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Introduction à l'écotoxicologie aquatique

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Ecotoxicologie aquatique – Baudrimont
Introduction
I. Concept de base en écotoxicologie
Ecotoxicologie : étude des atteintes structurales et fonctionnelles des systèmes écologiques au sens
large sous l’action des sources ou des facteurs de contamination = agents physiques, chimiques et
biologiques. Agents considérés comme des sources/facteurs de contamination à partir du moment où
ils sont d’origine anthropique.
Agents physiques : élévations de température liées à des rejets de centrale thermique par exemple.
Température = facteur naturel mais l’activité anthropique peut augmenter ou modifier la température
naturelle d’un milieu de façon importante (de 1 à 2 degrés). Les rayonnements radioactifs peuvent
également être des facteurs de contamination.
Agents chimiques : toutes les substances humiques d’origine naturelle ou anthropique. Les substances
d’origine naturelle comme les métaux ou les hydrocarbures peuvent devenir des facteurs de
contamination lorsqu’ils sont rejetés et concentrés dans l’environnement.
Agents biologiques : contamination bactérienne, virale d’origine anthropique. Rejets qui ne sont pas
naturels. Ex : espèces invasives introduites = action anthropique → modifient le système écologique
(systèmes de perturbation des écosystèmes aquatiques).
Ecosphère : unité la plus complexe en écologie. Constituée de la biosphère et des milieux (atmosphère,
hydrosphère, lithosphère). Echelle la plus globale mais assez difficile à aborder → en écotox : on
s’intéresse à des systèmes plus réductionnistes comme un système lacustre avec sa biocénose et son
biotope ou écocomplexe = lac + BV : pour comprendre ce qu’il se passe au niveau de l’écosystème, on
tient compte des sources issues du BV.
Différents niveaux d’approche en écotox → objectif = comprendre ce qu’il se passe à l’échelle de
l’écosystème.
2 facteurs principaux influent sur les systèmes écologiques :
• Composante environnementale (facteurs abiotiques) : caractéristiques physico-chimiques du
milieu
• Composante biologique (facteurs biotiques) : représentés par les EV qui sont organisés en
population, communauté et réseau trophique avec différentes échelles et relations trophiques
entre tous les organismes.
→ Système écologique de base où on a des interrelations entre ces 2 types de facteurs. Les facteurs
biotiques sont dépendants des facteurs abiotiques. Ex : La salinité de l’eau va caractériser les espèces
qui vont vivre dans les milieux salés car certaines espèces ne peuvent vivre qu’en eau douce →
gradation des espèces en fonction de la salinité. Les facteurs biotiques influent sur les caractéristiques
physico-chimiques de l’environnement. Ex : dans un lac eutrophisé, les communautés bactériennes qui
se développent à la suite d’un apport trop important de MO vont consommer de l’oxygène pour
dégrader cette MO → influence directe des communautés bactériennes sur le taux d’oxygène du lac.
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Ecotoxicologie aquatique – Baudrimont
En écotox, il y a les facteurs de contamination en plus. Les facteurs biotiques peuvent influer sur les
facteurs de contamination. Ex : Certaines bactéries sont capables de transformer chimiquement
certains composés chimiques → modification de la toxicité de ces composés. Les facteurs de
contamination sont aussi en interaction avec les facteurs abiotiques car les composés chimiques dans
l’eau peuvent aussi être modifiés chimiquement par la présence de certains composés physicochimique comme l’abondance de certains ions, la présence de salinité ou pas → modification de la
disponibilité et de la toxicité vis-à-vis des composés biologiques.
Au niveau des sources de contamination en milieu aquatique, 2 types de pollution :
• Pollution diffuse :
•
-
Pollution agricole : grande surface et petite quantité → lessivage
-
Zone urbaine : lessivage des toitures → rejets chimiques d’huile, de carburants et
d’hydrocarbure + rejets atmosphériques
-
Zone de déforestation : érosion des sols accélérée = apports de matière et de
contaminants chimiques vers les systèmes aquatiques plus importants
-
Activités minières : rejets ponctuels mais restes de déchets soumis au lessivage par les
pluies → rejets de métaux et/ou pollution acide
Pollution ponctuelle (source n’est pas réellement déterminée) :
-
Zone d’élevage : concentration des rejets d’élevages → enrichissement des eaux voire
pollution bactérienne
-
Rejets de traitement des eaux : urbain ou industrielle
-
Dépôts de déchets industriels : normalement cela ne se fait mais certains sites ne sont pas
aux normes + possibilité de rejets de pollution chimique
-
Pollutions par les marées noires
Il existe d’autres sources comme :
-
Réservoirs pour la production d’électricité → modification de l’écosystème en amont par
rapport à l’aval → modification physico-chimique de la composition de l’eau. La
contamination chimique dans ces réservoirs est favorisée et la température est
augmentée par les réservoirs de barrages → problèmes de réchauffement de l’eau.
-
Canalisations : modification de la capacité épuratrice des eaux et donc de la physicochimie. Si rejets chimiques dans ces milieux → plus impactant que dans un système
naturel.
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Ecotoxicologie aquatique – Baudrimont
Devenir des polluants métalliques dans le biotope et la biocénose
Les métaux sont des éléments naturels, présents dans la croûte terrestre et indestructibles. Le
problème vient de l’extraction des métaux des roches pour les utiliser dans certaines applications
industrielles. Ces composés sont ensuite rejetés dans l’environnement dans forcément avoir été
recyclés ou traités.
Quand un polluant est rejeté dans un système aquatique (source atmosphérique ou source
ponctuelle/diffuse), la majorité des métaux vont se fixer aux MES. Rôle très important des MES dans
ces milieux = fraction particulaire par opposition à la fraction dissoute où les composés sont sous
forme ionique dans l’eau. Les MES sont à l’origine de la sédimentation dans le fond des rivières.
La dégradation d’un composé dépend de sa forme chimique. Un métal ne peut pas être dégradé mais
il peut y avoir modification de certaines formes chimiques toxiques : passage d’un élément métallique
moins toxique pour les organiques. Un polluant organique peut être métabolisé ou dégradé par voie
bactérienne → disparition du polluant possible.
Selon les composés chimiques, la volatilisation est également possible. Cela concerne surtout les
polluants organiques légers comme les solvants qui peuvent s’évaporer, mais la plupart des composés
restent dans les compartiments aquatiques quand ils sont rejetés.
Une fraction du contaminant va interagir avec la composante biologique et va l’impacter soit
directement par sa présence dans l’eau soit indirectement par les relations trophiques au sein du
réseau trophique présent/développé au sein de cet écosystème.
Plusieurs rôles du sédiment :
• Stockage des polluants : MES sur lesquelles sont fixés les polluants sédimentent.
• Transformations chimiques : rendent les composés moins toxiques que la molécule d’origine
ou favorisent la formation d’une molécule plus toxique.
• Relargage : les composés sont remis en
suspension dans la colonne d’eau.
-
Relargage d’origine naturelle : des
organismes
intra-sédimentaire
remanient le sédiment ce qui conduit à
des processus de relargage des
composés chimiques dans la colonne
d’eau + périodes de crue (fortes pluies)
-
Relargage
d’origine
anthropique :
dragage de ports car ils s’envasent.
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Ecotoxicologie aquatique – Baudrimont
Concept de bioaccumulation
Beaucoup de paramètres caractérisent les facteurs de contamination comme le niveau de
contamination des biotopes, les formes et espèces chimiques des métaux, l’état d’ionisation des
composés organiques ou encore la durée de contamination. En fonction des facteurs abiotiques du
milieu (pH, salinité, composition ionique, température, dureté de l’eau, MES, taux d’oxygène), les
composés sont rendus plus ou moins biodisponibles.
Biodisponibilité : à partir du moment ou un composé chimique est capable d’entrer en interaction
avec un OV.
Quand il y a un rejet de contaminant chimique dans l’environnement, toute la fraction de ce composé
n’est pas forcément biodisponible → il est biodisponible sous certaines conditions. Et selon la
biodisponibilité, le composé va traverser ou pas les barrières biologiques et impacter l’OV →
Bioaccumulation : concentration du composé dans l’organisme, concentration qui dépasse le bruit
de fond normal de l’organisme.
Ex : les métaux. Chez certains organismes aquatiques, il y a présence des métaux essentiels qui sont
nécessaire au métabolisme des organismes comme le Fe qui permet de fixer l’oxygène, le Cu et le Zn
qui sont des cofacteurs d’enzymes comme le Mn, le Se, etc. Dans un environnement non contaminé,
les concentrations de ces métaux sont basses. On parle de bioaccumulation à partir du moment où la
concentration dans l’organisme augmente et dépasse ces niveaux de base.
Quand on parle d’un produit synthétique, il n’y a pas de notion de bruit du fond car le composé n’existe
pas naturellement dans l’environnement. Dès lors que le composé est présent dans l’organisme, il est
bioaccumulé. La bioaccumulation est une notion de concentration, c’est la quantité de contaminant
par rapport au poids de l’organisme/tissu/organe.
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Ecotoxicologie aquatique – Baudrimont
Lorsqu’un métal, sous forme ionique, se retrouve dans l’eau, il rencontre différents ligands :
• Ligand particulaire : MES minérales ou organiques fixent une grande partie des métaux et
forment des complexes chimiques. Ces complexes sont très peu disponibles voire quasiment
non biodisponible.
• Ligand de la fraction colloïdale : fraction intermédiaire entre le particulaire et le dissous
(question de taille). Il y a beaucoup d’acides organiques comme les acides humiques (acides
d’origine naturelle) qui portent des charges négatives. Certains acides humiques chargés en
métaux peuvent être absorbés par certains acides organiques.
• Ligand en solution : ions en solution comme les ions chlorures et les ions hydrocarbonates
chargés négativement. Fixation de cations métalliques à ces ligands en solution dissous.
Complexes dissous correspondent à la fraction la plus biodisponible des métaux dans l’eau.
Selon la physico-chimie du milieu, il existe des équilibres chimiques très différents d’un système à
l’autre et donc la biodisponibilité pour un même composé sera très différente en fonction des
systèmes aquatiques dans lesquels il va être projeté.
On parle de biodisponibilité à partir du moment où il y a une interaction entre le composé chimique et
la barrière biologique. S’il y a une simple adsorption à la surface de la MP, sur des ligands d’interface
→ composé biodisponible. Lorsqu’on fait une mesure de bioaccumulation, on tient compte de la
fraction adsorbée. Si une fraction du composé traverse la barrière biologique, on parle d’absorption
(transport transépithélial ou transmembranaire où le composé se trouve dans la circulation sanguine).
Ex : le mercure. En fonction des ligands qu’il rencontre
dans l’eau, le mercure va être plus ou moins
biodisponible au niveau de la branchie d’un crabe. Les
crustacés possèdent une cuticule qui est relativement
imperméable aux composés chimiques. La plupart des
composés vont avoir tendance à d’adsorber à la
surface mais pour certains composés comme le MeHg,
un organométallique, ils peuvent traverser la cuticule,
être bioaccumulés et in fine, exercer leur toxicité.
Récapitulatif :
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II. Méthodes d’études
ECOSYSTEME
Représentativité
Complexité
Communautés
Populations
Individus
Organes
Réductionnisme
Simplicité
On travaille à différents niveaux = niveaux d’intégration : du
plus réductionniste (échelle moléculaire) au niveau le plus
complexe (échelle de la communauté). Si on descend dans
cette échelle, on a des approches de plus en plus simples →
plus facile d’interpréter l’effet d’un composé sur une
molécule.
Beaucoup de tests rapides et faciles sont développés mais
inconvénient = très loin de ce qui se passe dans le milieu
naturel. En remontant dans l’échelle, la complexité
augmente et la représentativité aussi.
Cellules
Molécules
Approches réductionnistes : décrire des mécanismes
d’action précis en laboratoire. En général, travail sur un polluant à la fois.
Sur le terrain : vérifier les effets observés en laboratoire par rapport à ceux observés en milieu naturel.
Dans l’environnement, cocktail de pollution.
Types d’approches écotoxicologiques
Laboratoire : tests de toxicité mono- ou plurispécifiques, chaînes trophiques expérimentales,
microcosmes.
Terrain : mésocosmes, portions d’écosystèmes naturels (« enclosures »), études in situ : diagnostic de
l’état du milieu mais ne permettent pas de comprendre la raison pour laquelle le système est dans cet
état → description. Si on fait un suivi dans le temps, on peut avoir une idée de l’évolution du système.
Pour comprendre les mécanismes, certains paramètres abiotiques ou biologiques doivent être fixés.
On descend dans l’échelle de complexité en développant des approches de plus en plus contrôlées.
Sur le terrain, approches en enclos ou contrôle de la composante biologique → on reste soumis aux
conditions naturelles de contamination et physico-chimiques. On contrôle un peu plus et on peut cibler
des impacts sur différents types d’espèces. On peut, ici, faire des cinétiques : voir comment les
organismes sont impactés dans le milieu qui les entoure, dans le temps.
Approche en mésocosmes en milieu extérieur : unités expérimentales de grande taille où le biotope,
l’eau, les organismes biologiques introduits et la contamination peuvent être contrôlés dans les
conditions climatiques naturelles (éclairage, température, pluviométrie, etc.). Structures
expérimentales très intéressantes mais très lourdes en fonctionnement.
En laboratoire : contrôle de tous les facteurs en microcosmes. Petit écosystème reproduit en
laboratoire où on contrôle tout : substrat, type d’eau, composante biologique, la contamination, durée
d’exposition et tous les facteurs physico-chimiques. On reste dans un écosystème complexe où on
mime un petit écosystème.
Mini chaînes trophiques expérimentales : plus de substrat, juste une colonne d’eau de composition
connue. On s’intéresse au transfert trophique des composés le long d’une petite chaîne à 2/3 voire 4
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Ecotoxicologie aquatique – Baudrimont
maillons. Contamination au phytoplancton qui est ingérée par une daphnie qui va être contaminée et
ingérée par un poisson. Cela permet d’étudier les processus potentiels de bioamplification le long des
réseaux trophiques, pas de contaminant dans l’eau.
Tests de toxicité mono- ou plurispécifiques : travail sur une espèce dans un type d’eau en laboratoire
→ test de l’effet d’un contaminant sur cette espèce. Cela ne représente pas ce qu’il se passe en milieu
naturel mais ce sont les tests les plus utilisés pour déterminer les seuils de toxicité dans
l’environnement.
But : avoir des tests rapides, fiables et reproductibles. Plus on est réductionnistes, plus on arrive à
obtenir cette reproductibilité, fiabilité. Ces tests sont normalisés et rapides pour la réglementation.
La daphnie est très utilisée dans les tests de toxicité aiguë (test de létalité). Ces tests sont réalisés sur
des séries de dilution préparées à partir de l’échantillon brut. Il s’agit de déterminer, pour une période
d’exposition donnée (24h, 48h, etc.), la concentration à laquelle 50% des organismes exposés lors d’un
test présentent l’effet toxique recherché = CE50.
Intérêt des daphnies : elles se divisent par parthénogénèse = de manière asexuée. Quand les
conditions du milieu sont favorables, les daphnies produisent beaucoup de petits œufs femelles et ce
sont uniquement des femelles qui se développement → population homogène = avantage car pour les
tests de toxicité, il faut avoir une population homogène à tester pour éviter au maximum la variabilité
interindividuelle. Travail à un stade de développement précis, à un âge précis et avec un sexe donné.
Lorsque le milieu devient défavorable, les daphnies se reproduisent de manière sexuée → production
de 2 œufs plus gros = œufs de durée et de daphnies mâles. Ces œufs de durée sont émis dans
l’environnement et vont subir des conditions physico-chimiques dégradés et résister à la dessication.
Ils peuvent être conservés plusieurs mois voire plusieurs années sans se dégrader. Pour développer un
élevage de daphnies, il faut acheter dans le commerce des œufs de durée, les mettre dans de bonnes
conditions physico-chimiques. Les œufs vont éclore et vont donner des femelles qui se reproduisent
de manière parthénogénétique.
Daphnie = organisme d’eau douce. Il existe un équivalent en eau marine = l’artémie, micro-crustacé
vivant dans les lacs salés, les lagunes et les marais salants, qui se reproduit sous le même principe que
la daphnie.
Tests de toxicité sur les algues phytoplanctoniques = tests de toxicité chronique → étude de l’inhibition
de croissance. Tests très faciles qui durent 3-4 jours. Comparaison de la croissance d’algue témoin par
rapport à des algues qui sont contaminées, à différentes concentrations par un composé.
Scenedesmus subspicatus : algue d’eau douce.
Tests chroniques sur les plantes : mesures d’inhibition de germination de semence ou d’inhibition de
croissances des plantules/racines.
Tests chroniques sur la daphnie : effet sur la reproduction.
Tests de létalité sur les vers de terre et les poissons mais également tests chroniques.
Tests sur les protozoaires ciliés : inhibition de croissance, d’activité enzymatique particulière et du
mouvement ciliaire (analyse de la motilité cellulaire). Test faciles à mettre en place.
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Tests microtox sur les bactéries : étudier le principe de bioluminescence d’une bactérie marine par un
spectromètre qui mesure la fluorescence → si diminution de la fluorescence d’une bactérie en
présence de contaminant : bactérie impactée.
Sensibilité différente selon les tests. Ex : effluent industriel testé par un test microtox et un test de
mortalité de poisson. En ordonnée : pourcentage de l’effluent dilué avec de l’eau, en abscisse :
pourcentage de décroissance de lumière chez la bactérie et en haut : pourcentage de survie du poisson
après 96h d’exposition. La sensibilité à l’effluent est plus importante pour la bactérie que pour celle
du poisson : EC50bactérie = 4% et LC50poisson = 25%.
Il faut multiplier les tests sur différentes espèces pour avoir une vraie mesure de la toxicité soit d’un
effluent soit d’un composé car selon les espèces et le type de composé chimique, la sensibilité de
réponse n’est pas la même.
Le pouvoir neurotoxique d’un composé peut être mesuré par la méthode d’électrophysiologie.
L’activité cérébrale du poisson est mesurée à l’aide d’une électrode et un composé chimique est injecté
au niveau des bulbes olfactifs du poisson. Le poisson est très sensible au niveau des bulbes olfactifs et
capable de détecter des molécules odorantes lui permettant de fuir lorsqu’il y a une pollution aux
hydrocarbures par exemple. Mesure d’une modification potentielle de cette activité cérébrale.
Un poisson a été exposé à du mercure
inorganique. En A : réponse cérébrale
du poisson avant exposition au
mercure. En B : pendant l’exposition.
En C : 30 min après l’exposition.
Le mercure va quasiment inhiber la
réponse du poisson quand on le stimule avec de la sérine. Après 30 min, il y a une légère récupération
mais très faible. C’est un bon moyen de mesurer le pouvoir neurotoxique de certains composés.
L’inconvénient, ici, c’est que le poisson est immobilisé = problème car il n’est pas dans son état normal.
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Ecotoxicologie aquatique – Baudrimont
Des petits boîtiers émetteurs ont été développés. Ils sont fixés sur le
poisson et celui-ci peut vivre librement. Ces émetteurs ont permis
de réalisés des tests sur différents pesticides comme l’atrazine,
l’indane et le parathion. Si on regarde l’activité cérébrale du poisson
(en rouge) et les réponses à différents types de molécules, on voit
qu’il y a une spécificité de réponse pour chaque molécule. Il y a une
modification très forte de l’activité de base et chaque molécule a un
profil spécifique. Cela signifie que les molécules sont toxiques pour
le poisson au niveau du cerveau et qu’il est possible de détecter les
réponses en milieu naturel. Ces réponses peuvent être utilisées
comme indicateurs de présence de ces différents types de molécules
dans l’environnement. C’est une méthode intéressante mais qui n’a
pas pu être développée en milieu naturel.
La valvométrie : mesure de comportement d’ouverture des valves
chez les mollusques bivalves. Systèmes très petits qui comportent 2
électrodes collées sur les valves des organismes, laissés dans leur
milieu naturel. On fait une mesure d’impédance entre les 2
électrodes ce qui renseigne l’état d’ouverture des valves. Selon
l’intensité de l’impédance, la valve est ouverte ou fermée ou entre
les 2. Quand la courbe est vers le bas, l’organisme est fermé. Quand
la courbe monte, les fréquences d’ouverture sont très intenses avec
un certain rythme journalier. L’ouverture ou la fermeture des valves
est conditionnée par la photopériode : la nuit, les organismes sont
fermés et le jour, ils s’ouvrent beaucoup. C’est un rythme biologique
connu qui a été caractérisé d’un point de vue physiologique.
Lorsque les organismes sont installés dans le bas, ils s’enfouissent
dans le substrat → ouvertures et fermetures fréquentes et au bout d’un moment : les organismes
restent fermés puis s’ouvrent périodiquement. Au bout d’un mois : les organismes ont un
comportement nature d’ouverture et de fermeture en fonction de l’éclairement dans la journée. En
fonction de ce comportement de base qui est caractérisé, il est possible d’utiliser les modifications
comportementales en présence d’un contaminant. Lorsqu’une algue toxique ou autre contaminant est
ajouté, le mouvement valvaire est modifié → mesure de l’impact comportemental des composés
chimiques ou des algues toxiques sur les bivalves filtreurs → modification des capacités de filtration.
Ce type de système est déployé en milieu naturel sur des huîtres avec un système de miniaturisation
et de récupération des données.
Développement sur les stades embryons-larvaires de poissons, oursins, huîtres, etc. : travailler sur les
stades précoces de développement car ces stades sont censés être les stades les plus sensibles des
espèces face aux contaminants. Pour certaines espèces comme le poisson zèbre ou la tête de boule,
leur reproduction en laboratoire est facile et rapides et se fait tous les 4 mois → possibilité d’obtenir
régulièrement des embryons au même stade. Tests de développement, de pourcentage de survie au
niveau des embryons mais aussi des larves, de malformation, etc.
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Ecotoxicologie aquatique – Baudrimont
Tests transgénérationnels : étude de l’effet d’un contaminant sur plusieurs générations. Avec ce type
d’organisme (reproduction rapide), en laboratoire et à partir de l’exposition d’un individu adulte, on
peut étudier l’impact sur la descendance sur plusieurs générations (jusqu’à 4 générations). On regarde
les transmissions des effets potentiellement génétiques mais aussi épigénétiques = sans
modification/mutation de l’ADN, modification au niveau de la méthylation par exemple. Tests
normalisés = tests embryon-larvaires que l’on peut développer en eau douce ou en eau salée.
Réponses rapides.
Les systèmes peuvent être complexifiés
avec l’approche du microcosme. Une
partie du microcosme est un sol avec des
végétaux qui poussent dessus et un
système aquatique à côté dans lequel se
trouve une composante biologique.
Plantes enracinées, petits escargots, sol
simplifié, eau artificielle, poissons,
espèces herbivores avec des larves de
moustiques,
des
physa
(genre
d’escargots), daphnies et du phytoplancton. Des insecticides et herbicides sont testés et on mime
l’utilisation de ces produits sur un sol agricole : ils sont radiomarqués pour pouvoir les tracer dans le
système. C’est un exemple du système le plus complexe que l’on peut mettre en place en microcosme
pour étudier l’impact de contaminant.
Il existe aussi des approches en milieu naturel avec des systèmes d’enclos. Systèmes très importants
en taille et en logistique.
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