Document annexe : Préambule de Sévère de Régis Jauffret.
« Le roman n'est jamais ni vrai ni faux, il ne fait que suggérer l'un ou l'autre,
autrement dit, il n'a jamais le choix qu'entre deux manières de tromper, entre deux sortes de
mensonges qui misent inégalement sur la crédulité. Ou bien en effet la fable se montre franchement
comme telle, en rappelant jusque dans sa trame les conventions à quoi elle choisit de se plier, ou
bien elle s'entoure de toutes les apparences de la vie, et dans ce cas il lui faut veiller à ne pas
signaler sa volonté de faire illusion »
Roman des origines et origines du roman, Marthe Robert.
Selon l'auteur contemporain Jauffret, dans son préambule à Sévère ''personne n'est jamais
mort dans un roman'' parce que '' les personnages sont des poupées remplies de mots, d'espaces, de
virgules, à la peau de syntaxe'' Ainsi, cet auteur suggère que ce qui définit le roman, c'est son
caractère fictionnel et artificiel. En effet, le roman est une construction littéraire, un artifice qui
imite parfois la vie, la société, la réalité. Lorsqu'un lecteur choisit de lire un roman, il choisit de se
plier à la convention implicite que lui impose sa lecture en prenant pour comptant ce qu'il va lire
tout en sachant, comme le dit Jauffret, que '' la fiction ment''. C'est dans ce sens que Marthe Robert,
dans Roman des origines et origines du roman, montre que le roman '''n'a jamais le choix qu'entre
deux manières de tromper, entre deux sortes de mensonges qui misent inégalement sur la crédulité''.
Le roman aurait donc soit le choix de s'assumer comme étant une ''fable'', une fiction, de le montrer
à son lecteur comme un signe d'honnêteté et de confiance envers lui ( comme le fait Jauffret dans
son préambule) ; ou le choix de '' s'entoure(r) de toutes les apparences de la vie '', en faisant croire à
une réalité, à un fait vrai, tout en s'enrobant de détails du quotidien de la vie qui le fait passer pour
vraisemblable, voire vrai. Ainsi, M. Robert semble, comme Jauffret, définir le roman comme de la
fiction. Seulement, elle oppose clairement deux types de choix romanesque liés au pacte de lecture
passé avec le lecteur, '' deux sortes de mensonges qui misent inégalement sur la crédulité ''. Le
roman se bornerait alors à une volonté de tromper, de jouer le lecteur en jouant sur sa crédulité, sur
sa naïveté présupposée. Le roman aurait presque une visée théâtrale, illusoire et volontaire qu'il
choisit de plus ou moins cacher. Aussi, il ne serait '' ni vrai ni faux '', c'est à dire qu'il serait une
sorte d'entre-deux de la vérité, un flou, un champs romanesque qui oscille entre l'impossible,
l’invraisemblable et le possible, le vraisemblable mais qui reste toujours indéfini.
Cette indéfinition du roman pose donc des questions quant à la possibilité de délivrer une
part de réel, de dire la réalité mais aussi de narrer un fait réel. La fiction et le romanesque sont-ils si