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Madhere, S. (2016). Memoires- Gestion Moderne des Detritus Solides

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UNIVERSITE NOTRE DAME D’HAITI
FACULTE DES SCIENCES SOCIALES ECONOMIQUES ET POLITIQUES D’HAITI
Stanley MADHERE
La gestion des déchets solides, un outil d’assainissement des zones urbaines ; cas du quartier
de Martissant
Mémoire pour l’obtention de la Licence en Administration des Affaires, sous la direction du
Professeur Kathylynn Pierre GRIFF
Janvier 2016
Sigles
CCI
Cadre de Coopération Interne de la BID
CHF
Coopérative Housing Fondation
CNE
Central National d’Equipements
DSM
Déchets Solides Ménagers
GJV
Groupe Jean Vorbe
IHSI
Institut Haïtien de Statistique et d’Informatique
MDE
Ministère De L’Environnement
MTPTC
Ministère des Travaux Publics, du Transport et de la Télécommunication
ONG
Organisation Non Gouvernementale
SMCRS
Service Métropolitain de Collecte et de Ramassage des Résidus Solides
WASH
Water, Sanitation and Hygiene
FOKAL
Fondasyon Konesans ak Libète
Définitions des concepts clés
Pour mieux aborder notre thème, la définition de certains concepts clés est nécessaire, tels que :
Assainissement : c'est une action qui vise à l'amélioration de toutes les conditions qui, dans le milieu
physique de la vie humaine, influent ou sont susceptibles d'influer défavorablement sur le bien-être
physique, mental ou social (www.futura-sciences.com).
Averse : pluie subite et abondante (www.linternaute.com) .
Bidonville : expression forgée par Yves Lacoste pour désigner des abris insalubres où vit une
population misérable. C’est un lieu caractérisé par des habitats de fortune construits avec un
minimum ou une absence de services sanitaires1 (Silem & Albertini, 1999).
Déchet : tout résidu d'un processus de production, de transformation ou d'utilisation. On le définit
aussi comme étant toute substance, matériau, produit, etc. que son détenteur destine à l'abandon
(code de l’environnement, art. L541-1).
Les déchets ménagers : ce sont les ordures et les eaux usées issues des travaux de ménage (reste de
cuisine, eaux issues de la lessive, nettoyage, etc.) (www.wikipedia.org).
L'environnement : c'est le substrat et tous ceux qu'il abrite à savoir l'eau, l'air (l'ensemble des
éléments physiques, chimiques ou biologiques, naturels) (www.wikipedia.org).
L'épidémiologie : c'est une science médicale qui étudie les facteurs intervenants dans l'apparition
des maladies et des différents phénomènes morbides, ainsi que leur fréquence, leur distribution
géographique et socio-économique, leur évolution (www.futura-sciences.com).
L’exode rural : c’est le départ définitif des habitants des campagnes vers les villes2 (Jules, 2006).
Explosion démographique : une explosion démographique est un accroissement démographique
très élevé de la population d’un pays. Elle est généralement génératrice de pauvreté et de fragilité
économique : les structures économiques du pays n’ont pas le temps de s’adapter à la taille de la
population (www.wikipedia.org).
L’insalubrité : c'est un état de ce qui est nuisible à la santé (Centre National de Ressources
Textuelles et Lexicales, 2012).
Ahmed Silem et Jean-Marie Albertini, Lexique d’économie, Edition Dalloz, 1999
Onan Jules, Analyse des causes et conséquences de la pauvreté rurale, Étude de cas de la République d’Haiti, 2006
1
2
Phanères : termes désignant les productions destinées à protéger la peau (poils, cheveux, ongles)
(www.doctissimo.fr).
Planification Opérationnelle : la planification opérationnelle fait référence à des mesures efficaces
pour contrôler le suivi des opérations tenant compte de la coordination des rôles des acteurs
impliqués dans la gestion des déchets.
Planification Stratégique : la planification stratégique désigne dans l’étude l’ensemble des moyens
à mettre en œuvre au niveau des différentes activités des intervenants pour assurer une gestion
rationnelle des déchets dans la ville.
Planification urbaine : la planification urbaine n’est rien d’autre qu’une anticipation efficace et
systématique du devenir de la ville, un tracé des cheminements possibles et une organisation
consciente du changement Elle peut être prise en charge par un organe local dépendant de la
collectivité urbaine, ou par une instance nationale supérieure à cette collectivité3 (Edmond et Serge,
1994).
La pollution : c'est la dégradation d'un milieu naturel par des substances chimiques, déchets
industriels ou ménagers (www.agrojob.com).
La région métropolitaine : on peut parler de région métropolitaine pour désigner une ville
importante et les territoires environnants qui entretiennent des rapports étroits avec la ville
principale. La région métropolitaine peut s’étendre par exemple jusqu’à 50 kms du centre-ville.
Finalement dans les secteurs densément peuplés, on utilise parfois le terme de conurbation ou de
mégalopole pour désigner une agglomération de villes et de banlieues lorsque les entités sont
connexes et fusionnées (Chevalier, 1995).
Thanatopraxie : terme qualifiant les différents procédés techniques qui ont pour but de maintenir
les cadavres en état de bonne conservation (www.notrefamille.com)
L'urbanisation : c'est la concentration croissante de la population dans des agglomérations de type
urbain. C’est un processus qui implique généralement deux étapes : premièrement, un mouvement
de population des campagnes vers les villes et, deuxièmement, un changement d’habitudes de vie
qui modifie les attitudes et le comportement des individus (Chevalier, 1995).
3
AHOUANVOEDO Serge P. et DANHOEGBE Edmond S. (1994), La participation communautaire à l’aménagement
du territoire et au Développement municipal au Bénin : cas de l’association de développement économique, social et
culturel de la ville de Porto-Novo, Mémoire de fin de formation (Cycle 1), Université Nationale du Bénin, Institut
National d’Économie (INE), Option : Statistique et planification, sous la direction de ASSE Sévérin, 73 p.
Résumé
Vu la problématique de la gestion des déchets en Haïti qui représente une menace
constante pour l’environnement et ses habitants; nous avons choisi de nous accentuer sur les
conséquences de cette mauvaise gestion ainsi que les intérêts à tirer à partir d’un traitement adéquat
des déchets. Ainsi, afin de mieux cerner le sujet, le choix de la commune de Port-au-Prince a été
stratégique en raison des avantages qu’elle nous procure en termes de documentation, d’observation
et d’enquête. Ainsi, notre étude nous a permis de mieux asseoir le problème et de trouver des
éléments de réponse durables et fiables ; quoique de nombreux chercheurs eurent à documenter
dessus. Donc, avec les différents objectifs de recherche sur la provenance des déchets et sur certaines
méthodes de leur revalorisation au niveau des revues de littérature ; des idées claires sur l’origine
des déchets sont véhiculées en vue de canaliser et de rentabiliser financièrement les interventions
des instances concernées.
Notre recherche a suivi la méthode quantitative sur un échantillon de population de 20
individus. A cet effet, le quartier de Martissant a été notre espace géographique cible du fait de la
pertinence de la problématique au sein de cette communauté. Les procédures de recherche
quantitative ont constitué le moteur de notre enquête, avec notamment un questionnaire très succinct
et précis ; suivi d’une analyse soutenue des résultats. Nos procédés de recommandations ont suivi le
fil des causes occasionnelles repérées, et ceci dans le souci de combattre les provenances en toute
intégralité. Nous avons noté également à la fin de ce document, les différentes sources qui ont été
consultées à l’aboutissement de ce travail élaboré.
Ce présent travail est regroupé en cinq (5) chapitres. Le premier, qui introduit le travail de
recherche via différents sous-ensembles ; le second reprend la revue de littérature de la gestion des
déchets à Port-au-Prince, celle de la nature des déchets, de la politique de gestion d’un pays,
environnementalement similaire à Haïti et celle de l’état des lieux de Martissant, tout en faisant
ressortir les principales causes et conséquences de la mauvaise gestion des déchets dans l’aire
métropolitaine ainsi que certaines pratiques de leur revalorisation; le troisième présente la
méthodologie retenue pour le travail ; le quatrième présente et analyse les résultats de l’enquête ; et
le dernier discute des risques liés à la mauvaise gestion des déchets solides et présente les
recommandations jugées nécessaires à leur gestion optimale, tout en confirmant les hypothèses
d’étude à travers une conclusion.
Table des Matières
I.
Chapitre 1 : Introduction ....................................................................................................................... 1
1.1
Introduction générale ....................................................................................................................... 1
1.2 La problématique ............................................................................................................................. 2
1.2.1
Relation entre la quantité el la fréquence de la collecte des déchets à Port-au-Prince.Ошибка! Закладка не определена.
1.2.2
Existence de la problématique des fatras au quartier de Martissant et ses environs ................. 4
1.3
Cadre Théorique............................................................................................................................... 5
1.4
Spécification du problème................................................................................................................ 6
1.5
Hypothèse......................................................................................................................................... 7
1.6
L’audience........................................................................................................................................ 8
1.7
Le but de l’étude .............................................................................................................................. 8
II.
Chapitre 2 : Revue de littérature ........................................................................................................ 8
2.1
Evolution démographique et présentation de la commune de Port-au-Prince ............................... 10
2.2
Nature des déchets ......................................................................................................................... 14
2.3
Gestion actuelle des déchets solides ménagers à Port-au-Prince ................................................... 16
2.4
Historique de la gestion des déchets à Port-au-Prince ................................................................... 17
2.5
Politique de gestion des déchets d’un pays antillais (la Martinique) ............................................ 20
2.6
État des lieux de la région de Martissant ....................................................................................... 21
2.7
Les causes de l’insalubrité dans la région métropolitaine de Port-au-Prince ................................. 24
2.8
Risques associés à la mauvaise gestion des déchets solides ménagers .......................................... 29
2.9 Comment valoriser les déchets solides ménagers afin de les rentabiliser au profit de la société
haïtienne? .................................................................................................................................................. 32
III.
Chapitre 3 : Méthodologie ................................................................................................................ 36
3.1
Participants ..................................................................................................................................... 36
3.2
Instruments ..................................................................................................................................... 36
3.3
Procédures ...................................................................................................................................... 37
3.4
Analyse des données ...................................................................................................................... 37
3.5
IV.
Limitations ..................................................................................................................................... 38
Chapitre 4 : Résultats de l’enquête .................................................................................................. 38
4.1 Présentation des résultats ............................................................................................................... 38
4.1.1
Principales occupations des individus .................................................................................... 38
4.1.2
Principales activités commerciales du quartier ....................................................................... 38
4.1.3
Types de déchets accumulés dans le quartier ......................................................................... 39
4.1.4
Principales sources de production des déchets à Martissant ................................................... 39
4.1.5
Lieux d’entreposage des déchets à Martissant ........................................................................ 39
4.1.6
Collecte et évacuation des ordures à Martissant ..................................................................... 39
4.1.7
Durée d’entreposage des déchets avant l’évacuation.............................................................. 39
4.1.8
Coût lié à l’enlèvement des déchets avant l’évacuation ......................................................... 40
4.1.9
Triage des déchets avant leur évacuation................................................................................ 40
4.1.10 Recyclage Déchets accumulés dans le quartier ...................................................................... 40
4.1.11 Heure de ramassage des déchets dans le quartier ................................................................... 40
4.1.12 Existence d’une collecte de porte à porte ............................................................................... 40
4.1.13 Existence d’un site de décharge contrôlée pour les déchets générés par les ménages ............ 41
4.1.14 Epidémies dominantes liées à la mauvaise gestion des déchets ............................................. 41
4.1.15 Existence d’une campagne de sensibilisation sur la gestion des déchets................................ 41
4.1.16 Volonté de changer la situation d’insalubrité actuelle ............................................................ 41
4.1.17 Volonté de participer activement au changement ................................................................... 41
4.1.18 Volonté de contribuer financièrement au changement ........................................................... 42
4.2 Analyse des résultats ...................................................................................................................... 42
4.2.1
Relation entre les activités commerciales du quartier et les déchets générés (Tableaux 2, 3, 4,
et 5)
................................................................................................................................................ 42
4.2.2
Planification stratégique et opérationnelle de la gestion des déchets à Martissant (Tableaux #
6, 7, 8, 9, 13, 15 et 19) ........................................................................................................................... 43
4.2.3
Aspect entrepreneurial de la gestion des déchets (Tableaux # 10, 11, 12 et 14) .................... 44
4.2.4
Participation collective de la population ................................................................................. 44
V.
Chapitre 5 : Discussions et Recommandations ............................................................................... 45
5.1
Discussions..................................................................................................................................... 45
5.2 Recommandations .......................................................................................................................... 47
5.2.1
Propositions pour l’atténuation du volume des déchets à Port-au-Prince ............................... 47
5.2.2
Revalorisation des déchets récupérables ................................................................................. 48
CONCLUSION .............................................................................................................................. 49
VI.
Références .................................................................................... Ошибка! Закладка не определена.
VII.
TABLEAUX ...................................................................................................................................... 53
Annexe # 1 ......................................................................................................................................... 53
Annexe # 2 ......................................................................................................................................... 54
Annexe # 3 ......................................................................................................................................... 56
Annexe # 4 ......................................................................................................................................... 57
Annexe # 5 ......................................................................................................................................... 58
Annexe # 6 ......................................................................................................................................... 59
Annexe # 7 ............................................................................... Ошибка! Закладка не определена.
Annexe # 8 ............................................................................... Ошибка! Закладка не определена.
Annexe # 9 ......................................................................................................................................... 62
Annexe # 10 ....................................................................................................................................... 66
1. Introduction
1.1 Introduction générale
La société haïtienne fait face à d’énormes difficultés qui entravent sa bonne marche. Ces
problèmes sont à différents niveaux : économique, social, politique, sanitaire, environnemental,
éducatif, etc. Donc, il est impératif de documenter sur ces fléaux dévastateurs aux fins de non
seulement les pointer du doigt, mais aussi de déterminer leurs provenances pour en trouver des
solutions fiables et viables. A titre d’exemple, nous avons la surpopulation urbaine occasionnée par
l’exode rural, engendrant une cohabitation dense (familles nombreuses, plusieurs ménages par
maison), accompagnée des effets de l’extrême pauvreté au niveau de certaines zones rurales et
urbaines. Ce qui a conduit vers un accroissement excessif de la consommation des grandes villes
haïtiennes, notamment celles des milieux urbains, entraînant ainsi une croissance exponentielle des
résidus solides et en particulier ; les ordures ménagères (Laguerre, 2011).
Les conditions hygiéniques de la population s’aggravent de jour en jour. Ainsi, l’expansion
de cette problématique occasionne des problèmes de santé chez les personnes vivant à proximité des
ordures et rend malsaine la vie des populations. En outre, le peu, ou parfois même l’absence totale
de décharges publiques encourage la prolifération de dépôts d’immondices et le versement d’ordures
le long des routes, sur les terrains vides et dans les cours d’eau. A ce phénomène, la capitale du pays
n’est pas épargnée (Laguerre, 2011). Le développement considérable et non structuré de
l’agglomération de Port-au-Prince a engendré un problème d’insalubrité similaire à toutes les zones
urbaines du pays. L’importance de l’élimination des déchets solides à la capitale du pays revêt d’une
attention spéciale. Leur évacuation constitue un véritable casse-tête pour l’administration communale
de Port-au-Prince et le SMCRS, qui sont les institutions étatiques responsables de leur gestion. Le
tonnage y est considérable, puisque la moyenne journalière d’ordures ménagères générée par habitant
est de 0.5 kg4 ; soit 1.15 millions de kg pour une population de 2.3 millions d’habitants5. Par
conséquent, il s’agit de s’interroger sur les questions suivantes : En quoi consiste la gestion des
déchets dans les régions urbaines d’Haiti ? Comment l’améliorer pour répondre de façon rationnelle
aux besoins de la population ?
ADAM Pierre, GERMAIN Frantz, 1997, manuel technique de gestion des déchets, Coopérative Housing fondation
(CHF) ,59p
5
www.alterpresse.org, Haiti : Près du quart de la population vit à la capitale. Article paru le 28 septembre 2013 et visité
le 15 décembre 2015
4
1
Assurée à 42 % au niveau de Port-au-Prince et à 34 % pour les autres villes, la collecte des
déchets solides est un défi pour toutes les municipalités haïtiennes6(Pierre, 1999). Alors que
l’éradication des déchets dans nos villes est un objectif à atteindre si l’on veut protéger
l’environnement et créer de nouveaux emplois durables à partir de leur réutilisation7 (Calice, 2009).
Ainsi, par rapport aux dégâts causés par l’occupation anarchique de l’espace urbain ainsi que
la dégradation de l’environnement de Port-au-Prince, nous allons traiter un thème permettant de
renforcer les informations sur l’assainissement du milieu urbain. A cet effet, Le cas de Martissant
nous est l’objet d’une étude assez pertinente, vus les dégâts issus de sa surpopulation et de
l’inexistence d’un plan d’urbanisation opportun. Telles sont les raisons principales ayant déterminé
le choix du thème de recherche intitulé : La gestion des déchets solides, un outil d’assainissement des
zones urbaines: cas du quartier de Martissant. A ce sujet, notre préoccupation se porte sur le
mécanisme de gestion des déchets à Martissant ou nous aurons à évaluer les faiblesses du système
existant. La finalité de cette recherche servira de contribution à la quête de solutions visant
l’amélioration des conditions de vie de la population haïtienne, notamment celles des régions
urbaines ; ce qui permettra également de réduire le taux de chômage à partir de l’expansion d’un
nouveau marché de produits que représentent les déchets.
1.2 Existence de la problématique des déchets dans l’aire métropolitaine de Port-auPrince
Les questionnements liés à la gestion des déchets en milieu urbain haïtien figurent parmi les
plus complexes auxquels doivent répondre tous les citoyens concernés. Le décor insalubre que
projettent les régions urbaines n’est pas un phénomène nouveau et s’aggrave de plus en plus avec
l’exode rural. L’expansion démographique incontrôlée de la commune de Port-au-Prince dépasse
grandement les moyens de financement et les capacités logistiques permettant d’assurer une gestion
adéquate des déchets8. Un constat que nous qualifions d’une évidence tangible, rien qu’en observant
le spectacle projeté par différents types de déchets à Port-au-Prince après une simple averse. Pendant
que la production globale du plastique à elle seule en Haïti est estimée à plus de 110 millions de
Webster Pierre et Al, Livre ouvert sur le développement endogène d’Haiti, Port-au-Prince, Collectif de
Responsabilités Citoyennes, 1999, page 115
7
www.jobpaw.com, Problématique de la gestion des déchets solides dans la ville de Port-au-Prince publié le 23
décembre 2009, visité le 26 Février 2016
8
Étude des causes et conséquences socioéconomiques de l’expansion des bidonvilles dans l’aire métropolitaine de Portau-Prince, Eliccel Paul, Mémoire soumis 2au CTPEA pour l’obtention du DES, 2002
6
tonnes par an (Laroche, 2012), les institutions responsables se transforment en fournisseur d’emplois
sinécures et de garages d’équipements défectueux. Donc on ne saurait s’attendre à de meilleurs
spectacles.
La génération des déchets solides dans l’aire Métropolitaine de Port-au-Prince augmente à un taux de
croissance équivalent à celui de la population, soit 2.2% annuellement (Chambre de commerce et
d’industrie [CCI], 2004). Cette population estimée selon l’IHSI9 à 1 919 678 habitants en 1997 et à
2 470 76210 en l’an 2012, et suit une croissance inquiétante chaque année. Ainsi, en 2015 elle atteint
2 618 89411.
En 2004, La capacité du parc d’équipements fonctionnait à 650 m3, alors que la génération des
déchets solides était estimée à 6 450 m3 par jour, soit dix (10) fois plus. Le taux de collecte et de
ramassage actuel était estimé à moins de 30% de la quantité des déchets solides générés dans la région
métropolitaine (CCI, 2004)12. En 2004, Le Ministère des Travaux Publics, Transports et
Communication (MTPTC) a estimé que le volume de détritus éliminé à Port-au-Prince se chiffrait
entre 40% et 70% de la production journalière, quand le service fonctionnait plus ou moins bien13.
La collecte des déchets solides est effectuée généralement en cours de journée, ce qui gêne
énormément la circulation des véhicules à Port-au-Prince et occasionne ainsi de grands bouchons à
l’intérieur des rues. Cependant, en raison du fort trafic qui règne dans certains endroits de la capitale,
les ordures ménagères sont collectées durant la nuit. Mais, les récipients de collecte ne sont pas
standardisés et les surplus déversés sur la chaussée augmentent le volume des déchets à nettoyer par
les balayeurs de la Mairie (Calice, 2009). Selon le SMCRS (2005), la quantité des déchets produits à
Port-au-Prince en 2004 était estimée approximativement à 5 600 mètres cubes par jour. Et de cette
quantité, le SMCRS collecte et met en décharge une moyenne de 2 000 mètres cubes par jour ; soit
40% de la quantité générée. De l’autre côté, le secteur privé prélève 1 200 mètres cubes par jour. A
cet effet, nous pouvons déduire que les 1 800 mètres cubes restants se retrouvent chaque jour dans
les canaux d’irrigation, les égouts ou entassés sur des terrains vides lorsqu’ils ne sont pas brulés ;
Population totale, par sexe et population de 18 ans et plus estimées en 2009, au niveau des différentes unités
géographiques sur le site de l'Institut haïtien de statistique et d'informatique – IHSI
10
Population totale, par sexe et population de 18 ans et plus estimées en 2012, au niveau des différentes unités
géographiques sur le site de l'Institut haïtien de statistique et d'informatique – IHSI
11
Population totale, par sexe et population de 18 ans et plus estimées en 2015, au niveau des différentes unités
géographiques sur le site de l'Institut haïtien de statistique et d'informatique – IHSI
12
Bidonvilles et déchets urbains, rapport3 final révisé le 22 juin 2004, CCI page 7
13
Bidonvilles et déchets urbains, rapport final révisé le 22 juin 2004, CCI page 7
9
engendrant ainsi toutes sortes de dégâts. Une partie des déchets non collectés est incinérée par les
ménages ou utilisée vulgairement, sans penser aux impacts négatifs sur leur qualité de vie (Calice,
2009).
L’environnement de Port-au-Prince est de plus en plus dégradant et la capitale devient un
espace-déchet. La mauvaise pratique de « tout verser » à la rue aggrave la situation et renforce les
dégâts générés par les incapacités techniques des autorités locales et étatiques (Calice, 2009). La
dépravation de l’espace urbain est due en grande part, aux problèmes environnementaux liés à la
gestion des déchets. Et malheureusement, on assiste de plus en plus à une pression insupportable sur
les infrastructures sanitaires. Les déchets ne cessent de s’accumuler dans les ravins, dans les rues, sur
les places et dans les marchés publics de l’aire métropolitaine et contribuent à la dégradation de
l’environnement et du cadre de vie de la population14.
Suite à ces données, nous réalisons que la masse de déchets accumulés dans la ville augmente
plus vite que la mise en place des installations aptes à les traiter et à les éliminer, d’où une
accumulation systématique des fatras au sein de nos rues.
1.2.1 Existence de la problématique des déchets au quartier de Martissant et ses
environs
Le quartier de Martissant, situé au sud de Port-au-Prince fait face à d’énormes difficultés
infrastructurelles. Ce quartier s’est rapidement urbanisée au cours des trente dernières années et
présente les séquelles d’une urbanisation spontanée et non structurée (Eliccel, 2002). Elle dispose de
très peu d’égouts sanitaires et le système de drainage est aussi peu approprié. Les artères de ce grand
quartier populaire sont jonchées de fatras et ne permet pas d’assurer la circulation des eaux usées et
pluviales. Situé à l’entrée du quartier, le marché de Martissant représente un danger majeur à la santé
de tous ceux qui fréquentent la région. La boue, les débris et les déchets s’y accumulent et infectent
les produits alimentaires destinés à la population. Ce problème est lié en partie à l’absence d’un
système efficace de décharge et de récupération des déchets solides. Les déchets collectés
14
La salubrité de Port-au-Prince, une affaire de gros sous: Comment comprendre les limites de l’approche
utilisateurs/payeurs, Hermann Cebert, publié le 10 Avril 2012, mis à jour le 6 mai 2014 et visité le 26 février 2016
4
s’accumulent sur des dépotoirs limitrophes au marché, dans les rues avoisinantes ou en plein cœur du
marché.
Non loin du quartier de Martissant, la station d’autobus du Portail Léogane constitue un danger
éminent. L’accumulation des déchets ménagers y est très fréquente et la ravine à bois de chêne
présente un cadre critique d’insalubrité malgré les différentes interventions qui ont été mises sur pied.
Cette ravine peut être considérée comme étant la preuve tangible de l’insalubrité qui sévit à Port-auPrince, tant par la présence constante des solides ménagers que par le volume d’eaux usées qu’elle
reçoit quotidiennement. En dépit de l’importance du sujet, les responsables de la mairie de Port-auPrince et tous les acteurs impliqués dans la gestion des déchets comme la Fokal, malgré les stratégies
jugées efficaces et les méthodes utilisées, n’arrivent pas à réduire significativement le volume de
déchets cumulés dans la zone. Alors que ce problème est intimement lié à l’absence d’un système
efficace de décharge et de récupération des déchets solides.
En dépit des efforts fournis par les autorités communales et étatiques, les dégâts
environnementaux liés à la gestion des déchets solides persistent et la ville connaît tour à tour les
mêmes problèmes d’assainissement. L’image du quartier de Martissant ne reflète ni une planification
stratégique opportune, ni une planification opérationnelle des activités concernées.
1.3 Cadre Théorique
Aux fins de présenter un cadre d’analyse et d’appliquer à la gestion des déchets une relation
théorique déjà prouvée, nous avons choisi de nous accentuer sur la théorie de l’écocité. Cette théorie,
élaborée par Christopher Canfield en 1990 consiste à mieux gérer toutes les ressources mises à la
disposition de la vie humaine et en particulier les ressources naturelles. Et pour cela, Canfield propose
des interventions au préalable afin de mieux gérer la réutilisation des ressources.
Donc dans notre travail de recherche, l’application de cette théorie fera objet d’une approche
préventive, qui permet de minimiser à la source la circulation des déchets dans nos rues. Cette
intervention est effective à travers différentes actions comme les campagnes de sensibilisation et la
mise en place de structures pouvant recevoir suffisamment les déchets générés. Et à partir de cette
prévention en amont, les déchets seront acheminés vers des lieux spécifiques de traitement,
garantissant ainsi, en aval, leur réutilisation rationnelle aux retombées positives sur l’économie
haïtienne.
5
1.4 Spécification du problème
La gestion des déchets solides ménagers représente un véritable défi en Haïti. Confrontées à
des enjeux cruciaux d’assainissement et de gestion des déchets dans les villes, les populations ont de
la difficulté à s’organiser en vue de faire face à cette situation par manque de formation,
d’équipements et de compétences professionnelles adéquates (Cebert, 2012). Cependant, nous ne
pouvons pas écarter non plus le rôle crucial que joue la politique à l’émergence de la problématique
des déchets. Dans le souci de ne pas se créer trop d’ennuis, les responsables politiques tolèrent la
présence constante des petits commerçants aux abords des rues, principalement au niveau de la région
métropolitaine. Et assez souvent, ces marchands de rue ne disposent d’aucune poubelle leur
permettant de gérer convenablement leurs déchets. Mais, nous ne nierons pas non plus les efforts
orchestrés par les voiries communales et le SMCRS aux fins de pallier à ce drame. Cependant, le
résultat à tirer n’est pas effectif vues l’inefficacité et l’inconstance des méthodes de gestion utilisées.
Ce fléau du fatras bat tellement le plein que l’auteur Alix Laroche (2012) eut à écrire : « En dépit du
ramassage systématique depuis quelques mois des déchets plastiques à la capitale, ceux-ci et des
résidus solides continuent de représenter une menace réelle pour l’environnement. La région
métropolitaine de Port-au-Prince est la plus touchée. Le constat, remarque-t-on, est évident au niveau
de la ravine de Bois-de-chêne qui se jette dans la baie de Port-au-Prince » (para.1). Ainsi, la capitale
du pays est devenue un véritable dépotoir. A chaque carrefour comme à chaque coin de rue, nous
rencontrons des tas d’immondices. De Pétion-Ville au bas de la Ville en passant par le Champs de
Mars, le spectacle n’est pas différent. Aucun quartier n’est épargné par ce phénomène d’insalubrité
qui frappe la capitale depuis plus de 20 ans (Cebert, 2012). Les services publics communaux sont eux
aussi confrontés à de multiples blocages, tant au niveau institutionnel, financier, qu'organisationnel
qui réduisent l’efficience et l’efficacité de leurs interventions. En 2013, plus de 6200 mètres cubes
sont produits tous les jours dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince et 72% en sont des déchets
organiques ; donc facilement recyclable. Pourtant, le SMCRS n’arrive à collecter que 69% du volume
de déchets produits, et le secteur privé en collecte 1200 mètres cubes15. Alors que les déchets solides
15
Vers une politique de la gestion durable des déchets, Dieudonné Joachim et Lionel Édouard, Journal le Nouvelliste,
publié le 20 Aout 2014, visité le 9 mars 2016
6
ménagers sont porteurs de produits en demande sur le marché, pouvant ainsi constituer un atout au
niveau économique.
1.5 Hypothèse
A Port-au-Prince, les déchets solides jonchent le sol et occupent des espaces considérables à
travers les rues. L’accumulation des déchets de toutes sortes modifie l’environnement naturel et nuit
à la santé de la population urbaine. Pour atténuer le volume de déchets cumulés, il faut penser à les
minimiser, c’est-à-dire réduire leur quantité et leur toxicité. La réduction de la quantité et de la
toxicité des déchets favorise leur réutilisation. En effet, leur réutilisation permettra le démarrage de
petites entreprises et la création d’emplois durables. Outre les efforts pour minimiser les flux de
déchets par la réutilisation et le réemploi, le recyclage est donc le traitement aval privilégié 16. Le
développement du recyclage ouvre de nouvelles opportunités et de nouveaux métiers pour ceux-là
qui recollectent, transforment et réutilisent les déchets. Autrement dit, les déchets restent importants
soit comme aliments directs pour les animaux, soit comme source d’engrais organiques ou d’énergie,
soit comme matière première pour l’artisanat et l’industrie. L'insuffisance d'infrastructures routières,
le manque d’équipements, la surpopulation, l'incivisme et l’inexistence de législation sur les déchets
sont autant de facteurs qui expliquent la prolifération des déchets solides ménagers. La mauvaise
gestion de ces déchets entrave notre existence et représente la principale cause des maladies
endémiques et épidémiques qui frappent nos populations. La pollution de l'environnement dont ils
sont aussi responsables compromet également le taux de tourisme que Port-au-Prince recevait au
cours des années 1950.
De ce fait, pour réduire leurs conséquences et capitaliser leur traitement, nous devons d’une
part : élaborer une politique de planification stratégique des activités au niveau des acteurs
impliqués, et d’autre part : informer, sensibiliser, motiver, former et responsabiliser la population
afin d’éviter l’accumulation des déchets.
Une meilleure gestion des déchets solides ménagers améliore non seulement les conditions
sanitaires et environnementales des régions urbaines, mais apporte également un surplus économique
16
André Bozec, Sabine Barles, Nicolas Buclet et Gérard Keck, Que faire des déchets ménagers, p66,
7
pour tous ceux qui s’y mettent. Donc, dans le cadre de cette étude, nous gardons les hypothèses
suivantes :

L’insalubrité est la principale cause des maladies endémiques et épidémiques qui frappent la
population haïtienne.

Une campagne de sensibilisation concrète est indispensable à la gestion rationnelle des
déchets.

Une revalorisation des déchets solides permettra la création d’un nouveau marché
économique pour le pays, notamment les grandes villes.
1.6 L’audience
Les intérêts directs de cette étude vont à l’endroit des organisations qui traitent les déchets à
Port-au-Prince et plus particulièrement à Martissant. Cependant, la vulnérabilité du problème
concerne toutes les populations défavorisées des grandes villes vivant au sein de nos bidonvilles et
les endroits à forte concentration humaine. Ces derniers sont obligés de confronter jour et nuit aux
dégâts environnementaux et sanitaires de la mauvaise gestion des fatras (Samper, Chapal &
Braïlowsky, 2006). Donc nous pouvons en déduire que la population haïtienne à travers la population
civile, les institutions étatiques et régionales, le secteur commercial; ainsi que les acteurs de la société
civile ayant à cœur la gestion des déchets, tireront profit d’une telle recherche.
1.7 Le but de l’étude
Cette étude participe à la mise en place d’un plan stratégique et opérationnel, afin de
promouvoir une meilleure gestion déchets solides à partir de leur minimisation et leur revalorisation
à Port-au-Prince et particulièrement à Martissant. Cependant, d’un point de vu général, l’objectif
principal est de déboucher sur une gestion rationnelle, durable et financièrement rentable pour Haiti.
De ce fait, nos avons retenu comme objectifs spécifiques de :

Démontrer l’importance d’une sensibilisation des ménages

Démontrer la nécessité de renforcer les institutions concernées par la gestion des déchets
solides

Présenter l’utilité d’une valorisation des déchets à partir de différents canaux de réutilisation
et de recyclage
8
L’élaboration de ce premier chapitre constitue un cadre conceptuel permettant de centrer notre
thème d’étude. Ceci nous a aidé à identifier clairement l’existence de la problématique en milieu
urbain haïtien, en prenant la commune de Port-au-Prince comme exemple ; notamment le quartier
de Martissant.
Cependant, tout travail de recherche implique non seulement un cadre conceptuel, mais aussi une
revue de littérature approfondie. Cette dernière nous permettra de prendre connaissance des travaux
et recherches déjà effectués à propos du sujet pour en établir les bases connues, afin de mettre à
profit certains outils utilisables à notre recherche. Ainsi, le chapitre suivant nous permettra de
rassembler les connaissances déjà partagées sur la problématique des déchets, afin de faire ressortir
l’originalité de ce présent travail à travers les recommandations.
9
2. Revue de littérature
Ce chapitre sur la revue de littérature du sujet a pour objectif de présenter la commune de Portau-Prince, de relayer les différentes natures de déchets existants, de faire le point sur la gestion
actuelle des déchets solides à Port-au-Prince tout en faisant son historique, de présenter l’état de notre
quartier cible; mais aussi de jeter un regard sur la politique de gestion des déchets de la Martinique,
qui est un pays géographiquement et culturellement similaire avec Haïti. Ce qui permettra d’aboutir
à deux questions de recherche axées sur les causes de l’accumulation des déchets dans la capitale et
sur un traitement adéquat des déchets solides ménagers.
2.1Evolution démographique et présentation de la commune de Port-au-Prince
Placée sous l’arrondissement de Port-au-Prince; la commune de Port-au-Prince se rétrograde
d’année en année, surtout à cause de la détérioration du niveau de vie de la population rurale d’Haïti.
Certains ruraux se voient confrontés à l’idée de migrer vers l’agglomération urbaine de Port-au-Prince
car le niveau de vie y est supérieur à celui des zones rurales. A ce sujet, une étude publiée par la
banque mondiale estimait que 80% de la population rurale haïtienne en 1998 vivait au-dessous du
seuil minimal de pauvreté (Onan, 2006). Cette détérioration du niveau de vie de la paysannerie
haïtienne débute vers la fin des années 70, où le secteur agricole englobant l'essentiel des activités du
monde paysan haïtien, est confronté déjà à de nombreuses difficultés d'ordre socio-économique. Dès
lors, la pauvreté commence par frapper les paysans de façon très sérieuse. Les 48% des ménages du
pays qui en 1976 avaient un revenu inférieur au seuil de pauvreté sont passés à 75% en 1982.
L'économie paysanne (secteur primaire) a affiché, au cours de l'année 1993, un taux de croissance
annuel négatif de l'ordre de -8.93 % tandis que le secteur industriel enregistrait un taux de croissance
de 3.4% (Paul, 2002)17. L'économie paysanne devient encore plus vulnérable avec l'abattage du porc
créole qui constituait la principale source de revenu du paysan haïtien. C'est l'appauvrissement total
du monde rural. Maintenant, ils devaient recourir à l'abattage systématique des arbres pour être
transformés en charbon de bois en vue de gagner un revenu leur permettant de faire face aux multiples
besoins quotidiens. Mais cette forme d’activité économique ne fut pas prospère. La conséquence de
cette coupe effrénée des arbres est l'érosion qui appauvrit les sols et les rend infertiles. Dès lors,
l’espoir d’une amélioration de la qualité de la vie des paysans, dont le revenu reposait essentiellement
17
Étude des causes et conséquences socioéconomiques de l’expansion des bidonvilles dans l’aire métropolitaine de
Port-au-Prince, Eliccel Paul, Mémoire soumis au CTPEA pour l’obtention du DES, 2002
10
sur les produits agricoles, diminue. Avec la chute progressive de productivité dans ce secteur, le
revenu per capita18 a considérablement baissé. En 1990, le secteur agricole, le plus grand sous-secteur
du primaire, fournissait à lui seul 67% des emplois pour l'ensemble du pays. Alors que depuis 1983,
on constate que la tendance des investissements au niveau du secteur agricole est à la baisse. De ce
fait, les infrastructures agricoles dont les canaux d'irrigation se détériorent car la quasi-totalité des
cultivateurs ne s’y intéresse plus. A noter que le porc haïtien représentait après l’agriculture, la
deuxième source de revenu des paysans mais cette espèce a disparu au cours de cette même période
(Paul, 2002)19.
C'est ainsi qu'annuellement plus de 20000 personnes laissent leur milieu natal pour s'acheminer vers
Port-au-Prince. Les gens envahissent la capitale, le seul pôle d'attraction du pays, dans le but de
trouver un emploi leur garantissant un mieux-être économique et social (MPCEF, 1990).
Les recherches effectuées nous permettent de signaler que l'aire métropolitaine de Port-au-Prince a
connu quatre importantes vagues migratoires suivantes:
a) L'inauguration des travaux du bicentenaire en 1949 attirant des visiteurs paysans et qui, pour
la plupart, ne sont pas retournés dans leur province (Paul, 2002)20.
Le président de l’époque, Léon Dumarsais Estimé a autorisé une exposition universelle pour
commémorer le bicentenaire de la fondation de la ville de Port-au-Prince en 1749 par les
colons français de l'île de Saint-Domingue.
b) Les gens qui devaient venir à Port-au-Prince pour fêter les 22 septembre de chaque année de
1957 à 1970 (Paul, 2002).
La date du 22 Septembre 1957 marque l’élection de François Duvalier à la présidence d’Haiti
au suffrage universel. Ainsi, pour marquer cette date, de grandes festivités se sont organisées
en l’honneur du président tous les 22 septembre. A cet effet, ils font venir des gens de la
campagne en mettant à leur disposition des autobus pour assurer leur trajet. Beaucoup de ces
ruraux sont restés dans la capitale et s’installent chez certains membres de leur famille pour
ensuite créer arbitrairement leur ménage.
18
Le Revenu per capita est défini comme le Revenu total personnel pour une année, divisé par la population totale, ceci
pour un pays donné
19
Étude des causes et conséquences socioéconomiques de l’expansion des bidonvilles dans l’aire métropolitaine de
Port-au-Prince, Eliccel Paul, Mémoire soumis au CTPEA pour l’obtention du DES, 2002
11
c) La troisième et la plus importante vague migratoire s'opère à partir de l'installation à Portau-Prince des industries de sous-traitance au cours des années 70 qui offrent des salaires plus
satisfaisants, alors que le secteur agricole faisait face à de sérieux problèmes financiers ; d’où
L'exode rural qui se fait parfois en deux grandes étapes. D'abord, les gens transitent dans les
grandes villes comme les Cayes, Cap Haïtien et Gonaïves ; ensuite débarquent à Port-auPrince. Les gens qui déferlent sur la capitale se dirigent vers des parents ou des proches en
attendant leur installation définitive dans l'un des bidonvilles de la capitale. Les nouveaux
migrants se font accompagner également de certains membres de leur famille venant encore
de la province pour constituer des ménages de très grande taille. Ainsi, l'aire Métropolitaine
de Port-au-Prince voit son taux d'urbanisation passé de 52.3% en 1971 à 64.2% en l'an 2000.
Les gens qui s'acheminent vers la capitale
proviennent des différents départements
géographiques du pays. Les départements de la Grand' Anse, du Sud, et du reste de l'Ouest
ont fourni respectivement : 22,81% ; 19,02% ; 16,60% des migrants à la population de Portau-Prince (Paul, 2002). Ainsi ils constituent à eux seuls plus de 90% du taux d’urbanisation
de Port-au-Prince.
d) La dernière vague moins importante que la précédente, mais très considérable est le résultat
migratoire provoqué par le séisme21 du 12 janvier 2010. Ce malheureux événement qui nous
a enlevé plus de 300 000 vies humaines dans l’aire de la région métropolitaine, a aussi
apporté avec lui un grand nombre de migrants. La mobilisation internationale à travers ses
dons et ses promesses de reconstruction ont incité les ruraux à se migrer en toute éventualité
vers Port-au-Prince (Alter Presse, 2011). Cette migration22 massive serait selon eux, l’ultime
moyen de se tirer d’affaires. Cette cause occasionnelle peut être justifiée par une simple
comparaison de la population de la capitale haïtienne en 2009 et de celle en 2012, soit trois
ans après le séisme dévastateur.
Tableau 1. Structures comparatives de Port-au-Prince en 2009 et 2012
Région
Commune de Port-au-
Population en 2009
Population en 2012
897 859
942 194
Prince
21
Secousse du sol résultant de la libération brusque d’énergie accumulée par les contraintes exercées sur les roches.
22
Déplacement de personnes d’un lieu dans un autre
12
Aire métropolitaine
2 296 386
2 470 762
(Source : Population totale, par sexe et population de 18 ans et plus estimées en 2009, au niveau des différentes unités
géographiques sur le site de l'Institut haïtien de statistique et d'informatique – IHSI)
Selon les estimations de l'Institut Haïtien de Statistique et d'Informatique (IHSI, 2013), l'aire
métropolitaine de Port-au-Prince qui s'entend sur 152,02 km² comptait en 2012, 2 470 762 habitants,
malgré les 300 000 décès enregistrés en 2010. La population de la seule commune de Port-au-Prince
était estimée à 942 194 habitants. Alors qu’en 2009, la commune de Port-au-Prince comptait 897
859 habitants et l’aire métropolitaine habitait 2 296 386 personnes.
Tous ces événements majeurs de la vie sociale et économique des ruraux ont cautionné des
intensifications démesurées du nombre d’habitants à Port-au-Prince qui, dépourvue de planification
urbaine, donne ainsi naissance à des bidonvilles. Ceci contribue grandement à l’accroissement
excessif du taux de déchets solides ménagers ; ce qui constitue en retour une prolifération des déchets
en circulation dans nos rues vue l’incapacité des autorités étatiques et locales à gérer les fatras.
De nos jours, l'économie de l’aire métropolitaine est basée sur les trois principaux secteurs
d’activités que sont : le primaire, le secondaire et le tertiaire.
1. Le primaire est dominé par l’agriculture, l’élevage et la pêche.
a. Agriculture : Ce Que nous retrouvons généralement dans la région de Kenscoff qui fournit
beaucoup de légumes vers la commune de Port-au-Prince et ses environs.
b. Elevage : Cette activité est un peu répandue à travers toute la région, cependant la
référence est le centre DAMIEN, situé à Croix des Missions.
c. Pêche : Port-au-Prince est une ville côtière, donc il est évident que la pêche en est une
source de revenu. Bien qu’elle ne soit pas exploitée, elle représente quand bien même
l’activité commerciale de certains habitants, comme ceux des quartiers de Martissant.
2. Le secondaire est dominé par l’industrie et l’artisanat.
a. Industrie : Cette activité est surtout centrée au niveau de la commune de Delmas,
cependant nous y retrouvons quelques-unes à Port au Prince.
b. Artisanat : la référence de ce secteur n’était autre que la plus grande place publique du
pays, soit le Champ de Mars situé au cœur de la commune de Port-au-Prince. Mais depuis
13
le séisme du 12 janvier 2010, ce secteur se trouve éparpillé dans divers endroits de l’aire
métropolitaine.
3. Le tertiaire est dominé par les activités de service, le petit commerce et le tourisme.
a. La télécommunication : Elle joue un grand rôle dans l’économie de l’aire métropolitaine
à partir de ces deux grands acteurs que sont la Digicel et la Natcom.
b. Les établissements de nuit et hôtels : Ces activités sont en grande partie concentrées dans
la commune de Pétion-Ville, et cela en raison de ses infrastructures, son climat frais et son
niveau de sécurité supérieur aux autres communes de la région métropolitaine.
c. Les activités culturelles et les festivités : Ces activités sont répandues dans la totalité de
l’aire métropolitaine. Culturellement, chaque commune a ses festivités à des dates bien
précises durant l’année. Mais l’événement majeur de ce sous-secteur est le carnaval
haïtien qui réunit un tas d’acteurs économiques et attire un grand nombre de touriste
d. Les marchés publics et le secteur informel: Ce sous-secteur est très fréquent dans la
métropole de Port-au-Prince et représente une grande partie du revenu des ménages
défavorisés.
e. Le transport : Il est contrôlé en grande partie par le secteur privé mais subit d’une faible
intervention de l’état.
f. Les institutions financières : Ce sous-secteur est régulé par l’état mais est contrôle en
grande partie par le secteur privé des affaires avec la UNIBANK, la SOGEBANK, la BUH
etc.
2.2 Nature des déchets
Un déchet est un débris, un résidu considéré comme indésirable et sans valeur pour la
personne qui s’en débarrasse. Le terme « déchet » prend une signification particulière selon les pays,
les cultures et même les individus (Oxfam-Québec, 2007)23. Ainsi, un objet peut être sans valeur pour
une personne et désirable pour une autre. Les industries, les commerces, les institutions et les hôpitaux
produisent des déchets. En outre, un déchet peut être solide ou liquide. Les déchets ménagers sont
ceux qui sont exclusivement produits chaque jour dans nos maisons, les places publiques et dans les
23
Un modèle de gestion des déchets solides ménagers en Afrique de l’ouest, Oxfam Québec, 2007
14
marchés publics. Les déchets sont naturellement de types très divers, certains inertes, donc ils
n’exercent aucune réaction chimique, d’autres nuisibles, et d’autres encore toxiques. En outre, les
déchets peuvent être classés par catégories en fonction de leur nature, de leur provenance ou de leur
caractère plus ou moins toxique. A partir des différentes recherches, nous nous sommes mis d’accord
sur cette classification proposée par un grand nombre de spécialistes :
1. Les déchets urbains qui regroupent les déchets ménagers constitués par les restes de
nourriture, les boîtes de conserve, les bouteilles et les autres verres, les emballages en
plastique, les emballages en carton, les chiffons, les vieilles chaussures, les vieux meubles et
équipements, les déchets des marchés publics (fruits, légumes, poissons), les déchets
d’assainissement, les déchets d’entretien des espaces verts (papiers, contenants de verre et de
plastique) et les eaux usées (Oxfam-Québec, 2007).24
2. Les déchets industriels qui se composent des déchets inertes, des déchets spéciaux (nocifs à
la santé humaine et à l’environnement) et des déchets ordinaires (Oxfam-Québec, 2007).
3. Les déchets biomédicaux des établissements publics et privés de santé. Ils sont classés en trois
catégories :
a. Tout déchet anatomique humain constitué d'une partie du corps ou d'un de ses organes,
à l'exception des phanères, du sang et des liquides biologiques;
b. Tout déchet anatomique animal constitué d'un corps, d'une partie du corps ou d'un de
ses organes, à l'exception des phanères, du sang et des liquides biologiques; et
c. Tout déchet non anatomique constitué d'un des éléments suivants :
i. Un objet piquant, tranchant ou cassable mis en contact avec du sang, un liquide
ou un tissu biologique, provenant de soins médicaux, dentaires ou vétérinaires
ou d'un laboratoire de biologie médicale ou vétérinaire, ou de l'exercice de la
thanatopraxie;
ii. Un tissu biologique, une culture cellulaire, une culture de micro-organismes
ou le matériel en contact avec ce tissu ou cette culture, provenant d'un
laboratoire de biologie médicale ou vétérinaire;
iii. Un vaccin de souche vivante; un contenant de sang ou du matériel imbibé de
sang, provenant de soins médicaux, d'un laboratoire de biologie médicale ou
de l'exercice de la thanatopraxie.
24
Un modèle de gestion des déchets solides ménagers en Afrique de l’ouest, Oxfam Québec, 2007, 59 pages
15
Généralement, cette catégorie de déchets nécessite une gestion spéciale axée sur l’incinération
(ASSTSAS, 2011).
4. Les déchets agricoles constitués des déchets liés à l’exploitation des déchets en provenance
des industries agro-alimentaires et des déchets toxiques agricoles (Oxfam-Québec, 2007).
2.3 Historique de la Gestion des déchets solides ménagers à Port-au-Prince
La gestion actuelle des déchets à Port-au-Prince est assurée par l’Etat à travers des
administrations centrales et locales, mais également par le secteur privé des Affaires et les ONG. On
peut citer notamment pour le secteur public : le MTPTC à travers le SMCRS, les Ministères de
l’Environnement (MDE), de l’Intérieur et des Collectivités Territoriales (MICT) ainsi que les
Mairies. Pour le secteur privé, les plus connus sont le JEDCO, Sinco, Boucard Pest control et Goal
S.A. Tandis que pour les ONG nous avons Oxfam-Québec, La FOKAL, l’ONU et Ranmase Lajan ;
pour ne citer que cela.
Cependant, sur le plan légal, les lois relatives à la gestion des déchets sont de portées très limitées.
Celles qui ont été prises concernent les conditions d’hygiène publique. Elles sont le plus souvent des
décrets, et parfois des arrêtés présidentiels. La fragilité du dispositif légal explique en partie
l’inapplicabilité des dispositions relatives à la gestion des déchets (Victor, J.A., 1995). Selon le
rapport du CCI, les responsables du SMCRS n’ont aucun scrupule pour recommander à leurs
chauffeurs de se débarrasser de leurs chargements dans la baie de Port-au-Prince25.
Le recyclage est entrepris généralement par le secteur informel et le secteur privé des Affaires.
L’impact du recyclage sur la quantité et la composition des déchets générés n’est pas chiffré (CCI,
2004)26. On constate quand même que les activités de recyclage créent l’emploi et diminuent la
quantité des déchets qu’il faut éliminer (CCI, 2004)27.
Sur le plan financier l’Etat dépensait en moyenne 6 millions de gourdes mensuellement pour la
gestion des déchets en 1996, soit 72 millions pour l’année. Tandis que pour le MTPTC, il fallait
18.750 millions de gourdes par mois soit 225 millions de gourdes pour cette même année (Le
Nouvelliste, 1996). Ceci étant dit, l’état finançait à moins d’1% la gestion des déchets.
Bidonvilles et Déchets urbains, CCI, 2004, page 8
Bidonvilles et Déchets urbains, CCI, 2004, page
27
Bidonvilles et Déchets urbains, CCI, 2004, page 8
25
26
16
Donc en considérant ces données chiffrées, nous comprenons que les contraintes sont multiples
(d’ordre financier, institutionnel) et entravent la gestion rationnelle des déchets. Alors on peut
comprendre pourquoi le problème est loin de trouver une solution et a atteint une ampleur qu’on peut
qualifier d’urgence aujourd’hui. En 2010, Anie Bras eut à écrire que la gestion des déchets ménagers
figure parmi les préoccupations les plus complexes auxquelles doivent répondre les gestionnaires
urbains28. A Port-au-Prince, l’historique de la gestion des déchets ménagers met en lumière un
décalage entre les réalités du terrain et l’objectif du service qui est de maintenir la ville propre.
2.4 Historique de la gestion des déchets à Port-au-Prince
Au cours des années soixante (60), la collecte des déchets urbains était assurée par le
Ministère de la Santé Publique à travers le Service d’Hygiène. A cette époque, des officiers sanitaires
couvraient pratiquement toutes les communes de la République. Dans certains cas, le nettoyage des
villes se faisait conjointement par le service d’Hygiène et de la Mairie. La formule de faire intervenir
parallèlement le service d’Hygiène et la Mairie allait très bien chaque fois qu’il y avait des moyens
financiers permettant à l’une ou l’autre de ces institutions d’assurer le service. Mais quand il n’y avait
pas de fonds on se rejetait les responsabilités, le service d’Hygiène accusant la mairie de ne pas faire
son travail et vice-versa. Et ce manque de coordination entre les intervenants ce qui avait pour
conséquence une mauvaise utilisation des ressources et une piètre performance au niveau des
résultats. Il n’y avait pas de décharge officielle ; et les chauffeurs du service d’Hygiène ou de la voirie,
jetaient les déchets un peu partout mais surtout au Bicentenaire, là où se trouve actuellement la cité
de l’Eternel. Ainsi, Les déchets sont jetés à l’air libre avec des effets directs sur l’environnement
urbain et sur la qualité de vie de la population.
Quelques années plus tard, soit en 1976, un plan a été élaboré dans le but de mettre en place une
structure administrative qui assumerait toutes les fonctions nécessaires à une gestion efficace du
problème de l’entassement des ordures à travers les rues. Ce plan estimait à 70 000 tonnes d’ordures
ménagères accumulées dans l’agglomération urbaine de Port-au-Prince et ce nombre augmente
journellement de 190 tonnes. Ce plan visait à réduire le volume de déchets et à adopter une solution
appropriée permettant d’éliminer la totalité des ordures dans les dix (10) prochaines années.
28
Éléments pour une définition de la problématique de la propreté urbaine en Haiti : le cas de Port-au-Prince, Anie
Bras, 2010, 216 Pages
17
L’exécution de cette opération a été estimée à 5 625 000 gourdes. Malheureusement, ce plan n’a pas
été suivi pour des raisons inconnues (CCI, 2004)29.
Deux années plus tard, soit en 1978, débutèrent les études pour la construction d’un nouveau système
de drainage des eaux pluviales de Port-au-Prince. L’analyse de la situation ayant montré qu’il était
absolument impossible de résoudre le problème de drainage des eaux pluviales sans tenir compte des
tonnes de déchets que les Port-au-Princiens déversent dans les ravines et les ouvrages de drainage ;
il a été décidé de diviser le projet de drainage en quatre sous-projets dont l’un, le sous projet B, avait
pour tâche la mise en place d’un service de collecte de déchets solides à Port-au-Prince. Ce nouveau
service a été créé par décret présidentiel le 3 mars 1981. Et c’est le Service Métropolitain de Collecte
des Résidus Solides (SMCRS) ; dont la mission spécifique était de gérer les déchets solides produits
par les habitants de la Région Métropolitaine de la Capitale, pour protéger les ouvrages de drainage
et réduire les fréquents cas d’inondation enregistrés régulièrement à Port-au-Prince. Le SMCRS était
placé alors sous la tutelle administrative du Ministère des Travaux Publics, Transports et
Communications (MTPTC) (Le Moniteur, 1987)30.
En dépit de tout cela, les limites d’intervention du SMCRS n’ont donc jamais été légalement
définies. Il a fallu attendre l’arrêté du 30 septembre 1983, transférant le SMCRS à la Communauté
Urbaine de Port-au-Prince pour qu’il soit fait allusion des zones d’intervention du SMCRS dans un
document officiel. Par cet arrêté, le SMCRS a été transféré de la tutelle du Département des Travaux
Publics Transports et Communications, à celle de la communauté urbaine de Port-au-Prince sans
avoir été pleinement opérationnel. A l’époque, les TPTC venaient tout juste d’aménager le site de
décharge de Truitier et de lancer les appels d’offre pour l’acquisition du matériel de collecte. Cet
arrêté transférait en fait le SMCRS à la Mairie de Port-au-Prince dont le titulaire traitait les autres
mairies en parents pauvres et ne tolérait aucune ingérence dans la gestion du service. Par ingérence,
il faut entendre le droit de regard des autres mairies dont les juridictions tombaient dans l’aire
métropolitaine de Port-au-Prince conformément aux termes de l’arrêté de la communauté urbaine de
Port-au-Prince (Le Moniteur, 1987)31.
29
Bidonvilles et déchets urbains, CCI, rapport thématique final, 22 juin 2004
Loi organique du ministère des travaux publics, transports et communications, Extrait du Moniteur du jeudi 20
octobre 1987
31
Loi organique du ministère des travaux publics, transports et communications, Extrait du Moniteur du jeudi 20
octobre
18 1987
30
En 1986, la production sans doute sous-estimée des déchets solides atteignaient le chiffre de
174 250 tonnes métriques, représentant une moyenne journalière de 474 tonnes métriques. Si l’on
peut se fier aux donnés provenant du SMCRS, le taux de collecte aurait atteint 66% au cours de cette
même année, ce qui représentait une amélioration sensible par rapport aux années 1980-1985. Ce
pourcentage parait toutefois surévalué compte tenu de la sous-estimation de la production. On doit
souligner que le conseil d’administration du SMCRS tel qu’établi par le décret du 3 mars 1981 n’a
jamais été constitué et ne s’est jamais réuni. En 1989, sous le gouvernement militaire de Prosper
AVRIL, un décret publié dans le moniteur du jeudi 26 Octobre replaça le SMCRS sous la tutelle du
Ministère des Travaux Publics, Transports et Communications. Ce décret eut pour particularité le
partage des responsabilités de la gestion des déchets entre le SMCRS et les Mairies de la région
métropolitaine de Port-au-Prince (CCI, 2004)32.
Enfin, en 1995, vers le mois de juin, une décision du Ministère des Travaux Publics,
Transports et Communications (MTPTC), mit fin aux activités du SMCRS. Le service était dans
l’incapacité de fournir la moindre prestation à la population. Les quelques 50 camions achetés en
1981 sont passés à quatre33. Le SMCRS était en fait réduit à un service de sécurité sociale qui payait
les employés dont la seule activité consistait à se balader dans les locaux de l’Aéroport
En dépit de toutes ces interventions au niveau administratif, l’ampleur de la problématique
des fatras n’est pas amortie de façon considérable et laisse insatisfaits les résultats espérés de la
population. Les capacités de collecte sont très limitées et les ressources financières inappropriées,
ce qui compromet de plus en plus la tâche des institutions étatiques enchargées de la gestion des
déchets. Selon une enquête effectuée en 1991 par une firme privée dénommée WASH sur la gestion
des détritus à Port-au-Prince et selon le personnel de la CHF ; l’inefficacité et l’inefficience des
services offerts par le SMCRS résultent surtout dans l’absence de fonds suffisants et réguliers au
niveau des activités concernées (coûts d’opération, réparation et entretien de l’équipement initial).
Voici un aperçu des seuls décrets sur la gestion des déchets à Port-au-Prince :
Décret du 3 mars 1981 (Article 2 du titre II)
Le SMCRS a pour mission principale d’assurer la collecte et le traitement des résidus tels que :

Ordures ménagères

Déchets encombrants des ménages
32
Bidonvilles et déchets urbains, CCI groupe thématique, Rapport thématique Final, 22 juin 2004
33
Haiti, Analitical Report, CEPIS, 2000
19

Déchets de collectivités telles que écoles, restaurants, casernes

Déchets des commerçants, artisans, industriels qui, par leurs qualités et leurs caractéristiques,
sont susceptibles d’être collectes et traites par les mêmes procédés et les mêmes installations
que les ordures ménagères prises en charge par le SMCRS ainsi que le nettoiement des rues,
marches, espaces publics de la zone où il exerce ses activités.
Décret du 26 octobre 1989
Ce décret partage la responsabilité de la gestion des déchets entre le SMCRS et les mairies
communales de l’aire Métropolitaine de Port-au-Prince. L’article 2 de ce décret stipule que le rôle
du SMCRS consiste au ramassage des détritus qui auront été balayes et assembles par le service de
la voirie respectif des communes de Port-au-Prince, de Delmas, de Pétion-Ville, de Gressier, de la
Croix -des -Bouquets et de Carrefour.
L’analyse comparative de ces deux décrets permet de faire remarquer que celui de 1989
confère au SMCRS uniquement le droit de ramasser les déchets et aux mairies le rôle de les collecter,
alors que celui de 1981 attribuait la gestion entière des résidus solides au SMCRS ; excluant ainsi
les autorités communales. .
2.5 Politique de gestion des déchets d’un pays antillais (la Martinique)
Dans ces dernières décennies, les questions environnementales occupent la majeure partie des
débats internationaux, nationaux et régionaux suite aux menaces que subit l'environnement par les
effets causes des activités humaines. Même dans les pays en développement, notamment dans les
grandes villes, le problème qui menace le plus l'environnement est l'insalubrité. Dans presque tous
les pays du monde, la gestion des déchets est une nécessité au regard de la préservation de
l’environnement, de la santé publique et de la valorisation des ressources de matières premières et
d’énergie. De ce fait il est important de relayer un exemple de politique de gestion d’un pays quasisimilaire à Haïti. Prenons le cas de la Martinique, une ile géographiquement et culturellement
similaire avec Haïti ; ils établissent des plans départementaux pour les déchets ménagers et assimilés
et des plans régionaux pour les déchets dangereux. Chaque année en Martinique, près de 300 000
tonnes de déchets ménagers et assimilés sont collectés et dirigés vers les installations de stockage,
d’incinération, de tri et recyclage. Le plan a pour objet d’orienter et de coordonner l’ensemble des
actions à mener, tant par les pouvoirs publics que par les organismes privés, en vue :
20

de prévenir ou réduire la production et la nocivité des déchets,

d’organiser le transport des déchets,

de valoriser les déchets des matériaux réutilisables ou de l’énergie et,

d’assurer l’information du public.
Cet outil de planification de la gestion des déchets au niveau départemental fixe les objectifs
et les moyens d’une gestion durable et respectueuse de l’environnement pour les années à venir. Ce
plan a été élaboré en concertation avec l’ensemble des acteurs du département. Le Plan révisé a été
approuvé par arrêté préfectoral le 26 juillet 2005. (Agence de l’environnement et de la maitrise de
l’énergie en Martinique, p.d)
Ce plan de gestion des déchets établi en Martinique nous permet de comprendre qu’il ne suffit
pas uniquement de collecter et de traiter les déchets, mais qu’il faut former et informer le public sur
la question des déchets afin de réduire, à la base, les conséquences de la problématique étudiée.
2.6 État des lieux de la région de Martissant
A travers ce sous-élément, une présentation brève et succincte du statut géographique et
démographique de la zone d’étude, ainsi que de sa situation physique est mise en évidence. Ensuite,
il identifie les différentes activités liées à la gestion des déchets dans la zone tout en soulignant les
acteurs concernés ; et décrit la provenance des déchets pour cette région.
Présentation Géographique et démographique du quartier de Martissant
Situé entre le morne l’hôpital et la mer, sur la route de carrefour, le quartier de Martissant
couvre une superficie de 8.85 km2 et comptait en 2009 près de 56 821 ménages (IHSI, 2009,
Population totale, population de 18 ans et plus, ménages et densité estimés en 2009). Aujourd’hui, ce
quartier populaire compte 62 670 ménages pour une population de 295 204 habitants et une superficie
totale de 8,85 km2 (IHSI, 2015)34.
Présentation physique de Martissant
34
Population totale, par sexe et population de 18 ans et plus estimées en 2015, au niveau des différentes unités
géographiques sur le site de l'Institut haïtien de statistique et d'informatique – IHSI
21
Avec une densité de 52 813 habitants par km2 35, Martissant est constituée en grande partie de
bidonville dont l’infrastructure et les équipements sociaux sont très déficients. Cette section
communale s’est urbanisée très rapidement au cours des trente dernières années, du fait de l’exode
rural. Ainsi, les bidonvilles ont commencé à grimper le long des flancs du morne et vers la mer.
A l’entrée de la section communale se trouve un marché non structuré qui doit être d’ailleurs
déplacé. Non loin du quartier de Martissant et dans la zone Nord, la gare routière du Portail Léogane
joue un rôle non négligeable dans la fréquentation du quartier. Cependant, ce quartier populeux est
très fréquenté à cause de la présence du marché et de l’accès qu’elle donne sur le sud du pays. Les
travaux d’évacuation des ordures se font très rarement et les déchets sont traités de manière inefficace.
Les réseaux de drainage sont obstrués par des tas d’immondices qui prolifèrent le quartier tout entier.
Malgré la présence de quelques poubelles dans certains coins, les déchets sont déposés en pleine rue
et leur accumulation contribue à la dégradation de l’environnement urbain. Les commerçants se sont
installés sur les déchets et les acheteurs les fréquentent malgré les odeurs nauséabondes qui se
propagent et les eaux usées qui y circulent quotidiennement. Les occupants (marchands, acheteurs,
résidents et autres) utilisent les services des vendeurs d’eau ambulants ainsi que des vendeurs de
boissons gazeuses et autres, puis jettent les sachets plastiques et d’autres produits consommés dans
les rues, aggravant ainsi la situation sanitaire de la région.
A Martissant, on y retrouve tous les résultats de l’urbanisation sauvage, spontanée et
informelle. L’habitat y est caractérisé par la prédominance de constructions anarchiques et
archaïques, sans aucune forme de planification. Le coût de la vie augmente quotidiennement et la
situation économique de certains ménages s’empire de plus en plus (Vision 2000, 2012). Ces derniers
sont contraints de vivre avec leur faible revenu dans un quartier insalubre, sans aucun plan
d’amélioration ni aucune activité commerciale significativement rentable. Ils se sont familiarisés à
vivre en compagnie des déchets malgré les retombées néfastes sur leur qualité de vie. Les problèmes
de ce quartier sont majeurs et multiples. Ces problèmes concernent la vidange des blocs sanitaires,
les infrastructures routières, les plans de construction, le reboisement, la création de centre
communautaire d’attraction et la création de grandes entreprises commerciales génératrices de
revenu pour les résidents du quartier.
35
Population totale, par sexe et population de 18 ans et plus estimées en 2015, au niveau des différentes unités
géographiques sur le site de l'Institut haïtien de statistique et d'informatique – IHSI
22
Activités liées à la gestion des déchets dans le quartier
A Martissant, les activités liées à la gestion des déchets solides sont très peu structurées et
ne permettent pas d’aboutir à un résultat estimatif. Par rapport au volume des déchets solides générés
dans le quartier, l’irrégularité du service de collecte légal ne joue pas en faveur de ce quartier. Les
activités de collecte et de recyclage informelles menées par certains individus sont insignifiantes.
Elles ne contribuent même pas à éliminer remarquablement les déchets produits dans le quartier
(Cebert, 2012).
Acteurs concernés
L’accumulation massive des déchets à travers les rues du quartier de Martissant nécessite
une intervention rapide et efficace ; afin d’atténuer le volume des détritus solides dans les rues. De
ce fait, le rôle des acteurs institutionnels doit être bien défini, et la participation des regroupements
civils du quartier est indispensable. Leurs tâches doivent être claires et synchronisées de manière
efficace. Ceci étant dit, la participation collective de tout individu doit s’ajouter aux engagements des
autorités étatiques afin d’atténuer le problème. La mairie de Port-au-Prince, le SMCRS, le MTPTC,
le MDE et le secteur privé doivent se réunir afin de définir des méthodes précises pour la pré-collecte,
la collecte, l’évacuation, le traitement final des déchets et la sensibilisation de la population.
Provenance des déchets à Martissant
L’accumulation des déchets à Martissant est issue de différents phénomènes. Mais
l’importance de la question résulte surtout de la consommation et des activités économiques menées
par les habitants de la région. Etant donné que ses ménages ne peuvent pas stocker les résidus de leur
consommation chez eux, ils doivent alors s’en débarrasser. Et, compte tenu de leur manque de
formation, ils projettent ainsi leurs déchets en pleine rue, sans se soucier des effets résultant de leurs
actes ; les rues de Martissant sont remplis par des joncs d’ordures provoquant ainsi la précarité des
conditions de vie des habitants et compromet du coup l’image de ce quartier.
23
2.7 Les causes de l’insalubrité dans la région métropolitaine de Port-au-Prince
Depuis tantôt plusieurs décennies, la société haïtienne assiste de façon participative à une
poussée de la présence fréquente de dépôts sauvages à chaque coin de rue. Ce constat s’avère évident
tant au niveau des zones urbaines que rurales. Nous devons signaler également que ce phénomène
existe dans toutes nos grandes villes, cependant la vulnérabilité de la question affecte d’avantage
l’agglomération de Port-au-Prince. Cette gestion irrationnelle des ordures constitue une grande
menace environnementale et sanitaire dont certains estiment que la responsabilité relève des autorités
étatiques et locales. Cependant, pour d’autres, la gestion des déchets est un devoir, une obligation
associée à l’existence humaine en général. Cette problématique du fatras a toujours fait objet de
nombreuses campagnes de sensibilisation à travers tout le territoire haïtien. Mais aucun résultat
concret n’est obtenu. (Isidor, 2011 ; Cebert, 2014 ; Paul, 2002 ; Prosper, 2012 ; Fortune, 2012).
A ce fléau dévastateur, certains questionnent la provenance de tous ces déchets. Alors, à partir de
différentes observations faites par des chercheurs différents et dans différentes régions du pays, nous
pouvons lister les facteurs comme suit :
A-Causes institutionnelles
Absence de loi sur l’insalubrité
L’absence de loi ou de mesures disciplinaires prohibitives du mauvais traitement des déchets
accorde aux haïtiens actuels le droit de se débarrasser de leurs déchets en les projetant n’importe où36.
L’utilisation de la rue comme poubelle communautaire est d’une évidence déclarée. Ce reproche va
non seulement aux citoyens peu formes que vers les intellectuels et les têtes pensantes de la société
haïtienne. Aujourd’hui, plus personne ne s’étonne de constater un étudiant ou un fonctionnaire jetant
dans les rues des bouteilles ou autres déchets de consommation. Cette mauvaise pratique est de plus
en plus acceptée au détriment de notre environnement et de notre vie. Très rares sont les centres
commerciaux ou autres espaces susceptibles de recevoir une affluence d’individus à disposer de
36
Voir Figure 1 de l’annexe #10
24
poubelle au service de ceux qui les fréquentent. Les détritus obstruent les égouts et les eaux usées
stagnent sur la chaussée, compromettant ainsi les conditions de vie des passants et de tous ceux qui y
vivent (Le Matin, 2011).
Dans certains quartiers de la commune de Port-au-Prince, le trottoir ne sert plus de passage aux
piétons mais d’entreposage pour les fatras37.
La fermeture du service d’hygiène depuis le début des années 90
La préservation de l’environnement soulève de plus en plus des réactions sur le plan politique,
et surtout au niveau du parlement haïtien sur le déboisement et les menaces cycloniques. Cependant,
ils n’ont pas mis en relief l’enjeu catastrophique que la non-gestion des déchets solides ménagers
représente pour l’environnement. Ainsi, les tas d’immondices continuent de joncher les rues des
différentes villes du pays et plus particulièrement celles de l’aire métropolitaine. La situation est
d’une ampleur telle que les individus laissent les poubelles vides pour jeter leurs ordures sur le sol
(Isidor, 2011).
B- Causes techniques et opérationnelles
Absence d’un système efficace et efficient d’assemblage et de collecte de résidus solides.
Quoique les mairies des différentes sections communales ainsi que le SMCRS assurent la
collecte, le résultat n’est toujours pas satisfaisant. Il est donc évident que trop d’instances au sein du
même gouvernement n’ont pas intérêt à mobiliser temps, argent, ressources humaines et matérielles
aux fins de collecter uniquement les immondices. Ce qui constitue un gaspillage de ressources sans
pour autant accomplir la tâche nécessaire. (Paul, 2004)
Nous signalons également que bien souvent, les petits personnels en charge du balayage et du
ramassage des ordures sont sous rémunérés et font face à des arriérés de salaire. Donc on ne peut pas
exiger d’eux un travail à plein rendement. D’ailleurs, assez souvent ils sont sous équipés38 et sont
eux-mêmes exposés aux enjeux sanitaires relatifs à leurs lourdes tâches (le Nouvelliste, 2014).
Insuffisance des bacs a fatras dans des points stratégiques.
37
38
Voir Figure 2 de l’annexe #10
Voir Figure 3 de l’annexe #10
25
Les bacs à fatras sont d’une grande importance dans la gestion des déchets. Lorsque nous
considérons des endroits d’arrêt d’embarquement de bus dépourvus totalement ou presque de
bacs à fatras, le spectacle ne saurait être autrement que celui projeté par la gare de Portail Léogane
(Figure 5). Sachant que généralement, ces stations servent de lieux de vente également pour les
marchands de rue. Ce cas de figure est tout aussi valable au niveau des marches publics et d’autres
endroits vulnérables à une accumulation de déchets. Les multiples activités menées dans ces
endroits exigent des poubelles à chaque coin de rue (Fortune, 2012). Nous savons tous que les
marches publics, les centres commerciaux et les places publiques sont des endroits à forte
circulation d’individus ; et que plus l’effectif de la population augmente, plus leur consommation
s’accroit et plus de déchets sont produits automatiquement. Donc il est impératif de faciliter la
collecte des déchets à ces endroits. Le soir à leur départ, les marchands laissent après eux tous
ceux dont l’usage ne sera plus nécessaire pour le lendemain. Alors, des déchets en circulation que
vous observez déjà au grand jour, vont s’ajouter ceux de la soirée pour donner un décor plus
malsain que la veille. Et assez souvent, les services de nettoyage ignorent l’existence de ces
endroits, surtout quand ils sont en grève pour des raisons financières (Le Nouvelliste, mars 2014).
Le marché de la Saline39 situé au bas de Delmas nous donne une impression de la situation réelle
à laquelle sont confrontés jours et nuits, tous ceux qui fréquentent ce centre commercial de la
région métropolitaine du pays.
Et si on devrait illustrer pour chacun des marchés publics et gares routières de l’aire
métropolitaine, les photographies délivreraient ce même message d’urgence que nous devons
ressentir. L’image40 sur la station d’autobus du Portail Léogane en dit tout. Elle a été choisie parmi
une multitude d’autres prises sur toutes les façades du Portail Léogane. Nous signalons que toutes
les autres façades n’ont rien de différents de celles projetées, elles ont toutes le reflet de d’une zone
insalubre et délaissée par les instances concernées.
Absence d’un service de collecte fixe et périodique dans les quartiers pauvres.
Il est certain que ces quartiers sont susceptibles de générer une quantité importante de déchets
compte tenu de la concentration humaine de ces régions (Cebert, avril 2012). En fonction des risques
d’insécurité et d’accès difficile à ces quartiers défavorisés, la périodicité du service de collecte
39
40
Voir Figure 4 de l’annexe #10
Voir Figure 5 de l’annexe #10
26
affecté à des points de ramassage précis n’est apparemment pas définie par les autorités concernées.
Ou du moins s’il en existe, elle n’est pas tout à fait respectée. Les habitants des quartiers pauvres
sont contraints de vivre dans des conditions de promiscuité incluant tous les maux que cela implique
dont l’insalubrité. Bien qu’assez souvent, des organisations internationales interviennent dans ces
régions sous toutes formes de projet, dont certains sur l’assainissement. Cependant, l’efficacité
significative de leurs opérations ne témoigne pas des résultats de nos observations. A ce sujet, il
conviendrait que de plus amples études viennent s’ajouter à celles qui existaient déjà ; aux fins
d’identifier les causes de ces inefficacités et de définir les méthodes permettant une optimisation de
ces opérations. Les quartiers défavorisés représentent un phénomène durable dont les solutions
doivent être appliquées graduellement dans le temps. Assez souvent, ils font objet de grand projet.
Nous signalons entre autres que le plus grand bidonville du pays dénommé ‘cité soleil’ est l’un des
plus grands receveurs de projet du pays. Alors les impacts devraient être palpables et satisfaisants.
Cependant, la figure 6 de l’annexe #10 nous dit le contraire.
C-Causes physiques
La désuétude des rues, des trottoirs et des rigoles de la région métropolitaine.
Ce qui implique que, avec des rues munies de crevasses, des trottoirs ainsi que des rigoles
mal entretenus, il est difficile d’assurer une propreté au vrai sens du terme. Car, le balayage des
feuilles mortes des arbres ou autres déchets se révèle pénible pour les agents affectés à ce service
(Cebert, avril 2012). Nous n’ignorons pas non plus les grands efforts octroyés par certaines autorités
locales de la région métropolitaine et plus particulièrement au niveau des communes de Delmas, de
Pétion-Ville et de Carrefour. Il est certain que certaines rues de ces régions commencent à retrouver
la beauté tropicale qu’elles renferment, à travers les différents travaux d’infrastructures routières41
(Figures 7 et 8 de l’annexe #10). Cependant, il ne s’agit pas d’un sujet partiel, ce changement doit
être effectif dans toutes les rues, les ruelles, les impasses et dans toutes les communes.
L’érosion et les précipitations atmosphériques.
41
Voir Figures 7 et 8 de l’annexe #10
27
A l’époque des fortes pluies, les parties basses de la ville (comme le Portail Léogane) sont
inondées par les boues provenant de la montagne et par les détritus accumulés dans les ravins. Ceci
constitue une corvée pour les balayeurs dans l’agissement de leurs fonctions. Une grande partie des
déchets se retrouvent cachés sous les égouts et réduisent d’avantage l’efficacité des acteurs concernés.
La saison des pluies engendre de fortes précipitations qui compromettent d’avantage la salubrité de
Port-au-Prince (Radio Kiskeya, mars 2012)
D- Causes socio-économiques
La présence constante des petits commerçants aux abords des rues.
Cette source est non négligeable à la montée de l’insalubrité et plus particulièrement dans la
zone métropolitaine. « Lari a se pou nou tout », voilà le slogan de ceux qui s’adonnent à cette
mauvaise pratique datée de plus de 20 ans (Laroche, mars 2012). Ensuite, les rues sont jonchées de
détritus puant à mille lieues, toutes les artères sont occupées par des petits commerces. Le comble
est que, lorsque ces commerçants décident de rentrer chez eux, beaucoup d’entre eux ne songent à
balayer les ordures ou à en disposer convenablement. Généralement ces ordures sont déversées sur
la voie publique, dans le caniveau ou carrément dans la bouche d’égout parce que la majorité de ces
vendeurs ne dispose de poubelle.
Le manque de prise de conscience des Haïtiens.
Le manque de prise de conscience des Haïtiens constitue un obstacle au changement de
comportement et aux initiatives communales. Ceci nous empêche d’arriver à un transfert de
connaissance et à un suivi des échanges sur la problématique des fatras. Depuis plusieurs décennies,
les Haïtiens cultivent la mauvaise habitude de lancer tout ce qui ne peut pas faire objet de
consommation ou autres utilisations dans les rues ou sur le toit des maisons. L’haïtien contemporain
a certainement oublié que la place des ordures c’est dans la poubelle ! En effet on n’éprouve aucun
gêne à jeter sur la chaussée, dans les caniveaux ou sur la voie publique, le sachet d’eau, la bouteille
de soda ou la serviette hygiénique que l’on vient d’utiliser. A partir de ces actes, des avalanches de
déchets sont emportées par les eaux de pluie qui, laisseront un spectacle désolant au niveau des rues
et de la mer environnante. Ce qui menace grandement notre faune aquatique (Cebert, avril 2012).
28
L’utilisation du trottoir et des rues pour le stockage des matériaux à utiliser lors des processus
de construction.
Encore une mauvaise pratique qui ne fait qu’enlourdir les dégâts causés par les déchets dans
nos rues. Ce facteur s’est amplifie d’avantage à partir du malheureux séisme du 12 janvier 2010. Aux
décombres qui occupaient involontairement nos trottoirs et certaines rues, viennent se renforcer les
mauvaises pratiques d’utiliser nos trottoirs comme lieux de stockage des matériaux destinés à la
reconstruction. Un problème qui est inhérent tant au niveau des régions sinistrées, que dans les zones
avoisinantes. Bien que nous ne pouvons pas ignorer certains efforts engagés par les autorités du
SMCRS aux fins de confisquer ces matériaux qui occupent les trottoirs. Mais un grand suivi serait
nécessaire (Cébert, avril 2012)
2.8 Risques associés à la mauvaise gestion des déchets solides ménagers
La composition et la production des déchets solides ménagers varient beaucoup entre les pays.
La présence de ces déchets dans les rues, les parcs, les arrière-cours, le long des cours d’eau peut
créer diverses formes de pollution : olfactives (toutes les nuisances qui affectent l’odorat) et
esthétiques, avec souvent des incidences sur la santé, le paysage, l’économie et les ressources
naturelles. Les déchets constituent un accroissement exponentiel des risques liés à la santé humaine.
Leur présence nuit également à l’évolution du tourisme et développe une incidence économique non
négligeable. De nos jours, les questions touchant la gestion des déchets urbains représente un enjeu
majeur en raison de leurs effets sur la santé humaine, le développement durable et la situation
financière des villes (Nkenkou Luaka, 2005). C’est de la mauvaise gestion des déchets que découle
la génération de gaz à effet de serre (GES). En effet, la décomposition des matières organiques et leur
incinération (pratique courante à ciel ouvert en Haïti) produisent respectivement du méthane et de
multiples GES dangereux pour l’environnement. Les principaux GES sont le gaz carbonique (CO₂),
le méthane (CH₄) et le protoxyde d’azote (N₂O). Sachant que la concentration de ces GES qui
absorbent une partie des rayons solaires en les redistribuant sous la forme de radiations au sein de
l’atmosphère terrestre, est à l’origine du réchauffement climatique. Il est donc impérieux d’en
discuter, même si la responsabilité d’Haïti est moindre dans leurs émissions au niveau mondial ;
d’autant que mieux gérer les déchets est une manière d’allier préservation de l’environnement et
propreté du paysage haïtien. En effet, le risque environnemental est souvent lié au manque de maîtrise
du processus de collecte-élimination des déchets et de la précarité des planifications techniques et
29
financières adoptées par les autorités municipales. De manière concrète et élaborée, nous repartirons
les conséquences de l’insalubrité comme suit :
A)
Inondation
Après une simple averse, la région métropolitaine offre un spectacle lamentable et
déconcertant. L’eau de pluie transporte avec elle tous les déchets possibles résultants de nos
consommations. Etant donné que toutes les canalisations d’eaux pluviales sont bouchées au préalable
par nos déchets en plastiques ou autres ; les égouts se remplissent et déversent le surplus d’eaux et
d’immondices reçues dans nos rues. Ainsi, l’eau de pluie se crée fatalement de nouvelles voies qui
sont assez souvent discontinuées. Ce qui provoque inévitablement des inondations. Nous avons un
exemple très récent avec l’inondation au Canapé-Vert en 2011 à cause d’un réfrigérateur emporté par
une pluie diluvienne, et qui malheureusement se retrouvait bloqué à l’endroit ou l’eau devait circuler.
Et nous avons également un exemple très régulier qui est celui de la ravine du Portail Léogane jonché
de déchets de toutes sortes dont la majorité en plastiques42.
B)
Freinage du tourisme et de l’économie
L’une des plus grandes attractions des touristes est la beauté de l’environnement d’un espace.
Ils visitent un endroit aux fins de conquérir de nouveaux endroits mais aussi garder de beaux
souvenirs à travers de belles photos. Tenant compte de l’insalubre décor que la région métropolitaine
affiche depuis plusieurs décennies, nous assistons à une baisse considérable du taux de touristes que
recevaient Port-au-Prince. Au cours des années 50 Haïti était une destination touristique de choix
pour les touristes américains et européens, une tendance qui a chuté spectaculairement au fil des ans.
Autrefois, ils y venaient pour s’émerveiller de notre champ de mars, notre boulevard, notre marché
en fer, etc. Le Marché en Fer, ou Marché Vallières ou encore Marché Hyppolite est considéré comme
une œuvre architecturale d’une incontestable valeur artistique et historique. Il est perçu « comme le
monument emblématique de Port-au-Prince ». Inauguré en novembre 1891, cette structure vieille de
123 ans, récemment rénovée rappelle encore par son style les anciennes Halles de Paris. Le Marché
en Fer est un site historique charmant et qui conserve toute sa splendeur, situé en plein cœur de la
ville où touristes et consommateurs locaux s’y mélangeaient pour acheter tout ce que consomme
42
Voir figure 9 de l’annexe # 10
30
habituellement une ville, en terme de provisions alimentaires et aussi de produits artisanaux. Mais de
nos jours, tous nos centres d’attraction sont transformés en dépôt sauvages de déchet, l’accès donnant
au marché en fer43 s’est rapidement dénaturé pour donner l’impression d’un véritable parcours du
combattant à tous ceux qui l’empruntent. Alors que le touriste représente un apport économique
considérable pour tous les pays de la caraïbe. Nous mentionnons également que la baisse du taux de
tourisme est également liée à d’autres facteurs qui sont tout aussi considérables que l’insalubrité.
C)
Incidences directes sur la santé et l’économie
La propagation de certaines maladies mortelles telles que le choléra, le paludisme, la fièvre
typhoïde, la fièvre jaune et tant d’autres encore est la récolte des pratiques insalubres que nous
accumulons. La mauvaise gestion des déchets ménagers est à l'origine du problème de la santé
d'autant plus qu'il constitue le facteur dominant de création de nids de production des vecteurs de
menace de la santé comme les moustiques, mouches, cafards, souris, bactéries…(Mamadou Diabaté,
2010). Soumises à une urbanisation croissante et non structurée, les communes de la région
métropolitaine se sont constituées en espaces à risques sanitaires potentiels. Cela se traduit par une
hygiène défectueuse qui engendre des conditions bioécologiques propices au développement de
germes pathogènes (virus, bactéries, parasites) responsables de nombreuses maladies morbides au
sein de la population et transformant nos quartiers de plus en plus en espaces potentiellement
générateurs de germes pathogènes. Les maladies liées à l’insalubrité influent sur les ressources
économiques du pays car elles nécessitent d'énormes dépenses pour les éradiquer. Chaque année, le
ministère de la santé publique débourse plusieurs millions de gourdes pour des campagnes
d'information, de sensibilisation et de prévention des maladies endémiques et épidémiques. Ces
maladies affectent également l’économie des ménages qui pour la plupart ont un très faible revenu
(72% vivent avec moins de 100 gourdes par jour) ou sont des chômeurs (27% de la population active).
Ils sont obligés de dépenser le peu qu’ils gagnent et même parfois recourir à des prêts auprès de
certains particuliers à fin de surmonter la maladie.
D)
Destruction de notre Faune et Flore aquatique
Le déversement de nos égouts et canalisations jonchés de fatras dans nos cours d’eau, nos rivières
et la mer a un effet toxique sur nos animaux et plantes marins. Les déchets les plus lourds vont
43
Voir figure 10 de l’annexe #10
31
s’entreposer sur les fonds marins et ceux qui flottent se font emporter par les courants et finissent
par former de nouveaux « continents de plastique » au milieu des océans. Ce qui représente un grave
danger pour nos animaux aquatiques. Nous savons entre autre que ces derniers constituent une
source d’économie tant au niveau micro que macro, car l’exploitation des fruits de mer par les
habitants des villes côtières est parfois leur plus grande source de revenu et d’alimentation. Nous
comprenons également que la contamination des eaux de mer à cause des DSM rend également la
consommation des fruits de mer dangereuse pour l’homme, vus les multiples cas d’intoxication
qu’elle engendre.
2.9 Comment valoriser les déchets solides ménagers afin de les rentabiliser au
profit de la société haïtienne?
Il existe différentes méthodes permettant de transformer les déchets solides ménagers (DSM)
en produits réutilisables ou en énergie. Parmi ces méthodes de valorisation, on peut citer : le
compostage, la pyrolyse, la méthanisation et la valorisation énergétique, etc. Mais, ce document de
recherche s’accentue sur la valorisation énergétique car elle permet de résoudre un autre problème
majeur représenté par une carence en électricité ; et sur le compostage vu son plus fort degré de
rentabilité pour moins de ressources financières engagées. Le compostage consisterait à transformer
la fraction organique des déchets en un produit pouvant servir d’engrais pour les terrains cultivables.
Ainsi, elle contribuerait à une meilleure rentabilisation de notre agriculture qui réunissait les troisquarts de la population active jusqu'à la fin des années 80 (www.haiticulure.ch, 2001).
Le compostage
Le cycle de décomposition des matières organiques en compostage désigne une méthode de
valorisation économiquement rentable et efficace. Par matières pouvant être compostées, on peut
citer : les feuilles, les résidus végétaux de table, les résidus de jardin, etc. Ces vingt dernières années,
la génération d’ordures ménagères pouvant être utilisées dans le processus de compostage augmente
quotidiennement à Port-au-Prince, notamment au quartier de Martissant. Les déchets organiques sont
transformés en compost ou fumier pour améliorer la qualité des terres agricoles. Les plantes absorbent
le fumier comme éléments nutritifs pouvant assurer leur bon fonctionnement. En ce sens, les déchets
sont considérés comme des ressources utilisées dans des conditions aérobies (humidité et température
parfaite) pour favoriser l’amendement des sols. Tandis que, lorsque ces déchets organiques sont
abandonnés dans les décharges sauvages, ils constituent un gaspillage de ressources accumulé dans
32
les rues et contribuent à la dégradation de l’environnement urbain par la propagation des gaz
malodorants (hydrogène sulfureux : H2S, ammoniac : NH3) qui attaquent directement la qualité de
vie de la population.
La présence d’eau dans l’opération du compostage est essentielle puisqu’elle permet la survie des
micro-organismes pour faciliter le mélange et activer les éléments qui y incluent. Il suffit seulement
que la quantité d’eau soit acceptable pour contrôler la diffusion de l’oxygène (O2). Les matières
organiques se décomposent en deux phases. Dans un premier temps, elles se décomposent
rapidement dans une période inférieure à un mois et le processus s’effectue dans des conditions
favorables d’humidité et de température normales. Dans une seconde phase appelée mûrissement,
ces matières sont stabilisées à une température inférieure qu’auparavant et on obtient de l’humus et
de la matière minérale. Il faut attendre plus de cent jours pour que cette phase s’accomplisse
totalement (Mustin, 1987 ; www.compost.org, p.d ; Ministère français de l’écologie, du
développement durable et de l’énergie, 2010).
Le processus de compostage peut représenter une charge lourde pour les municipalités à cause du
coût élevé des matériaux composteurs. A cet effet, il est conseillé d’effectuer un tri en amont des
déchets pour leur débarrasser des matières qui seraient nuisibles à l’obtention d’un bon compost.
Comme amendement de sol, le compost permettra aux autorités étatiques et locales de réduire
l’érosion, de retenir l’eau de pluie, de garder le sol plus chaud et de protéger l’environnement urbain
de Port-au-Prince. Le compostage est donc un moyen sûr de réduire le volume des déchets solides
dans les dépôts sauvages de la ville en les valorisant. Quoique la composition exacte des déchets à
Port-au-Prince soit inconnue, 80% sont estimés comme étant composés de matière organique (CCI,
2004), ce qui facilite d’avantage la politique de compostage des déchets organiques à fin de
revaloriser cette catégorie de déchets.
La valorisation énergétique
L’accumulation des matières plastiques peut faire objet de recyclage, pour donner naissance
à d’autres produits en plastiques. Ces derniers ont un impact négatif sur le milieu urbain et prennent
beaucoup de temps pour être éliminé (Calice, 2009). Mais, ces matières plastiques peuvent être aussi
revalorisées dans le cadre d’un programme de substitution d’énergie en produisant de l’électricité par
exemple.
33
La valorisation énergétique des déchets ménagers est une forme de traitement permettant de
transformer les déchets en énergie thermique ou électrique à partir de leur combustion. Cette méthode
permet de réduire le volume de déchets et représente une alternative à la mise en décharge et constitue
une méthode complémentaire au recyclage. Là où l’enfouissement des déchets engendre une pollution
des sols par des métaux lourds et des émissions de gaz à effet de serre comme le méthane, leur
utilisation comme combustible dans une centrale dédiée permet de les transformer en énergie avec
un taux d’efficacité de plus de 60%. De plus, 50% de l’énergie produite par la valorisation énergétique
des déchets est reconnue comme étant renouvelable. En 2010 en Europe, 73 millions de tonnes de
déchets ménagers sont valorises énergétiquement et fournissent 13millions de personnes en électricité
et 13 millions en chaleur (www.inova-groupe.com, p.d). Ainsi, en utilisant ce mécanisme, Haïti
pourrait s’offrir de l’énergie électrique, rien qu’en recyclant et en utilisant ses propres déchets solides
ménagers.
La pyrolyse
La pyrolyse comprend l’ensemble des procédés de décomposition thermique avec
combustion incomplète. Elle permet d’obtenir à partir des déchets ménagers récupérés du charbon,
des gaz et des huiles pouvant être revalorisés à des fins utiles. Cependant, elle peut engendrer des
émissions très polluantes, composées d’hydrocarbures et de résidus de carbone pour l’environnement
urbain (Filippi, 2010). Ce procédé de revalorisation nécessiterait une technologie de pointe ainsi
qu’une main d’œuvre grandement qualifiée ; ce qui constitue un trop grand enjeu pour l’économie
haïtienne.
La Méthanisation
La méthanisation consiste à produire le biogaz à partir des déchets en utilisant des réacteurs
anaérobies.44 Ce procédé s’apparente à une usine de production biotechnologique et nécessite
l’acquisition de matériels lourds de production, utilisé par une main d’œuvre qualifiée, ce qui
demande des investissements conséquents pour un pays économiquement faible comme Haïti. De
plus, pour que la production de biogaz soit conséquente, il est nécessaire de fournir une grande
44
En absence de l’air
34
quantité d’eau au procédé (www.actu-environnement.com). Le biogaz45 produit par la
méthanisation peut être valorisé de différentes manières :

par la production d’électricité et chaleur combinée dans une centrale en cogénération46 ;

par la production de chaleur qui sera consommée à proximité du site de production ;

par l’injection dans les réseaux de gaz naturel après une étape d’épuration (le biogaz
devient alors du biométhane) ;

par la transformation en carburant sous forme de gaz naturel véhicule (GNV).
La méthanisation permet de réduire : les volumes de déchets organiques et contribue à la
production d’énergie renouvelable, sous forme de biogaz Un parallèle entre les deux dernières
méthodes et les deux premières nous permettent d’identifier facilement que la méthanisation
et la pyrolyse seraient trop couteuses pour Haïti qui est actuellement le pays le plus pauvre
de la planète (Wall Street, 2012)
Les données présentées à ce chapitre ont confirmé que la problématique des déchets est un
sujet préoccupant dans le monde entier. Des pays industrialisés à ceux du Sud, les chercheurs ont
toujours essayé d’apporter leur pierre participative à la construction de communauté salubre et
soucieuse d’en maintenir. Elles nous ont aussi aidés à mettre en exergue les principales causes de
l’accumulation des déchets dans la région Métropolitaine, notamment à la Section Communale de
Martissant. Le chapitre suivant présentera la méthodologie qui sera suivie afin d’aboutir à des
résultats d’enquête conséquents.
45
Gaz produit par la fermentation de déchets organiques, animaux ou végétaux en l’absence d’oxygène
46
Production simultanée de deux énergies différentes dans un même laboratoire
35
Chapitre 3 : Méthodologie
3.1 Participants
La problématique du fatras couvre toute l’étendue du territoire haïtien, cependant aux fins de
mieux centrer le sujet, de réduire le cout des enquêtes et de simplifier le travail, on a effectué un
tirage au quartier de Martissant qui se porte sur des unités individuelles. L’échantillon choisi est de
taille : n = 20 individus (soit une infime proportion de la population totale de Martissant) issus du
milieu scolaire, universitaire, professionnel et commercial du quartier. Et ceci, sans discrimination de
sexe ni d’âge. Bien que 10% soient recommandés pour extrapoler à une population. Mais vue la taille
de la population de Martissant, ce choix s’est avéré très difficile.
3.2 Instruments
Dans notre formulaire sur la gestion des déchets à Martissant adressé à l’échantillon
susmentionné, les variables sur lesquelles on investigue sont relatives à l’accumulation des déchets
solides ménagers dans le quartier de Martissant. Elles se portent essentiellement sur :

les principales occupations des habitants de Martissant,

les activités commerciales prédominantes du quartier de Martissant,

les types de déchets accumulés dans la zone,

les principales sources de production de ces déchets,

les lieux de stockage de ces déchets,

la méthode de collecte et de transport de ces fatras,

la durée d’entreposage des déchets avant leur évacuation,

les coûts associés à l’enlèvement des déchets avant leur évacuation,
36

le tri des déchets en amont,

les activités de recyclage opérationnelles à Martissant,

les heures de ramassage des déchets dans le quartier,

l’existence d’une collecte de porte à porte,

l’existence d’un site de décharge contrôlé pour les déchets générés par les ménages,

les épidémies liées à la mauvaise gestion des déchets à Martissant,

l’existence d’une campagne de sensibilisation sur la gestion des déchets à Martissant,

la volonté des habitants de changer l’état d’insalubrité du quartier,

la volonté de participer activement à un éventuel changement de la situation du quartier,

la volonté de contribuer financièrement aux activités.
3.3 Procédures
La collecte des données est faite sur place auprès de l’échantillon de population ciblée. Elle
se tient sur une période de cinq jours. A partir de ce temps mis, nous avons pu mieux remplir les
formulaires avec de meilleures informations. Ainsi, nous avons enquêté quotidiennement sur quatre
individus. Et il nous a fallu une moyenne de trente minutes par questionnaire afin d’inciter de
meilleures réponses de la part des enquêtés. Et dans le souci d’éviter toute mésinterprétation, nous
avons procédé à une entrevue semi structurée. Ce travail se charpente autour de différents points que
sont : 1) la présentation du milieu physique de l’étude, 2) la nature des déchets ménagers,3) la
provenance des déchets solides ménagers, 4) l’impact des déchets ménagers sur la santé,
l'environnement et l’économie de la région, 5) la gestion et la revalorisation des Déchets Solides
Ménagers (DSM).
3.4 Analyse des données
Vu le choix de la méthode qualitative qui ait été faite, l’analyse des données recueillies est
faite à partir des procédures d’études qualitatives dont les étapes consistent à :
1. Regrouper les réponses par variable
2. Codifier les réponses en vue de les analyser de façon descriptive afin de détailler les
fréquences
3. Retranscrire les réponses sous forme de narration
37
3.5 Limitations
En fonction des divers éléments entrant dans l’élaboration de cette étude, quelques difficultés
se sont découlées. Le manque de connaissance du sujet par les enquêtés, l’absence des documents
d’urbanisme, de la voirie, et de la mairie relatifs au thème de recherche et le problème relatif aux
fausses informations véhiculées par des ménages dans les enquêtes de terrain ont eu des impacts
défavorables sur le travail.
Chapitre 4 : Résultats de l’enquête
A travers ce chapitre, on a présenté d’une part les résultats concernant la génération et le
traitement des déchets solides à Martissant. Et de l’autre, ces résultats sont analysés de façon
succincte et précise ; dans le souci de vérifier les hypothèses d’étude et d’assurer l’atteinte des
objectifs fixés.
4.1 Présentation des résultats
4.1.1
Principales occupations des individus
Comme beaucoup d’autres quartiers défavorisés du pays, Martissant est dominé par le commerce à
30 %. En vue de combattre le phénomène du chômage qui frappe 45 % de la population, les ménages
sont contraints d’exercer des activités commerciales de toutes sortes. Ceux qui ont eu le privilège de
boucler leur cycle d’étude universitaire et qui exercent une profession représentent 20 %, et 5% se
réfèrent à des activités pratiques de la vie populaire (Chauffeur de taxi, artisanat traditionnel, etc.)
(Réf. : voir le tableau # 2, annexe 1).
4.1.2
Principales activités commerciales du quartier
Au quartier de Martissant, on y trouve une multitude d’activités génératrices de revenus pour les
ménages. Cependant, les plus récurrentes sont : le marché de Martissant à l’intérieur duquel
s’effectuent les commerces de gros et détail et qui représentent 55 % des sources de revenu ; les
magasins représentent 5 %, les restaurants à ciel ouvert représentent 25% et d’autres activités non
identifiées avec un taux de 15 %. Ainsi, nous remarquons que toutes ces activités dominantes
nécessitent un moyen efficace de collecte et de traitement des déchets produits. Ce qui ne convient
38
pas à la réalité du quartier et occasionne la prolifération des tas d’immondices (Réf. : voir le tableau
# 3, annexe 1).
4.1.3
Types de déchets accumulés dans le quartier
Vus la forte concentration humaine du quartier et le marché situé à l’entrée, les matières organiques
représentent la moitié des déchets accumulés, suivies directement des matières plastiques dont le
taux est de 35 %. Nous notons également que la plupart des matières plastiques ne sont pas
biodégradables, d’où la nécessité d’agir dessus (Réf. : voir le Tableau # 4, annexe 2).
4.1.4
Principales sources de production des déchets à Martissant
A Martissant, 50 % des ménages accusent le marché de Martissant comme étant la principale source
de production des déchets. Cependant, 25 % avancent que les vendeurs de rue et les marchands
ambulants ont également une grande responsabilité dans l’accumulation des déchets à Martissant
(Réf. Voir le tableau # 5, annexe 2).
4.1.5
Lieux d’entreposage des déchets à Martissant
Martissant ne bénéficie pas d’un site de décharge contrôlé des ordures. Ainsi 35 % se
débarrassent de leurs résidus en les projetant dans les rues à ciel ouvert. La quantité de ceux qui
utilisent les bacs à fatras représentent 25% et le reste des déchets sont partagés entre les terrains vides,
les ravines et d’autres lieux non spécifiés à des taux respectifs de 10%, 15% et 15% (Réf. : voir le
tableau # 6, annexe 3).
4.1.6
Collecte et évacuation des ordures à Martissant
D’après 60% des enquêtés, la collecte et le ramassage des ordures sont assurés par les autorités
étatiques et communales à travers le SMCRS, le CNE et la voirie. Cependant, 35 % affirment que les
entreprises privées et ONG de la place y mettent de leurs siens. Alors, la participation des habitants
du quartier à ce mécanisme représente 5%. (Réf. : voir le Tableau # 7, annexe 3).
4.1.7
Durée d’entreposage des déchets avant l’évacuation
39
De façon générale, 20% de la population ciblée se débarrassent de leurs fatras dans une durée
dépassant une semaine. 25% prennent plus d’un jour pour s’en débarrasser. 20% s’en libèrent
hebdomadairement et le reste le font quotidiennement (Réf. : Voir le Tableau # 8, annexe 4).
4.1.8
Coût lié à l’enlèvement des déchets avant l’évacuation
85% de notre population affirment n’avoir rien versé en contrepartie de l’évacuation de leurs déchets.
Donc ils s’en débarrassent arbitrairement et engendrent d’avantage de pollution de l’environnement.
5% avancent avoir versé entre 1 à 25 gourdes pour l’enlèvement des déchets produits, 5% ont payé
entre 26 à 50 gourdes et le reste paient en dessus de 50 gourdes (Réf. : voir le tableau # 9, annexe
4).
4.1.9
Triage des déchets avant leur évacuation
Comme dans presque toutes les villes d’Haïti, les habitants du quartier de Martissant n’effectuent pas
au préalable le tri de leurs ordures. 90% affirment n’avoir effectué aucun tri. D’où la difficulté de
procéder rapidement et facilement à des opérations de revalorisation comme le recyclage et le
compostage (Réf. : voir le Tableau # 10, annexe 5).
4.1.10 Recyclage Déchets accumulés dans le quartier
90% des enquêtés avancent que les déchets ne sont pas recyclés à Martissant. Cependant, 10%
affirment que certains déchets sont récupérés par la FOKAL qui en fait des œuvres d’art et par des
particuliers afin de les acheminer vers certaines entreprises de recyclage comme le GS, le Tropical
Recycling, et cela en contrepartie d’un faible revenu (Réf. : voir le tableau # 11, annexe 5).
4.1.11 Heure de ramassage des déchets dans le quartier
Selon 25 % des enquêtés, il n’existe pas une heure fixe pour le ramassage des déchets dans le quartier.
Cependant, 35% affirment que les ordures sont enlevées en cours de journée et le restent affirment
qu’elles sont enlevées le soir (Réf. : voir le Tableau # 12, annexe 5).
4.1.12 Existence d’une collecte de porte à porte
40
90% des ménages affirment qu’il n’existe aucune porte dans la collecte des déchets. Cependant, les
pourcentages restants effectuent des contrats avec des particuliers du quartier et des entreprises
privées afin de les débarrasser de leurs déchets (Réf. : Voir le tableau # 13, annexe 6).
4.1.13 Existence d’un site de décharge contrôlé
A Martissant, 90% des déchets produits sont collectés dans des dépôts sauvages situés dans
différentes rues de la zone et servant d’adresse. Ainsi, ils ne subissent aucun traitement rationnel et
croissent le taux d’insalubrité dans la région (Réf. : voir le Tableau # 14, annexe 6).
4.1.14 Epidémies dominantes liées à la mauvaise gestion des déchets
Comme il en est dans tous nos quartiers pauvres, les maladies infectieuses liées à l’insalubrité sont
très dominantes à Martissant. En effet, 30% des ménages affirment que les parasitoses provoquant
des diarrhées sévères affectent le plus la population ; et en particulier les enfants et les nouveaux
nés.50% affirment que la malaria bat le plein, 10% avancent les cas d’infections des voies
respiratoires et 10% relatent les infections dermatologiques liées à l’insalubrité (Réf. : voir le tableau
# 15, annexe 6).
4.1.15 Existence d’une campagne de sensibilisation
La question de l’information a toujours été une problématique en Haïti. 70% des enquêtés avancent
n’avoir suivi aucune campagne de sensibilisation sur la gestion des déchets (Réf. : voir le Tableau
# 16, annexe 7).
4.1.16 Volonté de changer la situation d’insalubrité actuelle
Consciencieux de leurs mauvaises qualités de vie à Martissant, la totalité des ménages partagent la
position d’améliorer la gestion des déchets dans le quartier (Réf. : voir le tableau #17, annexe 7).
4.1.17 Volonté de participer activement au changement
Selon les enquêtés, la gestion des déchets relève de la responsabilité de chaque citoyen. De ce fait,
100% de notre population ont foi en une participation collective de tous les acteurs du quartier afin
de combattre la présence non contrôlée des déchets solides dans le quartier de Martissant (Réf. : voir
le tableau # 18, annexe 7).
41
4.1.18 Volonté de contribuer financièrement au changement
La nécessité de changer l’ordre des choses à Martissant est selon plusieurs enquêtés un impératif. A
cet effet, 85% se portent garants à contribuer financièrement à ce changement, néanmoins à un cout
relatif au volume des déchets qu’ils génèrent (Réf. : voir le Tableau # 19, annexe 8).
4.2 Analyse des résultats
4.2.1
Relation entre les activités commerciales du quartier et les
déchets générés (Tableaux 2, 3, 4, et 5)
Martissant figure parmi les zones défavorisées du pays et susceptibles de se transformer en un grand
bidonville. Cela s’explique du fait de la promiscuité des logements déjà existants accompagnés de
l’exode rural non contrôlé ayant pour effet immédiat sur l’expansion des structures bidonvillisées ;
contribuant ainsi à la dégradation de l’environnement de la région. La majorité des habitants sont des
petits commerçants dont les profits ne leur permettent pas de répondre à leurs besoins.
Le tableau #2 nous permet de mettre en relation les occupations principales de l’ensemble des
ménages avec l’accumulation des déchets. Une population dont les principaux champs d’activités
sont dominés par les petites entreprises génère d’avantage de déchet en circulation que tout autre
secteur d’activité. Le tableau #3 identifie les principales activités du quartier que sont : le Marché de
Martissant qui regroupe les commerces de gros et de détail, les restaurants à ciel ouvert et d’autres
petites activités commerciales généralement à caractère alimentaire. Ce qui explique le taux élevé des
déchets organiques dans la région présentés au tableau # 4.Une situation non profitée par les autorités
ni le secteur privé des affaires, lorsque nous considérons le potentiel économique d’une politique de
compostage de tous ces déchets organiques.
42
Le tableau # 5 nous définit la provenance des déchets du quartier et les principales sources sont : le
marché de Martissant, les restaurants, et les marchands ambulants et vendeurs de rue. Ces derniers
commercialisent en grande partie des produits emballés dans des sachets ou bouteilles en plastiques.
Ce qui constitue également un autre atout économique à partir du recyclage de ces déchets en
plastiques. L’accumulation des matières plastiques représente une grande menace pour
l’environnement car elles sont difficilement dégradables et sont facilement transportées par les eaux
et représentent 60 % des causes d’obstruction des canaux de drainage (le nouvelliste du 11 aout 2004,
page 1). Cependant, ces dernières sont également d’une importance capitale dans le processus de
revalorisation. On les emploie dans différentes applications comme dans les carrosseries de voiture,
les jouets etc. Leur recyclage serait indispensable pour combattre l’amoncellement des déchets. Donc
compte tenu des différentes activités économiques menées par les ménages du quartier, les déchets
s’accumulent quotidiennement et représentent ainsi des éventuelles sources de revenu durables.
4.2.2
Planification stratégique et opérationnelle de la gestion des
déchets à Martissant (Tableaux # 6, 7, 8, 9, 13, 15 et 19)
La décharge contrôlée serait le moyen le plus efficace et le moins couteux à l’évacuation des
déchets. Mais malheureusement à Martissant, une grande part des déchets sont déchargés à même le
sol et font objet de dépôts sauvages. Les ménages qui se servent des bacs à fatras pour l’entreposage
de leurs déchets sont très peu (Tableau # 6). Cette mauvaise pratique affecte non seulement la qualité
de vie des habitants mais aussi l’aspect esthétique du quartier.
En général, la collecte et l’évacuation sont assurées par les autorités étatiques et communales
(Tableau # 7). Et dans certaines rues du quartier, ils sont déversés directement dans les ravines
(tableau # 6) et obstruent les égouts, causant ainsi de grave problème sur l’environnement du quartier.
Assez souvent, ces déchets prennent trop de temps avant leur évacuation (tableau # 8), généralement
plus d’une semaine. Alors que ces derniers auraient dû être collectés et évacués avant leur
décomposition, afin d’éviter la formation de gaz toxiques impactant sur la santé des habitants. Le
tableau # 9 détermine les coûts liés à l’enlèvement des ordures. En contrepartie des déchets produits,
certains ménages versent une cotisation afin de les évacuer. Cependant, la grande majorité préfèrent
s’en débarrasser eux-mêmes et le font de très mauvaise manière. Ils créent ainsi des montagnes
d’ordures donnant ainsi naissance à toutes sortes d’insectes et de bactéries qui infectent la population
(Tableau # 15). Mais également d’autres habitants avisés accumulent leurs déchets et les remettent à
43
des entreprises privées ou des tierces personnes qui assurent une collecte de Porte à Porte pour
certaines régions du quartier (Tableau # 13).
4.2.3
Aspect entrepreneurial de la gestion des déchets (Tableaux #
10, 11, 12 et 14)
Le triage des déchets est un impératif préalable à la revalorisation et l’évacuation des déchets.
Le tableau # 10 nous donne une idée sur le triage des déchets à Martissant, avant leur enlèvement. De
façon générale, le classement en amont des déchets suivant leur capacité de réutilisation facilite leur
gestion et leur revalorisation. Et à travers le tableau #11, nous avons une idée du pourcentage des
ménages qui pratiquent le recyclage de leurs déchets. Il est fort de constater que la majorité des
déchets produits n’est pas recyclée. Alors que ce procédé permettrait d’éviter le gaspillage de ces
ressources pouvant être réutilisées pour le bien être de la population. Mais malheureusement, par
manque de planification stratégique, la commune de Port-au-Prince ainsi que toutes les autres villes
du pays ne saisissent pas cette opportunité
Port au Prince ne dispose pas de lieux d’enfouissement technique pour le traitement des déchets et
les méthodes utilisées par les institutions responsables pour récupérer leurs déchets ne sont pas viables
et s’opposent à la protection de l’environnement urbain.
Le tableau # 12 renseigne sur la périodicité du ramassage des déchets à Martissant. Nous déduisons
de ce tableau que la collecte n’est pas assurée de façon régulière et explique l’accumulation du volume
de déchets accumules dans le quartier. Le tableau #13 montre à clair qu’il n’existe aucun site de
décharge contrôlée. D’où la libre circulation des déchets à ciel ouvert dans presque tout le quartier.
4.2.4
Participation collective de la population
Le tableau # 16 montre que 70 % des ménages à Martissant ne sont ni formés ni informés
sur la gestion efficace de leurs fatras engendrés. Il est indispensable que ces derniers soient informés
et formés à travers des campagnes de sensibilisation générales et continues. Cette étape occasionnerait
une prise de responsabilité que les ménages ont manifesté à travers les tableaux #17 et 18.
Le traitement des Résidus de consommation de toutes sortes accumulés dans la ville et
particulièrement au quartier de Martissant nécessite un plan d’action organisé et structuré de la
gestion de déchets solides. Et chaque acteur impliqué doit assumer correctement ses responsabilités
44
en mettant en œuvre des stratégies appropriées. L’élaboration d’un plan stratégique et opérationnel
des différentes activités liées à la gestion des déchets solides ménagers est un moyen efficace d’arriver
à la réduction du taux de déchets dans nos rues.
Après traitement des données par la méthode de statistique descriptive qui a pour but
d’analyser les données, de les ordonner et d’en dégager certaines caractéristiques du domaine
observé ; le chapitre suivant répondra à la problématique tout en faisant ressortir des
recommandations à court et à long terme.
Chapitre 5 : Discussions et Recommandations
Ce travail de recherche ne constitue pas une réponse magique aux problèmes de la gestion
des déchets à Port-au-Prince. Cependant il permet de renforcer et de compléter les documents déjà
existant sur la gestion des déchets et sur l’éventuel potentiel économique de leur revalorisation. Il
propose de contribuer à l’érection d’un plan stratégique et opérationnel pour une meilleure gestion
des déchets solides en vue de réduire leur volume dans la ville de Port-au-Prince et notamment à
Martissant. A travers ce dernier chapitre, nous faisons ressortir nos impressions sur la mauvaise
gestion des ordures à Martissant, liée intimement à un faible plan d’action sur l’exode rural qui sévit
dans ce quartier. Et, pour donner suite à ce premier point mentionné, nous proposons des éléments de
réponse pratiques ; qui permettront d’une part d’agir dans l’immédiat sur la gestion des déchets, et de
l’autre de rentabiliser avec efficacité et durabilité la quasi-totalité de ces ressources inépuisables qui
circulent à travers le pays.
5.1 Discussions
Notre entrevue semi-structurée sur les 20 habitants du quartier de Martissant nous a permis
de faire la relation entre les idées véhiculées au niveau des revues littératures et la réalité de la gestion
des déchets à Martissant. Le phénomène de pauvreté grandissante à Martissant oblige la population
à vivre dans une condition de précarité énorme. Ce qui pousse les habitants du quartier vers l’exercice
de petites activités commerciales peu rentables. Et assez souvent, une proportion de ces gens se livrent
aux pratiques de l’utilisation du trottoir comme lieu d’étalage, car leurs revenus ne leur permettent
pas de se payer un endroit approprie leur permettant de mieux exposer leurs marchandises. La grande
majorité du reste se forge une place difficile au marché de Martissant qui ne dispose pas d’une
45
infrastructure commerciale appropriée. Ce marché ne dispose non plus d’une quantité significative
de bac à fatras pouvant recevoir le volume de déchets générés. Ceci entrave la gestion des déchets et
accroit la quantité de déchets en circulation dans la zone. Et tout ceci explique les dangers
d’inondation liés aux canaux d’irrigation bouchés après la tombée de la pluie.
La zone ne dispose pas d’un site de décharge contrôlé ni d’une quantité de poubelles éparpillées dans
différentes artères. Ce manque d’organisation stratégique, allié au manque de prise de conscience des
habitants de Martissant favorise la mauvaise pratique de verser tous les déchets en pleine rue du
quartier et augmente les taux de maladies infectieuses dues à l’insalubrité dans la région. On a eu
récemment la preuve d’une montée de l’épidémie de Fièvre dénommée CHIKUNGUNYA, ainsi que
de la Fièvre ZIKA ; dont leur transmission s’effectue par un moustique. D’où l’importance d’assainir
notre environnement aux fins d’éviter la prolifération des moustiques et la propagation de l’épidémie.
La gestion des déchets dépasse largement la capacité de l’état, il faut que le secteur privé
ainsi que chaque citoyen s’y mettent afin que Port-au-Prince puisse rejoindre sa splendeur et nourrir
ses enfants à partir des techniques modernes de revalorisation des déchets.
Les différentes propositions évoquées ci-dessus visent l’atteinte d’objectifs majeurs établis suivant
deux périodes différentes :
A long terme

Renforcer les structures administratives des institutions concernées par la gestion des déchets,
telles que le SMCRS, la mairie de Port-au-Prince, le CNE, le MTPTC, le ministère de
l’environnement et le ministère de l’agriculture. Ceci implique la formation des cadres
techniques et administratifs nécessaires ainsi qu’un renforcement des matériels requis.

Débarrasser la commune de Port-au-Prince de la totalité de ses déchets.

Structurer à long terme l’évacuation et l’élimination des ordures.

Création d’un nouveau marché, celui de la commercialisation des déchets ou des produits à
base des déchets. Ceci permettra de créer de nouveaux emplois durables accompagné de tous
ses bienfaits socioéconomiques.
A court terme

Evacuer progressivement les ordures dans la commune afin de couvrir la totalité.

Réduire progressivement les dégâts liés à la mauvaise gestion des déchets.
46

Expérimenter certains projets pilotes dans certains quartiers vulnérables comme Martissant,
afin de les inclure dans un cadre de politique générale pour la capitale.

Acquérir certains fonds à partir des taxations et des processus de revalorisation permettant
de compléter le budget de fonctionnement des institutions responsables.

Refaire l’image de la commune pour attirer le tourisme et l’investissement.
5.2 Recommandations
5.2.1
Propositions pour l’atténuation du volume des déchets à Portau-Prince
a) Identifier les canaux de communication visant à la sensibilisation de la population locale (Ecole,
Eglises, Parti Politique, Dispensaires et Centres de santé, Places publiques, Activités récréatives
et tout autre lieu de rassemblement de la population );
b) Réaliser une campagne de sensibilisation de la population locale sur les dangers que peuvent
causer l’accumulation des déchets à travers les rues sur leur santé;
c) Planifier une stratégie d’assainissement pour la commune à partir d’un chronogramme
d’activités. Ce chronogramme permettra justement d’évaluer les travaux effectués (Planification
opérationnelle) et d’identifier de façon spécifique les objectifs non atteints. Ce plan devra inclure
la valorisation des déchets récupérables, la collecte, le ramassage, et l’élimination des déchets
non récupérables et biomédicaux.
d) Constituer des accords entre le secteur privé des Affaires et les associations de quartier afin
d’assurer la pré-collecte et la récupération des déchets ;
e) Elaborer un système de tarification sur les déchets produits par les entreprises. Il s’agit donc
d’appliquer le principe « pollueur-payeur »;
f) Elaborer une politique d’urbanisation intégrée. Ce qui éviterait la concentration massive des
individus dans des endroits non structurés et qui ne conviennent pas aux normes d’hygiène. Car
les endroits surpeuplés sont susceptibles de générer d’avantage de déchets en circulation dans nos
rues ;
g) Renforcer les institutions responsables comme la mairie de Port au Prince, le SMCRS, le MDE
etc. ; en vue d’adapter l’appareil administratif aux nécessités de la gestion;
47
h) Renforcer matériellement et financièrement les institutions responsables.
i) Renforcer les infrastructures routières aux fins de faciliter le balayage et l’accès des camions de
ramassage.
j) Taxer les touristes pour la gestion de leurs déchets car suivant les statistiques, les touristes
produisent plus de déchets que les habitants d’une région.
k) Multiplier les bacs à fatras dans les endroits susceptibles de générer beaucoup plus de déchets
l) Adoption de mesures disciplinaires contre tous ceux qui saboteraient les installations liées à la
gestion des déchets ainsi que tous ceux qui feraient mauvais usages de leurs ordures.
5.2.2
Revalorisation des déchets récupérables
a) Organiser des concours sur les arts de récupération au niveau des institutions morales (L’école,
les Eglises) et autres. Ce qui encouragerait nos jeunes artistes à utiliser les déchets afin d’en faire
des œuvres d’art.
b) Identifier les entreprises de recyclage et de compostage déjà existants aux fins de les
subventionner, et d’en établir des partenariats avec les institutions étatiques responsables de la
gestion des ordures. Cela permettrait à ces entreprises de mieux exercer leur mission mais aussi
susciterait d’éventuels investissements dans le domaine.
c) Mettre en en liaison les structures associatives ou privés de pré-collecte et les entreprises de
recyclage et de compostage.
d) Elaborer les modalités, les mécanismes et les règlements devant régir les relations d’affaires
entre les entreprises de revalorisation et les structures associatives ou privés de pré-collecte.
e) Application de la valorisation énergétique des déchets. Ce qui permettrait à une l’EDH de jouir
d’une autonomie financière et technique pour ses opérations.
48
CONCLUSION
Autrefois, l’Haïtien vivait avec certaines valeurs telles que la propreté, le civisme et le respect
de l’environnement. Ces valeurs avaient la même importance que l’histoire de la fondation de cette
nation. Quelle que soit l’origine sociale de l’Haïtien, jamais il ne mangeait et jetait ses fatras dans la
rue. L’esthétisme était une valeur nationale imprégnée par tous. Mais au fil du temps il se perd et est
devenu un geste simplement banal.
Ce travail de recherche a eu pour objectif de faire ressortir la problématique de la gestion des déchets
en milieu urbain et d’en trouver des solutions. Donc, cette conclusion sera axée sur l’analyse des
différentes hypothèses ayant servi à son élaboration.
En ce qui concerne l’atténuation du volume des déchets à travers les rues, nous avions défini que cela
doit se passer principalement à travers une campagne de sensibilisation touchant tous les niveaux
intellectuels et groupes sociaux de la population haïtienne. Considérant que le phénomène
d’insalubrité qui sévit dans toutes nos zones urbaines soit d’abord une question de conscience
civique ; nous nous sommes mis à questionner la volonté des individus à apporter leur contribution
face à ce problème. Ainsi à travers les tableaux 17 et 18 de l’annexe #7, dans lesquels 100% de
l’échantillon retenu ont manifesté leur désir de contribuer à l’éradication des déchets circulant ;
l’hypothèse consistant à sensibiliser la population a été confortée. Par cette occasion, nous avons
compris que l’instinct commun de participer à l’assainissement des quartiers est encore existant. Mais
il nécessite un ravivement
Nous avons réalisé également qu’il faut nécessairement développer un plan stratégique, bâti sur un
chronogramme d’activités bien défini. Cependant, nous nous sommes rendu compte que la
sensibilisation et le plan stratégique d’assainissement présentent des limites liées à leur application.
Ce qui nous incité à identifier des mesures prohibitives, servant de garde-fous à l’hypothèse en
question. Ce travail nous aura aussi montré que la gestion rationnelle des déchets est une opportunité
garantie à l’aboutissement d’un nouveau marché économique pour le pays. Comme nous l’avons
49
mentionné longuement dans ce document, les avantages d’une nouvelle façon structurée d’agir sur le
traitement de nos ordures sont multiples et embrassent différents secteurs d’activité d’un pays. Ainsi,
à travers la revue de littérature, nous avons vu différentes méthodes, non exhaustives ; nous
permettant de réutiliser nos déchets à des fins financièrement rentables. Parmi ces procédés, nous
nous sommes débattus sur la méthanisation comme procédé biotechnique dont la production
nécessiterait l’acquisition d’équipements aux couts pharamineux, la pyrolyse comme procédé de
décomposition thermique dont les retombées environnementales et financières seraient trop
conséquentes, la valorisation énergétique comme procédé énergétique favorable à la production
d’électricité et le compostage comme procédé organique aux avantages économiques importants.
Tout au long des discussions et recommandations, nous avons trouvé des éléments favorables nous
permettant de confirmer les hypothèses d’étude du mémoire. A cela, référons nous aux 110 millions
de tonnes de plastique générées annuellement en Haïti ; dont leur revalorisation énergétique serait
largement suffisante pour alimenter tout le pays en électricité, pendant un an. Mais, la grande question
sera de savoir comment intégrer les industries évoluant déjà dans le secteur de l’électricité à base de
produits pétroliers. Quels en seraient les effets sur l’économie haïtienne dont les recettes représentent
un actif important dans le budget du pays ?
50
Bibliographie
1. Méthodes
d’analyse et d’interprétation des études qualitatives (Jean Claude Andreani &
Françoise Conchon, p.d)
2. Analyse de la problématique de la gestion des déchets solides dans la zone métropolitaine de Pau-P (Olga Samper, Eric Chapal& Alexandre Bailowsky, 10 décembre 2006)
3. Déchets ménagers biodégradables-gestion des fatras (Dr. Roger Paul, 2 mai 2004)
4. Les matières plastiques, une vraie menace nationale (Alix Laroche, 3 juillet 2012)
5. Un modèle de gestion des déchets solides ménagers en Afrique de l’ouest (Oxfam Québec, 2007)
6. Les détritus envahissent Port-au-Prince (Fortune Fritznelson, 27 février 2012,)
7. Port-au-Prince : des trottoirs et des rues de plus en plus engorgés (Alix Laroche, 21 mars 2012)
8. Haïti-Insalubrité, mauvaise condition de vente des produits alimentaires dans les marches
publics (Evens Prosper, 28 septembre 2012)
9. Insalubrité et absence de service d’hygiène en Haïti (Wadner Isidor, 15 décembre 2011)
10. Comment gérer les fatras à Port-au-Prince (Hermann H. Cebert, 18 avril 2012)
11. Agence de l’environnement et de la maitrise de l’énergie en Martinique, p.d
12. Etude des causes et conséquences socioéconomiques de l’expansion des bidonvilles dans l’aire
métropolitaine de Port-au-Prince (Eliccel Paul, 2002)
13. Le centre-ville en état d’insalubrité (Gladimy Ibraime, 24 décembre 2012)
14. Incidence de la pollution sur la vie marine (France Soudan, p.d)
15. Impact sur la santé et l’environnement de la commune 1 du district de Bamako (Mamadou
Diabaté, 2010)
16. Le traitement des ordures ménagères par le procédé Prat, France, (BERNARD D., juin 1974)
17. Livre ouvert sur le développement endogène d’Haïti (Webster Pierre et Al, 1999)
18. Loi organique du ministère des travaux publics, transports et communications, Extrait du
Moniteur du jeudi 20 octobre 1987
19. Colloque national sur les résidus solides, rapport produit par le SMCRS (Mai 2012)
20. Enquête sur les conditions de vie en Haïti (IHSI, p.d)
21. Analyse des causes et conséquences de la pauvreté rurale. Étude de cas de la République d’Haïti
(Onan Jules, 2006)
22. Éléments pour une définition de la problématique de la propreté urbaine en Haiti : le cas de Portau-Prince (Anie Bras, 2010)
51
23. Haiti, Analitical Report, (CEPIS, 2000)
24. Bidonvilles et déchets urbains, Rapport thématique final (CCI, 22 juin 2004)
25. Livre blanc (MPCEF, octobre 1990)
26. Manuel technique de gestion des déchets, Coopérative Housing fondation (CHF), (ADAM Pierre
et GERMAIN Frantz, 1997)
27. Que faire des déchets ménagers (André Bozec, Sabine Barles, Nicolas Buclet et Gérard Keck,
p.d)
28. Haïti post-séisme : la population se renforce à Port-au-Prince (Alter-Presse, 25 juillet 2011)
29. Les remous de l’actualité du vendredi 7 Mars 2014 (Le Nouvelliste, 6 Mars 2014)
30. Vers une politique de la gestion durable des déchets, Dieudonné Joachim et Lionel Édouard,
Journal le Nouvelliste, publié le 20 Aout 2014, visité le 9 mars 2016
31. Population totale, par sexe et population de 18 ans et plus estimées en 2009, au niveau des
différentes unités géographiques sur le site de l'Institut haïtien de statistique et d'informatique –
(IHSI, 2009)
32. Population totale, par sexe et population de 18 ans et plus estimées en 2012, au niveau des
différentes unités géographiques sur le site de l'Institut haïtien de statistique et d'informatique –
(IHSI, 2012)
33. Population totale, par sexe et population de 18 ans et plus estimées en 2015, au niveau des
différentes unités géographiques sur le site de l'Institut haïtien de statistique et d'informatique –
(IHSI, 2015)
34. Haïti, des urnes à Cité soleil, le plus grand bidonville des Caraïbes (Anne Corpet, 13 février
2006)
35. Étude des causes et conséquences socioéconomiques de l’expansion des bidonvilles dans l’aire
métropolitaine de Port-au-Prince (Eliccel Paul, 2002)
36. Loi organique du Ministère des travaux publics (Moniteur, 20 octobre 1987)
37. Actes du colloque-exposition sur le thème : « la gestion des résidus solides, une nécessité pour
l’amélioration de la qualité de vie et une opportunité de création d’emplois », Université
Quisqueya. (MDE, 20-21 Novembre 1997)
38. Haïti/Économie : Récente situation de l’inflation dans l’économie haïtienne, (Radio Vision
2000,20 juillet 2012)
52
39. La participation communautaire à l’aménagement du territoire et au Développement municipal
au Bénin : cas de l’association de développement économique, social et culturel de la ville de
Porto-Novo, Mémoire de fin de formation (Cycle 1), Université Nationale du Bénin, Institut
National d’Économie (INE), Option : Statistique et planification, sous la direction de ASSE
(Sévérin (AHOUANVOEDO Serge P. et DANHOEGBE Edmond S. ,1994)
40. La salubrité de Port-au-Prince, une affaire de gros sous: Comment comprendre les limites de
l’approche utilisateurs/payeurs, (Hermann Cebert, 6 mai 2014)
41. Port-au-Prince, la surpopulation qui salit (Eddy Laguerre, 24 novembre 2011)
42. The 10 poorest countries in the world (Wall Street, 2012)
43. Le compost, gestion de la matière organique (Michel Mustin, 1987)
44. Compostage des déchets non dangereux, (Ministère de l’écologie, du développement durable et
de l’énergie de La France, 8 janvier 2010)
45. Lexique d’économie, Edition Dalloz (Ahmed Silem et Jean-Marie Albertini, 1999)
46. Étude des gaz de pyrolyse, combustion et polluants (Jean-Baptiste Filippi, 6 décembre 2010)
Sites consultés
47. www.compost.org, site consulté le 27 juillet 2009
48. www.inova-groupe.com, site consulté le 20 mai 2014
49. www.jobpaw.com, Problématique de la gestion des déchets solides dans la ville de Port-auPrince, publié le 23 décembre 2009, visité le 26 Février 2016
50. www.alterpresse.org, Haiti : Près du quart de la population vit à la capitale. Article paru le 28
septembre 2013 et visité le 15 décembre 2015
51. www.agrojob.com, site consulté le 13 Août 2014
52. www.lematinhaiti.com, Lionel Édouard, Haïti Le bal des déchets, article paru le 13 février 2014
et consulté le 29 Janvier 2016
53. www.haiticulture.ch/haiti.html, Présentation de la République d’Haïti : aperçu d’Haïti, site
consulté le 20 juillet 2014
TABLEAUX
Annexe # 1
53
Tableau # 2 : Principale occupation de l’enquêté.Occupation
Effectif
Pourcentage
Pourcentage cumulé
Professionnel
4
20%
20%
Commerçant
6
30%
50%
Artisan
1
5%
55%
Chômeur
9
45%
100%
Total
20
100%
Source : Résultat de l’enquête auprès de l’échantillon de population retenu, entre le 2 Février au 7 Février 2015
Tableau # 3 : Principale activité commerciale du quartier
Activité commerciale
Effectif
Pourcentage
Pourcentage cumulé
Marché
11
55%
55%
Restaurants à ciel
5
25%
80%
Magasin
1
5%
85%
Autres activités
3
15%
100%
20
100%
ouvert
informelles et libérales
Total
Source : Résultat de l’enquête auprès de l’échantillon de population retenu, entre le 2 Février au 7 Février 2015
Annexe # 2
Tableau # 4 : Déchets les plus accumulés dans le quartier
54
Catégories de déchets
Effectif
Pourcentage
Pourcentage cumulé
Matières organiques
10
50%
50%
Matières plastiques
7
35%
85%
Canettes d’aluminium
1
5%
90%
Autres déchets
2
10%
100%
Total
20
100%
Source : Résultat de l’enquête auprès de l’échantillon de population retenu, entre le 2 Février au 7 Février 2015
Tableau # 5 : Principales sources de production de déchets
Source
Effectif
Pourcentage
Pourcentage cumulé
Marché
10
50%
50%
Restaurants à ciel
3
15%
65%
Magasin
1
5%
70%
Marchands ambulants
5
25%
95%
Autres sources
1
5%
100%
Total
20
100%
ouvert
Source : Résultat de l’enquête auprès de l’échantillon de population retenu, entre le 2 Février au 7 Février 2015
55
Annexe # 3
Tableau # 6 : Lieu d’entreposage des déchets à Martissant
Lieu
Fréquence
Pourcentage
Pourcentage cumulé
A ciel ouvert
7
35%
35%
Bacs à fatras
5
25%
60%
Terrain vide
2
10%
70%
Ravine
3
15%
85%
Autres endroits non
3
5%
100%
20
100%
recommandés
Total
Source : Résultat de l’enquête auprès de l’échantillon de population retenu, entre le 2 Février au 7 Février 2015
Tableau # 7 : Collecte et évacuation des ordures à Martissant
Lieu
Fréquence
Pourcentage
Pourcentage cumulé
SMCRS /CNE
12
60%
60%
ONG
5
25%
85%
Entreprise privée
2
10%
95%
Habitants du quartier
1
5%
100%
Total
20
100%
Source : Résultat de l’enquête auprès de l’échantillon de population retenu, entre le 2 Février au 7 Février 2015
56
Annexe # 4
Tableau # 8 : Durée d’entreposage des déchets avant l’évacuation
Durée
Fréquence
Pourcentage
Pourcentage cumulé
Quotidiennement
4
20%
20%
Plus d’un jour
5
25%
45%
Hebdomadairement
7
35%
80%
Plus d’une semaine
4
20%
100%
Total
20
100%
Source : Résultat de l’enquête auprès de l’échantillon de population retenu, entre le 2 Février au 7 Février 2015
Tableau # 9 : coût lié à l’enlèvement des ordures
Coût
Fréquence
Pourcentage
Pourcentage cumulé
1 à 25 gourdes
1
5%
5%
26 à 50 gourdes
1
5%
10%
Plus de 50 gourdes
1
5%
15%
Aucun
17
85%
100%
Total
20
100%
Source : Résultat de l’enquête auprès de l’échantillon de population retenu, entre le 2 Février au 7 Février 2015
57
Annexe # 5
Tableau # 10 : Triage des déchets avant l’évacuation
Réponse
Fréquence
Pourcentage
Pourcentage cumulé
Oui
2
10%
10%
Non
18
90%
100%
Total
20
100%
Source : Résultat de l’enquête auprès de l’échantillon de population retenu, entre le 2 Février au 7 Février 2015
Tableau # 11 : Recyclage des déchets accumulés au quartier de Martissant
Réponse
Fréquence
Pourcentage
Pourcentage cumulé
Oui
2
10%
10%
Non
9
45%
55%
Aucune idée
9
45%
100%
Total
20
100%
Source : Résultat de l’enquête auprès de l’échantillon de population retenu, entre le 2 Février au 7 Février 2015
Tableau # 12 : Période de ramassage des déchets dans le quartier
Heure
Fréquence
Pourcentage
Pourcentage cumulé
Matinée
7
35%
35%
Après-midi
8
40%
75%
Alternée
5
25%
100%
Total
20
100%
Source : Résultat de l’enquête auprès de l’échantillon de population retenu, entre le 2 Février au 7 Février 2015
58
Annexe # 6
Tableau # 13 : Existence d’une collecte de Porte à Porte
Réponse
Fréquence
Pourcentage
Pourcentage cumulé
Oui
2
10%
10%
Non
18
90%
100%
Total
20
100%
Source : Résultat de l’enquête auprès de l’échantillon de population retenu, entre le 2 Février au 7 Février 2015
Tableau # 14 : Existence d’un site de décharge contrôlé pour les déchets générés par les ménages
Réponse
Fréquence
Pourcentage
Pourcentage cumulé
Oui
2
10%
10%
Non
10
50%
60%
Aucune idée
8
40%
100%
Total
20
100%
Source : Résultat de l’enquête auprès de l’échantillon de population retenu, entre le 2 Février au 7 Février 2015
Tableau # 15 : Epidémies dominantes liées à la mauvaise gestion des déchets
Epidémies
Fréquence
Pourcentage
Pourcentage cumulé
Infectons des voies
2
10%
10%
Malaria
10
50%
60%
Parasitoses
6
30%
90%
Infections de la peau
2
10%
100%
Total
20
100%
respiratoires
Source : Résultat de l’enquête auprès de l’échantillon de population retenu, entre le 2 Février au 7 Février 2015
59
Annexe # 7
Tableau # 16 : Existence d’une campagne de sensibilisation sur la gestion des déchets à Martissant
Réponse
Fréquence
Pourcentage
Pourcentage cumulé
Oui
6
30%
30%
Non
7
35%
65%
Aucune idée
7
35%
100%
Total
20
100%
Source : Résultat de l’enquête auprès de l’échantillon de population retenu, entre le 2 Février au 7 Février 2015
Tableau # 17 : Volonté de changer la situation d’insalubrité actuelle du quartier
Réponse
Fréquence
Pourcentage
Pourcentage cumulé
Oui
20
100%
100%
Non
0
0%
0%
Total
20
100%
Source : Résultat de l’enquête auprès de l’échantillon de population retenu, entre le 2 Février au 7 Février 2015
Tableau # 18 : Volonté de participer activement au changement
Réponse
Fréquence
Pourcentage
Pourcentage cumulé
Oui
20
1005
100%
Non
0
0%
0%
Total
20
100%
Source : Résultat de l’enquête auprès de l’échantillon de population retenu, entre le 2 Février au 7 Février 2015
60
Annexe # 8
Tableau # 19 : Volonté de contribuer financièrement au changement
Réponse
Fréquence
Pourcentage
Pourcentage cumulé
Oui
17
85
85
Non
3
15
100
Total
20
100
Source : Résultat de l’enquête auprès de l’échantillon de population retenu, entre le 2 Février au 7 Février 2015
61
Annexe # 9
Questionnaire lié au travail de recherche
Salut, je suis Stanley MADHERE, Etudiant finissant en Administration des Affaires à
l’Université Notre Dame D’Haiti. A l’obtention du grade de licencié en Administration des
Affaires, j’ai choisi de travailler sur la problématique de la gestion des déchets en milieu urbain,
notamment au quartier de Martissant.
L’objectif de ce formulaire est de trouver des éléments de réponse nous permettant
d’évaluer l’ampleur de la question afin d’en trouver des solutions rationnelles à la gestion des
déchets.
1- Quelles sont les principales occupations de la population active de Martissant ?
a)
b)
c)
d)
Professionnel
Commerçant
Artisan
Chômeur
2- Quelles sont les principales activités commerciales du quartier ?
a)
b)
c)
d)
Marché
Magasin
Restaurant à ciel ouvert
Autres activités informelles et libérales
3- Quels sont les types de déchets les plus accumulés dans le quartier ?
a)
b)
c)
d)
Matières organiques
Matières plastiques
Canettes d’aluminium
Autres déchets
4- Quelles sont les principales sources de production des déchets ?
a)
b)
c)
d)
e)
Marché
Restaurants à ciel ouvert
Magasin
Marchands ambulants
Autres Sources
62
5- Quelles sont les principales sources de déchets ?
a)
b)
c)
d)
e)
Marché
Restaurants à ciel ouvert
Magasin
Marchands ambulants
Autres sources
6- Quels sont les principaux lieux d’entreposage des déchets à Martissant ?
a)
b)
c)
d)
e)
A ciel ouvert
Bacs à fatras
Terrain vide
Ravine
Autres endroits non recommandés
7- Quelles sont les principales entreprises chargées de la collecte et de l’évacuation d’ordures
à Martissant ?
a)
b)
c)
d)
SMCRS/CNE
ONG
Entreprise privée
Habitants du quartier
8- Quelles sont les durées d’entreposage des déchets avant leur évacuation ?
a)
b)
c)
d)
Quotidiennement
Plus d’un jour
Hebdomadairement
Plus d’une semaine
9- Quels sont les couts liés à l’enlèvement des ordures ?
a)
b)
c)
d)
1 à 25 Gourdes
26 à 50 Gourdes
Plus de 50 Gourdes
Aucun
10- Existe-t-il un triage des déchets avant leur évacuation ?
a) Oui
b) Non
c)
63
11- Existe-t-il un recyclage des déchets accumulés ?
a) Oui
b) Non
c) Aucune idée
12- Quelle est la périodicité du ramassage des déchets dans le quartier ?
a) Matinée
b) Après-midi
c) Alternée
13- Existe-t-il une collecte des déchets de Porte à Porte dans le quartier ?
a) Oui
b) Non
14- Existe-t-il un site de décharge contrôlé pour les déchets générés ?
a) Oui
b) Non
c) Aucune idée
15- Quelles sont les épidémies dominantes liées à la mauvaise gestion des déchets ?
a)
b)
c)
d)
Infections des voies respiratoires
Malaria
Parasitoses
Infections de la peau
16- Existe-t-il une campagne de sensibilisation sur la gestion des déchets à Martissant ?
a) Oui
b) Non
c) Aucune idée
17- Y a-t-il une volonté des ménages de changer la situation d’insalubrité actuelle du quartier ?
a) Oui
b) Non
64
18- Y a-t-il une volonté de participer activement au changement ?
a) Oui
b) Non
19- Y a-t-il une volonté de contribuer financièrement à la gestion des déchets ?
a) Oui
b) Non
65
Annexe # 10
Figures
Figure 1 : Individu versant des déchets en pleine rue à Avenue Poupelard.-
Ave Poupelard / Photo: Moranvil Mercidieu
Figure 2 : Circulation des individus à proximité des dépôts sauvages de déchets
Ave Jhon Brown / Photo: Moranvil Mercidieu
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Figure 3 : Travail sous équipé des agents du SMCRS
Martissant
/ Source : Fokal
Figure 4 : Vue partielle de l’insalubrité au marché de la Saline
Marché de La Saline, Port-au-Prince, Haïti / Photo : Jan Sochort
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Figure 5 : Vue partielle de l’insalubrité au Portail Léogane
Source: Haïti Edition p.501 / Portail Léogane, Port-au-Prince Haïti
Figure 6 : Vue partielle de l’insalubrité au quartier de Cité Soleil
Photo : Marc Schindler Saint-Val /Cité Soleil, Port-au-Prince, Haïti
Ces différentes irrégularités techniques entraînent un cycle de ramassage lent et une productivité sous optimale du système existant.
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Figure 7: Route de Laboule -Kenscoff réhabilitée
Source : Groupe Jean Vorbe (GJV) info
Kenscoff, Haïti
Figure 8: Aménagement routier de la route des Rails
Route de Carrefour par les Rails, Haïti
Source : GJV
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Figure 9 : Obstruction de la ravine à bois de chêne par des déchets
Portail Léogane, Port-au-Prince, Haïti,
Source : www.lematinhaiti.com, Le Bal des déchets, Lionel Edouard, 13 Février 2014
Figure 10 : Aperçu du marché en Fer
Marche en fer, Port-au-Prince, Haïti
Source : Google Images
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