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extrait 42206210

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ÉNERGIES
Ti202 - Ressources énergétiques et stockage
Conversion et transport
d'énergie
Réf. Internet : 42206 | 4e édition
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III
Cet ouvrage fait par tie de
Ressources énergétiques et stockage
(Réf. Internet ti202)
composé de :
Combustibles fossiles
Réf. Internet : 42215
Énergies renouvelables
Réf. Internet : 42594
Conversion et transport d'énergie
Réf. Internet : 42206
Stockage de l'énergie
Réf. Internet : 42638
Énergie : économie et environnement
Réf. Internet : 42593
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IV
Cet ouvrage fait par tie de
Ressources énergétiques et stockage
(Réf. Internet ti202)
dont les exper ts scientifiques sont :
Christian NGÔ
Docteur Gérant d'EDMONIUM
Alexandre ROJEY
Enseignant IFP School, ex-Directeur du Développement durable à l'IFPEN,
Fondation Tuck, Fondateur et animateur du think tank IDées
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V
Les auteurs ayant contribué à cet ouvrage sont :
Thierry ALLEAU
Christian LE BRUN
Pour l’article : BE8587
Pour l’article : IN301
Yann APERTET
Claude LÉVY
Pour l’article : BE8080
Pour l’article : B8910
Ioan-Sotir DUMITRESCU
Eduard MINCIUC
Pour les articles : BE2170 – BE2172
Pour les articles : BE2170 – BE2172
Renaud FEIDT
Jean-Marie MONTEIL
Pour les articles : BE9320 – BE9321 –
BE9322
Pour les articles : BE8905 – BE8906 –
BE8907
Hubert FLOCARD
Férid NANDJEE
Pour l’article : BE8586
Pour l’article : B8920
Christophe GOUPIL
Philippe NIKA
Pour l’article : BE8080
Pour les articles : BE8060 – BE8061 –
BE8062 – BE8063
Dominique GRAND
Henni OUERDANE
Pour l’article : IN301
Pour l’article : BE8080
Jean-Paul HULOT
Jean-Pierre PERVÈS
Pour l’article : BE8586
Pour l’article : BE8586
Michel KLAEYLÉ
André RAHIER
Pour l’article : B8920
Pour l’article : K855
André LALLEMAND
Pour les articles : BE8064 – BE8066 –
BE8068 – BE8050 – BE8051 – BE8052 –
BE8053

Roland VIDIL
Pour l’article : IN301
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VI
Conversion et transport d'énergie
(Réf. Internet 42206)
SOMMAIRE
1– Conversion de l'énergie
Réf. Internet
Généralités sur les convertisseurs d'énergie
BE8064
11
Générateurs thermomécaniques. Réfrigérateurs et pompes à chaleur
BE8066
17
Moteurs thermiques. Turbines à gaz et à vapeur .Moteurs à essence et Diesel
BE8068
25
Convertisseurs thermomécaniques. Conversion de l'énergie.Cycles générateurs
BE8050
33
Convertisseurs thermomécaniques. Cycles moteurs à gaz : Stirling et Joule
BE8051
39
Convertisseurs thermomécaniques. Cycles moteurs à gaz : Beau de Rochas et Diesel
BE8052
43
Convertisseurs thermomécaniques. Cycles moteurs à vapeur et combinés.
Cogénération
BE8053
47
Convertisseurs thermoacoustiques. Efet thermoacoustique
BE8060
53
Convertisseurs thermoacoustiques. Moteurs et générateurs
BE8061
57
Convertisseurs thermoacoustiques. Dimensionnement
BE8062
63
Convertisseurs thermoacoustiques. Systèmes combinés moteur/générateur
BE8063
69
2– Installations thermiques de grande puissance
Réf. Internet
Centrale à cycle combiné. Théorie, performances, modularité
BE8905
77
Centrale à cycle combiné. Composants potentiels
BE8906
81
Centrale à cycle combiné. Fonctionnement, exploitation, exemple
BE8907
85
Technologie de gazéiication intégrée à un cycle combiné
B8920
89
3– Cogénération
Réf. Internet
Les techniques de cogénération
B8910
4– Thermoélectricité
Réf. Internet
Thermoélectricité . Thermodynamique et applications
BE8080

page
page
page
97
page
105
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VII
5– Réseaux de chaleur
Réf. Internet
Réseaux de chaleur. Transport
BE2170
113
Réseaux de chaleur. Chaufage urbain
BE2172
119
6– Réseaux de froid
Réf. Internet
Réseaux de froid urbain. État des lieux et déinition
BE9320
127
Réseaux de froid urbain. Production et stockage du froid
BE9321
129
Réseaux de froid urbain. Réseaux de distribution
BE9322
137
7– Vecteurs énergétiques
Réf. Internet
Electricité : intermittence et foisonnement des énergies renouvelables
BE8586
145
L'hydrogène, vecteur de la transition énergétique
BE8587
151
Applications mobiles et stationnaires de l'hydrogène dans la transition énergétique
K855
153
Intermittence des énergies renouvelables et mix électrique
IN301
157

page
page
page
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Conversion et transport d'énergie
(Réf. Internet 42206)
Q
1– Conversion de l'énergie
Réf. Internet
Généralités sur les convertisseurs d'énergie
BE8064
11
Générateurs thermomécaniques. Réfrigérateurs et pompes à chaleur
BE8066
17
Moteurs thermiques. Turbines à gaz et à vapeur .Moteurs à essence et Diesel
BE8068
25
Convertisseurs thermomécaniques. Conversion de l'énergie.Cycles générateurs
BE8050
33
Convertisseurs thermomécaniques. Cycles moteurs à gaz : Stirling et Joule
BE8051
39
Convertisseurs thermomécaniques. Cycles moteurs à gaz : Beau de Rochas et Diesel
BE8052
43
Convertisseurs thermomécaniques. Cycles moteurs à vapeur et combinés.
Cogénération
BE8053
47
Convertisseurs thermoacoustiques. Efet thermoacoustique
BE8060
53
Convertisseurs thermoacoustiques. Moteurs et générateurs
BE8061
57
Convertisseurs thermoacoustiques. Dimensionnement
BE8062
63
Convertisseurs thermoacoustiques. Systèmes combinés moteur/générateur
BE8063
69
page
2– Installations thermiques de grande puissance
3– Cogénération
4– Thermoélectricité
5– Réseaux de chaleur
6– Réseaux de froid
7– Vecteurs énergétiques

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Y
Q
QP
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
beXPVT
Généralités sur les convertisseurs
d’énergie
Q
par
André LALLEMAND
Ingénieur INSA
Docteur ès-sciences physiques
Ex-Professeur des universités
Ex-Directeur du département de génie énergétique de l’INSA, Lyon
1.
1.1
1.2
1.3
Éléments de thermodynamique appliquée ....................................
Définitions.................................................................................................
Premier principe.......................................................................................
Deuxième principe – Entropie.................................................................
2.
2.1
2.2
Convertisseurs d’énergie ...................................................................
Définition ..................................................................................................
Analyse du fonctionnement d’un convertisseur
d’énergies autres que thermique............................................................
Convertisseur à énergie thermique ........................................................
Convertisseurs thermomécaniques à cycles réversibles
ou irréversibles.........................................................................................
—
—
15
15
—
—
15
18
—
19
3.
3.1
3.2
Point de vue exergétique ...................................................................
Exergie – Anergie – Bilan exergétique ...................................................
Bilans exergétiques et anergétiques ......................................................
—
—
—
23
23
26
4.
Conclusion..............................................................................................
—
27
5.
Glossaire .................................................................................................
—
28
2.3
2.4
Pour en savoir plus .......................................................................................
BE 8 0 64 - 3
—
3
—
4
—
11
Doc. BE 8 064
es moteurs thermiques, alternatifs ou à flux continu (turboréacteurs et turbines de centrales électrogènes par exemple) ou les machines de
réfrigération-congélation et les pompes à chaleur sont autant de convertisseurs
d’énergie dont il est important de connaître les principes scientifiques sur lesquels
ils sont basés si on veut maîtriser leur conception et leur mise en œuvre. C’est
l’exposé de ces principes et de leurs applications qui fait l’objet de cet article.
Comme ces principes scientifiques font partie du domaine de la thermodynamique, la première partie de l’article est consacré à la présentation des premier
et deuxième principes de cette science. Il convient cependant de noter que
celle-ci est nettement orientée vers les applications techniques avec notamment les notions de bilans enthalpiques et entropiques.
Dans la deuxième partie, on met en application le principe du transfert de
l’énergie, et de l’extensité correspondante, de la haute tension vers la basse tension, ainsi que celui de la conservation des extensités, pour définir les
convertisseurs d’énergie et montrer la nécessité de leur fonctionnement entre au
moins quatre réservoirs d’énergie, deux pour chacun des deux types d’énergie
mis en œuvre dans le convertisseur. Vu cette symétrie de réservoirs, ces convertisseurs, qui comporte tous une partie motrice et une partie génératrice, peuvent
avoir théoriquement un fonctionnement inversé. Cependant, la chaleur différant
des autres types d’énergie par le fait que sa variable extensive, l’entropie, n’est
pas conservative, on constate l’existence de générateurs thermiques monothermes dont le fonctionnement ne peut pas être inversé. Cette présentation
p。イオエゥッョ@Z@ェオゥョ@RPQY
L
Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés
QQ
BE 8 064 – 1
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
beXPVT
GÉNÉRALITÉS SUR LES CONVERTISSEURS D’ÉNERGIE _____________________________________________________________________________________
générale des convertisseurs est suivie par la définition et l’examen du fonctionnement théorique des convertisseurs de Carnot qui ont une efficacité optimale et
qui servent toujours de repère pour les convertisseurs réels.
Q
Cette recherche de l’optimum, en adéquation avec la recherche permanente
des économies de certains types d’énergie, peut se faire par des analyses
entropiques du fonctionnement des systèmes énergétiques. Cependant, les
analyses exergétiques apparaissent comme plus pratiques lors des applications techniques. C’est la raison pour laquelle cet article met, in fine, l’accent
sur la définition de l’exergie et de son complément, l’anergie, ainsi que sur
leurs transferts et leurs bilans.
Symbole
an
Unité
J·
kg–1
Définition
anergie massique
Symbole
Unité
h
m
altitude
kg–1
enthalpie massique totale
J·
Définition
An
J
anergie
ht
An’
J
anergie créée par irréversibilités
H
J
enthalpie
W
puissance anergétique
Ht
J
enthalpie totale
In
–
intensité d’un type quelconque
W
production d’anergie
m
kg
masse transférée
M
kg
masse
c
m·
s–1
vitesse
Cel
A·s
COP
–
coefficient de performance
ec
J · kg–1
énergie cinétique massique
ep
J·
kg–1
et
J · kg–1
énergie totale massique
ex
J · kg–1
exergie massique
Ec
J
charge électrique
P
q
Q
J
énergie électrique
J
énergie potentielle gravifique
Et
J
énergie totale
W
puissance totale
En
J
énergie d’un type quelconque
Ex
J
exergie
puissance exergétique
–
extensité d’un type quelconque
N
s
s’
h
BE 8 064 – 2
J · kg–1
–
vecteur unitaire normal à une
section
N
poids
Pa
pression
kg–1
chaleur massique échangée
J
quantité de chaleur échangée
W
flux thermique ou puissance
thermique
J · m–2
chaleur échangée par unité de
surface
W · m–2
densité de flux de chaleur
R
W
m
milieu extérieur
J·
QΩ
m · s–2
–
ME
énergie cinétique
Ep
g
débit massique
énergie potentielle gravifique
massique
Eel
Ext
kg · s–1
réservoir
J·
K–1
J·
K–1
·
kg–1
·
kg–1
entropie massique
entropie massique créée
S
–
force
S
J · K–1
entropie
accélération de la pesanteur
S’
J · K–1
entropie créée
W · K–1
production entropique
longueur
enthalpie massique
t
s
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QR
source
temps
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
beXPVT
______________________________________________________________________________________ GÉNÉRALITÉS SUR LES CONVERTISSEURS D’ÉNERGIE
Symbole
Unité
T
J
travail d’une force
T
K
température
Ta
K
température ambiante
u
J · kg–1
U
J
énergie interne
Uel
V
tension ou potentiel électrique
v
m3 · kg–1
V
m3
w
J · kg–1
énergie mécanique massique
échangée
wt
J · kg–1
travail technique massique
W
J
énergie mécanique échangée
W
puissance
Wa
J
travail sur l’arbre
Wt
J
travail technique
W
puissance technique
m
altitude
z
1.1.1 Système thermodynamique – Évolution
volume massique
Un système thermodynamique (Σ) est un corps, ou un
ensemble de corps de masse déterminée, ou encore plus généralement une portion de l’Univers parfaitement déterminée, où
se produisent les transformations à étudier (figure 1). Tout ce
qui n’appartient pas au système est appelé milieu extérieur
(ME). La frontière (F) entre le système (Σ) et le milieu extérieur
(ME) peut être matérielle ou virtuelle.
volume
La thermodynamique étudie les transformations ou évolutions, qui ont lieu à l’intérieur du système, par l’intermédiaire d’un
examen attentif des échanges d’énergie, sous quelque forme
que ce soit (mécanique, thermique, chimique, électrique, etc.), et
éventuellement de matière, entre le système et le milieu extérieur.
Selon la nature des échanges avec le milieu extérieur, on
distingue trois types de systèmes :
– échanges nuls : système isolé ;
– échanges d’énergie seule : système fermé ;
– échanges d’énergie et de matière : système ouvert.
1.1.2 État d’un système – Paramètres ou variables
facteur de Carnot
Θc
kg ·
m–3
masse volumique
L’état d’un système est défini par les valeurs d’un certain
nombre de grandeurs mesurables dites variables ou paramètres thermodynamiques ou variables ou paramètres
d’état (exemple : volume, température, pression, intensité, tension électrique, densité, indice de réfraction, viscosité, etc.).
système
Σ
τ
J · kg–1
ϕ
m–1
Ω
1.1 Définitions
énergie interne massique
rendement
η
ρ
1. Éléments
de thermodynamique
appliquée
Définition
N·
m2
travail massique
champ de gravitation
aire d’une section droite
Il est évident qu’entre le nombre de paramètres relativement
grand que l’on peut trouver pour définir l’état d’un système quelconque, il existe des liens. Il apparaît alors la notion de paramètres indépendants. Il suffit ainsi, pour définir strictement l’état
du système de connaître ou de fixer ces paramètres indépendants.
A priori, les paramètres indépendants peuvent être quelconques ;
seul leur nombre est fixé pour un type de système dans une situation donnée. Ce nombre est la variance du système.
Indices
1,2 :
références ou entrée, initial ou sortie, final
a:
ambiante, arbre
A,B :
types d’énergie
BT :
basse tension
c:
contact
C:
Carnot
d:
distance
e:
extérieur
ext :
externe
f:
final, frigorigène, frottement
F:
frigorifique, frontière
HT :
haute tension
i:
intérieur, canalisation i. réservoir i
int :
interne
j :
canalisation j
m:
minimum
M:
maximum
p:
pression
rév :
réversible
Rj :
réservoir j
therm : thermique
T:
thermique
Σ:
relatif à un système
Ω:
à travers la surface Ω
Milieu extérieur (ΜΕ)
Système (Σ)
Frontière(F)
Figure 1 – Système quelconque avec sa frontière le séparant
de son milieu extérieur
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QS
BE 8 064 – 3
Q
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
beXPVT
GÉNÉRALITÉS SUR LES CONVERTISSEURS D’ÉNERGIE _____________________________________________________________________________________
Exemple : l’étude des transformations d’un fluide pur monophasique dont la variance est 2 se fera en prenant a priori comme
variables indépendantes et selon le type de problème à traiter : la
pression et la température ou le volume et la température ou encore
le volume et la pression.
Q
P
2
Réversible
Les variables qui définissent l’état d’un système peuvent être
classées en deux catégories :
a
– variables intensives qui sont des grandeurs indépendantes
de l’étendue du système ; par exemple, la température, la pression, la contrainte, le potentiel électrique, la vitesse, la viscosité,
etc. Elles sont définies ponctuellement ;
– variables extensives qui sont des grandeurs proportionnelles à l’étendue du système ou à sa quantité ; par exemple, la
masse, la longueur, le volume, la capacité thermique, etc. Ces
variables donnent lieu à des variables spécifiques, c’est-à-dire
rapportées à une quantité de système bien définie, comme l’unité
de masse, l’unité de volume, etc.
1
b
Irréversible
(réelle)
v
Figure 3 – Schématisation de deux transformations entre deux états
d’équilibre 1 et 2
1.1.4 Transformations réversibles et irréversibles
Soit une transformation réelle ouverte qui fait passer le système
d’un état d’équilibre 1 à un état d’équilibre 2 (figure 3). Généralement, les états successifs, par lesquels passe le système au
cours de la transformation, tels que a et b, ne sont pas des états
d’équilibre. Cependant, en thermodynamique, on utilise des transformations théoriques qui font passer le système de l’état 1 à
l’état 2 par une succession d’états d’équilibre. Ces transformations
sont dites transformations réversibles puisqu’on passe indifféremment d’un état à un état infiniment proche dans un sens ou dans
l’autre avec des variations infiniment petites des paramètres d’état.
Exemples
Si M est la masse du système de volume V, la masse spécifique,
appelée dans ce cas masse volumique ρ est :
et le volume massique :
De telles transformations ne peuvent avoir lieu que de manière
infiniment lente.
1.1.3 État d’équilibre et transformations d’un
système
Contrairement à ce cas, on peut affirmer que toutes les
transformations réelles sont irréversibles, car effectuées
avec des déséquilibres plus ou moins importants pour avoir
une cinétique de transformation non nulle. Cependant, avec la
notion de fonctions d’état (§ 1.2.4), le calcul de certaines
fonctions relatives à des transformations irréversibles peut se
faire à partir de transformations réversibles. Cela constitue
l’intérêt pratique des transformations réversibles pour
résoudre un grand nombre de problèmes.
Un système est dit en état d’équilibre (EE) lorsqu’il ne se produit aucune modification du système au cours du temps.
L’équilibre est stable si, après une évolution fortuite faible du
système, celui-ci revient à l’équilibre spontanément sans intervention extérieure. En thermodynamique classique, on ne s’intéresse
pratiquement qu’à ce type d’équilibre et aux échanges ayant lieu
entre le système et le milieu extérieur lors du passage du système
(Σ) d’un état d’équilibre à un autre état d’équilibre.
1.2 Premier principe
D’une façon générale, l’équilibre d’un système n’est atteint que
lorsque toutes les variables intensives ont la même valeur en tout
point du système. Tout gradient, associé à ces variables, crée un
déséquilibre et un flux d’énergie. Cette notion est reprise lors de
l’étude du deuxième principe de la thermodynamique.
Historiquement, le premier principe de la thermodynamique a
été appelé principe d’équivalence car il stipulait l’équivalence
entre deux formes d’énergie : l’énergie mécanique et l’énergie
thermique. Plus généralement, ce principe est encore celui de la
conservation de l’énergie.
Une transformation est dite cyclique ou fermée, si le système
évolue d’un état d’équilibre A pour revenir dans ce même état à la
fin de la transformation (figure 2a). Une transformation est dite
ouverte lorsque l’état d’équilibre final B est différent de l’état initial A (figure 2b).
1.2.1 Principe d’équivalence
Énoncé du principe d’équivalence : si, au cours d’une
transformation cyclique, un système quelconque ne peut
échanger avec le milieu extérieur que du travail et de la chaleur, la somme algébrique du travail et de la chaleur reçus par
le système est nulle.
B
A
B
a transformation
fermée ou cyclique
Par convention, l’énergie qui entre dans le système est comptée positivement, celle qui en sort est négative.
A
Dans cet énoncé classique, le terme « échanger » a une très
grande importance. En effet, le « travail » n’est pas le travail effectué par les forces appliquées au système, mais en réalité, l’énergie mécanique échangée entre le système et le milieu
extérieur. Ces deux notions sont parfois différentes.
b transformation
ouverte
Figure 2 – Transformation cyclique et transformation ouverte
BE 8 064 – 4
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QT
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
beXPVT
______________________________________________________________________________________ GÉNÉRALITÉS SUR LES CONVERTISSEURS D’ÉNERGIE
À la transformation cyclique A → B → A (figure 4), on peut appliquer le principe d’équivalence. La relation (1) s’écrit :
Exemple : considérons un système constitué par une personne
qui monte des escaliers. Cette personne effectue un travail mais elle
n’échange aucune énergie mécanique avec le milieu extérieur. Il suffit
pour s’en convaincre de constater que le milieu extérieur n’a fourni, ni
reçu aucune énergie mécanique au cours de l’ascension de cette personne.
(4)
Considérons une nouvelle transformation cyclique, comportant
une transformation A → B différente de la précédente (trajet 2 –
figure 4) et la même transformation de retour B → A. On a :
Ce point étant précisé, si on note par W l’énergie mécanique
échangée (souvent appelée travail par abus de langage) et par Q la
quantité de chaleur ou énergie thermique échangée entre le système et le milieu extérieur, au cours du cycle, le principe d’équivalence s’exprime par :
(5)
De ces deux relations, on déduit :
(1)
(6)
Ce principe montre bien l’équivalence entre la chaleur et le travail puisque si, au cours du cycle, le système a reçu par exemple
du travail (ou de l’énergie mécanique), il faut qu’il cède une même
quantité de chaleur (énergie thermique) au milieu extérieur.
Ainsi, on constate que, quel que soit le processus utilisé ou le
chemin suivi pour passer d’un état A à un état B, si dans chaque
cas les quantités
sont différentes, par contre la somme
est une constante : elle ne dépend pas du chemin
suivi mais seulement de l’état initial A et de l’état final B.
Elle représente la variation entre A et B d’une fonction d’état
notée U : l’énergie interne. On écrit :
Pour les applications numériques de l’équation (1), travail et chaleur doivent être exprimés dans la même unité (joule par
exemple). Si, comme il est courant de le faire, la chaleur est exprimée en unités thermiques, il y a lieu de modifier cette équation :
(7)
(2)
ou plus généralement :
où J = 4,185 J/cal, si W est en joules (J) et Q en calories (cal) (ou W
en kJ et Q en mth).
(8)
1.2.2 Principe de la conservation de l’énergie
Le principe d’équivalence, traduit par la relation (1) ne s’applique
pas aux transformations ouvertes.
énergie thermique échangée entre Σ et ME au cours de
la même transformation,
∆U
variation de l’énergie interne du système (Σ) entre ces
mêmes états.
Comme on l’a souligné, la somme W + Q est attachée à une
fonction d’état. Il n’en est pas de même pour chacun des deux
termes pris séparément. Ainsi,
dépendent du chemin
suivi par la transformation.
(3)
Physiquement, l’énergie interne d’un système représente, à
l’échelle microscopique, la somme de toutes les formes d’énergie, cinétique et potentielle, attachées aux molécules (ou aux
atomes) du système :
– énergie cinétique de translation ;
– énergie cinétique de rotation ;
– énergie cinétique de vibration ;
– énergie potentielle d’interaction moléculaire ou atomique.
y
B
UB
Cette énergie interne, qui manifestement est une grandeur
extensive, dépend très fortement de la température, mais dans le
cas général, n’est pas fonction que de la température. Comme
pour toute grandeur extensive, on utilise souvent sa valeur spécifique qui est l’énergie interne massique.
1
A
Q
Énoncé du principe de la conservation d’énergie : la
somme des énergies mécanique et thermique reçues du milieu
extérieur (ou fournies au milieu extérieur) par un système au
cours d’une transformation quelconque (réversible ou irréversible) est égale à la variation de son énergie interne.
Ainsi, si un système quelconque passe d’un état A à un état B
selon un trajet réversible ou irréversible, le bilan énergétique (si
les seules énergies échangées sont de type thermique et/ou mécanique) s’écrit :
UA
énergie mécanique échangée entre le système (Σ) et
son milieu extérieur (ME) entre l’état initial et l’état final
de la transformation,
L’équation (8), issue du principe d’équivalence entre la chaleur et
le travail lors d’une transformation cyclique, traduit le principe de
la conservation de l’énergie.
Considérons une transformation ouverte qui fait passer de l’eau
d’un état A, température θA, à un état B, température θB (figure 4).
Cette transformation peut être réalisée en apportant uniquement
de la chaleur par chauffage, sans aucune contrepartie mécanique.
Dans ce cas, Q est positif et W est nul et on a nécessairement :
2
avec W
x
Si un système est isolé, aucun n’échange d’énergie n’est
possible : W = Q = 0. D’après l’équation (8), l’énergie interne du
Figure 4 – Transformations ouvertes ou cycliques réversibles
ou réelles
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QU
BE 8 064 – 5
Q
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beXPVT
GÉNÉRALITÉS SUR LES CONVERTISSEURS D’ÉNERGIE _____________________________________________________________________________________
système ne peut pas évoluer : ∆U = 0. Ainsi, le premier principe
indique que, pour un système isolé, l’énergie interne ne peut pas
varier.
Énoncé du premier principe dans sa généralité : l’énergie totale d’un système quelconque ne peut évoluer que si ce
système échange de l’énergie sous quelque forme que ce soit
avec le milieu extérieur.
Cas des transformations infiniment petites : on écrit
l’équation (8) sous forme différentielle.
Ce qui s’écrit :
Q
Cependant, afin de différencier les variations des fonctions
d’état de celles des quantités qui ne le sont pas (telles W ou
Q), les premières grandeurs sont précédées d’un « d » et on
utilise un « δ » pour les secondes.
(12)
avec
Ainsi, on écrit :
(9)
dU, correspondant à la variation d’une fonction d’état, est une différentielle totale exacte.
∆Ep variation d’énergie potentielle gravifique du système,
soit M∆z (avec M masse du système, g accélération de la
pesanteur, z altitude à laquelle se trouve le système),
∆Ec
variation d’énergie cinétique externe, soit M∆ (c 2/2)
(avec c vitesse du système),
∆Eel
variation d’énergie électrique.
Le membre de gauche de l’équation (12) correspond à l’énergie
échangée, entre Σ et ME, le membre de droite à la variation de
l’énergie totale de Σ.
Cela est très important pour la résolution de certains problèmes
en thermodynamique car ce fait permet, à l’équation (9), d’ajouter
la relation mathématique (10). En général, U est fonction de plusieurs variables indépendantes, très souvent deux. Supposons que
U ne soit effectivement fonction que de deux variables x et y :
Il est à noter que, dans le membre de gauche de cette équation,
les différents termes ne sont généralement pas des fonctions d’état
alors que ceux du membre de droite correspondent toujours à des
variations de fonctions d’état.
Pour un système thermomécanique évoluant entre un état 1 et
un état 2, l’équation (12) se simplifie. Elle devient :
(13)
Pour que U soit une fonction d’état ou, ce qui est équivalent, dU
une différentielle totale exacte, il faut et il suffit que :
où Et = U + Ep + Ec est l’énergie totale du système (Σ).
Pour l’unité de masse de système, on écrit :
(10)
(14)
où :
1.2.3 Généralisation du premier principe
de la thermodynamique
(15)
Pour une transformation élémentaire :
Pour une transformation cyclique, le principe d’équivalence,
énoncé sous la forme W + Q = 0, est valable à condition que les
seules formes d’énergie échangée avec le milieu extérieur soient
de nature mécanique et/ou thermique. Mais il peut y avoir d’autres
formes d’énergie échangée comme :
– l’énergie électrique : c’est le cas des moteurs électriques considérés comme système thermodynamique ;
– l’énergie lumineuse : radiomètre ;
– l’énergie nucléaire, etc.
(16)
1.2.4 Propriétés des fonctions d’état
Comme leur nom le rappelle, les fonctions d’état correspondent à des grandeurs physiques qui ne dépendent que de l’état
du système considéré, c’est-à-dire des variables (ou paramètres)
caractérisant l’état d’un système, que celles-ci soient intensives ou extensives. Ainsi, par exemple les fonctions d’état rencontrées dans les problèmes courants d’énergétique sont fonctions de
variables comme : la température, la pression, le volume, la
vitesse, la position, etc.
Dans ces conditions, le principe d’équivalence s’écrit :
(11)
avec Eel
énergie électrique échangée,
De cette caractéristique, il découle que la variation d’une fonction d’état au cours d’une évolution du système d’un état d’équilibre 1 à un autre état d’équilibre 2 ne dépend pas du chemin
suivi, c’est-à-dire de la manière dont le système passe de l’état 1 à
l’état 2. Cette propriété capitale est utilisée de manière courante en
thermodynamique. En effet, dans la plupart des cas, le calcul des
variations de fonctions d’état se fait à partir de transformations
réversibles pour remplacer le calcul impossible à faire (ou pour le
moins plus délicat) avec les transformations réelles associées
(même état initial et même état final).
énergie lumineuse échangée,
En
énergie nucléaire échangée.
Dans le cas d’une transformation ouverte, l’énergie interne du
système évolue. Si on conserve à l’énergie interne la signification
physique donnée précédemment, il faut tenir compte, dans l’évolution du système, de la variation d’autres formes d’énergie propres
au système telles que :
– l’énergie potentielle gravifique due à la gravitation terrestre. Elle varie lorsque le système change de position sur la verticale du lieu où il se trouve (altitude) ;
– l’énergie électrique. Elle provient par exemple d’une variation de la charge électrique dans un condensateur ;
– l’énergie cinétique externe. Elle est due à un mouvement
d’ensemble du système, mais ne tient pas compte de l’énergie
cinétique individuelle des molécules qui est comptabilisée dans
l’énergie interne ;
– l’énergie nucléaire ;
– l’énergie magnétique, etc.
BE 8 064 – 6
1.2.5 Différences entre travail, énergie mécanique
échangée et variation d’énergie
L’une des premières difficultés en thermodynamique provient de
la différenciation qu’il convient de faire entre les divers termes
énergétiques de type mécanique qui sont, d’une manière générale,
des travaux de force. En effet, il est essentiel de bien classer
chaque énergie soit dans le cadre des énergies mécaniques
échangées entre le système (Σ) et son milieu extérieur (ME), soit
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QV
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beXPVV
Générateurs thermomécaniques
Réfrigérateurs et pompes à chaleur
Q
par
André LALLEMAND
Ingénieur INSA
Docteur ès-sciences physiques
Ex-Professeur des universités
Ex-Directeur du département de génie énergétique de l’INSA, Lyon
1.
1.1
1.2
1.3
Thermophysique des fluides .............................................................
Expressions générales des variations des fonctions d’état classiques
pour un fluide monophasique ................................................................
Caractéristiques thermodynamiques des fluides..................................
Compressions et détentes des gaz et vapeurs ......................................
2.
2.1
2.2
BE 8 066 - 3
—
—
—
3
5
12
Cycles des générateurs thermomécaniques .................................
Cycles des générateurs à gaz..................................................................
Cycles des générateurs à compression de vapeur................................
—
—
—
18
18
21
3.
3.1
3.2
3.3
3.4
Analyse exergétique ............................................................................
Rappels concernant l’exergie..................................................................
Bilan exergétique d’une machine frigorifique .......................................
Bilan exergétique d’une pompe à chaleur .............................................
Particularité des analyses énergétiques.................................................
—
—
—
—
—
25
25
26
28
30
4.
Conclusion..............................................................................................
—
30
5.
Glossaire .................................................................................................
—
30
Pour en savoir plus .......................................................................................
Doc. BE 8 066
et article fait suite à l’article [BE 8 064]. Il constitue une application spécifique aux générateurs qui convertissent de l’énergie mécanique (ou
électrique) en énergie thermique pour faire du froid ou de la chaleur. En conséquence, il sera fait appel si nécessaire à ce premier article. Dans le premier cas
d’applications, on a affaire aux réfrigérateurs ; dans le second, il s’agit des
pompes à chaleur.
Cependant, avant de traiter directement de ces machines, il convient de
compléter les connaissances générales relatives aux fluides utilisés en tant que
fluides thermodynamiques (c’est-à-dire de travail), apparaissant sous leurs
trois formes : gazeuse, liquide et diphasique liquide-vapeur. Ce sont donc des
informations de base sur la physique de ces fluides qui sont données en
premier lieu, avant de présenter les énergies mises en jeu lors de leur
compression ou détente. Dans tous les cas, il est nécessaire de connaître les
expressions basiques des variations des fonctions d’état de ces fluides. C’est
pourquoi, en tout début d’article sont présentées diverses expressions des
échanges thermiques entre un système et son environnement.
Le but de l’article n’étant pas de fournir des éléments constructifs des générateurs thermomécaniques, sa présentation est limitée aux aspects généraux
et théoriques, c’est-à-dire aux principes de fonctionnement, que ce soit pour
les machines fonctionnant strictement avec un gaz (en général de l’air) ou pour
les machines, beaucoup plus courantes, utilisant un fluide sous ses trois états
et que l’on qualifie de machines à vapeur de fluide frigorigène.
p。イオエゥッョ@Z@ッ」エッ「イ・@RPQY
C
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QW
BE 8 066 – 1
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GÉNÉRATEURS THERMOMÉCANIQUES __________________________________________________________________________________________________
Comme dans le cas de l’article général sur les convertisseurs d’énergie,
celui-ci fournit, en dernière partie des éléments d’application de la théorie
exergétique aux générateurs.
Q
Symbole
Unité
Définition
Symbole
Unité
kg–1
Définition
a
rapport (γ – 1)/γ
q
a’
rapport (k – 1)/k
qm
J · kg–1
anergie massique
qM
kg–1
effet thermique
anergie massique créée par
irréversibilités
Q
J
quantité de chaleur échangée
r
K–1
kg–1
an
J·
an’
J · kg–1
An
cv
cv0
anergie
W
production anergétique
m · s–1
c
cp
J
J·
J·
J·
·
kg–1
J · K–1 · mol–1
s
vitesse
J · K–1 · kg–1
J·
K–1
·
kg–1
chaleur massique échangée
effet frigorifique
constante massique du gaz
constante universelle des gaz
parfaits
entropie massique
entropie massique créée
J · kg–1 · K–1
capacité thermique massique sous
pression constante
s’
S
J·
J · kg–1 · K–1
capacité thermique massique à
volume constant
S’
J · K–1
entropie créée
W · K–1
production entropique
J·
kg–1
·
K–1
co
COP
ex
J · kg–1
t
s
temps
nombre de composants
T
K
température
coefficient de performance
Ta
K
température ambiante
Tsat
K
température de saturation
J · kg–1
énergie interne massique
m3 · kg–1
exergie massique
En
J
énergie d’un type quelconque
Ex
J
exergie
v
g
m · s–2
accélération de la pesanteur
va
h
J·
kg–1
enthalpie massique
J·
kg–1
enthalpie massique totale
m3 · kg–1
m3
chaleur latente massique de
compression
Pa
chaleur latente massique de
dilatation
volume massique
variance
m3
V
coefficient polytropique
k
entropie
capacité thermique massique à
volume constant et sous pression
nulle
u
ht
K–1
·
mol–1
volume
volume molaire
w
J · kg–1
énergie mécanique massique
échangée
wt
J · kg–1
travail technique massique
W
J
énergie mécanique échangée
W
puissance mécanique
LC
J · kg–1
chaleur latente de condensation
LV
J · kg–1
chaleur latente de vaporisation
Wa
J
travail sur l’arbre
m
kg
masse
Wt
J
travail technique
M
kg
masse
W
puissance technique
s–1
débit massique
mol–1
masse molaire
z
Pa
pression
Z
kg ·
kg ·
P
Psat
BE 8 066 – 2
Pa
titre en vapeur
xv
pression de saturation
αp
m
facteur de compressibilité
K–1
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altitude
coefficient de dilatation isobare
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__________________________________________________________________________________________________ GÉNÉRATEURS THERMOMÉCANIQUES
Symbole
Unité
βv
K–1
coefficient d’accroissement de
pression isochore
γ
rapport des capacités thermiques
ou coefficient isentropique
δ
taux de compression
η
rendement
λ
J · kg–1 · Pa–1
chaleur isochore massique de
compression
µ
J · kg–1 · m–3
chaleur isobare massique de
dilatation
ρ
kg · m–3
1.1.1 Échanges de chaleur entre un fluide
et son milieu extérieur – Coefficients
calorimétriques
1.1.1.1 Diverses expressions de l’échange de chaleur
L’état d’équilibre d’un système dépend d’un certain nombre de
variables indépendantes. Pour un système homogène, tel qu’un
fluide monophasique, ce nombre se réduit à deux. Le choix de ces
variables d’état indépendantes est généralement guidé par des
considérations pratiques.
masse volumique
τ
rapport des températures maxi et
mini
ϕ
nombre de phases
Ainsi, pour un fluide monophasique, comme toutes les fonctions
et variables d’état, l’entropie S dépend de deux variables indépendantes. On peut choisir différents couples de variables et écrire :
coefficient de compressibilité
isothermique
Pa–1
T
1.1 Expressions générales des variations
des fonctions d’état classiques
pour un fluide monophasique
facteur de Carnot
ΘC
χ
1. Thermophysique
des fluides
Définition
Indices
a
: ambiante
BP
: basse pression
comp : compression
cond : condenseur
C
: Carnot, cycle, compresseur, critique
dét : détente
ex
: exergétique
évap : évaporateur
f
: frigorigène
fc
: fluide caloporteur
ff
: fluide frigoporteur
F
: frigorifique
HP
: haute pression
: liquide
m
: minimum
M
: maximum
MD : machine de détente
MF : machine frigorifique
p
: à pression constante, polytropique
pt
: point triple
PC
: puits chaud
q
: adiabatique
rel
: relatif
rév : réversible
s
: à entropie constante
SF
: source froide
T
: thermique, à température constante, chaud
v
: volume constant, vapeur
xv
: à titre en vapeur constant
soit, pour des évolutions élémentaires :
ou encore :
Alors, d’après la relation liant l’échange thermique Q et
l’entropie [BE 8 064] :
(1)
on peut mettre (δQ)rév sous l’une des formes suivantes :
(2)
avec cp
cv
Surlignage
~
: chaleur latente
–
: molaire
.
: dérivée par rapport au temps
λ
µ
Il convient de noter que :
– ces coefficients ne sont pas constants ;
– il est possible d’écrire un grand nombre de relations analogues aux équations (2) pour d’autres couples de variables ;
– ces relations sont valables pour tout système dont l’équilibre ne dépend que de deux variables indépendantes.
Principaux sigles
GP
gaz parfait
GPI
gaz parfait idéal
MF
machine frigorifique
MD
machine de détente
PAC
pompe à chaleur
PC
puits chaud
SF
source froide
capacité thermique massique isobare,
capacité thermique massique isochore,
chaleur latente massique de compression,
chaleur latente massique de dilatation,
chaleur isochore massique de compression,
chaleur isobare massique de dilatation.
1.1.1.2 Relations entre les coefficients calorimétriques
Les trois relations (2) définissent une même quantité de chaleur
échangée. Par conséquent, il existe entre les six coefficients calorimétriques quatre relations. Il suffit de connaître deux de ces coefficients pour avoir les quatre autres. Comme cp et cv sont les plus
utilisés, on exprime
en fonction de ces deux coefficients.
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BE 8 066 – 3
Q
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GÉNÉRATEURS THERMOMÉCANIQUES __________________________________________________________________________________________________
u et s étant des fonctions d’état, on leur applique l’équation (10) :
L’état du fluide monophasique étant défini à partir de deux
variables indépendantes, on peut écrire T = T (P, v), soit :
(13)
(3)
(14)
Portons cette valeur de dT dans la 2e équation (2) :
Q
Par soustraction de ces deux équations, on obtient :
(4)
(15)
En identifiant cette relation avec la 3e relation (2), on obtient :
En portant cette valeur de
dans l’équation (13), on obtient :
(5)
De même, à partir de la relation v = v (P, T), on peut écrire :
(6)
(16)
En reportant cette valeur dans la 2e relation de (2) et en identifiant avec la 1re relation (2), on extrait :
C’est la première équation de Clapeyron. Cette relation permet d’avoir l’expression de cv en fonction du volume à partir de
l’équation d’état du fluide : f (P, V, T) = 0.
1.1.2.2 Utilisation des fonctions d’état : enthalpie h
et entropie s
(7)
(17)
En portant l’expression (3) dans (6), on obtient :
(18)
En appliquant les
équations (17) et (18) :
On en déduit :
propriétés
des
fonctions
d’état
aux
(19)
(8)
Compte tenu de cette relation,
s’exprime par :
(20)
, donné par l’équation (7),
(21)
(9)
En portant cette valeur de
dans l’équation (19), on obtient :
(22)
1.1.2 Équations de Clapeyron et de Mayer
Pour obtenir ces équations, on utilise la propriété mathématique des fonctions d’état, à savoir que, si E est une fonction
d’état et si E = f (X, Y) :
C’est la deuxième équation de Clapeyron qui permet d’avoir
l’expression de cp en fonction de la pression à partir de l’équation
d’état du fluide.
1.1.2.3 Relation de Mayer
(10)
Si on compare les équations (7) et (15), d’une part, ou (9) et (21),
d’autre part, on a :
1.1.2.1 Utilisation des fonctions d’état : énergie interne u
et entropie s
En introduisant certaines des équations (2) dans les expressions
des
variations
des
fonctions
d’état
présentées
dans
l’article [BE 8 064], on a :
(11)
ce qui conduit à :
(12)
BE 8 066 – 4
(23)
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__________________________________________________________________________________________________ GÉNÉRATEURS THERMOMÉCANIQUES
C’est la relation de Mayer.
On en déduit :
En utilisant les notions de coefficient de dilatation isobare :
(34)
(24)
et de coefficient d’accroissement de pression isochore :
1.2 Caractéristiques thermodynamiques
des fluides
(25)
les divers coefficients calorimétriques peuvent s’écrire :
Les fluides de travail des convertisseurs thermomécaniques
peuvent se trouver sous forme liquide, gazeuse, vapeur ou diphasique liquide-vapeur. Les formes liquide, gazeuse et vapeur apparaissent sur la figure 1. Elles sont séparées par des courbes
d’équilibre. L’équilibre liquide-vapeur est limité à droite par le point
critique de température TC et de pression PC . Pour les basses pressions, le fluide est à l’état de vapeur, pour les pressions plus élevées, il est liquide. Au-delà de la température critique, le fluide est
un gaz. Les trois états physiques (solide, liquide, vapeur) sont présents au point triple (Tpt , Ppt). La figure 2 permet de mettre en évidence, en plus des états liquide, vapeur et gazeux, la zone
diphasique (liquide/vapeur).
(26)
et la relation de Mayer :
(27)
Ainsi, pour l’ensemble des six coefficients, il suffit d’en déterminer un seul, cp par exemple (ou cv), pour avoir les cinq autres à
condition de connaître l’équation d’état du fluide f (P, v, T ) = 0 qui
permet de calculer αp et βv .
Dans le cas des gaz ou des vapeurs, on fait souvent l’hypothèse
d’un comportement du gaz parfait dont les caractéristiques s’expriment par des relations relativement simples.
1.1.3 Expressions des variations des fonctions
d’état
Considérant les diverses expressions ci-dessus, il est possible
d’exprimer les variations des fonctions d’état classiques en utilisant les paramètres de base, les deux capacités thermiques et la
fonction d’état du fluide f (P, v, T ) = 0.
P
Point
critique
1.1.3.1 Énergie interne
PC
La variation d’énergie interne [équation (11)] est donnée par :
(28)
Psat
1.1.3.2 Enthalpie
Ppt
Liquide
Solide
Gaz
Point
triple
Équilibre
liquidevapeur
L’équation (17) s’écrit :
Vapeur
(29)
Tpt
1.1.3.3 Entropie
On utilise différentes expressions de la variation d’entropie selon
le couple de variables considéré. Ainsi, on a :
– à partir de l’équation (12) :
T
TC
Tsat
Figure 1 – Courbes d’équilibre d’un corps pur
(30)
P
– à partir de l’équation (18) :
C
Gaz
PC
(31)
TC
maxi
– avec les variables P, v :
Liquide
Psat
(32)
Vapeur
A
B
dT
=0
Diphasique
1.1.3.4 Exergie
mini
La variation d’exergie s’exprime en fonction de l’enthalpie et de
l’entropie [cf. [BE 8 064], équation (90)] :
vᐍ
vC
vv
v
(33)
Figure 2 – Mise en évidence des zones liquide, vapeur, gazeuse
et diphasique
avec Ta température ambiante
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GÉNÉRATEURS THERMOMÉCANIQUES __________________________________________________________________________________________________
Q
1.2.1 Gaz parfait
1.2.1.3 Variation des fonctions d’état
Un gaz parfait (GP) est un gaz ou une vapeur dont les molécules
sont supposées sans interactions entre elles en dehors des chocs
intermoléculaires dus à l’agitation thermique. Bien qu’étant un état
limite, on peut admettre que, sous faible pression et/ou à haute
température, tous les gaz et vapeurs se comportent comme des
gaz parfaits
Compte tenu de la valeur des coefficients αp et βv
[équation (37)], les variations des fonctions d’état se simplifient
dans le cas d’un gaz parfait. On obtient :
(44)
(45)
1.2.1.1 Équation d’état
L’équation d’état d’un gaz parfait f (P, v, T ) = 0 est unique. Elle
est déterminée à partir de l’analyse de son comportement en thermodynamique statistique. On démontre les relations équivalentes
suivantes :
(46)
(47)
(35)
avec N et M
Comme les capacités thermiques ne dépendent que de la température, l’énergie interne et l’enthalpie d’un gaz parfait ne
dépendent également que de la température.
nombre de moles et masse de fluide contenus dans
le volume V,
constante
universelle
(= 8,315 J · mol–1 · K–1),
des
gaz
parfaits
Ainsi, pour un gaz parfait, toute isotherme dT = 0 est en
même temps une isenthalpe dh = 0 et une isoénergie interne
du = 0. Ce constat est important puisque, pratiquement, il permet de justifier, ou non, l’assimilation du comportement d’un
gaz à celui d’un gaz parfait ou d’un gaz réel
volume et masse molaires,
r
constante massique du gaz telle que :
(36)
1.2.1.2 Coefficients calorimétriques
1.2.1.4 Gaz parfait idéal
Pour un gaz parfait, compte tenu de l’équation d’état (35), les
coefficients de dilatation isobare [équation (24)] et d’accroissement
de pression isochore [équation (25)] ont une expression simple :
Le cas particulier où les capacités thermiques sont constantes
est par définition celui du gaz parfait idéal (GPI). Bien que
valable uniquement pour les gaz monoatomiques, ce cas est pris
souvent comme hypothèse, surtout lorsque les écarts de température sont faibles.
(37)
1.2.1.5 Représentation des évolutions
dans les diagrammes thermodynamiques
L’équation de Mayer (27) se simplifie également :
(38)
1.2.1.5.1 Diagramme entropique (T, s)
ou, en introduisant le rapport des capacités thermiques, on a :
Dans ce type de diagramme, les isochores et les isobares sont
obtenues à partir des équations (46) :
(39)
(40)
avec ap et av respectivement pentes des tangentes à l’isobare et à
l’isochore en un point donné.
Par ailleurs on peut noter que, pour un gaz parfait, les capacités thermiques et leur rapport γ ne dépendent que de la
température. En effet, l’application des équations de Clapeyron
(16) et (22), compte tenu de l’équation d’état, entraîne :
On déduit de ces deux relations que, à cp et cv constants (GPI),
les équations de l’isobare et de l’isochore dans le diagramme
entropique sont deux courbes exponentielles :
avec A et B constantes.
(41)
Dans cette représentation (figure 3), le rapport des pentes donne
une mesure de γ car :
Pour les gaz parfaits monoatomiques (hélium, argon, néon,
etc.), la théorie cinétique des gaz met en évidence la constance de
ces paramètres. Pour une mole, on a :
(42)
Par ailleurs, on observe que les isobares et les isochores sont
indépendantes de la pression et du volume. On les obtient simplement par translation l’une par rapport à l’autre. À température
constante, les équations (46) donnent :
Pour les gaz polyatomiques, on peut utiliser une expression du
type :
(43)
dans laquelle les coefficients ai dépendent du fluide considéré.
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__________________________________________________________________________________________________ GÉNÉRATEURS THERMOMÉCANIQUES
P2 = 10
P3 = 100
T
logP
P1 = 1
s1
∆S12
s2 > s 1
2
Q
v1
v 2 > v1
v2
h2 > h1
T2 > T1
dh = 0 h1
(∆S1’2‘)
∆s12
1
dT = 0
’ =1
0
(∆S1’2‘)
v=1
00
v1’ = 1
T1
∆S12
h
s
Valeurs de pressions et de volumes relatives
Figure 5 – Schématisation en diagramme de Mollier des évolutions
d’un gaz parfait idéal
Figure 3 – Schématisation des isobares, des isochores et des
isenthalpes d’un GPI en diagramme entropique
1.2.1.5.3 Diagramme de Mollier (log P, h)
Les deux premières des équations (46), combinées à l’équation
(45) et son intégration pour un GPI, donnent :
P
(50)
soit, une pente de l’isentrope :
T2 > T1
On en déduit l’équation de l’isentrope :
s2 > s1
T1
(51)
s1
avec A et B constantes.
De plus, à une pression donnée, à l’issue d’une évolution d’un
point 1 à un point 2, pour une variation d’entropie ∆s12, l’enthalpie
au point 2 s’exprime par la relation :
v
Figure 4 – Isothermes et isentropes d’un GP en diagramme de
Clapeyron
(52)
Dans ce diagramme, dont une schématisation est donnée sur la
figure 5, et pour un GPI, les isothermes dT = 0 sont confondues
avec les isenthalpes dh = 0 et les isentropes ont une concavité
tournée vers les h positifs. L’écart entre deux isentropes augmente
avec l’augmentation de la pression.
soit :
Les isochores peuvent être déterminées à partir de l’équation
(50). On obtient une équation du même type que celle des
isentropes, avec une pente plus faible :
1.2.1.5.2 Diagramme de Clapeyron (P, v)
En diagramme de Clapeyron (figure 4), une isotherme est représentée par une hyperbole : P = rT/v dont la pente en un point
donné est aT = – P/v. La pente de l’isentrope, donnée par la troisième des équations (46), est as = – γP/v. Si γ est constant (GPI),
l’équation de l’isentrope est :
avec C constante qui dépend de la référence choisie.
(48)
1.2.2 Gaz réels et vapeurs
En effet, si ds = 0, l’équation (46) devient, si γ est constant (GPI) :
Une vapeur n’est qu’un cas particulier d’un gaz, celui où, à température constante, on peut obtenir un liquide par augmentation
de la pression. Sa température doit être inférieure à la température
critique TC du fluide (figure 1). Son comportement physique est
identique à celui d’un gaz.
(49)
Dès que la pression d’un gaz ou d’une vapeur devient importante (ou la température très faible), les molécules gazeuses, en se
rapprochant, interagissent et des écarts apparaissent entre les
avec A constante.
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Q
RT
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Moteurs thermiques
Turbines à gaz et à vapeur.
Moteurs à essence et Diesel
par
Q
André LALLEMAND
Ingénieur INSA
Docteur ès-sciences physiques
Ex-Professeur des universités
Ex-Directeur du département de génie énergétique de l’INSA, Lyon
1.
1.1
1.2
1.3
1.4
1.5
1.6
1.7
Notions de base sur la combustion.................................................
Définitions.................................................................................................
Équations de combustion ou bilan chimique ........................................
Énergétique d’une combustion...............................................................
Conditions nécessaires à l’inflammation ...............................................
Pouvoir comburivore et pouvoir fumigène ...........................................
Analyse des fumées.................................................................................
Exergie d’un mélange combustible........................................................
2.
2.1
2.2
Moteurs à gaz ........................................................................................
Moteurs à flux continu.............................................................................
Moteurs alternatifs à combustion interne (MACI) .................................
—
—
—
11
11
20
3.
3.1
3.2
Installations motrices à vapeur (IMV).............................................
Cycles des IMV .........................................................................................
Exemples d’applications – Énergies échangées – Rendements...........
—
—
—
26
26
28
4.
Couplage TAC/IMV – Cycles combinés...........................................
—
30
5.
5.1
5.2
5.3
Cogénération .........................................................................................
Cogénération avec des moteurs à combustion interne........................
IMV à contrepression et réseau du chauffage .......................................
IMV à condensation et soutirages pour procédés industriels ..............
—
—
—
—
30
31
31
31
6.
Glossaire .................................................................................................
—
32
Pour en savoir plus .......................................................................................
BE 8 068 - 3
—
3
—
3
—
5
—
7
—
8
—
9
—
10
Doc. BE 8 068
p。イオエゥッョ@Z@ュ。イウ@RPRP
C
et article fait suite aux articles [BE 8 064], relatif aux convertisseurs
d’énergie en général, et [BE 8 066], qui traite plus spécifiquement des
générateurs thermomécaniques (machines frigorifiques et pompes à chaleur).
Il présente les applications qui concernent les moteurs thermiques de tous les
types : moteurs à flux continu ou moteurs alternatifs, moteurs à gaz ou
moteurs à vapeur. Certaines parties de cet article peuvent faire appel à des
notions présentées dans les deux articles mentionnés ci-dessus.
Pour leur fonctionnement, la quasi-totalité des moteurs utilisent l’énergie
fournie par des combustibles ou carburants. C’est la raison pour laquelle la
première partie de l’article est consacrée à un exposé bref, mais suffisant pour
la suite de l’article, sur les notions de base de la combustion.
Les machines concernées sont les turbines à gaz ou à combustion, les turboréacteurs, les moteurs Diesel, les moteurs à allumage commandé et les
turbines à vapeur associées à une installation de production de vapeur. Cependant, le but de l’article n’étant pas de fournir des informations techniques sur
ces machines, seuls les principes de leurs fonctionnements ainsi que les cycles
thermodynamiques associés sont détaillés.
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MOTEURS THERMIQUES _____________________________________________________________________________________________________________
Symbole
Unité
rapport (γ – 1)/γ
a’
rapport (k – 1)/k
J·
an
Q
Définition
a
kg–1
an’
J · kg–1
c
m · s–1
vitesse
cp
J · kg–1 · K–1
J · kg–1 · K–1
Unité
J · K–1 · mol–1
s
capacité thermique massique sous
pression constante
J · K–1 · kg–1
K–1
S
J·
S’
J · K–1
t
s
T
course
Ta
K
couple
u
J · kg–1
exergie massique
U
Ex
J
h
J · kg–1
h
m3
fraction massique ou volumique en
hydrogène
Va
Nm3 · kg–1
pouvoir comburivore théorique
Nm3 · kg–1
pouvoir comburivore réel
i
J · kg–1
pouvoir calorifique rapporté à
l’unité de masse de mélange
I ou PCI
J · kg–1
pouvoir calorifique inférieur
enthalpie massique totale
enthalpie
k
coefficient polytropique
Li
limite inférieure d’inflammabilité
Ls
limite supérieure d’inflammabilité
débit massique
kg · mol–1
masse molaire
coefficient de l’équation (7) de
combustion dans l’air humide
s–1
P ou PCS
J · kg–1
P
Pa
pression
Pa
Pa
pression atmosphérique
Pe
Pa
pression partielle d’eau
Pesat
Pa
pression de vapeur saturante de
l’eau
q
J · kg–1
Q
J
r
J · K–1 · kg–1
BE 8 068 – 2
Vf
Nm3 · kg–1
pouvoir fumigène théorique
Nm3 · kg–1
pouvoir fumigène réel
m3 · mol–1
volume molaire
J · kg–1
cylindrée
énergie mécanique massique
échangée
fraction massique ou volumique en
eau dans le carburant
wt
J · kg–1
W
J
énergie mécanique échangée
Weff
J
travail effectif
Wi
J
travail indiqué
Wt
J
travail technique
W
puissance technique
xv
fréquence de battement ou vitesse
de rotation
N
m3
w
masse
volume
Vcyl
w
chaleur latente de vaporisation de
l’eau
kg · s–1
n
volume massique
v
J
kg
énergie interne
V
H
M
·
kg–1
enthalpie massique
J · kg–1
J · kg–1
J
m3
énergie interne massique
exergie
ht
LVe
temps
température ambiante
m
Nm
J·
entropie
entropie créée
température
C
ex
entropie massique
K
Co
kg–1
constante universelle des gaz
parfaits (= 8,314)
fraction volumique en élément i
ti
capacité thermique massique à
volume constant
Définition
richesse du mélange
ri
anergie massique
anergie massique créée par
irréversibilités
cv
Symbole
travail technique massique
titre en vapeur
x, y, z, u, v
nombre d’atomes de carbone,
d’hydrogène, d’oxygène, d’azote et
de soufre dans une mole de
carburant
α
taux d’apport thermique à volume
constant
γ
rapport des capacités thermiques
ou coefficient isentropique
δ
taux de compression ou de détente
quantité de chaleur échangée
ε
rapport volumétrique de
compression
constante massique du gaz
η
rendement
pouvoir calorifique supérieur
chaleur massique échangée
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______________________________________________________________________________________________________________ MOTEURS THERMIQUES
Principaux sigles
Symbole
Unité
θ
°C
température Celsius
Définition
θi
°C
température Celsius d’inflammation
PCI
pouvoir calorifique inférieur
rapport final de compression
PCS
pouvoir calorifique supérieur
PM
pression moyenne
λ
PC
coefficient d’excès d’air
λa
masse volumique
PME
pression moyenne effective
τ
rapport des températures maxi et
mini
PMI
pression moyenne indiquée
ϕ
humidité relative, rapport de
détente préalable
φ
nombre de moles d’eau rapporté au
nombre de moles d’air sec
kg ·
ρ
m–3
m2
Ω
aire d’un piston
m
mc
méc
mél
M
MP
p
pt
q
r
rel
rév
s
SF
th
T
v
xv
:
:
:
:
:
:
:
:
:
:
:
:
:
:
:
:
:
:
:
:
:
:
:
:
:
:
:
:
:
:
:
:
:
:
D
Diesel
GP
gaz parfait
turbine à gaz
turbine à vapeur
température (0 °C) et pression (101 325 Pa)
normales
Les combustibles usuels sont des composés hydrocarbonés.
Dans la très grande majorité des applications, le comburant est
l’air ambiant. Les gaz de combustion ou fumées sont les produits gazeux (voire partiellement liquides sous forme de brouillards) issus de la combustion alors que les cendres sont les
produits solides (imbrûlés solides, éléments minéraux contenus
dans le combustible brut).
Dans le cas d’une combustion vive, qui se développe à partir
de réactions en chaîne et qui est la seule intéressante industriellement, il y a apparition d’une flamme à l’intérieur de laquelle
s’effectue l’essentiel de la combustion.
1.2 Équations de combustion ou bilan
chimique
GPI
gaz parfait idéal
installation motrice à vapeur
MAC
moteur à allumage commandé
MACI
moteur alternatif à combustion interne
P
turbine à combustion
Le carburant et le comburant constituent les réactifs alors que
les gaz de combustion ou fumées, et éventuellement les cendres,
sont les produits de la réaction.
IMV
MD
TAC
TAG
La combustion est une réaction exothermique d’oxydoréduction. Le corps oxydé est le combustible (encore appelé
carburant dans le domaine des moteurs) et le corps réduit est
le comburant.
Beau de Rochas
compresseur
turbine
1.1 Définitions
alternateur
C
T
Q
1. Notions de base
sur la combustion
Principaux sigles
BdR
réchauffeur
TPN
référence
ambiante, air
basse pression
compression
combustion, comburant
Carnot, cycle, compresseur
détente
Diesel
effectif
exergétique
fumées
global
haute pression
indiqué
une des espèces
liquide
minimum, mélange air/combustible
mélange combustible
mécanique
mélange
maximum
moyenne pression
à pression constante, polytropique
point triple
adiabatique
réduit
relatif
réversible
isentropique
source froide
théorique
thermique, à température constante, turbine
à volume constant
à titre en vapeur constant
AL
R
TV
Indices
0
a
BP
comp
c
C
dét
D
eff
ex
f
g
HP
i
j
pouvoir calorifique
Dans les équations globales de combustion, encore appelées
équations de bilan, apparaissent, d’une part, les produits obtenus à partir des réactifs, d’autre part, la quantité de chaleur dégagée par la combustion d’une mole de combustible, appelée aussi
chaleur de combustion.
moteur Diesel
On écrit :
pompe
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MOTEURS THERMIQUES _____________________________________________________________________________________________________________
1.2.4 Équation d’une combustion
stœchiométrique
ou encore :
(1)
Q
Considérant les éléments combustibles (C, H, S) dans le carburant, l’équation globale d’une combustion stœchiométrique est :
1.2.1 Formule brute d’un carburant
(7)
Les carburants courants sont constitués essentiellement de carbone et d’hydrogène, mais aussi, en moindre proportion, d’oxygène, d’azote et/ou de soufre. Ainsi la formule brute est notée :
où :
(8)
(2)
où x, y, z, u et v sont, respectivement, le nombre (pas forcément
entier) d’atomes de carbone, d’hydrogène, d’oxygène, d’azote et
de soufre dans la formule moléculaire du carburant. Il convient de
remarquer que, dans un tel carburant, l’azote est neutre vis-à-vis
de la combustion ; il se retrouve intégralement dans les gaz de
combustion (ou fumées) ; le soufre brûle et l’oxygène est considéré comme un apport de comburant.
Exemple d’application
Énoncé
On considère un carburant dont la composition massique est la
suivante : 84 % de carbone, 13 % d’hydrogène, 2 % de soufre et 1 %
d’oxygène. La pression est égale à la pression atmosphérique (1 bar)
et la température est de 20 °C. À cette température, la pression de
vapeur saturante de l’eau vaut 24 mbar. Il faut trouver, pour une humidité relative de l’air de 80 % :
1. la formule brute du carburant pour une masse de 100 g. On rappelle que l’atome-gramme de carbone a une masse de 12 g, celui de
l’hydrogène de 1 g, celui de l’oxygène de 16 g et celui du soufre de
32 g ;
2. la masse d’air humide nécessaire pour la combustion de 100 g
de carburant ;
3. puis la masse des gaz de combustion pour 100 g de carburant,
en détaillant la masse de chacun des éléments.
1.2.2 Formule brute de l’air
La quasi-totalité des combustions dans les moteurs utilisent l’air
comme comburant ou plus exactement, l’oxygène contenu dans
l’air. Or, l’air a la composition volumique ou molaire suivante :
20,95 % d’oxygène, 78,09 % d’azote, 0,93 % d’argon, 0,03 % de
dioxyde de carbone et des traces d’autres composants. Avec
l’azote, les divers gaz en proportions réduites sont appelés azote
brut, soit en définitive pour la composition de l’air : 20,95 % d’oxygène et 79,05 % d’azote brut. Ainsi, pour une mole d’oxygène, la
formule brute de l’air est la suivante :
Sachant que le véhicule qui fonctionne avec ce carburant
consomme 5 L/100 km, donner sa production massique de CO2 par
km parcouru (masse volumique du carburant : 0,8 kg/L).
(3)
Solution
1. Pour 100 g de carburant, on a :
• 84 g de carbone, soit 84/12 = 7 atomes de carbone ;
1.2.3 Formule brute de l’air humide (AH)
• 13 g d’hydrogène, soit 13 atomes d’hydrogène ;
En général, en plus des éléments cités plus haut, l’air comburant
contient de la vapeur d’eau dont la teneur est mesurée par son
humidité relative :
• 2 g de soufre, soit 2/32 = 0,0625 atome de soufre ;
• 1 g d’oxygène, soit 1/16 = 0,0625 atome d’oxygène.
On en déduit x = 7, y = 13, v = 0,0625 et z = 0,0625, d’où la formule brute :
(4)
où Pe = PNe/(Na + Ne) est la pression partielle de vapeur d’eau dans
l’air à la pression P et Pesat la pression de vapeur saturante de
l’eau à la température de l’air ; Ne et Na étant le nombre de moles
de vapeur d’eau et celui d’air sec contenus dans un volume quelconque V d’air humide. Pour une mole d’air sec, on pose, en appliquant la loi approchée de Raoult :
2. Nombre de molécules de vapeur d’eau dans de l’air contenant
une molécule d’oxygène :
Masse de l’air humide contenant une mole d’oxygène :
(5)
Masse d’air humide nécessaire pour brûler 100 g de fuel est :
139,27 n.
moles de vapeur d’eau dans un air humide à la pression P.
Avec n = (x + y/4 + v – z/2) = 10,28, on obtient : 1 431,9 g
3. La masse de CO2 est égale à 44 × 7 = 308 g ; celle de SO2 :
64 × 0,0625 = 4 g. Pour l’eau, on a : 18 × (13/2 + 4,77 × 10,28 × 0,02)
= 134,6 g et pour l’azote : 28 × 3,77 × 10,28 = 1 085,2 g. Au total, la
masse des gaz de combustion est de 1 531,8 g.
La consommation de carburant du véhicule est égale à
5 × 0,8 = 4 kg/100 km, soit 40 g/km parcouru. Ainsi, la production de
CO2 est de 0,4 × 308 = 123,2 g/km.
En conséquence, pour une mole d’oxygène, le nombre total de
moles d’air humide est :
(6)
Les moles d’eau présentes dans l’air se comportant comme des
inertes vis-à-vis de la combustion, elles se retrouvent intégralement dans les gaz de combustion (ou fumées).
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______________________________________________________________________________________________________________ MOTEURS THERMIQUES
1.3 Énergétique d’une combustion
1.3.2 Pouvoirs calorifiques – Combustion
théorique
1.3.1 Chaleur de combustion
1.3.2.1 Définition
Le pouvoir calorifique (PC) d’un combustible est la
quantité de chaleur dégagée par la combustion complète de
1 kg (pour les solides ou liquides) ou de 1 Nm3 (pour les gaz)
de combustible quelconque pris à 0 °C, les produits de la combustion étant eux-mêmes ramenés aux conditions initiales de
température et de pression ou de volume. Par convention, il est
positif, donc de signe opposé à la chaleur de combustion.
La chaleur de combustion Qc est la quantité de chaleur
échangée entre les réactifs et le milieu extérieur (ME) lors de la
réaction de combustion à condition que les produits soient à la
même température θ0 que les réactifs. Elle doit respecter les
équations de base de la thermodynamique [BE 8 064] :
(9)
La figure 2 schématise les variations énergétiques au cours
d’une combustion et la définition des PC.
Le pouvoir calorifique supérieur (noté P ou PCS) est la
quantité de chaleur fournie par la combustion lorsque dans les
produits de la combustion, ramenés à 0 °C, on considère que
l’eau est condensée en totalité (on suppose que la chaleur
latente de condensation de l’eau LVe0 est récupérée en totalité),
ce qui n’est jamais le cas en pratique.
Dans le cas du pouvoir calorifique inférieur (noté I ou
PCI), l’eau est supposée demeurer en totalité à l’état vapeur
après combustion.
U étant l’énergie interne et H l’enthalpie.
La température de référence θ0 est :
– soit 0 °C ; cette température et la pression atmosphérique correspondent
aux
conditions
TPN
(température-pression
normales) ;
– soit 25 °C ; cette température et la pression atmosphérique,
correspondent aux conditions standard.
En pratique, deux cas peuvent se présenter :
Dans chaque cas, on peut définir le PC soit sous pression
constante PCp (cas le plus fréquent), soit à volume constant
PCv.
– la combustion a lieu sous pression constante : la chaleur de
combustion correspond alors à la variation d’enthalpie du système
[équation (9)]. C’est le cas le plus fréquent. Elle se développe dans
les chaudières, les turbines à gaz, les turboréacteurs et, en première approximation, dans les moteurs Diesel. La figure 1a schématise cette variation d’enthalpie ;
– la combustion a lieu à volume constant : la chaleur de combustion correspond alors à la variation d’énergie interne du système [équation (9)]. On admet, en première approximation, que
c’est ce type de combustion qui a lieu dans les moteurs à allumage
commandé. La figure 1b schématise la chaleur de combustion
relative à ce cas.
Ces définitions correspondent à des cas extrêmes mais sont
utiles pour analyser les échanges énergétiques dans beaucoup
de cas pratiques où l’eau peut être partiellement condensée, le
reste étant à l’état de vapeur.
Les valeurs des PC des combustibles et les chaleurs de
combustion sont bien évidemment liées.
On rappelle qu’1 Nm3 correspond à 1 m3 de gaz pris dans
les conditions TPN (0 °C, pression atmosphérique normale :
101 325 Pa) et que le volume occupé par une mole dans ces
conditions est de 22,4 L.
Avec les conventions thermodynamiques, le système en
combustion dégageant de la chaleur, la chaleur de combustion est
négative.
Réactifs à q0
Énergie
Enthalpie
Qc = ∆Hc
Réactifs à q0
Qc = ∆Uc
∆Hc
Produits à q0
interne
∆Uc
Produits à q0
q0 = température de référence = 0 °C (TPN) ou 25 °C (standard)
a combustion sous pression constante
(chaudières, turbines à gaz, turboréacteurs,
moteurs Diesel)
b combustion à volume constant (moteurs
à allumage commandé)
Figure 1 – Schématisation des chaleurs de combustion
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BE 8 068 – 5
Q
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MOTEURS THERMIQUES _____________________________________________________________________________________________________________
Q
Réactifs à q0
contenant 1 kg ou
1 Nm3 de combustible
Enthalpie
Chaleur de
combustion
PCIp PCSp
∆Hc
Pouvoir
calorifique
Réactifs à q0
contenant 1 kg ou
1 Nm3 de combustible
Énergie
interne
Chaleur de
combustion
PCIv PCSv
∆Uc
Pouvoir
calorifique
Produits à q0
Eau à l’état vapeur
Produits à q0
Eau à l’état vapeur
Produits à q0
Eau à l’état liquide
LVe0
Produits à q0
Eau à l’état liquide
∆UVe0
q0 = température de référence = 0 °C (TPN)
a combustion sous pression constante
b combustion à volume constant
Figure 2 – Évolution énergétique due à une combustion et relation entre les chaleurs de combustion et les pouvoirs calorifiques
1.3.2.2 Relations entre les pouvoirs calorifiques
convention, entre le début et la fin de la combustion), on peut
écrire :
1.3.2.2.1 Relations entre PCI et PCS
(13)
Pour une combustion sous pression constante, la relation entre
le pouvoir calorifique supérieur, (PCS)p ou Pp, et le pouvoir calorifique inférieur, (PCI)p ou Ip, en négligeant la présence d’eau due à
l’humidité de l’air, est :
Le changement de signe est dû au changement de signe entre
les PC et les variations d’enthalpie ou d’énergie interne.
Avec l’hypothèse du gaz parfait
([BE 8 066], § 1.2.1.1),
la relation entre les PC à pression et à volume constants est :
(10)
(14)
pour les combustibles solides ou liquides, puisque 2 kg d’hydrogène donnent 18 kg d’eau.
où N est le nombre de moles sous forme gazeuse uniquement.
Dans cette expression LVe0, h et w sont respectivement la chaleur latente massique de vaporisation de l’eau à 0 °C
(≅ 2 500 kJ · kg–1 ou 2 009 kJ · Nm–3), les fractions massiques en
hydrogène et en eau (humidité dans le cas de certains combustibles solides) du combustible.
1.3.2.3 Influence des paramètres externes
1.3.2.3.1 Variation du pouvoir calorifique
avec la température
Tant que les écarts ne sont pas trop importants, la température a
une influence négligeable sur la valeur du PC. Ainsi, définir un PC
à 0 °C (conditions TPN) ou à 25 °C (conditions standards) est équivalent. En effet, la différence est celle qui existe entre la variation
d’enthalpie ou d’énergie interne entre ces deux températures pour
les réactifs et les mêmes variations pour les produits. Elle est totalement négligeable par rapport aux valeurs usuelles des PC.
Pour les combustibles gazeux, on a :
(11)
puisqu’une mole (ou 1 Nm3) d’hydrogène donne une mole (ou
1 Nm3) d’eau et une mole (ou 1 Nm3) d’hydrocarbure CxiHyi donne
yi /2 moles (ou yi /2 Nm3) d’eau. Dans ce cas, h, w et cxihyi sont respectivement les fractions molaires ou volumique en hydrogène, en
eau (éventuellement dans certains combustibles gazeux) et en gaz
du type CH4 ou C3H8, par exemple.
1.3.2.3.2 Influence des inertes
La quantité de chaleur dégagée par la combustion ne dépend
pas des inertes, mais le PC étant défini par rapport à l’unité de
masse ou de volume du combustible, les inertes influencent la
valeur du PC s’ils sont présents dans le combustible. C’est le cas
de l’eau présente sous forme d’humidité et des cendres, par
exemple. En revanche, leur présence dans le comburant n’a
aucune influence (la chaleur de combustion est la même avec l’air
qu’avec l’oxygène pur).
1.3.2.2.2 Relations entre PCp et PCv
La différence entre ces deux PC est la même qu’entre les variations d’enthalpie et d’énergie interne. Pour une opération isobare,
par définition de l’enthalpie ([BE 8 064], § 1.2.6.2.3), on a :
(12)
1.3.2.3.3 Pouvoirs calorifiques des mélanges de gaz,
des liquides ou des solides
Les combustibles gazeux sont très souvent des mélanges contenant non seulement des éléments combustibles, mais également
des éléments inertes comme l’azote et le dioxyde de carbone. Pour
déterminer leur pouvoir calorifique, on applique l’hypothèse des
gaz parfaits, à savoir, l’absence d’interactions des molécules entre
La différence n’existe que dans la mesure où il y a une variation
de volume. Or, compte tenu que le volume d’un solide ou d’un
liquide est négligeable (dans les conditions habituelles de la
combustion), il ne faut prendre en compte que les volumes
gazeux. Par ailleurs, comme les enthalpies et énergies internes ne
sont fonction quasiment que de la température (la même, par
BE 8 068 – 6
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SP
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
beXPVX
______________________________________________________________________________________________________________ MOTEURS THERMIQUES
(c’est-à-dire échangée avec le milieu extérieur) est nulle, ce qui est
souvent le cas, en première approximation, des moteurs à combustion interne, on peut calculer la température dite adiabatique de combustion.
elles. Ainsi, le PC d’un mélange s’obtient en additionnant les PC de
chacun des gaz pondérés par leur fraction volumique ti dans le
mélange :
(15)
On peut aussi trouver directement, dans la littérature, les
variations d’enthalpie entre deux températures pour différents
carburants, pour l’air et pour les différents gaz contenus dans
les fumées.
Une telle hypothèse n’est pas admissible pour les combustibles liquides ou les solides. PC doit alors être déterminé soit
expérimentalement, soit à partir de corrélations semi-empiriques dont on trouve des variantes dans la littérature.
1.4 Conditions nécessaires
à l’inflammation
1.3.3 Chaleur dégagée par une combustion réelle
et température des gaz de combustion
(ou fumées)
1.4.1 Limites d’inflammabilité
Contrairement aux conditions de définition des pouvoirs calorifiques, dans le cas d’une combustion réelle, les gaz de combustion
ou fumées ne sont jamais dans les mêmes conditions de température que les réactifs. En revanche, on peut considérer que la combustion a lieu sous pression ou à volume constants.
Pour réaliser une combustion, les réactifs en présence ne
doivent pas être nécessairement dans les proportions indiquées
dans l’équation stœchiométrique. Cependant, il convient de respecter certaines limites par rapport à ces proportions. On définit
ainsi une limite inférieure d’inflammabilité Li (valeur inférieure
de la proportion de combustible) qui correspond à un mélange
pauvre en combustible et une limite supérieure d’inflammabilité Ls (valeur supérieure de la proportion de combustible) qui correspond à un mélange riche en combustible.
Ainsi, soit une combustion sous pression constante d’un état 1 à
un état 2 quelconques (figure 3a). Compte tenu de la propriété de
fonction d’état de l’enthalpie, on peut remplacer l’évolution réelle
1-2 (étape de combustion réelle) par l’évolution 1-0m, suivie par
une étape de combustion dans les conditions de définition du PC
0m-0f, puis d’une évolution 0f-2 (où l’indice m représente le
mélange combustible/comburant et l’indice f les fumées ou gaz de
combustion). On peut alors écrire (indice dég pour dégagée) :
Ces limites d’inflammabilité dépendent de la nature du combustible et de celle du comburant. La présence d’éléments inertes
(par exemple azote ou dioxyde de carbone) n’agit que très peu sur
la limite inférieure mais beaucoup sur la limite supérieure.
(16)
1.4.2 Température d’inflammation
De cette équation et de l’expression d’une variation d’enthalpie,
on tire la quantité de chaleur dégagée (positive par convention)
par unité de masse du combustible :
Une combustion vive ne peut avoir lieu que si la température
des réactifs atteint une certaine valeur dite température
d’inflammation θi ou d’auto-inflammation, qui dépend de la
nature du combustible et de celle du comburant. Plus la molécule
est lourde, plus la température d’inflammation est basse.
(17)
Cette relation permet, pour des conditions initiales données et
connaissant les capacités thermiques des divers éléments (les
indices c et a représentent le carburant et l’air) soit de calculer la
quantité de chaleur dégagée pour une température donnée des
fumées, soit de calculer la température des fumées connaissant la
quantité de chaleur dégagée. En particulier, si la chaleur dégagée
Exemple : tandis que pour le méthane (CH4) dans l’air, elle est de
580 °C, elle n’est plus que de 220 °C pour l’octane (C8H18).
De même, lorsque le nombre de liaisons multiples dans la molécule augmente, la température d’inflammation diminue.
Enthalpie
Qdég
q1
P
1
q2
2
Réactifs ou
mélange
∆Hc = ∆H0m0f
1 Réactifs à q1
∆H0m1
0m
∆H12
P
Fumées
PCp
0m
0f
Qdég
2
Produits à q2
q0 = 0 °C
q0 = 0 °C
P
Réactifs à q0
contenant 1 kg ou
1 Nm3 de combustible
P
∆H0f2
PC
Produits à q0
a schématisation du chemin théorique de calcul
0f
b représentation des sauts énergétiques
Figure 3 – Combustion réelle
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SQ
BE 8 068 – 7
Q
Q
SR
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Convertisseurs thermomécaniques
Conversion de l’énergie. Cycles générateurs
par
André LALLEMAND
Ingénieur, Docteur-ès-Sciences
Professeur des Universités en retraite
Ancien directeur du département de génie énergétique de l’INSA de Lyon
1.
1.1
1.2
1.3
2.
2.1
2.2
2.3
Conversion de l’énergie......................................................................
Conservation de l’énergie ........................................................................
Création d’entropie. Irréversibilités .........................................................
Cycles thermodynamiques. Convertisseurs
thermomécaniques. Rendements .........................................................
Cycles des générateurs thermiques................................................
Cycles de générateurs à gaz.....................................................................
2.1.1 Cycle de Joule. Coefficient de performance.................................
2.1.2 Cycle de Joule réel..........................................................................
2.1.3 Cycles à air. « Cycle » ouvert .........................................................
Cycles des générateurs à compression de vapeur.................................
2.2.1 Cycle de base. Cycle de Carnot......................................................
2.2.2 Cycle modifié. Cycle de Hirn inversé.............................................
2.2.3 Cycle réel à surchauffe et sous-refroidissement ..........................
2.2.4 Cycles particuliers...........................................................................
Analyse exergétique .................................................................................
2.3.1 Rappels concernant l’exergie.........................................................
2.3.2 Bilan exergétique d’une machine frigorifique..............................
2.3.3 Bilan exergétique d’une pompe à chaleur....................................
2.3.4 Conclusion.......................................................................................
BE 8 050v2 - 3
—
3
—
4
—
5
—
—
—
—
—
—
—
—
—
—
—
—
—
—
—
7
7
7
9
10
11
11
12
13
14
16
16
16
18
20
Pour en savoir plus ........................................................................................ Doc. BE 8 050v2
es convertisseurs thermomécaniques ont pour rôle de convertir l’énergie
thermique en énergie mécanique et vice versa. Ce sont, d’une part, les différents moteurs thermiques : moteurs à essence et moteurs Diesel, turbines à
gaz ou à combustion et turboréacteurs, installations motrices à vapeur, etc.,
d’autre part, les machines frigorifiques et pompes à chaleur à compression
mécanique de gaz ou de vapeur. On les trouve dans tous les secteurs
économiques : transport, industrie, agriculture et résidentiel.
L’ensemble des quatre articles [BE 8 050] [BE 8 051] [BE 8 052] et [BE 8 053]
consacrés à ces machines ne donne que leur principe de fonctionnement à
travers l’étude des cycles thermodynamiques d’évolution du fluide de travail
conduisant à la conversion d’énergie. Le fonctionnement pratique de ces
machines fait l’objet de nombreux autres articles notamment dans les pack
« Machines hydrauliques, aérodynamiques et thermiques » et « Froid
industriel » et dans la base documentaire « Le chauffage, la climatisation et
l’eau chaude sanitaire ».
Ce premier article [BE 8 050] est consacré d’une façon générale à la conversion de l’énergie et plus spécifiquement aux cycles des générateurs
thermiques qui sont strictement les mêmes pour les machines frigorifiques
et pour les pompes à chaleur.
p。イオエゥッョ@Z@。ッエ@RPQW
L
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SS
BE 8 050v2 – 1
Q
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CONVERTISSEURS THERMOMÉCANIQUES _______________________________________________________________________________________________
Fondamentalement, il en existe deux, l’un adapté aux machines à
compression de gaz, l’autre aux machines à compression de vapeur qui
sont, de loin, les plus nombreuses.
Q
Les articles [BE 8 051] [BE 8 052] et [BE 8 053] sont réservés à une présentation analogue pour les convertisseurs strictement thermomécaniques que sont
les divers moteurs thermiques à gaz, à flux continu ou alternatif et à vapeur.
Symbole
A
Unité
m2
Définition
Symbole
aire, surface
Définition
rapport
R
exposant d’une compression
isentropique
a
Unité
J/(mol · K)
constante universelle des gaz
parfaits
An
J
anergie
r
J/(kg · K)
An’
J
anergie créée
S
J/K
entropie
Anp
W
production anergétique
S’
J/K
entropie créée
an
J/kg
anergie massique
s
J/(kg · K)
an’
J/kg
anergie créée par unité de masse
T
K
température
U
J
énergie interne
Uel
V
potentiel électrique
coefficient de performance
COP
c
m/s
cp
J/(kg · K)
capacité thermique massique sous
pression constante
J/(kg · K)
capacité thermique massique sous
volume constant
cv
d
vitesse du fluide
différentielle totale exacte
Eel
J
énergie électrique
Ex
J
exergie
e
J/kg
énergie massique
el
C
charge électrique
ex
J/kg
exergie massique
F
N
g
m/s2
J/kg
u
force
J
h
J/kg
i
kg/s
débit massique
kg/mol
masse molaire
m
enthalpie
enthalpie massique
longueur
entropie massique
énergie interne massique
V
m3
volume
v
m3/kg
volume massique
W
J
énergie mécanique échangée entre
le système et son milieu extérieur
Wa
J
travail sur l’arbre
Wt
J
travail technique
i
W
puissance technique
w
J/kg
énergie mécanique échangée entre
l’unité de masse du système et son
milieu extérieur
wt
J/kg
travail technique massique
z
m
constante de la gravitation terrestre
H
constante du gaz
altitude
δ
différentielle quelconque, taux de
compression
ε
coefficient d’effet frigorifique
pression
γ
rapport des capacités thermiques à
pression et à volume constants
P
Pa
Q
J
quantité de chaleur échangée entre
le système et son milieu extérieur
η
rendement
i
W
puissance thermique échangée
θ
facteur de Carnot
J/kg
quantité de chaleur échangée entre
l’unité de masse de système et son
milieu extérieur
σ
q
BE 8 050v2 – 2
N/m
τ
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ST
force linéïque
rapport des températures extrêmes
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_______________________________________________________________________________________________ CONVERTISSEURS THERMOMÉCANIQUES
Indices
1
état initial
2
état final
1, 2, 3, 4
points caractéristiques sur un cycle
a, b, c, d
points caractéristiques sur un cycle
basse pression
BT
basse température
Rapporté à l’unité de masse du système, on écrit :
cinétique
(2)
comp
compression, compresseur
cycle
évolution pour la totalité du cycle
ex
avec w et q les énergies massiques correspondantes et la convention de signe suivante :
– les énergies sont comptées positivement si le système reçoit
de l’énergie ;
– elles sont comptées négativement si le système fournit ces
énergies.
exergétique
f
fluide frigorigène
fc
fluide caloporteur
ff
fluide frigoporteur
Q
Figure 1 – Définition d’un système thermodynamique (Σ) et
échanges d’énergies mécanique et thermique avec le milieu
extérieur (ME)
Carnot
BP
c
(ME)
W
ambiante
a
C
Q
(Σ)
Lorsque la transformation est ouverte de 1 à 2 (état final 2 du
système différent de son état initial 1), la somme des énergies
mises en jeu n’est plus nulle : elle est égale à la variation d’énergie
interne U du système :
HP
haute pression
HT
haute température
is
isentropique
M
maximum
m
minimum
p
potentielle
avec u énergie interne massique, qui ne dépend que de l’état du
système (fonction d’état).
Quelle que soit l’évolution de 1 à 2, la variation d’énergie interne
est la même ([BE 8 005], § 2.2).
r
relatif
s
isentropique
t
technique, total
turb
(3)
ou :
(4)
Dans les machines thermiques, la conversion d’énergie thermique/mécanique ou mécanique/thermique est toujours réalisée
par l’intermédiaire d’un fluide : gaz, liquide ou vapeur qui traverse
la machine ou une partie de la machine. Sur le plan thermodynamique, ce fluide constitue le système thermodynamique
(figure 1). Comme ce fluide s’écoule à travers certains systèmes
matériels (pompes, turbines, compresseurs, échangeurs, générateurs de vapeur, etc.), on considère des systèmes matériels
ouverts (figure 2) pour lesquels le fluide entre en 1 et sort en 2.
Au cours de son déplacement en régime permanent dans le système matériel, le fluide a évolué d’un état 1 à un état 2. Dans de
tels systèmes matériels isochores, le fluide ou système thermodynamique (Σ) ne peut échanger de l’énergie mécanique avec le
milieu extérieur que par l’intermédiaire d’éléments mobiles contenus à l’intérieur du système matériel (pistons, roues de turbine ou
de pompe, etc.) et avec le reste du fluide situé dans les canalisations d’entrée 1 et de sortie 2, qui thermodynamiquement fait alors
partie du milieu extérieur (ME). Si aux points 1 et 2 de ces canalisations la pression vaut respectivement P1 et P2 , l’énergie mécanique mise en jeu par l’effet piston du fluide extérieur lors du
déplacement des frontières de 1 à 1’ et de 2 à 2’ est respectivement P1V1 et − P2V2 , où V1 et V2 sont les volumes compris entre 1
et 1’ d’une part, 2 et 2’ d’autre part. En séparant le travail sur
l’arbre Wa ou plus exactement l’énergie mécanique échangée avec
les éléments mobiles éventuels du système matériel Wt des autres
énergies mécaniques échangées avec le milieu extérieur,
l’équation (3) s’écrit :
aux bornes de la turbine, détente
1. Conversion de l’énergie
La conversion de l’énergie, mise en jeu dans les machines
thermiques, soit dans les moteurs thermiques (moteurs alternatifs, installations motrices à vapeur, turbines à gaz, turboréacteurs) ou les générateurs thermiques (machines frigorifiques,
pompes à chaleur), a pour base les deux principes de la
thermodynamique : celui de la conservation de l’énergie d’une part
[BE 8 005], celui de l’évolution naturelle des systèmes ou de la
non-conservation de l’entropie d’autre part [BE 8 007].
1.1 Conservation de l’énergie
En se limitant aux énergies de types mécanique et thermique, le
principe de la conservation de l’énergie stipule que, au cours d’une
transformation fermée, qui permet à un système après une
évolution (ou transformation) de retrouver son état initial, la
somme des énergies mécanique et thermique échangées avec le
milieu extérieur est nulle :
(1)
avec W
Q
(5)
énergie mécanique échangée entre le système Σ et son
milieu extérieur ME (figure 1),
Notons que, entre Wt et Wa , il y a une dissipation d’énergie
mécanique due aux frottements divers. Wt est aussi appelé travail
technique.
quantité de chaleur échangée.
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BE 8 050v2 – 3
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CONVERTISSEURS THERMOMÉCANIQUES _______________________________________________________________________________________________
Cette équation est fondamentale en matière de machines thermiques car elle lie la puissance mécanique technique ou
« utile » et la puissance thermique par l’intermédiaire du débit
massique, facile à connaître, et de l’enthalpie, également facile à
déterminer puisque dans de très nombreux cas (gaz, vapeurs et
liquides loin du point critique), elle ne dépend que de la température [BE 8 020].
Q
T
1
Wt
1‘
(ME)
2‘
(ME)
P1
v1
c1
Q
2
(Σ)
Wa
P2
v2
c2
1.2 Création d’entropie. Irréversibilités
Quel qu’en soit le type, l’énergie est toujours obtenue en faisant
le produit de deux grandeurs dont l’une a un caractère intensif (qui
ne dépend pas de la quantité de système considéré), l’autre a un
caractère extensif (qui dépend de la quantité de système). La pression et la température, par exemple, ont un caractère intensif ; le
volume V, la masse M, l’énergie interne U, donc l’enthalpie H, ont
un caractère extensif. Ainsi :
Figure 2 – Représentation schématique de la transformation 1-2
d’un fluide (système thermodynamique (Σ) lors de son passage
à travers un système matériel ouvert)
Dans le cas d’un régime de fonctionnement permanent, tout se
passe comme si une certaine quantité de fluide évoluait de la
situation 1 à la situation 2 après avoir traversé le système matériel
et échangé avec lui de la chaleur et du travail. Pour l’unité de
masse du fluide, les énergies mécaniques échangées entre le
fluide « système » et le fluide « milieu extérieur » est P1v1 et − P2v2
respectivement (avec v le volume massique du fluide). En notant
par wt l’énergie mécanique échangée entre l’unité de masse du
fluide (ou travail technique massique) et les éléments mobiles de
la machine, l’équation (5) dévient :
– l’énergie
s’écrire :
mécanique dans sa forme élémentaire peut
(12)
avec F force (variable intensive) et
extensive),
le déplacement (variable
σ tension superficielle (variable intensive),
A aire (variable extensive) ;
(6)
– l’énergie électrique :
avec h enthalpie du fluide qui est, par définition, donnée par :
(13)
(7)
avec Eel
Comme u, h est une fonction d’état, c’est-à-dire une grandeur
qui a une valeur bien déterminée et unique pour un état donné du
fluide.
En fait, lorsqu’une unité de masse du fluide entre dans le système matériel, elle dispose d’une certaine énergie cinétique et
d’une énergie potentielle gravifique qui peut être différente de
celles qu’elle a en sortie du système. Il faut bien évidemment, dans
ce cas général, tenir compte de ces différences d’énergie qui
doivent provenir des interactions mécaniques et thermiques que le
fluide a avec le milieu extérieur :
avec T
S
– un transfert de chaleur ne peut avoir lieu que s’il y a une différence de température (variable intensive) entre les deux corps ;
– un écoulement de fluide ne peut avoir lieu que s’il y a une différence de pression (variable intensive) entre deux sections de
l’écoulement ;
– un courant électrique ne peut se développer dans un conducteur que s’il y a une différence de potentiel électrique entre deux
sections de ce conducteur, etc.
Le transfert se fait toujours dans un seul sens : de la zone à
haute valeur intensive vers la zone à faible valeur intensive. On
constate alors que ce transfert irréversible nécessaire aux activités humaines a comme corollaire une création d’entropie. Un
exemple très simple est illustré par la figure 3. Un corps à la température T1 donne une quantité de chaleur δQ à un corps plus froid
à la température T2 . L’application de l’équation (14) à chacun des
deux corps donne :
(10)
Dans de nombreuses situations, il est possible de négliger les
variations d’énergies cinétique et potentielle gravifique du fluide.
L’équation se simplifie alors :
BE 8 050v2 – 4
i
entropie qui est la variable extensive liée à la chaleur.
Par ailleurs, des considérations expérimentales simples
montrent que toute évolution naturelle d’un système nécessite
d’avoir des gradients des grandeurs intensives :
Ainsi, la puissance mécanique mise en jeu dans une machine
peut
s’obtenir
en connaissant, d’une part, la puissance thermique
i
i
échangée entre le fluide
i et l’extérieur lors de sa traversée du système matériel, avec
le débit massique du
fluide,
i
d’autre part, la variation de puissance enthalpique totale
du
fluide lors de son passage de l’état 1 à l’état 2 :
i
température (variable intensive),
Comme toutes les variables extensives, l’entropie ne dépend
que de la quantité du système considéré et de son état. En particulier, lorsqu’un système évolue de manière cyclique (mêmes
états final et initial), sa variation d’entropie est nulle.
enthalpie totale qui englobe l’enthalpie, l’énergie
cinétique ec et l’énergie potentielle gravifique ep du
fluide.
i
charges électriques mises en jeu.
(14)
(9)
ht
potentiel électrique,
el
Pour l’énergie thermique, on écrit :
(8)
avec
énergie électrique,
Uel
(15)
(11)
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SV
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_______________________________________________________________________________________________ CONVERTISSEURS THERMOMÉCANIQUES
dS' = entropie créée
dS1
T
dS2
T1
T2 < T1
T2
Qb < 0
Qa > 0
δQ
Qa > |Qb |
Figure 3 – Transfert de chaleur et d’entropie entre deux corps
à températures différentes
W=–Q<0
S
Comme T2 < T1 , on en déduit que |dS2| > |dS1| . Le transfert irré
versible de chaleur crée une quantité d’entropie dS ’ égale à la différence des flux entropiques reçu et cédé par chacun des corps :
Figure 5 – Cycle quelconque d’évolution d’un fluide conduisant
à un travail moteur (ou générateur si les flèches sont inversées)
Dans le premier cycle d’évolutions : 1c2a1, l’échange thermique global Q est positif : le système a globalement reçu de la
chaleur et l’équation (1) implique qu’il a fourni du travail au milieu
extérieur (W < 0). Pour le cycle 1c2b1, c’est le contraire.
(16)
Dans cet exemple, dS1 est négatif (perte d’entropie pour le corps
1 alors que dS2 est positif (gain d’entropie pour le corps 2) ; dS ’ est
toujours positif. On note que, pour éviter la création d’entropie, il
faut que l’échange de chaleur ait lieu entre deux corps à la même
température T1 = T2 . Cet échange réversible, puisque la chaleur
peut alors aller aussi bien du corps 1 vers le corps 2 que l’inverse,
n’est que théorique : son efficacité est basée sur un temps
infini [BE 8 007].
On peut ainsi conclure que, lorsque dans ce diagramme, un
cycle d’évolution est décrit dans le sens des aiguilles d’une
montre, le travail mis en jeu au cours du cycle est négatif. C’est le
cas d’un moteur thermique. Lorsque le cycle est décrit dans le
sens trigonométrique, on a affaire à un générateur thermique
comme une machine frigorifique ou une pompe à chaleur ; le système dans ce cas consomme de l’énergie mécanique et au total
fournit de la chaleur.
1.3 Cycles thermodynamiques.
Convertisseurs thermomécaniques.
Rendements
Ce type de représentation permet aussi d’avoir une image de
l’énergie mécanique mise en jeu puisque, selon l’équation (1),
celle-ci est représentée par l’aire du cycle :
Considérons l’évolution d’un fluide entre un état 1 et un état 2 et
la représentation schématique de cette évolution dans un
diagramme entropique T, S (figure 4). Selon l’équation (14), l’aire
sous-tendue par la ligne 1c2 représente l’énergie thermique Q1c2
échangée entre le fluide et son milieu extérieur au cours de cette
évolution à condition que T soit la température uniforme de la
totalité du fluide. Dans l’exemple de la figure, elle est positive : le
fluide reçoit de la chaleur (et de l’entropie) au cours de cette évolution. Si le fluide revient à son état initial en empruntant un chemin
thermodynamique différent, la quantité de chaleur mise en jeu au
cours du retour est encore mesurée par l’aire sous-tendue par
l’évolution. Deux cas se présentent alors :
Cela n’est strictement toujours vrai que si la température
reste uniforme dans la totalité du système fluide au cours de
son évolution ou, d’une manière plus générale, si toutes les
évolutions au cours du cycle sont faites de manière réversible.
Les irréversibilités peuvent rendre caduque cette affirmation.
Corrélativement, on peut noter que un cycle quel qu’il
soit, pourvu que son aire soit non nulle, peut servir de
base à la conception d’un moteur ou d’un générateur
thermique, donc d’un convertisseur thermomécanique
(figure 5).
– soit le retour se fait par un chemin du type 2a1 qui donne un
échange thermique Q2a1 inférieur (en module) au retour par rapport à l’aller ;
– soit le retour se fait par 2b1 et la quantité de chaleur Q2b1 est
plus forte (en module).
Un cycle quelconque, comme le cycle 1c2a1 de la figure 4, met
aussi en évidence le fait que les échanges thermiques peuvent être
divisés en deux parties :
T
– de la chaleur Q1c2 échangée avec un milieu extérieur réputé
chaud, correspondant aux plus hautes températures du cycle,
notée Q1 dans la suite ;
– et de la chaleur Q2a1 échangée avec un milieu extérieur réputé
froid, notée Q2 dans la suite.
b
c
2
a
1
On peut alors représenter les échanges énergétiques entre le
fluide et l’ensemble du milieu extérieur, selon le cas du moteur
thermique ou celui du générateur thermique par les schémas de la
figure 6.
Q1c2
S1
S2
S
Considérant que l’origine du fonctionnement d’un moteur thermique est l’énergie thermique Q1 qu’il reçoit du milieu extérieur à
plus haute température (ME-HT) (figure 6a et figures 7a et b ), la
Figure 4 – Quantité de chaleur échangée au cours d’une évolution
1c2
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Q
Q
SX
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Convertisseurs thermomécaniques
Cycles moteurs à gaz : Stirling et Joule
par
Q
André LALLEMAND
Ingénieur, Docteur-ès-Sciences
Professeur émérite des universités,
Ancien directeur du département de Génie énergique de l’INSA de Lyon
1.
1.1
1.2
1.3
1.4
2.
2.1
2.2
2.3
2.4
2.5
Moteurs à apport externe de chaleur
et rendement maximal............................................................................
Type de cycles et rendement ......................................................................
Conditions nécessaires pour les transformations ....................................
Cas particuliers des transformations polytropiques.................................
Applications. Moteurs alternatifs à apport externe de chaleur................
1.4.1 Généralités ..........................................................................................
1.4.2 Exemple du moteur de Stirling .........................................................
Cycle de Joule et cycles dérivés.
Turbines à gaz et à combustion ...........................................................
Cycle de Joule..............................................................................................
2.1.1 Cas respectant la réversibilité............................................................
2.1.2 Cycle réel .............................................................................................
Cycle de Joule à récupération ....................................................................
Cycle à compression refroidie et détente réchauffée ...............................
Turbines à combustion................................................................................
2.4.1 Analyse énergétique...........................................................................
2.4.2 Analyse exergétique...........................................................................
Turbomoteurs et turboréacteurs ................................................................
BE 8 051 - 3
—
3
—
3
—
4
—
4
—
4
—
5
—
—
—
—
—
—
—
—
—
—
6
6
6
8
9
10
10
10
12
15
omme pour les générateurs thermiques, deux grands types de fluides
sont à la base du fonctionnement des moteurs : des gaz d’une part, des
fluides diphasiques (liquide-vapeur) d’autre part. En revanche dans certains
moteurs, l’apport de chaleur par transfert du milieu extérieur vers le fluide
thermodynamique est remplacé par une réaction chimique de combustion à
l’intérieur même de la machine : ce sont les moteurs à combustion interne.
Ainsi, en plus du classement par type de fluide, on classe aussi les moteurs en
moteurs à combustion interne et moteurs à combustion externe ou à apport
de chaleur externe. Un autre élément intervient aussi sur le type de cycle mis
en œuvre. Il s’agit du mode d’écoulement du fluide dans le moteur. On a affaire
à des écoulements soit continus, c’est le domaine des turbines, soit
discontinus, c’est le domaine des moteurs alternatifs.
L’étude des moteurs à gaz fait l’objet de deux dossiers.
Dans le présent dossier, on traite des cycles à rendement maximal d’une part,
des machines dont le cycle de base est le cycle de Joule, c’est-à-dire des
turbines à gaz et turboréacteurs, d’autre part.
Si on peut imaginer une infinité de cycles à rendement maximal, c’est-à-dire
dont le rendement équivaut à celui du cycle de Carnot, on montre que la réalité
est moins intéressante et que les applications correspondantes que sont les
moteurs de Stirling ou d’Ericsson, par exemple, sont loin d’atteindre ces
valeurs de rendement. Cependant, ces moteurs alternatifs pourraient bénéficier
d’un bon développement du fait que l’apport de chaleur est externe, donc que
les sources d’énergie peuvent être variées, notamment à base d’énergie renouvelable.
p。イオエゥッョ@Z@ェ。ョカゥ・イ@RPPW@M@d・イョゥ│イ・@カ。ャゥ、。エゥッョ@Z@ュ。ゥ@RPQW
C
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est strictement interdite. −© Editions T.I.
SY
BE 8 051 − 1
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
beXPUQ
CONVERTISSEURS THERMOMÉCANIQUES
Q
__________________________________________________________________________________________________
Si le cycle moteur de Joule et ses dérivés, notamment avec récupération de
chaleur, permettent de modéliser simplement le fonctionnement des turbines à
gaz, on note que la plupart de ces machines à flux continu sont en réalité des
machines à combustion interne. L’évolution du fluide n’est alors plus cyclique
et la combustion remplace l’apport thermique de la source chaude. Le lien
entre les deux types d’opération, apport thermique par une source chaude et
combustion, est mis en évidence dans ce dossier où l’analyse exergétique, qui
prend également une certaine place, permet de montrer que le cycle de Carnot
associé à ce type de machine a un rendement égal à l’unité.
Le dossier suivant [BE 8 052] est indissociable de ce dossier. Il traite de
machines extrêmement présentes dans notre environnement et qui font une
rupture totale avec les machines à deux sources : ce sont les moteurs alternatifs à combustion interne.
Notations et symboles
Symbole
Unité
a
an
an′
c
cp
J/kg
J/kg
m/s
J/(kg · K)
cv
J/(kg · K)
E
ec
ex
F
h
i
J/kg
J/kg
N
J/kg
J/kg
k
Ṁ
M
P
PCI
kg/s
kg/mol
Pa
J/kg
Q
J
q
J/kg
R
r
ri
S
s
T
u
V
v
Va
W
J/(mol · K)
J/(kg · K)
J/K
J/(kg · K)
K
J/kg
m3
m3/kg
m3/kg
J
BE 8 051 − 2
Notations et symboles
Définition
Symbole
Unité
Définition
exposant d’une compression
isentropique
anergie massique
anergie massique créée
vitesse du fluide
capacité thermique massique sous
pression constante
capacité thermique massique sous
volume constant
efficacité
énergie cinétique massique
exergie massique
force, poussée
enthalpie massique
pouvoir calorifique rapporté à l’unité
du masse de mélange
exposant polytropique
débit massique
masse molaire
pression
pouvoir calorifique inférieur rapporté à
l’unité de masse de carburant
quantité de chaleur échangée entre le
système et son milieu extérieur
quantité de chaleur échangée entre
l’unité de masse de système et son
milieu extérieur
constante universelle des gaz parfaits
constante du gaz
richesse d’un mélange combustible
entropie
entropie massique
température
énergie interne massique
volume quelconque
volume massique
pouvoir comburivore théorique
énergie mécanique échangée entre le
système et son milieu extérieur
w
J/kg
wt
α
δ
δ
∆
ε
γ
J/kg
énergie mécanique échangée entre
l’unité de masse de système et son
milieu extérieur
travail technique massique
fraction de récupération thermique
différentielle quelconque
taux de compression
différence
rapport volumétrique de compression
rapport des capacités thermiques à
pression et à volume constants
coefficient d’excès d’air
rendement
masse volumique
rapport des températures extrêmes
λa
η
ρ
τ
kg/m3
Liste des indices
1, 2, 3, 4
a, b, c, d
a
C
cy
ex
ev
f
M
m
r
S
s
source
T
points caractéristiques sur un cycle
points caractéristiques sur un cycle
air
Carnot, compresseur
relatif au cycle
exergétique
évolution
relatif aux fumées
maximum
minimum, relatif au mélange
réduit, relatif
Stirling
isentropique
relatif aux sources thermiques
turbine
Exposant
*
paramètre réduit
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TP
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beXPUQ
__________________________________________________________________________________________________ CONVERTISSEURS THERMOMÉCANIQUES
1. Moteurs alternatifs à
apport externe de chaleur
et rendement maximal
on a :
L’application des premier et deuxième principes permet alors
d’écrire :
冢
Tm
W = – ( Q M + Q m ) = – Q M 1 – --------TM
1.1 Type de cycles et rendement
avec
avec
TM
冕
2
P d v = – w 34 =
1
P
pression,
v
volume massique du fluide.
冕
4
3
Pdv
(5)
Tm
2S
3S
3E
T
2
δq
b
Tm
rendement.
P
dP = 0
3
η
w 12 = –
dv = 0
3C
énergie mécanique échangée entre le fluide et son
milieu extérieur au cours d’un cycle (appelé plus
simplement travail),
Outre les échanges thermiques réversibles avec deux sources de
chaleur uniquement qui impliquent la nécessité d’un cycle
comportant deux isothermes aux températures des sources, les
deux autres transformations des cycles à rendement maximal
doivent être réversibles et obéir à l’équation (1) qui, après intégration, entraîne : q 12 = – q 34 . Le fluide étant considéré comme un
gaz parfait et les températures extrêmes des évolutions 1-2 et 3-4
étant égales, on note que ∆u12 = – ∆u34 (u est l’énergie interne
massique). Ainsi (figure 1b ), on a :
∆s 13 = – ∆s 31 et que ∆s 12 = – ∆s 34
2E
W
1.2 Conditions nécessaires
pour les transformations
冢 冣
T
(4)
On constate que le rendement de ce type de cycle équivaut au
rendement de Carnot ηc d’un moteur.
la chaleur massique nécessaire à l’échauffement entre 1 et 2, q 12 ,
peut être apportée intégralement par le refroidissement entre 3 et
4, q 34 . Ainsi, au cours d’un cycle d’évolution, seuls les échanges
thermiques isothermes Q M et Q m sont à faire avec des éléments
extérieurs (les sources). Comme :
2 2S
(3)
Tm
W
η = – ----------- = 1 – --------- = ηc
QM
TM
La nécessité de la réversibilité implique que pour tous ces
cycles, comme pour le cycle de Carnot, les échanges de chaleur
avec les sources soient isothermes. Ils sont donc constitués de
deux isothermes, à TM (température de la source chaude) et à Tm
(source froide). Les deux autres transformations, isentropiques
dans le cycle de Carnot (figure 1a ), doivent permettre des échanges internes isothermes (réversibles), donc répondre à des caractéristiques particulières. Sur la figure 1a, le cycle 1-2-3-4 répond à
cette nécessité. En effet, si quelle que soit la température T, on
admet que les variations d’entropie massique s obéissent à
l’équation :
δq
δq
= – d s ab = – ------ds cd = ------(1)
T cd
T ab
2C
冣
et :
Il a été rappelé dans le paragraphe 1.3 du dossier [BE 8 050] que
le moteur de Carnot et le cycle associé conduisent au meilleur
rendement possible pour les moteurs thermiques. La démonstration en est faite dans le paragraphe 4.1.3 [BE 8 007]. En réalité,
si aucun cycle ne peut dépasser cette performance, il existe une
infinité de cycles réversibles échangeant de la chaleur avec deux
sources seulement, qui peuvent avoir un rendement équivalent, ce
sont les cycles à rendement maximal parmi lesquels on trouve le
cycle d’Ericsson et le cycle de Stirling.
冢 冣
(2)
∆s 23 = – ∆s 41
c
a
d
q12
2E
1
4
1
3S
3
q34
3E
w12
4
s1
s2
s4
dsab
s3
v1 v2
s
v4
w34
v3
TM
v
dscd
a diagramme entropique
b diagramme de Clapeyron
Figure 1 – Cycles à rendement maximal
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TQ
BE 8 051 − 3
Q
Q
TR
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Convertisseurs thermomécaniques
Cycles moteurs à gaz : Beau de Rochas et Diesel
par
Q
André LALLEMAND
Ingénieur, Docteur-ès-Sciences
Professeur des Universités à l’Institut National des Sciences Appliquées de Lyon
1.
Moteurs alternatifs à combustion interne.
Principe de fonctionnement .................................................................
BE 8 052 - 3
2.
2.1
2.2
Cycles de base ..........................................................................................
Énergie mécanique échangée et diagramme indiqué ..............................
Cycles Beau de Rochas, Diesel et mixte ....................................................
—
—
—
5
5
6
3.
3.1
3.2
3.3
Caractéristiques du fluide et énergies mises en jeu
dans les cycles théoriques ....................................................................
Évolution du fluide ......................................................................................
Étude énergétique .......................................................................................
Comparaison des rendements des cycles de base...................................
—
—
—
—
9
9
10
11
4.
Cycles avec suralimentation .................................................................
—
12
5.
5.1
5.2
5.3
5.4
Amélioration de la modélisation .........................................................
Énergie mécanique......................................................................................
Température atteinte en fin de combustion ..............................................
Rendements .................................................................................................
Comparaison des deux modélisations sur un exemple ...........................
—
—
—
—
—
14
14
15
15
15
p。イオエゥッョ@Z@ェ。ョカゥ・イ@RPPW
L
es convertisseurs d’énergie thermique – mécanique les plus nombreux
sont, sans aucun doute, les moteurs alternatifs à combustion interne
(MACI). Ce sont aussi ceux qui ont la gamme de puissance la plus étendue, de
quelques watts à plusieurs dizaines de mégawatts. Ce sont des moteurs à gaz
qui fonctionnent avec une seule source de chaleur, comme les turbines à gaz
dont les cycles et le principe de fonctionnement sont présentés dans le
dossier [BE 8 051]. Le fluide de travail ne subit pas un cycle thermodynamique,
mais une suite ouverte de transformations : partant d’air et de carburant pris
dans les conditions atmosphériques, on obtient des fumées à l’échappement,
qui se fait à la pression atmosphérique et à une température généralement
encore relativement élevée. L’énergie chimique du carburant remplace l’apport
de chaleur de la source chaude lors de l’évolution cyclique du fluide thermodynamique des moteurs à deux sources.
Cependant, la présentation thermodynamique des moteurs alternatifs à
combustion interne est faite traditionnellement en se basant sur deux cycles
fondamentaux dithermes :
— le cycle Beau de Rochas (ou encore cycle de Otto) qui est un cycle à apport
de chaleur isochore ;
— le cycle Diesel, qui est un cycle à apport de chaleur isobare.
Chacun de ces deux cycles est une modélisation simple de l’évolution du
fluide dans les deux types essentiels de moteurs à combustion : le moteur à
allumage commandé ou encore moteur à essence et le moteur à allumage par
compression ou moteur Diesel.
Mais, comme cette modélisation basique, conçue notamment avec
l’hypothèse du gaz parfait à capacités thermiques constantes, conduit à des
résultats beaucoup trop optimistes pour représenter le fonctionnement d’un
MACI, un modèle plus réaliste et toujours simple à mettre en œuvre est présenté à la fin de ce dossier.
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est strictement interdite. − © Editions T.I.
TS
BE 8 052 − 1
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CONVERTISSEURS THERMOMÉCANIQUES
__________________________________________________________________________________________________
Notations et symboles
Q
Symbole
Unité
C
m
Cp
Notations et symboles
Symbole
Unité
course
v
m3/kg
J/(K · mol)
capacité thermique molaire sous
pression constante
W
J
énergie mécanique échangée entre le
système et son milieu extérieur
Cv
J/(K · mol)
capacité thermique molaire sous
volume constant
Wt
J
travail technique
w
J/kg
cp
J/(kg · K)
capacité thermique massique sous
pression constante
énergie mécanique échangée entre
l’unité de masse du système et son
milieu extérieur
cv
J/(kg. K)
capacité thermique massique sous
volume constant
wt
J/kg
travail technique massique
D
Définition
Définition
volume massique
xi
teneur volumique en élément i
rapport des masses air/fumées
Δ
différence
alésage
ε
rapport volumétrique de compression
γ
rapport des capacités thermiques à
pression et à volume constants
η
rendement
D
m
ec
J/kg
énergie cinétique massique
ep
J/kg
énergie potentielle massique
h
J/kg
enthalpie massique
ϕ
rapport de détente préalable
i
J/kg
pouvoir calorifique rapporté à l’unité
de masse du mélange
λ
rapport de compression finale
exposant polytropique
λa
k
coefficient d’excès d’air
ᐉ
m
déplacement
ρ
kg/m3
M
kg
masse
τ
J/kg
travail massique des forces de
frottement
Ṁ
kg/s
débit massique
Ω
m2
aire d’une section
M
kg/mol
masse molaire
P
Pa
PCI
J/kg
pouvoir calorifique inférieur rapporté
à l’unité de masse de carburant
Q
J
quantité de chaleur échangée entre le
système et son milieu extérieur
q
J/kg
R
J/(mol · K)
r
J/(kg · K)
ri
Liste des indices
pression
1, 2, 3, 4
points caractéristiques sur un cycle
a
air
atm
atmosphérique
quantité de chaleur échangée entre
l’unité de masse du système et son
milieu extérieur
B
Beau de Rochas
c
compression, fluide au cours de la compression
constante universelle des gaz parfaits
co
combustion
constante du gaz
D
Diesel
d
détente, diagramme
f
relatif aux fumées
i
relatif à l’élément i, indiqué
M
mixte
m
relatif au mélange
p
polytropique
r
résiduel
th
théorique, thermique
richesse d’un mélange combustible
s
J/(kg ·K)
T
K
u
J/kg
énergie interne massique
V
m3
volume
Va
m3/kg
Vc
m3
BE 8 052 − 2
masse volumique
entropie massique
température
pouvoir comburivore théorique
cylindrée
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TT
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beXPUR
__________________________________________________________________________________________________ CONVERTISSEURS THERMOMÉCANIQUES
1. Moteurs alternatifs
à combustion interne.
Principe de fonctionnement
Dans la terminologie motoriste, un temps correspondant à un
demi-tour de vilebrequin, un moteur à quatre temps est un
moteur pour lequel le vilebrequin doit effectuer deux rotations
complètes pour que l’état du moteur revienne dans son état initial.
Les figures 1 et 2 représentent le schéma du principe de fonctionnement des deux types principaux de moteurs alternatifs à
combustion interne (MACI) à quatre temps :
— les moteurs à allumage commandé ;
— et les moteurs Diesel.
Il existe aussi des moteurs à deux temps. Moins courant que les
moteurs à quatre temps, ils ne seront pas pris en exemple dans ce
dossier. Notons aussi que le plus fréquemment, les moteurs sont
multicylindres. On ne se préoccupe ici que des opérations qui ont
lieu dans un seul cylindre.
Échappement
Sens de déplacement
Admission
Bougie
Soupapes
b compression du mélange
c combustion-détente
des fumées
Piston
Bielle
Vilebrequin
a admission du mélange
air-carburant
d échappement des fumées
Figure 1 – Schéma de principe de fonctionnement d’un moteur à allumage commandé
Échappement
Sens de déplacement
Admission
Injecteur
Soupapes
Piston
Bielle
Vilebrequin
a admission de l'air
b compression de l'air
c injection du carburant,
combustion, détente
des fumées
d échappement des fumées
Figure 2 – Schéma de principe de fonctionnement d’un moteur Diesel
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TU
BE 8 052 − 3
Q
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CONVERTISSEURS THERMOMÉCANIQUES
__________________________________________________________________________________________________
P
P
Q
Détente
Allumage
Détente
Compression
Allumage
Compression
Échappement
Échappement
Pasp
Pasp
Admission
Vmin
Admission
Vmax
v min
V
a diagramme indiqué
v max
v
b diagramme de Clapeyron
Pasp pression d’aspiration
Figure 3 – Évolution de la pression en fonction du volume de la chambre dans un moteur à allumage commandé
augmente. Le fluide se refroidit ensuite à pression constante dans
les tubulures d’échappement et à l’extérieur du moteur.
Dans le cas d’un moteur à allumage commandé (figure 1), on
observe les phases suivantes :
— le premier temps (figure 1a ) est réservé à l’admission du
mélange air-carburant (essence) réalisé en général dans la canalisation d’admission à l’amont du cylindre ; le piston se déplace vers
le bas, la soupape d’admission est ouverte, celle d’échappement
est fermée ;
— au cours du deuxième temps (figure 1b ), le mélange est
comprimé par le piston ; les deux soupapes sont fermées ;
— au début du troisième temps (figure 1c ), une étincelle est
produite aux bornes de la bougie, ce qui provoque l’inflammation
(commande de l’allumage), puis la combustion quasi instantanée
du mélange carburé : la pression et la température augmentent
d’abord fortement et très rapidement puis, en se déplaçant vers le
bas, le piston produit une détente des fumées ; les deux soupapes
restent fermées ;
— le quatrième temps (figure 1d ) sert à l’échappement des
fumées ; la soupape d’échappement est ouverte, celle d’admission
est encore fermée.
En réalité, l’étincelle est produite avant la fin du deuxième
temps. C’est l’avance à l’allumage. On constate alors que, pour un
tel moteur, l’évolution de la pression P à l’intérieur du cylindre en
fonction du volume V de la chambre est conforme à la représentation faite sur la figure 3a. Cette représentation est appelée
diagramme indiqué (nota 1).
Dans le cas d’un moteur Diesel (figure 2), on observe les phases
suivantes :
— le premier temps (figure 2a ) est réservé à l’admission de l’air
seul ; le piston se déplace vers le bas, la soupape d’admission est
ouverte, celle d’échappement est fermée ;
— au cours du deuxième temps (figure 2b ), le piston, en
déplacement vers le haut, comprime l’air jusqu’a une température
nettement supérieure à la température d’auto-inflammation du
carburant ; le carburant est comprimé dans une pompe d’injection,
hors du cylindre ;
— dès le début du troisième temps (figure 2c ), le carburant
(fioul) sous très forte pression à l’amont de l’injecteur (près de
2 000 bar dans les moteurs actuels) pénètre dans le cylindre où il
est très finement pulvérisé, puis évaporé ; il peut alors former un
mélange à haute température avec l’air, mélange qui brûle plus ou
moins rapidement (moins vite que dans le cas du moteur à
allumage commandé) en augmentant fortement la température et,
de manière moindre, la pression ; parallèlement, en se déplaçant,
le piston permet aux fumées de se détendre ;
— comme dans le cas du moteur à allumage commandé, le
quatrième temps (figure 2d ) est réservé à l’échappement des
fumées.
Nota : le qualificatif « indiqué » provient de la représentation fournie par l’appareil mis
au point par James Watt, dit indicateur de Watt, qui fournissait l’évolution de la pression
dans le cylindre d’une machine à piston en fonction du déplacement du piston, donc en
fonction du volume de la chambre.
En pratique, l’injection du carburant est faite légèrement avant
que le piston n’atteigne sa position haute. Le diagramme d’évolution de la pression en fonction du volume de la chambre (P, V ) a
sensiblement la forme représentée sur la figure 4a. Comme pour
un moteur à allumage commandé, ce diagramme diffère du
diagramme de Clapeyron (P, v ), représenté sur la figure 4b, uniquement au niveau des phases d’admission et d’échappement. La
détente adiabatique mais irréversible des fumées est prolongée
par rapport à la représentation en diagramme indiqué et le
refroidissement final a lieu sous pression constante à l’extérieur du
moteur.
Si on représente l’évolution de la pression en fonction du
volume massique du mélange ou des fumées, on obtient le
diagramme de Clapeyron représenté sur la figure 3b. On note que
durant l’admission, à cause des pertes de charge, la pression
diminue, puis augmente lorsque le débit d’admission diminue
alors que le volume massique augmente, puis diminue, à température constante. Lors de l’échappement, la pression diminue quasi
adiabatiquement et irréversiblement et le volume massique
BE 8 052 − 4
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie
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TV
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beXPUS
Convertisseurs thermomécaniques
Cycles moteurs à vapeur et combinés.
Cogénération
Q
par André LALLEMAND
Ingénieur, Docteur-ès-sciences
Professeur des Universités en retraite
Ancien directeur du département de génie énergique de l’INSA de Lyon
1.
1.1
1.2
1.3
1.4
1.5
1.6
Cycles des installations motrices à vapeur ..................................
Schéma de base d’une installation motrice à vapeur...........................
Cycle de Carnot ........................................................................................
Cycle de Rankine. Cycle de Hirn .............................................................
Cycle de Hirn à resurchauffe...................................................................
Cycles à soutirages de vapeur ................................................................
Cycles supercritiques...............................................................................
2.
2.1
2.2
2.3
Cogénération. Énergie totale............................................................
Installations à contre-pression................................................................
Installations à soutirages ........................................................................
Intérêt technico-économique de la cogénération .................................
—
—
—
—
13
13
13
14
3.
3.1
3.2
Cycles combinés...................................................................................
Schéma d’installations à cycles combinés ............................................
Analyse du couplage ...............................................................................
—
—
—
18
18
19
BE 8 053v2 - 3
—
3
—
3
—
4
—
7
—
9
—
11
Pour en savoir plus ........................................................................................ Doc. BE 8 053v2
es installations motrices à vapeur (IMV), qui ont pour origine les
cycles thermodynamiques à vapeur, correspondent aux moteurs les plus
puissants. Ce sont des machines à apport de chaleur externe fournie soit par
une combustion, soit par une réaction nucléaire. On les trouve dans les
grandes centrales de production d’électricité, classiques ou nucléaires, où leur
puissance atteint plus de un gigawatt. On les rencontre également avec des
tailles plus modestes sur des sites industriels pour opérer dans un grand
nombre de procédés industriels à des puissances pouvant aller d’une centaine
de kilowatts à quelques centaines de mégawatts.
Les cycles de base, dits cycles de Rankine, sont proches des cycles de
Carnot, ce qui, a priori, est un gage d’efficacité, confirmé par l’expérience.
Cependant, des raisons techniques entraînent des modifications qui vont dans
le sens d’une détérioration du rendement, compensée par certaines
améliorations.
Les rejets thermiques de ces installations motrices à vapeur étant importants, comme dans toutes machines thermiques, la récupération de cette
chaleur est capitale. Elle peut être valorisée comme apport thermique nécessaire à de nombreux procédés industriels ou pour le chauffage résidentiel ou
tertiaire par l’intermédiaire de réseaux de chaleur. La production de l’IMV est
alors de deux natures énergétiques : mécanique (ou électrique) et thermique.
On parle de production d’énergie totale ou encore de cogénération. Des cas
p。イオエゥッョ@Z@ウ・ーエ・ュ「イ・@RPQW
L
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TW
BE 8 053v2 – 1
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beXPUS
CONVERTISSEURS THERMOMÉCANIQUES _______________________________________________________________________________________________
typiques d’installations ainsi qu’une analyse énergétique suivie d’une analyse
thermo-économique de l’intérêt d’une telle production sont présentés dans ce
document.
Q
Dans l’article [BE 8 051], la perte d’énergie à l’échappement des turbines à
combustion (TAC) a été soulignée. Compte tenu du niveau thermique relativement faible retenu pour un fonctionnement classique des IMV, l’apport externe
de chaleur, produit ordinairement par une combustion ou une réaction
nucléaire, peut être remplacé par l’apport enthalpique des gaz d’échappement
de la TAC. Sous l’aspect cycle, le couplage de ces deux machines est traduit
par la combinaison d’un cycle de Joule avec un cycle de Hirn. Cela donne lieu
aux installations dites à cycles combinés dont le rendement est, actuellement, le plus élevé de toutes les machines thermiques.
Notations et symboles
Symbole
Unité
Définition
CE
coefficient électrique
cp
capacité thermique massique sous
pression constante
J/(kg · K)
d
Notations et symboles
Symbole
Unité
Définition
travail massique des forces
de frottement
J/kg
τ
Indices
différentielle
1, 2...
exergie
points caractéristiques sur un cycle, références
Ex
J
ec
J/kg
énergie cinétique massique
C
Carnot, compresseur
ep
J/kg
énergie potentielle massique
c
chauffage, chaleur
h
J/kg
enthalpie massique
kg/s
débit massique
A, B, a, b
P
Pa
pression
Pr
€
prix
J
quantité de chaleur échangée
entre le système et son milieu
extérieur
W
puissance thermique
Q
q
J/kg
r
class
cog
classique
cogénération
e
électrique, eau
ep
énegie primaire
ex
exergétique
g
global
GV
quantité de chaleur échangée
entre l’unité de masse du système
et son milieu extérieur
cas d’études
H
HRS
générateur de vapeur
Hirn
Hirn avec surchauffe
rapport enthalpique
i
intermédiaire, n° du soutirage
entropie massique
s
J/(kg · K)
ij
relatif à la transformation i-j
T
K
température
M
maximum, relatif à la source chaude
Ta
K
température ambiante
m
minimum, relatif à la source froide
v
m3/kg
volume massique
n
nombre de soutirages
P
pompe
S
primaire, source
W
wt
J/kg
x
α
1/K
η
Π
BE 8 053v2 – 2
travail technique massique
titre en vapeur
∆
θ
puissance technique
°C
s
isentropique
coefficient de dilatation volumique
sous pression constante
si
soutirage i
différence
T
turbine
rendement
t
total
température dans l’échelle Celsius
th
théorique
rapport de pressions
v
valorisée
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TX
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_______________________________________________________________________________________________ CONVERTISSEURS THERMOMÉCANIQUES
1. Cycles des installations
motrices à vapeur
– une évolution isobarique 2-3 dans le condenseur ;
– une évolution adiabatique 3-4 dans la pompe.
Ces quatre hypothèses sont totalement justifiées. Les hypothèses faites au niveau du GV et du condenseur sont communes à
tous les échangeurs de chaleur (dans lesquels, en première
approximation, on néglige les variations de pression dues aux
pertes de charge et à la variation d’énergie cinétique due à celle de
la masse volumique). L’hypothèse d’adiabaticité pour les deux
machines est aussi amplement justifiée par comparaison avec les
quantités de chaleur mises en jeu dans les deux échangeurs.
1.1 Schéma de base d’une installation
motrice à vapeur
Les installations motrices à vapeur (IMV) sont des moteurs à
apport externe de chaleur qui fonctionnent de manière cyclique, le
fluide échangeant de la chaleur avec une source froide, en général
le milieu ambiant (air ou eau), et une source chaude constituée par
des fumées issues d’une combustion ou un fluide chauffé par
une réaction nucléaire. Ce sont des machines à flux continu dont
le fluide, très généralement de l’eau qui est un fluide idéal car bien
adapté sur le plan thermodynamique et intéressant sur le plan économique, subit une évolution thermodynamique cyclique en traversant un minimum de quatre composants (figure 1) :
– un générateur de vapeur (GV) dans lequel, le fluide (eau) est
vaporisé en recevant de la chaleur. Il passe de l’état 4 à l’état 1.
Dans les installations à combustion, pour des raisons liées aux
transferts thermiques, l’eau n’est que partiellement vaporisée dans
les faisceaux de tubes vaporisateurs. Le mélange diphasique, dont
le titre en sortie est d’environ 20 % en vapeur et 80 % en liquide
est envoyé dans un ballon où a lieu la séparation des phases par
gravité : le liquide retourne au faisceau de tubes vaporisateurs,
alors que la vapeur est dirigée vers une turbine ;
– une turbine (T) dans laquelle la vapeur se détend, de la haute
pression à la basse pression (1-2), en fournissant le travail moteur
sur l’arbre qui entraîne, dans la plupart des cas, un alternateur
(AL). Après détente, la vapeur rejoint un condenseur ;
– un condenseur où elle se condense (2-3), par échange thermique avec un fluide froid, de l’eau en provenance d’un fleuve,
d’une rivière ou d’un aéroréfrigérant (cas de la figure 1). Elle
atteint ensuite une pompe ;
– une pompe chargée de remettre l’eau sous forte pression (34). Ce composant consomme de la puissance pour la communiquer au fluide. L’eau sous pression rejoint le ballon où elle se
mélange avec le fluide diphasique issu du générateur de vapeur.
1.2 Cycle de Carnot
Dans l’étude des générateurs thermodynamiques [BE 8 050], on
a pu mettre en évidence l’avantage des machines frigorifiques ou
des pompes à chaleur à vapeur par rapport aux machines à gaz du
fait de la possibilité, dans ces machines, de réaliser des échanges
thermiques avec les sources chaude et froide à la fois isobariques
et isothermiques. Or, l’isothermicité des échanges avec les sources
est une condition nécessaire au fonctionnement d’une machine de
Carnot dont l’efficacité est maximale. La figure 2 met en évidence
un tel cycle dans le domaine diphasique du fluide thermodynamique qui, dans la quasi-totalité des applications, est de l’eau. On
note, sur le diagramme correspondant, la valeur de la température
critique de l’eau : 374 °C (température au-delà de laquelle il n’est
plus possible de liquéfier l’eau) et celle de sa pression critique :
221 bar. Les zones correspondant au gaz (température supérieure à
la température critique), à la vapeur, au liquide, au mélange
liquide-vapeur, appelée zone diphasique, sont aussi notées sur la
figure. Le cycle de Carnot est composé de deux isothermes 4-1 et
2-3 qui correspondent respectivement aux échanges thermiques
avec les sources chaude (GV) et froide (condenseur) et deux
isentropes, l’une pour la compression adiabatique réversible dans
la pompe 3-4, l’autre pour la détente adiabatique réversible dans la
turbine 1-2. Le rendement d’une machine fonctionnant selon ce
cycle est le rendement de Carnot donné par :
(1)
Les types d’évolution thermodynamique du fluide dans chacun
de ces composants sont :
– une évolution isobarique 4-1 dans le générateur de vapeur ;
– une évolution adiabatique 1-2 dans la turbine ;
avec TM et Tm respectivement les températures des sources
chaude et froide égales, dans un cycle de Carnot,
aux températures maximale et minimale du cycle
(250 et 20 °C pour cet exemple).
Fumées
Aéroréfrigérant
1
GV
Air humide
saturé
Ballon
Faisceau de tubes
vaporisateurs
T
AL
5
Flammes
2
Condenseur
Circulation
d'eau froide
Air
Alimentation
complémentaire
par eau de rivière
Combustible
Air
4
3
Pompe
Figure 1 – Représentation schématique d’une installation motrice à vapeur
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TY
BE 8 053v2 – 3
Q
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CONVERTISSEURS THERMOMÉCANIQUES _______________________________________________________________________________________________
P (bar)
150 40 10
500
500
C
350
374
Vapeu
Vapeur
apeur
Liquide
300
1
4
TM
400
0,05
C
350
Cycle de Carnot
300
4‘
TM
200
1
5
0
2
Tm
8
0
10
0,3
0,
1
0,2
x
2
4
6
s [kJ/(kg · K)]
=
50
=
x
3
0
4
100
0,8
50
150
0,
9
0,8
0,
1
0,2
Liquidevapeu
apeur
vapeur
0,7
150
0,7
0,3
200
100
Tm
1
221
450
0,05
T (°C)
T (°C)
Q
500
Gaz
400
150 40 10
550
221
450
374
P (bar)
1
0
0,
9
2
3
2
4
6
s [kJ/(kg · K)]
8
10
Figure 2 – Diagramme entropique de l’eau et cycle de Carnot
dans le domaine diphasique liquide-vapeur
Figure 3 – Cycle de Rankine d’une IMV et cycle de Carnot associé
pour l’eau
1.3 Cycle de Rankine. Cycle de Hirn
inférieures à 50 bar environ. La comparaison des aires de ce cycle
et de celle du cycle de Carnot associé (mêmes températures
extrêmes) met en évidence la perte de rendement du cycle de
Rankine par rapport à celui du cycle de Carnot [équation (1)].
1.3.1 Description
Dans un fonctionnement selon un cycle de Rankine, la détente
du fluide a lieu dans la zone diphasique : la vapeur est saturante
sèche en 1 ; elle est nettement humide, c’est-à-dire chargée de
gouttelettes d’eau de taille plus ou moins importante, en fin de
détente, en 2 (titre en vapeur inférieur à 70 % dans l’exemple de la
figure 3). Une telle situation est dommageable pour le fonctionnement de la turbine, notamment à cause du glissement des deux
phases l’une par rapport à l’autre, ce qui, en général et du fait
d’une mauvaise orientation de la vitesse des gouttes, entraîne des
impacts relativement forts de ces gouttelettes sur les aubages de
la turbine et une érosion rapide. Afin d’éviter cette situation, on
pratique une surchauffe (6-1) de la vapeur à la sortie du ballon,
dans le GV, avant qu’elle ne pénètre dans la turbine (figure 4). Il
faut que la surchauffe soit suffisante pour que la majeure partie de
la détente ait lieu dans la zone de vapeur surchauffée. En pratique,
cette surchauffe est limitée par le niveau maximal de température
Si, au niveau des échangeurs de chaleur, la réalisation des évolutions correspondantes du cycle de Carnot ne pose pas de problème technique, il n’en va pas de même pour les deux autres
transformations. En particulier, il n’est pas envisageable de pratiquer une compression sur un fluide diphasique, c’est-à-dire sur un
mélange liquide-vapeur, dans une pompe. Sur la figure 2, on note
que le début du pompage se ferait sur un fluide contenant 30 % de
vapeur et 70 % de liquide. Pour éviter cette situation, on est
conduit à prolonger la condensation 2-3 (figure 3) jusqu’à obtenir
le liquide seul. Le pompage a lieu alors dans la zone du liquide
sous-refroidi selon l’évolution 3-4 et le liquide est envoyé dans le
ballon (figure 1). Il y est chauffé par condensation partielle de la
vapeur jusqu’à atteindre son état d’équilibre 5 avec la vapeur. Le
cycle ainsi obtenu est le cycle de Rankine, utilisé couramment
dans les petites installations, de l’ordre de quelques centaines de
kilowatts à quelques mégawatts et pour des pressions maximales
Fumées
Aéroréfrigérant
GV
1
Surchauffeur
6
Air humide
saturé
Ballon
Faisceau de tubes
vaporisateurs
T
AL
5
Flammes
2
Condenseur
Combustible
Air
4
Circulation
d'eau froide
3
Pompe
Figure 4 – Schéma d’une installation motrice à vapeur fonctionnant sur la base d’un cycle de Hirn
BE 8 053v2 – 4
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UP
Air
Alimentation
complémentaire
par eau de rivière
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_______________________________________________________________________________________________ CONVERTISSEURS THERMOMÉCANIQUES
TM
1
221
400
4,4
T (°C)
20
15
30
50
100
200
1 000
0 °C
C
950
10
900
0,05
C
850
4,2
5
4
5
250
3
3,8
0,3
0,
1
0,2
x
=
0,8
0
0
3
0,
9
Enthalpie (MJ/kg)
4
50
3,6
0,7
150
2
2
4
6
s [kJ/(kg · K)]
750
700
6
200
100
Q
800
350
300
Tm
300
4,6
4‘
450
374
1
500
550
150 40 10
1 000
0 ba
bar
4,8
P (bar)
Cycle de Carnot
8
10
Figure 5 – Cycle de Hirn et cycle de Carnot associé pour l’eau
h1
0,1
8
200
150
100
0,05
50
S1
0,
0,01
4'
4
2
2
x = 0,95
0,9
0,85
0,8
0,75
1,8
0,7
0,65
1,6
5
5,5
6
6,5
7
7,5
Entropie [kJ/(kg · K)]
8
8,5
9
Figure 6 – Représentation d’une portion des cycles de Hirn (en bleu)
et de Hirn avec resurchauffe (en noir) dans le diagramme de Mollier
de l’eau
avec v
volume massique,
P
pression,
τ
travail massique des forces de frottement qui sont nulles
pour une transformation isentropique (réversible).
Ainsi, pour le pompage, le liquide ayant un volume massique
constant, on a :
Outre la définition du rendement d’un moteur, cette relation ne
fait appel qu’au premier principe de la thermodynamique écrit
pour la transformation ij sous sa forme technique :
(5)
L’application au cycle de Hirn représenté sur la figure 5, où la
variation de pression est de l’ordre de 40 bar, soit 4 MPa avec un
volume massique de l’ordre de 1 L/kg, donne un travail technique
de pompage égal à 4 kJ/kg. La variation d’enthalpie entre l’entrée
et la sortie de la turbine peut être déterminée à l’aide du
diagramme enthalpique de l’eau de la figure 6 sur laquelle a été
reportée la ligne de détente 1-2 (en bleu pour le cycle de Hirn). Elle
est de l’ordre de 1,37 MJ/kg. Le travail de pompage est donc de
l’ordre de 0,3 % du travail de détente.
(3)
variation d’enthalpie totale.
0,2
2,8
2‘’
(2)
∆ht
400
300
250
S2
2'
2
2,2
Pour ce type de cycles, le rendement théorique ηth est calculé à
partir des valeurs des enthalpies massiques h de l’eau aux divers
points caractéristiques du cycle (figure 5). Ainsi, on note que :
variation d’énergie potentielle gravifique supposée
négligeable en première approximation,
500
350
2,4
1.3.2 Expressions du rendement théorique
∆ep
0,5
3
h2
550
1
450
2,6
En procédant comme précédemment avec le cycle de Rankine,
on constate que le cycle de Hirn a un rendement nettement plus
faible que celui d’un moteur de Carnot fonctionnant entre les
mêmes températures extrêmes. L’écart est d’ailleurs plus important que dans le cas d’un cycle de Rankine. Il ne faut cependant
pas en conclure que le rendement d’une IMV fonctionnant selon le
cycle de Hirn est inférieur à celui d’une IMV fonctionnant selon le
cycle de Rankine car les températures maximales TM sont différentes pour des pressions maximales de cycle identiques.
variation de l’énergie cinétique supposée négligeable
en première approximation,
3,4
1
3,2
admissible dans l’installation (de l’ordre de 500 à 600 °C dans les
installations classiques, ce qui permet d’utiliser des matériaux peu
onéreux). Ce fonctionnement, utilisé dans les IMV de puissance
moyenne (entre 5 et 20 mégawatts environ), correspond au cycle
de Hirn (figure 5).
avec ∆ec
3
1
650
600
2
Dans les études d’avant-projet, on néglige souvent le travail
technique mis en œuvre au niveau de la pompe wt 34 devant le travail technique récupéré sur la turbine wt 12 . Ce fait peut être
démontré à partir de l’expression mécanique du premier principe
de la thermodynamique :
Cette constatation est très importante. Elle met en évidence
l’avantage des machines à vapeur sur les turbines à gaz
(cf. [BE 8 051], § 2.1) pour lesquelles, plus de 50 % (voire 75 %) de
l’énergie récupérée sur l’arbre de la turbine est utilisé pour la
compression du gaz dans le compresseur. Dans une IMV, c’est à
moins de 1 % près que la totalité de l’énergie de détente peut être
utilisée pour produire, par exemple, de l’électricité grâce au couple
turboalternateur.
(4)
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BE 8 053v2 – 5
Q
UR
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Convertisseurs thermoacoustiques
Effet thermoacoustique
par
Q
Philippe NIKA
Professeur, université de Franche-Comté, CNRS
1.
Définition de l’effet thermoacoustique .............................................
2.
Description qualitative de l’évolution thermique
des particules de gaz...............................................................................
Équations générales ....................................................................................
Analyse des transferts thermiques entre le fluide et une paroi ...............
Développement des équations ...................................................................
2.1
2.2
2.3
3.
BE 8 060 - 3
—
—
—
—
3
3
4
6
—
6
—
—
6
10
3.2
Théorie linéaire de Rott et Swift : flux d’enthalpie
dans le s
t
ack
/régénérateur ....................................................................
Équations des vitesses et températures en fonction de la pulsation
de l’onde .......................................................................................................
Expression des flux énergétiques...............................................................
4.
4.1
4.2
4.3
4.4
Analyse des flux axiaux d’énergie .......................................................
Cas d’onde progressive pure avec un régénérateur idéal ........................
Cas d’onde stationnaire pure moyenne .....................................................
Ondes directes et rétrogrades : amplification et atténuation ...................
Étude du flux axial d’enthalpie ...................................................................
—
—
—
—
—
11
12
12
13
13
5.
Fonctions de transferts thermoacoustiques du régénérateur
et du s
t
ack
..................................................................................................
—
14
6.
Fonction de transfert « acoustique » d’une ligne isotherme ......
—
15
3.1
Pour en savoir plus ...........................................................................................
Doc. BE 8 060
a thermoacoustique est une discipline relativement jeune au carrefour de la
thermodynamique, de la thermique et de l’_ oustique. Elle offre des effets
très variés basés sur l’interaction entre un fluide en écoulement oscillant et une
paroi solide présentant une répartition de température donnée. Ces effets
complexes trouvent déjà des applications concrètes dans le refroidissement et la
liquéfaction des gaz ainsi que dans de nouvelles générations de convertisseurs
d’énergie thermique en énergie électrique de la même classe que les machines
de Stirling à apport de chaleur externe. Une caractéristique des systèmes thermoacoustiques réside dans le fait qu’ils ne nécessitent pas ou peu de pièces en
mouvement, présentant de ce fait un intérêt indéniable sur des convertisseurs
classiques.
Cet article est le premier d’une série consacrée à la thermoacoustique ; les
suivants sont :
– l’article [BE 8 061] consacré aux moteurs et générateurs thermoacoustiques ;
– l’article [BE 8 062] qui traite du dimensionnement et de la modélisation
des systèmes thermoacoustiques ;
– l’article [BE 8 063] qui décrit les réalisations et combinaisons de moteurs et
refroidisseurs thermoacoustiques.
p。イオエゥッョ@Z@ェオゥャャ・エ@RPPX
L
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie
est strictement interdite. – © Editions T.I.
US
BE 8 0
6
0– 1
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
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CONVERTISSEURS THERMOACOUSTIQUES ______________________________________________________________________________________________
Notations et symboles
Symbole
A
Unité
m2
B zc
Q
Notations et symboles (suite)
Définition
Symbole
Unité
Définition
section
S
m2
facteur de blocage (porosité)
T
K
température
s
temps
c
m · s–1
célérité des ondes
t
cu
m · s2 · kg–1
capacité thermoacoustique
par unité de longueur (vitesse)
TOS
surface, section
taux d’onde stationnaire
s–1
u
m·
cp g
J · kg–1 · K–1
capacité calorifique à pression
constante du gaz
ua
m · s–1
amplitude de la vitesse moyenne
axiale
cpv
J · kg–1 · K–1
capacité calorifique à volume
constant
u 2a
m · s–1
amplitude de la vitesse second
ordre
dh
m
diamètre hydraulique
WW
W · m–2
flux d’énergie acoustique
vitesse
nombre de Womersley
f0η (η, s*)
fonction thermoacoustique
Wo
g0 (s*)
fonction thermoacoustique
moyennée
x
m
abscisse
x*
m
élongation acoustique
\
partie imaginaire d’un nombre
complexe
y
m
ΔT
K·
gradient thermique pariétal
coefficient de convection
thermique
Δcrit
K · m–1
gradient thermique critique
Δx
m
longueur du stack
W · m–2
flux d’enthalpie axial
δ ν , σk
m
épaisseurs des couches limites
visqueuse et thermique
m–1
nombre d’onde
j
pur imaginaire
h
W
H
k
W · m–2 · K–1
m–1
k
N·
keq
W · m–1 · K–1
conductivité thermoacoustique
équivalente
kg
W · m–1 · K–1
conductivité thermique du gaz
zu
kg · m–3
inductance thermoacoustique
par unité de longueur (vitesse)
z
m
longueur
m
kg
masse
p
Pa
pression
p0
Pa
pression moyenne du gaz
per
m
Pr
QW
W·
m–2
e
rh
m
coefficient de raideur de ressort
kg · s–1 · m–2
BE 8 060 – 2
Φ
potentiel acoustique
ΓT
rapport des gradients thermiques
pariétal et acoustique
γ
rapport des capacités calorifiques
à pression et volume constant
η
coordonnée transversale
adimensionnelle
ϕ
phase
λ
m
longueur d’onde
s–1
µ
kg · m ·
ρ
kg · m–3
masse volumique
ρg
kg · m–3
masse volumique moyenne du gaz
périmètre d’un canal
ω
s–1
pulsation
nombre de Prandtl
Indices
flux de chaleur axial
a
amplitude
partie réelle d’un nombre
complexe
c
côté froid
e
entrée
g
gaz
h
côté chaud
s
sortie
t
parois
rayon hydraulique
résistance thermoacoustique
de relaxation thermique
rT
ru
coordonnée transversale
m–1
résistance thermoacoustique
par unité de longueur (vitesse)
viscosité dynamique
Toute reproduc
tion sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie
est strictement interdite. – © Editions T.I.
UT
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_______________________________________________________________________________________________ CONVERTISSEURS THERMOACOUSTIQUES
1. Définition de l’effet
thermoacoustique
2. Description qualitative
de l’évolution thermique
des particules de gaz
Aperçu historique
2.1 É
quations générales
L’intérêt porté aux systèmes thermoacoustiques remonte
aux alentours des années 1980 et le LANL (Los Alamos National Laboratory, Swift, Backhaus) et l’université Penn State
(Garrett) peuvent être considérés comme les précurseurs dans
le domaine. En remontant encore dans le temps, il semblerait
que Rayleigh soit le premier à avoir remarqué que la production d’énergie mécanique était possible si l’on chauffait de l’air
durant sa phase de compression et si on le refroidissait durant
sa détente (études des tubes de Sondhauss, 1850 et de Rijke,
1859). Plus tard, Rott inaugure le vocable de thermoacoustique
(1969 à 1980) et en établit les fondements théoriques.
Une onde acoustique est le résultat d’une variation de pression
p autour de la valeur de la pression moyenne p0 dans un fluide ; sa
propagation s’effectue sans déplacement d’ensemble de matière.
On peut en effet constater que les éléments élastiques, c’est-à-dire
les particules de fluide, oscillent localement sous l’effet de l’oscillation de pression, mais sans déplacement d’ensemble et que cette
perturbation se déplace sous forme d’ondes qui se progagent à
partir du centre d’émission. Les ondes acoustiques se déplacent
ainsi aussi bien dans les solides que les liquides ou les gaz.
Les équations de l’acoustique sont déduites des équations générales de la mécanique des fluides : équations de conservation de la
masse, de bilan de la quantité de mouvement, de conservation de
l’énergie, auxquelles on adjoint l’équation d’état pour le fluide. Dans
le cadre de l’acoustique linéaire, les équations sont simplifiées en
considérant que les variables (pression, température, masse volumique, vitesse vibratoire, élongation acoustique) oscillent toutes
autour d’une valeur moyenne et que la perturbation reste faible au
regard de cette valeur moyenne. En supposant que la pression
moyenne est constante et que la température et la masse volumique
moyennes dépendent de la variable d’espace x, on peut alors écrire :
L’effet thermoacoustique résulte de l’interaction thermique
entre un fluide en oscillation sous l’effet d’une « onde
acoustique » (qui correspond à une amplitude de pression
oscillante) et une paroi solide comportant un gradient thermique.
Il se traduit globalement par le transport de chaleur dans les couches limites de fluide voisines de la paroi, parallèlement à celle-ci
et dans une direction qui dépend de l’importance du gradient
thermique de la paroi. On peut utiliser l’effet thermoacoustique
dans des convertisseurs d’énergie soit pour le refroidissement :
pompage de la chaleur d’une source froide vers un puits chaud,
soit en moteur : conversion de la chaleur en énergie mécanique
sous forme d’énergie acoustique dans une première étape.
p = p0 + pa e jωt + p 2a (t )
Tg = Tgx + Tga e jωt + Tg 2a (t )
ρg = ρgx + ρga e jωt + ρg 2a (t )
Les éléments nécessaires à la réalisation d’un système thermoacoustique (figure 1) sont assez simples :
– soit un stack (empilement), soit un régénérateur (milieu
poreux), de diamètre hydraulique et de longueur convenables,
placé stratégiquement dans le circuit acoustique ;
– deux échangeurs de chaleur de type fluide (liquide ou gaz) –
gaz oscillant, un chaud, un froid, placés de part et d’autre du
régénérateur/stack ;
– un circuit fluidique, dans lequel est logé l’ensemble, complété
éventuellement par un résonateur acoustique ;
– un système de récupération de l’énergie acoustique pour les
moteurs : pistons, générateur électrique linéaire..., ou un excitateur
d’onde acoustique pour les refroidisseurs : haut-parleur, excitateur
piézo-électrique...
x* = xa* e jωt + x*2a (t )
L’indice g concerne le fluide, a la partie temporelle, 2a les termes
de second ordre dépendant du temps : ce sont les non-linéarités, x
est la direction axiale.
Le lecteur plus habitué aux équations de la thermodynamique
classique peut mentalement substituer aux termes en Ga , amplitude de grandeur, les éléments différentiels dG. Rappelons aussi
que la notation complexe est telle que : ejωt = cos (ωt) + j sin (ωt), j
étant le nombre imaginaire pur. Cette notation permet de prendre
en compte les phénomènes de phases. Seule la partie réelle est
accessible à l’expérimentateur, la partie imaginaire permet d’introduire la phase.
On utilise un régénérateur, qui possède un diamètre hydraulique
inférieur, en lieu et place d’un stack comme c’est le cas sur la
figure 1, lorsque l’on désire « thermaliser » le fluide, c’est-à-dire lui
imposer de rester à la température des parois solides avec
lesquelles il échange la chaleur. Ainsi, l’amplitude de variation de
la température du fluide est nulle, alors que ce n’est pas l’effet
recherché dans un stack. D’autre part, chacun des deux organes est
utilisé avec un type d’onde acoustique particulier, comme nous
allons l’expliquer par la suite.
En raison des conditions particulières de l’acoustique dans les
fluides (pas de mouvement d’ensemble, pression moyenne
constante et non prise en compte de la variation de température
qui est de l’ordre de 10–4 K par exemple pour la conversation entre
personnes), les équations simplifiées utilisées pour analyser qualitativement les ondes acoustiques sont décrites ci-après. Des équations plus complètes, avec prise en compte de la température,
seront données au paragraphe 3 :
• É
q
uation de continuité simplifiée :
∂ (u )
1 ∂ρg
=−
ρg ∂t
∂x
Stack
Échangeur
froid
(2)
avec ρg masse volumique moyenne du gaz.
Onde
de pression
Échangeur
chaud
(1)
u = ua e jωt + u 2a (t )
• Équation de définition de la célérité de l’onde de pression
dans un fluide :
Résonateur
d p = c 2 d ρg ⇒
Figure 1 – Structure d’un système thermoacoustique simple quart
d’onde (ouvert)
∂ρg
∂t
=
1 ∂p
c 2 ∂t
(3)
c représente la célérité de l’onde.
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UU
BE 8 060 – 3
Q
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
beXPVP
CONVERTISSEURS THERMOACOUSTIQUES ______________________________________________________________________________________________
• Bilan de la quantité de mouvement simplifié :
ρg
Q
∂u
∂p
=−
∂t
∂x
"
(4)
Pamax
En combinant les équations (2) et (3) dérivées chacune par rapport à t, puis ce résultat avec l’équation (4) dérivée par rapport à x,
l’équation d’onde de pression possède l’allure suivante (effets
thermiques négligés) :
∂2 p
∂2 p
=c2
∂x 2
∂t 2
Tx–xa
Tx
Q’
avec k =
(6)
t
Q
Figure 2 – Plaque de longueur z dans une onde stationnaire
(longueur d’onde r ) et illustration des échanges de chaleur
avec le fluide en oscillation
(7)
déplacement acoustique xa sont constantes le long de la plaque
(figure 2). La plaque possède une capacité calorifique suffisante
pour que sa température reste pratiquement constante. Pour
simplifier l’explication, les mouvements sinusoïdaux sont
décomposés en une phase de mouvement rapide, une phase
d’arrêt, une nouvelle phase de mouvement en sens inverse et une
dernière phase de repos. Cette séquence de mouvement est représentée en coordonnées (x, t ) sur la figure 2.
Les deux fonctions Fp et ϕp représentent respectivement l’état
vibratoire au temps précédent l’instant t de x/c et au temps postérieur à t de x/c : ce sont deux ondes, dites progressive et rétrograde, se déplaçant en sens inverse et qui peuvent éventuellement
se combiner pour donner une onde stationnaire avec une alternance de ventres (maxima) et de nœuds (minima) d’amplitude
autour de la valeur moyenne de la pression du fluide. En milieu
limité, les équations (6) et (7) illustrent la double périodicité d’une
onde stationnaire à la fois temporelle (constantes C et D) et
spatiale (constantes A et B). Dans un milieu illimité, l’onde
progressive se propage avec la célérité c, le mouvement oscillatoire des particules fluides se transmettant de proche en proche.
Lorsqu’une particule fluide compressible, représentée par un
cercle sur la figure 2, se déplace rapidement le long de la plaque,
de la gauche vers la droite, elle n’a pas le temps d’échanger une
quantité significative de chaleur avec celle-ci ; son augmentation
de température Ta (en amplitude) est due à sa compression adiabatique réversible, donc isentropique. Or, pour une transformation
isentropique, les variations de température et de pression sont
liées par :
On introduit aussi l’équation d’onde à partir d’un potentiel
acoustique Φ dite équation de Helmoltz :
(8)
dTg =
tel que la vitesse vibratoire et la pression vérifient :
u =−
∂Φ
∂x
p = ρg
et
∂Φ
∂t
γ − 1 Tg
dp
p
γ
(10)
c pg
p
(11)
ρg
= c pg
γ −1
Tg
γ
(13)
il découle que l’amplitude de température s’exprime à partir de
l’amplitude de pression par :
Remarquons que l’équation (6) et le développement ci-dessus
justifient, a posteriori, la forme des équations (1).
Taisen =
2.2 Analyse des transferts thermiques
entre le fluide et une paroi
pa
c pg ρg
(14)
Cette compression implique aussi une diminution du volume
massique, schématisée sur la figure 2 par une diminution de la
taille du cercle représentant, sous l’élément de plaque, une particule en déplacement et évolution.
La figure 1 met en relief le fait que dans les études thermoacoustiques, la longueur des éléments matériels est faible par
rapport à la longueur d’onde. Considérons alors une plaque plane,
de longueur z, placée par exemple dans une onde acoustique stationnaire, et suffisamment petite devant la longueur d’onde pour
pouvoir considérer que les amplitudes de la pression pa et du
BE 8 060 – 4
(12)
est le rapport des capacités calorifiques à pression
cvg
cpg et volume cpv constants.
Dans l’hypothèse de l’acoustique pa ≡ dp << p0 et Tga ≡ dT << Tgx
et en supposant le gaz parfait :
où γ =
(9)
Ainsi, l’onde prend la forme générale :
 x
 x
Φ (x ,t ) = FΦ  t −  + ϕΦ  t + 
 c
 c
2xa
Les petits cercles sous la plaque hachurée représentent les particules
de fluide compressible en déplacement et leur variation de taille.
Ou encore la forme plus générale suivante (voir l’article Acoustique – É
quations générales [AF 3 810]) :
1 ∂2Φ
∂2Φ
=
∂x 2 c 2 ∂t 2
0
x
ω 2π
=
le nombre d’onde, ω la pulsation et λ la longueur
c
λ d’onde.
 x
 x
p (x ,t ) = F p  t −  + ϕ p  t + 
 c
 c
Pression p
(5)
La solution de cette équation prend la forme :
p (x , t ) = (C cos ck t + D sin ck t ) (A cos kx + B sin kx)
Tx+xa
Durant la phase d’arrêt, la particule est en x + xa , il va y avoir
transfert de chaleur (représenté par la flèche associée à Q sur la
figure 2) entre la particule fluide et la paroi. Si la température du
fluide, qui correspond à la température moyenne de la paroi en x à
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beXPVQ
Convertisseurs thermoacoustiques
Moteurs et générateurs
par
Q
Philippe NIKA
Professeur, université de Franche-Comté, CNRS
BE 8 061 - 3
1.
Moteurs Stirling « thermoacoustiques »...........................................
2.
2.1
2.2
Refroidisseurs thermoacoustiques......................................................
Principe général des refroidisseurs tube à gaz pulsé ...............................
Principe général des refroidisseurs à effet thermoacoustique ................
—
—
—
7
7
8
3.
3.1
3.2
Résonateur et circuit acoustique.........................................................
Facteur de qualité d’un résonateur.............................................................
Pertes de l’énergie acoustique dans les conduits .....................................
—
—
—
10
10
11
4.
4.1
4.2
Fluide de travail ........................................................................................
Cas d’un gaz pur ..........................................................................................
Cas d’un mélange binaire............................................................................
—
—
—
11
12
12
5.
5.1
5.2
5.3
Échangeurs de chaleur et régénérateurs ...........................................
Flux d’énergie axial et transfert thermique radial .....................................
Longueur d’échangeur, diamètre hydraulique et section ouverte ..........
Géométries, dimensionnement et réalisation des échangeurs ...............
5.3.1 Technologies d’échangeurs ...............................................................
5.3.2 Transferts thermiques ........................................................................
5.3.3 Pertes de charge..................................................................................
Coefficients de frottement et de transfert thermique
des écoulements oscillants .........................................................................
5.4.1 Transfert thermique global ................................................................
5.4.2 Transfert thermique par advection thermique .................................
Stacks et régénérateurs ...............................................................................
—
—
—
—
—
—
—
12
12
14
16
16
16
19
—
—
—
—
20
20
22
23
5.4
5.5
Pour en savoir plus .............................................................................................. Doc. BE 8 061
elon les niveaux thermiques de leurs sources et puits de chaleur, les
machines thermodynamiques sont divisées en deux catégories : les
moteurs thermiques produisant de l’énergie mécanique à partir d’énergie thermique et les générateurs thermiques ou refroidisseurs ou encore pompes à
chaleur qui sont des récepteurs d’énergie mécanique et fournisseurs d’énergie
thermique. En 197
9, Ceperley découvre que les machines de Stirling ne sont
autres que des machines thermoacoustiques utilisant les particularités des
ondes de pression progressives. Les deux types d’ondes de pression stationnaires et progressives donnent en effet naissance aux deux classes de
machines correspondantes. Dans une onde stationnaire, le gaz oscille avec une
phase pression-vitesse voisine de 90o et il interagit avec la paroi du « stack »
dont le diamètre hydraulique est voisin de la taille de la couche limite thermique, ce qui induit un contact thermique volontairement imparfait. Dans une
machine à onde progressive (à laquelle se rattache la machine Stirling), cette
phase est voisine de 0o ; le fluide et la paroi sont en très bon contact thermique
(car le régénérateur a un diamètre hydraulique très inférieur à l’épaisseur de
couche limite thermique), le fonctionnement est proche de la réversibilité thermodynamique et les coefficients de performance approchent les valeurs
maximales prévues par le coefficient de Carnot.
p。イオエゥッョ@Z@ェオゥャャ・エ@RPPX
S
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BE 8 061 – 1
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CONVERTISSEURS THERMOACOUSTIQUES ______________________________________________________________________________________________
Cet article fait suite à l’article [BE 8 060] traitant des « effets thermoacoustiques » et utilise largement les notions et relations qui y ont été développées.
Il est complété par les deux articles [BE 8 062] et [BE 8 063] respectivement
consacrés à la modélisation, au dimensionnement des systèmes thermoacoustiques et à l’étude des combinaisons moteur/générateur thermoacoustiques.
Q
Notations et symboles
Symbole
A
Unité
m2
B zc
m · s–1
Notations et symboles (suite)
Définition
Symbole
section
m
facteur de blocage (porosité)
MW 2
Unité
kg
kg ·
Définition
masse
s–1
débit massique de streaming
célérité des ondes
Nu
cu
m·
kg–1
capacité thermoacoustique
par unité de longueur (vitesse)
p
Pa
pression
cp g
capacité calorifique à pression
constante du gaz
p0
Pa
pression moyenne du gaz
J · kg–1 · K–1
per
m
périmètre d’un canal
cpv
J · kg–1 · K–1
capacité calorifique à volume
constant
Pi
Pa
pression d’un volume i
Pr
CH p , CH d ,
Cpalt , Cpdep
nombre de Prandtl
kg · s–1
termes de dissipation
(facteurs)
Po
nombre de Poiseuille = f · Re
c
s2
·
coefficient perte
de charge = 4f
Cf′
dh
m
diamètre hydraulique
disp
m
déplacement acoustique crête
à crête (disp = 2xa)
f
s–1
fréquence
f
facteur de frottement
f0η (η, s*)
fonction thermoacoustique
g0 (s*)
nombre de Nusselt
Q
J
quantité de chaleur
⟨QW ⟩
W · m–2
flux de chaleur axial
partie réelle d’un nombre
complexe
e
rh
m
rayon hydraulique
résistance thermoacoustique de
relaxation thermique
rT
ru
kg · s–1 · m–2
fonction thermoacoustique
moyennée
résistance thermoacoustique
par unité de longueur (vitesse)
S
m2
surface, section
m2
section de passage de fluide
fonction thermoacoustique
Sp
W·
K–1
débit thermique
T
K
température
kg ·
s–1
débit massique
t
s
temps
]
partie imaginaire d’un nombre
complexe
u
m · s–1
vitesse
j
pur imaginaire
ua
m · s–1
amplitude de la vitesse
moyenne axiale
u 2a
m · s–1
amplitude de la vitesse second
ordre
U
m · s–1
vitesse d’écoulement du fluide
en écoulement permanent
coefficient de raideur
de ressort
V
m3
volume
W
J
énergie mécanique
K–1
conductivité thermoacoustique
équivalente
⟨WW ⟩
W · m–2
flux d’énergie acoustique
G0
Gc
GW m
h
W · m–2 · K–1
coefficient de convection
thermique
⟨HW ⟩
W · m–2
flux d’enthalpie axial
k
m–1
nombre d’onde
N·
m–1
keq
W·
m–1
kg
W · m–1 · K–1
conductivité thermique du gaz
zu
kg · m–3
inductance thermoacoustique
par unité de longueur (vitesse)
L, z
m
longueur
k
BE 8 061 – 2
·
nombre de Womersley
Wo
x
m
abscisse
y
m
coordonnée transversale
yp
m
amplitude de course du piston
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UX
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beXPVQ
_______________________________________________________________________________________________ CONVERTISSEURS THERMOACOUSTIQUES
Notations et symboles (suite)
Symbole
Z
Unité
Pa · s · m–1
T
Définition
T
impédance acoustique
ΓT
rapport des gradient thermique
pariétal et acoustique
γ
rapport des capacités calorifiques à pression et volume
constant
Q
ΔT
K · m–1
gradient thermique pariétal
Δcrit
K · m–1
gradient thermique critique
ΔP
Pa
perte de charge
m
épaisseurs des couches limites
visqueuse et thermique
δ v , δk
ε
porosité
Θ
facteur de qualité
d’un résonateur
λ
m
25 cm
P
Ra La
L
kg · m · s–1
viscosité dynamique
Π
m
périmètre de contact
thermique paroi-gaz
ρ
kg · m–3
masse volumique
ρg
kg · m–3
masse volumique moyenne
du gaz
ω
s–1
pulsation
Les travaux de Peter H. Ceperley [1] [2] [3] en 1979 sur les
convertisseurs d’énergie à ondes progressives ainsi que les réalisations postérieures par Backhaus et Sw
ift [4] [5] de prototypes de
machines Stirling « thermoacoustiques » ont ouvert la voie à la
réalisation de systèmes de plus en plus performants. Le mini générateur électrique thermoacoustique de Backhaus, Tward et Petach,
réalisé pour la NASA [6] (figure 1), offre déjà une puissance
électrique de 39 W avec un rendement global de 18 %, approchant
ainsi les 25 % des moteurs essence à combustion interne
(rendement maximal du puits à la roue). Les caractéristiques principales sont les suivantes :
– fluide utilisé : hélium à 55 bar avec un rapport de pression
pa/p0 = 0,065 ;
– fréquence : 120 Hz ;
– niveaux de température : 650 oC/30 oC ;
– l’échangeur chaud utilise la chaleur produite à partir d’un
radio-isotope. Il est constitué de deux plaques métalliques parallèles de 105 mm × 52 mm, distantes de 2 mm. L’échangeur froid est
un cylindre en aluminium de 4 cm avec des perforations de 1,6 mm
de diamètre ; l’eau utilisée comme fluide de refroidissement circule
autour dans un passage annulaire. Le régénérateur, d’une longueur
de 4 cm, est réalisé avec des grilles métalliques tissées.
Indices
a
amplitude
c
côté froid
d
déplaceur
e
entrée
g
gaz
h
côté chaud
p
piston
s
sortie
t, w
parois
b photographie
Figure 1 – Prototype Stirling thermoacoustique de la NASA
(d’après [6])
longueur d’onde
µ
C
a schéma
rapport déplacement
acoustique sur longueur
ΛL
R
Depuis son invention par R. Stirling lui-même (1824), le fonctionnement du moteur Stirling classique ou « à liaisons mécaniques »
a souvent été décrit au moyen du cycle thermodynamique du
même nom, mais, en fait, comme il n’y a pas d’écoulement
continu du fluide à l’intérieur de la machine, le fonctionnement du
moteur ne respecte pas ce cycle. Le mérite essentiel de Stirling a
été d’inventer le régénérateur, milieu poreux qui maintient un gradient de température sur toute sa longueur entre la source chaude
et le puits froid. On a malheureusement trop souvent cantonner le
rôle du régénérateur uniquement à celui d’accumulateur de chaleur. En fait, son rôle consiste aussi à amplifier l’onde de pression
occasionnée par le déplacement du ou des pistons.
1. Moteurs Stirling
« thermoacoustiques »
Nous n’aborderons pas ici la description détaillée des moteurs
Stirling classiques auxquels de multiples ouvrages ont été
consacrés [7] [8] [9] [10] [11] [12]. Ces machines sont largement
employées en cogénération d’électricité et de chaleur, il en existe
des géométries très diverses (figure 2) à entraînements mécaniques
ou à pistons libres, ces derniers étant moins développés car de stabilité et de réglages plus complexes. Par contre, il est ici intéressant
de décrire brièvement le fonctionnement et la modélisation thermomécanique de ces machines [13] [14] [15] [16] [17] [18].
Comme exposé dans l’article [BE 8 060] Convertisseurs thermoacoustiques. Effet thermoacoustique, le phénomène d’amplification thermoacoustique de l’énergie mécanique sous forme d’onde
acoustique est utilisable pour réaliser des moteurs à partir de la
transformation de la chaleur fournie par la source chaude. En association avec un générateur électrique, les systèmes thermoacoustiques sont déjà utilisés pour des générateurs électriques nomades
par des organismes comme la NASA aux États-Unis.
La figure 3 illustre, pour une machine Stirling à pistons libres
(MSPL), la disposition du piston de compression et du déplaceur
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Volume de
compression
Th
Volume de
détente
Régénérateur
Th
Th
Th
Qh
Déplaceur
Q
Échangeur
Échangeur
Tc
Piston déplaceur
Qc
Piston
a modèle alpha
Tc
Tc
Tc
Matelas
gazeux
Régénérateur
1
2
3
4
P
3
4
2
3'
1
4’
Piston
moteur
Volume de
compression
V
Piston déplaceur
Figure 3 – Fonctionnement de la machine Stirling à pistons libres
Volume de
détente
b modèle béta
Yd Déplaceur
Bobinages
Yp
Piston/générateur
Vb Ressort gaz
Volume de
compression
Ar
Pd
Pc
Vdc
Vde
Vr
.
Qh Tc Échangeur Régéné- Échangeur
chaud
froid
.
W
Pb
k raideur
~
.
.
Ta Qc Charge électrique – Cpalt yp
Vc
Régénérateur
Figure 4 – Architecture d’une machine Stirling simple à pistons libres
c modèle gamma
– phase 3 : le piston de compression descend en comprimant son
volume tampon, la baisse de la pression moyenne se produit en
raison de l’augmentation du volume du fluide de travail, la diminution résultante de la température du fluide est compensée par un
apport de chaleur (Qh) dans le volume supérieur de détente ;
Piston
moteur
– phase 4 : le déplaceur est rejeté vers le haut par l’effet de la
pression du matelas gazeux sur sa tige (l’effort devenant supérieur
à celui de la pression du gaz de travail sur la partie supérieure du
déplaceur) obligeant le gaz à repasser dans le régénérateur où il
s’échauffe, et le cycle recommence.
Figure 2 – Géométries classiques de machines Stirling à entraînement
mécanique des pistons
L’architecture générale d’une MSPL est illustrée sur la figure 4
où les échangeurs chaud et froid sont disposés en extérieur du
cylindre de travail et respectivement en communication avec les
zones de détente et de compression internes ; ils encadrent le
régénérateur. La figure 5 représente une machine de cogénération,
basée sur un alternateur linéaire à aimants permanents et réalisée
par la société américaine Sunpower [15] pour une puissance électrique de 1 kW [18]. L’entraînement mécanique du générateur électrique (partie centrale de la figure) est réalisé par sa liaison au
piston mobile de la machine Stirling à pistons libres dont la source
chaude externe (en bas sur la figure) peut être alimentée par la
combustion de gaz naturel.
dont la tige, de section plus faible, aboutit dans un volume fermé
variable qui sert de ressort gazeux. Le piston de compression peut
être utilisé comme élément mobile magnétique se déplaçant dans
un enroulement de bobine électrique si on désire produire de
l’électricité directement avec le moteur. Le fonctionnement de la
MSPL est le suivant (voir cycle de la figure 3) :
– phase 1 : refroidissement du volume de compression, sa pression baisse. La pression du volume tampon devenant supérieure à
la pression moyenne du gaz, le piston monte entraînant une chute
de pression du volume tampon ; de la chaleur (Qc) est extraite au
niveau du volume de compression ;
– phase 2 : le déplaceur/régénérateur descend, la force sur le
dessus devenant supérieure à celle induite sur la tige par la pression du volume tampon, le gaz du volume de compression passe
dans le volume de détente après chauffage dans la matrice
poreuse du régénérateur (non représenté sur la figure 3, il peut
être externe ou aménagé dans le déplaceur lui-même (figure 4
);
BE 8 061 – 4
rateur
Ap
Pe
Volume de
détente
Ad
Vh
Tout comme pour les machines thermoacoustiques, la théorie
des flux d’énergie axiaux et ses schémas d’écoulement des flux
associés ([BE 8 060], § 4) éclairent le fonctionnement des machines
Stirling en général. Dans le cas particulier des moteurs Stirling avec
des pistons libres (figure 6), une partie de l’énergie mécanique Wd
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VP
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_______________________________________________________________________________________________ CONVERTISSEURS THERMOACOUSTIQUES
Th
Ta
.
Qh
Ressort gaz (piston)
.
Qc
.
W
Palier à gaz
Q
Générateur linéaire
Volume de
compression
Palier à gaz
Déplaceur ressort gaz
Refroidisseur
.
Qh
Volume d'expansion
Tubes
Figure 6 – Flux d’énergies d’une machine Stirling simple à pistons
libres
produite dans la zone chaude est prélevée dans la zone froide Wc
et amplifiée par le régénérateur (gradient thermique supérieur au
gradient critique et dans le sens du flux d’énergie) jusqu’à Wd , la
différence Wd – Wc est disponible sur le piston de travail. Le flux
d’enthalpie ⟨HW ⟩ est nul si le régénérateur est parfait si bien que la
avec Tc
Th
avec Vh
Vc
(1)
Vr
(2)
volume froid,
volume poreux du régénérateur,
yd0 position initiale du déplaceur.
Les pressions dans les divers volumes sont, après linéarisation
des expressions, calculées de la manière suivante [13] [17] [18] :
section de la tige entrant dans le déplaceur,
mp masse du piston moteur,
md masse du déplaceur,
amplitude de déplacement du piston de compression,
yd
amplitude de déplacement du déplaceur,
pi
pression moyenne du gaz dans le cycle ou dans un
volume i,
k
coefficient de raideur du ressort d’attache du piston ;
Zone chaude : pc ≈ p
(4)
Zone froide : pe ≈ p + Δp
(5)
Le terme Δp représente les pertes de charge en écoulement
oscillant entre les volumes de compression et de détente, dans les
échangeurs et le régénérateur ; nous n’aborderons pas immédiatement ce délicat problème (voir § 5). Le fait d’affecter Δp sur la
pression de zone froide est totalement arbitraire.
sont des dissipations et des charges
imposées.
Volumes « ressorts » :
Les indices Hp ou Hd sont relatifs aux pertes « hystériques »
(voir ci-après), palt concerne l’action de la charge occasionnée par
l’alternateur linéaire électrique sur le piston, et pdep l’action éventuelle d’une charge électrique sur le déplaceur.
et
On évalue la pression moyenne globale correspondant aux différentes masses de fluide de travail dans les différents volumes supposés isothermes et en utilisant la loi des gaz parfaits. Cette
pression globale instantanée p du gaz dans la machine, est estimée à partir de la pression interne pi « de gonflage », soit :


Ap y p  A d − A r A d 
yd 
p ≈ pi 1 −
+
−
Tc S  Tc S
Th S 


volume chaud,
yp0 position initiale du piston de compression,
avec Ap section du piston de compression,
Ad section du déplaceur,
CHp , CHd , Cpalt , Cpdep
température de la source chaude.
est un paramètre de calcul
Le fonctionnement du MSPL est décrit par les équations de la
dynamique appliquées pour chacun des deux pistons (figure 4) :
md yWWd = A d (pe − pc ) + Ar (pc − pd ) − (C pdep + CH d )yW d
température du puits froid,


Th 
 A p y p0 V Vr ln Tc  A y
V 
+ d d0 + h 
S=
+ c+
Th 
Th − Tc
Th
Tc
 Tc
différence entre les chaleurs fournie QW h et extraite QW c est convertie
en énergie acoustique.
mp yWWp = A p (pc − pb ) − (C palt + CHp )yW p − k y p
.
Qc
énergie mécanique
flux de chaleur
flux d’enthalpie
Isolation
Figure 5 – Machine à pistons libres pour générer 1 kWe (société Sunpower)
yp
Wc
Déplaceur
Régénérateur
Ar
.
H
Wd
avec Vb
Vd
γ
 γ Ap 
Vb


≈ pi 1 +
p b = pi 
yp 

Vb


 Vb + A d y p 
γ Ar


pd ≈ pi 1 +
yd
Vd


(6)
(7)
volume tampon piston au repos,
volume tampon sous le déplaceur.
À partir des équations (1) et (2), on peut aussi établir des équivalences en termes d’impédances hydrauliques ou acoustiques pour
les différentes sous-parties de la machine (pistons, volumes,
liaisons...) et traiter l’ensemble comme un circuit électrique équivalent.
(3)
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est strictement interdite. – © Editions T.I.
VQ
BE 8 061 – 5
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
beXPVQ
CONVERTISSEURS THERMOACOUSTIQUES ______________________________________________________________________________________________
Par exemple, le modèle équivalent de l’ensemble piston
moteur/générateur électrique (figure 7) comporte une self de
valeur mp , masse du piston, en série avec la capacité
Piston moteur
yp piston
 γ A p2 
 k + V pi 


b
Q
Ap
Matelas gazeux
Ap pch
Vb
uch
.
− CHp y p
~
Dissipations
− Cpalt y. p
a modèle
u ch =
 γ Ab2p0

+k

 Vb

−1
Concernant les coefficients (positifs) CHp et CHd introduits pour
tenir compte des pertes d’énergie par effet d’hystérésis des ressorts gazeux, diverses études [73] [74] [75] [76] ont pu montrer que
ces pertes dépendent des dimensions du volume balayé par les
pistons, de leurs positions initiales, de l’amplitude de pression réalisée et de la pulsation angulaire :
dy p
mp
(qui est l’inverse de la raideur du ressort équivalent
pour le matelas de gaz de volume Vb) et la résistance Cpalt + CHp .
Cette résistance correspond à la fois aux dissipations CHp par
effets hystériques (cycles thermiques P, V non plats) dans les
matelas de gaz et au freinage Cpalt obtenu par action de l’alternateur couplé au piston en cas de production d’électricité (utilisation
usuelle des MSPL). Les conclusions sont équivalentes pour le
déplaceur (haut de la figure 8).
Pb
Charge électrique
−1
dt
Cpalt+CHp
2
th( j Pr Wo) 
 p  V 1 γ −1 
CH ≈  a  b
\ 1 −

P
ω
γ
y
j Pr Wo 

 p i
b schéma électrique équivalent
Cpalt et CHp apparaissent comme des résistances, la masse du piston
comme une inductance, la raideur du ressort entre dans la valeur de la
capacité.
avec
Figure 7 – Piston-générateur électrique
les
nombres
de
Prandtl
Pr =
ρg ω rh2
Wo =
c pg µ
kg
et
µ
(Ad − Ar )
Ap
~
(Ad − Ar )p c
md
Ad~
pe
dy d
dt
Cddep + CHd
 γ A2r 


 Vd 
−1
Déplaceur
~
pc
~
pe
R
dy d
dt
rv
"v
C
Ad
Ad
L
Ve, Th
Volume
chaud
Vde, Th
Échangeur
Rn
Régénérateur
Vdc, Tc
Ap
Échangeur
 γ A2p 
Pi 

 Vb

Piston libre
mp
Cdalt + CHp
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VR
dy p
dt
Vc, Tc
−1
Figure 8 – Schéma électrique équivalent complet de la machine à piston libre de la figure 4
BE 8 061 – 6
Volume
froid
Ap
i0
rt, c
dy p
dt
Ap~
pc
(8)
Womersley
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Convertisseurs thermoacoustiques
Dimensionnement
par
Q
Philippe NIKA
Professeur, université de Franche-Comté, CNRS
1.
Positionnement du problème................................................................
2.
2.1
2.2
Similitude des machines thermoacoustiques ..................................
Cas d’un moteur ...........................................................................................
Cas d’une machine frigorifique..................................................................
3.
Modélisation analogique : réseaux et quadripôles électriques
équivalents .................................................................................................
Définitions des impédances de réseaux équivalents ................................
Quadripôles équivalents et représentation d’un moteur Stirling
thermoacoustique ........................................................................................
3.1
3.2
BE 8 062 - 2
—
—
—
2
3
3
—
—
4
4
—
4
4.
4.1
4.2
4.3
Réseaux et formules simplifiés pour divers systèmes...................
Moteur Stirling thermoacoustique : TASHE ..............................................
Machines thermoacoustiques en cascade .................................................
Refroidisseurs pulse tube ............................................................................
—
—
—
—
7
7
8
8
5.
Simulations numériques CFD, DeltaE et autres ..............................
—
9
6.
6.1
—
10
6.2
Optimisation des performances ...........................................................
Optimisation par la thermodynamique en temps fini (TTF)
d’un système à ondes stationnaires ...........................................................
Optimisation paramétrique du « stack thermoacoustique » ....................
—
—
10
12
7.
Conclusions pour les règles de dimensionnement .........................
—
16
8.
Optimisations technologiques supplémentaires .............................
—
17
Pour en savoir plus ...........................................................................................
Doc. BE 8 062
et article fait suite aux deux articles « Effet thermoacoustique » [BE 8 060]
et « Moteurs et refroidisseurs thermoacoustiques » [BE 8 061]. Il en utilise
largement les notions et résultats théoriques. Outre ces connaissances bien
spécifiques, la modélisation des systèmes thermoacoustiques passe par l’utilisation des analogies avec des réseaux électriques, quelques connaissances
dans ce domaine sont donc aussi nécessaires. Le problème du dimensionnement d’une machine thermoacoustique ainsi que celui de son optimisation
globale n’est pas résolu actuellement de façon simple et systématique. En réalité, le « design » d’un dispositif est effectué plus ou moins par tâtonnements
successifs, soit en appliquant les règles de similitude à partir des
connaissances acquises sur une machine existante et de fonctionnement
connu, soit en définissant a priori une structure acoustique et en optimisant
certaines parties en fonction des résultats obtenus grâce à des modèles plus
ou moins sophistiqués (programme DeltaE, équations d’ondes, théorie de la
thermoacoustique linéaire...). Ces modèles ont généralement été mis au point
pour retrouver au mieux les résultats expérimentaux d’un prototype donné et
ne possèdent donc pas vraiment de caractère universel. L’article [BE 8 063]
traite de la combinaison des moteurs et récepteurs thermoacoustiques, il rapporte les récentes avancées dans la réalisation de ces systèmes.
p。イオエゥッョ@Z@ッ」エッ「イ・@RPPX
C
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VS
BE 8 062 – 1
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
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CONVERTISSEURS THERMOACOUSTIQUES ______________________________________________________________________________________________
méthode dans le paragraphe 3. À partir des résultats obtenus par
ces calculs et en fixant les valeurs de certaines des impédances
p
(c’est-à-dire Z = a
pour les impédances acoustiques), on peut
ua
progresser vers une géométrie optimale du réseau acoustique.
1. Positionnement
du problème
Q
Un tableau regroupant les notations et symboles utilisés
peut être consulté à la fin de l’article.
2. Similitude des machines
thermoacoustiques
L’analyse de la bibliographie spécialisée des systèmes thermoacoustiques (moteurs ou récepteurs) donne déjà et au cas par cas
quelques règles de dimensionnement incontournables ; celles-ci
concernent :
– les contraintes dimensionnelles sur le rayon hydraulique du
stack ou du régénérateur, sur leur longueur, etc. ;
– la position du milieu poreux dans le guide d’onde (par
exemple, un régénérateur est généralement disposé près d’un
nœud de vitesse pour limiter les dissipations visqueuses) ;
– les valeurs des impédances aérauliques (rapport de l’amplitude de pression à celle de la vitesse acoustique du fluide) du
circuit acoustique à respecter pour un juste réglage des phases
entre la pression et le débit du gaz ;
– les dimensions axiales des échangeurs (avec une longueur
identique au déplacement crête à crête des particules fluides) ;
– la structure du système (linéaire ou en boucle et de longueur
totale liée à un nombre entier de quarts de longueur d’onde) utilisant des ondes stationnaires, progressives ou mixtes.
Il n’est cependant pas possible pour le moment de vraiment
optimiser un système thermoacoustique destiné à telle ou telle
fonction de manière globale et entièrement efficace. La conception
ou l’optimisation des systèmes thermoacoustiques reste donc
encore partielle étant faite élément par élément : le stack qui est
l’amplificateur de l’onde, les circuits acoustiques, le résonateur, les
échangeurs thermiques, et les dispositifs technologiques
supplémentaires : dispositifs anti-streaming, antiturbulence, etc.
Le cas de dimensionnement le plus difficile est certainement
celui des échangeurs de chaleur ; il n’y a en effet pratiquement pas
eu de recherches poussées dans ce domaine et employer les
méthodes de dimensionnement traditionnelles, comme celles utilisées pour les échangeurs compacts par exemple, reste incorrect
dans le cas des écoulements oscillants (cf. article Convertisseurs
thermoacoustiques. Moteurs et générateurs [BE 8 061].
Dans la plupart des projets de systèmes thermoacoustiques, un
arbitrage est nécessaire entre les puissances thermiques ou mécaniques produites/soutirées et les performances attendues : rendement thermique ou coefficient de performance. Un facteur
déterminant de la conversion thermoacoustique de l’énergie est le
rapport entre le gradient thermique pariétal du stack ou du régénéΔ
rateur ΔTx et le gradient critique acoustique Δcrit , soit ΓT = Tx (cf.
Δcrit
article « Convertisseurs thermoacoustiques. Effet thermoacoustique » [BE 8 060]).
Dans la recherche d’un fonctionnement optimal, la thermodynamique en temps fini (TTF) peut déjà fournir un guide selon les températures des sources et puits, les efficacités des échangeurs de
chaleur et les propriétés des matériaux et des fluides. Nous approfondirons cette méthode au paragraphe 6.
Une fois effectué un choix sur la géométrie du circuit acoustique
et les éléments constitutifs du système complet, il semble que
l’étude du comportement dynamique de celui-ci à partir de schémas électriques équivalents soit la technique la plus simple.
Le principe de modélisation par réseau électrique équivalent
consiste à établir une analogie entre les formulations des grandeurs électriques et des grandeurs fluidiques (ou aérauliques ici).
Dans cette vision des choses, les amplitudes de pression sont à rapprocher des tensions électriques et les amplitudes des débits massiques (ou les vitesses ou les débits volumiques du fluide) de celles
des intensités électriques. Nous développerons en détail cette
BE 8 062 – 2
La technique de la similitude est très souvent utilisée dans
l’aéronautique, les études navales, la conception de turbines, de
compresseurs centrifuges ou axiaux et bien d’autres machines.
Elle consiste à déduire la géométrie d’une nouvelle machine, à
partir de la connaissance de groupements sans dimensions particuliers pour le fonctionnement d’une machine déjà développée et
testée expérimentalement et de l’application des règles de similitude. La machine de référence peut être un prototype à échelle
réduite par exemple. Un autre intérêt de la similitude est de pouvoir représenter le comportement d’un système au moyen d’un
nombre réduit de groupes adimensionnels, limitant ainsi le
nombre de variables nécessaires dans une étude expérimentale.
Cependant, il faut commencer par identifier la liste des variables
indispensables dont dépend le fonctionnement du système. Pour
l’étude des systèmes thermoacoustiques, les variables peuvent
être classées dans les catégories suivantes :
– variables géométriques du système et de ses sous-parties,
comme : LT longueur totale du système, Aref une section de référence, rref un rayon hydraulique caractéristique, un nombre n
d’autres longueurs caractéristiques xj nécessaires (des échangeurs, du stack, pour les positions, etc.) ;
– propriétés thermophysiques du gaz : γ rapport des capacités
calorifiques isobare et isochore, cref vitesse du son de référence,
kref conductivité thermique de référence, µref viscosité dynamique
de référence ; variables auxquelles nous ajouterons deux coefficients correspondant aux lois de variation de la viscosité et de la
conductivité thermique avec la température, soit bk et bµ :


kg (T ) = kref  T
 Tref 
bk
(1)
bµ


µ (T ) = µref  T
 Tref 
(2)
Sachant que, pour la vitesse du son, la dépendance en température est connue :
0 ,5


c (T ) = c ref  T
 Tref 
(3)
– propriétés thermophysiques des i matériaux constitutifs du
système : ksi , ρsi , csi conductivité thermique, masse volumique et
capacité calorifique ;
– variables de fonctionnement du système : QY h puissance thermique fournie à l’échangeur chaud (pour une machine motrice), Tref
température de référence, pref pression moyenne de référence ;
– variables dépendantes des précédentes : f fréquence de cycles,
Ta(x, t ) amplitude locale de température, pa(x, t ) amplitude locale
de pression, ua(x, t ) amplitude locale de la vitesse particulaire du
gaz, WY
puissance acoustique générée (moyenne temporelle).
Que l’on se situe dans le cas d’un moteur thermoacoustique ou
dans celui d’un refroidisseur thermoacoustique, seule une étude
dimensionnelle empirique ou bien l’adimensionalisation des équations représentatives de la physique du système permettent généralement de définir les groupements adimensionnels intéressants. Les
principaux résultats vont être résumés dans les paragraphes suivants.
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VT
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2.1 Cas d’un moteur
Elle est modifiée en remplaçant la fréquence par f =
(la
2LT
longueur de référence du circuit étant ici considérée comme une
demi-longueur d’onde LT = λ ), soit cette valeur modifiée de
2
référence :
La fréquence de cycle f ainsi que la production de puissance
acoustique WY sont des variables de « sortie » dans l’étude du
moteur ; elles résultent du déclenchement de l’instabilité de l’écoulement du fluide, elle-même due au niveau de température obtenu
en fournissant la chaleur à la source chaude. Nous prenons
comme convention de positionner les variables dépendantes dans
le membre de gauche de nos relations, alors que toutes les autres
variables sont rangées du côté droit : géométrie, propriétés
physiques, variables de fonctionnement (équation (4)). Outre la fréquence et la puissance acoustique, les autres variables dépendantes sont les pressions, les vitesses particulaires et les températures
du gaz. En divisant chacune par une valeur de référence de même
dimension, on peut proposer la recherche de la fonction suivante :
 f LT



cref


Ta (x , y )

Tref


 p (x , y )

a


pref


 u (x , y )

a


c
re
f


 WY


(prefcref Aref )
δCk = 2krefLT /πρrefc prefc ref
Pour les refroidisseurs, la fréquence de cycle f est imposée (par
un actionneur) de même que le niveau de température désiré à la
source froide Tc : ce sont des variables de fonctionnement donc
placées à droite dans les relations. Par contre, la puissance frigorifique produite QY c passe du côté des variables dépendantes dans
l’écriture (côté gauche de l’équation (11)). Les autres variables
dépendantes sont toujours : les pressions, les vitesses particulaires
et les températures du gaz.
Ta (x , y )



Tref


(
,
)
p
x
y
 a

p


ref
 u (x , y )

 a

c
ref


 QY

 c

 (prefcref Aref )
→ géométrie
→ propriétés du fluide
cp µ
kg
→ propriétés des matériaux
→ variables de fonctionn
nement
, le nombre de Prandtl,
k si ρ si c psi
,
kref ρrefc pref
(6)
le rapport des
s effusivités thermiques.
Les masse volumique et capacité calorifique de référence sont
respectivement définies par :
ρref =
et
c pref =
γ pref
2
c ref
2
c ref
(γ − 1)Tref
2kg
ωρgc pg
propriétés du fluide
propriétés des matériaux
variables de fonctionnement
k
ref T
ref pref ref
tipliée par 2 comme le rayon de référence rref ; on note donc qu’il
faudra modifier la masse volumique du gaz ρref et donc la pression
pref par un facteur 1/2. Pour un moteur, ces changements se traduiront par un facteur de réduction 1/2 pour la fréquence et une multiplication par 2 de la puissance mécanique générée ainsi que de la
puissance thermique à fournir.
(7)
(8)
Par contre, si l’on désire changer la pression interne du gaz d’un
facteur q et diminuer les longueurs en proportion (facteur 1/q ), il
faut alors simplement diviser la puissance thermique apportée par
un facteur q.
La formulation habituelle pour l’épaisseur de la couche limite
thermique (cf. [BE 8 060], équation (25)) :
δk =
géométrie
La similitude totale entre deux machines impose un respect
strict de l’égalité des groupements du côté droit des relations définies ci-dessus ((4) et (11)). Par exemple, le changement de la longueur totale LT par un facteur 2 à partir d’un moteur donné,
impose une multiplication par 2 de toutes les dimensions et par 4
de toutes les sections (cf. première ligne à droite des équations (4)
et (11)). On s’aperçoit facilement que toutes les caractéristiques du
fluide, des matériaux (membre de droite, lignes 2 et 3) et les
groupes géométriques correspondants sont conservés. L’épaisseur
de couche limite thermique δC = 2k L /πρ c c
doit être mul-
(5)
bre de Prandtl de référence
Prref un nomb
εCs,i =
(11)
x
 Aref
r
, ref , j ,... →

LT
LT
LT2

→
 γ , Prref , bk , bµ
= g
 ε , k si
→
kref
 s,i

C
δ
fL
Tc
, T
, k
→
cref
rref
 Tref
avec :
Pr =
(10)
2.2 Cas d’une machine frigorifique
(4)
x
 Aref
r
, ref , j , ...

LT
LT
LT2

 γ , Prref , bk ,bµ
= g
 εC , k si
kref
 s,i
 Y
δC
 Qh
, k
rref
 (prefcref Aref )
c ref
Pour un changement du gaz de travail dans une machine, la
similitude totale devient plus difficile à réaliser puisqu’elle touche
les propriétés thermophysiques du fluide et des matériaux
ensembles ; la plupart du temps la similitude ne sera donc que
partielle.
(9)
avec ω la pulsation de l’onde.
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VU
BE 8 062 – 3
Q
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3. Modélisation analogique :
réseaux et quadripôles
électriques équivalents
Q
Si on compare l’équation (13) avec l'équation entre le courant i et la
tension u dans un circuit électrique comportant une self L et une résisdi
+ Ri , il apparaît que la différence de pression
tance R en série, u = L
dt
peut être reliée au débit volumique par un terme de conductance
hydraulique (ou par son inverse la résistance hydraulique R ) :
3.1 Définitions des impédances
de réseaux équivalents
1 VY
K
=
= dA
R Δp |µ
Dans la mesure où les dimensions principales du système, hormis
sa longueur totale, sont réduites en comparaison de la longueur
d’onde, ceci pour éviter l’apparition de résonances et d’harmoniques à ces dimensions, on peut modéliser le comportement thermofluidique d’une machine thermoacoustique à partir d’un réseau
électrique équivalent.
■ Inductance pour l’écoulement dans un milieu poreux
D’après l’équation (13), toujours par identification avec l’équation du circuit électrique, on constate encore que l’inductance
aéraulique correspond à :
L=
Les réseaux équivalents comportent généralement des capacités
C, des inductances L, des résistances R ) associées en parallèle ou
en série ainsi que des sources de courant équivalentes. Toutes ces
valeurs dépendent entièrement de la géométrie de chaque souspartie et des paramètres opératoires : pression moyenne, fréquence... Lorsque l’on considère le couple (pression, débit volumique), équivalent au couple (tension, courant), les définitions des
diverses impédances sont les suivantes.
température moyenne T
du
,
dt
pour la variation de la masse d’un volume de gaz compressible
sous l’influence de la pression, on peut introduire la capacité
hydraulique de la façon suivante :
Si l’on considère la relation de la capacité électrique i = C e
dV
V
=
dp ρr κT
(12)
a
Il existe aussi une résistance de relaxation thermique de l’énergie acoustique [cf. [BE 8 060], équation (64)] et exprimée par
Swift [1] sous la forme :
■ Résistance à l’écoulement dans un milieu poreux
La perte de charge due à un écoulement de fluide au travers
d’un milieu poreux peut être exprimée à partir de l’équation fondamentale de quantité de mouvement en régime dynamique en faisant intervenir la perméabilité Kd , soit :
R th =
2γ p0
ω (γ − 1)Aδ k
(16)
3.2 Quadripôles équivalents
et représentation d’un moteur
Stirling thermoacoustique
(13)
d2
, homogène à une perméabilité de Darcy [cf.
2fr Redh
Pour les calculs qui suivent, à l’aide des réseaux équivalents d’un
système thermoacoustique donné, il est plus aisé de raisonner en
terme de débit volumique de fluide, noté VY , que de vitesse acousti-
d2
[BE 8 061], équation (123)] ; cette relation se simplifie en Kd =
32
en régime laminaire dans un capillaire simple de diamètre d ) ;
que du fluide (avec VY = Aua ; A section du tube). Pour rester assez
général, on considère le schéma électrique équivalent d’un moteur
Stirling thermoacoustique TASHE (Thermo Acoustic Stirling Heat
Engine, figure 1) dont l’énergie mécanique produite est dépensée
dans une charge (refroidisseur TGP, piston mobile, système électrique...) caractérisée par une impédance mécanique/acoustique Zch .
Cette charge est disposée en sortie du système au bout d’une branche annexe greffée sur le moteur. Dans un premier temps, pour
obtenir un réseau plus simple, les volumes des échangeurs
ρ ud h
est le nombre de Reynolds et fr, le facteur de frotµ
tement [2] [3],
avec d diamètre du canal d’écoulement et | sa longueur,
A section libre de passage du fluide de viscosité dynamique µ,
ρ masse volumique du fluide,
VY débit volumique du fluide.
où Redh =
BE 8 062 – 4
(15)
Le tableau 1 donne les diverses expressions des impédances par
unité de longueur utilisables selon le domaine et le couple de
variables choisies.
est le rapport des capacités calorifiques à pression et
cvg
volume constant du gaz.
avec Kd =
ρ|
A
a
c pg
u
|ρ ∂VY
∂p
∂u
µ| Y
V
+
+µ
⇒ − Δp =
=ρ
Kd
A ∂t AKd
∂t
∂x
=
courant est ua ;
– pour le domaine de l’hydraulique : la tension est pa et le
courant (débit volumique) est VY = A u .
r = cpg – cvg est la constante thermodynamique du gaz parfait en
(J · kg–1 · K–1).
−
∂VY
∂t
En résumé :
– pour le domaine mécanique : la tension est A pa où pa est
la pression appliquée sur la section A et le courant est ua la
vitesse moyenne du gaz dans la section A ;
– pour le domaine de l’acoustique : la tension est pa et le
κ est un coefficient polytropique qui dépend du type de transformation du gaz dans le volume, il est égal à 1 dans le cas de transformations isothermes dans le volume et κ = γ dans le cas de
transformations isentropes ;
γ =
Δp
De manière beaucoup plus générale, l’équivalence entre les
impédances des divers domaines, hydraulique, mécanique, acoustique, électrique... est obtenue via l’expression de la puissance.
Ainsi, pour le domaine électrique, la puissance est exprimée par le
produit de la tension et du courant électriques tandis qu’en mécanique, la puissance est le produit de la force par la vitesse. Les forces peuvent être représentées par des tensions et les vitesses par
des courants. En hydraulique, on utilise le couple pression (tension), débit volumique (courant) et en acoustique le couple pression, vitesse oscillante du fluide (courant).
■ Capacité d’un volume Vcontenant une masse de gaz m à la
C=
(14)
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Tableau 1 – Expressions des impédances hydrauliques, mécaniques ou acoustiques
par unité de longueur
Couple
Capacités
Inductances
1 dV
γA
=
| dp k ρ c 2
A
=
kp0
c′ = −
( pa , VY ) hydraulique
|′ =
Résistances
ρg
1 Δp
=
A
| ∂VY
∂t
( paS , ua ) mécanique
cm = 1
γ Ap0
| m = A ρg
( pa , ua ) acoustique
cu = 1
γ p0
| u = ρg
r′ =
rm =
ru = ω ρgx
8  − g0 (W0 j ) 


2
Anti-streaming (Gédéon)
Échangeur froid
Régénérateur
(17)
Échangeur chaud
Ligne de
retour
Tube conique
(anti-streaming de Rayleigh)
Avec le détail du quadripôle :
Redresseur écoulement




 
| r  BT
|r   
 BT  
ch
Δ
s
h
Δ
+
exp
|

 2 r  
  


2 
2
 
Δ


| 
 BT  Z U

sh Δ r  
 2exp 2 | r 
2 

Δ 
(18)
Charge
a schéma de base
| r est la longueur du régénérateur.
Une fois calculé, le déterminant de la matrice vaut :
DetR = R11R22 – R21R12 = exp(BT | r )
Ligne feed back
•
Vfb
•
Vfb
•
V0
(19)
•
Ve
Ajoutons les définitions suivantes pour les termes nécessaires à
l’évaluation du quadripôle :
ΔTx
G0
Tg
(20)
CT = − Z U YU
(21)
Z U = (ru + jω | u ) /A
(22)


YU = A  jω c u + 1 
rT 

(23)
Zfb
R11
C0
Δ = BT2 − 4CT
BT = −
µ
Kd
Volume capacité
Les indices e et s des amplitudes de pression et des débits volumiques représentent un côté entrée (zone froide) et sortie (zone
chaude).
R11 R12 

=
R 21 R 22 
  BT   BT
| 
| 


sh Δ r  + ch Δ r  
exp | r   −

2
2
2 

Δ 


 − 2exp BT |  CT sh Δ | r 

 2 r  Z U Δ 
2 

Q
1 − g0 (W0 j )
thermiques chaud et froid peuvent être rattachés à celui du régénérateur, puisqu’ils sont disposés à chacune de ses extrémités. Le régénérateur sera, quant à lui, représenté par le quadripôle correspondant à
sa matrice thermoacoustique (voir § 7 de l’article [BE 8 060], Convertisseurs thermoacoustiques. Effet thermoacoustique) :
pe  R11 R12  ps 
 Y =
 
Ve  R21 R22  VYs 
1 Δp
µ
=
A Kd
| VY
pe
•
Vch = Ap dyp
•
Vs
R12
•
V*
Zch
pch
R21
dt
R22
C1
Charge
Amplification thermoacoustique
et
b schéma électrique équivalent
Figure 1 – Machine TASHE
G0 , CT , BT , Δ... dépendent du nombre de Womersley :
ru , | u , cu , rT ... sont les impédances par unité de longueur, données par les équations du tableau 2 de l’article Convertisseurs thermoacoustiques. Effet thermoacoustique [BE 8 060] et rappelées
dans le tableau 1 de cet article.
G0 =
(g0 (Wo j) − g0 (Wo jPr ))
(Pr − 1) (1 − g0 (Wo j))
Wo =
(24)
ρgω rh2
µ
(25)
La notation complète pour les tensions (pressions) et les courants (débits) dans les différentes branches du circuit du TASHE
est indiquée sur la figure 1b
.
(fonction représentée sur la figure 8 du [BE 8 060])
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est strictement interdite. – © Editions T.I.
VW
BE 8 062 – 5
Q
VX
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beXPVS
Convertisseurs thermoacoustiques
Systèmes combinés moteur/générateur
par
Q
Philippe NIKA
Professeur, université de Franche-Comté, CNRS
BE 8 063 - 3
—
3
—
3
1.
1.1
1.2
Concepts de systèmes thermoacoustiques ......................................
Systèmes à ondes progressives, rétrogrades ou stationnaires...............
Assemblages de systèmes à ondes progressives et stationnaires .........
2.
2.1
2.2
Modélisation théorique des circuits acoustiques ...........................
Procédure de modélisation : exemple de circuit en boucle .....................
Utilisation du modèle théorique d’onde pour la détermination
des profils de pression et vitesse ...............................................................
Ondes directes et rétrogrades, taux d’onde stationnaire .........................
Expressions des puissances acoustiques ..................................................
Facteurs de réflexion et de transmission d’onde aux extrémités
des stacks au des régénérateurs ................................................................
—
—
6
6
—
—
—
7
8
9
—
9
3.
Cycles thermoacoustiques ouverts.....................................................
—
10
4.
4.1
4.2
4.3
4.4
4.5
4.6
4.7
4.8
4.9
4.10
4.11
Quelques réalisations..............................................................................
Modèle d’étude d’un moteur à ondes stationnaires.................................
Moteur thermoacoustique à ondes stationnaires .....................................
Refroidisseur beer cooler ............................................................................
Refroidisseur tube à gaz pulsé greffé sur moteur thermoacoustique.....
Refroidisseur pulse tube à ondes progressives et rétroaction ................
Refroidisseur thermoacoustique à cycle ouvert et à ondes stationnaires ..
Moteur Stirling thermoacoustique à ondes progressives........................
Moteur-amplificateur avec stack et régénérateurs en cascade................
Moteur-amplificateur double avec stack et régénérateurs en cascade...
Machines thermoacoustiques à cycle ouvert et à combustion interne...
Concepts de climatisation thermoacoustique ...........................................
—
—
—
—
—
—
—
—
—
—
—
—
12
12
13
13
13
14
14
15
15
16
16
17
2.3
2.4
2.5
Pour en savoir plus ............................................................................................ Doc. BE 8 063
es notions de base sur les ondes acoustiques ainsi que la description des
effets thermoacoustiques sont données dans l’article [BE 8 060] « Convertisseurs thermoacoustiques. Effet thermoacoustique ». Les articles [BE 8 061],
« Convertisseurs thermoacoustiques. Moteurs et refroidisseurs thermoacoustiques » ou [BE 8 062] « Convertisseurs thermoacoustiques. Dimensionnement »
traitent séparément le cas des moteurs et celui des générateurs. Il est surprenant
de constater qu’au cours des années passées, les recherches dans le domaine de
la thermoacoustique se sont orientées dans deux directions distinctes, soit sur
l’étude du phénomène d’amplification « thermique » d’une onde acoustique,
soit sur le refroidissement au moyen de tubes à gaz pulsé actionnés par divers
syst/s Ucaniques. L’idée est pourtant séduisante de supprimer toute partie
mécanique mobile en actionnant un refroidisseur thermoacoustique par un
moteur thermoacoustique. Le choix technologique réside ensuite dans l’utilisation d’ondes progressives ou stationnaires dans chacune des deux machines.
Cet article décrit des travaux de recherche menés de par le monde dans de nombreux laboratoires et visant à amener les systèmes thermoacoustiques au même
niveau d’efficacité que des convertisseurs d’énergie plus conventionnels.
p。イオエゥッョ@Z@ェ。ョカゥ・イ@RPPY
D
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VY
BE 8 063 – 1
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beXPVS
CONVERTISSEURS THERMOACOUSTIQUES ______________________________________________________________________________________________
Notations et symboles
Q
Symbole
Unité
A
m2
Définition
m · s–1
cu
cp g
cv g
m·
s2
·
J·
kg–1
J·
kg–1
kg–1
·
K–1
·
K–1
m
dh
g0 (s*)
\
Définition
taux d’onde stationnaire
s–1
facteur de blocage (porosité)
u
m·
célérité des ondes
ua
m · s–1
capacité thermoacoustique
par unité de longueur (vitesse)
amplitude de la vitesse
moyenne axiale
u 2a
m · s–1
capacité calorifique massique
à pression constante du gaz
amplitude de la vitesse second
ordre
WY
W · m–2
capacité calorifique massique
à volume constant
densité de flux d’énergie
acoustique
Wo
vitesse
nombre de Womersley
diamètre hydraulique
x
m
abscisse
fonction thermoacoustique
moyennée
x*
m
élongation acoustique
y
m
coefficient de convection
thermique
HY
W · m–2
k
m–1
K
N · m–1
coefficient de raideur de ressort
keq
W · m–1· K–1
conductivité thermoacoustique
équivalente
kg
W · m–1· K–1
conductivité thermique du gaz
|u
kg · m–3
inductance thermoacoustique
par unité de longueur (vitesse)
Pa · s ·
Z
pur imaginaire
W · m–2 · K–1
Unité
TOS
partie imaginaire d’un nombre
complexe
j
h
Symbole
section
Blc
c
Notations et symboles (suite)
densité de flux d’enthalpie axial
nombre d’onde
coordonnée transversale
m–1
impédance acoustique
Zm
kg · s–1
ΔT
m–1
gradient thermique pariétal
Δcrit
K · m–1
gradient thermique critique
K·
impédance mécanique
Δx
m
longueur du stack
δv , δ k
m
épaisseurs des couches limites
visqueuse et thermique
Φ
m2 · s–1
potentiel acoustique
ΓT
rapport des gradients
thermiques pariétal
et acoustique
γ
rapport des capacités
calorifiques à pression
et volume constants
|
m
longueur
m
kg
masse
η
débit massique permanent
de gaz
coordonnée transversale
adimensionnelle
ϕ
phase
MY
kg ·
s–1
p, pa
Pa
pression, amplitude
λ
m
p0
Pa
pression moyenne du gaz
µ
kg · m · s–1
viscosité dynamique
nombre de Prandtl
Π
m
périmètre d’un canal
densité de flux de chaleur axial
ρ
kg · m–3
partie réelle d’un nombre
complexe
ρg
m–3
facteurs de réflexion d’onde
ω
Pr
W · m–2
QY
e
R, RV , Rp
kg ·
s–1
rayon hydraulique
longueur d’onde
masse volumique
masse volumique moyenne
du gaz
pulsation
rh
m
rT
kg · s–1 · m–3
résistance thermoacoustique de
relaxation thermique
a
ru
kg · s–1 · m–3
résistance thermoacoustique
par unité de longueur (vitesse)
c
côté froid
e
entrée
Indices
amplitude
S
m2
surface, section
g
gaz
T
K
température
h
côté chaud
t
s
temps
s
sortie
facteurs de transmission d’onde
t
parois
T, TV , Tp
BE 8 063 – 2
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WP
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beXPVS
_______________________________________________________________________________________________ CONVERTISSEURS THERMOACOUSTIQUES
1. Concepts de systèmes
thermoacoustiques
En 2009, les systèmes thermoacoustiques sont encore bien souvent des prototypes de laboratoire destinés à prouver une faisabilité et ils n’égalent pas encore les performances de systèmes plus
classiques. Cependant, ils permettraient des applications dans le
domaine des minigénérateurs électriques, des refroidisseurs, des
liquéfacteurs de gaz ou même des climatiseurs. Malgré tout,
d’année en année, des améliorations nombreuses ont été introduites et les performances globales deviennent intéressantes. Ces
améliorations, issues d’une meilleure compréhension des phénomènes physiques, ont porté autant sur les fluides employés
(mélanges hélium/xénon) que sur la géométrie des divers
organes : tubes coniques polis et jet pumps pour éviter le streaming, redresseurs d’écoulement, réalisation des stacks, etc.
Th
Tc
Q
Résonateur quart d’onde
Onde
atténuée
Régénérateur
Onde
amplifiée
Figure 1 – Renforcement ou atténuation des ondes
selon le gradient thermique du régénérateur
la figure 2 représente justement un refroidisseur de ce genre : le
résonateur est en demi-onde, les stacks sont positionnés vers les
maxima d’amplitude de pression ;
– des moteurs à onde stationnaire (avec un stack ) actionnant un
refroidisseur à tube à gaz pulsé « greffé » sur le circuit acoustique
du moteur [25] [26] [27] [28] [29] [30] [31] [32]. Rappelons que la
dynamique interne des PTR (Pulse Tube Refrigerator ) est basée
sur l’emploi d’une onde progressive et l’introduction d’un régénérateur avec un contact thermique quasi parfait (figure 3) ;
– des géométries à mélange d’ondes stationnaires et progressives pour le moteur (géométrie des moteurs Stirling thermoacoustiques TASHE de Swift, Backhaus, anneau de Ceperley [16]
[17] [18] [22] [23] [24]) avec un PTR greffé, ou bien actionnant
directement un circuit frigorifique thermoacoustique lui aussi à
ondes mixtes [40] [41] [42] [43] [44] [45] [46] [47] [48] [49].
1.1 Systèmes à ondes progressives,
rétrogrades ou stationnaires
Dans la classification des systèmes thermoacoustiques, il faut distinguer deux grandes catégories selon qu’ils sont le siège d’ondes
stationnaires ou progressives. Nous ne reviendrons pas ici sur les
caractéristiques de ces deux types d’ondes qui ont été expliquées
dans l’article [BE 8 060] Convertisseurs thermoacoustiques. Effet
thermoacoustique. Dans chacune des deux familles, les rôles respectifs des régénérateurs et des stacks sont à distinguer clairement.
Les régénérateurs sont utilisés pour les systèmes à ondes progressives (de type Stirling) et les stacks pour des systèmes à ondes stationnaires. Les « régénérateurs » et les « stacks » sont les véritables
organes d’amplification/conversion de l’énergie acoustique, mais
sous l’unique condition que le gradient thermique longitudinal
qu’ils supportent soit dans le sens de l’onde. Dans un régénérateur,
l’amplification de l’onde est proportionnelle au ratio des températures des extrémités du régénérateur (cf. équation (70), [BE 8 060]).
Ainsi quand l’onde progresse dans le même sens que l’augmentation de température, soit du froid vers le chaud, elle est amplifiée ;
dans le cas où elle circule du chaud vers le froid elle est atténuée.
Pour un stack de moteur à ondes stationnaires, le déclenchement de
l’onde n’est possible que si le gradient thermique des parois
dépasse la valeur du gradient critique (cf. équation (44), [BE 8 060]).
Dans le cas contraire, c’est-à-dire d’un gradient négatif dans le sens
de l’onde, l’énergie acoustique sera atténuée par la conversion thermoacoustique inverse en chaleur. Il faut en effet se souvenir qu’une
onde stationnaire pure est le résultat des combinaisons d’ondes
progressives et rétrogrades de mêmes amplitudes. Le résultat global dans un stack est donc de nature bien différente de celui du régénérateur, il est plus intimement lié aux conversions de caractère
thermoacoustique.
L’assemblage qui semble le plus apprécié pour le moment est
celui d’un refroidisseur cryogénique TGP (tube à gaz pulsé) avec
un moteur thermoacoustique [26] [27] [28] [29] [30] [31] [32], tel
que celui de la figure 3 ; ces systèmes permettent déjà d’atteindre
des températures très basses avec de bonnes performances.
L’anneau de Ceperley [22] [23] [24] de la figure 4 est basé sur la
génération d’ondes progressives dans un régénérateur. Il regroupe
un moteur et un récepteur mais présente deux problèmes principaux, qui restreignent très sérieusement ses performances thermiques globales :
– la présence d’un fort transfert de chaleur directement des zones
chaudes vers les zones froides par effet des streaming de Rayleigh
et de Gédéon (ce sont des mouvements d’ensemble du gaz des
zones chaudes vers les zones froides ; cf. article [BE 8 061]) ;
– la dégradation presque totale de l’énergie acoustique amplifiée
du moteur par son propre régénérateur en raison de l’importance
des dissipations visqueuses qui s’y produisent.
On comprend alors tout l’intérêt que l’on peut tirer d’un résonateur acoustique en forme de boucle fermée qui favorise l’onde progressive dans le sens froid/chaud par rapport à l’onde retour dans
le sens chaud/froid (figure 1). L’ingénieur américain Ceperley fut le
premier à avoir cette idée.
En effet, si on évalue « un facteur de mérite » du régénérateur,
rapport de la puissance acoustique WY s en sortie de régénérateur,
côté chaud, par EY visc la puissance dissipée par les frottements visqueux du fluide (dans le cas d’une onde progressive pure où la
pression et le débit volumique sont en phase), on a :
Si on désire modifier le taux d’onde stationnaire (TOS), qui est la
proportion de chaque type d’onde, dans le système en boucle, on
peut par exemple, ajouter sur celle-ci un résonateur droit de longueur adéquate qui facilitera l’établissement de l’onde stationnaire.
WY s
p VY
= e e ≈ Z e Rreg ≈ 1
EY visc R VY 2
reg e
1.2Assemblages de systèmes à ondes
progressives et stationnaires
avec VYe
Dans la littérature, on rencontre surtout des études (théoriques
ou expérimentales) sur les dispositifs suivants :
– des moteurs et des refroidisseurs à onde stationnaire
employant des stacks à contact thermique « imparfait » [1] à [24] ;
(1)
débit volumique de fluide en entrée du régénérateur,
pe
amplitude de pression en entrée du régénérateur,
Ze
impédance acoustique en entrée du régénérateur (côté
froid),
Rreg résistance aéraulique du régénérateur,
composante de son impédance Zreg .
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est strictement interdite. – © Editions T.I.
WQ
principale
BE 8 063 – 3
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CONVERTISSEURS THERMOACOUSTIQUES ______________________________________________________________________________________________
T
x
Apport de
chaleur
Q
Réfrigérateur
T
Moteur
thermique
x
Froid
Chaleur rejetée
Chaleur rejet
rejeté
rejetée
ée
Résonateur acoustique
Transmission de l’onde
W
~
~
Générateur d’onde
Figure 2 – Refroidisseur thermoacoustique à onde stationnaire entraîné soit par un actionneur (haut-parleur, piézo, piston...), soit par un moteur
thermoacoustique à onde stationnaire (en haut à gauche)
Moteur thermique
Moteur thermique
T
T
x
x
Apport
de
chaleur
Apport
de
chaleur
Résonateur acoustique
Chaleur rejetée
Chaleur rejetée
PTR
Le résonateur est en demi-onde, les stacks sont positionnés vers le maximum d’amplitude de pression
Figure 3 – Refroidisseur PTR greffé sur un moteur thermoacoustique à onde stationnaire
BE 8 063 – 4
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WR
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beXPVS
_______________________________________________________________________________________________ CONVERTISSEURS THERMOACOUSTIQUES
Moteur ondes stationnaires
et progressives Swift-Backhaus
PTR
Tc échangeur froid
Régénérateur
Th échangeur
ambiant
Régénérateur
Tc échangeur
ambiant
Moteur
Anneau en λ/2
Moteur
Th échangeur chaud
Refroidisseur
Résonateur
Tc échangeur
froid
La flèche donne le sens de circulation de l’onde progressive
Figure 5 – Refroidisseur PTR greffé sur une boucle moteur
à onde progressive avec résonateur pour ondes stationnaires
Régénérateur
Th échangeur chaud
Tc échangeur
froid
Refroidisseur
Th échangeur
ambiant
Les flèches donnent le sens de circulation de l’onde progressive
Régénérateur
Régénérateur
Tc échangeur ambiant
Moteur
Th échangeur chaud
Résonateur
Figure 4 – Assemblage moteur et refroidisseur dans une boucle
à onde progressive selon l’idée de Ceperley
Les flèches donnent le sens de circulation de l’onde progressive
Figure 6 – Boucle unique à onde progressive pour refroidisseur
et moteur avec résonateur pour ondes stationnaires
Il faut donc s’arranger pour que l’impédance du régénérateur
Zreg soit plus grande que l’impédance d’entrée Z e = ρgc /A de
l’ordre de 20 à 30 fois, tout en maintenant une phase entre VY et p
e
e
très voisine ; cela ne peut se faire que par un choix judicieux des
valeurs des résistances, inductances et capacités (R, L, C ) du circuit acoustique (cf. article [BE 8 062]).
Refroidisseur
Tc échangeur
ambiant
Moteur
Régénérateur
De plus, dans le cas de la géométrie de la figure 4, si la longueur
de l’anneau acoustique est en demi-onde, et si le régénérateur du
moteur est positionné vers le maximum d’amplitude de pression,
la position du refroidisseur ne pourra jamais être optimale, au
maximum de pression lui aussi. Il faudra une longueur de circuit
acoustique qui corresponde à une longueur d’onde entière pour
avoir deux maxima et la surface de paroi étant plus grande, les
dégradations visqueuses seront supérieures.
Th échangeur
chaud
Régénérateur
R
égénérateur
Th é
échangeur
changeur ambiant
Tc échangeur
froid
Résonateur
Les flèches donnent le sens de circulation des ondes progressives
Swift fut l’un des premiers chercheurs a démontré l’intérêt
d’associer des ondes progressives et stationnaires dans un circuit
acoustique adapté de manière à augmenter les performances. Les
figures 5 et 6 illustrent ce type de concept. Le résonateur droit en
quart d’onde ajouté sur un circuit en anneau de Ceperley introduit
une composante d’onde stationnaire. Une composante d’onde progressive « tourne » dans la boucle dans le sens de l’échangeur
froid vers l’échangeur chaud qui est le sens de l’amplification thermoacoustique. Par contre, l’onde contraire est atténuée jusqu’à
son extinction. Un tel moteur thermoacoustique peut être utilisé à
la place d’un compresseur classique, pour fournir à un refroidisseur « PTR » l’amplitude de pression nécessaire à son fonctionnement (figure 5) ou bien, on peut insérer directement un
régénérateur avec ses échangeurs dans la boucle pour réaliser un
refroidisseur (figure 6).
Figure 7 – Boucles séparées à ondes progressives pour le refroidisseur
et le moteur avec résonateur pour ondes stationnaires
Régénérateur
Tc échangeur
froid
Th é
échangeur
changeur
ambiant
Moteur
Refroidisseur
Régénérateur
Les figures 7et 8 représentent les multiples solutions d’assemblage entre moteur thermoacoustique et refroidisseurs du même
type. Pour le moment, on ne trouve de telles solutions que dans
les laboratoires [35] [36] [37] [38] [39] [40] [41] [42] [43] [44] [45]
[46] [47] [48] [49]. Des recherches sont en cours pour optimiser ces
assemblages.
Tc échangeur
ambiant
Th échangeur
chaud
Les flèches donnent le sens de circulation des ondes progressives
Gardner et Swift ont aussi démontré, en 2003 [33] [34], l’intérêt
et la possibilité d’associer la génération d’une onde de pression
dans un stack, à l’amplification par un régénérateur. Cette idée les
Figure 8 – Boucles séparées à ondes progressives pour le refroidisseur
et le moteur (d’après [36])
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WS
BE 8 063 – 5
Q
Q
WT
Conversion et transport d'énergie
(Réf. Internet 42206)
R
1– Conversion de l'énergie
2– Installations thermiques de grande puissance
Réf. Internet
Centrale à cycle combiné. Théorie, performances, modularité
BE8905
77
Centrale à cycle combiné. Composants potentiels
BE8906
81
Centrale à cycle combiné. Fonctionnement, exploitation, exemple
BE8907
85
Technologie de gazéiication intégrée à un cycle combiné
B8920
89
page
3– Cogénération
4– Thermoélectricité
5– Réseaux de chaleur
6– Réseaux de froid
7– Vecteurs énergétiques

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WU
R
WV
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
beXYPU
Centrale à cycle combiné
Théorie, performances, modularité
par
Jean-Marie MONTEIL
Ingénieur de l’école EDF-GDF
Ingénieur DPE - grade de Mastère
Ingénieur au Service études et projets thermiques et nucléaires
R
BE 8 905 - 2
—
2
—
2
1.
1.1
1.2
Définition....................................................................................................
Définition normative....................................................................................
Topologies type d’un cycle combiné..........................................................
2.
2.1
Approche théorique ................................................................................
Cycle de Joule..............................................................................................
2.1.1 Cycle de base ......................................................................................
2.1.2 Cycle de Joule avec récupérateur .....................................................
2.1.3 Cycle de Joule avec « intercooler »...................................................
2.1.4 Cycle de Joule avec détente fractionnée ..........................................
Cycle de Hirn ou de Rankine.......................................................................
Association des deux cycles .......................................................................
—
—
—
—
—
—
—
—
3
3
3
4
4
4
5
5
Évolution des performances .................................................................
Justifications théoriques.............................................................................
Gains sur la température d’entrée dans la turbine ...................................
Gains sur la phase de compression ...........................................................
3.3.1 Taux de compression .........................................................................
3.3.2 Rendement du compresseur .............................................................
Gains relatifs aux niveaux de pression......................................................
Gains en matière d’environnement ...........................................................
3.5.1 Aspects réglementaires......................................................................
3.5.2 Effet de serre .......................................................................................
3.5.3 Dispositifs techniques ........................................................................
—
—
—
—
—
—
—
—
—
—
—
6
6
6
7
7
7
7
9
9
10
10
Configurations envisageables ..............................................................
Critères de choix ..........................................................................................
Critères d’évaluation ...................................................................................
Compétitivité des filières. Insertion dans un parc de production............
Schémas potentiels .....................................................................................
—
—
—
—
—
12
12
12
12
13
Références bibliographiques .........................................................................
—
15
2.2
2.3
3.
3.1
3.2
3.3
3.4
3.5
4.
4.1
4.2
4.3
4.4
et article ne présente pas une installation de centrale à cycle combiné en
particulier, mais propose une découverte générale de cette filière de production d’énergie. Après quelques définitions, les aspects théoriques sont
abordés afin de présenter la spécificité de l’association de deux cycles thermodynamiques (cycle de Joule et de Hirn). Le concept de centrale à cycle combiné
n’est pas nouveau, mais les développements récents en matière de turbine à
combustion ont généré des gains de rendement et des augmentations de
puissance unitaire qui ont suscité des regains d’intérêt pour cette filière. Les
précisions nécessaires à la compréhension de ces évolutions sont ensuite présentées notamment sur les plans de la théorie, de la technologie et de l’environnement. L’engouement pour ces installations peut également s’expliquer
par leur aspect modulaire, c’est pourquoi les différentes configurations envisageables sont enfin abordées, ainsi que les critères de choix et d’insertion dans
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C
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WW
BE 8 905 − 1
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beXYPU
CENTRALE À CYCLE COMBINÉ
___________________________________________________________________________________________________________
un parc d’exploitation. Les critères économiques, sur lesquels se fondent les
choix en matière d’investissement au niveau d’un pays, sont aussi détaillés.
L’étude complète du sujet comprend les articles :
— BE 8 905 « Centrale à cycle combiné. Théorie, performances, modularité » (le présent
article);
— BE 8 906 « Centrale à cycle combiné. Composants potentiels » ;
— BE 8 907 « Centrale à cycle combiné. Fonctionnement, exploitation, exemple ».
R
1. Définition
Notations et symboles
Symbole
Symbole
H
J · kg–1
Enthalpie massique
S
J · K–1 · kg–1
Entropie massique
T
oC
dS
J · K–1 · kg–1
Variation d’entropie
dQ
J · kg–1
Quantité de chaleur
Q̇
kW · kg–1 · s–1
Tmoy fumées
oC
Température moyenne
des fumées
d’un échangeur
Tmoy eau/vapeur
oC
Température moyenne
de l’eau ou de la vapeur
d’un échangeur
Pe
Pa
Pression à l’entrée
Ps
Pa
Pression à la sortie
P
Pa
Pression du fluide
V
m3
Volume du fluide
Ex
J · kg–1
Exergie
Ht
J · kg–1
Enthalpie totale
Ta
oC
Sa
J · K–1 · kg–1
Entropie massique
du point A
Sb
J · K–1 · kg–1
Entropie massique
du point B
Hta
J · kg–1
BE 8 905 − 2
Symbole
1.1 Définition normative
Définition extraite de la norme NF ISO 3977
« Système thermodynamique comportant deux ou plusieurs
cycles de puissance, dont chacun utilise un fluide de travail différent. Les cycles mixtes vapeur/air (fluides de travail les plus
communément utilisés) ont un rendement thermique augmenté
du fait que les deux cycles sont complémentaires du point de
vue thermodynamique : la chaleur rejetée par la turbine à gaz
(cycle de Brayton) se trouve à une température telle qu’elle peut
constituer la source d’énergie principale ou une source d’énergie complémentaire de la turbine à vapeur (cycle de Rankine).
Température du fluide
Puissance thermique
spécifique
Comme son nom l’indique, l’installation à cycle combiné réalise
la combinaison de deux cycles thermodynamiques : elle associe le
fonctionnement d’une turbine à combustion (cycle de Brayton ou
de Joule) à celui d’une chaudière de récupération et d’une turbine
à vapeur (cycle de Hirn). Il est identifié que 70 % de l’énergie thermique apportée dans des machines fonctionnant suivant le cycle
de Brayton sont rejetés à l’échappement, d’où l’idée d’exploiter ce
potentiel [1]. Le cycle eau-vapeur qui récupère l’énergie peut avoir
différentes finalités [2] :
— production d’électricité unique ;
— production de vapeur pour un réseau de chauffage urbain ou
à des fins industrielles ;
— production conjointe de vapeur et d’électricité : cogénération.
Les turbines à combustion (TAC) sont communément appelées
turbines à gaz, mais, en fait, elles sont capables de fonctionner
avec un grand nombre de combustibles (fioul lourd, léger, gaz de
cockerie, gaz naturel ou de synthèse...). L’appellation turbine à
combustion, retenue pour cet article, est de ce point de vue moins
restrictive. Le qualificatif gaz (de combustion) s’applique à la turbine (partie de l’installation qui effectue la détente), comme le qualificatif vapeur s’applique à la turbine des installations motrices à
vapeur.
1.2 Topologies type d’un cycle combiné
Température ambiante
Au stade d’un projet, la puissance électrique requise par le
réseau impose la configuration à retenir pour la centrale à cycle
combiné. La caractérisation de l’installation est liée au nombre de
matériels qui la constitue.
Exemple : un cycle combiné de type 1-1-1 comporte une turbine à
combustion, une chaudière de récupération et une turbine à vapeur.
Les installations de grande puissance sont souvent configurées en
2-2-1, avec un cycle eau-vapeur à trois niveaux de pression et resurchauffe (3P RS).
Enthalpie totale du point A
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WX
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beXYPU
___________________________________________________________________________________________________________ CENTRALE À CYCLE COMBINÉ
La topologie du cycle vapeur dépend étroitement de la puissance
de la turbine à combustion installée en amont ; notamment des
caractéristiques des fumées à l’échappement (débit, température)
qui constituent des données de conception de la machine.
L’énergie potentiellement récupérable dans les fumées conditionne
la faisabilité d’un cycle avec un, deux, ou trois niveaux de pression
et même avec une resurchauffe de la vapeur haute pression
détendue et réinjectée dans le réseau moyenne pression. Ces éléments constituent des critères techniques de choix, mais le coût
d’investissement, l’utilisation en base, semi-base et le choix du
combustible conditionnent également la topologie d’une telle centrale.
L’optimisation du cycle eau-vapeur s’effectue suivant des critères
technico-économiques, notamment le rendement net de l’installation (c’est-à-dire déduction faite de la puissance consommée par
les auxiliaires).
Les progrès considérables qui ont été réalisés sur les turbines à
combustion sont à l’origine de l’essor que connaît cette filière. Ces
machines essentiellement utilisées dans l’aviation ont subi des
transpositions afin d’atteindre des puissances unitaires leur permettant de rivaliser avec les autres moyens de production d’énergie. À l’heure actuelle, les plus puissantes d’entre elles dépassent
250 MW électriques pour la production d’énergie.
Au début des années 1960, les rendements des centrales à cycle
combiné avoisinaient 25 à 30 %. Le seuil de 40 % a été dépassé
vers 1975, il atteint aujourd’hui 55 % [3].
C’est ainsi que l’on trouve des installations de type :
— 1P : 1 niveau de pression ;
— 2P : 2 niveaux de pression ;
— 2P RS : 2 niveaux de pression avec resurchauffe ;
— 3P : 3 niveaux de pression ;
— 3P RS : 3 niveaux de pression avec resurchauffe.
2. Approche théorique
La figure 1 représente une centrale à cycle combiné en
configuration 1-1-1-1P.
2.1 Cycle de Joule
Les paragraphes suivants décrivent le cycle de Joule de base,
puis différentes variantes appliquées industriellement sont proposées.
Fumées
7
Fumées
Air
2.1.1 Cycle de base
8
Le fonctionnement des turbines à combustion est représenté par
le cycle thermodynamique de Joule.
1
Combustible
9
3
2
L’air ambiant constitue le fluide qui va subir les transformations
thermodynamiques. Il est aspiré puis comprimé dans un compresseur [(étape 1-2) figure 2]. Les machines actuelles permettent
d’atteindre des taux de compression de l’ordre de 15. En première
approche, cette compression est assimilée à une transformation
isentropique (adiabatique réversible). Puis, le combustible est
injecté avec l’air comprimé dans les chambres de combustion. La
combustion (isobare) permet au mélange d’atteindre une température de l’ordre de 1 300 oC [(étape 2-3) figure 2]. Le mélange chaud
ou gaz de combustion est ensuite détendu dans une turbine [(étape
3-4) figure 2], suivant une transformation isentropique. Pour une
machine fonctionnant en cycle ouvert, le refroidissement des
fumées [(étape 4-1) figure 2] n’existe pas. Elles sont rejetées en 4
et l’air frais est admis en 1.
10
5
6
4
Gaz
13
12
11
Eau
Le cycle théorique est représenté sur le diagramme T -S
(figure 2).
16
14
17
15
filtre
compresseur TAC
chambre de combustion
turbine TAC
bipasse
postcombustion
chaudière
économiseur
boucle évaporatrice
10
11
12
13
14
15
16
17
surchauffeur
turbine à vapeur
alternateur TAV
alternateur TAC
condenseur
pompe d'extraction
bâche dégazante (optionnelle)
pompe alimentaire
Température T (°C)
1
2
3
4
5
6
7
8
9
1 500
3
1 250
1 000
Gaz
750
500
4
2
250
0
0
TAC turbine à combustion
TAV turbine à vapeur
Fumées
1
0,25
0,5
0,75
1
1,25
Entropie S [kJ/(kg · K)]
Figure 1 – Schéma d’un cycle combiné de type 1-1-1
Figure 2 – Cycle de Joule idéal sur un diagramme T, S
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BE 8 905 − 3
R
R
XP
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beXYPV
Centrale à cycle combiné
Composants potentiels
par
Jean-Marie MONTEIL
Ingénieur de l’école EDF-GDF
Ingénieur DPE - grade de Mastère
Ingénieur au Service études et projets thermiques et nucléaires
R
1.
1.1
1.2
1.3
1.4
Turbines à combustion ...........................................................................
Turbines aérodérivatives.............................................................................
Turbines heavy-duty ....................................................................................
Compresseurs ..............................................................................................
Chambres de combustion...........................................................................
BE 8 906 - 2
—
2
—
3
—
3
—
4
2.
2.1
2.2
2.3
2.4
2.5
2.6
2.7
2.8
2.9
Chaudières de récupération..................................................................
Présentation générale .................................................................................
Principales définitions .................................................................................
Chaudière horizontale ou verticale ............................................................
Circulation naturelle ou assistée ................................................................
Chaudière à un niveau de pression (1P) ....................................................
Chaudière à deux niveaux de pression (2P) ..............................................
Chaudière à trois niveaux de pression (3P)...............................................
Chaudière avec resurchauffe ......................................................................
Chaudière avec postcombustion................................................................
—
—
—
—
—
—
—
—
—
—
5
5
5
6
6
7
7
8
8
8
3.
3.1
3.2
3.3
3.4
3.5
3.6
3.7
Turbines à vapeur.....................................................................................
Détente de la vapeur ...................................................................................
Turbines à étages à action ..........................................................................
Turbines à étages à réaction .......................................................................
Rendement de détente ................................................................................
Turbines à injection totale...........................................................................
Turbines à injection partielle ......................................................................
Turbines à contre-pression .........................................................................
—
—
—
—
—
—
—
—
9
9
10
11
11
11
11
12
4.
4.1
4.2
Sources froides.........................................................................................
Source froide en circuit ouvert ...................................................................
Source froide en circuit fermé ....................................................................
—
—
—
12
12
13
5.
Systèmes de démarrage.........................................................................
—
14
6.
6.1
6.2
Systèmes à l’aspiration des compresseurs ......................................
Systèmes de filtration .................................................................................
Systèmes de refroidissement .....................................................................
—
—
—
14
14
14
7.
Bipasse des fumées .................................................................................
—
16
8.
Postcombustion .......................................................................................
—
17
9.
Production d’eau déminéralisée ..........................................................
—
17
10. Alimentation en combustibles .............................................................
—
17
Références bibliographiques .........................................................................
—
18
ous les composants qui peuvent être requis pour constituer une centrale
à cycle combiné sont décrits dans cet article. La turbine à combustion, ellemême composée de plusieurs matériels, fait l’objet d’une présentation globale
et également détaillée en présentant lesdits matériels. La présentation s’étend
jusqu’à la composition de la source froide d’une telle installation.
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BE 8 906 − 1
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CENTRALE À CYCLE COMBINÉ
___________________________________________________________________________________________________________
L’étude complète du sujet comprend les articles :
— BE 8 905 « Centrale à cycle combiné. Théorie, performances, modularité » ;
— BE 8 906 « Centrale à cycle combiné. Composants potentiels » (le présent article) ;
— BE 8 907 « Centrale à cycle combiné. Fonctionnement, exploitation, exemple ».
Notations et symboles
R
Symbole
Unité
Ca
m · s–1
Vitesse axiale
Ce
m · s–1
Vitesse d’entraînement
CP
kg–1
J·
·
Notations et symboles
Définition
K–1
Symbole
Unité
PCS
J · kg–1 · s–1
Pe
Pa
Pression à l’entrée
Capacité thermique du fluide
à pression constante
Ps
Pa
Pression à la sortie
Q
J · kg–1
Quantité de chaleur
T
oC
Température du fluide
Te
oC
Température à l’entrée
Ts
oC
Température à la sortie
v
m · s–1
Vitesse du fluide
V
m3
Volume du fluide
Wt
J · kg–1
Cr1
m · s–1
Vitesse relative à l’entrée
Cr 2
m · s–1
Vitesse relative à la sortie
CV
J · kg–1 · K–1
Capacité thermique du fluide
à volume constant
Définition
Pouvoir calorifique supérieur
du combustible
C1
m · s–1
Vitesse absolue à l’entrée de l’aubage
C2
m · s–1
Vitesse absolue à la sortie de l’aubage
H
J·
kg–1
He
J · kg–1
Enthalpie massique à l’entrée
His
J · kg–1
Enthalpie isentropique
∆C
m · s–1
Différence de vitesses absolues
Hs
J · kg–1
Enthalpie massique à la sortie
∆Ec
J · kg–1
Différence énergie cinétique
des vitesses absolues
∆Ecr
J · kg–1
Différence énergie cinétique
des vitesses relatives
∆Ect
J · kg–1
Différence énergie cinétique
des vitesses d’entraînement
Enthalpie massique
ηis
IW
δ
Rendement isentropique
kWh ·
P
Nm3
Pa
1. Turbines à combustion
générateur de gaz. Celui-ci est un organe très voisin d’un réacteur
d’avion qui, au lieu de délivrer une poussée à travers une tuyère,
détend ses gaz brûlés à travers une turbine entraînant un alternateur. Le générateur de gaz peut être simplement un moteur d’avion
légèrement modifié. Ces machines sont composées de deux turbines en série (figure 1) :
Ces machines ont fait l’objet des progrès très importants, issus
de perfectionnements sur les matériaux qui ont permis d’augmenter le taux de compression, et la température de combustion, synonymes de gains de performances. La configuration des turbines à
combustion (TAC) a évolué. Les machines de type aéronautique
sont plutôt de type aérodérivatif, alors que les plus puissantes, utilisées pour des applications terrestres, sont du type heavy-duty.
— une turbine haute pression qui assure l’entraînement du
compresseur ;
— une turbine dite « libre » ou turbine de puissance, non reliée
mécaniquement à la turbine haute pression, et qui entraîne l’alternateur (ou un récepteur à vitesse variable).
1.1 Turbines aérodérivatives
La gamme de puissance électrique des turbines à combustion
aérodérivatives s’échelonne de quelques mégawatts à environ
50 MW avec un rendement proche de 42 % en cycle ouvert.
Ces machines sont dérivées des techniques aéronautiques. Les
chambres de combustion sont intégrées à un ensemble appelé
BE 8 906 − 2
Taux de compression
Indice de Wobb
Pression du fluide
Énergie mécanique massique
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XR
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___________________________________________________________________________________________________________ CENTRALE À CYCLE COMBINÉ
1
Air
1
Combustible
Fumées
Combustible
2
4
5
3
Combustible
1
2
3
4
5
6
1
2
3
4
5
3
2
6
5
filtre
compresseur
chambre de combustion
turbine d'entraînement compresseur
turbine libre
alternateur
4
Fumées
Air
filtre
compresseur TAC
chambre de combustion
turbine TAC
alternateur
R
Figure 2 – Turbine de type heavy-duty
Stator
Figure 1 – Turbine de type aérodérivatif
Aubages
mobiles
Air
Rotor
1.2 Turbines heavy-duty
Rotor
Aubages
fixes
Ces machines sont utilisées pour des applications terrestres où
le poids ne constitue pas un handicap. Actuellement, elles représentent la grosse majorité des turbines à combustion employées
pour des installations de cycle combiné. Sur ce type de machine,
tous les éléments sont accouplés sur une même ligne d’arbre et
sont solidaires en rotation, du compresseur à l’alternateur, en passant par la turbine (figure 2).
Air
Stator
Figure 3 – Coupe d’un compresseur axial
Actuellement, ces machines peuvent délivrer des puissances
électriques de l’ordre de 250 MW, les évolutions futures devraient
permettre d’atteindre rapidement des puissances électriques unitaires de 300 MW. Pour les machines de puissance électrique inférieure à 100 MW, le rendement est compris entre 28 à 35 % alors
que, au-delà de 100 MW, il atteint 35 à 39 %.
H
Ps
Hs
Pe
His
1.3 Compresseurs
He
Les compresseurs qui équipent les turbines à combustion sont
du type axial centrifuge. En considérant que la compression se
déroule sans échange de chaleur avec l’extérieur, la transformation
est considérée comme isentropique. Dans le cas d’une transformation isentropique PV γ = cte, ou entre deux points d’une transformation :
Ts
------- =
Te
Ps
------Pe
冢 冣
S
Figure 4 – Représentation de la notion de rendement
d’un compresseur
(γ – 1)冫γ
γ = CP /CV : rapport des capacités thermiques.
À l’instar des turbines à vapeur, le compresseur est caractérisé
par un rendement isentropique qui représente le rapport entre :
— l’énergie transmise au fluide lors d’une transformation adiabatique réversible (isentropique) pour amener le fluide de la pression Pe à la pression Ps ;
— et l’énergie réellement transmise à ce même fluide lors de la
transformation réelle (adiabatique irréversible).
Le taux de compression, communément noté δ, représente le
rapport de la pression de sortie à la pression d’entrée.
Cette grandeur peut caractériser soit un étage, soit le compresseur entier. Les compresseurs axiaux admettent des taux de
compression de 1,2 à 1,3 par étage, ce qui est inférieur à ceux des
compresseurs centrifuges, d’où la nécessité de disposer plusieurs
é t a g e s e n s é r i e a fi n d ’ o b t e n i r u n t a u x d e c o m p r e s s i o n
conséquent [1].
La figure 4 permet de visualiser cette notion.
Le rendement isentropique est donc :
H is – H e
η is = ---------------------Hs – He
Un étage de compression est composé d’aubages fixes (stator)
et d’aubages mobiles (rotor) (figure 3).
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XS
BE 8 906 − 3
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CENTRALE À CYCLE COMBINÉ
___________________________________________________________________________________________________________
Ce
Air
Ca
Ce
C2i
Air
Combustible
Rotor
étage i
Combustible
Étage i
Ca
Ca
Stator
étage i
C2i
R
Fumées
Cr 2i
C1i
Fumées
Cr 1i
Combustible
Combustible
C1j
Ca
a chambres en silo
Rotor
étage j
b chambres annulaires
Figure 7 – Différents types de chambre de combustion
Figure 5 – Triangle des vitesses pour un étage de compresseur axial
Les chambres de combustion sont de deux types (figure 7) :
— silo : gros cylindre(s) disposé(s) perpendiculairement de part
et d’autre de la turbine à combustion ;
— annulaire ou barillet : nombreux cylindres de taille réduite
disposés parallèlement à la turbine à combustion.
Ce
C1
C2
Ca
Cr 1
Le brûleur est placé au centre de la chambre, il assure la pulvérisation du combustible. L’effet de rayonnement de la flamme et
des parois portées à très haute température échauffent et vaporisent le combustible, ce qui entraîne sa combustion. L’air primaire
est injecté en vortex autour du brûleur afin de faciliter la
combustion. L’air de mélange doit être injecté en décalé afin de
laisser un temps de réaction suffisant pour la combustion
complète.
Cr 2
∆ C
Figure 6 – Triangle des vitesses d’un étage
L’obtention des accroissements de température des gaz en
entrée de la turbine est expliquée au paragraphe 3.2 de l’article
[BE 8 905].
Le principe du compresseur axial consiste à transformer l’énergie mécanique transmise au fluide en énergie potentielle de
pression. Au cours de cette opération, il peut y avoir une transformation partielle de l’énergie mécanique en énergie cinétique
accompagnée d’une nouvelle transformation de cette énergie cinétique en énergie de pression. Le principe crée une variation des
triangles de vitesse du fluide entre l’entrée et la sortie d’un aubage
mobile (figure 5).
Notamment, la circulation d’air est capitale pour refroidir les
parois de la chambre de combustion et le brûleur.
La chambre de combustion est composée de deux enveloppes :
— une externe résistant à la pression des gaz, qui peut être réalisée en acier ferritique ;
— une interne capable de résister à de très hautes températures
grâce à des aciers austénitiques et des matériaux réfractaires.
La variation de pression produite par un étage [1] est fonction de
la différence des vitesses relatives entre l’entrée et la sortie, donc
des angles d’attaque et de fuite de l’aubage. Cependant afin
d’éviter des décollements de la veine fluide, générateurs de pertes
de rendement, les vitesses doivent être symétriques par rapport à
la vitesse axiale (figure 6). Les distributeurs fixes n’ont alors qu’un
rôle de déflecteur afin d’orienter correctement le fluide sans modifier le module des vecteurs vitesse.
L’ensemble doit être monté de telle sorte que l’enveloppe interne
puisse se dilater sans contrainte sur l’enveloppe externe.
Le débit de combustible consommé est fonction de la charge de
la machine. La pulvérisation doit être parfaite afin de favoriser une
combustion complète. Dans certains cas si la combustion est
imparfaite (démarrages par exemple), cela peut conduire à une
accumulation de combustible imbrûlé qu’il faut évacuer par une
tuyauterie de retour.
Pour un compresseur multiétagé, les étages se reproduisent à
l’identique.
Pour brûler des gaz de hauts-fourneaux, le brûleur est composé
d’une série de tuyères concentriques au dispositif d’injection de
l’air primaire. La combustion de ces gaz se déroule avec une diminution du nombre de molécules car l’oxyde de carbone est l’élément principal. Pour le gaz naturel, la combustion a lieu à nombre
de molécules constant. Une installation alimentée en gaz naturel
aura un meilleur rendement que celle alimentée en gaz de hautsfourneaux. La différence est de l’ordre de 4 % [2].
1.4 Chambres de combustion
La combustion doit s’effectuer avec un excès d’air afin qu’elle
soit complète. Cet excès est inférieur aux quantités nécessaires
pour réduire la température des gaz de combustion à l’entrée de la
turbine [2].
Afin que les turbines à combustion puissent fonctionner indifféremment au gaz naturel ou au fioul, les brûleurs permettent une
chauffe mixte et, lors d’une combustion au gaz, l’injecteur fioul est
reculé afin de ne pas être exposé à de trop fortes températures.
Deux phases de fonctionnement sont distinguées :
— combustion avec excès d’air modéré ;
— mélange.
BE 8 906 − 4
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XT
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beXYPW
Centrale à cycle combiné
Fonctionnement, exploitation, exemple
par
Jean–Marie MONTEIL
Ingénieur de l’école EDF-GDF
Ingénieur DPE – grade de Mastère
Ingénieur au service études et projets thermiques et nucléaires
R
1.
1.1
1.2
1.3
Performances ............................................................................................
Conditions de réception de l’installation ...................................................
Sensibilité aux conditions ambiantes, aux combustibles ........................
Évolution des performances en exploitation ............................................
BE 8 907 – 2
—
2
—
3
—
4
2.
2.1
2.2
2.3
2 .4
2.5
2.6
Fonctionnement .......................................................................................
Turbine à combustion .................................................................................
Pression glissante ou pression fixe sur le cycle eau-vapeur ...................
Systèmes antiébullition...............................................................................
Prélèvements, réinjections dans le cycle...................................................
Fonction désurchauffe .................................................................................
Protection de l’économiseur basse pression ............................................
—
—
—
—
—
—
—
3.
3.1
3.2
Maintenance programmée.....................................................................
Principe des algorithmes ............................................................................
Les différentes interventions ......................................................................
—
—
—
6
7
7
4.
4.1
4.2
Phases d’exploitation .............................................................................
Démarrage....................................................................................................
4.1.1 Installation avec bipasse de fumées .................................................
4.1.2 Installation sans bipasse de fumées .................................................
Attente à chaud ............................................................................................
—
—
—
—
—
7
7
7
7
8
5.
5.1
5.2
Exemple d’installation 2-2-1 3P RS multiple shaft .........................
Description d’une centrale ..........................................................................
Paramètres du cycle eau-vapeur ................................................................
—
—
—
8
8
10
4
4
4
5
5
6
6
a phase de réception d’une installation constitue une étape importante de la
vie d’une centrale. Les performances réelles sont mesurées et comparées
aux engagements contractuels des constructeurs. Les performances des
appareils sont relevées et serviront, durant toute la vie de la centrale, de valeurs
repères pour identifier les dérives de fonctionnement liées au vieillissement ou
à des réglages inadaptés. La surveillance des performances globales de l’installation s’effectuent également en différentiel avec les valeurs issues de la mise en
service industrielle.
Les performances des turbines à combustion se dégradent dans le temps, les
moyens pour minimiser ces dégradations existent et sont évoqués dans cet
article. Les conditions d’exploitation (démarrages, prises de charges rapides et
arrêt d’urgence) contraignent ces turbines au point que les constructeurs
calculent les opérations de maintenance selon des algorithmes qui intègrent ces
transitoires de fonctionnement.
Des phases d’exploitation (démarrage, attente à chaud) différentes du fonctionnement à régime nominal sont détaillées pour en montrer l’enchaînement. Deux
exemples, basés sur des architectures différentes, sont exposés afin de mesurer
les répercussions de choix de conception sur l’exploitation de telles centrales.
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L
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CENTRALE À CYCLE COMBINÉ ____________________________________________________________________________________________________________
Enfin, un exemple d’installation est fourni pour illustrer tous ces propos.
L’étude complète du sujet comprend les articles :
— [BE 8 905] « Centrale à cycle combiné. Théorie, performances, modularité » ;
— [BE 8 906] « Centrale à cycle combiné. Composants potentiels » ;
— [BE 8 907] « Centrale à cycle combiné. Fonctionnement, exploitation,
exemple » (le présent article).
R
1. Performances
— ASME PTC22 « Performance test code on gas turbines »
(1997) ;
— ASME PTC46 « Overall plant performance » (1997) ;
— NF EN ISO 5167-1 « Mesure de débit des fluides au moyen
d’appareils déprimogènes insérés dans des conduites en charge de
section circulaire – Partie 1 : principes généraux et exigences
générales » (2003) ;
— NF ISO 2314 « Turbines à gaz – Essais de réception » (1999) ;
— NF ISO 6976 « Gaz naturel – Calcul du pouvoir calorifique, de la
masse volumique, de la densité relative et de l’indice de Wobbe à
partir de la composition » (1997) ;
— NF E32-130 « Générateurs de vapeur à combustion – Code
d’essais » (1984) ;
— NF S31-010 « Acoustique – Caractérisation et mesurage des
bruits de l’environnement – Méthodes particulières de mesurage »
(1996) ;
— NF EN 60953-1 « Règles pour les essais thermiques de
réception des turbines à vapeur – Partie 1 : méthode A – Haute précision pour les turbines à vapeur à condensation de grande
puissance » (2002) [CEI (1990)] ;
— NF EN 60953-2 « Règles pour les essais thermiques de
réception des turbines à vapeur – Partie 2 : méthode B – Précision de
divers degrés pour multiples modèles de tailles de turbines » (2003)
[CEI (1990)] ;
— NF EN 60953-3 « Règles pour les essais thermiques de
réception des turbines à vapeur – Partie 3 : essais de vérification des
performances des turbines à vapeur rénovées » (2002) [CEI (2001)].
1.1 Conditions de réception
de l’installation
Ce paragraphe traite le problème de la réception contractuelle des
centrales à cycle combiné. Les contrats incluent des garanties qui
doivent être vérifiées lors de la mise en service de l’installation.
Elles peuvent être de nature très différentes :
— garantie de performance (puissance, consommation
spécifique) ;
— garantie concernant les rejets atmosphériques (NOx, CO,
poussières) ;
— garantie de bruit par rapport à l’environnement ;
— débit, température et pression de vapeur produite dans le cas
d’installations de cogénération.
L’ensemble de ces paramètres va constituer les valeurs de référence de l’installation auxquelles il sera toujours fait référence pour
analyser des dérives de comportement.
L’organisation d’essais repose sur un ensemble de phases préparatoires préalablement réalisées.
Dès la conception de l’installation et la signature des contrats, il
faut prévoir l’instrumentation nécessaire à la vérification des paramètres garantis. Les normes d’installation des capteurs doivent être
respectées, leur niveau de précision permet de vérifier les garanties
avec le minimum d’incertitude.
Ces normes pourront être consultées sur les sites Internet :
http://www.asme.org
http://www.afnor.fr
http://www.iso.ch
http://www.iec.ch
Cette phase est prolongée par la rédaction des procédures
d’essais qui décrivent le mode opératoire à respecter pour vérifier
les garanties.
Lors d’un essai, il faut relever toutes les grandeurs garanties, ainsi
que les conditions dans lesquelles elles sont garanties. Ces conditions sont le plus souvent :
— la température ambiante ;
— la pression atmosphérique ;
— l’humidité ambiante ;
— la composition ou le PCI (pouvoir calorifique inférieur) du
combustible ;
— la fréquence du réseau ;
— le facteur de puissance de l’alternateur, le nombre d’heures
équivalentes de fonctionnement.
E x emple : si le fonctionnement de la turbine à combustion a été
spécifié pour plusieurs combustibles (gaz naturel, fioul, ...) et que chaque cas ait fait l’objet d’une garantie, alors les essais doivent tester
chaque configuration d’alimentation.
La procédure spécifie :
— les conditions d’entrée dans un essai (stabilité de fonctionnement de l’installation, valeurs des paramètres comprises dans les
plages spécifiées) ;
— la durée des essais ;
— la fréquence de scrutation de l’instrumentation ;
— les normes à respecter ;
— les méthodes de traitement des paramètres pour calculer les
données élaborées ;
— les courbes et algorithmes de correction nécessaires pour se
ramener dans les conditions inscrites au contrat.
La puissance d’une turbine à combustion est annoncée explicitement aux conditions ISO (norme ISO 2314) suivantes :
— température de l’air ambiant : 15 ˚C ;
— pression atmosphérique : 1 013 mbar ;
— humidité relative : 60 %.
Les normes utilisées, dans le domaine des performances ou environnemental, pour la réception de ce type d’installations sont :
— ASME PTC1 « General instructions » (1999) ;
— ASME PTC4.4 « Gas turbine heat recovery steam generators »
1981 (R 1992) ;
— ASME PTC6A « Test code on steam turbines » (2001) ;
— ASME PTC19.1 « Measurement uncertainty » (1998) ;
BE 8 907 − 2
Cependant, les conditions d’installation ou d’essais ne permettent
pas toujours de satisfaire les conditions ISO ou contractuelles. C’est
pourquoi des courbes de correction sont nécessaires afin de transposer les performances des matériels relevées lors des essais aux
conditions contractuelles. Les courbes de correction sont calculées
pour fournir directement l’influence sur la consommation spécifique
et ou la puissance de la centrale.
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XV
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Écart de puissance (MW)
La centrale à cycle combiné ne se limite pas aux seules turbines à
combustion, il faut également vérifier les performances du cycle
eau-vapeur, surtout si la centrale a fait l’objet d’un lotissement lors
de la construction. Alors, la vérification des performances des matériels pris séparément pose le problème de la connaissance des paramètres physiques aux bornes desdits matériels. Une
instrumentation d’essai spécifique est requise afin de discriminer
les performances de chacun des composants principaux. Chaque
fournisseur de matériel fournit des courbes de correction des performances de ses matériels en fonction des valeurs des paramètres
en entrée.
1,08
1,06
1,04
1,02
1
0,98
0,96
– 10
–5
0
5
10
15
20
Écart par rapport à la température contractuelle (K)
Exemple : le constructeur de la turbine à vapeur fournit la sensibilité de sa machine (puissance électrique ou consommation spécifique)
aux débits et températures de la vapeur haute, moyenne et basse pression, ainsi qu’à la pression de condensation à la source froide.
Figure 2 – Exemple de correction de puissance de la turbine à
combustion en fonction de l’écart avec la température contractuelle
Cela nécessite une courbe par grandeur physique de la valeur aux
limites du matériel.
1.2 Sensibilité aux conditions ambiantes,
aux combustibles
Exemple : la figure 1 illustre comment il faut modifier la puissance
électrique obtenue à la turbine à vapeur lors d’un essai, si le vide ne
correspond pas au vide contractuel.
Les centrales à cycle combiné présentent la particularité d’avoir
une source chaude fortement dépendante des conditions ambiantes. Sur d’autres installations thermiques seules les performances
de la turbine à vapeur sont tributaires des conditions ambiantes. Ici
c’est l’ensemble de l’installation qui y est sensible. Le tableau 1
résume l’influence des différents paramètres sur la puissance et le
rendement d’une turbine à combustion.
Pour un vide différent de la valeur spécifiée au contrat du groupe
turboalternateur, on multiplie la valeur de puissance relevée lors de
l’essai par le coefficient correctif correspondant à l’écart de vide
(avec le vide contractuel) afin de créditer la turbine de la puissance
aux conditions contractuelles.
Les valeurs contractuelles (vide, pression, température...)
sont celles inscrites aux contrats d’achat des matériels. Elles
fixent les références dans lesquelles les performances des
matériels ou de l’installation sont vérifiées.
(0)
Tableau 1 – Paramètres influant sur les performances
d’une turbine à combustion
Paramètres
Ce type de correction vaut pour chaque composant de la centrale.
Puissance
Rendement
Température entrée turbine
Exemple : pour les performances de la turbine à combustion, qui
dépendent fortement de la température d’entrée de l’air, le constructeur fournit une courbe de correction en fonction de ce paramètre
(figure 2).
Taux de compression
Débit massique air
Température extérieure
La phase de dépouillement des essais constitue une étape délicate
car l’expérience montre que l’installation ne se trouve que rarement
dans les conditions idéales spécifiées au contrat. Un travail de transposition est nécessaire, il est réalisé à l’aide des courbes de correction identiques à celles des figures 1 et 2, mais il faut souvent
recourir à des codes de calcul afin d’effectuer des calculs permettant
de reconstituer des données manquantes ou invalides. Les centrales
à cycle combiné sont des installations dont le fonctionnement des
différents matériels est très imbriqué. Cette particularité rend encore
plus délicate la recherche d’un non-respect de clauses contractuelles.
Facteur correctif
CENTRALE À CYCLE COMBINÉ
Altitude
Charge
Heures de flamme
Les turbines à combustion peuvent brûler plusieurs types de
combustible. Cette polyvalence n’est pas sans conséquence sur la
puissance électrique obtenue en sortie alternateur.
Exemple : pour une turbine à combustion Westinghouse de
type 501F, la combustion de fioul, en lieu et place du gaz naturel, est
responsable d’une perte de puissance de 8 MW, à conditions ambiantes identiques, sur une puissance maximale de l’ordre de 175 MW.
Dans les installations à cycle combiné, où une chaudière de
récupération est positionnée en aval de la turbine à combustion, la
nature du combustible influence directement les performances du
cycle eau-vapeur. En effet, la chaudière doit se prémunir des risques
de corrosion du dernier échangeur en évitant l’apparition du point
de rosée dans les fumées. Selon le combustible brûlé, la composition des fumées n’est pas identique et les risques ne se situent pas
au même niveau de température (104 ˚C pour le gaz naturel et 138 ˚C
pour le fioul). Le système de protection décrit au paragraphe 2.6
adapte la configuration du circuit d’eau à ces contraintes. Pour un
fonctionnement au fioul, la conséquence majeure est une perte de
production de vapeur dans le niveau basse pression. La perte de
production peut représenter 40 % du débit nominal de vapeur basse
pression. Le déficit de production, toutes choses égales par ailleurs
est de l’ordre de 14 MW uniquement sur le cycle eau-vapeur pour
une installation de type 2-2-1-3P RS ([BE 8 905] § 1.2).
1,02
1,015
1,01
1,005
1
0,995
0
– 30 – 20 – 10 0
10 20 30 40 50
Écart avec le vide contractuel (mbar)
Figure 1 – Exemple de correction de la puissance de la turbine à
vapeur par rapport au vide contractuel
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Facteur correctif
CENTRALE À CYCLE COMBINÉ ____________________________________________________________________________________________________________
1,02
liquides), et des aubes à incidence variable de la première rangée de
diaphragmes du compresseur. Ces dispositifs sont usuellement
appelés IGV (inlet gate valves). Des vannes de prélèvement d’air sur
les étages du compresseur (aussi appelées blow off) et d’admission
d’air secondaire à la chambre de combustion complètent le dispositif.
Consommation spécifique
1,01
1
0,99
Effet du lavage
en ligne
Effet d'une
intervention
majeure
Pour augmenter la puissance délivrée par une turbine à combustion, il est possible d’ouvrir les IGV. Cependant, cette utilisation est
limitée par les risques de pompage du compresseur. L’augmentation de la température d’entrée des gaz à la turbine soulève deux
problèmes :
— l’un d’ordre métallurgique (tenue de la première rangée d’ailettes à des températures supérieures à 1 000 ˚C) ;
— l’autre d’ordre environnemental avec la production de NOx
thermiques lors de la combustion à haute température ([BE 8 905]
figure 20).
0,98
0,97
Puissance
0,96
R
15 000 20 000 25 000 30 000 35 000
Temps de fonctionnement (h)
Figure 3 – Altération des performances d’une turbine à combustion
L’objectif de la régulation revient à ajuster les débits d’air et de
combustible afin de maintenir la température d’entrée dans la turbine constante.
1.3 Évolution des performances
en exploitation
Suivant la charge de la machine, les principes de régulation retenus sont différents. Pour un fonctionnement à vide, les IGV sont
ouverts au minimum et la vanne de combustible règle la fréquence.
Durant la montée en vitesse de la turbine à combustion jusqu’à sa
vitesse nominale, lors de la marche en sous-fréquence ou durant les
périodes de décélération, les IGV doivent être ouverts afin de limiter
le débit d’air et de minimiser les contraintes au compresseur. Tant
que la vitesse nominale n’est pas atteinte, les vannes blow off de
prélèvement de l’air se ferment en séquence pour éviter le pompage
du compresseur. Pour le fonctionnement aux très faibles charges,
les IGV ouverts au minimum maintiennent le débit d’air constant. Si
la puissance appelée par le réseau diminue, le débit de gaz va diminuer et l’excès d’air va augmenter avec comme conséquence un risque de perte de la flamme. Afin d’éviter ce problème, l’air est évacué
par les vannes de débit d’air secondaire afin de contourner les brûleurs. Lors de la montée en puissance, les IGV demeurent ouverts au
minimum (débit d’air < 70 % du débit nominal) et la vanne de
combustible ajuste la puissance. À puissance nominale, les IGV sont
ouverts au maximum et la vanne de combustible contrôle la température d’entrée des gaz à la turbine. Cette régulation comporte une
singularité. En effet, l’objectif consiste à régler la température
d’entrée des gaz à la turbine alors que celle-ci ne fait l’objet
d’aucune mesure. Les niveaux de température importants
(> 1 000 ˚C) ne permettent pas de réaliser une mesure directe. Les
constructeurs reconstituent cette température à partir :
— de la température et de la pression des gaz à l’échappement de
la turbine ;
— de la pression en sortie du compresseur (éventuellement de la
perte de charge de la chambre de combustion) ;
— de la ligne de détente théorique de la turbine.
D’ autres facteurs interfè rent sur les performances des turbines ˆ
combustion.
■ Le systè me de réduction des NOx dans la chambre de combustion intervient en augmentant le débit de fluide qui est détendu par
la suite dans la turbine. La réduction de la production des NOx peut
être effectuée à l’aide d’une injection d’eau qui tend à diminuer la
température de flamme et s’ajoute au débit des gaz.
La durée de fonctionnement de la machine sans lavage est un
facteur qui tend à faire décroître les performances de la turbine à
combustion. L’explication est la suivante. L’air ambiant est admis
après avoir été filtré en amont du compresseur. Néanmoins, certaines particules très fines pénètrent tout de même dans le compresseur et l’encrassent. Cette pollution tend à diminuer les
performances globales de la turbine à combustion. Afin de remédier
à ce problème, un dispositif de lavage est prévu sur les turbines à
combustion. Il consiste soit en une injection d’eau à l’admission du
compresseur, soit à un pseudo-sablage à l’aide de grains de riz.
L’objectif visé est de retrouver les performances d’origine de la turbine à combustion. Malgré l’utilisation régulière de ce système, les
performances diminuent en fonction de la durée d’utilisation et il est
nécessaire de procéder à des visites de maintenance où le remplacement d’aubes du compresseur et de la turbine est préconisé. La
figure 3 illustre le cycle des performances d’une turbine à combustion avec une intervention de lavage et une révision majeure. Une
heure de fonctionnement au fioul génère une dégradation équivalente à 1,3 à 1,5 heure de fonctionnement au gaz naturel. La révision
majeure inclut le changement de nombreuses pièces du compresseur et de la turbine de détente des gaz de combustion (ailettes,
étanchéités...). Cette intervention conséquente permet de restaurer
quasiment les performances originelles de la machine, ce que ne
réussit pas à faire le lavage en ligne.
■
Cette pratique, propre à chaque constructeur et à chaque type de
machine, constitue un savoir-faire peu dévoilé aux exploitants.
2.2 Pression glissante ou pression fixe
sur le cycle eau-vapeur
2. Fonctionnement
Selon le nombre de niveaux de pression retenu pour optimiser le
cycle eau-vapeur, la turbine à vapeur peut être constituée de plusieurs corps, un haute pression et un moyenne et basse pression.
2.1 Turbine à combustion
Se pose alors le choix du type de fonctionnement de l’ensemble
chaudière turbine à vapeur : pression fixe ou pression glissante ?
Les principaux actionneurs qui servent à réguler le fonctionnement de la turbine à combustion influent sur :
— le débit de combustible ;
— le débit d’air admis au compresseur.
Pour le choix « pression fixe », les pressions dans les ballons sont
maintenues constantes quelle que soit la puissance de la centrale.
Ce type de fonctionnement garantit un niveau constant dans les ballons en toutes circonstances. Par contre, l’adaptation entre la pression de la chaudière et celle requise en tête de la turbine est réalisée
grâce au laminage des vannes d’admission de la turbine.
Il s’agit de la vanne d’admission du combustible (vanne réglante et
d’arrêt pour le gaz, vanne retour en inverse pour les combustibles
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Technologie de gazéification
intégrée à un cycle combiné
par
Michel KLAEYLÉ
Ingénieur de l’École Nationale Supérieure de Chimie de Lille (ENSCL)
Docteur en chimie de la combustion
Ingénieur du groupe « techniques de combustion propre » à Électricité de France,
Centre National d’Équipement Thermique
et
R
Férid NANDJEE
p。イオエゥッョ@Z@。カイゥャ@QYYW
Ingénieur de l’Institut National des Sciences Appliquées de Lyon (INSA)
Responsable du groupe « turbines à combustion, diesels, cycles combinés » à EDF,
Centre National d’Équipement Thermique
B 8 920 - 2
—
2
—
3
—
3
—
3
1.
1.1
1.2
1.3
1.4
Concept de base.......................................................................................
Cycle combiné..............................................................................................
Gazéification.................................................................................................
Auxiliaires.....................................................................................................
Intégration ....................................................................................................
2.
2.1
2.2
Gazéification du charbon.......................................................................
Production du gaz de synthèse ..................................................................
Les différentes familles de gazéifieurs.......................................................
—
—
—
4
5
5
3.
3.1
3.2
3.3
3.4
Épuration et conditionnement du gaz de synthèse .......................
Refroidissement du gaz...............................................................................
Dépoussiérage : filtres céramique..............................................................
Désulfuration................................................................................................
Lavage du gaz ..............................................................................................
—
—
—
—
—
8
8
10
11
12
4.
4.1
4.2
4.3
Cycle combiné ..........................................................................................
Turbine à combustion .................................................................................
Cycle eau-vapeur .........................................................................................
Post-combustion..........................................................................................
—
—
—
—
13
13
14
14
5.
5.1
5.2
5.3
Les auxiliaires ...........................................................................................
Unité de séparation d’air.............................................................................
Traitement des effluents .............................................................................
Autres auxiliaires .........................................................................................
—
—
—
—
15
15
15
16
6.
6.1
6.2
6.3
6.4
Spécificités de l’IGCC .............................................................................
Intégration. Optimisation ............................................................................
Paramètres de dimensionnement d’une centrale IGCC ...........................
Matériaux .....................................................................................................
Sécurité.........................................................................................................
—
—
—
—
—
16
16
17
17
19
7.
7.1
7.2
7.3
7.4
7.5
Performances ............................................................................................
Combustibles possibles ..............................................................................
Rendement et perspectives d’évolution du rendement ...........................
Impact sur l’environnement........................................................................
Conditions d’utilisation ...............................................................................
Applications de la technologie IGCC..........................................................
—
—
—
—
—
—
20
20
20
20
22
23
8.
Aspects économiques.............................................................................
—
23
9.
9.1
9.2
9.3
9.4
9.5
Les voies d’évolution de la technologie ............................................
État actuel de la filière .................................................................................
Épuration des gaz à chaud..........................................................................
Amélioration dans la conception des turbines à combustion .................
Piles à combustible......................................................................................
Gazéification à l’air. Topping cycle .............................................................
—
—
—
—
—
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24
24
24
25
25
25
Pour en savoir plus...........................................................................................
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
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Doc. B 8 920
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bXYRP
TECHNOLOGIE DE GAZÉIFICATION INTÉGRÉE À UN CYCLE COMBINÉ
_____________________________________________________________________________
a production thermique d’énergie électrique doit répondre simultanément
aux impératifs économiques et à des critères liés à la protection de l’environnement de plus en plus stricts. Les cycles combinés alimentés au gaz naturel
ou au fuel permettent de très bons rendements énergétiques (nettement supérieurs à 50 %) et des émissions polluantes très faibles, mais consomment des
combustibles dont les réserves estimées sont faibles et dont le coût est incertain
à long terme.
Au contraire, les très abondantes réserves de charbon dispersées à travers le
monde et leur coût plus avantageux permettent, à long terme, d’envisager l’utilisation du charbon pour la production d’énergie électrique. Les filières classiques
de combustion du charbon présentent généralement des performances
moyennes en matière de rendement et de protection de l’environnement ou
nécessitent des équipements annexes (désulfuration des fumées, ...).
La gazéification intégrée à un cycle combiné (GICC, ou en anglais IGCC : integrated gasification combined cycle) permet de transformer le charbon en un
combustible propre et utilisable par un cycle combiné, au lieu de le brûler directement. Cette technologie permet de bénéficier des avantages intrinsèques des
cycles combinés au gaz, mais à partir d’un combustible moins noble : quasiment
tous les charbons, la biomasse, les cokes de pétrole, les combustibles à haute
viscosité (CHV), l’orimulsion, etc. En particulier, l’IGCC permet de brûler des
combustibles de qualité moindre (forte teneur en soufre, en chlore ou en cendres)
en respectant, sans installation complémentaire, les normes, actuelles et en pré-
L
R
1. Concept de base
paration, relatives aux limitations des émissions de pol(0)
luants.
Le développement de l’IGCC est lié au développement important
des principaux éléments constitutifs d’une centrale IGCC au cours
des dernières années, principalement les turbines à combustion et
les gazéifieurs.
Notations
Sigles
ASU
BGL
CE
GSP
HRSG
HTW
IGCC ou GICC
KRW
MCFC
MDEA
NEDO
PRENFLO
U-GAS
VEW
Désignation
Dans la technologie IGCC, le gaz de synthèse obtenu par la gazéification d’un combustible solide, visqueux ou liquide est purifié afin
d’éliminer notamment les poussières et les composés soufrés, avant
d’être brûlé dans une turbine à combustion pour produire de l’électricité. Une chaudière permet de récupérer une partie de la chaleur
sensible des fumées en produisant de la vapeur. Celle-ci permet de
produire de l’électricité additionnelle par une turbine à vapeur.
Air Separation Unit (Unité de Séparation d’Air)
British Gas/Lurgi
Combustion Engineering
Gaskombinat Schwarze Pumpe
Heat Recovery Steam Generator (Chaudière de
récupération en aval de la turbine à
combustion)
High Temperature Winkler
Integrated Gasification Combined Cycle (Gazéification Intégrée à un Cycle Combiné)
Kellogg Rust Westinghouse
Molten Carbonate Fuel Cell
Méthyldiéthanolamine
New Energy Development Organisation
Pressurized Entrained Flow
Utility Gas
Vereinigte Elektrizitäts Westfallen
La filière IGCC présente une multiplicité de variantes. Elles
s’expriment notamment au niveau du fonctionnement du gazéifieur
(à lit fixe, fluidisé ou entraîné), mais aussi par l’oxydant utilisé (air
ou oxygène) et les systèmes d’épuration du gaz. Par ailleurs, la
technologie IGCC se caractérise par une intégration, plus ou moins
importante, des divers éléments permettant de limiter les consommations d’auxiliaires et d’améliorer les performances globales de
la tranche.
Une centrale IGCC est constituée principalement par (figure 1) :
— le cycle combiné ;
— le gazéifieur et les systèmes d’épuration du gaz de synthèse ;
— les auxiliaires, notamment l’unité de séparation d’air pour les
IGCC fonctionnant à l’oxygène.
(0)
Les unités utilisées dans cet article ne sont pas toutes reconnues
par le Système international (SI). Aussi nous rappelons que :
— 1 normomètre cube (1 Nm3) correspond à 1 m3 de gaz
mesuré dans les conditions normales de pression (1,013 bar) et de
température (0 oC) ;
— 1 MW (électrique) correspond à une puissance électrique de
1 MW ;
— 1 MWth correspond à une puissance thermique de 1 MW.
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1.1 Cycle combiné
Les équipements nécessaires aux cycles combinés alimentés au
gaz de charbon sont identiques à ceux alimentés au gaz naturel ou
autres combustibles (figure 2) :
— une (ou éventuellement plusieurs) turbine(s) à combustion ;
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_____________________________________________________________________________ TECHNOLOGIE DE GAZÉIFICATION INTÉGRÉE À UN CYCLE COMBINÉ
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Figure 1 – Schéma de bloc d’une centrale IGCC
1.2 Gazéification
— une (ou éventuellement plusieurs) chaudière(s) de récupération
pour la génération de vapeur ;
— une turbine à vapeur éventuellement commune à plusieurs
chaudières de récupération ;
— un condenseur avec sa source froide et un poste d’eau constitué
de pompes d’extraction, de bâche alimentaire dégazante et de
pompes alimentaires.
La différence essentielle entre le gaz de charbon et les combustibles habituels (gaz naturel par exemple) est leur pouvoir calorifique
(leur rapport peut être de 1 à 10), ce qui entraîne une conception
différente des chambres de combustion (§ 4.1).
Deux configurations principales existent pour les cycles
combinés :
— à une seule ligne d’arbre : la turbine à combustion et la turbine
à vapeur sont installées sur une même ligne d’arbre et entraînent
un même alternateur ;
— à plusieurs lignes d’arbre : les turbines à combustion et les turbines à vapeur sont équipées chacune d’un alternateur.
Une turbine à combustion dans sa version de base comprend un
compresseur, une chambre de combustion et une turbine de détente
des gaz chauds (figure 2). Le compresseur aspire de l’air froid de
l’extérieur et le comprime à une pression de 10 à 15 bar. L’air
comprimé est injecté dans la chambre de combustion avec le
combustible (gaz naturel, dérivés pétroliers ou gaz produit par
gazéification de charbon). Les gaz de combustion ainsi produits alimentent une turbine de détente qui entraîne à la fois l’alternateur
pour la production d’électricité et le compresseur d’air. Les gaz
d’échappement quittent la turbine de détente à une température
comprise entre 500 et 600 oC pour alimenter une chaudière de récupération pour la génération de la vapeur. Cette vapeur produite au
niveau de la chaudière peut être utilisée comme vapeur de process
ou peut être détendue dans une turbine à vapeur pour produire un
surplus d’énergie électrique.
La gazéification est réalisée par oxydation partielle du combustible
solide, visqueux ou liquide par réaction avec l’oxygène ou l’air. De
la vapeur est généralement ajoutée car elle permet des réactions
complémentaires et agit comme modérateur. La chaleur nécessaire
au maintien de la température de réaction est généralement apportée
par la combustion d’une partie du charbon (§ 2).
Le gaz obtenu doit être épuré pour pouvoir être brûlé dans une
turbine à combustion (§ 3). Il est dépoussiéré, désulfuré et généralement lavé. Dans certains types de gazéifieurs, le gaz sort à une
température élevée, ce qui rend nécessaire un refroidissement
préalable : il permet alors la production de vapeur qui est ajoutée
dans le circuit vapeur du cycle combiné (§ 6.1.2).
Le gaz de synthèse est généralement saturé en eau avant d’être
injecté dans la chambre de combustion de la turbine à combustion.
Cette injection d’eau ou de vapeur permet de limiter la production
d’oxydes d’azote dans la turbine à combustion (§ 4.1.3).
1.3 Auxiliaires
Outre les auxiliaires présents dans toutes les centrales thermiques
(préparation et alimentation du combustible, production d’eau déminéralisée, traitement des effluents, chaudière auxiliaire, transformateurs et postes d’évacuation d’énergie, salle de contrôle, etc.), les
IGCC fonctionnant à l’oxygène sont équipées d’une unité de séparation d’air. Celle-ci permet la production de l’oxygène nécessaire
au gazéifieur, ainsi que de l’azote utilisé notamment pour le transport
pneumatique du combustible et des cendres.
1.4 Intégration
L’ensemble des éléments d’intégration optimise l’utilisation de
l’énergie, ce qui permet de limiter la consommation énergétique des
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TECHNOLOGIE DE GAZÉIFICATION INTÉGRÉE À UN CYCLE COMBINÉ
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Figure 2 – Principe d’un cycle combiné à trois niveaux de pression avec resurchauffe
auxiliaires et donc d’améliorer le rendement global net de l’unité.
Cette optimisation est obtenue au prix d’une complexité accrue de
l’installation (§ 6.1).
Historique de la gazéification
L’idée consistant à séparer les phases de gazéification et de
combustion est relativement ancienne. D’après les éléments
historiques disponibles, la production de gaz de charbon a été
utilisée la première fois en Angleterre en 1792. Dès 1812, la première société de gazéification de charbon est créée à Londres.
Baltimore est la première ville à développer un réseau de
distribution de gaz de charbon en 1816, principalement pour
l’éclairage public. L’utilisation du gaz de charbon s’est considérablement développée dans le monde, et on a dénombré plus de
11 000 gazéifieurs aux États-Unis vers 1930. Le gaz était produit
par des gazéifieurs atmosphériques dits de première génération, parmi lesquels les plus importants étaient ceux qui utilisaient les procédés Winkler (lit fluidisé, 1926), Lurgi (lit fixe, 1936)
et Koppers – Totzek (lit entraîné, 1952). Le développement du gaz
naturel et des produits pétroliers à bas prix ont entraîné la disparition des gazéifieurs dans presque tous les pays, à l’exception
de l’Afrique du Sud. Les efforts de recherche et développement,
poussés par le premier choc pétrolier de 1973, ont permis la mise
au point de procédés dits de deuxième génération. Il s’agit pour
la plupart de versions améliorées des procédés anciens. Les
modifications apportées ont permis d’augmenter la température
et la pression de travail, la gamme de combustibles utilisables,
le rendement et la capacité unitaire de production de gaz.
2. Gazéification du charbon
La combustion est, par nature, un ensemble de phénomènes ayant
lieu en phase gazeuse. Lorsque le combustible n’est pas gazeux, la
combustion est donc précédée d’une étape de transformation de
celui-ci en un gaz par évaporation, pyrolyse et oxydation partielle.
Dans les brûleurs classiques à charbon pulvérisé, la gazéification et
la combustion du gaz ne sont pas dissociées, et on observe seulement un phénomène global.
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_____________________________________________________________________________ TECHNOLOGIE DE GAZÉIFICATION INTÉGRÉE À UN CYCLE COMBINÉ
2.1 Production du gaz de synthèse
Les gazéifieurs à lit fixe sont des réacteurs fonctionnant à contrecourant (figure 3) : le charbon introduit par le haut est balayé par
un courant gazeux ascendant. En raison de la faible turbulence
(vitesse du gaz de l’ordre de 1 m/s), les différents phénomènes
chimiques et physiques se déroulent dans des parties différentes du
gazéifieur. On observe diverses zones stratifiées dont chacune est
le siège d’un type de réactions chimiques. Les matières volatiles sont
pyrolysées ou évaporées en partie haute du gazéifieur, et sont
entraînées directement vers la sortie du gazéifieur par le gaz de
synthèse. Celui-ci contient donc une part généralement importante,
de composés hydrocarbonés tels que le méthane (jusqu’à 15 %) ou
des hydrocarbures légers, ainsi que des composés aromatiques
condensables (goudrons). Son pouvoir calorifique est d’autant plus
élevé que le taux d’hydrocarbures est élevé, mais la séparation des
goudrons peut poser des problèmes importants. Pour améliorer le
rendement, les goudrons et les condensables séparés sont recyclés
au gazéifieur.
Avant leur évacuation, les cendres chaudes passent par la zone
balayée par un courant gazeux dont la concentration en oxygène
est maximale. Elles ne contiennent donc quasiment plus de carbone
lorsqu’elles sont évacuées. Le taux de conversion du carbone est
généralement supérieur à 99,9 %. En raison de la granulométrie du
charbon et de la vitesse des gaz, les procédés à lit fixe produisent,
par ailleurs, très peu de cendres volantes.
Le débit de production de gaz de synthèse est contrôlé en ajustant
les débits d’oxygène et de vapeur, et des variations de charge très
rapides sont possibles (5 à 15 % par minute), dès lors que les autres
équipements de la centrale peuvent les accepter. Le gaz quitte le
gazéifieur à une température de 500 à 800 oC. Il peut donc être refroidi
avec des échangeurs convectifs classiques avant d’être traité et
dépoussiéré.
Les principaux procédés à lit fixe sont les suivants.
2.1.1 Réactions chimiques mises en jeu
La gazéification de combustibles solides met en jeu des réactions
de pyrolyse, d’oxydation et de réduction, ainsi qu’éventuellement
des phénomènes d’évaporation. Les réactions de pyrolyse permettent la production de composés hydrocarbonés gazeux dès
l’échauffement du combustible à son entrée dans le gazéifieur. Le
résidu solide obtenu (coke) et les composés volatils libérés sont en
plus ou moins grande partie oxydés par l’oxygène (pur ou sous forme
d’air) et généralement la vapeur d’eau. On parle dans ce dernier cas
d’oxyvapogazéification. Le charbon étant placé en excès par rapport
à l’oxydant, des réactions de réduction du CO2 et de l’eau issus de
la phase d’oxydation sont observées si la température est suffisante
(ces réactions sont endothermiques).
La gazéification est globalement une combustion incomplète,
obtenue en plaçant le combustible en excès par rapport à l’oxydant.
2.1.2 Nature du gaz de synthèse
Lors de la gazéification, la partie organique du charbon est transformée principalement en monoxyde de carbone CO et en hydrogène
H2 et, dans des proportions sensiblement plus faibles, en méthane
CH4 (voir § 2.2.3). Dans un gazéifieur alimenté en oxygène, la somme
CO + H2 représente plus de 80 % du gaz de synthèse obtenu. Selon
le type de gazéifieur utilisé, une part plus ou moins importante de
composés hydrocarbonés plus lourds (volatils et goudrons polyaromatiques) peut également être produite.
Le soufre contenu dans le combustible n’est pas oxydé en SO2
comme dans une chaudière classique, par manque d’oxygène. Il se
retrouve sous la forme de sulfure d’hydrogène H2S et, dans une
moindre mesure, sous la forme d’oxysulfure de carbone COS, et
éventuellement de sulfure de carbone CS2. Enfin, le gaz de synthèse
contient divers composés à l’état de trace dont les proportions
dépendent de la nature du combustible : HCI, HF, NH3, HCN, métaux
lourds volatils, etc. ainsi qu’une proportion variable de gaz inertes :
vapeur d’eau (H2O), azote (N2), dioxyde de carbone (CO2), etc.
Le pouvoir calorifique du gaz est fonction de la nature du combustible et du gazéifieur. Pour un gazéifieur soufflé à l’oxygène, le
pouvoir calorifique inférieur (PCI) du gaz de synthèse est de l’ordre
de 10 000 à 13 000 kJ/Nm3. Avec un gazéifieur fonctionnant à l’air,
on obtient un gaz pauvre ayant un pouvoir calorifique inférieur de
l’ordre de 4 000 à 6 000 kJ/Nm3. Pour mémoire, rappelons que le gaz
naturel a un PCI de l’ordre de 35 000 kJ/Nm3.
2.2 Les différentes familles de gazéifieurs
Outre les conditions opératoires de température et de pression,
les différents gazéifieurs se distinguent également par la méthode
d’introduction du combustible et de l’oxydant, la nature du réacteur,
et enfin par le procédé d’évacuation des cendres. Il existe principalement trois grandes familles de gazéifieurs :
— les gazéifieurs à lit fixe ;
— les gazéifieurs à lit fluidisé ;
— les gazéifieurs à lit entraîné.
Ces trois grandes familles de gazéifieurs sont présentées et
comparées dans la suite, ainsi que des systèmes de gazéification
plus exotiques.
2.2.1 Gazéifieurs à lit fixe
Les procédés à lit fixe nécessitent un broyage grossier préalable
du combustible, de manière à le réduire à une granulométrie
comprise entre 7 et 50 mm. Les fines doivent être agglomérées
(éventuellement mélangées avec du bitume) pour pouvoir être
utilisées.
Figure 3 – Principe des gazéifieurs à lit fixe, fluidisé et entraîné
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TECHNOLOGIE DE GAZÉIFICATION INTÉGRÉE À UN CYCLE COMBINÉ
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■ Le procédé British Gaz/Lurgi (BGL)
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■ Le procédé Winkler ou HTW (High Temperature Winkler)
Le procédé Winkler inventé en 1926 a depuis été amélioré par
l’augmentation de la température de fonctionnement (1 000 oC) et
de la pression (25 bar). L’oxydant (air ou oxygène, et vapeur) est
injecté à différents niveaux. Le niveau le plus élevé est situé
au-dessus du lit, ce qui permet de gazéifier les fines entraînées avec
le gaz de synthèse. Le taux de conversion du carbone est de l’ordre
de 90 à 96 %. Les cendres sont sèches, non fondues et peuvent avoir
une teneur en carbone imbrûlé non négligeable. Il est souvent prévu
de les injecter mélangées à du charbon, dans une chaudière à lit
fluidisé circulant.
Il s’agit d’une version pressurisée du gazéifieur Lurgi inventé en
1936. Le gazéifieur est un cylindre pressurisé (environ 27 bar) dont
la température est contrôlée par circulation d’eau dans un chemisage. Le charbon et le calcaire (ajouté pour améliorer la fusibilité
des cendres) sont introduits par le haut, au moyen d’une trémie sas,
traversent successivement les zones de séchage, de pyrolyse, de
gazéification et de combustion, et les cendres sont recueillies au bas
du gazéifieur. Le procédé BGL peut fonctionner avec de l’air ou de
l’oxygène, mais l’oxygène est généralement préféré car il permet
d’augmenter la température de réaction et de récupérer ainsi les
cendres à l’état fondu et vitrifié.
Le gaz sort du gazéifieur à une température de l’ordre de 500 oC
et doit être épuré pour éliminer les goudrons et phénols entraînés.
Ceux-ci sont recyclés au gazéifieur. Les eaux de lavage du gaz sont
très polluées et doivent généralement être incinérées.
Le procédé BGL accepte une grande variété de charbons, particulièrement les charbons bitumineux à haute teneur en matières
volatiles. En raison de la faible température du gaz, il peut être envisagé de l’installer à proximité des mines de charbon, le gaz étant
transporté jusqu’à un ou plusieurs cycle(s) combiné(s) placés près
des consommateurs d’électricité.
Le procédé a été développé principalement en Europe de l’Est,
dans le but de fabriquer un gaz de synthèse pour la synthèse chimique, notamment de méthanol (§ 7.5.2). L’hydrogazéification a par
ailleurs été testée en substituant l’hydrogène au mélange oxydant,
dans le but de produire du gaz naturel de synthèse.
■ Le procédé U-GAS (Utility Gas)
Ce procédé comprend un lit fluidisé circulant fonctionnant
à 1 000 oC et sous une pression de 3 à 30 bar, selon l’utilisation qui
est faite du gaz. L’agent gazéifiant (air ou oxygène) est introduit,
d’une part, sous la grille de fluidisation conique et, d’autre part, dans
la zone d’agglomération des cendres qui se trouve ainsi portée à
une température supérieure à la température du lit. Le taux
d’imbrûlés dans les cendres est, de ce fait, inférieur à celui observé
avec un gazéifieur HTW. La désulfuration peut être réalisée par du
calcaire injecté dans le lit. Ce procédé a, par ailleurs, été testé à
l’échelle du pilote sur des combustibles tels que le bois ou la tourbe.
■ Le procédé Kilngas
Le gazéifieur est constitué d’un four cylindrique tournant autour
de son axe légèrement incliné par rapport à l’horizontale. Ce type
de gazéifieur est assimilé à un lit fixe, car les phénomènes physicochimiques s’y déroulent selon la même structure stratifiée. La gazéification est réalisée à l’air à une température de l’ordre de 1 000 oC
sous faible pression (1 à 4 bar). Le gaz produit contient des goudrons
et des phénols qui doivent être séparés et réinjectés dans le
gazéifieur.
Ce procédé ne nécessite pas d’unité de séparation d’air puisqu’il
fonctionne à l’air et à la vapeur. Le temps de séjour du charbon peut
facilement être ajusté par la vitesse de rotation du four. Le pouvoir
calorifique du gaz le classe dans les gaz pauvres. Des problèmes
semblent cependant subsister au niveau de l’évacuation des cendres,
et aucun gazéifieur de taille industrielle n’a été construit à ce jour
selon ce procédé.
■ Le procédé KRW (Kellogg Rust Westinghouse)
Il fonctionne à l’air sous une pression de 20 bar et une température
de 850 à 1 050 oC environ. Le charbon sec et broyé (diamètre < 6 mm)
est injecté avec l’air ou l’oxygène dans une zone de combustion. Il
subit une pyrolyse, et le coke obtenu est gazéifié par de la vapeur
d’eau dans la partie supérieure du lit fluidisé circulant. Le jet de charbon et d’oxydant maintient le lit en mouvement rotatif. Les cendres
sont partiellement fondues dans la zone de combustion et sont
extraites agglomérées et refroidies par une partie du gaz qui est
recyclée au bas du gazéifieur.
Ce procédé a fait l’objet de développements pour l’épuration des
gaz à chaud : désulfuration par ajout de calcaire ou de dolomie dans
le lit suivie d’un traitement par du ferrite de zinc dans un lit extérieur,
filtration par cyclones haute efficacité et filtres céramique.
2.2.2 Gazéifieurs à lit fluidisé
Les procédés à lit fluidisé (figure 3) nécessitent un broyage grossier du combustible pour l’amener à une granulométrie de 2 à 5 mm.
La fluidisation améliorant sensiblement les échanges thermiques, le
charbon introduit est rapidement échauffé jusqu’à la température du
lit, permettant le dégagement des matières volatiles qui sont en
partie craquées et oxydées avant de quitter le gazéifieur. Le gaz de
synthèse contient donc généralement des hydrocarbures légers,
mais peut également contenir des composés organiques ou aromatiques plus lourds, en faible quantité. La température du lit doit impérativement rester inférieure au point de ramollissement des cendres
pour éviter leur agglomération. La température de fonctionnement
est donc de l’ordre de 850 à 1 000 oC. Les cendres extraites en continu
ou périodiquement du lit ont la même composition que le lit,
c’est-à-dire qu’elles contiennent au minimum quelques pourcent de
carbone imbrûlé. Elles doivent donc subir une combustion du résidu
carboné pour pouvoir éventuellement être valorisées. Les cendres
volantes sont majoritairement récupérées dans une batterie de
cyclones, et peuvent être réintroduites dans le lit fluidisé pour améliorer le rendement. Les charbons très agglutinants doivent subir un
prétraitement avant gazéification. Comme dans les chaudières à lit
fluidisé, la désulfuration peut être réalisée in situ par injection dans
le lit d’un composé alcalin tel que le calcaire ou la chaux.
Les principaux procédés à lit fluidisé sont les suivants.
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2.2.3 Gazéifieurs à lit entraîné
Les procédés mettant en œuvre un gazéifieur à lit entraîné (ou en
courant fluide ) ont connu des développements très importants lors
de ces dernières années, en raison de leurs qualités intrinsèques.
Le charbon est broyé finement avant d’être injecté dans le gazéifieur
(figure 3) sous forme pulvérulente ou sous forme de boue (selon les
procédés) avec des jets de comburant. Le charbon pulvérisé mis en
présence d’oxygène développe une flamme très vive comparable à
celle observée dans un brûleur classique à charbon pulvérisé. Les
débits d’oxygène et de vapeur sont cependant ajustés pour obtenir
une réduction des gaz de combustion par le charbon excédentaire.
La température peut atteindre plus de 1 700 oC dans le cas d’un
gazéifieur pressurisé. Cette température a plusieurs conséquences
importantes.
Le gaz de synthèse ne comprend pas de composés condensables
ou de goudrons, car les matières volatiles du charbon sont libérées
dans une zone où la teneur en oxygène et la température sont
élevées, ce qui permet leur dégradation. Le seul hydrocarbure
présent dans le gaz est donc le méthane, en faibles proportions.
Enfin, le rendement de conversion du carbone est généralement
supérieur à 99 %.
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Conversion et transport d'énergie
(Réf. Internet 42206)
1– Conversion de l'énergie
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2– Installations thermiques de grande puissance
3– Cogénération
Réf. Internet
Les techniques de cogénération
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page
97
4– Thermoélectricité
5– Réseaux de chaleur
6– Réseaux de froid
7– Vecteurs énergétiques
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Les techniques de cogénération
par
Claude LÉVY
Ingénieur de l’École centrale de Paris
Ingénieur conseil en thermique et en énergétique
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2
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3
—
3
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4
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4
1.
1.1
1.2
1.3
1.4
1.5
Généralités.................................................................................................
Définitions ....................................................................................................
Principaux procédés ....................................................................................
Objectifs........................................................................................................
Prix de l’électricité en France......................................................................
Développement............................................................................................
2.
2.1
2.2
2.3
Caractéristiques techniques .................................................................
Unités............................................................................................................
Critères spécifiques .....................................................................................
Puissances installées...................................................................................
—
—
—
—
5
5
5
6
3.
3.1
3.2
3.3
Chaudière plus turbine à vapeur .........................................................
Généralités ...................................................................................................
Performances du système ..........................................................................
Caractéristiques globales............................................................................
—
—
—
—
7
7
7
10
4.
4.1
4.2
4.3
Moteurs alternatifs..................................................................................
Caractéristiques principales........................................................................
Schémas d’utilisation ..................................................................................
Performances ...............................................................................................
—
—
—
—
11
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14
5.
5.1
5.2
5.3
5.4
5.5
5.6
Turbines à combustion ...........................................................................
Généralités ...................................................................................................
Caractéristiques ...........................................................................................
Utilisation de la chaleur ..............................................................................
Brûleurs de post-combustion .....................................................................
Schémas d’installation ................................................................................
Performances d’un système à post-combustion ......................................
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6.
6.1
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6.4
Rentabilité..................................................................................................
Investissements ...........................................................................................
Frais d’exploitation ......................................................................................
Comparaison des différents systèmes.......................................................
Conduite d’une étude ..................................................................................
—
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—
—
22
22
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23
24
oute production d’énergie mécanique et par suite électrique, à partir d’un
combustible quelconque, se fait avec dégagement de chaleur vers une
source froide. La cogénération consiste à utiliser cette chaleur plutôt que de la
perdre à l’atmosphère. La cogénération permet donc des économies d’énergie
et, consécutivement, une réduction des coûts globaux des énergies produites.
La cogénération englobe toute une série de procédés (dénommés aussi cycles,
filières ou systèmes) dont certains font appel à des techniques complexes. Elle
s’applique à de très nombreux cas d’utilisations tant dans l’industrie qu’en génie
climatique. Elle s’étend sur une très grande échelle de puissance électrique : de
la dizaine de kilowatts pour les petits moteurs alternatifs à plus de 50 MW dans
les grandes centrales thermoélectriques de chauffage urbain ou d’usine. Sa
connaissance intègre une vaste gamme de techniques.
p。イオエゥッョ@Z@。ッエ@QYYV
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LES TECHNIQUES DE COGÉNÉRATION ______________________________________________________________________________________________________
Le but principal de la cogénération est économique, aussi son étude doit-elle
montrer :
— comment on peut la mettre en œuvre (technologie) ;
— comment elle peut être financièrement rentable.
À cet effet, ce sujet fait l’objet de trois articles :
— les techniques de cogénération, traitées dans ce texte, décrivent les différents matériels et les principes courants et présentent les schémas d’installation
en donnant leurs performances ;
— la cogénération dans l’industrie ;
— la cogénération en génie climatique.
S
1. Généralités
Notations et Symboles
Symbole
1.1 Définitions
Définition
C
C˙
énergie thermique produite par le combustible
puissance thermique correspondant à C
CE
consommation spécifique équivalente
rapport chaleur-force
investissement
CF
I
Q
Q˙
Rg
On appelle cogénération (ou encore production combinée chaleur
force), un système dans lequel, en brûlant un combustible primaire,
on produit simultanément de l’énergie mécanique et de l’énergie
thermique.
Le combustible primaire est généralement un produit fossile
commercialisé : charbon, gaz naturel, GPL (gaz de pétrole liquéfié),
fuel lourd ou domestique ; il peut s’agir aussi de bois ou de biomasse,
ou encore d’un produit de récupération : biogaz, ordures ménagères,
déchets industriels, gaz fatals, etc. L’énergie mécanique, disponible
sur l’arbre de la machine motrice, est utilisée pour entraîner une autre
machine tournante (ventilateur, compresseur) ou le plus fréquemment un alternateur qui fournit du courant électrique. L’énergie thermique est disponible soit directement, soit après transformation,
sous la forme d’un fluide caloporteur facilement utilisable : vapeur,
eau chaude, eau surchauffée, air chaud, etc.
énergie thermique récupéré
puissance thermique correspondant à Q
rendement global
rendement mécanique
énergie électrique
puissance électrique correspondant à W
Rm
W
˙
W
η
rendement d’une chaufferie classique
Il n’est pas nécessaire de rappeler que pour produire de l’énergie
mécanique ou de l’électricité au moyen de chaleur, il faut disposer
d’une source chaude et d’une source froide. Dans une centrale
thermique classique la source froide est prise dans
l’environnement : air atmosphérique ou eau de rivière ; la chaleur
qu’elle absorbe est en général totalement perdue. Il s’ensuit que le
rendement global d’un tel système est faible, largement inférieur à
50 %. En France, le rendement moyen des centrales thermiques de
EDF est de 36 %. Au contraire, dans une cogénération, la chaleur
de la source froide n’est pas perdue : elle se retrouve en presque
totalité dans un fluide caloporteur ; le rendement global d’une
cogénération va donc être supérieur : 65 à 90 % suivant les cas
(figure 1).
En France, l’électricité est d’abord produite par les centrales
hydrauliques et nucléaires. Mais celles-ci sont normalement insuffisantes en périodes hivernales. EDF met alors en route des centrales thermiques classiques consommant, comme la cogénération,
des combustibles fossiles, mais avec des rendements inférieurs. La
cogénération permet donc un gain énergétique au niveau national.
(0)
Abréviations
BP
HP
MP
C
C + TV
CU
EC
ES
GdE
MA
MAb
MAd
TAC
TV
OM
UIOM
basse pression
haute pression
moyenne pression
chaudière
chaudière + turbine à vapeur
centrale de chauffage urbain
eau chaude basse pression
eau surchauffée
gaz d’échappement ou exhaures
moteur à explosion ou alternatif
moteur alternatif à bougies
moteur alternatif diesel
turbine à combustion ou à gaz
turbine à vapeur
ordures ménagères
usine d’incinération des ordures ménagères
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LES TECHNIQUES DE COGÉNÉRATION
1.2.2 Moteurs à explosions ou alternatifs
Les moteurs à explosions ou alternatifs à combustion interne (MA)
sont très utilisés en traction mais aussi en poste fixe pour l’entraînement de machines ou d’alternateurs. Ils comprennent plusieurs
cylindres dans lesquels l’inflammation d’un mélange air-combustible génère un gaz chaud qui pousse un piston ; un système
bielle-manivelle transforme le mouvement alternatif en mouvement
rotatif et transmet l’énergie à un arbre qui entraîne l’alternateur.
L’allumage se fait :
— soit par étincelle au moyen d’une bougie MAb, pour les moteurs
de faible puissance et tous les moteurs à gaz pur ;
— soit par compression pour les moteurs diesels MAd brûlant
en partie ou en totalité du fuel.
La chaleur est disponible, d’une part, sur les gaz d’échappement
qui sortent très chauds (450 à 550 oC), d’autre par sur l’eau de refroidissement du bloc moteur (et éventuellement de l’huile). Cette récupération se fait sous forme d’eau chaude (température inférieure à
110 oC) ou de vapeur basse pression (pression inférieure à 0,5 bar)
souvent difficiles à utiliser dans l’industrie mais par contre bien adaptées au génie climatique.
Figure 1 – Bilan énergétique comparatif
La cogénération est aussi utilisée pour entraîner directement des
machines rotatives : compresseur, pompe, etc. Le cycle est encore
plus performant que les précédents puisqu’il évite le rendement
d’un moteur électrique d’entraînement.
Dans la suite de ce texte, il sera surtout question d’utilisation de
l’énergie mécanique dans des alternateurs pour la production d’électricité.
1.2.3 Turbines à combustion
Les turbines à combustion (TAC) sont aussi appelées fréquemment
turbines à compression ou turbines à gaz (l’appellation gaz ne vient
pas du combustible mais du fluide circulant dans la turbine). Dérivées
de l’aéronautique, elles se composent principalement de 3 parties :
le compresseur, la chambre de combustion, la turbine.
Le compresseur aspire un fort débit d’air extérieur (4 à 5 fois les
besoins stœchiométriques) et le refoule sous pression (6 à 20 bar)
dans la chambre de combustion. Le combustible, du gaz naturel ou
du fuel, injecté dans cette chambre, brûle dans l’air et forme des
fumées à très haute température (650 à 1 000 oC et parfois plus). Les
fumées sous pression se détendent ensuite dans une turbine à plusieurs roues ; les premières entraînent le compresseur amont, les
autres un arbre sur lequel est monté l’alternateur. Les gaz d’échappement (appelés exhaures dans la suite de ce texte pour ne pas
confondre avec les gaz combustibles) sortent encore très chauds (450
à 550 oC) et propres ; leur chaleur (ou enthalpie) sensible peut être
récupérée dans une chaudière ou dans une simple batterie
d’échangeurs donnant au secondaire un fluide caloporteur. De plus,
leur forte teneur en oxygène permet de les utiliser comme comburant
dans des brûleurs spéciaux dits de postcombustion. Ceux-ci se montrent sur la plupart des types de chaudières. On économise ainsi la
presque totalité des pertes affectant une chaudières classique.
1.2 Principaux procédés
Toutes les machines produisant de l’énergie mécanique à partir
de chaleur rejettent une partie de celle-ci à la source froide mais
cette chaleur bas niveau n’est pas toujours utilisable. Les machines
les plus courantes sont les suivantes.
1.2.1 Moteurs à combustion externe
De manière simplifiée, ils comprennent une ou plusieurs chaudières brûlant un combustible quelconque et produisant de la vapeur
haute pression (HP). La vapeur est envoyée dans une turbine où sa
détente est transformée en énergie mécanique. Celle-ci est recueillie
sur l’arbre de la turbine qui entraîne un alternateur.
La vapeur qui sort à basse pression (BP) ou au niveau d’un soutirage moyenne pression (MP) est utilisée pour les besoins de chauffages industriels ou de locaux soit directement, soit après passage
dans un échangeur. Celui-ci réchauffe un fluide caloporteur : en
général de l’eau chaude ou surchauffée.
L’eau condensée est renvoyée en chaudière pour recommencer
un cycle.
L’installation comprend de très nombreux auxiliaires : traitement
des eaux, service alimentaire, etc., qui conduisent à un ensemble
complexe et délicat à conduire.
L’avantage essentiel de ce principe est de pouvoir utiliser
n’importe quel combustible ou source de chaleur à un potentiel
suffisant élevé. C’est le seul système capable de s’adapter :
— au charbon, utilisé pour les grandes puissances vu son faible
prix ;
— aux ordures ménagères et aux déchets divers brûlés en usines
d’incinération ;
— aux chaleurs diverses récupérables sur des processus industriels.
Ce procédé est désigné dans la suite de ce texte par le sigle C+TV
(chaudières + turbines à vapeur).
1.3 Objectifs
■ La production autonome d’électricité dans un établissement
(usine, centrale de chauffage, bâtiment du tertiaire, etc.) peut avoir
plusieurs buts distincts.
● La sécurité : en cas d’interruption de la fourniture EDF, elle
assure la continuité de l’alimentation électrique d’un certain nombre
de machines essentielles. Cette fonction est en général assurée par
des groupes électrogènes de secours. Une cogénération peut remplir
le même office en apportant tous ses avantages économiques.
La sécurité s’entend aussi du point de vue qualité du courant. Le
courant EDF peut être sujet à des perturbations (microcoupures,
variations de tension, etc.) néfastes pour certains appareillages. Une
cogénération spécialement étudiée peut aider à garantir la qualité
du courant distribué pour des matériels déterminés (salles d’ordinateurs, aéroports, commandes et gestion informatisées).
● Le gain financier : la cogénération permet, quand elle s’adapte
bien, des économies d’énergie primaire d’environ 35 %. Mais le gain
principal provient de la réduction des consommations d’électricité et
consécutivement des factures d’énergie électrique : le kilowattheure
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LES TECHNIQUES DE COGÉNÉRATION ______________________________________________________________________________________________________
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— les primes fixes sont-elles élevées, puisqu’elles se réfèrent aux
coûts fixes du système de production/distribution. Elles varient également de façon importante en fonction de la période tarifaire.
Il s’ensuit que les utilisateurs payent le kilowattheure acheté à EDF
beaucoup plus cher en hiver qu’en été. De même les tarifs de vente
à EDF étant décalqués (avec une décote moyenne de 10 à 15 %) sur
ceux d’achat à EDF, il est bien plus intéressant de vendre en hiver
qu’en été.
En génie climatique, les besoins de chaleur se limitent à l’hiver
et la cogénération s’adapte donc bien. Dans l’industrie, il y a fréquemment des besoins de chauffages industriels continus, mais la baisse
du prix du courant en été, voire en demi-saison, peut conduire à limiter le fonctionnement de la cogénération aux périodes hivernales.
Un autre effet de ces tarifs est que le kilowattheure étant très peu
coûteux en été, la production de froid par groupe compresseur
entraîné par un moteur électrique est nettement plus économique
que tout autre système de réfrigération à partir des combustibles
classiques.
(électrique) acheté à EDF coûte en France 3 à 5 fois plus cher que le
kilowattheure (thermique) provenant de combustibles classiques. Du
point de vue économique, la production d’électricité est donc en
France, l’élément essentiel de toute cogénération. De plus, si comme
c’est souvent le cas, les besoins thermiques permettent une production électrique très supérieure aux besoins de l’établissement, le
courant est revendu à EDF qui est obligé statutairement de l’acheter
mais dans certaines conditions. Cet élément devient alors essentiel
dans le bilan financier.
● La récupération de chaleurs gratuites : un troisième intérêt
évident concerne les établissements disposant de chaleurs fatales.
C’est le cas de certaines usines chimiques et surtout des usines
d’incinération des ordures ménagères (UIOM). La chaleur au lieu
d’être perdue dans l’atmosphère est utilisée dans un cycle C+TV.
La vapeur détendue trouve facilement son emploi dans les usines
chimiques. Dans les UIOM, elle est envoyée vers des centrales de
chauffage urbain lorsqu’il en existe à proximité. Mais dans ce cas,
comme dans celui de toutes les installations de génie climatique,
le fonctionnement en cogénération ne sera valable que pendant les
périodes d’hiver.
● Enfin la cogénération concourt efficacement à préserver l’environnement. Les émissions polluantes rapportées au kilowattheure
(électrique) sont moindres qu’avec les centrales thermiques
classiques, qu’il s’agisse des émissions polluantes (SO2 , NO x , poussières, etc.) ou des émissions de gaz à effet de serre (CO2).
1.5 Développement
C’est dans l’industrie que la cogénération est née et a pris son
essor ; les usines, dans leur grande majorité, ont besoin de force
motrice pour faire tourner leurs machines et de vapeur pour leurs
chauffages industriels et d’ateliers.
Il y a plus d’un siècle, le charbon était le seul combustible usuel ;
il était brûlé dans des chaudières donnant de la vapeur saturée à
moyenne pression (10 à 20 bar) envoyée dans des machines à
pistons, lesquelles entraînaient, par des poulies et des courroies les
machines utilisatrices, situées à proximité ; la vapeur détendue
partait, par un réseau de tuyauteries, alimenter les différents besoins
de l’usine.
Par la suite, les progrès ont été rapides : les pressions sont
montées, atteignant 125 bar dans les très grandes installations ; on
a découvert les avantages de la surchauffe et poussée celle-ci jusqu’à
550 oC ; les dynamos puis les alternateurs sont apparus et l’électricité
a transporté la force motrice sur de grandes distances.
Puis la machine à piston a été remplacé par la turbine à vapeur
(TV). Ce moteur est beaucoup plus faible, plus économique. Il donne
une vapeur propre dont les condensats peuvent être récupérés. Ce
système C+TV s’est alors énormément développé dans l’industrie.
Après la dernière guerre presque toutes les usines françaises qui
se sont reconstruites l’ont adopté ; et comme ce matériel est très
robuste, il reste encore des installations de près de 50 ans.
Le nombre de cogénérations fonctionnant en France sur ce principe est de plusieurs centaines ; et dans le monde de plusieurs
dizaines de milliers. La puissance totale électrique de cogénération
correspond aujourd’hui en France à environ 1,5 TW, et à une production annuelle d’environ 3 TWh.
Par la suite, deux autres combustibles vont faire leur apparition :
le fuel et le gaz naturel. Leurs qualités intrinsèques vont les amener
à supplanter le charbon dans bien des utilisations.
Dans le domaine des transports, le moteur à combustion interne
ou moteur alternatif s’implante définitivement pour la traction automobile. Puis très rapidement on s’est mis à l’utiliser en groupe électrogène pour faire de l’électricité dans des lieux éloignés des réseaux
de distribution et pour pallier les interruptions de courant du réseau.
On s’est vite rendu compte qu’il était facile d’utiliser les chaleurs
fatales de ces moteurs pour des besoins classiques de chauffage.
Le troisième type de moteur, le TAC, est le plus récent, une
cinquantaine d’années. Il a pris son essor dans l’aviation grâce à ses
faibles poids et encombrement. Ces qualités, jointes à une plus
grande fiabilité, ont amené à l’utiliser aussi au sol en groupe électrogène, concurentiellement aux MA, et malgré un rendement nettement plus faible que ces derniers. On s’est aussi vite rendu compte
que la récupération de ses chaleurs perdues est plus simple et donne
plus de possibilités.
■ Mais ces avantages se payent par les inconvénients suivants.
● Les investissements sont élevés, imposés par la technicité des
installations ; celles-ci doivent être complètes et bien adaptées. Le
problème est surtout délicat lorsqu’il s’agit d’ajouter une cogénération dans une chaufferie existante.
● L’exploitation est plus coûteuse :
— la filière C+TV demande un personnel de conduite ;
— MA et TAC peuvent être entièrement automatisés mais les
frais de maintenance sont importants et grèvent sensiblement le
coût de l’électricité et de la chaleur produites.
● Des risques techniques et financiers sont à prendre en compte :
— une cogénération, en liaison avec EDF doit assurer des valeurs
minimales de disponibilité de production. En cas d’incident de fonctionnement, surtout lors des périodes de pointe tarifaire, les coûts
d’achat à EDF en dépassement de puissance souscrite et/ou les pénalités de non fourniture peuvent être très importantes et absorber les
bénéfices de plusieurs années. Pour les éviter il faut installer et maintenir des matériels très fiables et souscrire des polices d’assurance
couvrant autant que possible l’intégralité de ces risques ;
— le gain financier dépend en partie des coûts relatifs des
énergies : l’électricité achetée à EDF et le combustible fossile pour
le moteur. Or le passé à montré que, en France, l’électricité est relativement stable alors que les prix des combustibles peuvent être
soumis à des variations importantes.
1.4 Prix de l’électricité en France
En France, EDF détient l’exclusivité du transport de l’électricité et
la distribue dans 95 % des cas. Les tarifs de l’électricité sont fixés
par décrets interministériels, une ou deux fois par an. Ils sont conçus
pour refléter les coûts de revient réels, en intégrant les nouvelles
centrales prévisibles. On parle de la tarification au coût marginal
de développement.
Par ailleurs la majorité de la production EDF est faite par des
centrales nucléaires qui, d’une part, nécessitent des investissements très élevés et d’autre part sont peu adaptées aux variations
de charge, aussi :
— le coût de l’énergie varie-t-il énormément suivant la période
tarifaire : cette variation peut atteindre pour certains tarifs un rapport
de plus de 1 à 9 entre pointe d’hiver et heure creuse d’été ;
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LES TECHNIQUES DE COGÉNÉRATION
On comptait, fin 1994, près de 50 installations de cogénération
dans les réseaux de chauffages urbains, dont 16 en chaufferies centrales, 26 en UIOM, 4 à partir de chaleur provenant de centrales EDF.
Elles totalisent ensemble une puissance électrique installée
d’environ 280 MW.
Une étude de l’AFME concluait, en 1990, qu’il y avait en France,
sur l’ensemble des secteurs industrie et génie climatique, un
gisement de cogénérations potentielles pouvant atteindre une puissance électrique de 800 à 4 300 MW, suivant différentes hypothèses
de conditions économiques.
Par ailleurs, la TAC a été l’objet de gros progrès techniques : en
vingt cinq ans son rendement a doublé (17 à 34 %) et sa fiabilité aussi.
Il s’en est suivi un développement rapide de ce type d’installation.
Ces deux derniers systèmes de cogénération MA et TAC sont nés
aux États-Unis et s’y sont développés pour plusieurs raisons
spécifiques :
— les puits de gaz naturel sont (ou étaient) abondants et ce
combustible s’adapte très bien aux MA et encore mieux aux TAC ;
— la concurrence y est vive entre les différents fournisseurs
d’énergie ; les faibles coûts du gaz naturel conduisent souvent les
entreprises à investir dans des cogénérations plutôt que d’acheter
leur courant électrique aux distributeurs régionaux ;
— des nombreux locaux tertiaires et résidentiels sont conditionnés. La cogénération permet de produire de la vapeur BP
(12 psi ≈ 82,7 kPa) qui est utilisée pour le chauffage en hiver et dans
des refroidisseurs d’eau par absorption pour le conditionnement
d’air été ; d’où de longues durées de fonctionnement ;
— la loi dite PURPA a obligé, dès 1985, les distributeurs régionaux
à acheter l’électricité produite en cogénération à des tarifs favorables.
2. Caractéristiques
techniques
2.1 Unités
Les unités utilisées dans ce texte sont :
— pour l’énergie mécanique ou électrique le kilowattheure (kWh)
et pour les puissances correspondantes le kilowatt (kW) (les écritures
kWe et kWhe parfois utilisées sont fortement déconseillées par les
organismes de normalisation) ;
— pour l’énergie thermique : les pouvoirs calorifiques des
combustibles et les quantités de chaleur produite ou consommée,
toujours donnés en PCI (pouvoir calorifique inférieur) sont exprimés
en kilojoules (kJ) ou en kilowattheures qui sont les unités légales.
La thermie (th) et la kilocalorie (kcal), unités pratiques, sont encore
fréquemment utilisées.
Les puissances thermiques sont exprimées en kilowatts (kW) et,
encore fréquemment, en thermies par heure (th/h) ou en kilocalories
par heure (kcal/h). L’écriture kWth est fortement déconseillée.
En France, les conditions sont très différentes :
— le gaz est importé et il reste une énergie relativement chère ;
— le fuel domestique, second combustible utilisable pour les MA
et TAC, est soumis à de fortes taxes qui le rendent plus cher que
le gaz ;
— les besoins de conditionnement d’air sont moindres ; la chaleur
n’est employée que pour le chauffage, d’où une durée d’utilisation
limitée ;
— l’électricité vendue par EDF est relativement moins onéreuse
que dans beaucoup d’autres pays dont certains États des États-Unis ;
les projets sont en conséquence moins rentables ;
— EDF a très longtemps freiné, par des moyens commerciaux, le
développement de la cogénération ; les pouvoirs publics l’ont incité
en 1991 à une politique plus conciliante, mais il reste que les
conditions de rachat du courant et de pénalités sont beaucoup moins
avantageuses que dans la plupart des pays européens.
C’est pourquoi, s’il y a en France plusieurs centaines d’installations
par chaudières et turbines à vapeur, le nombre de cogénérations par
TAC et MA est plus réduit. Fin 1992, on en comptait à peu près 40
en fonctionnement, dont 25 avec des TAC représentant en puissance
électrique installée 270 MW environ, et 15 utilisant des MA totalisant
une puissance électrique installée d’environ 36 MW.
Mais d’importants efforts sont actuellement faits pour faire
connaître et aider au développement de ces techniques : création
du Club cogénération par l’ATEE et l’Ademe, organisation de
nombreux colloques sur la cogénération depuis 1992, création de
la Mission cogénération à Gaz de France, aides fiscales de l’État
(détaxations de certains combustibles), aides aux études de l’Ademe,
etc. Ils ont permis la réalisation de 20 installations nouvelles en 1993
(14 MA et 5 TAC), 28 en 1994 (17 MA et 9 TAC), environ 60 en 1995,
portant la puissance totale électrique installée à 370 MW.
Contrairement aux réalisations antérieures, la plupart se trouvent
dans le tertiaire, en génie climatique. Cela tient à ce que la récession
de ces dernières années conduit les industriels à n’investir que dans
des projets rentables à très court terme. Or ce n’est pas le cas de
la cogénération dont les temps de retour normaux s’étagent entre
3 et 7 ans.
Pour ces mêmes raisons, il n’y a eu aucune installation par C+TV
dans l’industrie ces dernières années. Par contre, cette technique
prend un essor important dans les réseaux de chaleur (appelés
encore chauffages urbains), connectés ou non à des UIOM. En effet,
la nécessité de rénovation de chaufferies anciennes conduit à envisager des solutions plus innovantes : au lieu d’un simple remplacement de chaudière, on installe une cogénération qui ne représente
alors qu’un surinvestissement plus rapidement amorti. En UIOM, la
logique conduit à placer les usines près des chauffages urbains
existants pour récupérer la chaleur dans ceux-ci. La cogénération
représente là aussi un surcoût facile à amortir.
On rappelle que :
• 1 kWh = 3 600 kJ = 0,860 11 th = 860,11 kcal ;
• 1 th = 4 185,5 kJ = 1,163 kWh = 1 000 kcal.
Pour ce qui concerne les fluides caloporteurs, on emploiera les
abréviations :
— EC pour l’eau chaude basse pression (θ < 110 oC), en général
90 à 70 oC ;
— ES pour l’eau surchauffée, en général 90 à 170 oC ;
— Vapeur BP (p < 0,5 bar), MP (2 bar < p < 18 bar), HP (p > 20 bar).
2.2 Critères spécifiques
Le cœur d’une cogénération est la machine motrice. Elle
consomme une quantité horaire de combustible correspondant à
une énergie thermique C, elle produit, d’une part, de l’énergie mécanique transformée en une quantité d’électricité W, d’autre part, des
rejets thermiques dont une partie Q est récupérée et utilisée pour
du chauffage.
En unités cohérentes on définit :
— le rendement mécanique :
Rm = W /C
— le rendement global :
Rg = (W + Q )/C
— le rapport chaleur-force :
CF = Q /W ou son inverse FC = W /Q
— la consommation spécifique équivalente :
CE = (C – Q/η )/W
avec η rendement moyen de la chaufferie classique dont on réduit
la consommation.
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Conversion et transport d'énergie
(Réf. Internet 42206)
1– Conversion de l'énergie
2– Installations thermiques de grande puissance
3– Cogénération
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4– Thermoélectricité
Réf. Internet
Thermoélectricité . Thermodynamique et applications
BE8080
page
105
5– Réseaux de chaleur
6– Réseaux de froid
7– Vecteurs énergétiques
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Thermoélectricité
Thermodynamique et applications
par
Christophe GOUPIL
Professeur des Universités
CRISMAT, ENSICAEN
Laboratoire Interdisciplinaire des Énergies de Demain LIED, Université Paris Diderot
Henni OUERDANE
CNRT CRISMAT Matériaux, ENSICAEN
Laboratoire Interdisciplinaire des Énergies de Demain LIED, Université Paris Diderot
et
Yann APERTET
T
Institut d’électronique fondamentale IEF, Université Paris 11
1.
1.1
1.2
1.3
1.4
1.5
1.6
Thermostatique du gaz d’électrons ....................................................
Cellule thermoélectrique .............................................................................
Entropie par porteur ....................................................................................
Équation d’état du gaz d’électrons .............................................................
Relations fondamentales.............................................................................
Coefficients thermoélastiques ....................................................................
Application au gaz d’électrons....................................................................
BE 8 080 - 2
—
2
—
3
—
4
—
5
—
6
—
6
2.
2.1
2.2
2.3
2.4
2.5
2.6
2.7
2.8
Comportement hors équilibre ..............................................................
Processus irréversibles................................................................................
Formalisme d’Onsager ................................................................................
Coefficients thermoélectriques...................................................................
Entropie par porteur ....................................................................................
Facteur de mérite ZT....................................................................................
Chaleur et entropie ......................................................................................
Effet Peltier-Thomson..................................................................................
Loi de Wiedemann-Franz ............................................................................
—
—
—
—
—
—
—
—
—
7
7
7
8
9
9
10
10
11
3.
3.1
3.2
Conditions d’usage du fluide de travail.............................................
Courant relatif et potentiel thermoélectrique ............................................
Application au cas d’un thermogénérateur ...............................................
—
—
—
11
11
12
4.
4.1
4.2
Modélisation des dispositifs thermoélectriques .............................
Dispositif thermoélectrique idéalement couplé ........................................
Dispositif thermoélectrique à couplage par échangeurs..........................
—
—
—
13
13
17
5.
5.1
5.2
5.3
5.4
Optimisation générale d’un thermogénérateur ...............................
Description du système...............................................................................
Distribution des températures ....................................................................
Optimisation de la puissance......................................................................
Optimisation du rendement........................................................................
—
—
—
—
—
19
19
20
20
21
6.
Conclusion .................................................................................................
—
22
Pour en savoir plus ............................................................................................ Doc. BE 8 080
a thermoélectricité est un sujet ancien de la physique, tant par ses découvertes, que par ses applications qui datent de la fin de la première moitié du
XIXe siècle qui est aussi le siècle de la naissance de la thermodynamique. Pour
autant, la description théorique des phénomènes thermoélectriques dans le
cadre d’une thermodynamique linéaire hors équilibre ne voit le jour que bien
p。イオエゥッョ@Z@。カイゥャ@RPQS
L
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie
est strictement interdite. – © Editions T.I.
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BE 8 080 – 1
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THERMOÉLECTRICITÉ ________________________________________________________________________________________________________________
T
plus tard, avec les travaux de Lars Onsager en 1931 puis d’Herbert Callen à partir
de 1947. Il est intéressant de noter que les signatures des effets thermoélectriques résultent toujours de couplages : couplage des potentiels, température et
potentiel électrochimique dans le cas de l’effet Seebeck, en 1821 [1] ; puis couplage des flux de chaleur et électrique dans le cas de l’effet Peltier en 1834 [2].
Pourtant, il faut attendre 1855 pour que William Thompson, futur Lord Kelvin,
sur la base d’une approche thermodynamique, rassemble les deux effets
Seebeck et Peltier en une seule expression [3]. Il montre alors l’existence d’un
nouvel effet, effet Thomson, résultant du gradient du coefficient Seebeck.
Démonstration est alors faite que les potentiels thermiques et électriques, ainsi
que les flux associés se trouvent couplés par le seul et unique coefficient de couplage qu’est le coefficient Seebeck. La diversité des signatures Seebeck, Peltier
ou Thomson ne révélant finalement que les conditions thermodynamiques
imposées lors de l’expérience ; effet direct dans le cas de l’effet Seebeck ou effet
de gradient dans les cas des effets Peltier et Thomson. Il importe de noter que
l’irréversibilité reste au centre de ces effets et le caractère unificateur des travaux
de Thomson se heurtera à l’impossibilité d’écrire l’expression de la production
d’entropie sous la forme d’une égalité plutôt que sous la forme de l’inégalité de
Clausius. Cette difficulté n’est levée qu’en 1931 et dans le cadre de validité très
stricte de la thermodynamique irréversible linéaire proposée par Lars
Onsager [4]. C’est sur cette base qu’Herbert Callen développera en 1947 la description des mécanismes de la thermoélectricité [5] qui seront ensuite repris par
de Groot [6]. Dépassant largement le cadre d’une simple description des phénomènes, la thermodynamique irréversible linéaire permet ainsi de définir
précisément les conditions d’usage du gaz d’électrons qui constitue le fluide de
travail de toute cellule thermoélectrique. Un système thermoélectrique complet
consiste donc en une cellule thermoélectrique reliée idéalement à deux thermostats soit directement, soit par l’intermédiaire d’échangeurs thermiques.
Cette dernière configuration tout à fait classique en thermodynamique à temps
finis, permet d’envisager l’optimisation des performances en termes de puissance ou de rendement. Si la description des phénomènes thermoélectriques
dans le cadre de la thermodynamique hors équilibre linéaire est parfaitement
acquise au point qu’elle en est même souvent la principale illustration, force est
de constater que la description du gaz d’électrons comme fluide de travail, reste
encore peu développée. Ce dossier se propose donc de décrire les processus
thermoélectriques en insistant sur les fortes analogies entre le gaz d’électrons et
un gaz classique parcourant le cycle de travail d’une machine thermodynamique. Le dossier se compose de quatre parties décrivant tour à tour la
thermodynamique du gaz d’électrons, le comportement hors équilibre et enfin
l’optimisation d’un thermogénérateur.
Les lecteurs intéressés par le développement de certaines autres questions traitant de la thermoélectricité trouveront avantage à consulter les articles connexes
concernant la thermodynamique irréversible [A 228] [BE 8 008], les matériaux
thermoélectriques [N 1 500], leurs usages et leurs applications [K 730] [NM 5 100].
1. Thermostatique du gaz
d’électrons
interaction entre particules à l’exception des collisions élastiques
qui assurent une distribution des vitesses microscopiques
compatible avec la définition d’une température, c’est-à-dire un
spectre des vitesses thermiques stable. Le potentiel électrochimique des électrons µ tient lieu de pression partielle pour le gaz
d’électrons. On peut alors écrire :
1.1 Cellule thermoélectrique
µ = µ c + eV
Il est possible de décrire schématiquement le fonctionnement
d’une cellule thermoélectrique par analogie avec une enceinte
contenant un fluide de travail thermodynamique. Ce dernier est ici
constitué par le gaz d’électrons que l’on assimile à un gaz parfait.
La condition de gaz parfait s’entend ici comme celle d’un gaz sans
BE 8 080 − 2
avec µc potentiel chimique,
e
charge de l’électron,
V
potentiel électrique.
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________________________________________________________________________________________________________________ THERMOÉLECTRICITÉ
Th
Th
+
+
–
αn(Th – Tc)
αp(Th – Tc)
+
P
+
+
+
+
+
+
+
–
N
–
–
Tc
–
–
–
–
–
–
Tc
Figure 1 – Description schématique du comportement du gaz d’électrons sous l’effet d’une différence de température
Dans une description classique, le gaz est caractérisé par la
fonction de distribution de Maxwell-Boltzmann, ce qui n’est pas
possible avec des électrons. En effet, à l’équilibre, les électrons
obéissent à la statistique de Fermi-Dirac qui décrit les assemblées
de particules quantiques indiscernables souscrivant au principe
d’exclusion de Pauli. Il en résulte que les électrons sont des
Fermions, et on parle alors de gaz de Fermi. Dans ce document,
les deux expressions gaz de Fermi et gaz d’électrons sont utilisées.
On note que le transport de chaleur est assuré à la fois par
la conductivité du gaz en l’absence de transport moyen de
particules, mais aussi par les courants convectifs. Pour simplifier, on néglige la conduction par les parois de l’enceinte.
Cette approximation est de fait assez commune dans la description des machines thermodynamiques pour lesquelles on
omet souvent de considérer la fuite thermique par les parois
de la chaudière par exemple. La présente description ne prend
donc en compte que le fluide de travail. Pour autant, il est
assez immédiat de compléter la description en ajoutant en
dérivation une conductance thermique qui agit alors comme
une pure fuite thermique.
Dans le cas des matériaux thermoélectriques, cette fuite
existe en tant que telle puisque le réseau cristallin se comporte
essentiellement comme une conductance thermique en parallèle avec le gaz de Fermi, et conduit malheureusement à dégrader assez fortement les performances de conversion
chaleur-travail de ces matériaux. Cette dégradation est réalisée
par les phonons du réseau cristallin qui agissent comme des
oscillateurs amortis. Il faut cependant noter qu’il existe un
mécanisme dit de « phonon-drag » qui contribue au contraire à
assurer la dissymétrie des populations conduisant ainsi à une
augmentation du coefficient Seebeck. Cet effet reste assez
modeste et n’est pas considéré dans le présent article. L’un des
principaux enjeux en terme d’ingénierie des matériaux consiste
donc à rendre aussi faible que possible la contribution du
réseau cristallin à la conduction thermique.
Du point de vue thermodynamique, le parcours d’une particule comporte donc deux étapes isothermes et deux étapes adiabatiques qui correspondent au transport à travers l’enceinte.
Cette description idéalisée met en évidence que les performances du fluide thermodynamique sont optimisées si les particules
n’interagissent pas entre elles et encore moins avec le réseau
cristallin afin de garantir le comportement adiabatique.
En terme de grandeurs intensives le gaz classique et le gaz de
Fermi se définissent donc selon :
– gaz classique : Ppartielle , T ;
– gaz de Fermi : µ, T.
On peut définir une cellule thermoélectrique très schématique en considérant un gaz de Fermi enfermé dans une
enceinte (figure 1). Les extrémités de l’enceinte sont maintenues aux températures Tc , côté chaud, et Tf , côté froid, avec
T c > Tf .
Des considérations élémentaires de cinétique des gaz
permettent de conclure que l’assemblée des particules côté chaud
est caractérisée par une vitesse moyenne des particules élevée et
une densité assez faible. Côté froid en revanche, la densité est
grande et la vitesse moyenne des particules assez faible. Il apparaît donc clairement une dissymétrie des populations de porteurs,
dissymétrie maintenue à une valeur finie par les courants de diffusion. Il en résulte une différence de potentiel électrochimique ∆V
directement provoquée par la différence des températures ∆T. On
définit alors le coefficient Seebeck par le rapport :
α =−
∆V
∆T
Il apparaît donc que les deux variables intensives température et
potentiel électrochimique sont couplées.
1.2 Entropie par porteur
Le système ainsi décrit n’est pas à l’équilibre thermodynamique
puisqu’un courant de chaleur circule à travers le gaz. En revanche,
le système étant fermé, il en résulte que le courant de matière y
est nul en moyenne, ce qui signifie que les deux courants
convectifs froid-chaud et chaud-froid sont égaux en module et
opposés en direction.
Afin de qualifier le comportement du fluide de travail, on
considère l’entropie transportée entre les deux extrémités de
l’enceinte, en partant de l’énergie libre de Gibbs :
G= µN
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est strictement interdite. – © Editions T.I.
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T
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THERMOÉLECTRICITÉ ________________________________________________________________________________________________________________
On considère schématiquement que l’enceinte se comporte
comme deux compartiments de volumes V1 et V2 et contenant respectivement N1 et N2 particules. Le nombre total de particules est
fixé par N = N1 + N2 . On suppose qu’un nombre p de particules
passe d’un compartiment à l’autre, avec p ⬍⬍ N . Les porteurs
étant sans interaction, il n’en résulte aucune variation de l’énergie
interne, et le volume total reste inchangé. Les entropies respectives sont données par les configurations accessibles soient :
Plusieurs conclusions émergent de la modélisation élémentaire par cette enceinte.
– la dissymétrie des populations est d’autant plus grande
que le gaz est de faible densité. Il en résulte qu’un matériau
isolant, comportant peu de porteurs libres, présente une
valeur de coefficient Seebeck nettement supérieure à celui
d’un métal, que l’on peut assimiler à un gaz de forte densité ;
– le comportement adiabatique correspond au transport
libre des porteurs, que l’on qualifie de transport balistique ;
– la conductivité thermique du gaz comprend une
contribution conductive résultant du transfert d’énergie
microscopique par les collisions dans le gaz, et une
contribution convective ;
– le processus conductif ne contribue pas au transport de
l’entropie et n’agit donc que comme une pure fuite thermique,
à l’instar du réseau cristallin ;
– le processus convectif contribue au transport de l’entropie
qui doit être maximale ;
– la mobilité des porteurs libres doit donc être maximale ;
– ces remarques s’appliquent aussi en termes de
conductivité électrique qui est optimale dès lors que la mobilité des porteurs est maximale ;
– Ω les configurations avec N1 particules dans le compartiment 1
et N2 dans le compartiment 2 ;
– Ω′ les configurations avec N1′ = N1 − p particules dans le
compartiment 1 et N 2′ = N 2 + p dans le compartiment 2.
Les probabilités respectives sont donc telles que P (N1′ ) ∝ Ω ′ et
P (N1) ∝ Ω.
La variation d’entropie résultante s’écrit :
T
 P (N1′ ) 
Ω ′
dS = k ln 

 = k ln 
Ω 
 P (N1) 
avec k = 1,38 × 10–23 J/K constante de Boltzmann.
– la conductivité électrique peut aussi être rendue maximale
en considérant un gaz d’électrons dense, mais dans ce cas la
capacité à transporter l’entropie chute drastiquement par
diminution du coefficient Seebeck.
En appliquant le résultat d’une distribution binomiale, il vient :
P (N1) =
N1!  V1 
N1! N2 !  V 
N1
 V2 
 V 
N2
1.3 Équation d’état du gaz d’électrons
donc,
V 
 N ′ !
 N ′ !
dS = − k ln  1  − k ln  2  + k ln  2 
 V1 
 N1!
 N2 !
Bien que similaire en première approche, le gaz de Fermi diffère
du gaz parfait classique par la quantification des états d’énergie
accessibles pour les porteurs. Les énergies au sein du gaz de
Fermi ne formant pas un continuum, la distribution de
Maxwell-Boltzmann ne s’applique alors pas. Les électrons se
répartissent sur les différents niveaux en souscrivant au principe
d’exclusion de Pauli. En termes de probabilité d’occupation des
états, il en résulte une nouvelle fonction de distribution caractéristique appelée fonction de Fermi.
p
qui, en utilisant l’approximation de Stirling devient :
  n 
dS = kp ln  1 
  n 2 
L’expression de la fonction de Fermi résulte de la répartition
des Fermions sur les niveaux d’énergie discrets ;
dénombrement qui consiste à répartir les particules dans des
« cases » quantiques accessibles.
avec n1 = V1/N1 et n2 = V2/N2.
On définit alors l’entropie par porteur en divisant par p :
  n 
dS = k ln  1 
  n 2 
On considère le nombre de possibilités Wi de placer Ni particules indiscernables dans les Si cases d’un niveau d’énergie Ui .
Cette expression, définie à l’équilibre thermodynamique, possède
une validité générale avec pour seules restrictions la conservation
de la matière et de l’énergie pour un système isolé :
Il en résulte que l’énergie libre de Gibbs devient :
∑Ni = N
dG = − TdS = kpT [ln (n 2 ) − ln (n1)]
i
= p [ µ 2 − µ 1]
∑Ui Ni = U total
i
Expression de laquelle découle l’expression du potentiel
chimique :
Comme pour tout système isolé à l’équilibre thermodynamique,
la distribution des porteurs dans les niveaux est celle conduisant à
une entropie maximale pour le système, soit :
 n (T ) 
µ (T ) = kT ln 

 n0 



Si !
dS = 0 = k d(ln W ) = k d  ∑ ln 

 (Si − Ni )! Ni ! 
 i
avec n0 constante qui dépend du choix du zéro des énergies.
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________________________________________________________________________________________________________________ THERMOÉLECTRICITÉ
sont majoritaires. En présence de porteurs de différentes natures et
charges, on distingue alors les potentiels électrochimiques de chacun des porteurs comme on le ferait pour un mélange de gaz. Ainsi
pour un semi-conducteur contenant électrons et trous, on définit les
potentiels µn et µp qui sont l’analogue des pressions partielles dans
un gaz classique. Le calcul du nombre de porteurs libres est ensuite
obtenu par l’intégration du produit de la probabilité d’occupation
f (U) par la densité des états associés g (U). En choisissant le bas de
la bande de conduction comme niveau de référence n pour les énergies, on trouve pour les électrons :
avec les contraintes de conservation de la matière et de l’énergie
qui s’écrivent :
∑ dNi = 0
i
∑Ui dNi = 0
i
Ces deux contraintes sont introduites dans l’expression de
l’entropie grâce à deux multiplicateurs de Lagrange, β1 et β2 :

S
∑ ln  Ni
i

i


− 1 − β1 − β2 Ui  dNi = 0


n = n0 exp
Ce qui ne modifie en rien l’écriture précédente de dS puisque les
µn
kT
3
 2 π m*c kT  2
où n0 = 2 

h2


deux termes ajoutés β 1∑ dNi et β2 ∑ Ui dNi sont bien
i
i
évidemment nuls. Il en résulte que l’égalité ci-dessous doit être
vérifiée ∀i :
avec
S

ln  i − 1 − β1 − β2 Ui = 0
 Ni

mc*
masse effective des électrons dans le matériau,
c’est-à-dire masse libre modifiée par les interactions
entre électrons et avec les ions du réseau,
h
constante de Planck.
Le niveau de Fermi, potentiel chimique du gaz d’électrons, s’écrit
donc conformément à l’expression de Gibbs précédemment obtenue :
D’un point de vue thermodynamique, les multiplicateurs de
Lagrange agissent comme deux potentiels thermodynamiques du
système étudié. Comme tout potentiel, ils prennent des valeurs
d’équilibre telles que l’entropie est maximale. L’un de ces multiplicateurs est associé au nombre de particules et l’autre à l’énergie.
Les potentiels thermodynamiques sous-jacents sont le potentiel
chimique et la température. Il vient donc :
n 
µ n = kT ln  
 n0 
Dans le cas du silicium, l’équation d’état du gaz d’électrons
s’écrit alors (avec T en K et V en V) :
µ
kT
1
β2 =
kT
β1= −
 m* 
N = 2, 5 × 1019  c 
 m
3 /2
 T 
 300 
3 /2
µ 
V exp  n 
 kT 
et :
N 
f (U ) =  i 
=
 Si  U =U
i
1.4 Relations fondamentales
1
U − µ 
1+ exp 
 kT 
Du point de vue thermodynamique, le gaz de Fermi peut se définir à partir des trois variables extensives : énergie interne, entropie
et nombre de porteurs. Les relations fondamentales s’écrivent :
qui est la fonction de distribution de Fermi-Dirac. En tant que potenµ
1
et β 2 =
défikT
kT
nissent les conditions d’équilibre de l’assemblée de particules. Ainsi,
le potentiel chimique µ et la température T sont constants dans le
système à l’équilibre, exactement comme le sont la pression et la
température au sein d’un fluide à l’équilibre. On note que la fonction
de Fermi prend une valeur voisine de l’unité pour les énergies telles
que U < µ, et zéro pour les énergies telles que U > µ. On nomme
énergie de Fermi l’énergie caractéristique µ. Les électrons se répartissent dans des niveaux d’énergies discrets mais très voisins qui
constituent des bandes. Ces bandes sont séparées par des intervalles d’énergie non accessibles nommés « Gaps ». La bande située
au-dessous de l’énergie de Fermi est fortement peuplée en électrons
et porte le nom de bande de valence tandis que la bande située
au-dessus du niveau de Fermi, faiblement peuplée, porte le nom de
bande de conduction. Le peuplement de la bande de conduction
peut être réalisé thermiquement par saut d’un électron de la bande
de valence vers la bande de conduction, ce qui conduit à la présence
d’un électron libre dans la bande de conduction et d’un état vacant
appelé trou dans la bande de valence. Un trou est considéré comme
une charge électrique positive. Il est aussi possible de réaliser le
dopage des matériaux par des atomes dits donneurs qui libèrent un
électron libre par atome dans le matériau. On parle alors de matériau
semi-conducteur de type N car les électrons deviennent majoritaires.
Le processus de dopage réalisant la capture d’un électron libre est
aussi réalisable et conduit à des matériaux de type P où les trous
U = TS + µ N
1
1
S = U − µN
T
T
T
1
N=
U−
S
µ
µ
tiel thermodynamique, les deux grandeurs β 1 = −
Pour une transformation quelconque infinitésimale, on obtient
les relations de Gibbs associées :
dU = TdS + µ dN
µ
1
dS = dU − dN
T
T
T
1
dN = dU − dS
µ
µ
Il en résulte les équations de Gibbs-Duhem :
SdT + Ndµ = 0
 µ
 1
Ud   + Nd  −  = 0
 T 
T 
 1
 T 
Ud   + Sd  −  = 0
µ
 µ
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est strictement interdite. – © Editions T.I.
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QQP
Conversion et transport d'énergie
(Réf. Internet 42206)
1– Conversion de l'énergie
2– Installations thermiques de grande puissance
3– Cogénération
4– Thermoélectricité
5– Réseaux de chaleur
Réf. Internet
Réseaux de chaleur. Transport
BE2170
113
Réseaux de chaleur. Chaufage urbain
BE2172
119
page
6– Réseaux de froid
7– Vecteurs énergétiques

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beRQWP
Réseaux de chaleur
Transport
par
Ion-Sotir DUMITRESCU
Maître de conférences
Docteur ingénieur
Université POLITEHNICA de Bucarest, Roumanie
et
Eduard MINCIUC
Maître de conférences
Docteur ingénieur
Université POLITEHNICA de Bucarest, Roumanie
1.
1.1
1.2
1.3
Réseaux de chaleur ...............................................................................
Domaine des réseaux ...............................................................................
Caractéristiques.........................................................................................
Avantages et inconvénients .....................................................................
2.
2.1
2.2
2.3
2.4
Fluides chauffants.................................................................................
Vapeur d’eau .............................................................................................
Eau surchauffée.........................................................................................
Eau chaude ................................................................................................
Fluides thermiques ...................................................................................
—
—
—
—
—
5
5
6
8
9
3.
3.1
3.2
3.3
3.4
3.5
Conception générale d’un réseau .....................................................
Différents types de réseaux......................................................................
Points de livraison de la chaleur et puissances à fournir ......................
Tracé général du réseau ...........................................................................
Calcul du diamètre des tuyauteries .........................................................
Tracé définitif du réseau. Profils en long ................................................
—
—
—
—
—
—
9
9
11
11
11
12
4.
4.1
4.2
4.3
4.4
4.5
4.6
Construction d’un réseau....................................................................
Tuyauteries des réseaux...........................................................................
Compensation des dilatations .................................................................
Épreuve des tuyauteries ...........................................................................
Calorifugeage des tuyauteries .................................................................
Modes d’installation des tuyauteries ......................................................
Organes d’isolement. Accessoires divers. Télésurveillance .................
—
—
—
—
—
—
—
13
13
14
15
15
16
20
5.
5.1
5.2
5.3
Réglage des régimes thermiques hydrauliques ............................
Qualité de l’alimentation en chaleur .......................................................
Régimes d’alimentation en chaleur des consommateurs de vapeur ...
Régimes d’alimentation en chaleur des consommateurs d’eau
chaude........................................................................................................
Stabilité hydraulique des réseaux thermiques d’eau chaude
et surchauffée ............................................................................................
Réglage des régimes hydrauliques .........................................................
Graphique piézométrique du réseau thermique d’eau chaude
ou surchauffée...........................................................................................
—
—
—
21
21
21
—
21
—
—
23
24
—
25
6.
Conclusion...............................................................................................
—
25
7.
Glossaire – Définitions .........................................................................
—
25
5.4
5.5
5.6
Pour en savoir plus ........................................................................................
BE 2 170 - 2
—
2
—
3
—
5
Doc. BE 2 170
et article concerne le transport de l’énergie entre la source et les sousstations décentralisées (individuelles) ou le transport de l’énergie entre
la source et les sous-stations thermiques centralisées et la distribution
entre celles-ci et les consommateurs urbains et industriels. L’article « Réseaux
de chaleur. Chauffage urbain » [BE 2 172] traite des sources et des sousstations dans le cas du chauffage urbain.
p。イオエゥッョ@Z@ェ。ョカゥ・イ@RPQU
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BE 2 170 – 1
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RÉSEAUX DE CHALEUR _______________________________________________________________________________________________________________
1. Réseaux de chaleur
Tableau 1 – Valeurs du taux de marché détenues
par les réseaux thermiques dans certains pays
de l’Europe (doc. Euroheat & power 2007)
1.1 Domaine des réseaux
On désigne sous le nom de réseaux de chaleur (et aussi de
chauffage à distance) une distribution d’énergie sous forme
directement utilisable par l’usager, sans transformation de sa
nature, par opposition à l’énergie primaire d’un combustible.
La distribution se fait entre la source de chaleur et les usagers
par l’intermédiaire d’un fluide chauffant : eau chaude, eau surchauffée, vapeur ou fluide thermique.
La chaleur ainsi distribuée est destinée à divers usages :
– chauffage des locaux d’habitation ou industriels avec ou sans
conditionnement d’air ;
– chauffage d’eau sanitaire ;
– chauffages divers pour les fabrications industrielles.
L’installation comporte essentiellement :
U
– une source de chaleur qui sert à réchauffer le fluide chauffant
primaire par un combustible ou une autre source d’énergie (telle
que source géothermale, soutirage sur une turbine à vapeur, rejet
industriel) ;
– un réseau de transport par lequel le fluide primaire transporte
la chaleur aux sous-stations ; il emprunte en totalité ou en partie le
domaine public ;
– des sous-stations qui peuvent être centralisées (alimentant plusieurs consommateurs) ou décentralisées (sous-station alimentant
un seul consommateur) dans lesquelles, en général, le fluide primaire réchauffe un fluide secondaire qui circule dans les surfaces
de chauffe des locaux (en général, de l’eau chaude) ainsi que l’eau
sanitaire (cf. article Réseaux de chaleur. Chauffage urbain
[BE 2 172]) ;
– un réseau de distribution par lequel la chaleur est distribuée
par un fluide thermique secondaire, entre les sous-stations et les
usagers ; aussi, il emprunte en totalité ou en partie le domaine
public. Dans le cas des sous-stations décentralisées (individuelles),
le réseau de distribution manque.
Taux
(%)
Allemagne
13
Autriche
18
Croatie
9,5
Danemark
50
Finlande
49
France
5
Grèce
0,3
Islande
95
Lettonie
29
Lituanie
50
Pays-Bas
3,6
Norvège
4,8
Pologne
47
Roumanie
29,6
Serbie
25
Slovénie
9
Suède
55
Suisse
2,8
République Tchèque
41
En France, les réseaux de chaleur importants se sont développés
aux environs des années 1960 à 1970 avec la construction des
grands ensembles immobiliers. Depuis l’apparition de la crise de
l’énergie, ils ont fait l’objet d’un regain d’intérêt car il est apparu
qu’ils pouvaient jouer un rôle important dans ce domaine. À présent, en France, environ 430 réseaux thermiques fonctionnent avec
des capacités supérieures à 3,5 MW dans au moins 350 villes qui
alimentent en chaleur plus de 2 millions d’habitants. En plus, il
existe approximativement 40 réseaux de chaleur de petite dimension avec des capacités inférieures à 3,5 MW.
Dans certains cas, le fluide chauffant primaire est utilisé directement par les usagers, tels que les industriels qui ont besoin de
températures élevées pour leur usage.
Dans d’autres cas, on utilise un fluide intermédiaire entre le
fluide primaire et le fluide secondaire qui circule dans les surfaces
de chauffe des locaux ; c’est le fluide tertiaire.
Le plus important réseau de France est celui de Paris, avec une
longueur d’environ 450 km (tuyauterie bitubulaire de vapeur), alimentant en chaleur approximativement 460 000 habitations, l’équivalent
de 1/3 des Parisiens. Environ 43 % de la chaleur distribuée est produite par des énergies renouvelables et par des récupérations et ce
taux est estimé à plus de 50 % en 2015.
L’importance des réseaux de chaleur est très variable depuis
l’installation de quelques centaines de kilowatts (par exemple,
pour desservir plusieurs immeubles ou ateliers) jusqu’aux installations de chauffage urbain de plusieurs centaines ou milliers de
mégawatts desservant un ou plusieurs quartiers d’une ville.
Les réseaux thermiques en tant que solution d’alimentation en
chaleur sont apparus à la fin du XIXe siècle (aux États-Unis en
1877), mais ont connu un développement rapide dans le
XXe siècle, surtout après la première crise énergétique en 1973.
Les problèmes techniques qui se posent sont les mêmes quelle
que soit l’importance de l’installation.
Il y a dans les réseaux de chaleur deux aspects différents : l’installation et l’exploitation. S’il s’agit d’un réseau desservant plusieurs
usagers, personnes physiques ou morales différentes, l’exploitation
est, en général, confiée à un exploitant, ou concessionnaire, qui
exploite la source ou fournit le combustible, assure le fonctionnement de l’installation et son entretien complet pendant toute la
durée du contrat (jusqu’à 20 et 30 ans) faisant son affaire de tous les
problèmes qui se posent et dont est ainsi déchargé l’usager. L’usager (ou abonné) achète sa chaleur à un prix convenu pour l’ensemble des prestations, y compris dans certains cas avec tout ou partie
de l’amortissement de l’installation.
À présent, en Europe, il existe environ 5 000 réseaux thermiques
avec un taux du marché d’approximativement 10 % de la consommation de chaleur des secteurs urbains et tertiaires. Le degré
d’importance des réseaux thermiques varie en fonction du pays
(tableau 1) ; dans les pays du Nord, Est et de l’Europe centrale, ce
taux de marché a des valeurs plus élevées. Les différences entre
les pays s’expliquent par les conditions climatiques, par la balance
des ressources énergétiques primaires et surtout par les politiques
énergétiques menées par les différents pays après les années
1970-1980 du siècle passé.
BE 2 170 – 2
Pays
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_______________________________________________________________________________________________________________ RÉSEAUX DE CHALEUR
La courbe de charge est celle qui donne, en fonction du temps,
la puissance q à fournir au réseau :
L’intérêt que leur portent les pouvoirs publics a conduit à la
loi du 15 juillet 1980 qui a donné aux réseaux de chaleur un
cadre législatif qu’ils n’avaient pas. On y trouve des dispositions en faveur des réseaux privés ou publics, le rôle privilégié
dans l’initiative et la décision, attribué aux collectivités locales.
La législation a introduit la notion du classement des réseaux
thermiques. Le classement des réseaux est un procédé par
lequel dans chaque ville sont définies des régions à l’intérieur
desquelles toute nouvelle installation doit être raccordée au
réseau.
La loi 2010-788 du 12 juillet 2010 (loi Grenelle 2) a redéfini
les dépenses et les modalités du classement des réseaux thermiques. Le classement des réseaux de chaleur peut être
réalisé si les conditions suivantes sont accomplies simultanément : au moins 50 % de la chaleur livrée est produite à
partir de sources renouvelables d’énergie ou par récupération.
Le comptage de la chaleur doit se faire dans chaque point de
livraison. L’équilibre financier de l’opération doit être assuré
pendant toute la durée d’amortissement des installations.
– pour les consommateurs urbains, c’est une courbe en cloche
avec un maximum dans la période des températures extérieures
minimales (figure 1) ;
– pour les consommateurs industriels, la courbe est très différente en fonction du consommateur, sans avoir une liaison entre la
saison et la consommation.
On peut aussi représenter la charge variable sous forme de
courbe dite des débits classés qui donne, pour un pourcentage
déterminé de la puissance maximale installée, le nombre d’heures
pendant lesquelles cette puissance a été fournie (figure 2 pour les
consommateurs urbains et figure 3 pour les industriels).
La puissance maximale n’est fournie que pendant quelques
heures par an. La consommation totale annuelle correspond à un
fonctionnement continu aux environs du quart de la puissance
maximale. C’est un élément dont on doit tenir compte dans la
conception des sources de réseaux de chaleur.
U
Puissance à fournir au réseau
Une autre loi qui favorise les réseaux thermiques, est la loi
2006-872 du 13 juillet 2006, concernant l’application d’une
TVA réduite aux quantités de chaleur distribuées par le réseau
thermique. Font l’objet de TVA diminuée les abonnements et
les quantités de chaleur si au moins 50 % a été produite à partir des sources renouvelables ou par récupération.
1.2 Caractéristiques
Avant d’aborder les problèmes posés par les réseaux de chaleur,
il est indispensable de rappeler un certain nombre de caractéristiques qui sont communes à toutes les installations et qui leur sont
propres.
1.2.1 Puissance à fournir au réseau thermique
À un instant donné, la puissance q à fournir par la source au
réseau est la somme :
n
q = ∑qi + ∆q
i =1
avec q
∆q
Juil.
Août
Sept Oct.
Nov.
Déc.
Janv.
Fév. Mars Avril
Mai
Juin
Mois de l’année
puissance fournie à l’un des n usagers du réseau,
pertes en ligne du réseau thermique (transport et
distribution).
Figure 1 – Courbe de charge d’un réseau de chaleur
Les consommateurs peuvent être urbains (chauffage et production d’eau chaude sanitaire) ou industriels (processus industriels).
De manière régulière, le niveau thermique de la chaleur
consommée en industrie, de même que ses régimes de variation
en temps sont très différents de ceux des consommateurs urbains.
Pour ces raisons, l’alimentation des deux types de consommateurs
se réalise par deux réseaux différents de chaleur et avec deux
fluides thermiques différents. Pour déterminer les capacités nominales, il faut analyser séparément chaque réseau.
q (MW)
100
90
80
70
60
50
40
30
20
10
0
Du fait du développement important du réseau, le terme ∆q est
élevé et représente une part importante de la puissance q.
1.2.2 Courbe de charge
0
Dans le cas des consommateurs urbains de chaleur, un réseau
de chaleur alimente généralement des installations de chauffage
de locaux (approximativement 80 à 85 % de la quantité maximale
de chaleur), qui se caractérisent par une grande variation de la
puissance nécessaire, liée à la température extérieure.
1 000 2 000 3 000 4 000 5 000 6 000 7 000 8 000 9 000
τ (h/an)
Figure 2 – Courbe des débits classés d’un réseau de chaleur urbaine
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BE 2 170 – 3
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RÉSEAUX DE CHALEUR _______________________________________________________________________________________________________________
– pour les consommateurs industriels, elle prend des valeurs de
0,75 à 0,8 dans le cas du fonctionnement continu et de 0,6 à 0,7
dans le cas du fonctionnement cyclique.
100
90
Chimie
q (MW)
80
1.2.4 Rendement instantané,
rendement moyen annuel
Cellulose
du papier
70
60
On appelle rendement instantané “ rc , à un instant déterminé, le
rapport de la puissance fournie aux usagers à celle fournie au
réseau :
50
40
Sucre
30
Textile
n
20
η rc =
10
0
0
n
∑i =1qi + ∆q
Il est très variable du fait que :
1 000 2 000 3 000 4 000 5 000 6 000 7 000 8 000 9 000
n
τ (h/an)
– ∑ qi est très variable (surtout aux consommateurs urbains) ;
i =1
– ∆q est légèrement variable en fonction de la différence de température entre l’intérieur et l’extérieur du réseau thermique. Cette
différence de température dépend de la nature du fluide thermique
(eau ou vapeur) et de l’emplacement du réseau de chaleur (aérien
ou souterrain).
Figure 3 – Courbe des débits classés d’un réseau de chaleur
industrielle
1.2.3 Coefficients de charge et de simultanéité
U
∑i =1qi
Dans le cas de l’eau (chaude ou surchauffée), la température du
fluide chauffant varie au cours de l’année (en particulier en vue de
réduire les pertes en ligne), alors que, dans le cas de la vapeur, elle
est pratiquement constante. Dans le cas de l’emplacement aérien,
la température extérieure du réseau est en effet égale à la température de l’air extérieur (variable au cours du temps et en opposition avec la consommation) alors que dans le cas de
l’emplacement souterrain, c’est la température du sol (peu variable
au cours de l’année).
Les besoins des usagers varient le long de l’année, mais
également dans une même journée. Dans le cas des
consommateurs urbains, cela est dû :
– à la variation de la température extérieure ;
– aux régimes d’occupation des locaux ;
– aux variations des besoins d’eau chaude sanitaire (pointes du
matin, du midi et du soir, puisage nul la nuit). L’utilisation du stockage d’eau chaude sanitaire a comme but la réduction et même
l’élimination de ces variations.
À la pointe de puissance, ηrc peut être de l’ordre de 95 %. À la
puissance minimale, il peut être nettement plus faible (de l’ordre
de 60 % ou même inférieure).
Dans le cas des consommateurs industriels de chaleur, la
variation des régimes due aux variations des températures extérieures est petite, voire négligeable. La consommation varie pratiquement en fonction des programmes de fabrication et des heures
de travail.
Le rendement moyen annuel est :
n
Il en résulte que la puissance appelée par un ensemble
d’usagers est inférieure à la somme des puissances pouvant être
appelées par chaque usager (phénomène de foisonnement).
a =
ηrc
Chaque usager a, lors de son raccordement, souscrit une puissance déterminée qC
i qui est la puissance maximale dont il a
besoin.
avec Qia
∆Qa
∑i =1Qia
n
∑i =1Qia + ∆Qa
consommation annuelle de chaleur pour un abonné,
pertes annuelles de chaleur du réseau.
Il est inférieur au rendement instantané à la puissance maximale
et peut être de l’ordre de 75 à 90 %.
On appelle coefficient de charge à un instant donné le rapport :
n
∑ qi
C = ni =1
∑i =1qCi
avec qi
qC
i
1.2.5 Densité du réseau. Puissance raccordée
au kilomètre de réseau
Le réseau de distribution est une charge importante d’installation et d’exploitation et son développement excessif ne serait
pas rentable.
puissance demandée par un abonné à cet instant,
puissance souscrite par cet abonné.
Sa valeur maximale (lorsque
coefficient de simultanéité Cs .
∑q
D’où la notion de densité d’un réseau qui s’exprime par le rapport entre la consommation annuelle de chaleur, en MWh/an et la
longueur du réseau, en m.
est maximale) est appelée
La puissance maximale à fournir au réseau de distribution est
donc :
avec ∆qC pertes maximales dans le réseau.
Les valeurs recommandées pour l’exploitation des réseaux thermiques dépendent des conditions climatiques, du bilan des ressources énergétiques primaires, des tarifs de l’énergie, du type de
la source de chaleur et des investissements dans les tuyauteries et
les équipements énergétiques. Ces valeurs sont très différentes
d’un pays à l’autre, et on ne peut pas définir des valeurs avec une
validité générale.
La valeur de Cs est variable suivant les installations :
– pour les consommateurs urbains, elle est de 0,95 à 1 ; la température extérieure qui influence les variations est pratiquement la
même pour tous les consommateurs ;
La valeur moyenne nationale de la densité des réseaux thermique de France est estimée à 8 MWh/(an ⋅ m). Cette densité relativement élevée est due aux réseaux réalisés dans les années
1960-1970 du siècle passé, dans les villes importantes de France,
n
C
qC = C S ∑ qC
i + ∆q
i =1
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_______________________________________________________________________________________________________________ RÉSEAUX DE CHALEUR
et qui peuvent se caractériser par des densités thermiques d’environ 15 à 20 MWh/(an ⋅ m). Dans le cas des réseaux thermiques installés plus récemment, les densités thermiques ont des valeurs
plus réduites, dans le domaine de 1 à 1,5 MWh/(an · m) [3] [6].
thermiques du réseau de distribution et les investissements relativement lourds qu’ils nécessitent. Mais les énergies peu chères,
comme les énergies renouvelables et de récupération ont des
tarifs moins variables au cours du temps que ceux du fioul ou du
gaz naturel. En définitive, ils permettent de fournir à l’usager la
chaleur à un prix généralement inférieur à celui des installations
individuelles au fioul ou au gaz ; de plus, on ne tient pas compte,
en général, dans la comparaison des prix de l’avantage qu’ils
procurent dans le cas de chauffage urbain du fait :
– de la suppression de tous les frais d’entretien des sources de
chaleur individuelles ;
– pour les immeubles neufs, de la suppression des locaux de
chaufferie avec leurs abords (remplacés par des locaux de
sous-station beaucoup plus petits) et des cheminées.
Dans la littérature spécialisée [1], on recommande des valeurs
encore plus basses, d’environ 0,35 à 0,5 MWh/(an · m) (cas de la
Suède).
1.3 Avantages et inconvénients
Les réseaux de chaleur posent 2 sortes de problèmes
principaux :
– des problèmes techniques, qui sont du ressort de la thermique
et de la résistance des matériaux, et qui vont se poser au stade de
l’installation puis au stade de l’exploitation, la conduite de telles
installations posant évidemment d’importants problèmes
techniques ;
– des problèmes économiques, d’abord au stade de l’installation
qui doit être réalisée au moindre prix mais en tenant compte des
frais d’entretien et d’exploitation, ceux-ci devant être, évidemment,
le plus réduits possible ; ensuite au stade de l’exploitation, le prix
de vente de la chaleur devant tenir compte des frais d’exploitation
divers et de l’amortissement de l’installation (cf. article Réseaux de
chaleur. Chauffage urbain [BE 2 172]).
De tout cela, il résulte que leur simple rentabilité économique ne
constitue pas le seul élément qui devrait être pris en considération
dans le développement des réseaux de chaleur. Toutefois, pour
favoriser leur développement, il faut réduire le plus possible ce qui
grève les prix de l’énergie distribuée :
– les frais d’investissement élevés qui, s’agissant d’infrastructures, sont à engager en avance par rapport aux besoins, entraînant
des frais financiers non négligeables ;
– des pertes en ligne du réseau.
Le technicien a, pour cela, un rôle essentiel à jouer lors des phases de conception et de la réalisation de l’installation au cours desquelles il doit toujours tenir compte des problèmes économiques.
L’intérêt des réseaux de chaleur, qui a conduit à en doter les
grands ensembles immobiliers, était surtout d’ordre qualitatif et
économique.
Initialement, les sources de chaleur ont été des centrales thermiques avec comme énergie primaire le combustible liquide léger (le
fioul).
U
2. Fluides chauffants
Mais les chocs pétroliers successifs ont conduit à d’importantes
augmentations du prix de ce combustible, d’où les recherches
d’économies d’énergie par l’utilisation de sources nouvelles
d’énergie et leur diversification, car les besoins de chaleur représentent environ 40 % de la consommation nationale d’énergie
dans un pays tel que la France.
2.1 Vapeur d’eau
2.1.1 Aspects techniques principaux
Il est à noter que seule est employée, pour les particuliers, la
vapeur saturée, la vapeur surchauffée étant moins bon fluide
chauffant ne sert que pour la production de force motrice et, éventuellement, pour certaines applications industrielles.
En résumé, les réseaux de chaleur présentent les intérêts suivants.
Diversification des sources d’énergie : s’agissant d’une installation industrielle, elle peut être conçue dès l’origine pour l’adaptation à divers combustibles. Certaines installations prévues
initialement pour l’usage de fioul ont pu être transformées pour la
combustion de charbon, de qualité éventuellement médiocre. De
plus, l’importance des quantités de chaleur à produire permet
d’envisager la mise en œuvre de moyens nécessaires pour utiliser
certaines énergies telles que la géothermie, l’énergie solaire, les
déchets industriels, les ordures ménagères et même l’énergie
nucléaire, toutes sources inenvisageables pour des besoins individuels. De même, les combinaisons chaleur-force sont possibles
avec de telles installations.
Pour éviter la condensation de la vapeur dans les conduites, surtout à des charges partielles, au départ du réseau, celle-ci doit être
surchauffée à un certain niveau (20 à 30 oC sont suffisants).
Il y a intérêt à augmenter le plus possible la pression de vapeur
pour diminuer le diamètre des tuyauteries. Toutefois, des pressions trop élevées conduisent finalement à des prix d’installation
plus importants du fait de l’augmentation de prix des chaudières,
des tuyauteries et des accessoires. Dans le cas des sources de
cogénération, il faut tenir compte des effets négatifs de l’augmentation de la pression de la vapeur sur les performances énergétiques de la centrale qui sont :
– la baisse de la production spécifique d’électricité (cas du cycle
de cogénération à vapeur) ou la baisse du degré de récupération
de la chaleur ;
– la baisse du rendement global (cas des cycles de cogénération
à turbine à combustion et à moteurs à combustion interne).
Qualité de la vie du fait de la diminution de la pollution atmosphérique par suite :
– d’un réglage permanent de la combustion meilleur que dans
des petites chaufferies individuelles, d’équipements de meilleure
qualité, de nombreux appareils de contrôle et d’une surveillance
constante des installations ;
– de l’installation de cheminées élevées, de dépoussiéreurs efficaces et surveillés, éventuellement d’appareillages de traitement
des fumées ;
– de l’éloignement relatif des chaufferies par rapport aux zones
de concentration maximale d’habitations ;
– de la diminution de l’encombrement des villes par les véhicules de livraison de combustible, celle-ci se faisant en un endroit
unique.
Pratiquement, on trouve des pressions maximales de 10 à 16 bar
au départ de la chaufferie, la pression aux sous-stations les plus
éloignées pouvant être réduite à 1,5-3 bar, compte tenu des pertes
de pression.
Les condensats peuvent être récupérés et renvoyés à la chaufferie ou envoyés à l’égout. En fait, ils ont une valeur à un triple point
de vue : chaleur sensible et dépense d’eau supplémentaire et
d’épuration d’eau.
Le plus souvent, les condensats récupérés passent dans une
bâche à l’air libre et, malgré la récupération maximale de l’échangeur de la sous-station, la température de retour est en moyenne
de 50 à 60 oC environ. Cela revient donc à gagner environ 16 à 20 J
Coût de la chaleur distribuée : du fait de l’utilisation d’énergies
diverses et bon marché ou de récupération, les réseaux de chaleur
ont un prix de revient d’énergie très inférieur à celui des installations individuelles. Leur bilan économique est grevé par les pertes
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par kilogramme de vapeur (1 cal = 4,18 J), soit un peu moins de
10 %, mais cela n’est pas négligeable dans le bilan thermique de
l’ensemble ; il s’y ajoute, comme indiqué ci-dessus, l’économie
d’épuration de l’eau, tout au moins en partie, car l’eau de retour
peut nécessiter un traitement, en particulier un dégazage après
avoir séjourné dans les bâches à l’air libre. Par contre, la récupération des condensats conduit à augmenter légèrement le prix des
sous-stations, du fait de l’installation de bâche et de pompe, et à
prévoir un réseau de tuyauteries de retour qui est coûteux d’installation et d’exploitation. En effet, l’eau de condensation peut être
agressive et corroder rapidement les réseaux. Il y a donc un calcul
économique à faire, mais on peut dire que, compte tenu du prix de
l’énergie dans un réseau de chaleur, les condensats sont généralement récupérés.
Coût relatif (%)
100
a
b
c
80
60
2.1.2 Avantages et inconvénients
2.1.2.1 Avantages de la vapeur
40
Pompes moins puissantes d’où une consommation réduite
d’énergie électrique puisqu’il n’y a pompage que sur le réseau des
condensats. Les pertes de pression sur les conduites d’aller (de la
vapeur) sont supportées par l’augmentation de la pression de la
vapeur livrée par la source, avec des effets négatifs sur les performances énergétiques de celle-ci, présentées plus haut (uniquement dans le cas de la cogénération).
U
0
30
60
90
120
q (MW)
a fluide thermique vapeur
b fluide thermique eau surchauffée, avec td -tc = 40 oC
c idem b, avec td -tc = 60 oC
Faible inertie du réseau. L’isolement d’un tronçon où s’est produit un incident permet de diminuer très rapidement la pression.
Cela est important pour la sécurité et la rapidité d’intervention afin
de remettre en état puis en service le tronçon considéré.
Figure 4 – Coût relatif des réseaux de transport de chaleur
en fonction de la quantité de chaleur transportée
2.2 Eau surchauffée
Meilleure distribution du fluide thermique dans les réseaux situés
sur des terrains fortement dénivelés (par exemple, le cas de la ville
de Paris) et dans le cas de l’alimentation des immeubles élevés. Cela
provient du fait que la vapeur à une densité très faible par rapport à
l’eau et en conséquence, les pressions hydrostatiques dues aux
colonnes du fluide thermique ont une influence réduite sur le
régime de pression, respectivement sur la distribution du fluide.
2.2.1 Température d’emploi
C’est le fluide chauffant le plus utilisé dans les réseaux de chaleur.
En fait, il y a deux sortes d’installations à eau surchauffée.
2.1.2.2 Inconvénients de la vapeur
§ Installations à température relativement basse : 120 à 130 oC au
maximum au départ.
Température élevée du fluide thermique si il est utilisé directement dans les installations de chauffage, de plus de 100 oC pour
éviter la baisse de la pression dans l’installation au-dessous d’un
bar, l’élimination du danger de pénétration de l’air dans les installations et la dégradation du transfert de chaleur. Cela conduit à des
températures élevées de la surface des corps de chauffage,
produisant un inconfort thermique local (voire même danger de
brûlures) et détériore la qualité de l’air à l’intérieur en brûlant la
poussière déposée sur les surfaces et en intensifiant les courants
convectifs.
Ce fluide chauffant est très utilisé dans les installations de production combinée chaleur-force dans lesquelles il faut en effet, pour
maintenir à un niveau assez élevé la production d’énergie électrique,
réduire autant que possible la contre-pression de la turbine ou la
pression de soutirage, ce qui limite la température du fluide chauffant réchauffé à partir de la vapeur de contre-pression ou de soutirage. Les chutes de température entre l’aller et le retour du réseau
étant plus faibles que dans le cas de l’eau surchauffée à haute température, les diamètres de tuyauterie sont plus importants.
§ Installations à haute température : 150 à 180 oC au départ.
Investissements supérieurs à celui des réseaux d’eau surchauffée, pour la même quantité de chaleur transportée (figure 4). Cela
s’explique par le coût élevé de la tuyauterie de la vapeur (à cause
des volumes spécifiques très élevés). Il y a également des coûts
supplémentaires dus aux purgeurs du condensat, aux réservoirs et
aux pompes du condensat.
Les températures élevées permettent des chutes de température
importantes, et par là même un faible débit dans le réseau pour
une puissance déterminée à transporter. En effet, les installations
de chauffage des locaux, qui sont aujourd’hui toujours à eau
chaude, fonctionnant à 90 oC au maximum au départ pour les installations par radiateurs et 40 oC pour les chauffages par le sol. On
peut obtenir sur le réseau primaire à eau surchauffée des chutes
de température de l’ordre de 100 oC entre l’aller et le retour. Ces
chutes importantes permettent des diamètres de tuyauterie aller
équivalents à ceux de la vapeur haute pression, les diamètres des
tuyauteries retour restant seuls plus élevés.
Pentes imposées. Il est nécessaire, si l’on veut éviter les claquements, d’installer les tuyauteries en pente continue descendant
vers les points bas. En cas de contrepente, celle-ci doit être importante (plus de 10 %).
Présence, à tous les points bas, de postes de purge pour
évacuer les condensats. Ces postes nécessitent une surveillance et
un entretien. La réintroduction des condensats dans le réseau
retour pose certains problèmes ainsi que leur évacuation à l’égout
du fait de la température élevée de l’eau.
2.2.2 Avantages et inconvénients
2.2.2.1 Avantages de l’eau surchauffée
Pertes thermiques dans les bâches de retour surtout si les
condensats ne sont pas bien refroidis.
Production relative d’énergie électrique en cogénération avec
une turbine à vapeur plus grande que celle de la vapeur (figure 5).
Agressivité des condensats.
BE 2 170 – 6
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Réseaux de chaleur
Chauffage urbain
par
Eduard MINCIUC
Maître de conférences
Docteur ingénieur, université POLITEHNICA de Bucarest
et
Ion-Sotir DUMITRESCU
Maître de conférences
Docteur ingénieur, université POLITEHNICA de Bucarest
1.
1.1
1.2
1.3
1.4
Aspect économique du chauffage urbain ......................................
Chauffage urbain fermé ou ouvert ..........................................................
Bilan financier prévisionnel .....................................................................
Éléments du coût ......................................................................................
Tarification.................................................................................................
2.
2.1
2.2
Systèmes d’alimentation en chaleur ...............................................
Types de systèmes d’alimentation en chaleur .......................................
Structure du système d’alimentation en chaleur ...................................
—
—
—
5
5
5
3.
3.1
3.2
3.3
3.4
3.5
Sources d’énergie primaire ................................................................
Combustibles ............................................................................................
Rejets industriels.......................................................................................
Énergie solaire ..........................................................................................
Géothermie................................................................................................
Énergie nucléaire ......................................................................................
—
—
—
—
—
—
6
6
8
8
8
8
4.
4.1
4.2
4.3
4.4
4.5
4.6
Réalisation des installations génératrices de chaleur ................
Centrales de production de chaleur ........................................................
Chaufferies ................................................................................................
Centrales de cogénération .......................................................................
Installations solaires passives .................................................................
Installations de géothermie .....................................................................
Stockage de chaleur .................................................................................
—
—
—
—
—
—
—
9
9
9
12
15
17
18
5.
5.1
5.2
5.3
Sous-stations..........................................................................................
Présentation ..............................................................................................
Emplacement et aménagement des locaux des sous-stations.............
Réalisation des sous-stations ..................................................................
—
—
—
—
18
18
22
22
6.
Conclusion ..............................................................................................
—
24
Pour en savoir plus ........................................................................................
BE 2 172 - 2
—
2
—
2
—
3
—
4
Doc. BE 2 172
n désigne sous le nom de chauffage urbain une distribution de chaleur à
un certain nombre d’immeubles d’une ville, d’un quartier ou d’un
ensemble immobilier : cette distribution se fait par un fluide chauffant circulant
dans un réseau de tuyauteries.
On a, depuis quelques années, tendance à désigner ces installations par le
terme réseaux de chaleur, mais il est préférable de réserver ce nom au réseau
proprement dit, c’est-à-dire aux tuyauteries de transport du fluide chauffant qui
relient la source de chaleur aux sous-stations (points de livraison de la chaleur
aux usagers).
p。イオエゥッョ@Z@ェ。ョカゥ・イ@RPQU
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BE 2 172 – 1
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RÉSEAUX DE CHALEUR _______________________________________________________________________________________________________________
L’article « Réseaux de chaleur. Transport » [BE 2 170] traite essentiellement
du transport de l’énergie entre la source, les sous-stations et les usagers et le
présent article [BE 2 172] traite des sources de chaleur et des sous-stations.
Les avantages et inconvénients de la distribution par réseaux de chaleur sont
développés dans [BE 2 170] avec également les notions :
– de puissance à fournir au réseau ;
– de courbe de charge donnant en fonction du calendrier la puissance à
fournir au réseau au cours d’une année ;
– de courbe des débits classés donnant le nombre d’heures au cours de
l’année durant lesquelles un pourcentage donné de la puissance maximale installée a été fourni ;
– de coefficient de charge, rapport de la somme des puissances appelées
par les usagers à un instant donné à la somme des puissances souscrites ;
– de rendement instantané, rapport de la puissance fournie à l’ensemble des
usagers à celle fournie au réseau au même instant ;
– de rendement moyen annuel, rapport de la somme des consommations
annuelles des usagers à celle fournie au réseau pendant la même période.
U
Les chauffages urbains, qui utilisent des fluides à haute pression et haute
température et les distribuent à travers le domaine public et les immeubles
d’habitation, doivent tenir compte des dangers que peuvent présenter ces
fluides : les installations doivent être réalisées en tenant compte de toutes les
réglementations qui leur sont applicables et ne rien négliger sur le plan de la
sécurité.
Pour éviter que la liberté totale de raccordement ne compromette
l’équilibre économique d’installations dont l’intérêt sur le plan énergétique général a été reconnu, la loi du 15 juillet 1980 a ouvert aux
collectivités locales la faculté de faire classer les réseaux. Ce classement permet, en particulier, d’introduire l’obligation de raccordement à l’intérieur du périmètre de développement prioritaire pour
toutes les installations nouvelles de plus de 30 kW (créant ainsi des
chauffages urbains semi-fermés).
On désigne en général par le terme usagers les occupants des
locaux chauffés à partir du chauffage urbain par l’intermédiaire
des sous-stations centralisées et/ou des sous-stations individuelles. Le concessionnaire du chauffage urbain facture la chaleur aux représentants des usagers, désignés en général par le
terme d’abonnés.
1.2 Bilan financier prévisionnel
1. Aspect économique
du chauffage urbain
Contrairement à ce qui se passe pour les installations individuelles de chauffage, les usagers, ici très nombreux, ne peuvent
guère avoir de contrôle sur la conception, la réalisation, l’exploitation et l’entretien de l’installation, qui sont par ailleurs intimement
liés. On ne peut donc concevoir entre le concessionnaire et les
usagers qu’un contrat global et de longue durée portant à la fois sur
les frais de premier établissement et d’exploitation : la difficulté
consiste à déterminer les conditions de ce contrat, ce qui exige au
préalable une étude technique et économique très poussée.
1.1 Chauffage urbain fermé ou ouvert
On peut distinguer deux types de réseaux de chauffage urbain.
Chauffage urbain fermé : ce mode de chauffage étant imposé
aux usagers, il s’agit alors d’un monopole. C’est le cas dans les
grands ensembles immobiliers. Dans ce cas, l’installation est
conçue pour un programme de raccordement bien déterminé et
limité. La rentabilité d’un tel projet peut donc être calculée avec
précision avant sa réalisation.
Comme pour tout réseau (gaz, eau, etc.), les réseaux de chaleur
nécessitent des investissements importants qui ne sont remboursés qu’au fur et à mesure de l’augmentation du nombre d’usagers.
Même si la réalisation est faite par stades successifs, l’exécution
de chacun de ceux-ci précède en général de plusieurs années une
partie des besoins à satisfaire. Il en résulte la nécessité d’emprunts
d’où des frais financiers non négligeables qui ne peuvent être
imputés aux seuls premiers usagers. Ils sont chiffrés compte tenu
des stades successifs de réalisation.
Chauffage urbain ouvert : le raccordement des abonnés au
réseau est libre. Le programme des branchements est donc incertain et les réalisations peuvent être très éloignées des hypothèses.
De plus, le chauffage urbain est ici en concurrence ouverte avec
les installations individuelles (chaufferies d’immeubles, installations domestiques de pavillons et d’appartements), ce qui exige
pour le chauffage urbain de rester toujours compétitif pour que les
hypothèses de raccordement se trouvent réalisées.
BE 2 172 − 2
Un bilan doit être fait préalablement à toute décision de réalisation d’un tel projet qui doit être rentable. Compte tenu des
sommes considérables mises en jeu, l’étude économique sérieuse
est tout-à-fait justifiée.
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_______________________________________________________________________________________________________________ RÉSEAUX DE CHALEUR
Le bilan doit se faire :
– sur l’ensemble investissements et exploitation, y compris
l’entretien ;
– année par année ;
– sur une durée minimale de 20 à 30 ans nécessaire pour amortir
les installations coûteuses dont la durée de vie est au moins de cet
ordre ; toutefois, dans les méthodes d’actualisation des flux financiers, on peut retenir des durées plus courtes en incluant la notion
de valeur résiduelle de l’investissement (se reporter à l’article
Choix des investissements [A 4 450]).
technique, ni économique, alors le projet ne peut être mis en
œuvre dans les circonstances particulières (investissement, taux,
nombre de consommateurs).
Toutefois pour le consommateur, le prix de vente de la chaleur
délivrée par le chauffage urbain est un prix global (tout compris) ne
comportant aucun aléa et incluant, en particulier, tous les frais
d’entretien difficiles à évaluer dans le cas d’installations individuelles.
1.3 Éléments du coût
La donnée de base du bilan est le recensement des usagers
potentiels et l’estimation des raccordements en nombre, situation
géographique et puissance, à effectuer année par année.
1.3.1 Investissements
De cette donnée, on déduit le montant des investissements à
réaliser à la source de chaleur, en réseau et en sous-stations. Dans
cette phase, il y a lieu de chercher à optimiser l’étalement des
investissements connus, exposés aux paragraphes 1.3.1, 1.3.2 et 5.
L’investissement dans un système centralisé de distribution de
chaleur peut être divisé en deux catégories :
– l’investissement dans la source de production de la chaleur ;
– l’investissement dans le réseau thermique.
Les principaux postes du bilan financier sont les suivants.
L’estimation de l’investissement total pour les deux catégories
est effectuée séparément en utilisant des méthodes différentes. Si
le projet est approuvé pour la mise en œuvre, les investissements
peuvent être estimés avec plus de précision en fonction des offres
des fournisseurs d’équipements et de services. Pour estimer
l’investissement dans la source de production de la chaleur, on
peut utiliser différentes méthodes : la méthode globale, la
méthode modulaire et la méthode analytique. D’habitude, on utilise la méthode globale qui prend en compte l’investissement spécifique, exprimé en euros/kW installé, pour différents types de
sources de production de chaleur. Cette méthode tient compte
aussi de l’effet d’échelle de façon que l’investissement spécifique
diminue avec la croissance de la puissance installée. Si la source
de production de chaleur est constituée par une centrale de cogénération, l’investissement est supérieur à celui d’une centrale thermique. Pour estimer l’investissement dans le réseau thermique, il
faut utiliser l’investissement spécifique exprimé en euros/m
linéaire de tuyauterie, qui varie en fonction du type de tuyau (acier,
matière plastique, etc.) et de son diamètre.
§ Dépenses :
– investissements ;
– annuités de remboursement des emprunts, y compris les intérêts courus ;
– dépenses d’exploitation qui comprennent :
• dépenses de combustible, en tenant compte de la quantité de
chaleur à délivrer aux usagers, des pertes de chaleur dans le
réseau thermique, et du type et des performances énergétiques des équipements constituant la source de chaleur,
• dépenses diverses (électricité, matières consommables),
• frais de main-d’œuvre, y compris l’entretien courant,
• frais de gros entretien ;
– frais généraux et de gestion ;
– avances de trésorerie vis-à-vis de l’État (TVA et taxes diverses
notamment) ;
– provisions et bénéfices.
§ Recettes :
Les investissements comprennent à la fois le coût des équipements et le coût des opérations de construction et d’assemblage. Ces derniers coûts ont des valeurs qui représentent
actuellement environ 40 à 60 % du coût des équipements.
– ventes de chaleur (facturation périodique) ;
– ventes de l’énergie électrique (uniquement pour les centrales
de cogénération) ;
– apports, emprunts et subventions éventuelles ;
– produit des excédents de trésorerie (utilisation temporaire des
sommes provenant des subventions ou des emprunts avant réalisation complète des investissements) ;
– taxes de raccordement (s’il y a lieu).
1.3.2 Frais d’exploitation
1.3.2.1 Dépenses en combustible
Certains postes ne peuvent être chiffrés qu’à partir d’hypothèses
basées sur l’expérience acquise. Ce sont notamment les pertes de
chaleur dans le réseau thermique de transport et de distribution et
les frais de gros entretien, qui font l’objet des paragraphes 1.3.2.1
et 1.3.2.3.
Les dépenses en combustible pour une source de production de
chaleur constituent la part la plus importante du total des
dépenses. Selon le combustible utilisé et le type de source de
chaleur, les dépenses en combustible peuvent varier entre 60 et
80 % des dépenses totales d’exploitation.
Les revenus provenant des frais de connexion (s’il y a lieu) sont
estimés en fonction du nombre de consommateurs. Les revenus
de la vente de la chaleur sont estimés en fonction des données climatiques. Les revenus de la vente de l’électricité (pour la cogénération) sont estimés en fonction de la quantité annuelle
d’électricité vendue. La quantité annuelle d’électricité vendue est
estimée à partir de la quantité annuelle de chaleur produite (énergie vendue et pertes dans les réseaux thermiques), du type et des
performances énergétiques des équipements de cogénération. La
politique tarifaire est développée au niveau de l’État par des organismes de réglementation autorisés. Par cette politique, on définit
le niveau des frais de connexion et de l’abonnement (le cas
échéant) et les tarifs pour la chaleur (pour plus de détails, § 1.4).
Il est important de souligner qu’une source de production de
chaleur dans un système centralisé de chauffage peut utiliser tout
type de combustible, y compris les déchets urbains et industriels.
Cet aspect peut conduire à des dépenses en combustible plus
réduites que pour les autres systèmes d’alimentation en énergie
thermique (des systèmes individuels par exemple).
Les dépenses en combustible se calculent en fonction :
– de la quantité annuelle de chaleur livrée aux consommateurs ;
– des caractéristiques techniques des équipements de la source
de chaleur (efficacités des équipements et des installations) ;
– de la quantité annuelle d’énergie électrique produite (cas des
centrales de cogénération) et des pertes de chaleur dans le réseau
de transport et de distribution de chaleur, qui peuvent inclure, le
cas échéant, le réseau de transport, les sous-stations, le réseau de
distribution et les sous-stations individuelles.
Dans la réalisation d’un projet de chauffage urbain, il faut tenir
compte de plusieurs solutions/variantes techniques alternatives
pour choisir la solution optimale techniquement et économiquement. Si aucune solution n’est faisable ni du point de vue
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RÉSEAUX DE CHALEUR _______________________________________________________________________________________________________________
Pour les contrats de longue durée (25 à 30 ans au moins), on
adopte en général un chiffre de 3 à 4 % en moyenne du prix des
installations pour le poste annuel de gros entretien du compte
d’exploitation prévisionnel. En réalité, les dépenses sont
croissantes, par exemple de l’ordre de 0,5 % les premières années
pour atteindre 4 à 5 % les dernières années.
Si la source de chaleur n’est pas un combustible (rejets
industriels, géothermie), on calcule les dépenses à partir du
prix de revient de cette énergie pour le chauffage urbain.
Il ne faut pas oublier de tenir compte des pertes en ligne, qui
sont loin d’être négligeables. Elles dépendent du développement
du réseau et de l’efficacité du calorifuge ; cette efficacité est
influencée par le vieillissement et les incidents. Pour une efficacité
théorique de 85 à 90 %, on ne retient par exemple qu’une efficacité
moyenne de 80 %. Les pertes en ligne (réseau thermique) dépendent des facteurs suivants :
– la technologie utilisée (par exemple des tuyaux isolés en laine
minérale ou des tuyaux pré-isolés) ;
– l’état technique du réseau, y compris de l’isolation thermique ;
– la longueur totale du réseau ;
– l’exploitation du réseau, etc.
1.4 Tarification
La tarification comprend généralement deux éléments :
– la taxe de raccordement, participation initiale demandée aux
usagers pour les raccorder ;
– la facturation périodique.
En raison de la durée du contrat entre le concessionnaire et les
usagers, les conditions initiales de celui-ci doivent être assorties de
formules de révision.
Normalement, pour un réseau équipé de tuyaux pré-isolés et qui
est dans un bon état, les pertes de chaleur ne doivent pas dépasser 10 à 15 %.
U
1.4.1 Taxe de raccordement
Les pertes en ligne sont surtout fonction de la durée de fonctionnement à la température moyenne du fluide chauffant et, dans une
certaine mesure, sont indépendantes de la quantité de chaleur à
fournir ; si les pertes instantanées représentent 2 à 5 % de la puissance maximale, sur l’ensemble de l’année, elles peuvent représenter un pourcentage de la quantité de chaleur fournie deux à
trois fois supérieur. Le fonctionnement d’été, limité le plus souvent
à la fourniture de chaleur pour la production d’eau chaude sanitaire, a un effet défavorable très sensible sur le rendement annuel
global ; en contrepartie, ce fonctionnement continu diminue les
dépenses d’entretien du réseau qui se détériore beaucoup plus en
cas d’arrêt d’été (humidification du calorifuge, corrosions, etc.) que
s’il est maintenu en permanence en température.
Cette taxe, proportionnelle à la puissance demandée par les usagers, est souvent fixée par des considérations commerciales, car,
pour que les usagers éventuels se raccordent, il faut que les
dépenses initiales à engager ne soient pas supérieures à celles
qu’ils auraient engagées en réalisant une installation individuelle ;
mais, bien entendu, ce qui n’est pas couvert par ce poste doit se
retrouver dans les facturations périodiques de la chaleur fournie.
La taxe de raccordement est en général plus élevée dans le cas
d’un chauffage urbain fermé afin d’éviter d’avoir à inclure une part
d’amortissement dans le prix de la chaleur.
1.4.2 Prix de la chaleur fournie
Pour ne pas atteindre une valeur prohibitive des pertes, il faut
limiter le plus possible la longueur du réseau en étudiant son tracé
et, éventuellement, ne pas chercher à alimenter des zones trop
excentrées dont les raccordements ne seraient pas rentables. Il ne
faut pas descendre au-dessous d’une certaine densité de réseau,
de l’ordre de 4 MWth/km de réseau ou 40 MWth/km2 de surface
desservie. Pour les cas où il y a de nombreuses zones urbaines à
haute densité de la consommation en chaleur, mais à grandes distances entre elles, on peut renoncer à une seule source de chaleur.
Dans ce cas, on peut analyser la décentralisation de la production
de chaleur par zone, avec des sources zonales et des systèmes
centralisés de transport-distribution de la chaleur, séparés.
Dans le bilan annuel d’exploitation, on trouve :
– des frais fixes, complètement ou partiellement indépendants
de la quantité de chaleur distribuée (investissements et frais financiers non couverts par la taxe de raccordement, main-d’œuvre et
frais d’entretien, chaleur perdue par le transport) ;
– des frais proportionnels (en totalité ou en partie) à la chaleur
produite (énergie, électricité en particulier).
Il en résulte que la tarification la plus logique et la plus
couramment utilisée est la tarification dite binôme avec une partie
fixe et une partie proportionnelle à la consommation de chaleur.
Pratiquement, les exploitants de chauffage décomposent le prix
en quatre postes :
– un poste P1 proportionnel à la consommation de chaleur enregistrée au compteur ;
– un poste P2 comprenant les prestations diverses et le petit
entretien ;
– un poste P3 ou garantie totale correspondant aux dépenses de
gros entretien et de renouvellement du matériel ;
– un poste P4 relatif aux annuités de remboursement des
emprunts.
1.3.2.2 Dépenses d’exploitation diverses
Il s’agit de la main-d’œuvre, de l’électricité (pour les pompes) et
des matières consommables. Elles sont fonction du type et de
l’importance des installations.
1.3.2.3 Frais d’entretien
On distingue le petit entretien (entretien courant, remplacement
des pièces d’usure, etc.) du gros entretien qui concerne les réparations et le renouvellement du matériel nécessaires pour avoir en
permanence une installation en parfait ordre de marche. On
désigne souvent, en exploitation, les frais de gros entretien par le
terme de garantie totale.
Les postes P2, P3, P4 constituent la partie fixe qui est facturée
proportionnellement à la puissance souscrite.
L’expérience des exploitants de chauffage leur a permis d’établir
un barème sur la durée de vie des matériels des installations de
chauffage et en particulier de chauffage urbain. Ces durées de vie
varient de 5 à 10 ans jusqu’à 30 ans : pour les équipements
constituant la source à chaleur, la durée de vie est d’environ
10 ans pour les moteurs à combustion et d’environ 20 ans pour les
autres types d’équipements ; les équipements et les installations
du réseau thermique ont une durée de vie d’environ 30 ans. Cela
ne signifie évidemment pas que ces installations ne peuvent pas
durer plus longtemps mais, au bout de cette période, on estime
que l’on a dépensé leur valeur pour les entretenir.
BE 2 172 – 4
La facturation se fait généralement soit au niveau de l’escalier,
soit au niveau de l’immeuble. La répartition des frais entre les différents appartements du même corps du bâtiment, se réalise en
fonction de l’existence des dispositifs de répartition de frais :
– avec dispositif de répartition, les frais de chauffage sont répartis par poste :
• les frais d’énergie ou de combustible : les frais individualisés
sont calculés à partir des relevés des répartiteurs de chaque
appartement et les frais communs dépendent des règles
internes de l’immeuble,
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_______________________________________________________________________________________________________________ RÉSEAUX DE CHALEUR
• les autres frais de chauffage (maintenance, électricité
consommée par l’installation, etc.) dépendent aussi des
règles internes de l’immeuble ;
Enfin, une dernière classification des systèmes d’alimentation en
chaleur peut être réalisée selon la nature de la source de production de chaleur. Dans ce sens, on peut distinguer les catégories
suivantes de systèmes de chauffage :
– sans dispositif de répartition, les frais de chauffage sont répartis entre les résidents conformément aux règles traditionnelles
applicables dans l’immeuble (présentées plus haut).
– systèmes
– systèmes
– systèmes
– systèmes
– systèmes
– systèmes
La répartition des frais d’eau chaude est imposée par le
décret du 19 juin 1975 complété par l’arrêté du 25 août 1976.
La facturation de l’eau chaude sanitaire repose sur le relevé
des compteurs individuels qui sont obligatoires pour les
immeubles construits après 1975 et pour les plus anciens
depuis 1977.
de
de
de
de
de
de
chauffage
chauffage
chauffage
chauffage
chauffage
chauffage
à centrales thermiques ;
à centrales de cogénération ;
à rejets industriels ;
à base d’énergie solaire ;
à base d’énergie géothermale ;
utilisant l’énergie nucléaire.
Il faut mentionner que la majorité des systèmes de chauffage
ont les caractéristiques suivantes :
– ce sont des systèmes qui alimentent des consommateurs
urbains et tertiaires ;
– l’agent thermique est soit l’eau chaude, soit l’eau surchauffée,
en fonction de la dimension du système ;
– les sources de production de chaleur sont des centrales thermiques ou de cogénération.
2. Systèmes d’alimentation
en chaleur
2.2 Structure du système d’alimentation
en chaleur
2.1 Types de systèmes d’alimentation
en chaleur
Un système d’alimentation en chaleur peut comprendre les
composants suivants :
Le système d’alimentation en chaleur comprend toutes les installations et équipements de la chaîne de production, transport,
distribution et consommation de chaleur.
– une ou plusieurs sources de production de chaleur ;
– le réseau thermique primaire, ou de transport, qui réalise le
transport de la chaleur entre la source de production et les
sous-stations ;
– les sous-stations qui réalisent la liaison entre le réseau primaire et le réseau secondaire ou entre le réseau primaire et les
consommateurs ;
– les réseaux thermiques secondaires, ou de distribution, qui
réalisent le transport de la chaleur entre les sous-stations et les
consommateurs ;
– les installations consommatrices de chaleur (chauffage et Eau
chaude sanitaire ECS).
Les systèmes d’alimentation en chaleur peuvent être classés
selon plusieurs aspects.
Une première classification peut être réalisée selon le type des
consommateurs de chaleur, desservis par le système d’alimentation en chaleur. À cet égard, on peut distinguer des systèmes
d’approvisionnement en chaleur qui alimentent les catégories suivantes d’usagers : les consommateurs urbains, les consommateurs
tertiaires, industriels et les serres aux légumes et/ou aux fleurs. Un
système de distribution de chaleur peut approvisionner, soit un
certain genre de consommateur, soit plusieurs catégories. Habituellement, les systèmes urbains d’alimentation en chaleur fournissent de l’énergie thermique aux consommateurs urbains et
tertiaires, et le cas échéant aux serres. Les consommateurs industriels sont généralement alimentés avec la chaleur produite dans
des sources propres. Il convient toutefois de noter qu’il existe des
systèmes de chauffage qui alimentent les quatre types de
consommateurs.
En fonction de la manière dont on réalise le transport et la distribution de la chaleur, actuellement, on distingue trois catégories de
systèmes centralisés d’alimentation en chaleur (figure 1). On peut
réaliser le transport et la distribution de la chaleur soit en utilisant
deux types différents d’agents thermiques, un pour la zone de
transport et un autre pour la zone de distribution (variantes a et c),
soit un utilisant le même agent thermique sur les deux zones
(variante b).
Une deuxième classification des systèmes de chauffage est le
degré de centralisation/décentralisation. Dans ce sens, on peut
distinguer les catégories suivantes de systèmes :
Dans le premier cas (figure 1a ), le transport est effectué en utilisant de l’eau surchauffée, ce qui nécessite deux tuyauteries, respectivement aller-retour. La distribution est effectuée en utilisant
l’eau chaude aux températures de consommation (nécessite trois
ou quatre tuyauteries : deux pour le chauffage des consommateurs
– allers-retours, et une ou deux pour l’alimentation en eau chaude
sanitaire – aller et recirculation, si nécessaire).
– systèmes individuels. Un tel système contient une seule source
de production de chaleur livrée à un seul consommateur. Il faut
noter que le consommateur peut être une maison, un appartement
ou un immeuble avec plusieurs appartements /bureaux ;
– systèmes centralisés. Dans ce cas, la chaleur livrée aux
consommateurs est produite dans une ou plusieurs sources ;
– systèmes mixtes. Ces systèmes comprennent à la fois des systèmes d’alimentation de chauffage individuels et des systèmes
d’alimentation de chauffage centralisés. La plupart des systèmes
d’approvisionnement en chaleur urbains sont des systèmes
mixtes.
Sur la figure 1c, la distribution se réalise à des paramètres différents par rapport à la consommation (nécessite deux tuyauterie
aller et retour). Dans cette dernière situation, la corrélation entre
les paramètres de l’agent thermique de distribution et ceux du
consommateur se réalise grâce aux sous-stations.
Sur la figure 1b, quand on utilise un seul agent thermique, et
pour le transport et pour la distribution de la chaleur, celui-ci est
l’eau surchauffée, et l’adaptation des paramètres du secondaire
aux besoins du consommateur se réalise aussi par des sousstations individuelles.
Une autre classification des systèmes d’alimentation en chaleur
peut se faire en fonction de l’agent thermique utilisé. Dans ce sens,
on peut distinguer des systèmes de chauffage : en eau chaude, eau
surchauffée ou vapeur (pour plus de détails, cf. l’article Réseaux de
chaleur. Transport [BE 2 170]).
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Conversion et transport d'énergie
(Réf. Internet 42206)
1– Conversion de l'énergie
2– Installations thermiques de grande puissance
3– Cogénération
4– Thermoélectricité
5– Réseaux de chaleur
6– Réseaux de froid
Réf. Internet
Réseaux de froid urbain. État des lieux et déinition
BE9320
127
Réseaux de froid urbain. Production et stockage du froid
BE9321
129
Réseaux de froid urbain. Réseaux de distribution
BE9322
137
page
7– Vecteurs énergétiques
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Réseaux de froid urbain
État des lieux et définition
par
Renaud FEIDT
Président de la société INVIVO Consulting sas (conseils aux dirigeants)
Ingénieur énergéticien diplômé de l’École polytechnique de Nantes
Cet article est la réédition actualisée de l’article [BE 9 320] intitulé « Réseaux de froid
urbain » paru en 2000, rédigé par Jacques DELBÈS et Adrien VADROT BERNARD
1.
Rôle du froid en milieu urbain..........................................................
2.
2.1
2.2
Impacts environnementaux du froid ..............................................
Froid et énergie ........................................................................................
Froid et environnement...........................................................................
—
—
—
2
2
2
3.
Concept de réseaux de froid urbain (RFU) ....................................
—
2
4.
Atouts des réseaux de froid urbain (RFU) .....................................
—
3
5.
5.1
5.2
Développement des RFU en Europe et dans le Monde..............
Exemples en Europe................................................................................
Exemples dans le Monde ........................................................................
—
—
—
3
3
4
6.
6.1
6.2
6.3
6.4
Principaux composants des RFU .....................................................
Production frigorifique ............................................................................
Réseaux de distribution...........................................................................
Postes de livraison (interface utilisateurs).............................................
Stockage de froid .....................................................................................
—
—
—
—
—
5
5
5
5
5
7.
Conclusion et perspectives ...............................................................
—
5
8.
Glossaire .................................................................................................
—
8
BE 9 320v2 - 2
Pour en savoir plus ........................................................................................ Doc. BE 9 320v2
epuis 2006, plus de 50 % des habitants de la planète habitent dans les
villes (plus de 74 % dans les pays d’Europe), ce qui justifie amplement
l’intérêt porté aux problèmes de notre environnement urbain.
Centre de l’activité économique, les villes consomment la majeure partie des
ressources de la planète, mais sont également responsables de l’essentiel de la
pollution. C’est pourquoi l’aménagement urbain est une priorité absolue qui
implique des décisions à long terme. La demande de services tels que la climatisation augmente déjà rapidement, et augmentera davantage encore à l’avenir
en raison notamment du réchauffement climatique, de l’évolution de la densité
de population, de l’accroissement du parc d’ordinateurs et de l’étanchéité des
enveloppes de bâtiments.
Pour faire face à ces défis, le réseau de froid urbain RFU représente une
manière plus efficace de gérer l’énergie, à la fois au niveau de l’économie
de celle-ci, de la rationalisation de la distribution, que de la pollution et de la
consommation d’eau.
Cet ensemble sur les réseaux de froid urbain se compose de trois articles :
– Réseaux de froid urbain – Production et stockage du
froid [BE 9 321] ;
p。イオエゥッョ@Z@ェ。ョカゥ・イ@RPQW
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RÉSEAUX DE FROID URBAIN __________________________________________________________________________________________________________
– Réseaux de froid urbain – Réseaux de distribution [BE 9 322].
Ces différents articles montrent la façon dont les RFU se sont développés
dans diverses parties du monde et, en particulier, qu’un grand nombre de solutions techniques ont été mises en œuvre pour chacun des composants des
réseaux ; la plupart de ces solutions ont été largement testées en grandeur
réelle, mettant ainsi en évidence leurs avantages et leurs inconvénients.
1. Rôle du froid en milieu
urbain
2.2 Froid et environnement
L’Institut International du Froid (IFF) estime que le nombre total
de systèmes de froid, de conditionnement d’air et de pompes à
chaleur en fonctionnement dans le Monde s’élève à ce jour à environ 3 milliards d’unités en service.
Toutefois, les effets négatifs du froid sur l’environnement
doivent également être pris en compte. Environ 20 % de l’impact
des installations frigorifiques sur le réchauffement de la planète
est imputable aux émissions directes (fuites) de fluorocarbures
(CFC, HCFC et HFC) utilisés comme fluide frigoporteur. Le reste –
environ 80 % – de cet impact est dû aux émissions indirectes qui
résultent de l’énergie électrique produite par les centrales électriques à combustibles fossiles pour faire fonctionner ces installations de froid.
Les systèmes frigorifiques et les pompes à chaleur figurent
parmi les technologies respectueuses de l’environnement pouvant
faire appel à des énergies renouvelables.
Toujours selon l’IFF, 20 % de ce parc mondial, soit environ 600
millions d’unités, est dédié exclusivement au conditionnement
d’air par systèmes fixes utilisés aussi bien pour le confort humain
que pour des procédés industriels ou pour le secteur de santé.
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L’utilisation du conditionnement d’air a fortement progressé
depuis 70 ans notamment grâce à la progression des technologies
mais aussi du fait du développement économique de nombreux
pays en particulier dans les régions chaudes du globe.
Les actions menées par les acteurs du froid pour combattre le
réchauffement planétaire se concentrent donc dans deux directions principales :
– la réduction des émissions directes de fluorocarbures par un
meilleur confinement des frigorigènes et le développement de
fluides frigorigènes alternatifs ou naturels (notamment : le dioxyde
de carbone CO2 ou l’ammoniac NH3) ;
– la réduction de la consommation d’énergie primaire grâce à
l’augmentation de l’efficacité énergétique des installations frigorifiques.
La très grande majorité des systèmes de conditionnement d’air
est installée dans les villes. À l’image de la Chine qui a vu le ratio
d’équipement en conditionneur d’air passer de 1 % des ménages
vivant en ville en 1999 à 100 % en 2009.
2. Impacts environnementaux
du froid
3. Concept de réseau de froid
urbain (RFU)
2.1 Froid et énergie
Le réseau de froid urbain (RFU) est un concept dans lequel le
froid est produit de façon centralisée, dans des usines de production à partir desquelles le froid est distribué vers les différents
consommateurs, sous forme d’eau glacée (5/6 °C) circulant dans
un réseau de tuyauteries. Les réseaux de froid se substituent aux
systèmes individuels ou collectifs centraux (pour un bâtiment)
(figure 1).
La part de consommation d’électricité utilisée pour le froid et le
conditionnement d’air a augmenté à la fois dans les pays développés et dans les pays en développement au cours des dernières
années. Le secteur du froid utilise aujourd’hui environ 17 % de
l’électricité totale consommée au niveau mondial. Ce ratio de 17 %
est d’autant plus significatif que l’efficacité des équipements frigorifiques ne cesse de progresser.
Ce concept a pour origine les habitudes prises dans la distribution d’utilités telles que l’eau et l’électricité, ainsi que l’exemple
fourni par les réseaux de chauffage urbain (RCU) déjà en place.
La part de consommation pour le conditionnement d’air est de
l’ordre de 5 % de l’électricité totale consommée au niveau mondial. Ce pourcentage varie d’un pays à un autre en fonction notamment du climat et de son niveau de développement. Presque
absent dans les pays les moins développés, il représente environ
14 % de la consommation électrique totale au États-Unis et 40 %
dans la cité indienne de Mumbai par exemple.
Le réseau de froid urbain (RFU) fonctionne comme un réseau de
chauffage urbain (RCU) mais en sens inverse.
Très souvent, RFU et RCU coexistent, ce qui est théoriquement
la solution la plus satisfaisante. Toutefois, le concept simple d’un
RFU autonome a aussi connu un fort développement, dû principalement aux avantages qu’il peut offrir.
Le RFU sert généralement à garantir le confort d’été des occupants à l’échelle d’un quartier, voire d’une ville. Il peut être raccordé à plusieurs types de bâtiments : bureaux, centres
commerciaux, hôtels, musées, etc.
Dans le froid industriel, on peut citer l’exemple des centres de
données (data center) qui sont responsables d’environ 1,3 % de la
consommation mondiale d’électricité et 50 % de cette consommation est utilisée pour refroidir les équipements correspondants.
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Réseaux de froid urbain
Production et stockage du froid
par
Renaud FEIDT
Président de la société INVIVO Consulting sas (conseils aux dirigeants)
Ingénieur énergéticien diplômé de l’École polytechnique de Nantes
Cet article est la réédition actualisée de l’article [BE 9 321] intitulé « Réseaux de froid
urbain » paru en 2000, rédigé par Jacques DELBÈS et Adrien VADROT BERNARD
1.
1.1
1.2
1.3
1.4
1.5
1.6
Production d’eau glacée ....................................................................
Conception de la production et intégration des RFU............................
Techniques de refroidissement ..............................................................
Performances ...........................................................................................
Maintenance et entretien ........................................................................
Coût d’investissement et d’exploitation ................................................
Impacts sur l’environnement ..................................................................
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—
—
—
—
—
—
-2
2
5
15
15
17
18
2.
2.1
2.2
2.3
2.4
2.5
2.6
Stockage d’énergie thermique SET ................................................
Conception et dimensionnement du stockage de froid........................
Technologies de stockage de l’énergie thermique ...............................
Performances ...........................................................................................
Régulation du systèmes stockage – machine frigorifique....................
Maintenance et entretien ........................................................................
Coût d’investissement et d’exploitation ................................................
—
—
—
—
—
—
—
20
20
24
29
29
29
30
3.
Conclusion .............................................................................................
—
30
4.
Glossaire .................................................................................................
—
30
Pour en savoir plus ........................................................................................ Doc. BE 9 321v2
lus que pour un bâtiment isolé, pour assurer un investissement compétitif
réunissant souplesse et économie d’exploitation, efficacité énergétique,
longévité et capacité d’extension, la conception de la production d’eau glacée
d’un réseau de froid urbain (RFU) fait appel à de nombreux paramètres
comme :
– la connaissance des futurs utilisateurs, de leurs exigences, de leurs profils
de charge ;
– l’analyse des coûts de l’énergie selon sa provenance ;
– le choix entre une ou plusieurs centrales frigorifiques...
Chaque dossier doit faire l’objet d’une étude particulière approfondie, car
chaque situation est particulière et la variété des solutions techniques rencontrées et décrites dans cet article montre qu’il ne faut surtout pas essayer de
généraliser hâtivement.
L’adjonction d’un stockage est un moyen supplémentaire de gestion rationnelle de l’énergie. Son dimensionnement et le choix de la technique pour la
meilleure complémentarité avec la production est aussi le résultat d’une étude
détaillée au cas par cas.
Dans cet article, qui fait partie d’une série de trois articles abordant le thème
des RFU, sont décrits les différents moyens de production de froid et les
différentes technologies de stockage du froid en détaillant la conception,
les techniques, les performances, la maintenance et le coût d’investissement.
Pour la production d’eau glacée, les impacts sur l’environnement sont également détaillés.
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RÉSEAUX DE FROID URBAIN __________________________________________________________________________________________________________
réseau de Montpellier, par exemple, cf. figures 7 et 8). La distribution s’effectue via des canalisations spécifiques vers les sous-stations des bâtiments raccordés. En sous-station, des échangeurs
sont installés et permettent de dissocier la distribution dite
« primaire » du « secondaire » situé à l’intérieur des bâtiments.
Sigles, notations et symboles
Abréviations
Symbole
Désignation
Dans cette configuration, les réseaux de chaleur et de froid sont
physiquement totalement distincts et indépendants (figure 1).
COP
Coefficient de performance
RFU
Réseau de froid urbain
RCU
Réseau de chauffage urbain
RCFU
Réseau de chauffage et de froid urbain
SET
Stockage d’énergie thermique
SEG
Stockage d’eau glacée
1.1.2 Production d’eau glacée par centrales
multiples
Un réseau peut avoir plusieurs sources de refroidissement. Il
peut s’agir de centrales de production d’eau glacée ou des stockages d’énergie thermique. Cette conception améliore la fiabilité
de la distribution. Elle peut aussi devenir une obligation lorsque la
demande de froid dépasse la capacité de débit des tuyaux à la sortie de la centrale.
1. Production d’eau glacée
Plusieurs centrales de production peuvent être gérées à distance
avec un bon contrôle des paramètres d’exploitation.
La production d’eau glacée peut être obtenue par différents
moyens fondés sur des techniques de refroidissement bien maîtrisées.
1.1.3 Production en parallèle et en série
En général, la production d’eau glacée pour les applications de
froid urbain fait appel à plusieurs machines pour fournir la charge
du RFU. Les refroidisseurs peuvent être disposés en série, en
parallèle ou selon une combinaison des deux moyens.
1.1 Conception de la production
et intégration des RFU
V
La mise en série permet différents étages de refroidissement
de l’eau.
La conception de la production d’un RFU doit inclure le calcul de
la puissance totale et la disposition de tous les composants en vue
de satisfaire, de la façon la plus économique possible, les exigences du projet, au niveau des investissements tout comme au
niveau de l’exploitation à long terme. Il faut prendre en compte la
possibilité de développement et rester ouvert à une évolution
future vers des solutions plus larges.
Exemple
Le processus de refroidissement du tunnel sous la Manche
(figure 21) fonctionne avec un système de refroidissement naturel
complété, en aval des retours réseau, par un refroidisseur à compression utilisant un moteur électrique pour amener l’eau des départs
réseau à la température nécessaire [29].
Cette technique est limitée au niveau de la puissance : lorsque la
charge est importante, le débit nécessaire dépasse le débit maximal
des évaporateurs en série. Si le réseau est composé de différentes
centrales, la configuration en série s’avère impossible.
1.1.1 Production d’eau glacée centralisée
L’essentiel des réseaux de froid urbain français a été développé
avec cette technologie. Le principe est celui d’une production de
froid à partir de machines à compression et/ou absorption (cas du
Figure 1 – Production centralisée (doc. Climespace, Paris)
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La technique la plus courante consiste à disposer les refroidisseurs en parallèle. L’eau glacée en sortie des refroidisseurs est
mélangée dans un collecteur avant d’être dirigée sur le réseau.
Exemple
La centrale des Halles, à Paris, comporte dix refroidisseurs à compresseurs (neuf centrifuges et un à vis) disposés en parallèle
(figure 2) [36].
On peut combiner les dispositions en série et en parallèle,
ce qui offre une bonne souplesse de fonctionnement et permet
d’adapter la puissance de production à la charge. C’est la solution
qui a été choisie sur le site Expo 98 à Lisbonne et à Capitol Hill, à
Washington (États-Unis) [37].
Exemple
À Lisbonne (figure 3), deux refroidisseurs à absorption en parallèle
assurent le premier étage du refroidissement, de 12 à 8 °C. Ils sont
disposés en série avec deux refroidisseurs à ammoniac et à compresseur à vis fonctionnant en parallèle et assurant le deuxième étage de
8 à 4 °C.
Figure 2 – Refroidisseurs disposés en parallèle (doc. Climespace, Paris)
V
Figure 3 – Principe de la centrale de trigénération (électricité, chaud, froid) pour les réseaux de chaud et de froid urbains de Lisbonne Expo 98
exploités par Climaespaço
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Figure 4 – Principe d’une production de froid à partir du circuit primaire d’un réseau de chaleur
1.1.4 Production de froid à partir d’un réseau
de chaleur
V
Il est possible de fournir du froid à partir d’un réseau de chaleur.
Il s’agit d’utiliser des technologies d’absorption (ou d’adsorption)
pour produire en sous-station, à partir d’eau chaude, d’eau surchauffée ou de vapeur, de l’eau glacée distribuée dans le ou les
bâtiments en aval de la sous-station.
L’avantage principal est que les canalisations en place peuvent
être utilisées et l’offre de froid faite sur la totalité du réseau de chaleur existant.
Le principe décrit sur la figure 4 est celui d’un réseau de chaleur
qui intègre sur le réseau primaire une production de froid
centralisée : l’exploitation de la production de froid est alors du
ressort du gestionnaire du réseau de chaleur.
Un autre type de schéma (figure 5) peut consister, avec pratiquement les mêmes équipements, à placer la production de froid
sur le circuit secondaire, c’est-à-dire sous la responsabilité de
l’usager du réseau de chaleur. Certains usagers pourront privilégier cette option.
Ces solutions permettent notamment d’utiliser les réseaux de
chaleur urbain RCU pendant l’été.
Deux solutions principales sont disponibles : intégration d’un
refroidisseur à absorption à simple effet dans un réseau d’eau
chaude à une température de 100 °C environ ou bien intégration
de refroidisseurs à double effet dans un réseau de vapeur ou d’eau
surchauffée.
En été, l’eau chaude des RCU est souvent à une température
plus basse que pendant l’hiver. La température de retour peut être
réduite à 60 °C. La combinaison du refroidisseur à absorption avec
la situation d’un RCU en été doit être optimisée.
Figure 5 – Principe d’une production de froid à partir du circuit
secondaire d’un réseau de chaleur
La puissance mécanique provenant du combustible est rendue
disponible sur l’arbre d’une machine puis est transformée sous
forme d’énergie électrique à l’aide d’un alternateur. Dans cette
configuration, l’énergie produite par la machine n’est pas utilisée
au mieux et l’efficacité du processus ne dépasse pas 20 à 40 %.
1.1.5 Cas particulier de la cogénération
La cogénération chaude est la production simultanée
d’électricité et de chaleur à partir d’une machine thermique
(moteur, turbine à combustion, chaudières + turbines à
vapeur...). Si la chaleur est utilisée pour produire du froid, on
parle alors de trigénération ou trigénération®, terme utilisé
par TRIGEN aux États-Unis.
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Le but de la trigénération est d’utiliser la plus grande partie des
60 à 80 % d’énergie disponible après la production d’électricité
(appelée aussi chaleur résiduelle ou fatale), et ainsi de réduire les
pertes énergétiques.
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La production de froid est réalisée généralement à travers un
refroidisseur à absorption à partir de la chaleur disponible (figure 6).
d’échappement chauds inutilisés peuvent être dirigés vers un autre
dispositif de récupération de chaleur ou envoyés directement vers
l’atmosphère.
La cogénération est largement développée dans certains pays où
le prix de l’énergie en fait une solution rentable. Elle ne fait pas
toujours l’objet d’une production de froid à partir de la chaleur
récupérable.
Refroidissement de l’air de combustion
Les performances des turbines à gaz diminuent lorsque la température de l’air de combustion augmente. L’incidence sur la puissance d’une turbine peut aller jusqu’à 15 à 18 % ou plus quand la
température de l’air est élevée. L’utilisation du froid en provenance
du refroidisseur à absorption pour refroidir l’air de combustion
permet d’éviter les hautes températures à l’entrée de la turbine. La
production de froid pour le réseau peut donc également améliorer
les performances d’été de la turbine à gaz [39] et apporter une
plus-value au système complet.
Exemple
Au Danemark, 70 % des chauffages urbains font appel à la
cogénération [38].
Un des intérêts de cette solution est aussi qu’elle permet de produire du froid à partir d’autres sources d’énergie notamment les
énergies dites renouvelables comme la biomasse ou les UIOM
(unités d’incinération des ordures ménagères), en particulier l’été
lorsque les besoins en chauffage sont nuls ou quasiment nuls.
Exemple
Le SERM de Montpellier regroupe trois réseaux de chaleur et de
froid dont le principal est celui qui dessert le quartier Antigone/Polygone avec 250 000 m2 de bureaux et 7 000 équivalents logements
ainsi que de nombreux éléments du patrimoine bâti de la ville. Depuis
1990, le nombre d’usagers froid a été multiplié par 3,5 pendant que le
nombre d’usagers chaleur était doublé.
Pour de plus amples renseignements sur la cogénération, se
reporter aux articles [BE 9 320] [BE 9 321] [BE 9 340] [B 8 910]
[BE 9 730] [BE 9 731] [BE 9 732].
La principale centrale de production de ces réseaux est une trigénération mise en service en 2000 dont sont représentés un schéma de
l’installation sur la figure 7 de production et le bilan énergétique sur la
figure 8.
La production de froid permet aussi une amélioration du rendement énergétique de la cogénération par récupération directe de la
chaleur des gaz ou par refroidissement de l’air de combustion.
1.2 Techniques de refroidissement
Récupération directe de la chaleur des gaz
Dans les RFU, les refroidisseurs à absorption à double effet
(§ 1.2.2.2) sont surtout utilisés pour obtenir davantage de puissance. Il leur faut une énergie motrice à haute température. Ils
peuvent recevoir directement les gaz d’échappement d’une turbine
à gaz ou d’un moteur à combustion interne par l’intermédiaire
d’un échangeur thermique spécialement conçu pour réchauffer la
solution de bromure de lithium par exemple [39]. Il est possible
d’augmenter la production de froid en améliorant la quantité et la
qualité thermiques du flux des gaz d’échappement, au moyen d’un
brûleur auxiliaire de postcombustion pour augmenter la température des gaz. La température de sortie de l’eau glacée du refroidisseur est réglée en contrôlant le flux de gaz d’échappement à
travers l’échangeur thermique au bromure de lithium. Les gaz
Comme évoqué dans le paragraphe 1.1, les deux principales
techniques industrielles de refroidissement pour la production
d’eau glacée sont basées, l’une sur le processus de compression,
l’autre sur la sorption (absorption ou adsorption). D’autres techniques peuvent cependant être envisagées.
1.2.1 Refroidisseurs à compression
La façon la plus courante de produire du froid selon un procédé
industriel consiste à utiliser le cycle dit à compression, dans lequel
un fluide en circuit fermé est comprimé, condensé, détendu et
vaporisé.
Figure 6 – Principe d’une cogénération avec production de froid par absorption à partir de bois
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V
Figure 7 – Schéma de la centrale de trigénération du SERM (doc. Montpellier – France)
– après refroidissement dans le condenseur, la vapeur du fluide
réfrigérant est totalement condensée et la chaleur dégagée par ces
opérations est évacuée dans le milieu ambiant (eau de refroidissement ou air environnant) ;
– le condensat est détendu à basse pression et à basse température à travers un détendeur ;
– la vapeur humide du fluide frigorigène absorbe alors, dans
l’évaporateur, la chaleur du milieu ambiant (eau de l’évaporateur,
à basse température : 0,5 à 10 °C), en s’évaporant et en revenant à
un état de vapeur surchauffée.
L’efficacité du refroidisseur est déterminée par le calcul du
coefficient de performance (COPf) de la machine frigorifique qui
s’exprime par le rapport entre l’énergie frigorifique fournie au
niveau de l’évaporateur (effet utile) et l’énergie mécanique
consommée au niveau du compresseur (travail) :
Figure 8 – Bilan énergétique de la centrale de trigénération
du SERM (doc. Montpellier – France)
avec Qc énergie récupérée au condenseur,
W
Le puits chaud nécessaire au niveau du condenseur, pour évacuer la chaleur du circuit froid, peut être fourni par l’air ambiant
(via une installation d’aérothermes) ou par une eau de nappe ou
de rivière (figure 9), ce qui permet de limiter l’impact du rejet de
chaleur sur l’environnement.
travail mécanique fourni,
Qe énergie fournie à l’évaporateur.
Pour une machine idéale, le calcul du COP interne peut être
effectué au moyen de la relation suivante :
1.2.1.1 Principe de fonctionnement et performance
La figure 10 illustre la technique de production du froid par
compression.
Le cycle de compression peut être décomposé comme suit :
– le fluide frigorigène à basse pression, légèrement surchauffé,
est comprimé à haute pression et à haute température ;
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avec Te
(K) température du fluide frigorigène à l’entrée de
l’évaporateur,
Tc
(K) température de condensation du fluide (au niveau du
condenseur).
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Figure 9 – Centrale frigorifique utilisant la Seine comme source froide (doc. Climespace – Paris)
qui réduit leur utilisation dans le domaine du froid urbain. Cette
technique est bien connue et facile à exploiter.
Il faut noter qu’il existe des compresseurs à pistons dont les
puissances frigorifiques vont jusqu’à 30 MW et qui peuvent
produire du froid jusqu’à des températures cryogéniques
(application très peu répandue). Ils sont très efficaces, mais
leurs coûts d’investissement et d’entretien sont élevés [20].
Les compresseurs à vis deviennent d’un emploi plus courant
et sont disponibles avec des puissances frigorifiques qui les
rendent plus adaptés aux applications de froid urbain (jusqu’à
7 MW). On porte de plus en plus d’intérêt aux compresseurs à vis,
particulièrement dans le cas d’une utilisation avec l’ammoniac car
ils sont très efficaces et bien adaptés aux taux de compression élevés de l’ammoniac. Cependant, par rapport aux compresseurs à
piston, leur bruit pose un problème potentiel. Mais, comparés aux
compresseurs centrifuges, ils restent très efficaces avec de l’eau de
refroidissement à basse température [20].
Les compresseurs centrifuges (figure 11) sont les plus courants dans le domaine du froid urbain. Leur puissance frigorifique
peut atteindre 25 MW et ils s’adaptent facilement aux variations de
charge, jusqu’à un minimum de 40 %. Au-dessous de cette charge
minimale, des phénomènes d’instabilité sont susceptibles de se
produire. Leur fiabilité, leur coût de fonctionnement par mégawatt
et leurs faibles dimensions sont aussi des avantages certains. La
différence de prix entre les compresseurs à vis et les compresseurs
centrifuges doit être évaluée sur la base des projets spécifiques.
Lorsque les températures du condenseur et de l’évaporateur ont
été fixées, il faut éviter les grands écarts de pression [21] par le
choix d’un fluide frigorigène approprié.
Figure 10 – Cycle de refroidissement par compression
En pratique, les COP réels des systèmes en fonctionnement sont
à peu près la moitié des valeurs théoriques et de l’ordre de 3 à 3,5
(ce qui correspond à 3 à 3,5 kWh de froid produit pour 1 kWh
d’électricité consommée). Ils peuvent aller jusqu’à des COP de 6
pour les refroidisseurs à compression. Les COP varient en fonction
de la charge du refroidisseur. Il faut effectuer des calculs précis du
COP pour optimiser le rendement de l’installation.
1.2.1.3 Moteurs utilisés dans les refroidisseurs
à compression
Pour plus de détails sur le fonctionnement théorique des
refroidisseurs à compression, se reporter aux références [17]
[18] [19].
En raison de leur faible coût d’investissement et de fonctionnement, les moteurs électriques sont ceux choisis le plus fréquemment pour l’entraînement des refroidisseurs à compression.
1.2.1.2 Techniques de compression
D’autres dispositions peuvent toutefois être envisagées. Les turbines à vapeur sont utilisées dans un certain nombre de réseaux
de froid urbain (RFU) aux États-Unis. Certains procédés industriels
et l’incinération de déchets sont générateurs de sous-produits
(chaleur ou vapeur) qui peuvent être obtenus gratuitement. Dans
de tels cas, les turbines à vapeur peuvent assurer le fonctionnement des refroidisseurs sans coût énergétique supplémentaire.
Différents types de compresseurs sont envisageables selon l’utilisation du refroidisseur.
Les refroidisseurs équipés d’un compresseur à pistons sont
généralement utilisés pour des puissances frigorifiques relativement modérées (inférieures à 1,5 MW) et ont un coefficient de performance plus bas que celui des autres types de refroidisseurs, ce
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Réseaux de froid urbain
Réseaux de distribution
par
Renaud FEIDT
Président de la société INVIVO Consulting sas (conseils aux dirigeants)
Ingénieur énergéticien diplômé de l’École polytechnique de Nantes
Cet article est la réédition actualisée de l’article [BE 9 322] intitulé « Réseaux de froid
urbain » paru en 2000, rédigé par Jacques DELBÈS et Adrien VADROT BERNARD
BE 9 322v2 - 2
—
3
—
3
—
3
—
4
1.
1.1
1.2
1.3
1.4
Conception d’un réseau de distribution de froid (RFU)..............
Deux principes de fonctionnement .........................................................
Deux modes de relations avec les utilisateurs (points de livraison) ....
Trois types de développement ................................................................
RFU et RCU combinés ..............................................................................
2.
2.1
2.2
2.3
2.4
2.5
—
—
—
—
—
—
4
4
6
9
11
13
2.6
Solutions techniques............................................................................
Canalisations de distribution ...................................................................
Isolation .....................................................................................................
Pompage....................................................................................................
Frigoporteurs : eau et fluides avancés ....................................................
Interfaces de raccordement entre les RFU et leurs clients ....................
Production locale décentralisée d’eau glacée à partir
d’un réseau de chauffage urbain .............................................................
—
14
3.
3.1
3.2
3.3
Performances .........................................................................................
Cadre juridique – Loi de transition énergétique .....................................
Enquête nationale sur les RFU en France ...............................................
Indicateurs de performance pour les RFU ..............................................
—
—
—
—
15
15
15
22
4.
4.1
4.2
4.3
Maintenance et exploitation ..............................................................
Recommandations pour l’installation du client......................................
Condensation d’eau et corrosion.............................................................
Inspection ..................................................................................................
—
—
—
—
22
22
24
24
5.
Coût d’investissement et exploitation ............................................
—
24
6.
Conclusion...............................................................................................
—
24
7.
Glossaire ..................................................................................................
—
25
Pour en savoir plus ........................................................................................ Doc. BE 9 322v2
elon une étude publiée en 2016 par l’Université de Stanford aux
États-Unis [1], les données historiques suggèrent, qu’au niveau mondial,
un pays atteint le maximum de sa productivité avec une température moyenne
de 13 °C (voir l’évolution de la production par rapport à la température
moyenne sur la figure ci-après).
L’effet de la température sur la productivité avait déjà été constaté à une
échelle locale avec, par exemple, une baisse de productivité dans l’industrie
textile en Inde les années chaudes alors que les ouvriers sont payés à la pièce.
Ce constat montre notamment l’importance du contrôle de la température
ambiante dans les espaces de travail et explique que les besoins en climatisation ne cessent d’augmenter partout dans le Monde.
p。イオエゥッョ@Z@ュ。イウ@RPQW
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Face à cette demande croissance et à l’augmentation des populations en
ville, les réseaux de froid urbain se sont considérablement développés et permettent la mutualisation des moyens pour une optimisation de la production
et de l’utilisation du froid.
V
Un des éléments majeurs d’un RFU est le réseau de canalisations et de distribution du froid qui peut représenter jusqu’à 75 % du coût d’installation total
d’un RFU.
En effet, le réseau de canalisations doit souvent être installé dans des parties
urbaines existantes nécessitant de grosses modifications d’aménagement et
une organisation des travaux pour limiter la gêne occasionnée aux riverains.
De plus, il doit être conçu de manière à permettre des développements futurs
en fonction des évolutions de l’aménagement des villes qu’il dessert.
Dans ce troisième et dernier article de la série consacrée au RFU (voir
aussi [BE 9 320] et [BE 9 321]), tous les aspects concernant le réseau de distribution de froid depuis sa conception jusqu’aux interfaces client et au cadre
juridique de classement des RFU sont développés.
Symbole
COP
CSTB
FEDENE
Coefficient de performance
Centre scientifique et technique du bâtiment
Fédération des services énergies et environnement
RFU
Réseau de froid urbain
RCU
Réseau de chauffage urbain
RCFU
1. Conception d’un réseau de
distribution de froid (RFU)
Désignation
Le réseau est l’ensemble des tuyauteries et appareils divers
permettant la distribution du froid à l’aide d’un fluide frigoporteur jusqu’aux « consommateurs » ou « clients » appelés
généralement les « usagers ».
Réseau de chauffage et de froid urbain
Plusieurs types de réseaux peuvent se rencontrer suivant la
configuration choisie.
SET
Stockage d’énergie thermique
SEG
Stockage d’eau glacée
La conception d’un RFU comporte les étapes principales
suivantes :
Syndicat national du chauffage urbain et de la climatisation urbaine
– cartographie des points de livraison (à définir avec les usagers
actuels et à venir) ;
SNCU
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– calculs des puissances à fournir pour chaque point de livraison
(recueilli par l’exploitant auprès des usagers), avec ou sans coefficient de simultanéité (courbe d’engagement importante pour le
dimensionnement de la production) ;
Lorsque la situation, la charge et le nombre de bâtiments sont
connus avant l’installation du RFU, la conception et l’optimisation
à long terme peuvent être effectuées dans de bonnes conditions.
1.2.2 Réseau ouvert
Il existe une méthode de calcul réglementaire de la consommation d’énergie d’un bâtiment existant notamment pour le
refroidissement. Il s’agit du TH-C-E mis au point en 2008 par
le CSTB (Centre scientifique et technique du bâtiment) [2].
Dans les réseaux ouverts, rien n’oblige les clients à se raccorder
au RFU. L’évolution d’un tel réseau et celle de la charge sont donc
plus difficiles à prévoir. Les réseaux d’eau glacée des villes, par
exemple, sont des réseaux ouverts.
– tracé général du réseau ou premier schéma de cheminement
des tuyauteries (avec prise en compte des voies publiques, des
constructions existantes et à venir...) ;
– calcul du diamètre des tuyauteries et dimensionnement des
sous-stations pour chaque point de livraison (avec prise en compte
des contraintes d’élévation, de perte de charge et de vitesse
d’écoulement) ;
– tracé définitif du réseau avec des plans pour chaque tronçon
devant intégrer toutes les possibilités de passage et les impératifs
techniques comme par exemple la compensation des dilatations,
les accès pour entretien.
Dans ce cas, le RFU est en compétition avec plusieurs refroidisseurs autonomes. L’opérateur doit optimiser le RFU à l’occasion de
chaque changement de charge du réseau [13].
Exemple
À Paris, le RFU de Climespace est typique d’un réseau ouvert. Un
accroissement de puissance frigorifique de 20 MW est prévu chaque
année. Le RFU évolue continuellement au niveau de la production
d’eau glacée, du pompage et du diamètre des tubes.
Il convient d’éviter le passage sur/sous des terrains privés
autant que possible et privilégier les voies publiques. Une étude
particulière doit être réalisée pour chaque passage de croisement avec les autres réseaux (gaz, eaux usées ou pluviales...).
Des modélisations sont nécessaires afin de simuler l’évolution
future du réseau et de faire les choix optimaux.
Il convient de remarquer que, dans ce type de réseau, des brides
en attente doivent être prévues pour permettre à de nouveaux
clients de se raccorder sans interrompre l’alimentation des autres
utilisateurs. Il est impossible de vider le réseau à chaque nouveau
raccordement.
1.1 Deux principes de fonctionnement
Se reporter à la référence [3].
On peut trouver dans la référence [15] des informations sur
les techniques de raccordement.
1.1.1 Réseau aller simple/retour simple
La fonction du réseau est, dans ce cas, d’apporter aux différents
points de livraison un fluide produit en un point ou de récupérer
des effluents de différents consommateurs et de les regrouper en
un seul point (exemple : retour de condensats).
1.3 Trois types de développement
1.3.1 Réseau ramifié
1.1.2 Réseau aller et retour
La plupart des RFU sont des réseaux ramifiés. Chaque client est
desservi par une seule centrale et l’accès à la centrale est unique. Il
y a donc un seul chemin possible pour chaque consommateur.
La fonction du réseau est, pour cette configuration, d’apporter le
fluide pour qu’il transfère l’énergie au point de livraison (en
l’occurrence du froid), de le récupérer et de le ramener au point
source (production de froid).
Ces réseaux sont relativement faciles à concevoir, mais il est difficile de les agrandir [13].
En cas de problèmes, l’alimentation du client doit être interrompue. De tels arrêts sont parfois inacceptables (industrie, hôpitaux)
de par les liens contractuels entre l’utilisateur et l’exploitant.
1.2 Deux modes de relations
avec les utilisateurs
(points de livraison)
1.3.2 Réseau maillé
1.2.1 Réseau fermé
Pour éviter les inconvénients des réseaux ramifiés, on a développé des réseaux maillés. Ce type de réseau permet d’alimenter
un même client suivant différents cheminements [13].
Un réseau fermé est conçu pour un nombre connu de clients et
une charge de refroidissement déterminée. Cette situation se présente dans les ensembles où tous les bâtiments doivent être reliés
au RFU pour être climatisés [13]. Des exemples typiques de
réseaux fermés sont les campus universitaires, les hôpitaux, les
aéroports ou les centres commerciaux.
Si une partie de réseau est en maintenance, le client reste alimenté par une autre voie. Les paramètres du réseau pouvant changer, les pompes doivent continuellement s’adapter aux paramètres
variables du réseau. Cette méthode convient particulièrement aux
réseaux ouverts, car leurs extensions se font de façon plus aisée et
techniquement meilleure.
Exemple
Pour intégrer une boucle à l’Université du Missouri à Rolla
(États-Unis), différentes solutions ont été étudiées sur la base d’éléments connus, comme les charges et les distances, afin de réduire
les heures de fonctionnement des machines ainsi que les coûts
d’exploitation et de maintenance [14].
Les réseaux maillés peuvent fonctionner avec des sources multiples de production d’eau glacée afin d’améliorer la fiabilité de
l’approvisionnement (cf. article [BE 9 321] Réseaux de froid urbain
– Production et stockage du froid ).
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1.3.3 Réseau bouclé
Il existe un développement intermédiaire qui est le réseau bouclé dans lequel il y a un ou des utilisateurs qui peuvent être alimentés par deux chemins au moins partiellement distincts.
1.4 RFU et RCU combinés
Comme on l’a signalé dans l’article Réseaux de froid urbain – Production et stockage du froid [BE 9 321] sur la production et le stockage d’eau glacée, la combinaison du froid et du chaud urbains peut
contribuer à l’amélioration des réseaux. Cette mixité peut également
être efficace dans le cas de distribution d’eau glacée.
Figure 3 – Système à quatre tubes
Exemple
Cette solution est utilisée dans le réseau de Climespace, à Paris, en
combinaison avec un RCU situé dans le centre commercial du quartier des Halles.
1.4.1 Système à commutation
Ce système permet, à partir d’une centrale unique, de fournir
soit de l’eau chaude, soit de l’eau glacée, avec l’inconvénient
majeur que ces deux énergies ne peuvent pas être livrées de façon
simultanée (figure 1). Ce procédé, somme toute très simple, n’est
envisageable que pour de petits RFU.
2. Solutions techniques
1.4.2 Système à trois tubes
2.1 Canalisations de distribution
Le système à trois tubes est d’utilisation courante. Les réseaux
d’eau chaude et d’eau glacée ont un retour commun (figure 2).
V
2.1.1 Conseils d’installation
L’investissement en tubes est réduit. La température de retour
varie en fonction des demandes en eau chaude et en eau glacée.
La consommation globale d’énergie peut être augmentée soit par
la production d’eau chaude si la température de retour est trop
basse, soit par la production d’eau glacée si la température de
retour est trop élevée.
Les méthodes d’installation sont fonction du matériau utilisé
pour les tubes. L’installation est plus facile dans les RFU que dans
les RCU en raison de la moindre dilatation due aux variations de
température.
La méthode d’installation traditionnelle risque de provoquer des
contraintes axiales sur les tubes en acier en raison des forces de
friction entre la gaine et le sol qui l’entoure.
1.4.3 Système à quatre tubes
Pour contrôler ces forces de friction et faire en sorte qu’elles
demeurent à un niveau acceptable, les tubes doivent être entourés
d’une couche de sable ordinaire, sans cailloux, d’une épaisseur
d’environ 10 cm. Cela permet également de s’assurer de l’absence
de tout objet tranchant qui pourrait endommager la gaine [16].
Le système à quatre tubes comprend un RFU et un RCU possédant un vase d’expansion commun sur leurs retours. Sous l’effet
de sa contraction, l’eau glacée est aspirée hors du vase d’expansion (figure 3). L’eau chaude, en se dilatant, l’y repousse. La combinaison de ces phénomènes peut simplifier les variations de
pression dans le système, en fonction du volume d’eau présent
dans les deux réseaux.
2.1.2 Emplacement
Différentes méthodes peuvent être utilisées pour l’implantation
des canalisations de distribution : surface, galerie technique, caniveau peu profond en béton, ou sous terre [18] [19].
2.1.2.1 Surface
L’installation en surface consiste en un tube de distribution
recouvert d’un isolant et d’une gaine protectrice entourant l’isolant, le tout soutenu par une structure de bois, d’acier ou par des
piliers en béton. Le coût de construction est généralement peu
élevé. Il est relativement facile de procéder aux inspections et opérations de maintenance. Toutefois, les systèmes en surface sont
beaucoup plus encombrants et, de surcroît, on ne peut pas faire
abstraction du risque qu’ils puissent être heurtés par des véhicules
ou par des machines. Le fluide interne risque de geler durant
l’hiver lorsqu’il n’est plus en circulation ou en échauffement.
Figure 1 – Système à commutation
2.1.2.2 Galeries techniques
Les galeries techniques sont suffisamment hautes pour permettre à une personne de surveiller et de procéder à l’entretien
des tuyaux. Elles sont généralement construites en béton renforcé.
La figure 4 illustre la manière dont les tuyaux de distribution sont
soutenus à partir des parois du tunnel ou du sol.
Figure 2 – Système à trois tubes pour RFU et RCU combinés
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Figure 6 – RCFU enterré de Lisbonne
Figure 4 – Galeries techniques avec alimentation, tuyaux
de retour et vannes (doc. Climespace)
Ces systèmes doivent pouvoir évacuer les eaux de ruissellement
et les eaux souterraines pour assurer un drainage intérieur
constant. Le caniveau doit donc être en pente (minimum 2 mm/m).
Bien que ces tunnels permettent un entretien facile, leur
construction augmente les coûts d’installation du réseau. Cette
solution est surtout utilisée dans les zones nouvelles.
2.1.2.4 Systèmes enterrés
On peut aussi utiliser les tunnels déjà existants, comme les
égouts. Le problème principal est alors la multiplication des
réseaux (eau, gaz, RCU, téléphone, électricité...). Ce problème est
d’autant plus important dans le cas des RFU que les tubes sont
d’un diamètre particulièrement élevé [20].
On désigne sous le nom de tuyauteries enterrées celles qui ne
sont pas installées en galeries ou en caniveau, mais directement
enfouies dans la terre avec leur calorifuge autour.
Les avantages recherchés dans ces systèmes, par rapport aux
caniveaux, sont :
– un prix de revient moins élevé ;
– un plus faible encombrement ;
– une parfaite étanchéité.
Placer des canalisations dans des tunnels existants peut aussi
provoquer une augmentation sensible de la température périphérique du réseau. Environ 80 % du RFU de Paris intra-muros est
situé dans des tunnels déjà creusés [21]. Dans ce cas, l’isolation
des conduites est similaire à celle des réseaux de surface.
Les systèmes enterrés sont de plus les plus économiques à installer, mais des travaux d’excavation sont indispensables lors de
leur entretien. Un réseau enterré doit parfois être protégé contre
les accidents pouvant survenir lors de travaux effectués en surface.
2.1.2.3 Caniveaux peu profonds en béton
Ces caniveaux sont situés sous terre, soit à faible profondeur
(comme illustré sur la figure 5) sous un couvercle de béton permettant les inspections visuelles, soit à grande profondeur. Ils sont
généralement réalisés en béton armé, coulé sur place et recouvert
de dalles préfabriquées.
Le réseau est organisé selon différentes techniques, en fonction
de paramètres tels que l’espace disponible, la topographie ou la
nature du terrain.
Les canalisations de grand diamètre sont utilisées pour l’eau
glacée ; celles de faibles dimensions pour l’eau chaude (doc.
Climespace).
Le béton armé doit être calculé, compte tenu du poids, de la
terre et des surcharges au niveau du sol, qui peuvent être fixes ou
roulantes (cas des caniveaux sous chaussés ou trottoir ou même
sous espaces verts : il faut prévoir le calcul suivant la règle de
l’essieu de 13 t du Code de la Route qui peut être réduit à 6 t ou
minimum 3 t dans le cas de passage uniquement de petits engins
d’aménagement et d’entretien ou de véhicules légers) [4].
Exemples
À Stockholm [22], le réseau de distribution du centre-ville est situé
dans des tunnels existants, mais il est souterrain à l’extérieur du
centre-ville.
À Lisbonne (figure 6), les RFU et RCU sont également enterrés
dans certaines zones, et situés dans des tunnels pour la distribution
principale.
2.1.3 Matériaux utilisés pour les tuyaux
de distribution
Un tuyau de distribution est le tube dans lequel circule de l’eau.
Il peut être entouré par plusieurs autres tubes destinés à sa protection et à son isolation.
Le choix du matériau du tube peut être variable. Il se fait en
fonction des contraintes environnantes [22] [23].
Les matériaux les plus couramment utilisés sont l’acier, la fonte
ductile, le polychlorure de vinyle, le polyéthylène haute densité et
la fibre de verre. Le cuivre est très peu employé en raison de son
Figure 5 – Caniveau peu profond en béton
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coût élevé. Dans certains cas, on peut avoir recours au béton
renforcé : bien que lourd et encombrant, il permet l’utilisation de
différentes techniques de branchement.
2.1.3.4 Polyéthylène haute densité (PEHD)
Les conduites en PEHD ont en commun avec l’acier de pouvoir
être soudées et d’offrir une bonne solidité, tout en présentant les
caractéristiques de légèreté et de résistance à la corrosion des
thermoplastiques. Étant donné qu’aucun joint à garniture n’est utilisé, la possibilité de contamination du sol par l’eau chimiquement
traitée s’en trouve considérablement réduite.
2.1.3.1 Acier
En raison de sa résistance et de son caractère durable, l’acier a
toujours été le premier choix des ingénieurs et des concepteurs
recherchant la meilleure qualité possible pour les conduites d’eau
froide. Il peut être soudé, ce qui élimine tout risque de fuite et
assure une meilleure longévité.
Le polyéthylène haute densité est moins cher que l’acier, mais
plus cher que le PVC ou que la fonte ductile. Comme les tubes sont
soudés, il est inutile d’utiliser des massifs d’ancrage, ce qui réduit
considérablement les coûts d’installation. Le temps de soudage est
moins long que dans le cas de l’acier, ce qui contribue également,
de façon significative, à la réduction des coûts.
De toutes les possibilités qui s’offrent, l’utilisation de l’acier est
l’une des plus onéreuses. Le coût d’installation est également
élevé, en raison des soudures qu’il convient d’effectuer. Les fabricants de tubes d’acier proposent une gamme complète de raccords, d’accessoires, de kits et d’outils destinés à simplifier la
conception, la fourniture et les problèmes de chantier. On peut utiliser de très longs tubes pour diminuer le nombre des jonctions,
ou des tubes easy bend, de diamètre plus réduit, livrés dans des
dimensions allant jusqu’à 200 m.
Dans les réseaux utilisant des canalisations en PEHD, en particulier dans les RFU, il est inutile d’utiliser des dispositifs de détente
et de compensation, ou des lyres de dilatation, bien que des changements de direction puissent se révéler nécessaires sur la longueur du tracé.
Dans certains cas, un système de protection cathodique doit être
installé afin d’éviter la corrosion extérieure des tubes. Cette protection est à l’origine d’une augmentation des coûts de maintenance.
2.1.3.5 Fibre de verre
Un avantage essentiel de la fibre de verre dans le cas de longues
canalisations est la réduction des pertes de chaleur, ce qui peut
permettre une économie considérable d’énergie de pompage.
2.1.3.2 Fonte ductile
V
Les tubes en fonte ductile sont les plus résistants après l’acier.
Ce sont les successeurs des tubes de fonte qui ont été constamment utilisés pour beaucoup de réseaux hydrauliques pendant
plus de cent ans. Il a été prouvé que la fonte ductile était plus
résistante que la fonte classique et qu’elle résistait mieux à la corrosion.
La faible masse et la facilité de pose de la fibre de verre sont
également des facteurs de réduction des coûts.
Le coût de fourniture de la fonte ductile est inférieur à celui de
l’acier. Toutefois, la nécessité d’ancrer tous les raccords et les
changements de direction (généralement au moyen de massifs
d’ancrage en béton) contribue à une augmentation du coût total.
Exemple
La fibre de verre a été utilisée depuis plus de 15 ans dans la région
de Saint-Louis (États-Unis) pour les canalisations d'eau glacée [24].
Cependant, bien que la fibre de verre résiste parfaitement aux
hautes pressions, il convient de prêter attention à la qualité des
joints, qui pourrait affecter la qualité du réseau.
Un autre inconvénient de la fonte ductile est que les joints à garniture ont un débit de fuite non négligeable. Les exigences relatives à l’installation demandent généralement l’utilisation de joints
étanches à la bulle durant les essais. Mais, pendant le fonctionnement, en raison du tassement du sol, du mouvement des tubes et
de la durée de vie des joints, des fuites peuvent se produire.
2.2 Isolation
Pour la distribution d’eau glacée, l’isolation doit prendre en
compte deux éléments distincts :
– le premier consiste à réduire les gains de chaleur dus à
l’environnement ;
– le second consiste à éviter la condensation d’humidité autour
des tubes, laquelle pourrait provoquer des problèmes secondaires
de corrosion.
Si l’eau est traitée chimiquement, ces fuites peuvent être à l’origine d’une pollution écologique. Le coût d’intervention s’ajoute
donc alors au coût de l’installation.
Généralement, les conduites en acier ou en fonte ductile
sont protégées contre l’humidité du sol et les risques de corrosion par un revêtement extérieur. Le polyéthylène est le matériau communément utilisé.
2.2.1 Réseaux isolés et non isolés
Dans les régions nordiques, il est habituel de ne pas isoler les
réseaux souterrains de canalisations d’eau glacée des RFU.
2.1.3.3 Polychlorure de vinyle (PVC)
Exemples
En Suède, les ingénieurs considèrent que les pertes énergétiques
sont relativement peu importantes en raison de la faible différence
entre la température de l’eau circulant dans les canalisations et celle
du sol [25]. L’eau glacée peut être distribuée dans des canalisations
souterraines qui ne sont pas isolées.
Les tubes en PVC sont bien moins résistants que ceux en acier
ou en fonte ductile. Toutefois, s’ils sont manipulés et installés
convenablement, ils peuvent résister aux pressions de charge et à
la pression extérieure.
Le PVC n’est pas sensible à la corrosion, qu’elle soit intérieure
ou extérieure, mais, comme il s’agit d’un thermoplastique, les
conduites ne doivent pas être installées à proximité de sources de
chaleur qui risqueraient de les endommager.
En Norvège, le RFU de Baerum, conçu en 1986, consiste principalement en tubes de plastique sans isolation [26]. Toutefois, les ingénieurs ont utilisé des tubes isolés dans les tunnels et les canaux de
béton de grandes dimensions.
Aux États-Unis, le RFU de Saint-Paul a été construit en 1992. Le
réseau est constitué de deux tubes d’acier enveloppés de polyéthylène, reliés à un système cathodique pour la protection contre la corrosion. Aucun tube n’est isolé, en raison des faibles pertes
énergétiques qui sont de 2 à 3 % sur une année.
Le PVC coûte moins cher que la fonte ductile, dont il possède
par ailleurs les mêmes avantages et désavantages du point de vue
de l’installation, y compris la nécessité d’utiliser des massifs
d’ancrage et les fuites potentielles.
Par contre, il est plus léger que la fonte, ce qui rend l’utilisation
de systèmes de levage moins onéreuse pendant la pose.
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Conversion et transport d'énergie
(Réf. Internet 42206)
1– Conversion de l'énergie
2– Installations thermiques de grande puissance
3– Cogénération
4– Thermoélectricité
5– Réseaux de chaleur
6– Réseaux de froid
7– Vecteurs énergétiques
Réf. Internet
Electricité : intermittence et foisonnement des énergies renouvelables
BE8586
145
L'hydrogène, vecteur de la transition énergétique
BE8587
151
Applications mobiles et stationnaires de l'hydrogène dans la transition énergétique
K855
153
Intermittence des énergies renouvelables et mix électrique
IN301
157

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Électricité : intermittence
et foisonnement
des énergies renouvelables
par
Hubert FLOCARD
Directeur de recherche CNRS en retraite, St Jean de Védas, France
Jean-Pierre PERVÈS
Ingénieur A&M et INSTN en retraite
Ancien directeur du CEA Fontenay-aux Roses et du CEA/Saclay, Bures sur Yvette, France
et
Jean-Paul HULOT
Ingénieur en retraite, CEA, Limours France
1 .
Contexte ..................................................................................................
2 .
2.1
2.2
Bases et caractéristiques des intermittences éolienne
et solaire ..................................................................................................
Éolien .........................................................................................................
Solaire photovoltaïque .............................................................................
—
—
—
3
20
15
3 .
Une Europe éolienne future ? ..................................................
—
18
4 .
Éolien et solaire en France en 2030 selon le scénario
ADEME .....................................................................................................
Production horaire 2030 de l’éolien. Impact original
de l’éolien marin .......................................................................................
Production horaire cumulée de l’éolien et du solaire en 2030..............
Cinétique des variations de puissance dans le scénario
ADEME 2030..............................................................................................
Production horaire requise des moyens de compensation ..................
Centrales classiques. Performances de suivi de charge et impact
du suivi de l’intermittence........................................................................
—
20
—
—
20
20
—
—
21
22
—
23
4.1
4.2
4.3
4.4
4.5
BE 8 586 - 2
5 .
5.1
5.2
5.3
Perspectives de stockage à l’horizon 2030 ...................................
Step de mer ...............................................................................................
Stockage hydrogène.................................................................................
Compensation, stockage ou limitation des puissances livrées ?..........
—
—
—
—
24
24
24
2 5
6.
Impact CO2 du scénario ADEME. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
—
25
7.
Conclusions ............................................................................................
—
26
Pour en savoir plus .........................................................................................
Doc. BE 8 586
es expressions, « Il y a toujours du vent quelque part ». « Il y a du soleil en
milieu de journée quand le besoin d’électricité est le plus fort », en général
énoncées sans s’appuyer sur de quelconques observations chiffrées, semblent
relever d’un solide bon sens populaire. Or, ces dernières années ces phrases,
imprécises et de ce fait sans véritable utilité, se sont retrouvées élevées au
rang de concepts par les promoteurs des énergies renouvelables électrogènes.
On parle alors de « foisonnement » et, en ce qui concerne l’électricité photovoltaïque, d’« adéquation production/consommation », auxquels on attribue la
vertu de lisser ou d’ajuster aux besoins la production d’un pays ou celle d’un
continent. Le foisonnement représente donc la capacité que pourrait avoir la
production d’une zone climatique de compenser un excès ou un déficit de pro-
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est strictement interdite. – © Editions T.I.
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ÉLECTRICITÉ : INTERMITTENCE ET FOISONNEMENT DES ÉNERGIES RENOUVELABLES ____________________________________________________________
duction dans une autre zone climatique : cette notion s’applique à l’éolien
comme au solaire.
Ce faisant, on cherche avant tout à minorer une faiblesse majeure de ces
productions : elles sont essentiellement intermittentes (ce travail traite
conjointement de l’intermittence climatique de l’éolien et du solaire et de la
variabilité journalière et saisonnière de ce dernier) et très médiocrement prévisibles. On verra qu’elles deviennent difficilement gérables dès que leurs
contributions dépassent un certain niveau. En effet, un examen des données de
production détaillées, en France comme dans l’Europe interconnectée, montre
que l’intermittence est toujours très prononcée. L’amplitude et la cinétique des
variations de production peuvent, même pour des tailles modestes de parcs
éolien ou solaire, rapidement dépasser celles de la consommation de sorte qu’ils
ne répondent que très imparfaitement aux besoins et souvent en créent de
nouveaux.
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Qu’est-ce que le foisonnement des productions ?
Production d’électricité en Allemagne en 2013 [8] [9]
Les dictionnaires français associent le mot « foisonnement »
à la seule notion de « prolifération ». Dans cet article, nous
avons plutôt utilisé l’acception originale, plus technique et
maintenant reprise de façon récurrente par des organismes
publics comme l’ADEME ou RTE, de « réduction des fluctuations temporelles de la production éolienne ou solaire par une
dispersion géographique de ses sites de production ». Le foisonnement ainsi défini attribue donc à une délocalisation spatiale de la production, la vertu de lisser son évolution en
fonction du temps.
Pour illustrer ce concept, on montre, par exemple, que, sur
un jour ou quelques jours soigneusement choisis, la production éolienne du Languedoc-Roussillon évolue plus ou moins
en opposition de phase avec celle des régions du Nord de la
France. Cependant, considéré d’un point de vue statistique,
cet exemple n’est pas plus informatif de la réalité du foisonnement que l’observation de deux personnes qui lancent simultanément une pièce de monnaie : il arrive parfois que l’une
tombe sur pile et l’autre sur face.
L’Allemagne disposait fin 2013 de la puissance intermittente
la plus élevée d’Europe avec près de 70 GW installés :
– solaire photovoltaïque :
35,65 GW
– éolien terrestre :
33,63 GW
– éolien marin :
La figure 1 montre la répartition de l’ensemble des productions d’électricité.
On note une prépondérance de la production fossile qui
dépasse 61,5 %. On observe depuis plusieurs années une
croissance régulière de la contribution des productions les
plus émettrices de CO2 : le charbon et le lignite, corrélée à une
décroissance du nucléaire et malgré un développement insoutenable de l’électricité intermittente. L’efficacité de celle-ci est
faible, avec un facteur de charge annuel moyen de 13 %. La
situation géographique et les conditions climatiques font que
l’éolien terrestre et le solaire photovoltaïque ont chacun un
rendement médiocre : 16 et 9,5 % respectivement.
L’Allemagne dispose de réserves fossiles considérables
(lignite). Leur utilisation lui permet (la plupart du temps) de
faire face à l’imprévisibilité de la production de ses parcs
intermittents. Pour le futur, elles lui garantissent la possibilité
de couvrir ses besoins électriques.
C’est donc sur un ensemble important de données correspondant à une longue période – une année par exemple et
pour une résolution temporelle cohérente avec les besoins
d’ajustement du réseau électrique (l’heure ou moins) – que la
réalité du foisonnement doit être testée.
Pour cela, nous utilisons des données couvrant, pour la France,
les productions éoliennes 2011/2012/2013 et solaire 2013 ainsi que
l’éolien2012/2013 de 7 pays de l’Ouest de l’Europe.
1. Contexte
La situation allemande actuelle fournit une première illustration
en vraie grandeur (cf. encadré) puisque la puissance intermittente
qu’elle a déjà déployée la met dans l’obligation d’exporter ses problèmes de gestion de réseau vers ses voisins, qu’il s’agisse de surou de sous-productions. Une analyse trop approximative de
l’impact réel de fortes variabilités de la production peut induire
ultérieurement des besoins d’investissements surdimensionnés
dans des capacités souffrant de taux de charge faibles, tant pour la
production d’électricité que pour son transport. Le suréquipement
éolien et solaire, les puissances de réserve traditionnelles en
secours importantes et non rentables, le surdimensionnement des
réseaux haute tension nationaux et internationaux et la nécessité
de création de parcs de stockage de l’électricité excédentaire se
traduiront par des prix très élevés de l’électricité affaiblissant de
fait la compétitivité économique de l’Europe. Ce risque nous
semble insuffisamment apprécié faute d’analyse exhaustive et
détaillée. Ce travail souhaite contribuer à combler cette lacune.
BE 8 586 − 2
0,903 GW
Les 7 pays sont : Allemagne, Belgique, Danemark, Espagne,
France, Irlande, UK. Les données sont extraites des sites des
réseaux nationaux (pour la France fournies par RTE Réseau de
transport d’électricité) ou des ministères en charge. La plupart
sont disponible sur le site de l’ingénieur danois Paul Frederik
Bach.
En ce qui concerne les productions cumulées éolien et solaire,
nous n’analysons que la situation française car les données solaires
européennes sont moins accessibles. Nous considérons les propriétés de ces productions (régularité, rendement, prévision),
l’ampleur des effets du foisonnement et en particulier la transition
qui s’opère dans les caractéristiques de la production éolienne au
fur et à mesure que la zone géographique s’agrandit de la France à
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est strictement interdite. − © Editions T.I.
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____________________________________________________________ ÉLECTRICITÉ : INTERMITTENCE ET FOISONNEMENT DES ÉNERGIES RENOUVELABLES
La puissance intermittente (éolien + solaire) est supérieure à la puissance nucléaire française (+ 22 %)
et produit 5 fois moins, sans être contrainte au suivi de charge.
La puissance nucléaire a diminué en 2011 de 21,5 à 12,7 GW.
La puissance éolienne + solaire a augmenté depuis de 24,6 GW.
La contribution à la production d’électricité du lignite et du charbon a cru en Allemagne de 52 % à 57,6 % de 2011 à 2013.
Allemagne 2013 (hors biomasse et STEP)
Fossile : 61,5 %
Nucléaire : 19,3 %
TWh
140
120
100
145,1 TWh
GW
12 GW
110,3 TWh
92,3 TWh
Éolien + solaire : 16 %
294 TWh
68 GW
80
60
39,4 TWh
40
47,2 TWh
77 TWh
29,7 TWh
15,4 TWh
20
Uranium
Lignite
Charbon
Gaz
Éolien
Solaire
Hydraulique
Ratio des facteurs de charge annuels nucléaire/intermittentes = 6,6
Figure 1 – Contributions à la production d’électricité allemande en 2013 (doc. Bundesnetzagentur)
l’Europe de l’Ouest. L’observation, comme la simulation, montre
qu’aussi étendue que soit la superficie de production considérée au
plan européen, la production intermittente reste de nature essentiellement aléatoire et que le lissage de la production demeure
intrinsèquement limité. Nous montrons ensuite que la cinétique
d’évolution des puissances horaires cumulées éolien et solaire en
France est très forte et qu’elle est médiocrement anticipée
aujourd’hui. Finalement, nous regardons quelles conséquences
résulteraient d’un remplacement des moyens classiques pilotables
actuels par des puissances intermittentes. Parmi les scénarios proposés dans le cadre du débat national sur la transition énergétique
et de la préparation d’une future loi, l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, placée sous la tutelle des
ministres chargés de la recherche) propose un ambitieux programme de déploiement éolien et solaire. Dans cet article, nous
étudions ce programme pour identifier les contraintes qui s’imposeraient au système de distribution d’électricité français, encore
considéré comme un des plus performants au monde.
Dans ce qui suit, nous appellerons puissance installée (Pinst)
pour l’éolien la puissance annoncée du parc éolien, et pour le
solaire sa puissance crête. Ces puissances sont comparées aux
puissances P effectivement livrées au réseau à tout instant ou
en moyenne sur une certaine période (jour, semaine, mois
année). Elles sont exprimées en MW ou GW. Les productions
d’énergie sont exprimées en MWh, GWh ou TWh. Nous utilisons aussi la notion de facteur de charge qui renvoie à une performance de l’éolien ou du solaire spécifique d’un lieu, d’un
pays indépendamment de la puissance installée. Il s’agit du
rapport entre l’énergie livrée sur une période donnée et le produit de la puissance installée par la durée de la période. Le facteur de charge est une grandeur sans dimension comprise
entre 0 et 1. Nous donnons sa valeur en % (de 0 à 100).
Le projet de loi sur la transition énergétique en cours d’examen
au Parlement a retenu un scénario très voisin de celui de l’ADEME
en ce qui concerne la part d’énergies renouvelables électrogènes
(mais sans préciser les sources). Les conclusions résultant de
l’examen du scénario ADEME, sont donc très voisines de celles qui
résulteraient d’un examen détaillé du projet de loi.
La figure 2 donne les caractéristiques de la production électrique
française 2013 (tableau 1), issues du suivi par 1/2 d’heure de la
production de RTE (site eCO2mix de RTE).
Le bilan de 539,4 TWh de la production d’électricité en France
2013 fait apparaître un excédent de production de 9,8 % : équilibre
exportations moins importations (8,5 %) et alimentation des STEP
(cf. définition ci-après) pour stockage d’électricité en excès
(1,25 %). L’éolien et le solaire, avec une puissance installée de
12,4 GW fin 2013 ont fourni 3,8 % de l’énergie électrique. Par
comparaison, si le nucléaire se voyait accorder la même priorité
d’enlèvement, son taux de charge annuel moyen serait de 90 %
(comme dans les pays voisins) et il produirait 3,9 fois plus d’électricité par GW installé.
Le forum économique mondial classe la France 3e meilleur
système énergétique de l’OCDE et l’institut KPMG, pour le
compte de l’Institut Choiseul, met la France au premier rang
pour la qualité de son électricité.
2. Bases et caractéristiques
des intermittences
éolienne et solaire
Stations de transfert d’énergie par pompage STEP : en cas
de surproduction d’électricité, l’eau d’un réservoir inférieur
peut être pompée vers un réservoir supérieur où elle est
stockée. Lorsque les besoins le nécessitent l’eau est turbinée et
revient dans le réservoir inférieur : le rendement global varie
de 76 à 85 %.
Les intermittences de l’éolien et du solaire qui sont d’origine et
de natures différentes sont d’abord examinées séparément, puis
ensuite globalisées au niveau du pays.
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est strictement interdite. – © Editions T.I.
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ÉLECTRICITÉ : INTERMITTENCE ET FOISONNEMENT DES ÉNERGIES RENOUVELABLES ____________________________________________________________
2250
2000
Production électrique (GWh)
1750
1500
1250
1000
Solde physique importateur
Combustibles fossiles
Photovoltaïque
Éolien
Hydraulique
Nucléaire
Autres (ENR thermiques)
750
500
250
0
01/01
01/02
01/03
01/04
01/05
01/06
01/07
01/08
01/09
01/10
01/11
01/12
Selon les besoins et en fonction de la finesse recherchée, les données ont été moyennées sur 1/2 ou 1 h.
Figure 2 – Production journalière d’énergie électrique en France en 2013
Tableau 1 – Production d’électricité en France en 2013 (doc. RTE, 31/12/2013)
W
Puissance installée
(MW)
Production
(TWh)
Production
(%)
Nucléaire.....................................................
63,130
403,7
73,3
Combustibles fossiles ...............................
dont charbon..............................................
dont fioul ....................................................
dont gaz ......................................................
25,576
6,341
8,779
10,456
44,7
19,8
5,4
19,5
8,1
3,6
1,0
3,5
Hydraulique ................................................
25,404
75,7
13,8
Éolien ..........................................................
8,143
15,9
2,9
Photovoltaïque ...........................................
4,330
4,6
0,8
Autres renouvelables ................................
1,478
6,3
1,1
128,061
550,9
100
Origine
Total
avec ρ
2.1 Éolien
masse volumique de l’air,
V1 , V2 vitesses de l’air en amont, à l’aval de l’éolienne,
S
2.1.1 Fluctuations de la production du parc éolien
français
La production énergétique des éoliennes s’appuie sur une
science bien maîtrisée. L’intermittence reflète les changements de
la vitesse du vent de sorte qu’en première approximation, le rendement d’une éolienne peut s’écrire (loi de Betz) :
Précup =
 V 
1
1
S
ρ (V12 − V22 ) (V1 + V2 ) = S ρV13  1+ 2 
2
2
4
 V1 
BE 8 586 – 4
surface de l’éolienne.
Selon cette équation simplifiée, le rendement théorique maximal
d’une éolienne est de 59 % quand la vitesse du vent à l’aval de
l’éolienne V2 est égale au tiers de la vitesse V1 en amont (en
pratique, pour une éolienne donnée, V2 est une fonction de V1). La
seconde écriture de la formule montre que la vitesse du vent a une
influence énorme sur le rendement puisqu’elle intervient à la puissance trois. Il en résulte des variations considérables de la puissance livrée en fonction des conditions de vent. À titre
d’illustration, la figure 3 montre le profil de variation du facteur de
charge éolien français 2013.
 V22 
 1− 2 
 V1 
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est strictement interdite. – © Editions T.I.
QTX
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____________________________________________________________ ÉLECTRICITÉ : INTERMITTENCE ET FOISONNEMENT DES ÉNERGIES RENOUVELABLES
85
80
75
70
65
Facteur de charge (%)
60
55
50
45
40
35
30
25
20
15
10
5
0
Janv Janv Janv Fevr Mars Mars Avril Avril Mai Mai Mai Juin Juin Juil Juil Aout Aout Sept Sept Oct Oct Nov Nov Déc Déc
Figure 3 – Facteur de charge éolien demi-horaire en France en 2013
2.1.2 Nature stochastique de la production
éolienne
On observe que le facteur de charge a varié entre 0,5 et 79 % de
la puissance installée, qui a évolué au long de l’année de 7 153 à
8 143 MW en fin d’année (d’après le tableau de bord éolien et photovoltaïque du ministère de l’environnement pour les puissances
installées au long de l’année et pour les données de production le
site eCO2mix de RTE). La puissance éolienne livrée a été de
41 MW à son minimum et de 6 417 MW à son maximum. La puissance annuelle moyenne 2013 a été de 1 803 MW soit 23,2 % de
Pinst. Ce facteur de charge annuel moyen est assez stable puisque,
sur quatre années consécutives, il s’est toujours trouvé dans
l’intervalle [21,5 %, 24 %].
L’accumulation de données détaillées sur la production éolienne
en Europe (répartition géographique et résolution temporelle au
niveau de 1/4 h à 1 h) conforte la pertinence d’une interprétation
en termes de variables aléatoires. Les phénomènes astronomiques, météorologiques, et hydrodynamiques sous-jacents
peuvent bien sûr être décrits de façon quasi déterministe. Cependant, la complexité de l’ensemble des équations à traiter simultanément, jointe aux incertitudes sur les conditions initiales, interdit
une prédiction précise pour un futur même proche (voir plus loin
la discussion de la qualité des prévisions à 24 h et à 1 h), et ce en
n’importe quel endroit du continent.
On constate également que :
– des épisodes de vents faibles avec des facteurs de charge inférieurs à 5 % sont fréquents. Cela implique une médiocre garantie
de fourniture. De plus, comme on le verra, ces périodes ne sont
pas prévisibles au niveau requis pour permettre une planification
fiable des besoins de disponibilité de l’ensemble du parc de production d’électricité, obligeant à prévoir des puissances de
réserve ;
La collecte systématique, l’observation et le traitement des données de production au fil des jours et des années fournissent des
informations toujours plus précises sur les lois de probabilité qu’il
est possible d’assigner à cette production aléatoire : valeurs
moyennes sur une période donnée et pour un lieu choisi,
écart-type autour de cette valeur, asymétries, moments, etc. Ainsi,
nous discutons des variations de la production éolienne française
pour une semaine – un mois – ou un jour – donné de l’année. Les
lois de probabilité font aussi apparaître naturellement des dominantes de zones favorables qui peuvent aider à orienter les stratégies de déploiement. C’est donc en s’appuyant sur un formalisme
stochastique et l’ensemble de données que les réseaux électriques
européens mettent depuis plusieurs années à la disposition du
public que l’on se propose d’analyser le concept de foisonnement.
– les facteurs de charge horaires supérieurs à 40 %, sont peu fréquents. On peut vérifier que la quantité d’énergie produite pour de
tels facteurs de charge supérieurs constitue une très faible part de
l’énergie totale livrée ;
– les périodes de production faible ou forte apparaissent à tout
moment de l’année, de manière aléatoire.
Les éoliennes modernes ont déjà un rendement très élevé, souvent proche du rendement théorique, de sorte qu’il est légitime de
considérer l’éolien comme une technologie mature. Les gains de
productivité escomptables ne pourront plus résulter que du choix
de zones très ventées (par exemple des sommets de collines, des
implantations marines et avec des éoliennes de plus en plus
hautes puisque le vent est statistiquement plus fort quand on est
en mer et loin de sa surface). Dans la mesure du possible, ce critère d’emplacement a déjà bien été pris en compte par les promoteurs de l’éolien terrestre. Seul l’éolien marin (offshore) pourra
conduire à une amélioration significative de la productivité
moyenne du parc.
2.1.3 Foisonnement de la production éolienne
en France et logique de déploiement
Grâce aux valeurs fournies par le site RTE/eCO2mix, on peut
entreprendre une analyse plus approfondie de la validité de la
notion de foisonnement, qui résulterait (selon l’ADEME, par
exemple) de l’existence de trois zones éoliennes distinctes en
France. En effet, pour l’année 2013, on dispose de la production
éolienne toutes les demi-heures (17 520 valeurs) de 17 régions de
la France continentale.
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BE 8 586 – 5
W
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ÉLECTRICITÉ : INTERMITTENCE ET FOISONNEMENT DES ÉNERGIES RENOUVELABLES ____________________________________________________________
Tableau 2 – Facteur de charge moyen 2013
et puissance installée à la fin 2013 pour la France et 17 régions françaises
W
Zone
Facteur de charge moyen 2013
(%)
Puissance installée 31/12/2013
(M W)
France (17 régions) ............................................................
23,2
8 042
Auvergne .............................................................................
21,0
188
Basse-Normandie ...............................................................
22,8
227
Bourgogne ..........................................................................
19,2
150
Bretagne ..............................................................................
21,3
782
Centre ..................................................................................
24,1
758
Champagne-Ardenne .........................................................
23,0
1 284
Haute-Normandie ...............................................................
24,5
249
Languedoc-Roussillon........................................................
31,1
479
Limousin..............................................................................
23,1
45
Lorraine ...............................................................................
19,7
719
Midi-Pyrénées .....................................................................
22,1
401
Nord-Pas-de-Calais .............................................................
25,2
530
Pays de la Loire ..................................................................
22,1
547
Picardie ................................................................................
22,7
1 143
Poitou-Charentes ................................................................
21,7
326
PACA....................................................................................
28,9
45
Rhône-Alpes........................................................................
27,0
169
En gras, les chiffres correspondent aux facteurs de charge supérieurs à la moyenne nationale et aux six puissances installées les plus grandes.
moins fluctuante que celle d’une région. Avant toute discussion, il
est utile de rappeler deux propriétés statistiques de base :
– la somme d’un nombre quelconque de variables aléatoires
reste une variable aléatoire ;
– le théorème dit de la limite centrale affirme que, sous certaines
hypothèses très générales, la distribution de probabilité de la
somme d’un nombre croissant de variables aléatoires indépendantes tend vers une fonction universelle.
Pour l’instant, eCO2mix ne fournit pas d’information pour
les quatre régions dont la puissance du parc éolien est très faible, voire inexistante : Île de France, Alsace, France-Comté,
Aquitaine. Sur l’ensemble de ces quatre régions, à la fin 2013,
selon les données du ministère, il y avait seulement environ
60 MW installés.
Le tableau 2 donne les valeurs moyennes annuelles des facteurs
de charge éoliens régionaux et leurs puissances installées fin 2013.
On a mis en exergue les régions dont la performance excède la
moyenne nationale et les six régions où les puissances installées
sont les plus importantes. On constate que seules les trois régions
du Sud-est, la Haute-Normandie, le Centre et le Nord-Pas-de-Calais
ont contribué à faire monter la moyenne nationale du facteur de
charge.Ce tableau montre que sur les six régions dont le parc
éolien est le plus important, soit au total un peu plus de 65 % du
parc installé des 17 régions, cinq font baisser la moyenne nationale (Bretagne, Champagne-Ardenne, Lorraine, Pays de la Loire,
Picardie). Les facteurs qui expliquent les plus ou moins grandes
implantations éoliennes peuvent certes être de nature physique
(exiguïté de la zone vraiment ventée au sein d’une région) mais
aussi le plus souvent sociale (attrait du tarif d’achat garanti par
l’État, dynamisme des promoteurs éoliens locaux, effet NIMBY
(Not In My Backyard, n’importe où mais pas près de chez moi),
appréciation plus ou moins grande de l’impact sur l’activité touristique...).
Dans le contexte éolien, cette fonction correspond à la diminution maximale du nombre de productions demi-horaires qui, en
valeurs relatives, s’écartent le plus de la production moyenne
annuelle. Les fluctuations extrêmes ne sont pas supprimées ; seule
leur fréquence relative est réduite.
L’analyse statistique des données éoliennes régionales (cf. encadré) montre, contrairement à certaines affirmations, qu’il n’existe
en France que deux zones éoliennes. Or, l’une d’elle, qui couvre
tout l’Ouest, le Nord et l’Est du Massif Central est presque dix fois
plus équipée que la seconde (Languedoc/Roussillon, Rhône-Alpes
et PACA). Tout indique que cette situation va perdurer pour au
moins deux raisons :
– la superficie de la première région est considérablement plus
vaste ;
– c’est cette même région qui devrait accueillir les futurs parcs
offshore, en principe beaucoup plus efficaces.
La situation déséquilibrée actuelle, préjudiciable au foisonnement, ne peut que s’amplifier et on verra plus loin que ce déséquilibre aura également des effets sur les gradients de puissance
du parc français.
L’impact positif espéré du foisonnement repose sur l’hypothèse
que la somme des productions éoliennes de diverses régions est
BE 8 586 – 6
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QUP
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beXUXW
L’hydrogène, vecteur
de la transition énergétique
par
Thierry ALLEAU
Président d’Honneur
Association Française pour l’Hydrogène et les Piles à Combustible, Paris, France
1.
Émissions de CO2 .................................................................................
2.
Pourquoi l’hydrogène ?.......................................................................
—
3
3.
3.1
3.2
3.3
Hydrogène : production, transport, stockage, distribution .....
Sources d’électricité : « décarbonée »....................................................
Électrolyse de l’eau ..................................................................................
Stockage – Distribution............................................................................
—
—
—
—
3
3
4
5
4.
4.1
4.2
Applications énergétiques de l’hydrogène ...................................
Applications directes ...............................................................................
Applications à la mobilité........................................................................
—
—
—
5
5
5
5.
Enjeux industriels et économiques .................................................
—
7
6.
Aspects environnementaux, sécuritaires et réglementaires ...
—
8
7.
Politique nationale...............................................................................
—
8
8.
Politiques internationales..................................................................
—
8
9.
Conclusions............................................................................................
—
9
10. Glossaires ...............................................................................................
—
9
Pour en savoir plus .......................................................................................
BE 8 587 - 2
Doc. BE 8 587
’est en 1972 que la Conférence de Stockholm, réunie sous l’égide des
Nations Unies, a placé pour la première fois la dégradation de l’environnement, due aux émissions excessives de gaz à effet de serre tels que le CO2,
comme préoccupation internationale. En 1997, la plus grande partie des pays
industrialisés (sauf les États-Unis) signe le protocole de Kyoto par lequel ils
s’engagent à une baisse de 5 % des gaz à effet de serre par rapport à 1990. Or,
le taux de CO2 dans l’atmosphère en 1990 était voisin de 360 ppm ...il dépasse
aujourd’hui 410 ppm ! Cet échec est la cause, la plus communément acceptée,
du changement climatique observé ces dernières décennies, lequel dérèglement a déjà de lourdes conséquences sur l’environnement.
Ce constat négatif a conduit à un nouvel accord : l’accord de Paris, ratifié
en octobre 2016 par 174 pays et l’Union européenne. Cet accord a pris pour
objectif principal de contenir la hausse de la température moyenne, par
rapport aux niveaux préindustriels, bien au-dessous de 2 °C, et la limiter autant
que possible à 1,5 °C, objectif très ambitieux qui exige de réduire de manière
intensive les émissions de CO2. Or, ces émissions proviennent essentiellement
de l’utilisation des combustibles fossiles, sources d’énergie incontournables
jusqu’ici, qui satisfont 80 % des besoins énergétiques mondiaux. L’équation
devient donc simple à poser, si ce n’est à résoudre : il faut baisser de manière
drastique la consommation des combustibles fossiles, émetteurs de CO2, dont
nous avons déjà consommé, en moins de deux siècles, la moitié des réserves
initiales alors qu’il reste plus de 4 milliards d’années de vie à la Terre ! Donc,
devoir abandonner progressivement les énergies fossiles carbonées devient
p。イオエゥッョ@Z@。ッエ@RPRP
C
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QUQ
BE 8 587 – 1
W
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L’HYDROGÈNE, VECTEUR DE LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE _________________________________________________________________________________
une nécessité et c’est devoir les remplacer en grande partie par les énergies
renouvelables inépuisables à l’échelle de la vie sur Terre, à savoir essentiellement celles fournies par la machine solaire. La question reste donc de savoir si
cette vision est réaliste et comment alors les mettre en œuvre et les transformer pour aboutir à des sources d’énergie aussi sûrement et facilement
utilisables que les combustibles fossiles.
de tonnes de CO2 par an : une augmentation de près de 20 %
seulement des émissions naturelles et le monde se transforme
dangereusement !
PPE : Programmation Pluriannuelle de l’Énergie
FCH-JU : Fuel Cells and Hydrogen Join Undertaking
GNL : Gaz Naturel Liquéfié
TICPE (ex TIPP) : Taxe Intérieure de Consommation sur les
Produits Énergétiques
FCHEA : Fuel Cell and Hydrogen Energy Association
AFHYPAC : Association Française pour l’Hydrogène et les
Piles à Combustible
Dans un premier temps, les tentatives pour limiter les émissions
de CO2 ont consisté à promouvoir l’utilisation des combustibles
fossiles les moins polluants à service rendu identique, c’est-à-dire
limiter l’utilisation du charbon au profit du pétrole puis du gaz
naturel. Mais ces actions ont été très loin de satisfaire les objectifs,
la seule solution étant clairement de se passer des combustibles
fossiles le plus rapidement possible pour les remplacer par un vecteur non émetteur de CO2.
Pour se donner une idée des objectifs à atteindre le Groupe
d’Experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC)
précise que les émissions mondiales nettes de CO2 devraient être
réduites d’environ 45 % à l’horizon 2030 par rapport au niveau de
2010 pour espérer contenir à 1,5 °C le réchauffement climatique.
En 2010, ces émissions atteignaient une valeur voisine de
33,5 milliards de tonnes qu’il faudrait donc abaisser, selon le
GIEC, à 18,4 milliards de tonnes par an. Or, le niveau atteint en
2019, dû à la combustion des énergies fossiles, a été de 37 milliards de tonnes, ce qui implique d’abaisser d’un facteur 2 le
niveau des émissions dans les dix ans qui viennent : mission
impossible ?... pour le moins difficile !
1. Émissions de CO2
100
90
80
Émission de CO2 (%)
W
Ces derniers millions d’années, les émissions de CO2 étaient
naturelles (décomposition des matières organiques, rejets océaniques, respirations végétales et animales) et absorbées par les
puits de CO2 naturels (photosynthèse en particulier). Mais l’entrée
dans l’ère industrielle, au début du XVIIIe siècle, a conduit à la rupture du fragile équilibre existant jusque-là et les émissions
humaines de CO2 n’ont alors cessé de croître pour atteindre en
2019 un niveau de 37 milliards de tonnes par an, issues de la combustion des énergies fossiles. Ce chiffre peut ne pas apparaître
significatif mais pour montrer combien l’équilibre est fragile et
combien un déséquilibre peut avoir des conséquences importantes, il suffit de prendre conscience de l’ampleur des dégâts
récents provoqués par le changement climatique actuel alors que
les seules émissions des organismes du sol créent 220 milliards
4
6
4
4
La figure 1 montre, en France comme dans le reste du Monde,
quels sont les domaines dans lesquels les émissions de CO2 sont
les plus importantes. En France, elle montre que l’effort devra porter principalement sur les transports ; par contre, au niveau mondial, c’est sur la production d’électricité que cet effort devra porter
5
6
7
9
16
24
70
12
12
31
35
Résidentiel
28
60
19
50
40
42
4
6
9
12
5
40
47
13
39
34
10
0
6
11
Monde
Chine
États-Unis
UE à 28
France
Figure 1 – Origine géographique des émissions de CO2 en 2016 (doc. AIE, 2018)
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Transports
Indusrie
et construction
Secteur de
l’énergie hors
électricité
6
30
20
Autres secteurs
(dont tertiaire)
Production
d’électricité
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
kXUU
Applications mobiles
et stationnaires de l’hydrogène
dans la transition énergétique
par
André RAHIER
Docteur en Électrochimie appliquée
Ingénieur chimiste
Chercheur indépendant, Wonck, Belgique
1.
1.1
1.2
1.3
Propriétés de l’hydrogène et données technico-économiques......
Propriétés physico-chimiques de l’hydrogène .........................................
Propriétés physiques de l’hydrogène........................................................
Données technico-économiques ...............................................................
K 855 - 2
—
2
—
2
—
3
2.
2.1
Applications stationnaires actuelles .................................................
Procédés industriels majeurs.....................................................................
2.1.1 Production d’hydrogène en pétrochimie .........................................
2.1.2 Grandes synthèses utilisant l’hydrogène.........................................
Autres applications industrielles ...............................................................
2.2.1 Chimie industrielle organique...........................................................
2.2.2 Chimie industrielle minérale et autres applications........................
Applications des isotopes de l’hydrogène................................................
—
—
—
—
—
—
—
—
3
3
3
4
5
5
5
5
3.
3.1
3.2
Applications stationnaires énergétiques..........................................
Stockage temporaire de l’électricité ..........................................................
Power-to-Gas : procédés de méthanation ................................................
3.2.1 Méthanation catalytique....................................................................
3.2.2 Méthanation biologique ....................................................................
—
—
—
—
—
5
6
6
6
6
4.
4.1
4.2
4.3
4.4
4.5
4.6
Applications mobiles..............................................................................
Les voitures .................................................................................................
Les véhicules urbains .................................................................................
Les véhicules maritimes .............................................................................
Les véhicules aériens..................................................................................
Les véhicules spatiaux................................................................................
Les trains......................................................................................................
—
—
—
—
—
—
—
7
7
8
8
8
8
9
5.
Conclusion.................................................................................................
—
9
6.
Glossaire ....................................................................................................
—
10
7.
Sigles, notations et symboles..............................................................
—
10
2.2
2.3
Pour en savoir plus ..........................................................................................
Doc. K 855
ien que le gaz dihydrogène soit connu depuis le XVIe siècle, son utilisation
à l’échelle industrielle n’a connu un réel essor qu’au XIXe siècle. Les
premières applications ont très vite évolué depuis les balbutiements de l’aéronautique (gonflement des aérostats) jusqu’à l’exploitation de son pouvoir
calorifique, d’abord comme gaz d’éclairage, puis comme combustible pour
moteurs à gaz. Il a ensuite été utilisé comme réactif chimique pour des synthèses diverses (dont celle de l’ammoniac par le procédé Haber en 1909) ainsi
que dans le cadre de divers procédés de traitement en pétrochimie (reformage
catalytique, hydrogénations diverses, hydrodésulfuration…). Ces procédés sont
p。イオエゥッョ@Z@ュ。ゥ@RPRQ
B
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QUS
K 855 – 1
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APPLICATIONS MOBILES ET STATIONNAIRES DE L’HYDROGÈNE DANS LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE ______________________________________________
toujours actuels. Le dihydrogène a aussi été retenu comme carburant pour les
lanceurs aérospatiaux. Ses isotopes sont le carburant des futurs réacteurs à
fusion nucléaire. Actuellement, il est le meilleur candidat permettant d’assurer
la transition énergétique en vue de réduire les émissions de gaz carbonique
dans l’atmosphère, permettant ainsi de lutter contre le réchauffement climatique. Les accords de Paris, actés en 2015 par plusieurs Etats du monde entier,
forcent à un engagement sans précédent et nous obligent à migrer vers une
économie sans rejet de gaz à effet de serre. Cette première étape peut être
atteinte en remplaçant les combustibles fossiles par du dihydrogène vert. Une
seconde étape, plus ambitieuse encore, consisterait à muter vers une civilisation de l’hydrogène où les isotopes de ce dernier deviendraient le combustible
à part entière via la fusion nucléaire. Dans ce cas, c’est aussi la question de
l’approvisionnement énergétique mondial qui recevrait une réponse pour de
nombreuses années dans le futur. Après un bref rappel des propriétés du dihydrogène, l’article traite des applications actuelles de ce gaz. On distingue les
applications stationnaires de celles qui sont mobiles. Un accent particulier est
mis sur les applications stationnaires énergétiques offertes par le dihydrogène
dans des procédés de stockage de l’énergie électrique. Le dihydrogène n’existe
pratiquement pas à l’état naturel. Il ne peut donc pleinement remplir son rôle
de substitut aux combustibles fossiles que si sa production ne s’accompagne
pas de rejets de gaz à effet de serre. La transition du statut de vecteur énergétique vers celui de combustible à part entière est aussi évoquée ici.
1. Propriétés de l’hydrogène
et données technicoéconomiques
W
Tableau 1 – Caractéristiques physico-chimiques
de l’hydrogène à l’état atomique
1,0079 g.mol–1
Masse atomique
218 kJ.mol–1
Enthalpie standard de formation
114,7 J.mol–1.K–1
Entropie absolue (1 bar, 298 K)
L’abondance atomique de l’hydrogène dans l’univers observable est proche de 92 %. Cet élément est clairement majoritaire.
Il est présent sous forme ionisée au sein des étoiles, ou sous
forme condensée au sein des planètes géantes gazeuses, ou encore
sous diverses formes (moléculaire, atomique ou ionique) dans le
gaz interstellaire. Sur Terre, il se trouve essentiellement sous
forme oxydée, le dihydrogène n’apparaissant que de façon très
marginale, par exemple dans des systèmes hydrothermaux.
Energie d’ionisation
Tableau 2 – Caractéristiques physico-chimiques
du dihydrogène
2,0158 g.mol–1
Masse moléculaire
L’hydrogène possède trois isotopes : le protium (1H, noté plus
couramment H sans mentionner le nombre de masse) dont le
noyau est constitué d’un unique proton, le deutérium (2H, également noté D) dont le noyau contient un proton et un neutron, et le
tritium (3H, également noté T) dont le noyau contient deux neutrons et un proton. Les noyaux de H et de D sont stables alors que
celui de T subit une décroissance β– d’énergie moyenne égale à
5,7 keV et de période égale à 12,3 ans.
Entropie absolue (1 bar, 298 K)
130,7 J.mol–1.K–1
Chaleur spécifique à pression
constante (à 300 K)
14,31 kJ.kg–1.K–1
Pouvoir calorifique inférieur (PCI)
120 MJ.kg–1
Limites d’inflammabilité dans l’air
4 – 75 % en volume
2,02 kg TNT.Nm–3
Equivalent TNT
Potentiel standard du couple
(à toutes les températures)
Quelques propriétés chimiques et physiques essentielles des
formes importantes de l’hydrogène sont résumées ci-après
(tableaux 1 à 3) ; le lecteur pourra avantageusement consulter les
références [1], [2] et [J 6 368] qui fournissent un inventaire plus
complet de ces propriétés.
2H+/H
2
0 V (par convention)
1.2 Propriétés physiques de l’hydrogène
Tableau 3 – Propriétés physiques du dihydrogène
1.1 Propriétés physico-chimiques
de l’hydrogène
La molécule H2 est appelée « dihydrogène ». Elle est aussi fréquemment appelée « hydrogène » lorsqu’aucune confusion n’est
possible en ce qui concerne la formule. C’est cette convention qui
est adoptée dans le présent article.
K 855 – 2
13,6 eV
Température d’ébullition (1 bar)
20,268 K
Température de fusion
14,01 K
Température critique
33,3 K
Densité (273 K, 1 bar)
0,0899
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_______________________________________________ APPLICATIONS MOBILES ET STATIONNAIRES DE L’HYDROGÈNE DANS LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE
1.3 Données technico-économiques
À retenir
Selon l’Association française pour l’hydrogène et les piles à combustible (AFHYPAC) [3], la production mondiale de dihydrogène était
de 60 Mt.an–1 en 2014 et serait passée à 74 Mt.an–1 en 2018. Ces
chiffres restent des estimations qui varient d’ailleurs très légèrement
selon les sources d’information. On peut affirmer avec certitude
qu’en 2020, le dihydrogène était soit produit à la demande en vue de
réaliser la synthèse d’autres agents chimiques (ammoniac, méthanol,
hydrocarbures légers), soit obtenu en tant que sous-produit de la
synthèse de la soude et du chlore ou de la gazéification du charbon.
La production d’hydrogène par électrolyse de l’eau reste actuellement très marginale et ne représente que 4 % de la production totale.
• L’hydrogène est très abondant sur Terre, mais pas sous
forme de dihydrogène. Pour l’obtenir sous cette forme, il faut
dépenser de l’énergie.
• Les procédés de production actuels relâchent aussi beaucoup de gaz carbonique. Il est indispensable de les remplacer
par des techniques plus respectueuses de l’environnement,
comme l’électrolyse de l’eau.
2. Applications stationnaires
actuelles
Le coût du dihydrogène obtenu par vaporeformage du méthane
varie entre 1,5 et 2,5 €.kg–1 [4]. Il passe au moins à 3,5 €.kg–1
lorsqu’on utilise de l’électricité nucléaire pour électrolyser de l’eau.
Il s’accroît encore à plus de 5 €.kg–1 si l’électricité est d’origine
éolienne ou photovoltaïque. Les contraintes environnementales et,
principalement, les objectifs de réduction des relâchements de gaz
à effet de serre (CO2) obligent toutefois à viser la production
d’hydrogène vert par électrolyse de l’eau en utilisant des énergies
renouvelables. Cette transition devra inévitablement passer par une
diminution du prix du kg d’hydrogène vert, quoiqu’en parallèle, le
coût réel des énergies actuellement exploitées ne cesse d’augmenter lorsqu’on prend en compte l’impact sur l’environnement.
Sauf quelques exceptions d’importance secondaire qui ne seront
pas traitées ici, les applications stationnaires actuelles n’exploitent
généralement pas le pouvoir calorifique inférieur de l’hydrogène.
En effet, l’hydrogène est plutôt utilisé en tant que réactif chimique
qui, en se combinant à d’autres espèces, permet d’obtenir des
molécules utiles comme l’ammoniac ou le méthanol. Dans la perspective de l’abandon des combustibles fossiles, il est évident que
les applications stationnaires actuelles de l’hydrogène devront être
maintenues mais en utilisant de l’hydrogène vert.
En 2020, la consommation mondiale de pétrole était de
5,5 109 m3.an–1. Si on suppose que 60 % de cette quantité sert à la
production d’énergie (transport, chauffage, industries diverses…) et
en tablant sur une densité de 0,8 et sur un pouvoir calorifique inférieur moyen égal à 40 MJ.kg–1, la consommation pétrolière énergétique mondiale serait de 1,06 1014 MJ.an–1. Pour couvrir une telle
consommation à l’aide d’hydrogène, la production annuelle mondiale
de ce nouveau vecteur énergétique devrait être portée à 880 Mt.an–1,
soit environ 15 fois plus que la capacité de production mondiale
totale actuelle, et 367 fois plus que la capacité mondiale actuelle de
production par électrolyse de l’eau. Quant à la puissance électrique
nécessaire, en supposant que le rendement de l’électrolyse est d’au
moins 70 %, on serait amené à consommer 4,8 TW, soit approximativement 13 fois la puissance électrique nucléaire installée dans le
monde en 2015. Ces chiffres sont même très optimistes car ils ne
tiennent pas compte de l’évolution démographique et de la demande
énergétique qui aura lieu pendant la période nécessaire pour réaliser
la transition. A titre informatif, en 2019, la puissance électrique photovoltaïque exploitée dans le monde était estimée à 0,06 TW.
Une application actuellement en cours de développement diffère
toutefois très clairement des autres : il s’agit de la mise au point de
la fusion thermonucléaire contrôlée. Dans cette application, ce
sont des réactions nucléaires et non chimiques qui permettent de
produire de grandes quantités d’énergie.
2.1 Procédés industriels majeurs
Sont présentés ici les procédés industriels importants qui utilisent
de l’hydrogène. Lorsque la consommation est très importante,
les procédés intègrent généralement la production de l’hydrogène
nécessaire. C’est pourquoi on passera d’abord en revue les techniques actuelles les plus courantes qui permettent de produire de
l’hydrogène ou un gaz de synthèse contenant de l’hydrogène.
2.1.1 Production d’hydrogène en pétrochimie
On conçoit que le défi est de taille et que la substitution des
énergies fossiles par de l’énergie verte ne sera pas facile à mettre
en place avec uniquement des énergies renouvelables terrestres.
Il faudra donc accroître les économies d’énergie, développer les
énergies marines renouvelables et recourir à l’énergie nucléaire
pour produire de l’électricité bas-carbone.
En 2015, environ 78 % de la production annuelle mondiale de
dihydrogène était issue de la pétrochimie. Le procédé principal est
le vaporeformage des hydrocarbures. Ce procédé ne s’applique
qu’aux hydrocarbures dont le point d’ébullition est inférieur à
480 K. Le reformage du méthane couvre environ 48 % de la production totale de dihydrogène tandis que le reformage d’hydrocarbures plus lourds contribue à raison de 30 %. Le schéma
réactionnel général est donné par l’équation (1) :
La couleur de l’hydrogène
Le dihydrogène est un gaz incolore, mais on parle cependant d’hydrogène vert, gris ou noir en fonction de l’origine de
l’énergie utilisée lors de sa production et de la quantité de gaz
à effet de serre libérée lors de cette production.
La production d’hydrogène par vaporeformage d’hydrocarbures s’accompagne de la formation de CO2. L’hydrogène
obtenu est gris.
En revanche, lorsque l’hydrogène est produit par électrolyse
de l’eau en utilisant de l’électricité éolienne ou photovoltaïque,
il est vert.
Il en est de même lorsque l’énergie utilisée est à bas-carbone
comme c’est le cas de l’électricité nucléaire.
[Voir à ce sujet la publication « France Relance » du Gouvernement du 3 septembre 2020 et la section consacrée au développement d’une filière d’hydrogène vert en France.]
(1)
Ce type de réaction est très endothermique. Dans le cas du
méthane, la variation d’enthalpie est égale à 206 kJ.mol–1.
Les procédés de reformage comportent quatre étapes :
• La première consiste à éliminer le soufre présent dans la
charge initiale d’hydrocarbures. On procède par hydrodésulfuration en utilisant une fraction très faible du dihydrogène
disponible à la sortie du procédé.
• Le vaporeformage constitue la seconde étape. La réaction (1)
est menée à haute température (1 100 à 1 200 K) sous pression
modérée (2 à 3 MPa dans le cas du méthane). Le catalyseur est
à base de nickel.
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Intermittence des énergies
renouvelables et mix électrique
par Dominique GRAND
Docteur en physique
Créateur du site realisticenergy.info, retraité
Christian LE BRUN
Docteur en physique
Directeur de recherche CNRS en retraite
et Roland VIDIL
Consultant
Président de Hydro 21
Résumé : À mesure qu’éolien et solaire photovoltaïque augmentent dans le mix
électrique, on doit s’interroger sur l’intermittence et sur un système d’appoint pour la
gérer. Un appoint efficace stockerait la puissance des renouvelables quand elle est trop
élevée et produirait quand elle est trop basse.
L’article analyse la production électrique en France et en Allemagne et étudie des
scénarios avec différentes parts de renouvelables. Il donne le comportement du mix
électrique et de l’appoint ainsi que les émissions de CO2 , les emprises au sol et investissements. Il montre l’insuffisance des moyens de stockage par rapport au besoin et le
repli sur les centrales fossiles pour gérer les transitoires.
Abstract : As the share of wind and solar photovoltaic in the energy mix increases,
the question of intermittency and the resulting need for backup capacity must be
addressed. An efficient backup system would provide storage when renewable output is
high and additional generating power when it is low.
This article analyzes electricity production in France and Germany and develops scénarios using various shares of renewables. Properties of the resulting mixes are given,
particularly requirements for the backup system, CO2 emissions, footprints and investment costs. It shows the lack of adequate storage systems and the revival of fossil-fuel
plants to adapt to strong transients.
Mots-clés : Intermittence, mix électrique, éolien, solaire photovoltaïque, appoint,
stockage.
p。イオエゥッョ@Z@ュ。ゥ@RPQU
Keywords : Intermittency, electrical mix, wind, photovoltaic solar, backup, storage.
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1. Contexte et enjeux
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trales pilotables (centrales thermiques ou hydroélectriques)
qui apportent l’appoint ou complément nécessaire pour égaler
la charge. Cet équilibrage aujourd’hui réalisé pourra-t-il toujours l’être quand la part d’énergies renouvelables intermittentes sera plus importante ? C’est le questionnement central
de l’article traité à partir de connaissances existantes pour la
France et l’Allemagne.
Les énergies renouvelables éoliennes et solaires présentent
des possibilités étendues de développement si bien que leur
croissance mondiale n’a aujourd’hui pas d’équivalent hormis
celle des centrales à charbon. Or, les énergies renouvelables
semblent bien plus inoffensives pour la santé et l’environnement, tant pour l’utilisation de ressources naturelles
que pour l’impact climatique ou la qualité de l’air. Aussi leur
développement est fortement encouragé dans de nombreux
pays et bénéficie d’une image généralement positive auprès
du public. Comme l’électricité qu’elles produisent est un vecteur énergétique aux usages nombreux et en extension, le
développement de l’éolien et du solaire semble devoir se
poursuivre à rythme soutenu dans les prochaines décennies.
Quelle part l’éolien et le solaire peuvent-ils prendre dans le
futur mix électrique ? Leur croissance ne tient-elle qu’aux
capacités d’investissement et à la durée de réalisation des
projets ou bien y a-t-il d’autres raisons ou causes physiques
qui la limiteraient ? Une telle cause physique est à chercher
dans la sécurité de l’approvisionnement électrique. Cette sécurité est un impératif de toute société développée dont les activités et les infrastructures ne peuvent être soumises sans
dommage à des aléas d’approvisionnement électrique. Or, la
sécurité du réseau électrique repose sur un équilibre où
l’ensemble des productions doit égaler la charge c’est-à-dire la
puissance appelée pour la consommation. Cet équilibre est
rendu nécessaire du fait que l’électricité se stocke difficilement
et en petite quantité par rapport aux quantités qui transitent
dans le réseau.
Les productions éoliennes et solaires sont soumises instantanément aux variations de flux naturels imposés par la rotation de la Terre et la dynamique de l’atmosphère. Par suite
ces énergies renouvelables fournissent l’électricité d’une
façon intermittente. Le réseau électrique doit être équilibré
en tenant compte de ces flux intermittents quand ils ont un
accès prioritaire, comme aujourd’hui. L’équilibrage du réseau
doit alors être réalisé en ajustant la production d’autres cen-
L’Allemagne est aux avant-postes du développement de
l’éolien et du solaire et pour cette raison peut être le premier
pays à voir apparaître les effets de leur développement. F.
Wagner a été un précurseur en réalisant une étude
circonstanciée des conséquences d’une part croissante de ces
énergies dans le mix électrique, en travaillant à partir de
valeurs enregistrées sur le réseau allemand [1] [2]. Le présent article s’appuie sur la méthode qu’il a développée et que
l’on utilise pour l’appliquer à la France et traiter en parallèle
des situations futures des deux pays. Il propose une analyse
des sollicitations d’un réseau électrique et des autres centrales
en présence d’une forte part d’énergies renouvelables intermittentes. Cette analyse s’appuie sur les lois physiques et
ordres de grandeur qui gouvernent les énergies renouvelables
intermittentes. Grâce au parallèle entre les deux pays, des
similarités apparaissent et permettent de dégager des résultats communs propres aux mix où les énergies renouvelables
intermittentes ont une contribution majoritaire.
2. Données de l’année 2013
2.1 Bilans annuels
Le tableau 1 présente l’électricité produite en Allemagne et
en France au cours de l’année 2013. Il énumère de haut en
bas les différentes sources de production : centrales à
combustibles fossiles, centrales nucléaires, énergies renouvelables dotées de réserves (hydraulique et biomasse) et énergies renouvelables intermittentes (éolien et solaire PV).
Tableau 1 – Productions électriques allemandes et françaises de 2013
Source de production
Allemagne
France
TWh/an
GWm
TWh/an
GWm
Charbon
282,6
32,26
19,5
2,23
Gaz
67,4
7,69
20,0
2,28
Pétrole
7,2
0,82
4,0
0,46
Nucléaire
97,3
11,11
403,1
46,02
Biomasse, déchets
47,6
5,43
6,2
0,71
Hydraulique
21,0
2,40
74,5
8,50
Éolien
51,7
5,90
16,0
1,83
Solaire PV
31,0
3,54
4,5
0,51
Autres (cogénération)
26,2
2,99
–
–
Total
632,0
72,15
547,8
62,53
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Pour chaque pays, les productions sont données dans une
première colonne avec l’unité habituelle des bilans d’énergie :
TWh/an. Le bilan donne l’énergie produite ou consommée sur
la durée de l’année, ce qui est équivalent à une moyenne
annuelle de puissance. Aussi, une seconde colonne donne les
valeurs converties en gigawatt (après division des TWh par les
milliers d’heures de l’année : 8,76). L’emploi d’une unité
commune facilite la comparaison avec les puissances installées et puissances appelées. L’indice m ajouté à l’unité (GWm)
distingue la puissance moyenne annuelle des autres.
On convient d’appeler puissance horaire les valeurs
relevées toutes les demi-heures au fil de l’année.
Certaines puissances ne sont pas prises en compte : le
pompage dans les STEP (Stations de transfert d’énergie
par pompage) et les échanges électriques avec les pays
voisins. Dans le cas de la France, le pompage a absorbé
7,3 TWh/an et les échanges avec les pays voisins ont
généré un solde exportateur de 48,9 TWh/an. Quand on
retranche ces deux quantités à la production de
547,8 TWh/an, la consommation d’électricité en France
vaut 491,6 TWh/an.
Les valeurs proviennent, pour la France du bilan annuel
de RTE [3] et pour l’Allemagne d’une communication de
F. Wagner [4].
2.2 Puissances horaires
2.3 Énergies renouvelables intermittentes
en France
Pour étudier l’intermittence des productions éoliennes et
photovoltaïques, il faut connaître les puissances produites et
transmises au réseau, à tout instant.
Les évolutions des puissances horaires éoliennes et photovoltaïques au cours de 2013 sont données pour la France
figure 1.
La production éolienne, en bleu, montre des fluctuations
de grande amplitude, de pratiquement zéro à des maxima
pouvant atteindre 6 GW. Ces pics élevés se concentrent en
début et fin d’année. La fin du printemps et l’été présentent
un creux de production. Le trait en tireté bleu montre la puissance installée qui s’élevait à 7,51 GW au début de l’année et
atteignait 8,14 GW à la fin. La puissance installée a cru de
8,4 % [3] par suite des investissements dans ce secteur. Si la
croissance est supposée linéaire, la moyenne annuelle de
puissance installée est de 7,83 GW. Le facteur de charge est
le rapport de la puissance produite à la puissance installée. Il
varie dans le temps entre 0 et 82 % aux pics de production.
En moyenne dans l’année, il égale 23,4 %, rapport de la
moyenne de production (1,83 GWm d’après tableau 1) à la
moyenne de puissance installée (7,83 GW).
Pour la France, les données enregistrées en 2013 sont fournies par Eco2mix de RTE [5]. Un tableur téléchargeable
regroupe la puissance électrique consommée ainsi que les
puissances produites par les différents moyens de production
(nucléaire, hydraulique, éolien, gaz, etc.). Les valeurs sont
données à intervalle d’une demi-heure sur toute l’année.
Les données 2013 pour l’Allemagne ont été communiquées
par F. Wagner [4]. C’est un tableur avec des relevés par quart
d’heure pour quatre variables : les puissances produites par
les énergies renouvelables intermittentes – éolien terrestre,
éolien maritime et photovoltaïque – et une charge, ou
consigne de production qui sera définie ultérieurement. Les
données pour l’Allemagne ayant une résolution temporelle par
quart d’heure ont été moyennées par demi-heure, pour rendre
leur résolution temporelle comparable aux données françaises.
8,14
8
Puissance électrique (GW)
7,51
Éolien
6
4,33
Solaire PV
4
3,58
2
01
02
03
04
05
06
07
08
09
10
11
12
Mois
Figure 1 – Évolution des productions éolienne et solaire en France (2013)
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40
35,7
34,2
Puissance électrique (GW)
32,4
30
30,1
Solaire PV
olien
20
10
01
02
03
04
05
06
07
08
09
10
11
12
Mois
Figure 2 – Évolution des productions éolienne et solaire en Allemagne (2013)
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Malgré les différences entre les deux pays sur les niveaux
de production renouvelable, les profils de la production sont
similaires. Les productions présentent les mêmes variations
saisonnières et les pics semblent assez bien corrélés pour
l’éolien comme le photovoltaïque. Ce constat a déjà été fait et
documenté sur les productions d’énergies intermittentes des
pays d’Europe les plus équipés [6] [BE 8 586].
La production du solaire photovoltaïque (PV) est indiquée par la courbe orange. La continuité de la surface orange
n’est qu’un artefact de la présentation graphique car sa résolution ne permet pas de distinguer la nuit où la production
électrique est nulle. Les fluctuations journalières apparaissent
sur un intervalle de temps plus court, tel les mois de juillet et
décembre présentés dans le paragraphe 8. La production
passe naturellement par un maximum en été. La puissance
installée, indiquée par le trait interrompu orange, a cru de
20,9 %, passant de 3,58 GW en début d’année à 4,33 GW à la
fin de l’année. La moyenne annuelle vaut 3,96 GW et avec
une production annuelle moyenne de 0,51 GWm , le facteur de
charge est de 12,9 %. Il varie de 0 à 73 %.
3. Principes et hypothèses
du modèle d’intermittence
3.1 Configuration future et son modèle
Les productions cumulées de l’éolien et du solaire PV valent
2,34 GWm ou 20,5 TWh/an.
Les réflexions sur la transition énergétique se fondent sur
des scénarios qui décrivent une évolution dans les prochaines
décennies en réponse à une prévision de la consommation
(qui peut baisser, se stabiliser ou augmenter) et définissent
une inflexion du mix énergétique (croissance ou baisse de certains modes de production d’énergie) suivant des cadrages
environnementaux ou autres [BE 6 980]. L’analyse des données d’entrée permet de caractériser le fonctionnement du
mix électrique dans les configurations prévues par ces scénarios se projetant à deux ou trois décennies.
2.4 Énergies renouvelables intermittentes
en Allemagne
La figure 2 présente les productions des énergies éoliennes
et solaires PV en Allemagne. Les niveaux de puissance installée sont plus élevés qu’en France, plus de quatre fois pour
l’éolien et près de dix fois pour le solaire PV. L’éolien comporte
une part d’éolien maritime qui représente 1,9 % du total. La
puissance installée du photovoltaïque est légèrement supérieure à celle de l’éolien, ce qui constitue une autre différence
avec la France.
Une configuration est une hypothèse d’un état futur du
système électrique. Pour une année cible, la charge est
définie de même que le mix électrique est précisé par la
répartition de la production entre les différentes origines
(renouvelables, nucléaire, fossiles). La configuration est en
premier définie par ces données moyennes d’une année
dont on ne précise toutefois pas l’échéance exacte.
La configuration de l’étude est complétée d’un modèle
qui traite de l’intermittence en ajoutant :
– la donnée des puissances installées des différents
moyens de production ;
– l’historique des puissances horaires délivrées qui est
déduit des données 2013 par une homothétie dans le rapport de la production annuelle de l’année cible à celle de
2013.
Au cours de l’année 2013, la puissance installée éolienne a
cru de 13,6 % et celle du photovoltaïque de 12 %. Le facteur
de charge de l’éolien varie de 0 à 85 % et vaut 18,4 % en
moyenne annuelle. Pour le solaire photovoltaïque, le facteur
de charge varie de 0 à 74 % et vaut 10,4 % en moyenne. Le
total des productions éoliennes et solaires s’élève à 9,44 GWm
ou 82,7 TWh/an.
La différence des facteurs de charge entre la France et
l’Allemagne montre que la localisation des installations joue un
rôle important dans la productivité et devrait être prise en
compte dans les soutiens apportés par les pouvoirs publics
aux installations.
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Cette modélisation suppose que les moyens de production
futurs ont des caractéristiques identiques aux moyens de production actuels et mesurables dans la production électrique. Les
puissances horaires de 2013 peuvent alors être combinées suivant les proportions définies pour le mix futur en vue d’obtenir
les puissances électriques de la configuration étudiée.
– Les productions hydroélectriques et de la biomasse sont
supposées inchangées par rapport à 2013. En effet, les équipements hydroélectriques ont atteint le potentiel exploitable.
Quant à la biomasse, si elle se développe, ce sera en priorité
comme carburant pour les transports plutôt que pour la production électrique.
3.2 Hypothèses pour l’extrapolation
des productions horaires
Pour l’Allemagne, la moyenne annuelle de la charge restante
est de 453 TWh/an ou 51,71 GWm et doit être approvisionnée
par le mix partiel (énergies renouvelables intermittentes et
centrales à combustibles fossiles).
Pour la France, des principes similaires adaptés à son mix
actuel sont retenus.
En pratique, la charge est définie en moyenne annuelle et
sa courbe horaire déduite par homothétie de celle de 2013. Le
mix de la situation future est défini par la part que chaque
type d’énergie (éolienne, solaire, hydraulique, nucléaire)
prend dans un total de production annuelle qui doit égaler la
charge. Il en découle pour chaque type d’énergie, un rapport
entre sa production annuelle dans la configuration étudiée et
sa production de 2013. Les puissances horaires de 2013 sont
ensuite multipliées par ce rapport pour obtenir les puissances
horaires de la configuration.
– La consommation est maintenue au niveau de 2013.
– Les échanges d’électricité ainsi que le pompage par les
STEP sont mis de côté. La base de départ pour la suite est
donc une production électrique égale à celle de 2013 :
547,8 TWh/an.
– Les productions hydroélectrique (74,5 TWh/an) et celle de
la biomasse et déchets (6,2 TWh/an) sont supposés inchangées.
La validité de la démarche repose sur trois hypothèses.
– L’année 2013, est suffisamment représentative des variations temporelles pour être reproduite dans l’année cible.
L’hypothèse de faible influence de l’année de référence est
valable en première approximation comme on pourra le vérifier en comparant plusieurs années. Les publications de
Wagner pour les données allemandes de 2010 [1] et 2012 [2]
et la nôtre pour les données françaises de 2012 [7] apportent
les éléments de comparaison.
– La production nucléaire est ramenée à la moitié de la production totale, soit 273,9 TWh/an. Cela représente 67,9 % de
la production nucléaire de 2013.
Si on soustrait de la production interne (547,8 TWh/an), les
productions précédentes des trois énergies non carbonées
(hydraulique, biomasse et nucléaire), on obtient la charge
restante de 193,2 TWh/an. Pour équilibrer cette charge restante, il faut mobiliser les moyens qui ne l’ont pas encore
été : énergies renouvelables intermittentes (éolien et solaire
PV) et centrales à combustibles fossiles. Ces moyens constituent le mix partiel chargé d’égaler la charge restante de
193,2 TWh/an ou 22,05 GWm .
– L’augmentation de la production éolienne et solaire par
multiplication des installations ne modifie pas sensiblement
leur production horaire. Autrement dit, le foisonnement – possibilité d’obtenir une production moins intermittente et plus
continue – ne progresse pas avec la multiplication des installations. Ce fait assez évident pour le solaire l’est peut-être
moins pour l’éolien. Mais, les études faites sur les productions
éoliennes de différents pays européens confirment que les
productions éoliennes offrent peu de foisonnement [6]
[BE 8 586].
Les deux valeurs de 22,05 GWm pour la France et
51,71 GWm pour l’Allemagne sont largement utilisées dans la
suite de l’article, et notamment au paragraphe 4 où l’on étudie
un mix électrique avec une forte proportion de renouvelables.
– Les productions éoliennes et solaires ne sont soumises à
aucune contrainte sur leur évolution dans le temps. Cette
hypothèse est garantie tant que la priorité est donnée aux
sources éoliennes et photovoltaïques dans l’accès au réseau,
privilège qui ne semble pas être remis en cause dans un
proche avenir. Les puissances éoliennes et solaires produites
évoluent donc sous les seuls effets naturels, proportionnellement à leur puissance installée.
3.4 Évolution temporelle de la charge
restante
Le traitement fait sur les moyennes annuelles, est répété
sur les puissances horaires délivrées par les sources d’énergie.
La figure 3 illustre le résultat pour la France. Partant de la
production interne de 2013, on retranche successivement :
3.3 Définitions de la charge et du mix partiel
– la production hydroélectrique (bleue) inchangée ;
– la production nucléaire (jaune) réduite à 67,9 % de sa
valeur de 2013 ;
Les deux configurations à la base de l’étude sont définies
par des valeurs moyennes annuelles de production. Pour
l’Allemagne, les principes suivants énoncés et appliqués par
F. Wagner aux données de 2010 et 2012 sont repris.
– la production biomasse-déchets (verte) inchangée. Elle est
peu perceptible à cause de sa petitesse.
– La consommation d’électricité est maintenue au niveau de
2013. Il suppose en effet que les usages nouveaux de l’électricité amènent à une croissance de l’électricité propre à annuler
les gains obtenus par une meilleure efficacité des usages.
Ces soustractions aboutissent à la charge restante (rose)
qui varie autour de sa moyenne annuelle de 22,05 GWm. Dans
la suite, on examine comment remplir tout au long de l’année
la charge restante avec le mix partiel composé des énergies
renouvelables intermittentes (éolien et solaire photovoltaïque)
et, au besoin, des énergies fossiles (charbon, gaz, pétrole).
– Les échanges d’électricité avec les voisins sont retirés
ainsi que la production nucléaire.
7 - 2015
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