Explication de Acte I, scène 2

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Le Malade imaginaire, entre divertissement et satire
Acte I, scène 2 :
I/- Une scène comique :
La scène d’exposition est comique parce qu’elle met en présence un maître grotesque
et une servante rebelle :
Argan multiplie les injures pour dénigrer Toinette : « Ah! Chienne ! Ah ! Carogne », « Ah!
Traîtresse », « coquine », « carogne », « chienne ». Il fait preuve d’une extrême grossièreté,
intensifiée par l’emploi des interjections «Ah ! ». Cela rend sa colère exagérée et son
comportement ridicule. En outre ces insultes relèvent du comique de parole. Argan use aussi
des phrases injonctives : « Ôte-moi ceci, coquine, ôte-moi ceci » , « qu’on ait soin de me tenir
un bouillon prêt », « Taisez-vous, ignorante » et « Qu’on me fasse venir ma fille Angélique »
(l. 58-59). Il se montre autoritaire envers Toinette, il l’insulte et lui donne des ordres.
Quant à Toinette, elle joue la comédie. Elle ment à Argan pour couper court aux
remontrances. La didascalie « faisant semblant de s’être cognée la tête » révèle un comique
de geste et de situation. Elle insiste sur son mal et feint de souffrir pour couper la parole à
Argan en répétant sans cesse, l’interjection « ha », qui relève du comique de parole ; et en
employant l’hyperbole « Vous pressez si fort les personnes que je me suis donné un grand
coup de la tête contre la carne d’un volet ». Ce qui confirme la mauvaise foi de Toinette.
Il est à remarquer que les deux personnages se jouent mutuellement la comédie. Argan a envie
de se disputer avec sa servante et de l’outrager. La répétition du verbe « quereller » le
montre : « Tais-toi donc, coquine, que je te querelle. » et « Quoi! Il faudra encore que je n’aie
pas le plaisir de la quereller ? ». Quant à Toinette, elle provoque son maître « l’un vaut bien
l’autre. Quitte à quitte si vous voulez ». Toinette établit une rivalité avec lui. Elle se montre
rebelle et elle exerce un chantage « Si vous avez le plaisir de quereller, il faut bien que de
mon côté, j’ai le plaisir de pleurer ». L’oxymore « le plaisir de quereller », « plaisir de
pleurer » affirme le comique de situation. De plus, les répliques de Toinette se terminent par
des points d’exclamation tandis que celles d’Argan se terminent par des points de suspension.
Cette ponctuation montre que Toinette, interrompant sans cesse son maître, le domine et le
ridiculise.
Molière a recours au comique de paroles, de gestes et de situation pour présenter, sur le
ton de la farce, une scène comique et burlesque.
II. La satire de la médecine
Obnubilé par son corps et obsédé par sa maladie, Argan pose deux questions, dès la fin de la
dispute : « Mon lavement d'aujourd'hui a−t−il bien opéré ? » et «Ai-je bien fait de la bile ? ».
Inquiet pour ses entrailles, il se montre ridicule.
Il idéalise la médecine et outrage Toinette qui doute de la maladie de son maître et qui tourne
en dérision le médecin Purgon et l’apothicaire Fleurant. Il emploie l’injonctif « Taisez- vous
ignorante ». Le changement de pronom personnel est surprenant. Le vouvoiement de Toinette,
insultée initialement de façon familière, crée une distance méprisante montrant que la
médecine n’est pas accessible au commun des mortels. La négation « Ce n’est pas à vous à
contrôler les ordonnances de la médecine » l’affirme davantage.
Toinette ridiculise et méprise l’apothicaire « je ne me mêle point de ses affaires là », encore «
c’est à monsieur Fleurant à y mettre le nez ». Elle souligne que c’est à lui de voir les selles.
Elle condamne le médecin et son apothicaire car ils « s’égayent bien sur votre corps ». La
réplique de Toinette, bien qu’elle soit comique, elle relève de l’aspect dramatique de la scène :
le médecin est profiteur et non pas guérisseur. De plus, Argan est comparé à « une vache à
lait », une expression populaire qui signifie qu’ Argan se fait abuser et soutirer des sous par
les médecins.
La satire atteint son apogée à travers la réplique de Toinette : « je voudrais bien leur
demander quel mal vous avez , pour vous faire tant de remèdes ». Elle doute que son maître
soit véritablement malade. Les médecins sont ainsi malhonnêtes.
Molière condamne à la fois Argan du fait de son hypocondrie et de sa crédulité, et la
médecine, à cause de leur intéressement et de leur malhonnêteté.
III. L’annonce de l’intrigue
Quelques éléments de cette deuxième scène d’exposition annonce l’intrigue :
l’hypocondrie d’Argan qui suscite l’envie d’avoir un gendre médecin « bile », « bouillon », il
est obsédé par les médecins, par son corps.
Son égocentrisme annonce qu’il va s’intéresser bien plus à son bonheur qu’à
celui de sa fille « tu m’as laissé » (l. 13), « mon lavement d’aujourd’hui a t-il bien opéré ? » (l.
36) il ne pense qu’à lui.
« Qu’on me fasse venir ma fille Angélique, j’ai à lui dire quelque chose » (l.
50, 51) annonce de l’intrigue puisqu’il va lui proposer de se marier.
La réponse de Toinette « La voici qui vient d’elle-même, elle a deviné votre
pensée. » Angélique vient seulement pour parler avec Toinette de Cléante, confirmé par la
scène 4 amoureuse d’un homme différent de celui de son père.
Conclusion: l’intrigue principale est commencée dès le début de la pièce.
Conclusion générale: cette scène d’exposition présente d’emblée la teneur de la pièce. Il
s’agit d’une comédie fondée sur le comique de caractère et la satire de la médecine.
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