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N°209 - Tome 22 - novembre 2017 - RéfleXions Ophtalmologiques
Dossier
Apport de l’imagerie multimodale
du fond d’œil au diagnostic
et au suivi des uvéites postérieures
L’évolution des moyens techniques d’imagerie en ophtal-
mologie a fait proposer des critères diagnostiques
successifs et évolutifs des maladies inflammatoires.
Le plus souvent, l’optimisation et la combinaison des diffé-
rentes techniques en améliorent la prise en charge. Ces
critères diagnostiques reposent sur les photographies du
fond d’œil, du cliché en auto-fluorescence, des angiogra-
phies à la fluorescéine et au vert d’indocyanine, de l’OCT
spectral domain et maintenant sur l’imagerie ultra-grand
champ et l’OCT-angiographie (OCT-A).
Imagerie ultra-grand champ
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Sémiologie de la périphérie rétinienne :
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le normal et l’anormal
L’examen de la périphérie au cours des uvéites est une obli-
gation. Il est d’une grande importance et permet la recherche
d’anomalies pouvant orienter la prise en charge diagnos-
tique et thérapeutique de l’épisode inflammatoire. L’imagerie
ultra-grand champ permet en un seul cliché de différencier
une atteinte postérieure isolée ou périphérique, de recher-
cher des critères de gravité, de cartographier en temps réel
les anomalies. Cela est d’une grande aide au quotidien dans
la prise en charge des patients et le déroulement de l’examen
(patients algiques et photophobes de par l’inflammation).
Quantification du grade inflammatoire
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Les scores inflammatoires du vitré sont basés sur l’analyse
de rétino-photographies couleur du fond d’œil en 55° (critères
modifiés de la classification du SUN et Echelle de Miami).
Vérification faite, l’utilisation des photographies ultra-grand
champ 200° pour la quantification de l’inflammation du
segment postérieur, ne modifient pas les scores inflamma-
toires. Il est donc possible, d’utiliser les clichés ultra-grand
champ du fond d’œil de façon standardiser, afin de :
•
communiquer au cours de l’inflammation intra-oculaire,
•
d’évaluer l’efficacité des traitements anti-inflammatoires
et
•
d’utiliser l’ultra-grand champ au cours des études indus-
trielles ou institutionnelles.
Examen de la périphérie rétinienne
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des uvéites antérieures et intermédiaires
Sur un travail rétrospectif de 20 patients (13 hommes et 7
femmes) présentant une uvéite antérieure, Chi et al., ont
détecté une inflammation des vaisseaux rétiniens périphé-
riques, des œdèmes maculaires et une hyperfluorescence
de la papille grâce à l’utilisation de l’angiographie ultra-
grand champ(1). De même, pour les auteurs une inflammation
des vaisseaux périphériques peut persister même lors des
stades quiescents de l’uvéite antérieure. Il en est de même
au cours des uvéites intermédiaires, lors de l’examen du
fond d’œil la périphérie rétinienne était analysée comme
normale, pourtant l’équipe de Gonzales met en évidence sur
24 patients, 29% de diffusion des vaisseaux rétiniens péri-
phériques, 64% de diffusion du pôle postérieur et de la
périphérie rétinienne avec un risque accru de baisse de la
vision (2). Il est important de rappeler, que la technique de
l’ultra-grand champ magnifie la périphérie rétinienne et
augmente la visibilité des vaisseaux périphériques (Figure 1).
Cas complexe de trouble des milieux
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et petite pupille
Notre expérience de l’uvéite et des troubles des milieux
complexes associés, nous fait utiliser en priorité l’ultra-
grand champ pour les rétinographies du fond d’œil et les
angiographies. Il est possible de reprocher une perte de la
qualité de l’image du pôle postérieur, mais l’ultra-grand
champ « écrase les troubles des milieux vitréens » quelque
en soit l’origine et permet une interprétation des clichés
(Figure 2). D’autre part, la présence de synéchies irido-cris-
talliniennes postérieures et une mydriase thérapeutique de
Céline Terrada et Nathalie Massamba
Groupe Hospitalier Pitie Salpetrière,
Service d’ophtalmologie, DHU Vision et Handicaps
LES UVÉITES NON INFECTIEUSES
LES UVÉITES NON INFECTIEUSES