
■Imagerie des syndromes
de Cushing
Généralités
Les syndromes de Cushing représentent l’ensemble des signes
cliniques et biologiques résultant d’une sécrétion inappropriée
d’hormones glucocorticoïdes. Cette affection évoquée clinique-
ment doit être confirmée par un bilan hormonal qui oriente
vers l’étiologie.
On distingue deux catégories d’affections :
• les syndromes de Cushing adrenocorticotrophic hormone (ACTH)
dépendants où l’hypersécrétion d’ACTH peut être hypophy-
saire (il s’agit de la maladie de Cushing) ou bien ectopique
(Fig. 1);
• les syndromes de Cushing ACTH-indépendants, secondaires à
une pathologie de la corticosurrénale ; il faut également citer
dans ce cadre les apports iatrogènes de glucocorticoïdes.
L’imagerie participe au bilan étiologique et repose sur les
examens suivants : IRM hypophysaire ; scanner et IRM des
surrénales ; cathétérisme sélectif du sinus pétreux ; scintigraphie
au NP59.
Syndromes de Cushing ACTH-dépendants
La majorité des syndromes de Cushing (jusqu’à 85 % des cas)
sont liés à une production excessive d’ACTH par un adénome
hypophysaire (maladie de Cushing) ou bien sont liés à une
source ectopique (15 % des cas des syndromes de Cushing
ACTH-dépendants) (Fig. 1)
[1]
. L’IRM met en évidence l’adé-
nome hypophysaire ; en cas de normalité, il est possible de
réaliser un cathétérisme sélectif des sinus pétreux avec dosages
sélectifs étagés de l’ACTH pour confirmer l’origine hypophysaire
du dysfonctionnement
[4]
. Les surrénales sont normales ou
montrent un aspect d’hyperplasie bilatérale
[1]
. Un épaississe-
ment supérieur ou égalà6mmdesfeuillets des surrénales est
considéré comme pathologique. Une hyperplasie marquée serait
évocatrice d’une sécrétion ectopique en partie liée à la durée de
l’hyperstimulation des surrénales par l’ACTH (Fig. 1)
[1, 5]
. Dans
12 à 15 % des cas, l’hyperplasie est macronodulaire, les nodules
variant de quelques millimètres à plusieurs centimètres
[6]
.À
partir d’une population de 53 patients porteurs d’un syndrome
de Cushing ACTH-dépendant, Sohaib et al.
[7]
ont montré que
les surrénales étaient élargies dans 70 % des cas. De plus,
l’épaisseur des feuillets des glandes était en moyenne plus élevée
dans le groupe des sécrétions ectopiques d’ACTH que dans le
groupe des maladies de Cushing. Il existerait une corrélation
entre l’épaisseur moyenne des feuillets des surrénales et le taux
d’ACTH et la valeur moyenne de la cortisolémie du matin ; ceci
expliquerait l’élargissement plus marqué des surrénales en cas
de sécrétion ectopique d’ACTH puisque celle-ci y est plus élevée.
Le développement des nodules semble également lié de manière
positive au taux d’ACTH : les nodules de plus de 10 mm de
diamètre sont plus nombreux (30 %) dans les cas de sécrétion
ectopique d’ACTH que dans les cas de maladie de Cushing
(18 %). La scintigraphie au NP59 montre une fixation bilatérale
du marqueur qui peut dans certains cas être asymétrique ; les
surrénales sont par ailleurs soit normales en taille, soit augmen-
tées de volume
[8]
. La sécrétion ectopique d’ACTH provient le
plus souvent de tumeurs malignes telles que les carcinomes
pulmonaires à petites cellules, les tumeurs carcinoïdes (Fig. 1),
les tumeurs pancréatiques, les cancers médullaires de la thyroïde
et les thymomes
[1, 4]
.
Syndromes de Cushing ACTH-indépendants
Ils représentent environ 20 à 25 % des syndromes de
Cushing
[4]
. L’imagerie aide à déterminer si cette hypersécrétion
est uni- ou bilatérale (Fig. 2) afin d’adapter au mieux le
traitement
[4]
. Les syndromes de Cushing iatrogènes les plus
fréquents ne posent généralement pas de problème
diagnostique.
Adénome surrénalien
Il représente 10 à 20 % des syndromes de Cushing et touche
plus souvent la femme que l’homme
[4]
. Le diamètre est le plus
souvent autour de 20 à 25 mm
[1]
. En scanner, l’aspect est
variable : il peut avoir des densités spontanément faibles comme
tout adénome ou bien des densités identiques au parenchyme
avoisinant. Le rehaussement après injection d’iode est le plus
souvent modéré et homogène
[1]
. En IRM, le signal est typique-
ment bas en pondération T1 et intermédiaire voire hyperintense
en pondération T2
[1]
. Sur les séquences de déplacement
chimique, le signal peut chuter en opposition de phase (de
43,7 % en moyenne dans l’étude de Rockall et al.)
[9]
.La
surrénale controlatérale est habituellement normale ; elle peut
être atrophique du fait du rétrocontrôle du cortisol sur
l’ACTH
[1]
. La scintigraphie au NP59 montre une hyperfixation
unilatérale du côté de la lésion
[8]
. Dans cette indication, la
scintigraphie au NP59 présente une sensibilité et une spécificité
de 100 %
[10]
. Quoique l’aspect soit assez évocateur, il n’est pas
possible de trancher sur la nature bénigne en cas de volumi-
neuse tumeur. Le traitement chirurgical est de toute façon la
règle
[4]
.
Adénocarcinome surrénalien
Il représente 10 à 15 % des syndromes de Cushing. Il s’agit
généralement de volumineuses lésions, le plus souvent supé-
rieuresà6cmdediamètre (Fig. 3), hétérogènes, polylobées,
hypervascularisées, présentant des remaniements nécrotiques et
parfois des calcifications
[1, 4]
. Cependant, environ 16 % de ces
lésions sont inférieuresà6cmetressemblent à un adénome
surrénalien (Fig. 4)
[1]
. Le scanner permet un bilan préthérapeu-
tique complet : la tumeur est hétérogène avant et surtout après
Figure 1. Tumeur carcinoïde pulmonaire située dans le lobe moyen (flèche) sécrétant de l’adrenocorticotrophic hormone (ACTH) responsable d’une
hyperplasie bilatérale des surrénales.
A. Scanner thoracique montrant un macronodule hypervascularisé du segment interne du lobe moyen.
B, C. Scanner sans contraste montrant une hypertrophie bilatérale des surrénales.
34-540-A-20
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Tumeurs sécrétantes et hyperfonctionnements surrénaliens
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