L’architecture Romaine Les monuments qui caractérisent l’architecture Romaine, ont été construits pendant la période allant du IVème siècle avant J-C au IV ème siècle après J-C. L’architecture romaine est influencée principalement par deux civilisations : les Grecs et les Étrusques*. L’influence grecque classique se limite plutôt à l’esthétisme, par exemple par les colonnes (3 types : corinthien, ionique, dorique), les matériaux, et par les types de monuments, comme l’agora (forum romain) et les théâtres. L’influence étrusque, quant à elle, se voit plus dans le type de planification urbaine, par exemple les systèmes d’égouts et les connaissances techniques sur les ponts, chaussées, tunnels, voûtes (ingénieurs). En plus, il est possible de voir cette influence dans la tendance vers l’axialité et le gigantisme de l’architecture romaine. *Etrusque : Peuple de l'Italie ancienne, qui prospéra à partir du VIIe s. avant J.-C. et qui fut soumis par les Romains. I Les techniques d’architecture romaine a) Qui ? : Bien souvent, les individus à l’origine des grandes constructions romaines sont les empereurs. Certains créaient leurs plans eux-mêmes avec l’aide d’architectes, par exemple Trajan et Hadrien; d’autres engageaient des architectes pour exécuter cette tâche, tandis que pour certaines constructions les sources concernant les concepteurs n’existent pas. Parfois, ce sont même des citoyens fortunés qui étaient à l’origine de ces bâtiments majestueux. b) Avec Quoi ? : Pierre de taille Calcaire : très populaire comme pierre à bâtir, elle sert aussi comme matériau de sculpture, comme matériau d’empierrement pour la voirie et finalement pour la fabrication du béton. Marbre : sa rareté, sa lourdeur, ainsi que sa fragilité le rendait très précieux et c’est pour cela qu’il était généralement utilisé que pour la construction de grands bâtiments. Travertin (Pierre de Tivoli) : sa dureté permet de construire de très grands édifices et c’est pour cette raison qu’une grande majorité des plus beaux édifices romains en est composée. Moellon : c’est une pierre de construction taillée partiellement ou totalement avec des dimensions lui permettant d’être manipulée par un homme. En général, un moellon est fait de calcaire, mais il peut aussi être fait de granite, de grès ou même de silex dur. Terre cuite : elle est obtenue par la cuisson de l’argile. C’est l’un des plus anciens matériaux utilisés par l’homme. Elle sert à concevoir des briques, des tuiles, du carrelage et des conduits d’eau. Sa couleur varie du gris au rouge selon sa teneur en oxyde de fer. Pétrie avec de l’eau, l’argile donne une pâte plastique malléable, ce qui la rend facile à mouler. Une fois passée au four, elle devient imperméable et très dure. Ciment : « Matière pulvérulente, à base de silicate et d’aluminate de chaux, obtenue par cuisson et qui, mélangée avec un liquide, forme une pâte liante, durcissant à l’air ou dans l’eau [1] » Le Petit Robert Béton : c’est un matériau de construction fait de mortier et de granulats naturels (pierre concassée, sable,…). À la différence du ciment, le béton peut être utilisé seul, car, mis en coffrage, il peut devenir aussi dur que la pierre, selon sa qualité. Plomb : c’est l’un des premiers métaux connus et travaillés par l’Homme. Les Romains utilisaient le plomb dans la fabrication de conduits pour l’acheminement de l’eau dans les villes à partir des citernes des aqueducs. Il est possible de trouver différentes inscriptions sur ces tuyaux, soit le nom du fabricant, le nom du bénéficiaire, le nom de l’administrateur du conduit et le nom du donateur. Le problème avec le plomb, c’est qu’il est cancérigène et qu’il cause le saturnisme, une maladie qui est due a une intoxication aiguë au plomb. Fer : outre le fait qu’il était utilisé dans la fabrication de nombreux outils, il servait à faire des agrafes pour lier des pierres ensemble afin de consolider le mur. c) Par qui ? : Pour la construction des villes, la main-d’œuvre était constituée en majorité d’esclaves, mais il pouvait aussi y avoir des paysans pauvres, voire des soldats. En ce qui concerne les travailleurs spécialisés, il y avait des arpenteurs (métreur), des géomètres, des ingénieurs, des urbanistes, etc. D) Comment ? : Les techniques de construction étaient très diverses. En voici quelques illustrations qui permettent une meilleure compréhension que les mots. A ) Outil de levage La chèvre : c’était la machine de levage la plus courante et elle pouvait soulever entre 300 et 500 kilos. Les ouvriers tiraient sur le cabestan pour faire monter la charge. La cage à écureuil : à la différence du chèvre, les ouvriers ne vont pas tirer, mais plutôt monter des échelons à l’intérieur d’une grande roue pour faire monter la charge. Cette technique permet de soulever des charges allant jusqu’à une dizaine de tonnes. b) Système de saisi des pierres : - La griffe auto-serrante : une cavité est pratiquée sur les deux faces opposées, la pointe des griffes est insérée et le câble de traction est relié aux extrémités de cette paire de griffes. Plus la charge sera lourde, meilleur la saisi sera. Le problème avec ce système, c’est qu’il laisse de petit trou apparent sur la façade de la bâtiss - La louve : c’est le système de saisie de la pierre le plus utilisé à l’époque de la Rome antique. Une cavité en forme de queue d’aronde va être faite au centre de gravité. Ensuite, un système démontable sera inséré à l’intérieur et le rétrécissement de la cavité va permettre à la louve de tenir en place. II Les grandes constructions a) Les routes : C’est le réseau routier qui permit à Rome de devenir un vaste empire. La vitesse de construction des voies romaines était de 3 kilomètres par semaine. Les techniques romaines d’arpentage ont permis à ce réseau de survivre jusqu’à aujourd’hui. La première voie à avoir été construite est la Via Appia, en 310 av. J.-C par le consul Appius Claudius. 200 ans plus tard, un réseau de 300 000 kilomètres aura pris forme à travers l’Empire. Schéma d’une voie romaine Toutes les routes romaines étaient pratiquement construites de la même façon. Une large tranchée était creusée dans le sol où on la remplissait de sable et de gros blocs pour faire de bonnes fondations. Ensuite, une couche de grosses pierres, de graviers et d’argile était étalée et compressée sur les fondations. Enfin, des dalles étaient étendues sur la surface pour créer la voie. Elle était bombée de façon à faire écouler l’eau de pluie sur les côtés. Bien souvent, contourner une colline pour les Romains était inefficace, donc ils coupaient directement à travers. Pour les fleuves, ils construisaient des ponts. Quand il y avait un marécage, une plateforme de bois était bâtie et des poteaux enfoncés dans le marais supportaient un cadre où des dalles de calcaires étaient apposées. Tous les mille pas, une borne cylindrique en pierre indiquait la distance jusqu’à la ville suivante. Grâce aux voies romaines, les troupes pouvaient se déplacer à une vitesse incroyable de 6 km/h pour ainsi être déployées rapidement à travers l’empire. b) Les Aqueducs : Reste de l’Arca Neroniani sur le Palatin Encore aujourd’hui, l’eau fait la réputation de la ville de Rome, et ce, en grande partie grâce à un système d’aqueducs impressionnant, présent non seulement dans la ville-même, mais aussi partout dans l’Empire. Les premiers aqueducs sont conçus en Crête, dans la ville de Cnossos, deux mille ans avant J-C. Les Romains ont su les perfectionner davantage grâce à leur génie technique et leur approche scientifique. En effet, sous Trajan (98-117), un comité scientifique fut même créé pour étudier la qualité de l’eau avec des plantes aquatiques. Les arcs et les tunnels permettaient d’acheminer des litres d’eau propre vers Rome. Un bassin était construit au début du viaduc afin de collecter l’eau de surface ou souterraine. Parfois, un barrage était construit pour accumuler une certaine quantité d’eau. Ensuite, il y avait un bassin de décantation pour la débarrasser de ses impuretés. Au final, elle s’engouffrait dans un canal couvert pour être acheminée à la ville. Ce canal se devait d’avoir une légère pente pour permettre à l’eau de s’écouler sous l’effet de la gravité. Le conduit était enduit d’un ciment imperméable fait d’un mélange de cendre volcanique pour l’étanchéité, ce ciment avait la propriété de durcir même sous l’eau. De simples tunnels pouvaient suffire pour l’acheminement de l’eau, mais quand la pente était trop inclinée, il fallait construire un pont fait d’arches, celles-ci réduisant d’ailleurs les coûts de construction. c) Les Thermes : Les grands thermes romains, dont il nous reste quelques vestiges aujourd’hui, ont été érigés pendant la période impériale. Les thermes étaient accessibles à tous gratuitement pour des besoins sanitaires, mais aussi pour de véritables rencontres sociales, autant à des buts politiques que des buts de détente. Plan des thermes de Caracalla Les thermes sont des constructions remarquables et d’une ampleur architecturale incroyable. À titre d’exemple, les thermes de Caracalla, édifiés entre 212 et 219 ap. J.-C., mesurent près de 200 mètres de large et contiennent environ dix salles principales, en plus des jardins, des boutiques, des temples, des bibliothèques et du stade l’entourant. Le véritable génie des romains dans l’inauguration de ces thermes est d’avoir conçu un système de chauffage et d’approvisionnement en eau, suffisamment efficace pour fournir plus de trois immenses bains à des températures différentes. L’eau était acheminée par des petits aqueducs, déviant des grands, pour ensuite être entreposée dans des citernes reliées aux différentes salles où se trouvaient les bains. L’eau était chauffée à partir d’un système appelé « hypocauste » : une chaudière était installée sous les thermes, dont la source de chaleur était la combustion du charbon, alimentation qui était fournie par les esclaves. L’espace créé par le rehaussement du sol (piliers de briques) permettait à l’air chaud produit par le foyer de circuler et ainsi d’augmenter la température du pavement. d) Les amphitthéâtres : Symbole par excellence de la grandeur de Rome, les amphithéâtres romains sont des constructions impressionnantes par leur grandeur et la complexité de leur conception. Plus de deux-cents de ces amphithéâtres ont été construits entre le IIe siècle avant J.-C. et le IIIe siècle après J.-C., et ce, partout dans le grand Empire, de l’Est de l’Europe jusqu’à l’Anatolie, en passant par le Nord de l’Afrique. Leur rôle était principalement de divertir le peuple romain, qui prenait goût aux spectacles violents et sanglants. Les différents amphithéâtres pouvaient accueillir des combats navals, des courses de char, des combats de gladiateurs, des combats d’animaux, et plusieurs autres divertissements. La conception des amphithéâtres romains à leur apogée s’inspire fortement de celle des théâtres conventionnels, notamment la disposition des gradins, appelés cavea. Ceux-ci sont disposés en pente et montés sur une structure souvent artificielle constituée de murs rayonnants et de voûtes. Particularité intéressante, le système de rampes d’escalier et de passages permettait de faire entrer ou sortir une quantité incroyable de spectateur en un temps record. Exemple de vue latérale d’un amphithéâtre Le mur extérieur des amphithéâtres est composé de plusieurs rangées d’arcades superposées et sa surface est recouverte d’une couche de pierres taillées retenue par des crampons de fer ou de bronze. Du côté de sa forme, l’amphithéâtre est conçu en ellipse, puisque cela permet une bonne évolution des combattants dans l’arène, ainsi qu’une excellente perception visuelle pour les spectateurs, caractéristique fondamentale pour ces arènes. Cette forme amène certains défis de conceptions, puisqu’il est impossible de construire des ellipses concentriques pour former les gradins à partir de l’ellipse de l’arène. Les Romains ont réglé ce problème en utilisant des arcs de cercles raccordés pour faire le tracé de l’amphithéâtre. Velum Certains éléments ont été rajoutés aux constructions les plus sophistiqués, dont le velum, qui est un ensemble de voiles fixés à des poutres de bois au-dessus des gradins, les annexes des sous-sols avec leurs systèmes de plans inclinés et de monte-charges permettant un accès à l’arène, et les bassins accompagnés d’une galerie d’alimentation en eau permettant de remplir l’arène lors des combats navals. De ces nombreux amphithéâtres, le Colisée de Rome est sans doute le plus gros et le plus perfectionné. Construit au Ier siècle après J.-C. pendant les règnes de Vespasien, de Titus et de Domitien, son architecte demeure toutefois inconnu. Il est haut de presque 50 mètres (3 arcades superposées), son grand axe en mesure 188 et son petit axe 156. À pleine capacité, il pouvait accueillir jusqu’à 70 000 spectateurs. Lors de sa première inauguration, il possédait les canalisations requises pour la présentation de batailles navales, mais par la suite, un système complexe de souterrains a restreint l’activité de l’amphithéâtre aux combats de gladiateurs et d’animaux. Il est essentiellement construit en travertin et en marbre. Le Circus Maximus est un autre exemple d’amphithéâtre, construit plus bas, mais avec une forme beaucoup plus longue que celle du Colisée, donc pas en ellipse. Pouvant recevoir jusqu’à 250 000 spectateurs, il est la plus grande arène romaine jamais construite. Il servait particulièrement aux courses de chars, c’est pourquoi il était conçu sous forme allongée. De plus, il possédait une structure centrale avec un obélisque pour déterminer le parcours. Le Circus Maximus était principalement construit en marbre, en pierre et en béton. Aujourd’hui, il n’en reste malheureusement que quelques pierres et un grand espace vert. e) Les forums impériaux : Chaque ville romaine digne de ce nom possède son forum, qui est en fait le coeur de la ville. Jouant le rôle de place publique en même temps que celui de centre politique et judiciaire, il unit de nombreux bâtiments et est souvent en constante évolution. L’architecture des forums n’est donc pas structurée, du moins à ses débuts. En fait, certaines caractéristiques vont ressortir au cours des années comme sa forme rectangulaire fermée par des murs ou encore ses portiques. Plan du forum romain Le Forum romanum est un des ces forums, qui est d’ailleurs encore relativement conservé. Il n’a pas de concepteur unique. Sa construction a débuté vers l’an 600 av. J.-C. et a continué pendant environ mille ans. Le Forum romanum est composé de diverses constructions, dont il ne reste malheureusement que très peu de vestiges. Parmi celles-ci, les plus importantes sont le Capitole, le temple de Jupiter, l’arc de Septime Sévère (203-204 av. J.-C.), le temple de Castor et Pollux (495 av. J.-C.), le temple de César (42 av. J.-C.), la Curie ancienne et les Rostres (règnes de César et d’Auguste), la Régia, l’arc de Titus, la Basilique de Maxence (313 ap. J.-C.) et finalement le temple de Vesta. Le Forum romanum n’est cependant pas seul dans la grande capitale. Le Forum impérial de César et Forum de Trajan s’y trouvent aussi; malheureusement ils ne furent pas conservés. Le Forum de Trajan, de ceux-ci, est sans doute l’une des merveilles de la Rome antique et représente l’apogée des forums impériaux. f) Le Panthéon Romain : Un panthéon est une forme de temple, présente dans plusieurs traditions religieuses. Il signifie « maison des dieux ». Le Panthéon romain actuel, construit sous la direction d’Hadrien et achevé en 126 ap. J.-C., est en fait la deuxième version de l’édifice commandé par le général Marcus Vipsanius Agrippa en 28 av. J.-C. qui a été brulé par un incendie en 80 ap. J.-C. Bien que sa construction ait été ordonnée par Hadrien, il est impossible, encore aujourd’hui, de connaître qui était son architecte. En fait, il pourrait s’agir d’Hadrien lui-même ou de l’architecte Apollodore de Damas, qui était aussi l’architecte de Trajan. Panthéon Le Panthéon est construit sur une forme circulaire de 44 mètres de diamètre et sa coupole de 22 mètres de rayon, ce qui donne au bâtiment une hauteur totale de 44 mètres. Il est conçu en béton lourd et en brique de tuf, de la pierre ponce est aussi utilisée dans le haut de l’édifice pour réduire le poids. Il est aussi composé d’un vestibule, appelé pronaos, qui rassemble seize colonnes de 12,5 mètres de hauteur construites en marbre égyptien. Panthéon vu d’en-haut Le génie de ce bâtiment repose dans la façon dont a été construite sa coupole. Deux fois plus grosse que ce qui a été édifié auparavant, sa grosseur entraînait un fort risque d’affaissement. Pour empêcher ce phénomène, les Romains l’ont construite très épaisse, à l’aide de cadres de bois, et l’ont édifié à l’intérieur d’un contrefort massif, qui l’empêche de s’élargir. De plus, elle est percée d’un oculus de 9 mètres de diamètre, qui permet de supprimer le point de contrainte maximum de l’édifice, ce qui explique sa durabilité. La coupole est soutenue par huit piliers de six mètres de diamètre et des arches incrustées dans les murs permettent de répartir la pression sur ceux-ci. De plus, pour réduire le poids et la pression du dôme, les concepteurs ont creusé des caissons recouverts d’or dans sa surface intérieure. G ) L’architecture privée : En fonction de sa classe sociale et de sa richesse un romain vivait dans une insulae (plan 2) immeuble à plusieurs étages, une petit maison bourgeoise ou dans une grande habitation, la domus (plan 1) résidentielle très luxueuse mais qui paraissait très modeste de l’extérieur par la nudité des murs et le manque de fenêtres. La demeure des plus fortunés est luxueuse et confortable. Elle est construite en pierre de taille et comporte des portiques. Elle possède de vastes salles à manger, des chambres pour l’été, d’autres pour l’hiver. La plupart des pièces sont dallées et lambrissées de marbre. Les murs et sols sont parfois composés de fresques en mosaïque. 1.Plan d’une villa Romaine 2. Immeuble Romain : Mosaique Romaine : TOROS III Conclusion : Il est important de mentionner que les monuments et les techniques, innovations ou autres astuces qui ont été utilisées pour la construction ne sont que des exemples du génie des Romains. De plus, nombre d’entre elles ont été utilisées pour la construction de plusieurs autres monuments qui n’ont pas été mentionnés et qui peuvent non seulement se retrouver à Rome, mais partout dans le territoire autrefois possédé par l’Empire romain. Thomas Deltruel 5ème Latin