Antigone se justifie : selon elle l’ordre proclamé par Créon ne relève en rien de la Justice fixée par les
dieux. Pour elle, en outrepassant l’ordre de Créon, elle agit conformément aux lois non écrites,
inébranlables des dieux. Elle n’a pas peur de la mort « lorsqu’on vit comme moi, au milieu des
malheurs sans nombre, comment ne pas trouver de profit à mourir, subir la mort n’est pas une
souffrance », laisser son frère sans sépulture en est une.
Créon est prêt à tuer les filles de sa sœur, et s’oppose aux dieux : il ne respecte pas l’autel de Zeus
qui protège famille et serviteurs.
Antigone affirme que les Cadméens admire son action, mais par crainte de Créon, qui apparait
comme un tyran, n’exprime pas leur point de vue.
Retournement : Ismène qui condamnait l’acte de sa sœur souhaite désormais mourir avec elle « pour
traverser cette épreuve », et se dit coupable devant Créon. Mais Antigone refuse et accuse sa sœur
d’être hypocrite, elle seule a accomplit un acte héroïque, la laisser se présenter comme coupable
serait la rendre complice d’un acte héroïque, alors qu’elle a fait preuve de lâcheté en refusant d’aider
sa sœur. Ici la mort apparait comme « la preuve d’un héroïsme ».
Le chœur témoigne de la fatalité qui touche la famille d’Œdipe. « Quand les dieux ont une fois
ébranlé une maison, il n’est point de désastre qui n’y vienne frapper les générations tour à tour ». La
fatalité ne laisse aucune génération en être libérée.
Le Chœur affirme la supériorité de Zeus, notamment sur n’importe quel mortel. Selon lui, Créon est
lui aussi fou, frappé d’orgueil, de démesure.
Créon fait à son fils l’éloge de la discipline, il ne veut tolérer le désordre même (ou surtout) dans sa
maison. La désobéissance, l’absence de loi, de chef et de respect envers ces lois et ce chef conduit à
l’anarchie. Le Coryphée approuve.
« Vois au bord des torrents comme l’art qui sait plier conserve bien sa ramure, tandis que celui qui
s’obstine à résister périt arraché avec ses racines » (Esope, Le chêne et le roseau). Hémon invite son
père à revenir sur sa décision et le met au courant d’une rumeur selon laquelle les Thébains
approuveraient le dessein d’Antigone.
Affrontement entre Hémon (symbole de sagesse) et Créon (tyran) symbolise l’affrontement entre la
démocratie et la tyrannie.
Créon décide de ne pas condamner Ismène et choisi l’abandon dans un souterrain à l’écart des
hommes comme punition pour Antigone (pour éviter la souillure).
Le Chœur souligne les fatales conséquences de l’Amour (topos) Il a provoqué une querelle entre
un père et un fils en proie au désir de l’Amour.
Comparaison entre la situation d’Antigone et l’histoire tragique de Niobé, symbole du malheur
absolu. Elle a défié les dieux qui ont tué ses enfants et l’ont changé en rocher, le Sipyle de la Lydie,
dont Tantale était le roi. (fils de Zeus et d’une nymphe, volé de l’ambroisie et du nectar à un banquet
divin). Niobé s’était vanté de sa fécondité et de la beauté de ses enfants, se moqua de Léto
(maitresse de Zeus) qui n’avait donné le jour qu’à Artémis et Apollon. Antigone et le chœur rappelle
la fatalité qui s’abat sur les Labdacides. On remarque que comme son père, le mariage de Polynice
est source de fatalité (il s’était marié avec la fille du roi d’Argos).