Haies anastomosées de Bibracte (Morvan)

HAIES ANASTOMOSEES :
UN PATRIMOINE
PAYSAGER A PRESERVER
Inventaire régional
Ecole Nationale Supérieure du Paysage de
Versailles
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Roumois
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LES HAIES ANASTOMOSÉES : UNE FORMATION VÉGÉTALE RARE ET TYPIQUE DU ROUMOIS
Une haie anastomosée est une barrière végétale de
charmes tressés caractéristique du pays du Roumois.
Une seule autre occurrence est connue de nous sur
le territoire national, à Bibracte dans le Morvan.
Associée aux ronces et à l’aubépine elle constitue
une barrière agricole particulièrement efficace puis,
en vieillissant, perd cette fonction initiale pour
devenir une haie d’arbres remarquables, plus espacés,
pouvant atteindre une dizaine de mètres de haut. Le charme constitue en pays du
Roumois, l’espèce, unique, employée pour la construction de ce type de haie dite
anastomosée car dérivée d’un processus d’anastomose.
Pour le botaniste ou le forestier, le mot anastomose décrit la fusion physique et
fonctionnelle des organes de deux végétaux, en général appartenant à la même
espèce, par leurs racines, leurs branches, voire leurs troncs. C’est un phénomène
naturel fréquemment observé sur les racines affleurantes des résineux, spécialement développé pour les branches et les troncs, et artificiellement
exploité dans certaines haies tressées ou sur les berges ou bords des chemins boisés.
Le monde rural connaît plusieurs techniques visant à rendre les haies imperméables aux animaux. Le plessage au sens strict est une technique
traditionnelle de taille des haies vives : on fend les troncs des arbustes qui la constituent à proximité du sol, puis les arbustes ainsi fendus sont inclinés
et tressés avec des piquets espacés de 40 cm ou bien avec certains arbustes laissés verticaux.

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Dans le cas de l’anastomose, le plessage n’intervient
pas dans la construction de la haie. La technique
utilisée est celle du tressage et de la ligature des
branches.
Les branches latérales d’un sujet, conduites à
l’horizontale, étaient tressées et ligaturées avec celles
de son voisin, et finissaient par se souder entre elles,
rendant la haie infranchissable. Cette technique est
illustrée dans le croquis ci-contre :
Avec le temps, les branches fusionnent au niveau de la
ligature, et se développent ensemble (anastomose).
L’arbre laissé libre à son développement naturel voit
son tronc subsistant engendrer des formes
fantasmagoriques, parfois humaines.

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La gestion de la haie anastomosée nouvellement construite nécessite plusieurs coupes successives des branches qui permettent de conduire les charmes
et de leur donner leur caractère défensif : les branches changent de direction, deviennent tortueuses et se regroupent.

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PARTICULARITÉS DES HAIES ANASTOMOSÉES DU ROUMOIS
Une barrière défensive hermétique qui entourait les éléments paysagers typiques du Roumois
Les formations végétales anastomosées ne se limitent pas aux charmes centenaires que l’on peut
parfois observer autour de Routot. Elles constituent la charpente de barrières défensives plus denses.
Associées à l’aubépine, au frêne, au hêtre ou au houx, elles constituent aujourd’hui encore des
barrières efficaces permettant de limiter le déplacement des animaux d’une parcelle à une autre grâce à
la protection extérieure du champ contre les animaux sauvages et comme enclos intérieur pour les
animaux domestiques. Sa particularité de construction, selon le système de tressage et d’anastomose lui
confère un hermétisme très important.
Aujourd’hui de vieux charmes anastomosés témoignent de ces formations végétales défensives.
Devenus des arbres de près de dix mètres de haut, ils ne jouent plus tout à fait leur rôle de barrière
défensive mais forment des ensembles végétaux tortueux remarquables, dont les troncs noueux
constitués d’anciennes branches latérales laissent, par endroits, entrevoir le paysage agricole. Par leur
taille et leurs formes variées, ces troncs évoquent des personnages. La frondaison sculptée par les
bovins se situe légèrement au-dessus du regard et offre de véritables fenêtres sur le paysage. Elles
permettent également de garder une trace de l’organisation spatiale rurale du Roumois. Elles
constituent à cet effet des éléments remarquables du patrimoine paysager et des indices permettant
de situer d’anciennes limites de parcelles, de talus et de chemins.