déclaration d’émissions faite par le fabricant, qui doit pouvoir prouver que les contrôles ont
été effectués par des installations agréées. La certification se fait selon un cycle défini
mais qui ne modélise pas toutes les situations d’une utilisation réelle. « Si on était amené à
faire des essais sur les engins de chantier en condition réelle, les mesures pourraient être
une fois et demie supérieures à celles réalisées dans les laboratoires », estime Matthieu
Turbé-Bion, ingénieur chez John Deere, fabricant de moteurs d'engin. Le prochain palier
réglementaire devrait généraliser des tests en condition réelle grâce à des installations
portables, précises et compactes. L’objectif ? Réduire l’écart entre les différents niveaux
d’émission constatés en fonction des utilisations. « Au stade actuel, on sait déjà que les
résultats devront être publiés, ce qui crée une émulation entre les constructeurs vertueux et
les autres », reprend Matthieu Turbé-Bion. La notion de suivi reste cependant aléatoire. Une
fois la certification réalisée, aucun contrôle n’est ensuite organisé a posteriori en Europe. «
Or il suffit qu’un filtre soit mal réglé, et cela change la donne. Après mise en service du
moteur, les contrôles devraient être systématisés par les propriétaires », évoque le
Simotherm (Syndicat international des industries et du commerce du moteur thermique et
de ses applications). Aux États-Unis, le contrôle est fait par l’Agence de l’environnement,
directement dans les usines qui fabriquent les moteurs. « L’Europe n’est pas organisée de
cette façon. Les constructeurs réalisent un certain nombre de contrôles et d’audits tout au
long de l’année sur une vingtaine de moteurs représentatifs de la production. Or ce ne serait
pas forcément très compliqué de se calquer sur le modèle américain », assure Matthieu
Turbé-Bion. Quant à un protocole international ? « Certaines zones, notamment en Europe,
se sont harmonisées. Mais un standard d’homologation mondialisé paraît difficile à
envisager dans un futur proche. Il existe trop de configurations et de niveaux de
développement différents dans le monde. Sans parler des différents niveaux de qualité du
carburant », évoque-t-on chez Renault Trucks. « Pour que le système fonctionne, il ne faudra
pas aller ni trop loin ni trop vite car l’enjeu économique est important. Depuis cinq ans des
sommes colossales ont été investies par les constructeurs sur ce sujet. Cela affecte
considérablement le coût des moteurs des engins qui a presque doublé en quelques
années », assure Matthieu Turbé-Bion. Car, in fine, c’est bien l’acheteur de la machine qui
paiera ?par ricochet? les coûts d’homologation.