Islam, sagesses d’amour, sagesses soufies Malek Chebel © Éditions First-Gründ, Paris, 2012 Cette œuvre est protégée par le droit d’auteur et strictement réservée à l’usage privé du client. Toute reproduction ou diffusion au profit de tiers, à titre gratuit ou onéreux, de tout ou partie de cette œuvre est strictement interdite et constitue une contrefaçon prévue par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle. L’éditeur se réserve le droit de poursuivre toute atteinte à ses droits de propriété intellectuelle devant les juridictions civiles ou pénales. Isbn : 978-2-7540-4081-5 Isbn numérique : 9782754043366 Dépôt légal : juillet 2012 Direction éditoriale : Marie-Anne Jost-Kotik Édition : Charlène Guinoiseau Correction : Muriel Mékies Mise en page : Sophie Boscardin Couverture : Olivier Frenot Éditions First-Gründ 60, rue Mazarine 75006 Paris – France Tél.: 01 45 49 60 00 Fax: 01 45 49 60 01 E-mail: [email protected] Internet: www.editionsfirst.fr À PROPOS DE L’AUTEUR Anthropologue, conférencier et spécialiste réputé de l’islam, Malek Chebel compte à son actif plus de trente ouvrages de vulgarisation. Du Dictionnaire amoureux de l’islam (Plon) au Dictionnaire amoureux des Mille et une nuits (Plon), Malek Chebel n’a pas cessé de réinventer l’« Islam des Lumières » au sens où, à ses yeux, c’est celui-là seul qui est capable d’accéder à la modernité. Chez First, il est notamment l’auteur de L’Islam pour les Nuls Juniors adressé aux adolescents. Outre de nombreux articles, des participations à des ouvrages collectifs, des réalisations de documentaires ou des consultations ciblées, Malek Chebel collabore avec divers journaux et télévisions. En tête, Le Monde des Religions et Direct 8. Site web: www.malekchebel.com Petite introduction au soufisme (en arabe tasawwûf) vise l’approfondissement de la connaissance L edusoufisme texte coranique par le biais d’une méditation mystique soutenue, celle du disciple, appelé mourid ou muhibb, littéralement « désirant » (de Dieu). Le but ultime du soufisme est l’élévation progressive du disciple dans la voie de compréhension qu’il a choisie, la tariqa. Cette progression a lieu sous la direction d’un maître spirituel appelé Cheikh. Sa méthode : c’est le dhikr (ou zikr), c’est-àdire la remémoration constante de Dieu, son nom, ses attributs, sa puissance, mais l’aussi l’apprentissage d’un certain nombre de règles de l’ordre. Ce sont ces règles qui distinguent une confrérie d’une autre, une tariqa d’une autre tariqa. Voici le verset coranique qui met le mieux en valeur la démarche spirituelle des soufis, les mystiques de l’islam, ce que M.E. Blochet, l’un des premiers à avoir écrit sur le sujet, appelle une « technologie mystérieuse » : « Dans des demeures qu’Allah a accepté qu’on élève afin que Son nom y soit invoqué et glorifié matin et soir, par des hommes chez qui la remémoration du nom d’Allah n’est détournée ni par le commerce ni par une vente quelconque. Ils observent le rite de la prière et font l’aumône. Ils redoutent aussi le jour où les cœurs et les regards seront transformés de fond en comble »1 (Coran, XXIV, 36-37). Car la sagesse d’islam est inondée de part en part par la lumière soufie dont l’article premier pourrait être celui-ci : « La foi est une connaissance qui procède du cœur » (al-iman ma’rifa bil-qalb). Trois niveaux distincts doivent ainsi fusionner : 1° - l’approfondissement du texte sacré ; 2° - la méditation quant à la Création divine ; 3° - l’élévation du disciple dans sa connaissance des arcanes de la Tradition, son histoire, ses personnalités, ses thématiques. Pour ce faire, la première étape qu’il doit observer est l’allégeance à un maître, pacte mystique sacré absolument essentiel. Ce sont bien là les trois étapes marquantes du soufisme, mystique frémissante qui porte l’adepte de son état immédiat vers un état supérieur qui serait, par l’abandon de soi, le prolongement direct de l’adoration. Le lecteur aura vu d’emblée la ressemblance du soufisme avec la mystique chrétienne, dès lors qu’il place l’amour au plus haut niveau de ses valeurs. Le soufisme n’est pas un apprentissage ordinaire, il est le reflet de l’« âme assoiffée » de transcendance, une sorte d’intériorité décuplée et projetée sur un futur assumé par le don et la fusion avec l’objet de sa propre vénération. Le disciple se consume dans une quête pour un objet qui ne s’accomplit que par son propre anéantissement. C’est même là le sens de cette réflexion du Prophète qui répondait à un Compagnon : « Nous revenons du petit djihad – la guerre sainte – pour entrer dans le grand djihad – la maîtrise de soi, le contrôle et le dépassement de ses vanités terrestres ». Comment distinguer le soufisme de telle ou telle posture sociale de mise en avant de l’ego ? Les soufis eux-mêmes répondent à cette question cruciale en disant que le vrai soufi, et non le comédien, l’homme public, l’opportuniste, est précisément celui dont l’action se fond définitivement dans l’extinction de tout désir et par la résolution de toute quête. Le soufi est donc celui qui ne se montre pas comme tel, qui agit non pas comme un illuminé ou un prophète, mais comme un homme ordinaire, « consumé de l’intérieur par son être désirant ». Le soufi se doit d’être humble et modeste. Il médite les textes sans le dire, ne parle que lorsque c’est nécessaire et ne doit ni cacher sa foi, ni en faire une démonstration publique. Tout le reste est honni par les soufis sincères, un spectacle simulé et fabriqué à la demande, mais qui est faux dans sa base philosophique et spirituelle. Lorsqu’un acteur de cinéma ou un chanteur se dit être un soufi, il faut d’abord vérifier le bénéfice matériel qu’il espère en tirer avant de le croire. À cet égard, c’est le Coran qui nous donne les meilleures justifications, à moins que ce soit déjà une pédagogie de la démarche soufie, une sagesse universelle qui précède le soufisme. C’est ce que nous allons voir tout au long de ce livre qui est certes modeste par le format, mais nourri aux meilleures sources de la mystique musulmane. Il est le guide dans la nuit noire, le maître affectueux et exigeant, la boussole du voyageur… 1 Les versets coraniques sont extraits de la Nouvelle Traduction du Coran de Malek Chebel (Fayard, 2009). Première partie Le Coran Coran, conservateur et propagateur de la langue arabe, comporte une L edimension mystique que seuls quelques initiés arrivent à percevoir, car il faut pouvoir lire, comprendre et méditer le texte sacré dans la multiplicité de ses sens pour s’en convaincre. Que signifie exactement la notion d’i’jaz coranique ou « miracle de l’inimitabilité » que l’on trouve en abondance dans la littérature apologétique ? Que signifie aussi Samad ? Y a-t-il des confréries organisées sur ce principe ? À toutes ces questions, la lecture du texte sacré – le mot qor’an vient d’ailleurs du verbe qaraa, littéralement « lire ou réciter » – ne donne a priori aucune indication particulière. Mais lorsque la lecture est orientée vers le sens caché des versets, il devient l’arche première d’une architecture intime conduisant le fait coranique. Cette caractéristique s’est depuis manifestée amplement à travers le nombre de « lecteurs » (qûrrat) du Coran, établi canoniquement à dix. Révélé au Prophète entre 610 et 632, il est structuré autour de 114 chapitres (soura) et de 6219 versets, appelés ayat. Plusieurs centaines de versets trouvent un écho immédiat auprès des mystiques, qui les lisent, les méditent, les glosent, les récitent à voix haute ou basse et les rappellent en toutes circonstances. Dis : Lui, Dieu, est unique. C’est Dieu, l’Impénétrable. Il n’a pas engendré ni ne fut engendré. Nul n’est égal à Lui. Dieu est l’Éternel, l’Impérissable. (Coran, XXVIII, 88.) Autodéfinition de Dieu donnée dans le Coran. Allah est l’incommensurable. V Souvenez-vous de Moi, Je me souviendrai de vous. (Coran, II, 152.) Le souvenir ici est pris dans son sens mystique (fadhkurûni adhkûrakum), car Dieu est l’apparent et le caché selon une expression coranique de la sourate LVII, verset 3. V Tout périt sauf Sa Face. (Coran, XXVIII, 88.) L’éternité de Dieu est incomparable avec l’évanescence des choses ici-bas. V Ceux qui refoulent la révélation d’Allah dans le Livre, qui en font un troc misérable, se rempliront les entrailles de feu. Allah ne leur adressera pas la parole au Jour de la Résurrection et ne les purifiera point. Ils subiront un châtiment terrible. (Coran, II, 174.) Il y a deux types de croyants, certains sont sincères et désintéressés, d’autres cherchent à faire fructifier leur adhésion au culte et font partie en réalité des mécréants. Ceux-là ont beau singer les attitudes du bon croyant, imiter ses paroles et s’habiller comme lui, ils « n’auront rien dans la vie dernière », selon une expression coranique de la deuxième sourate, verset 200. Le Coran met en garde contre ceux qui rentrent dans une mosquée et disent : « Ô Dieu, accordenous de tes bienfaits immédiatement… » V Allah ne charge une âme sans qu’il lui trouve des issues favorables. Elle aura ce qu’elle a accompli et sera débitrice de ce qu’elle aura fait. (Coran, II, 286.) La responsabilité du musulman est toujours engagée dans l’acte de foi. En même temps, la foi ne peut être un handicap pour le croyant. V C’est Lui qui t’a révélé le Livre qui contient des versets éloquents – Mère des livres –, et d’autres plus complexes, propices au doute et à l’interprétation. Quant à ceux dont les cœurs sont déviants, ils s’attachent à la partie obscure du Coran, recherchant la dispute et la discorde. Ils font excès d’interprétations, mais seul Allah maîtrise toutes les interprétations. En revanche, ceux qui s’attachent fermement à la science, ils disent : « Nous croyons en Lui, car tout vient de notre Seigneur ». Ne s’en souviennent que ceux qui sont doués de raison et d’intelligence. (Coran, III, 7.) Le Coran est un Livre clair et cohérent. Tout un chacun peut le comprendre sinon par le biais de la langue, du moins par la connaissance du cœur, et cette vérité intrinsèque est par elle-même une discrimination entre le vrai et le faux. Cependant, le Coran est également une parole ésotérique qui dispose de sens divers et superposés révélés aux Hommes et même aux djinns : « Il m’a été révélé avoir entendu qu’un groupe de djinns disait : Nous avons entendu un Coran magique, il appelle à la bonne guidance, et nous y avons cru. Ainsi, nous ne doutons pas de notre Seigneur l’Unique » (Coran, LXXII, 1-2). V Pour ceux qui invoquent leur Seigneur en diverses positions, debout et assis, et sur le côté, et qui se souviennent de la création des cieux et de la terre, se peut-il que Ton invention soit vaine ? (Coran, III, 191.) Dans ce verset, c’est encore l’un des thèmes principaux du soufisme, à savoir l’Unicité divine d’une part, indépendamment de la position corporelle dans laquelle on se trouve, et l’Unité à Lui de manière dévotionnelle, d’autre part. V Tel est le droit chemin, suivez-le et ne suivez pas les chemins divergents, car ils vous éloigneront de Son chemin. (Coran, VI, 153.) Le Coran est une clairvoyance pour la vie. Il emploie une langue de clarté et une cohérence spécifique. V Allah aime ceux qui se purifient. (Coran, IX, 108.) L’islam est un ensemble de règles, ce qui donne lieu à un dogme extrêmement structuré. Le Coran dit ailleurs : « Ils observent le rite de la prière et font l’aumône. » (XXIV, 37). Ne suis pas ce dont tu n’as aucune connaissance : l’ouïe, la vue, le cœur, tout cela rendra des comptes plus tard. (Coran, XVII, 36.) L’islam est un Tout et chaque partie du Tout est impliquée dans le décompte final. V Les serviteurs du Dieu de la miséricorde évoluent humblement sur terre (hawanan) et lorsque des ignorants leur adressent la parole, ils répondent : « Paix sur vous ». (Coran, XXV, 63.) Le mourid soufi, le derviche, le faqir et même le maître de la Voie (le Chaykh de la tariqa) observent une éthique qui leur est propre. Elle est faite de discrétion, de modestie et d’humilité. Mais seul Allah connaît vraiment leurs actions et leurs pensées (Coran, XLVII, 30). V Ceux qui, familiers du Seigneur, se prosternent toute la nuit et se redressent. (Coran, XXV, 64.) L’un des articles de foi du soufi est celui de la prière et de la méditation, qu’il doit observer au-delà des prières canoniques journalières. Dans le même esprit, cet autre verset : « Récite Ses louanges matin et soir (dhikran kathiran) » (Coran, XXXIII, 41). Deuxième partie Le Hadith MOHAMMED (570-632) Certains auteurs ont voulu faire du Prophète de Dieu, un mystique. Or, cet attribut est soit faux, soit insuffisant. Il suffit seulement d’en rappeler quelques apophtegmes ou quelques versets coraniques. Ils sonnent comme une défense manifeste de la Prophétie de Mohammed qui dépasse de loin l’ordre soufi, mais en même temps l’anticipe et le prépare. On lit dans le Coran : « Mohammed est le prophète d’Allah. Ceux qui l’entourent sont sévères avec les mécréants, mais fort compatissants entre eux. Tu les verras inclinés, prosternés et désirant plus que tout une faveur d’Allah et sa satisfaction. Leur belle marque se trouve sur leurs visages, à force de s’adonner à la prosternation. Il en est ainsi de semblables dans la Torah et dans l’Évangile. Une semence a germé et de cela une force nouvelle est née, saine et équilibrée sur sa tige suscitant l’émerveillement du laboureur, mais qui mit en colère les mécréants. Allah a promis à ceux qui ont cru et qui ont fait du bien un grand pardon et une grande récompense » (Coran, XLVIII, 29). Tout au long de ses vingt-deux années de prédication, le Prophète a fait des commentaires et s’est comporté de façon particulière. Tous ses faits et gestes sont réunis dans des recueils de hadiths, dont voici un échantillon représentatif. Celui qui se connaît soi-même connaît son Seigneur. (man ‘arafa nafsahû, faqad ‘arafa rabbahû) V J’ai connu mon Seigneur par mon Seigneur. (‘araftû rabbi bi-rabbi) N’insultez pas le Temps, car Allah est le Temps. (ad-dahr, c’est le Temps, peut-être aussi le Cycle, la Durée, l’Éternité) V Mourez avant de mourir. (Hadith rapporté par Thirmidi, Qiyama.) V Allah a dit : « Mon serviteur ne cessera de s’approcher de Moi par des œuvres surérogatoires jusqu’à ce que Je l’aime. Et quand Je l’aime, Je suis son ouïe, sa vue, sa main… » (Hadith qûdsi rapporté par Bukhari.) V Le Fidèle est le miroir du fidèle. (Allah étant nommé Al-Mu’min. Hadith rapporté par Thirmidi.) J’ai préparé pour mes serviteurs vertueux ce qu’aucun regard n’a vu, ce qu’aucune ouïe n’a entendu, ce qui n’a traversé le cœur d’aucun humain. (Hadith rapporté par Bukhari dans son Sahih.) V Mon Dieu, nourris-moi de ton amour, et de l’amour de celui qui t’aime, et de l’amour qui me rend proche de ton amour. Fais que ton amour me soit plus précieux que la fraîcheur de l’eau. (Hadith rapporté par Ghazzali.) V Celui qui a goûté au pur amour de Dieu, le Très-Haut, finit par abandonner le désir du monde d’ici-bas. (Hadith rapporté par Abu Bakr.) Troisième partie Amour humain, Amour mystique qu’il relève de l’émotion spirituelle, l’amour a la particularité de peindre B ien aussi l’émotion physique, étant une passion collective et un transport singulier. Du reste, il n’est pas de sentiment plus plastique et en même temps plus constant que celui-ci. Depuis le début de l’histoire humaine, il est le plus constant, le plus universel, le plus neuf et le plus bouleversant. Il surpasse la haine, la colère, la jalousie et tous les sentiments négatifs que l’être humain porte en lui comme pour l’émonder et l’équilibrer. Dans le florilège qui suit, j’ai voulu présenter tous les aspects de l’amour qu’il soit profane ou sacré, individuel ou collectif, divin et humain. Et pour multiplier les entrées, je n’ai pas cherché à attribuer chaque sentence ou chaque bon mot, car l’alambic du désir et de la passion se nourrit parfois des apports les plus inattendus. L’ABSENCE Elle a dit : « Ô mon Dieu, rends-le moi promptement, Ne fais pas de peine à ceux qui se sont juré leur amour. N’as-tu pas fait entrer l’amour dans mon cœur, De même que tu as donné le mouvement à mes doigts ? Tant qu’il sera loin, mon âme conservera le deuil, Le henné ne tiendra plus sur mes paupières, Et personne, dans un sourire, ne verra plus mes dents… » V L’AMOUR PLUS FORT QUE LA MORT Ne meurt jamais celui dont le cœur est plein d’amour. (Hafez, xive siècle.) V VÉRITÉ ET CERTITUDE Ne reproche pas aux soixante-douze sectes leurs querelles, car elles ne voient pas la Vérité. (Hafez, xive siècle.) AMOUR DE L’OUÏE On demanda à un poète arabe comment il pouvait aimer une femme qu’il n’a pas vue. « Je l’aime, répondit-il, parce que, si l’œil n’a pas vu, l’oreille a entendu et que l’oreille a le pouvoir autant que l’œil de porter jusqu’au cœur une vive passion. » V AMOUR DU MARI Quand une femme s’est orné les yeux de koheul, paré les doigts de henné et qu’elle a mâché le mesteka (résine de lentisque) qui parfume l’haleine et rend les dents blanches, elle devient plus agréable aux yeux de Dieu, car elle est plus aimée de son mari. V LE PREMIER AMOUR Que ton cœur change à son gré ses liens ; il n’y a d’amour comme le premier. Si nombreuses soient les maisons que l’homme habite sur terre, Sa nostalgie penche toujours vers sa première demeure. (Abu Tammam, mort en 842 ou en 845.) V CELLE QUE J’AIME Sa bouche est pleine de grâce, sa salive, sucre et miel Et par sa beauté, son corps brave le marbre de nos mosquées. LA GAZELLE Avant de l’avoir vue, je n’aurais jamais cru qu’il fût possible à la gazelle de prendre la forme d’une femme. Aujourd’hui, j’en suis certain. V AMOUR IMPOSSIBLE Ô mon cœur ! Pourquoi t’obstiner à faire remonter les eaux vers la montagne ? Tu es l’insensé qui poursuit le soleil. Crois-moi, cesse d’aimer cette femme qui ne te dira jamais oui. Le grain semé dans une sebkha (lac salé) ne produit jamais d’épis. V LOURD FARDEAU L’amour n’est pas un léger fardeau. V PEINE D’AMOUR Elle m’a fait dire : « Tu dors, et nous sommes séparés ! » J’ai répondu : « Oui, mais c’est pour reposer mes yeux des larmes qu’ils ont versées. » ÉTINCELLE D’AMOUR L’amour commence par un regard, de même qu’un incendie commence par une étincelle. V NUL NE PERD EN AIMANT Je suis vaincu par l’amour ; mais elle est si belle que ma défaite s’est transformée en victoire. (Poème préislamique.) V PERLES DE PLUIE Leurs larmes s’échappent le long de leurs joues ; Des perles se répandent semblables à l’eau de pluie. Frappés à mort sur le pont d’amour, leur âme fait le jeu d’un destin malheureux. (Abul-Hassan ad-Daylami.) V SAGESSE D’UN SAGE On demanda à un vieillard pourquoi il marche courbé. Il dit : « J’ai perdu sur la terre humide ma jeunesse, et je me suis courbé pour la chercher. Mais mon expérience est devenue si lourde qu’elle m’empêche de redresser le dos… » TOURMENT PRINCIER Si les princes connaissaient les tourments de l’amour, S’ils savaient que c’est un feu qui brûle dans la poitrine, Ils ne puniraient que par la séparation (des amants) Et ne récompenseraient que par la réunion des amants. (Poème ancien.) V AMOUR ET MYSTIQUE L’amour est une mer sans rivage, une nuit sans aurore, une maladie sans médecin, une calamité sans patience, un désespoir sans apaisement… car si l’amour est en apparence une ivresse, il est intérieurement une lucidité. (Parole soufie.) V SECRÈTE EST LA PASSION Les gens savent que je suis amoureux, mais ils ne savent pas qui j’aime. (Chibli, mystique de Bagdad, mort en 945.) V L’AMOUR REQUIERT DU COURAGE Si tu es amoureux de l’amour, si c’est l’amour que tu recherches, prends un poignard aiguisé et coupe le licol de ta timidité. (Rûmi, XIIIe siècle, Ôdes mystiques.) COMMENT LUI RÉSISTER ? Quand l’amour atteint l’emporium de la folie, il bâtit dans le désert des arches triomphales avec les sables mouvants. (Al-Faïzi, poète mystique indo-musulman.) V AMOUR D’AUTRUI Les meilleures des créatures parmi nous sont celles qui vivent dans l’amour et la charité et dans le respect de leur prochain… Elles sont comme le soleil qui monte droit vers le ciel. (Tierno Bokar, Sage de Bandiagara.) V MALADIE D’AMOUR Ô Bien-aimée, je suis atteint par l’amour Il m’a enivré et m’a laissé perplexe ; Je ne connais plus le goût du sommeil, ni celui de la gaîté, Et je ne songe pas à me consoler de toi Je fuis la compagnie des miens De peur de me montrer dans un état qui m’éloigne de toi, D’aucuns prétendent que tu es mon cœur, Est-ce que celui qui t’a vue possède encore un cœur ? Loin de ma bien-aimée, je lui ai offert mon âme tout entière, Dans l’espoir qu’elle lui accorde en récompense ses grâces. (Al-Harraq, saint de la confrérie Darkawa.) V L’AMOUR SELON HALLAJ Ô toi qui me blâmes de L’aimer, comme tu m’accables ! Si tu voyais Qui je veux dire, tu ne me blâmerais plus. Les gens font le pèlerinage, moi je vais en pèlerinage (spirituel) vers mon Hôte bien-aimé ; s’ils offrent en sacrifice des agneaux, moi j’offre le sang de mes veines ! Il en est qui processionnent autour du Temple, sans y être corporellement, car c’est en Dieu qu’ils processionnent, et Il les a dispensés du Haram ! (Al-Hallaj, Diwan.) Qui plonge dans l’Océan de l’amour, sans savoir (nager), sera avalé comme un nouveau Jonas. (Al-Hallaj, Diwan.) V LA PASSION Entrer par la porte des passions est chose aisée ; en sortir est difficile. (Anonyme.) V LA DANSE DES DERVICHES Danse lorsque tu peux briser ton moi Arrache les racines de ton désir. Certains dansent et tournent sur la place publique. Mais les hommes véritables dansent dans leur propre sang. Délivrés de la main du moi, ils frappent des mains. Ils dansent et sautent par-dessus leurs imperfections. Leurs ménestrels frappent du tambourin intérieur. Et dans leur allégresse, bouillonnent des océans. Tu ne le vois pas, mais ils perçoivent le claquement Des feuilles des arbres du paradis. Tu ne peux pas percevoir le claquement de ces feuilles Tu as besoin de l’oreille du cœur, pas de celle du corps. (Rûmi, XIIIe siècle.) V Quatrième partie Développements soufis Les thématiques y a autant de mystiques parlant de l’amour que de soufis, car la plupart des I ltraités consacrés à l’amour mystique, sinon la totalité, émanent de soufis ou de leurs disciples. Chez eux, l’amour regroupe le désir, la passion et la fusion de l’être aimé avec celui ou celle qui l’aime. Ce principe est universel, il s’applique à l’amour profane autant qu’à sa transmutation spirituelle, si bien que les plus grands traités de l’amour profane sont aussi, nécessairement, des traités d’amour mystique. Et même lorsqu’on parle de Lumière divine ou d’Unicité d’Allah – comme dans les écrits philosophiques de Suhrawardi, Sadra Shirazi, etc. –, il n’est question au fond que d’amour de la Création pour son Créateur. 1° - Ibn Dawûd (mort en 907) est l’auteur d’un livre inaugural, Kitab az-Zahra, exclusivement réservé à l’amour courtois. 2° - Al-‘Adwi ach-Chayzari (mort vers 1094) est l’auteur du Rawdat al-qulûb wa nuzhatu al-muhibbi wal-mahbûb. 3° - As-Sarraj (1027-1107) est l’auteur de Massari’ al-‘Uchchaq. 4° - Al-Ghazali (1058-1111) est l’auteur du Livre de l’amour. 5° - Ibn Al-Jawzi (1021-1114) est l’auteur de Dhamm al-hawa. 6° - Ibn ‘Arabi (1165-1240) est l’auteur de Turjuman al-achwaq (L’Interprète des passions). 7° - Mughaltay ibn Qalij (1290-1321) est l’auteur de Al-Wadih al-mûbin fi man mata mina al-muhibbin. 8° - Ibn Qayyim al-Jawziyya (1292-1350) est l’auteur du Rawdat al-muhibbin. 9° - Al-Maghribi (1325-1375) est l’auteur du Diwan as-Sabbaba. 10° - Al-‘Iraki est l’auteur de Rawdat al-Uchchaq, également appelé Nuzhat annazir wa sulwatu al-qalbi wal-khatir. 11° - Al-Biqa’i (1407-1480) est l’auteur de Aswaq al-‘uchchaq min massari’ al-‘uchchaq. 12° - Al-‘Antaki (mort en 1600) est l’auteur de Tazyin al-aswaq bi tafsil achwaqi al-‘uchchaq. 13° - Ibn al-Khatib est l’auteur de la Définition du noble amour de Dieu (At-Ta’rif bil-hubb ach-charif). Je voudrais mentionner deux noms en particulier, celui d’Ibn Qayyim alJawziyya (1292-1350) et celui de Daylami. Le premier est le huitième de la liste qui précède. Il a écrit un livre important : Jardin des amants/amoureux (Rawdat al-mûhibin) dans lequel il a recensé les cinquante noms de l’amour. Ad-Daylami est l’auteur d’un petit traité d’amour mystique intitulé Le Livre de l’inclinaison de l’alif uni sur le lam incliné, en sachant que l’alif et lam sont deux lettres de l’alphabet arabe. 1 TYRANNIE DE L’EGO mystique a dit que la condition, pour recevoir les dons de la sagesse, c’est U nd’annihiler tout ce qui vient de soi-même et se dépouiller de son enveloppe égotiste au profit de l’altruisme qui existe en chacun de nous. Au bout de la démarche, ce sont les vanités immédiates qui nous assaillent vainement qu’il faut laisser derrière soi. C’est alors que notre esprit s’éveille et s’ouvre au monde, et non pas seulement nos yeux. En guise d’illustration de cet adage, voici un court poème de Mohammed Iqbal, réformateur pakistanais connu, qui l’a publié dans le Jawid Nama ou Livre de l’Éternité (1932). Grâce à cela, on suit distinctement les étapes d’anéantissement de l’« ego ». V Es-tu à l’étape de la « vie », de la « mort » ou de « la mort (dans la vie) » ? Appelle à l’aide trois témoins pour te rendre compte de ta « station » : Le premier témoin est ta propre conscience – Regarde-toi donc avec ta propre conscience. Le second témoin est la conscience d’un autre ego – Regarde-toi donc à la lumière d’un ego autre que toi. Le troisième témoin est la conscience de Dieu – Regarde-toi donc à la lumière de Dieu. Si tu te tiens sans trouble en face de cette lumière, Considère-toi aussi vivant et éternel que Lui ! Seul cet homme est réel qui ose – Qui ose voir Dieu face à face ! Qu’est-ce que l’« Ascension » ? Seulement la recherche d’un témoin. Qui puisse finalement confirmer ta réalité, Un témoin dont la seule confirmation te rend éternel. Nul ne peut rester sans trouble en Sa Présence ; Et celui qui le peut, en vérité, il est d’or pur. N’es-tu donc qu’un grain de poussière ? Resserre le nœud de ton moi ; Et tiens-toi fermement à ton être minime ! Quelle splendeur que de faire briller son moi, Et d’éprouver son éclat en la présence du soleil ! Sculpte donc ta forme ancienne, Et crée un nouvel être ; Sinon ton ego n’est que fumée ! V 2 AMOURS CONTROVERSÉS a ceci de particulier qu’il est en résonance permanente avec les L’ amour arcanes du monde. Il est l’amour maternel pour son enfant, l’amour de ce même enfant pour ses parents, l’amour filial et l’amour sororal, l’amour de la bien-aimée pour son amant, l’amour de ce couple pour leur Créateur, ou leur mentor, leur maître spirituel. Dans tous les cas, l’amour est un déploiement de ressources et d’énergie. Il est le sentiment le plus stable et le plus mouvant de tous les sentiments. RABI’A AL-‘ADAWIYA (VIIIE SIÈCLE) On peut penser que Rabi’a al-‘Adawiyya, de Basra (Irak), a inspiré sainte Thérèse d’Avila, car leur façon de faire exister symboliquement le lien à Dieu est proprioceptive et même fusionnelle. Voici le plus fameux des quatrains que Rabi’a, qui n’était pas une mystique comme les autres, – ancienne esclave affranchie, joueuse de flûte – traduit ici vers 1889/1890 par A. Pavet de Courteille (1821-1889) dans Le Mémorial des saints (Tadhkirat al-awliya) de ‘Attar, à partir d’un manuscrit turc ouïghour de la Bibliothèque Nationale de France. Je t’aime selon deux amours, amour intéressé de mon bonheur Et amour parfait, désir de Te donner ce dont Tu es digne. Quant à cet amour de mon bonheur, c’est que je m’occupe À ne penser qu’à Toi, seul, à l’exclusion de tout autre. C’est mon désir que Tes voiles tombent et que je Te voie ! V 3 LE TRAITÉ DE L’AMOUR D’IBN ‘ARABI sans conteste l’un des mystiques les plus complexes et les plus avancés I ldeesttoute l’histoire de l’islam. Son adhésion à un soufisme intellectuel et spiritualiste est d’inspiration hallagienne : « Lorsque se révèle à moi mon BienAimé avec quel œil Le vois-tu ? Sans doute avec son œil et non le mien, car nul ne le voit en dehors de Lui-Même ». Il fut un temps où je blâmais mon prochain si sa religion n’était pas proche de la mienne. Mais maintenant mon cœur accueille toute forme : c’est une prairie pour les gazelles, un cloître pour les moines, Un temple pour les idoles, et une Ka’aba pour le pèlerin, Les tables de la Thora et le livre saint du Coran. L’amour seul est ma religion, et quelque direction que prenne sa monture, là est ma religion et ma foi. 4 AMOUR ET FINITUDE : L’AMOUR CHASTE raconte ce qui suit, une histoire généralement associée aux amants A l-Asma’i qui meurent en demeurant chastes, ce que la littérature savante désigne sous le terme al-hubb al-‘udhri (l’amour courtois). « Le véritable amour chaste est né sous la tente de l’Arabe-Bédouin » disait Stendhal dans De l’Amour. Au Moyen Âge, cette prose est souvent symbolique. V Un jour, alors que je me promenais en rase campagne, je passai devant une pierre où il était écrit : « Au nom de Dieu, ô vous tous qui aimez, apprenez-moi ce que doit faire un jeune homme dont le cœur est plein d’amour ? » J’écrivis ce vers en réponse : « Il doit dissimuler son amour, cacher son secret, être humble et soumis en toutes circonstances. » Je revins à cet endroit le lendemain et trouvai cette supplique : « Mais comment peut-il cacher son amour, alors que cet amour le tue et que, chaque jour, son cœur est mis en lambeaux ? » J’écrivis alors en dessous ce vers : « S’il n’a point de force morale de cacher son secret, la mort est ce qu’il y a pour lui de plus avantageux. » V 5 AD-DAYLAMI faut dire ici un mot sur Abul-Hassan ‘Ali ibn Muhammad ad-Daylami, I lauteur du Livre de l’inclinaison de l’alif uni sur le lam incliné (alif et lam sont deux lettres de l’alphabet arabe). Ce traité de l’amour mystique est considéré comme le premier qui ait été produit dans la culture musulmane. Le shirazien Ad-Daylami a cherché de manière délibérée à fuir les mondanités de son temps, allant jusqu’à multiplier les masques et les paravents. Mystique, érudit, jurisconsulte, grammairien ou littérateur, rien ne filtre sur son identité, sa formation ou sa personnalité, ce qui nous laisse dans l’embarras pour expliquer son « éclectisme théosophique » (Vadet). Une seule certitude : son traité est extrêmement nourri de références coraniques, de sentences prophétiques et de fragments poétiques. Daylami y creuse les origines étymologiques et compare les définitions de l’amour (houbb), de l’amour divin (mahibba) et du désir (‘ishq) chez les auteurs anciens. Tout ceci explique pourquoi le contenu du Livre de l’inclinaison de l’alif uni sur le lam incliné recèle de courts passages d’une extrême érudition. V L’Éros incréé était dans l’éternel des éternités ; en lui, de lui, par lui se fait l’émanation. Il n’est pas contingent, car il est l’attribut de Celui dont les victimes n’ont pas cessé de vivre. Ses attributs de lui en lui ne furent pas créés, car la chose créée a un commencement. Lorsqu’émanèrent les premiers principes, il fit de l’éros un de ses attributs dans cette émanation et l’éros resplendit. Et le lam à l’alif de l’article est (éternellement) uni ; Tous deux sont uniques et par avance signifiés. Ils sont deux quand ils se rejoignent dans la dispersion ; Séparés l’un de l’autre, ils sont le maître et l’esclave. Les vérités sont le fruit d’un désir embrasé ; que du Vrai ils soient absents ou éloignés. Soumis et sans pouvoir lorsqu’ils sont égarés ; leur gloire s’est faite soumission. (in Le Traité d’amour mystique d’Al-Daylami.) V Cinquième partie Dans le verger sacré de l'amour clore cette longue étape dans la littérature mystique ou profane de P our l’amour, voici quelques fleurs du verger sacré qui l’entretient et que seuls les amants sincères connaissent. « Celui-là ne mourra jamais dont le cœur vit de désir » (Al-Hallaj, 852-922.) En toute circonstance, l’implication de l’amoureux dans le vécu du sentiment qu’il prétend incarner est aussi déterminante que l’amour lui-même. À l’inverse, celui qui aime sincèrement, son amour ne sera jamais vain. V « N’aime pas Dieu celui qui divulgue à la masse l’amour qu’il croit nourrir pour Lui » (Ghazali, 1058-1111.) L’amour de Dieu (mahabba) requiert de la discrétion. Très peu d’hommes ont cette abnégation d’aimer sans le dire, car la vanité est souvent plus grande que la soif d’aimer. Ibn ‘Ata Allah a récité ces vers : « J’ai planté, ô gens de l’amour, une branche de la passion, Et personne avant moi ne savait ce qu’était la passion. Cette branche a donné des rameaux et elle a engendré une maladie… Finalement ses doux fruits ont produit une amertume. Et quand les amoureux cherchent une généalogie de leur passion, Ils trouvent tous qu’elle provient de ce rameau » (Al-Qûchayri, 986-1072, citant Ibn ‘Ata Allah.) On ne rentre pas dans la passion sans quelques précautions, car toutes les passions sont dévoreuses de celui ou de celle qui les éprouvent. V « L’amour, son repos est une fatigue, son commencement une maladie et sa fin une mort. Mais pour moi, la mort par amour est une vie » (Ibn Faridh, 1181-1235.) C’est le postulat premier de l’amour courtois dans l’univers arabe. V LES MOTS D’AMOUR : La langue arabe compte quelques cent mots pour dire « Je t’aime ». En voici quelques-uns : Al-houbb : L’Amour (prononcez el-hûb, h aspiré) Houbb Allah : L’amour mystique pour Dieu Al-houbb al-ilahi : L’amour divin Mouhibb : Amant, Celui qui aime Mahboub (a) : Celui ou celle qui est désiré(e), L’aimé(e) Haboub : Celui qui aime aimer, l’amoureux impénitent Houbb al-houbb : L’amour de l’amour Al-houbb al-‘ûdhri : L’amour courtois (voir Al-Asma’i, p. 123-126) Al-ghazal : L’amour galant (se dit surtout pour la poésie) Al-houbb al-mûthrib : L’amour enivrant Al-houbb al-a ‘ma : L’amour aveugle Al-houb al-ibahi : L’amour concupiscent Al-‘ichq : Le désir Al-wadd : L’affection (voisin de la mahibba) Wadoud : Celui qui est dominé par l’affection Moula’aba : Agaceries amoureuses At-ta’attouf al-jinsi : Tendresse amoureuse, penchant pour l’autre sexe, badinage entre amants Al-gharam : Amour-sentiment Maghroum (a) : Épris(e) Al-houbb al-ghayoûr : L’amour possessif, jaloux Al-houbb al-hay’ij ou encore, al-moutahayyij : L’amour débordant, torrentiel… Sixième partie Conclusion le monde agité que nous vivons, il est bon qu’une catégorie de gens, D ans appelés soufis, puisse tenir pour nous ce rôle précieux d’éveilleurs. Ils sont des bougies qui s’allument au fur et à mesure que le doute s’épaissit. À ces Éveillés universels, le monde est reconnaissant de la paix qu’il perçoit autour d’eux, et leur manière d’entretenir au profit de tous une sorte de karma bénéfique et serein, une baraka dont la vitalité se résume à leur force intérieure. Ils nous invitent à demeurer sensibles aux signes du passé comme à tous les symboles que nous pensions dépassés. C’est finalement une leçon de sagesse et d’optimisme que nous recueillons de leurs bouches. BIBLIOGRAPHIE A AL-GILI A., De l’homme universel, Paris, Dervy-livres, 1975. ALI IBN ABI TALIB, Nahj al-balagha, Beyrouth, Dar al-kutûb al-islamiyya, 1989. ASIN PALACIOS Miguel, L’Islam christianisé, Guy Trédaniel, 1982. ATTAR, Le Langage des oiseaux, Paris, Sindbad, 1982. B BENNANI Ahmed, « La Poésie comme exercice spirituel », numéro spécial de la Revue Fontaine, 1942. BISTAMI Abu Yazid, Les Dits de Bistami (shatahat), Paris, Fayard, 1989. 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TABLE DES MATIÈRES Petite introduction au soufisme Le Coran Le Hadith Amour humain, Amour mystique Développements soufis Les thématiques Dans le verger sacré de l'amour Conclusion Dans la collection LE PETIT LIVRE DE vous trouverez également les thématiques suivantes : Le petit livre de Cuisine Le petit livre de Culture générale Le petit livre de Insolites Le petit livre de Tourisme Le petit livre de Langues Le petit livre de Humour Pour consulter notre catalogue et découvrir les dernières nouveautés, rendez-vous sur www.editionsfirst.fr !