Chap. IV Pétrologie des roches métamorphiques IV.2.3 Faciès des schistes verts Il se caractérise par la présence d'une amphibole calcique (trémolite – actinote) et un plagioclase acide (An 20). L'albite, chlorite, muscovite et épidote sont abondants, mais la biotite est rare. Les grenats (almandin – spessartine) peuvent exister dans certaines roches manganifères. Read et Watson (1962) ont donné les assemblages minéraux suivants : Tableau IV-1. Assemblage du faciès des schistes verts par protolithe. Calcaires Pélites Psammites Quartz Albite Chlorite Quartz Muscovite Épidote Albite Muscovite Chloritoides Chlorite métamorphiques Roches basiques Calcite + dolomite Albite Quartz Épidote Épidote Actinote Trémolite Chlorite + calcite IV.2.4 Faciès des amphibolites Il se produit aussi bien dans le métamorphisme régional que dans le métamorphisme de contact. • Dans les calcaires métamorphiques : wollastonite, grossulaire, diopside, idocrase. • Dans les métabasites : hornblende, cummingtonite (type d’amphibole) avec formule (Mg,Fe2+)2(Mg,Fe2+)5Si8O22(OH)2, clinopyroxène. • Dans les métapélites l'association paragénétique est : muscovite, biotite, almandin, cordiérite, andalousite (avec l'augmentation de la température elle se transforme en sillimanite voir figure. IV-3), microcline (avec l'augmentation de la température elle se transforme en orthose). p. 36 Mr. Lekoui A/Malek. Univ. M.S.B – Jijel. 2020 Chap. IV Pétrologie des roches métamorphiques Figure IV.3 Transformations polymorphiques des silicates d’alumine andalousite BP-BT, disthène HP-MT, sillimanite MP-HT. (Miyashiro, 1973). • Noter bien que le passage à haute pression pour former le disthène à partir de l’andalousite ou de la sillimanite, est accompagné d’une simplification du système cristallin (orthorhombique → triclinique) et une augmentation de la densité (disthène d= 3.5, sillimanite d=3.27, andalousite d=3.12) IV.2.5 Faciès des granulites Les paragenèses sont très semblables à celles des cornéennes à pyroxène (voir cidessous). IV.2.6 Faciès des cornéennes Ce faciès se caractérise par une très basse pression et une haute température. On distingue quatre (04) types de faciès : a) Faciès des cornéennes à albite et épidote : En plus de l'albite et l'épidote, on note la présence des plagioclases (An 20), trémolite, actinote. b) Faciès des cornéennes à hornblende : Dans ce faciès, la série trémolite – actinote est remplacée par la hornblende et les plagioclases acides par les plagioclases intermédiaires. p. 37 Mr. Lekoui A/Malek. Univ. M.S.B – Jijel. 2020 Chap. IV Pétrologie des roches métamorphiques c) Faciès des cornéennes à pyroxène : C'est un faciès connu dans la région d'Oslo (Norvège), Comrie (Ecosse) et Cashel (République de l'Irlande ; d’après Eskola (1920)). L'association paragénétique est la suivante : • Dans les métabasites : orthopyroxène, clinopyroxène, hornblende (à relativement basse température). • Dans les métapélites : andalousite (avec augmentation de la température elle se transforme en sillimanite), biotite, orthose, plagioclase-Ca, cordiérite, almandin. La muscovite est totalement absente. • Dans les roches calcareuses : wollastonite, diopside, grossulaire, almandin, andradite. d) Faciès des sanidinites Ce faciès est marqué par des espèces de très haute température, telles que la tridymite et cristobalite (Fig. IV-4), l'anorthose et les plagioclases calciques, et qui indiquent des conditions de roches volcaniques. Les feldspaths potassiques forment des solutions solides entre les groupes potassiques et les groupes sodiques. L'orthopyroxène et/ou pigeonite, sillimanite et mullite peuvent se former. Dans la nature, les roches appartenant à ce faciès existent soit sous forme d'enclaves (xénoliths) au sein des roches volcaniques ou ultrabasiques, soit dans les auréoles les plus internes d'intrusions basiques. Figure IV.4 Transformations polymorphiques dans un diagramme P – T des polymorphes de SiO2. (D'après Tuttle et Bowen, 1958). p. 38 Mr. Lekoui A/Malek. Univ. M.S.B – Jijel. 2020 Chap. IV Pétrologie des roches métamorphiques REMARQUE ** Notez que les faciès des cornéennes s’expriment bien dans le métamorphisme de contact (pression très faible), bien que celui à albite - épidote et à hornblende peuvent se produire par métamorphisme régional, et en conséquence sont appelés faciès des amphibolites à albite – épidote et à hornblende respectivement. Les paragenèses minérales sont semblables dans les deux cas. La distribution spatiale des faciès de cornéennes dans le métamorphisme de contact sont illustrés dans la figure IV.5. Figure IV.5 Représentation schématique et distribution des faciès de cornéennes autour d’un pluton (métamorphisme de contact) IV.3 FACIES DE MOYENNE PRESSION IV.3.1 Faciès des zéolites Ce faciès est connu dans les régions de Taringatura (Nouvelle Zélande) et Kii (Japon). Les terrains de Taringatura se composent essentiellement de tufs et de grauwackes volcaniques. Avec l'augmentation de la température, les assemblages minéraux suivants sont identifiés (Miyashiro, 1973) : a) étape de la heulandite – analcime (5 km de profondeur) Quartz + heulandite + smectite Quartz + heulandite + céladonite Quartz + analcime + céladonite p. 39 Mr. Lekoui A/Malek. Univ. M.S.B – Jijel. 2020 Chap. IV Pétrologie des roches métamorphiques b) étape de la laumontite Quartz + laumontite + albite + céladonite + adulaire Quartz + albite + smectite + adulaire c) passage au faciès à prehnite et pumpellyite Quartz + albite + pumpellyite + adulaire Albite + chlorite + pumpellyite Quartz + albite + chlorite + prehnite Les terrains de Kii se composent de métavolcanites et se subdivisent en quatre zones : a) Zone de laumontite: quartz + albite + laumontite + chlorite b), c) et d) voir les faciès ci-dessous. IV.3.2 Faciès à prehnite et pumpellyite: Dans la région de Kii la laumontite et l'actinote sont absents dans ce faciès. Les assemblages caractéristiques sont : b) Quartz + albite + prehnite + pumpellyite + épidote + chlorite c) Quartz + albite + pumpellyite + épidote + chlorite actinote (C'est une zone de transition entre le faciès à prehnite et pumpellyite et le faciès des schistes verts). Voir faciès des schistes verts. IV.3.3 Faciès des schistes verts Dans la zone de Kii, l'assemblage minéralogique caractéristique est le suivant : d) Quartz + épidote + actinote + chlorite + stilpnomélane. • Dans les métabasites, on trouve : Chlorite, actinote, épidote, albite, calcite, muscovite, biotite • Dans les métapélites, en plus des minéraux déjà cités en (d) il y a abondamment de : Biotite, muscovite, chloritoides, almandin – spessartine. IV.3.4 Faciès des amphibolites • Métabasites : Elles sont composées surtout de plagioclase (andésine – labradore), hornblende, almandin. • Métapélites : muscovite, biotite, almandin, disthène, staurotide. A une température plus élevée, la muscovite se décompose en feldspath potassique suivant les deux réactions : a) Roches saturées en silice : p. 40 Mr. Lekoui A/Malek. Univ. M.S.B – Jijel. 2020 Chap. IV Pétrologie des roches métamorphiques KAl3Si3O10(OH)2 + SiO2 → KAlSi3O8 + Al2SiO5 + H2O Muscovite + quartz feldspath-K + sillimanite + eau b) Roches non saturées en silice : KAl3Si3O10(OH)2 → Al2O3 + KAlSi3O8 + H2O Muscovite corindon + feldspath-K + eau La sillimanite remplace le disthène et la staurotide disparaît. La biotite et l'almandin sont stables à ce stade de température. Si la température augmente encore plus, la biotite peut se décomposer suivant les deux réactions suivantes : (1) K(Mg, Fe)3AlSi3O10(OH)2 + SiO2 → 3(Mg, Fe)SiO3 + KAlSi3O8 + H2O Biotite + quartz orthopyroxène + feldspath-K + eau (2) 2K(Mg, Fe)3AlSi3O10(OH)2 + 6SiO2 → 3(Mg, Fe)2Si2O6 + 2KAlSi3O8 + 2H2O Biotite + quartz hypersthène + feldspath-K + eau A noter finalement que le faciès des amphibolites se caractérise par des phénomènes de déshydratation (diminution de l'eau). * Calcaires métamorphiques : La paragenèse minérale est composée de : diopside, grenat calcique, wollastonite. IV.3.5 Faciès des granulites Parce que la fusion partielle débute généralement dans le faciès des amphibolites, les roches du faciès des granulites représentent le résidu (restite), et donc les roches riches en minéraux ferromagnésiens tel que la biotite, la hornblende et les pyroxènes. Ce sont, en conséquence, les métabasites qui prédominent. • Métabasites : orthopyroxène, clinopyroxène, biotite, hornblende, plagioclase, almandin – pyrope. • Métapélites : quartz, plagioclase, feldspath-K, grenat, sillimanite, biotite. • Roches calcareuses : calcite, quartz, wollastonite, grenat-Ca. IV.4 FACIES DE HAUTE PRESSION IV.4.1 Faciès à prehnite et pumpellyite La partie de haute pression de ce faciès est connue, par exemple, dans la région de Katsuyama au Japon (Miyashiro, 1973): p. 41 Mr. Lekoui A/Malek. Univ. M.S.B – Jijel. 2020 Chap. IV • Pétrologie des roches métamorphiques Dans les métabasites : prehnite, pumpellyite, épidote, albite, chlorite, actinote, quartz. • Dans les métapélites : prehnite, pumpellyite, muscovite, épidote, chlorite, quartz. IV.4.2 Faciès des schistes verts On trouve généralement les mêmes assemblages minéraux que dans le faciès précédent mais la prehnite et la pumpellyite sont absentes. L'absence de la biotite et l'abondance du stilpnomélane caractérisent ce faciès de ceux de basse et de moyenne pression. IV.4.3 Faciès des schistes à glaucophane : C'est un faciès caractérisé par une très haute pression et une température modérée. Les limites inférieures qui sont en contact avec le faciès des zéolites et celui à prehnite et pumpellyite, se caractérisent par la disparition de la laumontite au profit de la lawsonite suivant la réaction : CaAl2Si4O12.4H2O → CaAl2Si2O7(OH)2.H2O + 2SiO2 + 2H2O Laumontite lawsonite + quartz + eau et par la disparition de l'albite au profit de la jadéite suivant la réaction: NaAlSi3O8 → NaAlSi2O6 + SiO2 Albite jadéite + quartz Le glaucophane [Na2Mg3Al2Si8O22(OH)2] est relativement abondant. En plus des minéraux déjà cités, on note la présence de l'aragonite, chlorite, actinote, muscovite, paragonite, albite, pumpellyite, épidote, chloritoïdes, spessartinealmandin, sphène, rutile. IV.4.4 Faciès des amphibolites : On le trouve dans les nappes de Pennine (Alpes Centrales) (Wenk and Keller, 1969) où les métapélites sont constituées de : biotite, almandin, staurotide, disthène, sillimanite, glaucophane. IV.4.5 Faciès des granulites Voir faciès des éclogites. p. 42 Mr. Lekoui A/Malek. Univ. M.S.B – Jijel. 2020 Chap. IV Pétrologie des roches métamorphiques IV.4.6 Faciès des éclogites Le terme éclogite a été proposé par Haüy (1822) pour désigner les roches composées essentiellement de l’assemblage : clinopyroxène (omphacite) et grenat (almandinpyrope-grossulaire). L'omphacite est un clinopyroxène contenant du diopside, jadéite, hédenbergite et peu d'acmite. Le quartz, disthène, olivine, orthopyroxène, amphibole et rutile peuvent être présents mais jamais de plagioclase. En 1920, Eskola proposait le terme faciès des éclogites pour englober les roches ayant la composition minéralogique précédente. IV.5 Relation entre faciès des éclogites et faciès des granulites Les deux faciès sont pétrologiquement semblables, surtout dans la zone de haute pression du faciès des granulites, et en conséquence la distinction entre les deux faciès est essentielle. Le faciès des éclogites se caractérise par la présence de quartz, disthène, almandin. Schématiquement, on peut représenter la différence pétrographique entre les deux faciès comme suit (Miyashiro, 1973): FACIES DES ECLOGITES 1) Pyrope + diopside Mg3Al2Si3O12 + CaMgSi2O6 + 2) Diopside + 3CaMgSi2O6 + FACIES DES GRANULITES + quartz → SiO2 disthène → pyrope + 4Al2SiO5 enstatite + anorthite 4MgSiO3 + CaAl2Si2O8 anorthite + quartz Mg3Al2Si3O12 + 3CaAl2Si2O8 + SiO2 Donc, la présence du quartz + disthène dans le faciès des éclogites peut être prise comme un critère pétrographique pour définir le faciès des éclogites. Les éclogites sont présentes dans les terrains de très haute pression sous forme d'inclusions dans les roches basaltiques (ex : Salt Lake Crater, Hawaii) dans les péridotites (ex : région de Bessi, Japon) ou dans les kimberlites (roches ultrabasiques qui se présentent sous forme de dykes ou veines composés de péridotites micacées serpentinisées et carbonatées, et présentent une texture porphyrique. p. 43 Mr. Lekoui A/Malek. Univ. M.S.B – Jijel. 2020 Chap. IV Pétrologie des roches métamorphiques Les phénocristaux sont composés d'olivine (90% fa), almandin, pyrope, pyroxène (enstatite), diopside, phlogopite, biotite, amphibole). La présence du diamant dans les kimberlites suggère un enfouissement de plusieurs centaines de km. Les assemblages minéraux qui composent les différents faciès métamorphiques, le passage d’un faciès à l’autre ainsi que le domaine de stabilité de chaque faciès pour les différentes séquences métamorphiques sont bien illustrés dans le diagramme P-T (figure IV.6). Figure IV.6 Diagramme P-T montrant la relation, le domaine de stabilité et les transformations entre les différents faciès métamorphiques. https://earthlog1.files.wordpress.com/2020/05/facies.jpg. p. 44 Mr. Lekoui A/Malek. Univ. M.S.B – Jijel. 2020 Chap. V Pétrologie des roches métamorphiques CHAPITRE V V. REPRESENTATION GRAPHIQUE DES PARAGENESES MINERALES METAMORPHIQUES V.1 INTRODUCTION D’après Bucher and Grapes (2011), une fois l'assemblage minéral d'une roche a été identifié, il est commode ou même nécessaire de représenter graphiquement la composition chimique des minéraux qui constituent l'assemblage. Une telle figure est appelée chimographe et représente un diagramme de phase de composition. La disposition géométrique des relations de phase sur un tel diagramme de phase est appelée topologie. Les diagrammes de phases de composition peuvent être utilisés pour documenter les assemblages trouvés dans les roches d'un terrain ou affleurement métamorphique donné, ils sont un outil indispensable pour l’analyse des caractéristiques métamorphiques d'un terrain. Ils peuvent être utilisés pour déduire des séquences de réactions minérales métamorphiques. Les minéraux constitués au maximum de trois composantes peuvent être représentés dans un plan triangulaire. Exemple, la wollastonite (CaSiO3), le grossulaire (Ca3Al2Si3O12), l'anorthite (CaAl2Si2O8), la sillimanite (Al2SiO5), le quartz (SiO2), le corindon (Al2O3), …etc., consistent en trois composantes : CaO, SiO2 et Al2O3 avec des proportions différentes. Ces composantes sont représentées sur un diagramme triangulaire équilatéral. Chaque coin du triangle représente une composante pure ; c'est-à-dire, 100% CaO, 100% Al2O3 et 100% SiO2. Chaque côté du triangle permet la représentation de mélanges et d'un minéral constitué de deux composantes, alors que l'intérieur du triangle permet la représentation de mélanges et minéraux constitués de trois composantes. La ligne partant de chaque coin du triangle représente toutes les compositions dont deux des composantes ont le même rapport. La valeur du rapport est celle du point où la ligne partante du coin coupe le côté opposé du triangle. p. 45 Mr. Lekoui A/Malek. Univ. M.S.B – Jijel. 2020 Chap. V Pétrologie des roches métamorphiques Quelques exemples peuvent illustrer la méthode de la représentation graphique (Winkler, 1979). La sillimanite, par exemple, est constituée uniquement de deux composantes Al2O3 et SiO2 qui sont combinées dans le rapport molaire 1 : 1; la composition de la sillimanite est 50% mol. SiO2 et 50% mol. Al2O3. La sillimanite sera donc représentée sur la moitié du côté Al2O3-SiO2 (Fig. V-1). En ce qui concerne les minéraux constitués de trois composantes, nous traitons le grossulaire et l’anorthite comme exemples. Le pourcentage molaire de chacune des trois composantes est marqué en intervalle de 20% sur chaque côté du triangle (Fig. V-1). La ligne parallèle à chaque côté du triangle représente un pourcentage constant de la composante de l'angle opposé. Donc, la ligne en pointillés (en couleur rouge), représente 43 mole % CaO, la ligne discontinue (en couleur rouge) représente 14 mole % Al2O3 et l'intersection des deux lignes c'est le reste ; c'est-à-dire, 43 mole % SiO2. Cette représentation est celle de la composition du grossulaire qui a le rapport moléculaire 3 CaO : 1 Al2O3 : 3 SiO2. La composition de l'anorthite, avec 1 CaO : 1 Al2O3 : 2 SiO2 (25% CaO, 25% Al2O3 et 50% SiO2) est également représentée sur la figure V.1. Figure V.1 Représentation des compositions dans le triangle équilatéral CaO– Al2O3–SiO2 (Winkler, 1979) p. 46 Mr. Lekoui A/Malek. Univ. M.S.B – Jijel. 2020 Chap. V V.2 Pétrologie des roches métamorphiques L'HYPOTHESE DE L'EQUILIBRE CHIMIQUE ET LA REGLE DE PHASES L'étude concrète des roches métamorphiques montre que beaucoup d'entre elles se sont comportées, lors du métamorphisme, comme des systèmes où l'équilibre chimique tendait à être atteint, au mois à l'échelle des grains cristallins ou de leurs limites: c'est l'hypothèse de l'équilibre chimique local, implicitement contenu dans les théories classiques du métamorphisme (F. Becke, P. Eskola) issues de la théorie des systèmes fermés, et étendue au cas des systèmes ouverts (hypothèse de l'équilibre mosaïque de D. S. Korjinskii). Le bien-fondé de cette hypothèse peut être testé de diverses façons ; ainsi la distribution des divers constituants chimiques entre les minéraux typomorphes de la roche suit une loi régulière qui ne dépend que de la composition chimique globale, si les mêmes conditions extérieures sont imposées aux roches (encore que la méthode puisse être peu sensible aux variations de ces dernières). Dans ce cas, et pour des roches de composition chimique différente, la constance du coefficient de partage KD entre les paires de minéraux à composition variable est un test d'équilibre chimique. De même, le nombre de minéraux typomorphes doit se conformer à celui que prévoit la règle de phases (ou règle de Gibbs; voir ci-dessous) compte tenu de certaines hypothèses sur les conditions extérieures et sur le nombre des constituants du système. Si l'équilibre chimique est la tendance dominante dans les roches métamorphiques, la nature de leurs associations minérales (ou paragenèse) et la composition des minéraux seraient déterminées par la composition chimique globale du milieu et les conditions physiques au moment du métamorphisme. A partir du diagramme triangulaire de concentration CaO - Al2O3 - SiO2, les relations chimiques deviennent logiques. A l'équilibre, la relation de Gibbs dans le cas du métamorphisme isochimique (système fermé) s'écrit comme suit : V=c+2–Φ Où V : désigne la variance (ou nombre du degré de liberté), c : le nombre de composantes indépendantes, p. 47 Mr. Lekoui A/Malek. Univ. M.S.B – Jijel. 2020 Chap. V Pétrologie des roches métamorphiques Φ : le nombre de phases. D’après winkler (1979), dans le cas de trois composantes, trois phases en équilibre permettent deux variances ; c'est-à-dire la température et la pression peuvent être changées indépendamment à travers certaines limites. En d'autres termes, trois phases existent dans un domaine de température et pression bien défini. Les minéraux coexistants, quand ils sont représentés graphiquement par des points, peuvent être joints par des lignes droites. Sur la figure V.2, la connexion de trois minéraux coexistants entre eux forment des triangles irréguliers ; exemple, sillimaniteanorthite-corindon, sillimanite-anorthite-quartz, anorthite-grossulaire-quartz, et grossulaire-wollastonite-quartz. Cette figure montre que la coexistence des minéraux grossulaire, wollastonite et corindon n'est pas possible dans un intervalle de température et pression, parce que n'importe quel mélange de composante le long de la ligne corindon – wollastonite produira soit l'association grossulaire + corindon soit grossulaire + wollastonite. Pour des raisons semblables, les minéraux sillimanite, anorthite et wollastonite, d'une part, et corindon, sillimanite et quartz d'autre part, ne peuvent pas coexister. Figure V.2 Paragenèses de minéraux coéxistants dans le système CaO-Al2O3-SiO2 (Winkler, 1979) p. 48 Mr. Lekoui A/Malek. Univ. M.S.B – Jijel. 2020 Chap. V Pétrologie des roches métamorphiques La figure V.2 représente les différentes paragenèses minérales possibles qui sont stables dans certain intervalle de température et pression. Si, cependant, la température dépasse une certaine valeur à une pression donnée, la paire minérale grossulaire-quartz devient instable ; la ligne joignante disparaît et une nouvelle ligne, wollastonite-anorthite, devient valable. Les nouvelles paragenèses résultantes sont montrées sur la figure V.3. La relation croisée entre la ligne grossulaire-quartz et wollastonite-anorthite est l'une des différentes expressions graphiques qui indiquent une réaction chimique. Dans ce cas, c'est la réaction : 1 grossulaire + 1 quartz → 2 wollastonite + 1 anorthite Ca3Al2Si3O12 + SiO2 →2 CaSiO3 + CaAl2Si2O8 Sous certaines conditions, les systèmes constitués de plus de trois composantes peuvent être également représentés sur un diagramme triangulaire équilatéral. Exemple, les diagrammes ACF et A'KF proposés par Eskola. Figure V.3 Paragenèses de minéraux cœxistants dans le système CaO-Al2O3-SiO2 à des températures plus élevées que celles du système représenté par la figure V.2. (Winkler, 1979) p. 49 Mr. Lekoui A/Malek. Univ. M.S.B – Jijel. 2020 Chap. V V.3 Pétrologie des roches métamorphiques LES DIAGRAMMES ACF ET A’KF Les composantes majeures (oxydes) des roches métamorphiques ordinaires sont : SiO2, TiO2, Al2O3, Fe2O3, FeO, MgO, MnO, CaO, Na2O, K2O, P2O5, H2O et CO2. Cependant, quelques-unes ne sont pas importantes, car ce sont les rapports Al2O3 : CaO : (FeO+MgO) : K2O qui ont un rôle important dans la composition minéralogique des roches métamorphiques. Les diagrammes ACF et A'KF proposés par Eskola (1939) sont basés sur cet effet empirique. Ces diagrammes triangulaires sont utilisés pour illustrer les rapports de Al2O3 : CaO : (FeO+MgO) et Al2O3 : K2O : (FeO+MgO) respectivement. V.3.1 Diagramme ACF La procédure du calcul des rapports moléculaires ACF d'une roche est, selon Eskola (1939), la suivante : • L'analyse chimique (éléments majeurs) d'une roche est corrigée en éliminant les minéraux accessoires (leur quantité devra être déterminée par analyse modale ou analyse de phase par rayons-X). a) 50% en poids (wt %) d'ilménite est soustrait du pourcentage en FeO total de la roche. b) 70% en poids (wt %) et 30% en poids (wt %) de magnétite sont soustraits des pourcentages de Fe2O3 et FeO de la roche respectivement. c) 30% en poids (wt %) de sphène est soustrait du pourcentage en CaO de la roche. d) Le pourcentage en poids de l'hématite est soustraite du pourcentage en Fe2O3 de la roche. (Magnétite : FeO. Fe2O3 = 30 wt. % FeO et 70 wt. % Fe2O3) (Ilmenite: FeO. TiO2 = 50 wt. % FeO) (Sphène : CaO.TiO2.SiO2 = 30 wt. % CaO) • Les pourcentages en poids sont, ensuite, convertis en proportions moléculaires (pourcentage de l'oxyde divisé par son poids moléculaire). • SiO2, H2O et CO2 sont négligés. p. 50 Mr. Lekoui A/Malek. Univ. M.S.B – Jijel. 2020 Chap. V Pétrologie des roches métamorphiques • Dans l'albite, le rapport moléculaire Na2O : Al2O3 est de 1:1; dans le feldspath potassique, le rapport K2O : Al2O3 est également 1:1. Donc, les proportions de K2O et de Na2O sont additionnées, et cette somme est soustraite de la proportion moléculaire d’Al2O3. • Une quantité égale à 3,3 fois la proportion moléculaire de P2O5 est soustraite de la proportion moléculaire de CaO, parce que dans l'apatite Ca 5(PO4)3(F, Cl, OH), le rapport moléculaire CaO : P2O5 et de 10 : 3, et donc, le CaO dans l'apatite est 3,3 x P2O5. Approximativement, le schéma du calcul des rapports ACF (après avoir fait toutes les corrections nécessaires pour les minéraux accessoires) peut être résumé comme suit : [Al2O3] + [Fe2O3] – ([K2O] + [Na2O]) = A [CaO] – 3,3[P2O5] = C [MgO] + [MnO] + [FeO] = F, **Les crochets indiquent […] proportion moléculaire**. Pour la représentation graphique, ces valeurs sont recalculées : A + C + F = 100% ; c'est-à-dire qu'elles sont exprimées en pourcentage moléculaire. Le calcul précédent, est uniquement applicable pour les roches dépourvues de micas (biotite, muscovite, paragonite). Cependant, plusieurs roches métamorphiques contiennent ces minéraux, et pour une étude plus correcte, il faut faire d'autres corrections. Si la biotite est présente, une correction de l'analyse chimique avant le calcul des proportions moléculaires est nécessaire, parce que la biotite, comme tous les autres minéraux potassiques, ne peut être représentée exactement sur le plan du diagramme ACF. Donc, Al2O3 de la biotite doit être soustrait de la teneur en Al2O3% de la roche. Le (Fe, Mg)O de la biotite est soustrait de MgO et FeO de la roche. Parce que le rapport K2O : Al2O3 = 1 : 1, une quantité égale à [K2O] est soustraite de [Al2O3]. La présence de la biotite ne demande pas de changement au niveau de la valeur de A. Cependant, la valeur de F, donnée par le schéma de calcul, doit être corrigée tenant compte de la quantité de (Mg, Fe)O dans la biotite. La procédure suivante est utilisée: - Déterminer la quantité de la biotite dans la roche. p. 51 Mr. Lekoui A/Malek. Univ. M.S.B – Jijel. 2020 Chap. V Pétrologie des roches métamorphiques - MgO et FeO correspondants sont calculés comme pourcentage en poids, en simplifiant que le rapport MgO : FeO de la roche est le même que celui de la biotite (analyse chimique préférable). Les valeurs obtenues sont soustraites de FeO% et MgO% de la roche. - Procéder au calcul des rapports ACF comme ci-dessus, bien sûr, si la muscovite et la paragonite ne sont pas présentes. Si la muscovite est présente, la valeur de F ne sera pas changée. Cependant, la quantité de la muscovite sera prise en considération dans le calcul de A, parce que le rapport moléculaire K2O : Al2O3 dans la muscovite est de 1 : 3 et pas 1 : 1 comme dans le feldspath potassique: - Déterminer la quantité de la muscovite (par analyse modale). - Le pourcentage en poids du K2O de la muscovite est converti en proportion moléculaire. - 2 fois cette quantité est soustraite de la proportion moléculaire [Al2O3] + [Fe2O3] de la roche. - Procéder au calcul des rapports ACF. Sur le diagramme triangulaire ACF, le point représentant la composition d'une roche indique les minéraux à prévoir si la roche appartient à une certaine zone métamorphique. Une roche de même composition chimique peut correspondre à différents minéraux si elle appartient à une autre zone de métamorphisme. Les diagrammes ACF des différentes zones métamorphiques ont été établis sur la base d'observations pétrographiques. Généralement, le diagramme ACF est utilisé pour représenter graphiquement les différents assemblages minéraux présents dans les roches de compositions variables et sur un intervalle limité de conditions métamorphiques. Quand les assemblages minéraux sont indiqués sur le diagramme, seuls les minéraux constitués entièrement de A = Al2O3 + Fe2O3, C = CaO et F = (FeO + MgO + MnO), et SiO2, H2O et CO2 sont représentés. Ces trois dernières composantes ne sont pas représentées sur le diagramme. p. 52 Mr. Lekoui A/Malek. Univ. M.S.B – Jijel. 2020 Chap. V Pétrologie des roches métamorphiques Le tableau 5.1. (p:40, et 41, Winkler, 1979) donne la composition chimique et les valeurs ACF des minéraux qui sont stables en présence du quartz; la forstérite, le corindon, la serpentine, la brucite et le périclase sont exclus. La figure V-4 présente le positionnement des différents minéraux. Elle aide à connaître approximativement les rapports A:F, A: C et C:F des minéraux communs des roches métamorphiques. Elle est également importante pour une compréhension rapide de plusieurs réactions métamorphiques. Figure V.4 Compositions minérales représentées sur le diagramme ACF. (Winkler, 1979) Les diagrammes ACF sont très utiles pour montrer les paragenèses des minéraux riches en Ca, Al, Mg, et Fe ; c'est-à-dire, les minéraux des roches mafiques (métabasites) et calco-silicatées. V.3.2 Diagramme A'KF Il est parfois avantageux d'utiliser un diagramme A'KF en plus de celui de ACF. Dans ce diagramme, les minéraux potassiques, tel que les feldspaths-K, la muscovite, la biotite, le stimpnomélane, etc., sont représentés ensembles avec les minéraux contenant (Mg, Fe) et (Mg, Fe) + (Al, Fe3+), alors que les minéraux calciques ne peuvent pas être représentés. p. 53 Mr. Lekoui A/Malek. Univ. M.S.B – Jijel. 2020 Chap. V Pétrologie des roches métamorphiques Le diagramme A'KF, comme le diagramme ACF, est basé sur les proportions moléculaires. Dans le calcul des valeurs A'KF, l'analyse est corrigée par rapport aux minéraux accessoires de la même manière que celle utilisée dans le calcul ACF. Si l'analyse chimique d'une roche est connue (mais pas sa composition minéralogique), on suppose que tout le CaO est présent sous forme d'anorthite, avec une certaine erreur si d'autres silicates calciques et alumineux sont présents. Le schéma général du calcul serait comme suit : A' = [Al2O3] + [Fe2O3] – ([K2O] + [Na2O] + [CaO]) K = [K2O] F = [MgO] + [MnO] + [FeO] Ces valeurs seront recalculées à 100% (A'+K+F = 100). REMARQUE La correction de CaO en A' se fait uniquement si celui-ci est combiné avec les silicatesCa-Al et silicates-Ca-Fe3+. Il est, dans ce cas, soustrait de la valeur [Al2O3] + [Fe2O3]. S'il est combiné sous forme de carbonates et wollastonite la correction n'aura pas lieu. Si certains minéraux calciques sont présents en abondance, tel que le grossulaire, l'andradite, la zoïsite, l'épidote, la hornblende en plus de l'anorthite, alors une correction pour CaO sera nécessaire, parce que le rapport Al2O3 : CaO dans ces minéraux n'est pas égal à 1 comme celui de l'anorthite. La quantité de ces minéraux sera, donc, déterminée en pourcentage en poids et le contenu de CaO dans chacun sera déterminé. Le pourcentage en poids de CaO dans chaque minéral est converti en proportions moléculaires et la valeur de A' est calculée suivant le schéma ci-dessus. La valeur de K ne sera pas changée, alors que la valeur de F devra être corrigée car les minéraux tel que le diopside et la hornblende, qui ne peuvent pas être représentés sur le diagramme A'KF, contiennent une certaine quantité de F. Donc, le schéma modifié du calcul sera comme suit : A' = [Al2O3 + Fe2O3] – [K2O + Na2O] – 1/3 de [CaO] présent dans le grossulaire et anorthite, ✓ 3/4 de [CaO] présent dans la zoïsite et épidote, p. 54 Mr. Lekoui A/Malek. Univ. M.S.B – Jijel. 2020 Chap. V Pétrologie des roches métamorphiques ✓ Le [CaO] présent dans l'anorthite, ✓ 2 fois le [CaO] présent dans la margarite. K = [K2O] F = [MgO] + [MnO] + [FeO] – (la correction pour la hornblende et le diopside). A' + K + F = 100 Puisque la biotite est représentée sur le diagramme A'KF, l'analyse de la roche ne doit pas être corrigée vis-à-vis à la biotite comme on a vu pour le diagramme ACF. Les points représentant les minéraux constitués uniquement de A et F occupent la même position aussi bien sur A'KF que sur ACF. Le diagramme montre la relation entre la biotite, la muscovite, le stilpnomélane et le feldspath-K, et les minéraux contenant uniquement les composantes A et F (pyrophyllite, andalousite, chlorite, chloritoïde, cordiérite, staurotide, almandin, anthophyllite et talc). Les feldspaths potassiques (orthose, microcline) sont représentés sur le coin K du diagramme A'KF. La biotite et la muscovite sont très variables en composition. Leur représentation graphique est montrée sur la figure V-5. Figure V.5 Compositions variées de muscovites et biotites positionnées sur le diagramme A’KF. (Winkler, 1979) p. 55 Mr. Lekoui A/Malek. Univ. M.S.B – Jijel. 2020 Chap. V V.4 Pétrologie des roches métamorphiques PLAN AFM DANS LE TETRAEDRE Al2O3 – FeO – MgO - K2O Dans les diagrammes ACF et A'KF, FeO et MgO (plus MnO) sont groupés en une seule composante. Cela simplifie la représentation de plusieurs assemblages minéraux, mais certainement pas tous. Exemple, dans quelques roches, la biotite est présente avec la muscovite et un alumino-silicate Al2SiO5, alors que dans d'autres roches, la biotite coexiste avec le grenat, la staurotide, le quartz et la muscovite. Ce dernier assemblage, ainsi que l'assemblage biotite + cordiérite + andalousite + muscovite + quartz, ne peuvent pas être représentés sur le diagramme A'KF dû à l'addition MgO + FeO comme une seule composante. Dans le cas des plans AFM, dérivés de Thompson (1957), FeO et MgO sont considérés comme deux composantes séparées où A = Al2O3, F = FeO et M = MgO. Les plans AFM sont très importants en pétrologie métamorphique car ils montrent la relation entre les différents assemblages minéraux avec leur composition chimique. La composition chimique des roches pélitiques peut être représentée approximativement dans un système à six composantes : SiO2 - Al2O3 – FeO – MgO K2O -H2O si les composantes suivantes sont négligées ou prises en considération par correction appropriée : Fe2O3 et TiO2 largement inclus dans la biotite, Na2O dans les feldspaths alcalins (albite) et paragonite, CaO dans les plagioclases et almandin. Dans les diagrammes précédents, les assemblages minéraux des roches contenant du quartz dépendent des quantités de quatre composantes : Al2O3, FeO, MgO et K2O mais pas les quantités de SiO2 et H2O. Donc, les assemblages minéraux des roches pélitiques peuvent être représentés en trois dimensions, dans un tétraèdre Al2O3 – FeO – MgO K2O. Les minéraux qui ne contiennent pas K2O sont représentés sur le plan Al2O3 – FeO – MgO du tétraèdre ; l'exemple des minéraux : chlorite, chloritoïde, pyrophyllite, Al2SiO5, staurotide, cordiérite et almandin. Les minéraux contenant K2O tel que la biotite et le stilpnomélane sont représentés à l'intérieur du tétraèdre, la muscovite et le feldspath potassique sont représentés sur le côté Al2O3 – K2O. p. 56 Mr. Lekoui A/Malek. Univ. M.S.B – Jijel. 2020 Chap. V Pétrologie des roches métamorphiques Le tétraèdre Al2O3 – FeO – MgO - K2O est montré sur la figure V-6. Le plan Al2O3 – FeO – MgO (hachuré) est étendu au-delà du tétraèdre. La muscovite et le feldspath potassique sont indiqués par les points M et K respectivement. Le point A représente l'almandin avec un rapport moléculaire composante-pyrope-à-composante-almandin de 10 à 90. Le point B, à l'intérieur du tétraèdre, représente une biotite avec un rapport moléculaire MgO/(MgO+FeO) = 0.6. Le stilpnomélane, également représenté à l'intérieur du tétraèdre, se trouve dans les roches métamorphiques de très bas degré au lieu de la biotite. Figure V.6 Le tétraèdre Al2O3 – FeO – MgO - K2O et le plan Al2O3 – FeO – MgO étendu au-delà du côté FeO – MgO. Tous les points à l’intérieur du tétraèdre sont projetés à partir du point M (muscovite) sur ce plan. Le point B est à l’intérieur du tétraèdre et est projeté à B’. Point A se trouve sur le plan Al2O3 – FeO – MgO et donc sa position reste inchangée. (Winkler, 1979) Pour aboutir à une représentation planaire, il est utile de projeter tous les points à l'intérieur du tétraèdre sur le plan Al2O3 – FeO – MgO, sur lequel les minéraux dépourvus de K2O sont représentés en tous les cas. Parce que les roches métamorphiques dérivées des sédiments pélitiques contiennent généralement de la muscovite, Thompson a choisi le point M (sur la figure V-6) représentant la muscovite comme point de projection. p. 57 Mr. Lekoui A/Malek. Univ. M.S.B – Jijel. 2020 Chap. V Pétrologie des roches métamorphiques En utilisant le point B comme exemple, le point B' de projection sera à l'extérieur du tétraèdre sur la ligne M-B à B' mais toujours sur le plan Al2O3 – FeO – MgO en extension, et celui-là c'est le diagramme triangulaire AFM. Le plan AFM est comparable à A'KF parce que la quantité de K2O relative aux autres composantes est également prise en considération en utilisant la projection à partir du point M sur le plan Al2O3 – FeO – MgO. La figure V-7 montre le plan AFM étendu au-delà de la ligne FeO – MgO. Sur ce plan, la composition des différents minéraux est représentée. Le point K, e point K, représenté sur la figure V.6, quand il est projeté sur une droite à partir de M, coupe le plan AFM à l'infini. C'est indiqué par des flèches près du minéral feldspath potassique. Figure V.7 Compositions minérales représentées sur le plan AFM de Thompson. L’intervalle des compositions communes est indiqué par la ligne continue. (Winkler, 1979) La projection géométrique des points à l'intérieur du tétraèdre sur le plan AFM, est accomplie par calcul. En premier, le pourcentage pondéral de l'analyse chimique est converti en proportions moléculaires des oxydes à partir desquelles, les proportions moléculaires A et M sont calculées comme suit : p. 58 Mr. Lekoui A/Malek. Univ. M.S.B – Jijel. 2020 Chap. V Pétrologie des roches métamorphiques A = [Al2O3] – 3 [K2O] / [Al2O3] – 3 [K2O] + [FeO] + [MgO] M = [MgO] / [FeO] + [MgO] La muscovite, qui sert comme point de projection, contient trois fois la quantité de [Al2O3] comme [K2O]; cela est pris comme expression [Al2O3] – 3[K2O] dans la formule pour calculer la valeur de A. Si la valeur de A pour la biotite est calculée, cela doit apparaître un nombre négatif. La figure V.7 montre un ensemble de biotites de roches métamorphiques. La dispersion des compositions est très élevée, mais, pour la plupart des biotites, la valeur de A est d'environ –0.25 ; c'est-à-dire, elles appartiennent à la série eastonite-sidérophyllite: K(Fe, Mg)2,5Al0.5[Si2,5Al1,5O10)](OH)2. Les biotites de la série phlogopite-annite K(Fe, Mg)3[Si3AlO10)](OH)2, ayant une valeur de A = - 0,50, sont rares dans les roches métamorphiques. Le plan AFM est établi pour représenter graphiquement les minéraux coexistants. Il est également possible de montrer sur un plan AFM les assemblages minéraux typiques des zones métamorphiques. Cela peut être établi plus précisément que sur les diagrammes ACF et A'KF. La composition d'une roche métamorphique peut être représentée sur AFM, mais certaines corrections doivent être appliquées sur l'analyse chimique avant le calcul de A et M, parce que les composantes chimiques des minéraux qui ne peuvent pas être montrés en projection doivent être soustraites de l'analyse globale de la roche. Une des corrections les plus importantes est la soustraction de la quantité de Al 2O3 présente dans l'albite, le plagioclase et la paragonite (voir méthodes de correction pour les diagrammes A'KF). p. 59 Mr. Lekoui A/Malek. Univ. M.S.B – Jijel. 2020 Chap. VI Pétrologie des roches métamorphiques CHAITRE VI VI. NOMENCLATURE DES ROCHES METAMORPHIQUES La nomenclature des roches métamorphiques est généralement simple et explicite. Néanmoins, afin de pouvoir communiquer avec d'autres pétrologistes qui travaillent dans le domaine du métamorphisme, il est nécessaire de définir des noms et des expressions couramment utilisés et donc de passer brièvement en revue des principes de nomenclature actuellement utilisés pour les roches métamorphiques. A cet effet, Plusieurs critères fondamentaux sont conventionnellement utilisés pour nommer les roches métamorphiques. Le nom de la roche métamorphique peut se baser sur un seul critère comme il peut être composé de plusieurs : VI.1 Nomenclature indiquant la structure Les expressions qui caractérisent principalement la structure des roches métamorphiques sont souvent utilisées dans la racine des noms. Les roches métamorphiques sont nommées principalement en utilisant des termes descriptifs en relation avec leur structure. Les termes les plus importants sont : Gneiss. Une roche métamorphique présentant une structure gneissique. Le terme gneiss peut également être appliqué à des roches présentant une fabrique linéaire dominante plutôt qu'une structure gneissique. Ce terme gneiss est presque exclusivement utilisé pour les roches contenant un feldspath abondant (plus ou moins quartz), mais peut également être utilisé dans des cas exceptionnels pour d'autres compositions (par exemple gneiss composé de cordiérite-anthophyllite sans feldspath, gneiss mafique…etc). Schiste. Une roche métamorphique montrant une schistosité omniprésente bien développée définie par l'orientation préférée d'abondants grains minéraux de dimensions hétérogènes. Pour les roches riches en phyllosilicates, le terme schiste est généralement réservé aux variétés à grains moyens à grossiers, tandis que les roches à grains plus fins sont appelées sont appelées ardoises ou phyllites. Le terme schiste peut p. 60 Mr. Lekoui A/Malek. Univ. M.S.B – Jijel. 2020 Chap. VI Pétrologie des roches métamorphiques également être utilisé pour les roches présentant une forte fabrique linéaire plutôt qu'une structure schisteuse. Phyllite / Ardoise. Roche à grains fins de faible métamorphisme présentant une schistosité de pénétration parfaite résultant de l'arrangement parallèle de phyllosilicates (ex micas). Les surfaces de schistosité présentent généralement un éclat brillant. Cornéenne. Une roche métamorphique dépourvue de schistosité, de structure gneissique et de linéations minérales. Les cornéennes sont produites par métamorphisme de contact des roches de composition pélitique. Elles peuvent contenir des porphyroblastes de cordiérite et d’andalousite. Ces roches peuvent être entièrement massives, mais parfois, montrent une structure parallèle héritée de la roche sédimentaire originelle. Cependant, cette structure ne permet pas à la roche de se débiter en fines plaquettes. VI.2 Nomenclature indiquant le minéral le plus abondant Quand il s’agit de roche métamorphique où un minéral constitue le pourcentage le plus abondant (ex = 70%), le nom de la roche dérivera du nom de ce minéral en rajoutant un suffixe ‘’ite’’. Exemples : le quartzite (> 85% quartz), Amphibolite (> 70% Amphibole), pyroxénite (> 70% pyroxène), tourmalinite (> 70% tourmaline), sanidinite (>70% sanidine). Il faut noter que certaines roches font l’exception de cette règle, comme la calcite (minéral), la roche est calcaire ou cipolin (>85% calcite), la dolomie (roche) formée par plus de 85% de la dolomite (minéral). VI.3 Nomenclature indiquant les deux critères ensembles La combinaison des deux critères précédents simultanément, à savoir la structure et le minéral le plus abondant est plus significative et est couramment utilisée. Exemples : le micaschiste (structure schisteuse + (≈70%) micas), séricitoschiste (structure en feuillets + séricite ≥60%), chloritoschiste…etc. p. 61 Mr. Lekoui A/Malek. Univ. M.S.B – Jijel. 2020 Chap. VI Pétrologie des roches métamorphiques VI.4 Nomenclature indiquant les minéraux accessoires Certains minéraux dits ‘’accessoires’’, relativement, d’ailleurs, à leur protolithe d’origine peuvent figurer dans le nom de la roche métamorphique, notons que le nom du minéral accessoire se rattache à une racine formée par l’un des critères de nomenclature (racine + à + nom du minéral accessoires). Exemples : schiste à andalousite, gneiss à sillimanite, micaschiste à grenat…etc. Si la roche contient plusieurs minéraux accessoires, on les cite par ordre croissant d’abondance séparés par un trait d’union. Exemple : un micaschiste à staurotide – cordiérite (ici staurotide % > cordiérite %). VI.5 Noms spécifiques de roches métamorphiques Ce sont des noms descriptifs et, généralement, non-génétiques. Cependant, certains ont une signification pétrogénétique et peuvent être indicatifs des conditions du métamorphisme. On cite ici les noms les plus fréquents : Le préfixe « Ortho- et para ». Un préfixe indiquant, lorsqu'il est placé devant un nom de roche métamorphique, que la roche est dérivée d'une roche ignée (ortho) ou sédimentaire (para) respectivement (par exemple orthogneiss, paragneiss). Le préfixe « méta » est généralement utilisé pour distinguer les roches métamorphiques des autres types de roches (ex : métapélites, métabasites, métasédiments, métavolcanites, …). Le préfixe blasto, et le suffixe blaste. En général, le préfixe blasto indique les reliques de la texture préexistante (ex : la texture blastoporphyrique provient par métamorphisme de la texture porphyrique ignée), par contre, le suffixe blast indique les textures nouvelles provoquées par recristallisation métamorphique (ex : la texture porphyroblastique ressemble à une texture porphyrique ignée mais elle est acquise par recristallisation métamorphique). Marbre et cipolin. Une roche métamorphique composée principalement de calcite et / ou de dolomite (ex : marbre dolomitique). p. 62 Mr. Lekoui A/Malek. Univ. M.S.B – Jijel. 2020 Chap. VI Pétrologie des roches métamorphiques Roche calco-silicatée. Roche métamorphique qui, contient jusqu’à 50% de carbonates, et est principalement composée de silicates calciques tels que l'épidote, la zoisite, la vésuvianite, le diopside – hédenbergite, le grenat calcique (grossulaire – andradite), la wollastonite, l'anorthite, la scapolite, la ca-amphibole. Ces roches proviennent souvent par métamorphisme de contact et sont souvent désignées par le terme ‘’skarns’’. Charnokites. Sont des roches métamorphiques, décrites pour la première fois à Tamil Nadu dans le sud de l'Inde et nommées d'après Job Charnock. Ces roches sont composées de quartz bleu, K-feldspath, et typiquement l’orthopyroxène (ex : hypersthène) et rutile. Les charnockites, montrant d’ailleurs une texture granitique, sont anhydres formées par recristallisation à des pressions élevées et à des températures modérément élevées. En Algérie les exemples de ces roches sont bien exposés dans le Môle d’Ain Ouzzal, Hoggar occidental. Migmatites. Roche composite de silicates, trouvée dans les terrains métamorphiques de moyen à haute degré (roches caractéristiques pour la croûte continentale moyenne et inférieure). Les migmatites sont composées de parties sombres (mafiques) (mélanosome) et de parties claires (felsiques) (leucosome) en association structurelle complexe. Les migmatites ne montrent pas une foliation franche, ou cette dernière a été déformée suite à l’augmentation de la pression et de la température. Restite. Reste d'une roche, chimiquement appauvrie en certains éléments par rapport à son protolithe. L'épuisement est le résultat de la fusion partielle de cette roche. VI.6 Nomenclature indiquant le faciès métamorphique Greenschistes. Ce sont des métabasites verdâtres à texture foliée et sont composés de chlorite, épidote et actinote. Bleuschistes. Ce sont des métabasites grisâtres à texture foliée. Ils dérivent leur nom de la présence de l’amphibole sodique glaucophane. Eclogites. Ce sont des métabasites composées de grenat et de clinopyroxène. Les plagioclases sont pratiquement absents. p. 63 Mr. Lekoui A/Malek. Univ. M.S.B – Jijel. 2020 Chap. VI Pétrologie des roches métamorphiques Granulite. Roches caractéristiques de haute température ; elles sont caractérisées par une série de composition différente ; depuis le pôle basique vers le pôle acide. Les minéraux constitutifs sont équigranulaires et présentent une texture saccharoïde. VI.7 Noms des roches à forte déformation Le métamorphisme peut localement être associé à un degré extrêmement élevé de déformation de la roche. Une forte déformation localisée dans les terrains métamorphiques produit des roches montrant des structures distinctives. Certains noms spéciaux largement utilisés pour les roches à haute déformation sont définis cidessous : Mylonite. Roche produite par réduction mécanique de la taille des grains résultant d'une déformation ductile et non cataclastique dans des zones localisées (zones de cisaillement, zones de faille), entraînant le développement d'une foliation pénétrative à petite échelle, et souvent avec un étirement minéral suivant une linéation. Ultramylonite. Une mylonite dans laquelle la plupart des mégacristaux ou fragments lithiques ont été éliminés (matrice à grains fins > 90 %). Blastomylonite (mylonite oeillée). Mylonite contenant de gros cristaux ou fragments lithiques distinctifs autour desquels est enroulée une bande à grains fins. Cataclasite. Une roche de haute pression qui a subi un métamorphisme cataclasique Brèche de faille. Cataclasite à structure de type brèche formée dans une zone de faille. Pseudotachylite. Roche d'aspect vitreux à grains ultrafins, semblable à un silex, se présentant sous forme de minces veines, d’une matrice de pseudo-conglomérats ou de pseudo-brèches, qui colmate les fractures dans les roches encaissantes. …Fin… p. 64 Mr. Lekoui A/Malek. Univ. M.S.B – Jijel. 2020 Pétrologie des roches métamorphiques ** Principales Références Bibliographiques ** • Livres et articles Aubouin J., Brousse, R., Lehman, J.-P. (1968). Précis de géologie. Tome 1 : pétrologie. Dunod. 712 pages. Baker, A.-J. (1998). Introduction to Metamorphic Textures and Microstructures. Second edition. Stanley Thornes (Publishers) Ltd. ISBN 978-1-4615-7293-0 ISBN 978-1-4615-7291-6 (eBook) DOI10.1007/978-1-4615-7291-6. Beaux, J.-F., Platevoet, B., and Fogelgesang, J.-F. (2012). Atlas de Pétrologie. Dunod, 144 pages. Busher, K., and Grapes, G. (2011). Petrogenesis of Metamorphic Rocks. Book edited by Springer-Verlag Berlin Heidelberg 2011. SBN 978-3-540-74168-8 e-ISBN 978-3-540-74169-5. 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