Les sources de croissance de l’économie marocaine Ce papier présente un modèle de la productivité globale des facteurs. Il se base sur le principe de la comptabilité de la croissance selon la méthode élaborée par Denison. Les résultats empiriques obtenus déterminent la contribution de chaque facteur (capital, travail, productivité globale des facteurs) à la croissance globale. Ces contributions sont de 39,8 % pour le travail, 48,1 % pour le capital et 12,1 % pour la productivité globale des facteurs. Celle-ci révèle quatre cycles de croissance économique assez significatifs. Néanmoins, ce papier n’explique pas l’origine de ces cycles. Il se contente de les mettre en évidence. Nous tenterons d’apporter des explications à ces cycles de croissance dans un prochain papier. Abdesselam Bouhia Chargé d’études auprès du Premier ministre Mots-clés : croissance, capital, emploi, travail, productivité globale des facteurs. 1. Introduction La théorie de la croissance traditionnelle a été développée par Denison (1967) dans son livre Why growth rates differ. Sur cette base, le Prix Nobel Robert Solow a construit un modèle de croissance dans lequel il soutient que la croissance économique est déterminée par l’évolution technologique, qui dépend de facteurs non économiques telle la découverte scientifique, et non de la politique économique. Pour infléchir la courbe de la croissance potentielle, il faudrait accélérer le progrès technique qui élèverait la productivité. Cette théorie offrait donc deux possibilités pour une politique économique de croissance : d’une part, accélérer temporairement le rythme de la croissance, c’est-à-dire en augmentant les investissements en capital humain et matériel ; d’autre part, une hausse du taux de croissance à long terme en favorisant une accélération du progrès technique, par exemple, en encourageant la recherche et le développement (R&D) et l’esprit d’entreprise. A l’aide de méthodes empiriques basées sur cette théorie, des chercheurs ont montré que la fin des années soixante et le début des années soixantedix étaient marqués par un ralentissement de la croissance de la productivité dans les pays industrialisés. C’est le changement le plus significatif dans l’évolution économique de ces pays depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Critique économique n° 2 • Eté 2000 43 Abdesselam Bouhia Ces résultats empiriques ont montré que le progrès technique compte pour environ la moitié de la croissance du produit par tête, ce qui revient à dire que le ralentissement de la croissance est induit principalement par le ralentissement de la croissance de la productivité globale des facteurs, qui est dû au comportement du progrès technique. Plusieurs phénomènes structurels et conjoncturels sont suspectés d’être derrière ce phénomène. Le premier phénomène suspecté est le choc pétrolier de 1973. W. Jorgenson (1988) a fait des calculs détaillés sur la croissance de la productivité. A travers des fonctions de production désagrégées, il affirme que le ralentissement de la croissance de la productivité durant la période 1973-1979 peut être attribué largement à l’augmentation du prix de l’énergie. Il estime que l’augmentation de l’utilisation de l’énergie dans la plupart des industries améliore le progrès technique. Donc, pour la plupart des industries, la diminution de l’utilisation de l’énergie s’accompagne d’une réduction de la croissance de la productivité globale des facteurs. Griliches (1988), quant à lui, soupçonne la variation du « taux de création de nouvelles connaissances ». Le nombre de brevets d’invention a effectivement diminué depuis 1960. Cependant, il est sceptique quant à l’importance de ce facteur. Il n’écarte pas, non plus, l’effet des erreurs de mesure sur les résultas obtenus. Devant ce problème de mesure, il attribue le ralentissent de la croissance de la productivité à la réduction du niveau de la demande, qui opère en partie par la réduction de la capacité productive. 2. Le modèle Bien que des différences méthodologiques subsistent encore, un large consensus est formé autour du cadre conceptuel de Denison-KendrickJorgenson-Grilches-Solow pour mesurer la croissance de la productivité globale des facteurs. Dans ce modèle, le taux de croissance du produit réel est déterminé par deux composantes : la première est basée sur les taux de croissance des facteurs, et la deuxième est une composante résiduelle identifiée comme la variation due à l’efficacité de la production (productivité globale des facteurs). 2.1. Modèle standard de la comptabilité de la croissance Le cadre conceptuel pour l’estimation de la variation de la productivité est dérivé des théories des fonctions de production. La forme générale de la fonction de production agrégée est : F Y(t),X(t),t = 0 où Y(t) est un vecteur des quantités des extrants au temps t, X(t) est un vecteur des quantités des intrants, et t est un paramètre introduit pour rendre compte de la variation de l’efficience de la production. En adoptant une représentation en un seul produit et deux intrant,s cette équation devient : 44 Critique économique n° 2 • Eté 2000 Les sources de croissance de l’économie marocaine Q(t) = A(t)F K(t),L(t) (1) Q(t), K(t) et L(t) sont respectivement – au temps t – le produit, les flux des services du capital et du travail. A(t) est un paramètre d’efficience au sens de Hicks qui rend compte du déplacement de la fonction de production. Malgré cette restriction, ce modèle est suffisant pour la quantité et la qualité de l’information statistique disponible au niveau national. Le problème de base de l’analyse de la productivité globale est l’utilisation des données sur les prix et les volumes pour répartir la croissance de Q(t) selon ses sources, c’est-à-dire K(t), L(t), A(t). L’une des possibilités pour accomplir cette tâche est de spécifier une forme paramétrique. On peut procéder selon une méthode non paramétrique en calculant les différentiels logarithmiques de (1) et obtenir : Q = A + EK K + EL L Q A K L (2) Les points sur les variables indiquent les dérivées par rapport au temps, alors que le terme à gauche de (2) indique le taux de croissance de Q. Ek et El sont, respectivement, les élasticités du produit Q par rapport au capital et au travail : ∂Q K ∂K Q ∂Q L EL = ∂K Q EK = (3) Les indices de temps sont omis pour rendre l’exposition des formules mathématiques plus claires. L’équation (2) détermine la contribution de A(t), K(t), et L(t) à la croissance de Q, mais puisque les élasticités EK et EL dans (3) ne sont pas observées, une hypothèse est nécessaire pour rendre possible l’application empirique de ce cadre conceptuel. On suppose donc que les produits marginaux sont égaux aux prix relatifs des flux des services des différents intrants par rapport au prix de l’extrant : ∂Q(t) PK(t) = ∂K(t) P(t) ∂Q(t) PL(t) = ∂K(t) P(t) (4) C’est-à-dire que les intrants sont rémunérés aux produits marginaux. P(t), Pk(t) et Pl(t) sont respectivement les prix de l’extrant et des services du capital et du travail. En combinant (3) et (4) on obtient : Critique économique n° 2 • Eté 2000 45 Abdesselam Bouhia K SK = P K PQ L SL = P L PQ (5) Sk et Sl sont les parts, respectivement, des rémunérations du capital et du travail dans la rémunération totale des facteurs de production. Elles sont égales aux élasticités Ek et EL d’après (2). Sous l’hypothèse de la constante du rendement d’échelle, on a Sk + Sl = 1, mais cette égalité n’est pas nécessaire si une estimation indépendante de PK est disponible. L’étape finale dans le modèle des sources de croissance consiste à combiner (2) et (5). On obtient alors une équation dans laquelle toutes les variables sont mesurables, à part A qui peut être considérée comme une partie A résiduelle et mesurée par différence : A = Q –S K –S L K K LL Q A (6) L’équation (6) est fondamentale en comptabilité de croissance sous sa forme continue dans (6). Sont remplacés par les différences annuelles des variables en logarithme, par exemple : Q(t) = LnQ(t) – LnQ(t – 1) Q(t) (7) et les parts sont remplacées par leurs moyennes arithmétiques annuelles, soient : 1/2 SK(t) + SK(t – 1) , (8) 1/2 SL (t) + SL (t – 1) En utilisant (7) et (8), l’indice de A obtenu est l’indice “tornqvist” ou A productivité globale des facteurs. L’indice “tornqvist” est exact si la technologie a la forme d’une fonction de production Translog. On démontre que la forme continue (6) est exacte pour toute fonction satisfaisant les Conditions générales de régularité sur (1). 2.2. Mesure du stock de capital humain L’homme constitue l’acteur principal dans le processus de production. C’est à travers lui que le progrès technique passe à la production en augmentant la productivité de la main-d’œuvre. Le capital humain est un stock déterminé par la quantité mais aussi la qualité tels que le degré de qualification, le niveau d’instruction, etc. 46 Critique économique n° 2 • Eté 2000 Les sources de croissance de l’économie marocaine Deux populations de même taille ne constituent pas deux “stocks” de capital humain équivalents. Alors, ce qui est souhaitable, c’est d’avoir la population active occupée par catégorie (degré de qualification, niveau d’instruction) et les taux de salaire qui rémunèrent le travail de chacune de ces catégories, ou la masse salariale par catégorie pour permettre l’agrégation. Mais étant donné le manque de séries de telles données, on a eu recours à des hypothèses simplificatrices, à savoir qu’entre les différents recensements, où on a une estimation de la population active occupée, cette dernière a évolué, toute proportion gardée, et que le capital se réduit à la taille de la population. L’information la plus importante qui manque est celle relative à la rémunération de chaque catégorie de la population active. Tant que cette estimation fera défaut, le stock de capital restera mal approché. Les autres éléments nécessaires peuvent êtres estimés à travers les enquêtes et recensements, sauf peut-être le milieu rural où les enquêtes qui peuvent renseigner sur le stock de capital sont rares. 2.3. Mesure du stock de capital matériel La théorie du capital est l’une des plus difficiles de la théorie économique. On peut dire même qu’elle constitue la pierre angulaire de la théorie de la croissance. Plusieurs économistes ont essayé de définir la notion de capital. Il l’ont considérée comme du travail figé, une consommation différée, un stock de biens durables, ou comme un flux de services de facteurs. Son agrégation aussi pose autant, sinon plus de problèmes. Cependant, les économistes ont besoin dans leurs études et analyses d’une mesure du capital. Comment peut-on apprécier le processus de croissance si on ne sait pas comment mesurer un facteur aussi important que le stock de capital ? Comment peut-on expliquer le ralentissement de la productivité observé dans les économies industrialisées depuis 1970 sans avoir recours aux mesures des facteurs de la croissance, dont le capital est de loin le moins négligeable ? Deux aspects font la différence entre le capital (y compris humain) et le facteur primaire : le capital en tant que moyen de production, qui luimême est produit et le capital en tant que bien durable. Le premier aspect constitue la première controverse de Cambridge, mais le second aspect est à la base des énormes difficultés qu’on rencontre en mesurant le capital. La durabilité signifie que les biens en capital serviront plusieurs fois dans l’opération de production. Donc, une distinction doit être faite entre la valeur de son utilisation ou sa location une année donnée et la valeur qu’a ce capital en le possédant. Cette distinction n’aurait pas conduit à des problèmes de mesure si les services rendus par le capital une année donnée avaient été rémunérés cette même année. Tout le capital aurait été loué, dans ce cas, les prix et les quantités de capital seraient déterminés par le marché de location du capital de la même manière que le marché du travail fixe le taux de salaire et la quantité de la main-d’œuvre par les mécanismes de l’offre et de la demande. Critique économique n° 2 • Eté 2000 47 Abdesselam Bouhia Cependant, dans la plupart des cas le capital est utilisé par son propriétaire, mais s’il y a un transfert de services de capital entre le propriétaire et l’utilisateur, il en génère un loyer implicite qui n’est pas observé par le statisticien. Les données du marché sont donc inadéquates pour estimer directement les prix et les quantités des services de capital, ce qui a mené à un développement de procédures d’estimation indirecte du stock de capital, telle que la méthode de l’inventaire permanent ou en acceptant des mesures imparfaites du capital, telle que la valeur comptable des immobilisations. 2.3.1. Cas d’un seul bien homogène Supposons que le statisticien observe la quantité du nouveau capital I, ajoutée au stock de chaque année, mais non pas le stock de capital lui-même, Kt. Le problème dans ce cas consiste à générer le second à partir du premier en tenant compte du fait qu’une partie des anciens stocks serait retirée, ce qui réduirait les services rendus. Il faut donc développer une procédure raisonnable pour additionner les It aux Kt estimés. La méthode de l’inventaire permanent est une approche raisonnable pour résoudre ce problème délicat. Les investissements de toutes les générations encore en service, dans cette méthode, sont pondérés par des poids φt – µ, qui prennent des valeurs entre 0 et 1 pour traduire le fait que les anciens investissements sont moins productifs que les nouveaux, et le deviennent de plus en plus qu’ils deviennent plus anciens. K t = φ 0I t + φ 1I t – 1 + … + φ TI t – T Où φ0 = 1 et où T est la durée de vie du capital et µ = t – T est la date de mise en service de la plus vieille génération encore en service. Puisque le capital de génération est considéré comme équivalent à seulement φt – µ unités du nouveau capital, le stock K a une interprétation tout-à-fait naturelle : le nombre d’unités de nouveaux investissements nécessaires pour réaliser l’équivalence avec la capacité productive des anciens investissements [It, It – 1, …, It – 1] ; ou en d’autres termes, Kt est définie en unités d’efficience. Il est nécessaire d’avoir des estimations des poids d’efficience φt – µ pour compléter la procédure de mesure du stock de capital à partir des données disponibles sur les investissements historiques. Cependant, il n’est pas évident de savoir comment ils sont déterminés ou comment on peut les estimer. Le problème devient encore plus complexe si on considère – comme il se doit – qu’un bien de capital, telle une machine par exemple, devient moins efficient parce que beaucoup de temps s’est écoulé depuis sa mise en service, des dépenses de maintenance nécessaires sont de plus en plus grandes, sa vitesse ou sa précision s’est réduite, ou la technologie qui lui est incorporée devient de plus en plus dépassée. Le fait de considérer les anciennes générations de capital comme moins productives suggère de supposer que la suite de φ suit un certain cheminement qui dépend de la vie utile ou la 48 Critique économique n° 2 • Eté 2000 Les sources de croissance de l’économie marocaine vie économique T, du bien de capital en question, c’est-à-dire estimer son efficience d’une manière indirecte. Plusieurs cheminements sont possibles pour estimer [φ0, φ1, …, φT]. Le plus simple est certes de considérer que tous les φ sont égaux à 1 : φ0 = φ1 = φ2 = … = φT – 1 = 1, φT + τ = 0 τ = 0,1,2… Ce qui revient à dire que les anciens biens en capital ne perdent pas de leur efficience jusqu'à ce qu’ils soient mis au rebut. Dans cette forme, la suite des efficiences φ est complètement caractérisée par la vie économique T, et le problème de mesure se ramène à l’estimation de T. La deuxième possibilité est de considérer la ligne d’efficience comme une droite, la fonction d’efficience prend alors la forme : φ2 = 1 – (2 / T), …, φT – 1 = 1 – (T – 1) / T, φT + τ = 0 τ = 0,1,2… Selon cette forme, la diminution de l’efficience est : φT – τ – φτ = 1 / T τ = 1, …, T – 1 T dans ce cas aussi détermine complètement les φ. La troisième méthode suppose que la diminution de l’efficience se fait selon une forme géométrique. Cette méthode est la plus utilisée dans les expositions des théories de capital et dans des études empiriques, mais considérée par certains économistes comme non plausible à cause de la rapidité de la perte de l’efficience durant les premières années. En plus, le bien de capital en question, selon cette méthode, n’est jamais retiré du processus de production. (φτ – 1 – φτ) / φτ – 1 = d, ou φ0 – 1, φ1 = (1 – d), φ2(1 – d)2, …, φτ = (1 – d)τ, … Cependant, d est fréquemment déterminé à partir des estimations de t publiées dans certains pays à partir des données de la comptabilité des entreprises, soit : d≅2/T 2.3.2. Cas de capital hétérogène En suivant le même raisonnement que dans le cas d’un capital homogène, on suppose que la technologie est séparable dans une fonction de N types distincts de services de capitaux, utilisés dans la production : Critique économique n° 2 • Eté 2000 49 Abdesselam Bouhia Qt = F Lt,K K 1t , K 2t , …, K N t où chaque Ki est lui-même une agrégation de plusieurs générations d’investissements. Une condition nécessaire est que le taux marginal de substitution entre deux types de capital soit indépendant de la quantité de travail utilisée : ∂Q ∂Q ∂L1 ∂Kit =0 ∂Q j ∂Kt i,j = 1, …, N Si cette restriction est respectée, la fonction d’agrégation K(.) détermine le stock de capital agrégé, et le problème de mesure de ce dernier se réduirait à découvrir la forme de cette fonction. Cette méthode peut être appliquée directement en estimant les fonctions F(.) et K(.) ou en utilisant l’indice Divisia. L’indice Divisia est construit en pondérant les taux de croissance de chaque type de capital par sa part dans la valeur totale du capital. 3. Cadre conceptuel de l’analyse des sources de croissance de l’économie marocaine Le modèle qui sert au calcul des sources de croissance de l’économie marocaine se présente sous forme de plusieurs modules. Nous présenterons dans ce qui suit les modules des investissements, de l’indice divisia, du produit intérieur brut et des sources de croissance. 3.1. Module des investissements Ce module regroupe les données sur les différents types d’investissements (FBCF en prix courants) : i. Matériel et outillage, ii. Bâtiment, iii. Travaux publics, iv. Aménagement et plantation, v. Bétail. Cette classification, telle que la comptabilité nationale présente la FBCF, permettra de tenir compte des différents taux d’amortissement qui seront calculés à partir de la durée de vie présumée pour chaque type de capital. Afin d’obtenir des investissements en prix constants (ou inversement), des déflateurs sont calculés pour chaque type d’investissement. 50 Critique économique n° 2 • Eté 2000 Les sources de croissance de l’économie marocaine i I i = V ⇔ Vi = I i.Pi Pi i = 1,2,3,4,5 I : FBCF à prix constant, V : FBCF à prix courant, Pi : déflateur de la FBCF. L’estimation du stock de capital pour chaque type d’investissements est faite en prix constants de 1980. Les taux d’amortissement seront calculés à partir de la formule discutée plus haut. di = 1 Ti T : durée de vie économique de l’investissement. La méthode nécessite des séries de données sur les investissements de très longue durée. Elle présente beaucoup d’avantages par rapport à d’autres méthodes alternatives. L’hypothèse retenue K1910, n’a que peu d’influence sur les stocks des années les plus récentes. Les stocks de capitaux en valeur courante sont obtenus en utilisant les déflateurs PiI : 3.2. Indice Divisia Le taux de croissance de l’Indice Divisia associé à tout un ensemble de variables est égal à la somme des taux de croissance de ces variables pondérées par leurs parts relatives. Cet indice est appliqué chaque fois qu’il y a un problème d’agrégation. C’est ainsi qu’on peut l’utiliser pour calculer le stock global de capital matériel, le stock global de capital humain, représenté ici respectivement par K et L. Les différentes étapes pour calculer l’Indice Divisia sont : i. calcul du taux de croissance de chaque type de capital, Ki = Ln Kit – Ln Kit – l ii. calcul des parts relatives de chaque type de capital, SKi = PIi Ki / ∑ PIi Ki iii. calcul du taux de croissance de l’Indice Divisia du stock global, K =∑ 1 / 2 SKit + SKit – 1 Ki 3.3. Module du Produit Intérieur Brut Ce module contient les données sur les valeurs des outputs et des inputs en prix courants et constants. Il constitue les comptes de base de la nation. Mais dans le travail, seuls les tableaux relatifs au Produit Intérieur Brut sont utilisés. L’équation comptable fondamentale est : Critique économique n° 2 • Eté 2000 51 Abdesselam Bouhia P.Q = W.L + C.K P : déflateur du PIB, Q : PIB en prix constants, W : taux de salaire, C : coût d’usage du capital, K : stock de capital, L : travail utilisé en homme-année. Trois variables dans cette équation posent, pour le cas marocain, des problèmes d’estimation, à savoir W, L et C traitées ci-dessous. 3.4. Module des sources de croissance Ce dernier module représente la face finale de l’analyse. Il permet de déterminer la contribution de chaque type de facteur à la croissance du Produit Intérieur Brut. C’est ainsi que la contribution du capital est : Ln(Kt – Ln(Kt – 1 SKt + SKt – 1 / 2 La contribution du travail est : Ln(Lt – Ln(Lt – 1 SLt + SLt – 1 / 2 Ces deux formules sont conformes à la procédure d’approximation translog-Tornqvist. L’estimation, enfin, du taux de croissance de la productivité globale des facteurs (ou facteur résiduel) est telle que : LnTFPt – LnTFPt – 1 = LnQt – LnQt – 1 – 1/2 SLt + SLt – 1 Ln(Lt) – Ln(Lt – 1) – 1/2 SKt + SKt – 1 Ln(Kt) – Ln(Kt – 1) TFP : productivité globale des facteurs. 4. Traitement et sources des données utilisées Le cadre conceptuel utilisé concerne un seul produit agrégé, et pourtant les problèmes relatifs aux données qui lui sont nécessaires n’ont pas manqué. Ces problèmes se rapportent à la longueur des séries, plus précisément les services sur les investissements, et à la défaillance des comptes de la nation dans les étapes les plus névralgiques de l’analyse. Il y a surtout un manque quasi total d’informations statistiques sur l’emploi et les taux de salaire, ce qui n’a pas permis d’approcher le capital humain de la manière qui rend son analyse compatible avec l’importance qu’il occupe actuellement dans la société marocaine. 4.1. Séries des investissements, des prix et du Produit Intérieur Brut Il y a cinq types de Formation Brute de Capital Fixe (FBCF). Si les trois premiers sont disponibles dans les annuaires statistiques et les documents des époques anciennes (situation économique, plans de développement économique et social, etc.), les deux derniers ne sont pris en compte qu’à 52 Critique économique n° 2 • Eté 2000 Les sources de croissance de l’économie marocaine partir de 1969 à l’occasion du changement de la base des comptes de la nation. Ils sont projetés en arrière selon les proportions dans la FBCF totale de ses différentes composantes durant les années 1969 et 1970. Les composantes de la FBCF en matériel et outillage, bâtiment et travaux publics proviennent de documents anciens, mémoires et thèses des étudiants de l’époque. Pour couvrir les périodes les plus lointaines, un raccordement est réalisé. C’est ainsi qu’on a pu aller jusqu'à 1911, et le stock de capital chaque type de capital avant cette année est considéré comme nul. Cette hypothèse a un effet très négligeable par rapport aux années les plus récentes, ensuite l’amortissement du capital enlève chaque année une partie de cet investissement qui est déjà négligeable. Les déflateurs de la FBCF sont calculés implicitement à partir du compte de la nation de 1949 à 1969. Pour les périodes ultérieures, pour lesquelles aucun déflateur n’existe, des indices sont élaborés à partir des indices de prix à la production et des indices de prix de gros. Le système de pondération est constitué à partir des données du TES de 1980 (TES : tableau entrées-sorties). Enfin, chaque fois que le besoin d’un déflateur est ressenti pour estimer la FBCF d’avant 1949, un indice des prix à la consommation est confectionné. C’est un indice moyen observé à Casablanca et Fès et qui remonte jusqu'à 1920. Le PIB est présenté par les comptes de la nation selon différentes bases. Un raccord est utilisé pour rendre compatible la base de 1980, adopté comme référence aux différentes bases antérieures (1969, 1960 et 1952). La série du PIB utilisée s’étend de 1957 à 1998, période choisie pour l’analyse des sources de croissance de l’économie marocaine. Le choix de cette période s’impose de lui-même, étant donné que 1957 est l’année où le Maroc a accédé à l’indépendance et où s’est effectué le passage du centre de décision politique et économique entre les mains des nationaux. Il est important de noter à cet égard que l’adoption de la base de référence en 1980, en lui raccordant les séries de toutes les variables, résout le problème de la réunification territoriale faite par étape depuis 1956. La base de 1980, une fois projetée en arrière, revient à dire que le Maroc avait les frontières de 1980 durant toute la période de l’analyse. 4.2. Equilibre comptable du PIB La pièce maîtresse de l’étude des sources de croissance est l’équation comptable Q = w.L + c.K, avec : Q : somme des valeurs ajoutées, w : taux de salaire, L : travail (homme-année), C : coût d’utilisation du capital matériel, K : stock de capital. Tout d’abord les comptes de la nation ne donnent pas chaque année la somme des valeurs ajoutées sous cette forme. Cette défaillance est due à Critique économique n° 2 • Eté 2000 53 Abdesselam Bouhia l’absence de tableaux de synthèse. Le plus récent, vieux de douze ans des TES date de 1980. Celui-ci fournit la valeur ajoutée selon les composantes suivantes : i. salaire ii. charges sociales iii. impôts indirects iv. subvention d’exploitation v. excédent brut d’exploitation qu’on peut mettre sous la forme Q = W + EB, où W : masse salariale y compris les charges sociales, EB : excédent brut y compris les impôts indirects nets de subventions, perçus par l’Etat. Mais, en plus du fait que les données auxquelles cette équation se rapporte sont relatives à une époque ancienne, le problème fondamental consiste dans les concepts et définitions qui sous-tendent les variables qui la composent. C’est ainsi que W ne représente pas la rémunération du travail et EB ne représente pas non plus la rémunération du capital. En effet, une partie de la rémunération du travail, rémunération des entrepreneurs individuels, est incorporée dans l’excédent brut d’exploitation (EBE). Le recours à une méthode pour réajuster cette équation s’avère nécessaire. Denison, dans sa célèbre étude sur les sources de croissance des pays industrialisés, a eu recours à une hypothèse simplificatrice qui lui a permis de répartir la valeur ajoutée en affectant 63 % au travail et 37 % au capital. C’est ainsi que les estimations de la part des revenus des entrepreneurs individuels ont été tirées du TES de 1980. Il est le seul à contenir des données sur la part des entreprises individuelles dans un certain nombre de branches de l’industrie de transformation. D’ailleurs, même si l’on disposait de chiffres fiables relatifs à la part des entreprises individuelles dans l’excédent brut d’exploitation dans toutes les branches, on serait toujours loin de connaître la part du travail de ces entreprises dans l’EBE. Les entrepreneurs individuels eux-mêmes ne peuvent pas faire la distinction entre ce qui revient à leur travail et celui de leur famille, d’une part, et ce qui revient à leurs capitaux, d’autre part. Le résultat de cette estimation est ajouté à W pour qu’il reflète la rémunération du travail. 5. Résultats du modèle des sources de croissance de l’économie marocaine Nous présentons dans cette section quelques résultats du modèle de croissance élaboré par nous en collaboration avec C-R Hulten, les Sources de croissance de l’économie marocaine, réalisé en 1992. Ces résultats ont été actualisés jusqu’à 1993. 5.1. Le capital matériel Le stock du capital matériel avant 1974 était faible. A partir de 1974, lorsque le prix du phosphate augmenta rapidement, les pouvoirs publics ont décidèrent de doter le pays en infrastructures de base. D’où une augmentation 54 Critique économique n° 2 • Eté 2000 Les sources de croissance de l’économie marocaine rapide du stock de capital matériel. Cette hausse est due principalement à une vague importante d'investissements réalisés dans une période assez courte, de 1976 à 1982. C'était une période où le taux d'investissement dépassa les 30 % du PIB. Le taux de croissance du stock de capital réel fut de 17 % en 1977. Mais cette croissance s’est ralentie depuis 1983. Ces performances en matière d'investissement sont le résultat à la fois des efforts du secteur public et du secteur privé. Durant la période de l'accélération, on a observé un prix relatif de la FBCF réelle très apprécié par rapport au prix implicite du PIB. Ce qui montre que l'amélioration du stock du capital n'a pas été seulement quantitative mais aussi qualitative. Si cette hypothèse se vérifie, l'économie marocaine aura connu un changement fondamental dans le choix de ses investissements. Par ailleurs, les pouvoirs publics devaient choisir dans les différents plans un coefficient de capital objectif, ensuite conduire l'économie vers un état régulier d'activités caractérisé par ce coefficient de capital. L'évolution du coefficient de capital de l'économie marocaine fait apparaître deux périodes : • la période avant 1976 où le coefficient de capital fut aux alentours de 1,5. Elle est marquée par un sentier à croissance initiale lente, moins contraignant au départ, accumulant du capital plus lentement et atteignant l'objectif après un temps plus long ; • la période après 1981 pendant laquelle il dépasse 2,3. Elle est caractérisée par un sentier de croissance sévère où la consommation est fortement réduite et l'investissement rapide. L'objectif est atteint relativement vite. Un Plan de transition entre les deux périodes est adopté entre 1978 et 1980. Au cours de ce plan triennal, le montant du budget d'équipement de l'Etat a atteint 19 à 20 milliards de dirhams, sans compter les programmes d'investissement des entreprises publiques et semi-publiques. L'O.C.P. a investi, à lui seul, plus de 5 milliards de dirhams pour son plan d'expansion. 5.2. Le capital humain Concernant le facteur travail, sa contribution à la croissance économique demeure en général voisine de 40 % tout au long de la période 1960-1998. Mais, toutefois, on note une légère variation au cours des quatre périodes retenues. En effet, en se référant au tableau des résultats ci-contre, on note que la contribution du capital humain a connu une légère baisse entre la première et la deuxième période, passant ainsi de 40,5% à 39,2%. Par contre, sa contribution à la croissance au cours de la période 1984-1990 s'est détériorée (31,7%). Elle a atteint 51,2% entre 1991 et 1998. 5.3. La productivité globale des facteurs (PGF) La croissance de la productivité globale des facteurs, facteur résiduel, est de 0,7 % entre 1960 et 1975. Elle a baissé de 0,7 % entre 1976 et 1983, augmenté de 1,8 % entre 1984 et 1990 et s’est annulée entre 1991 et 1998. Critique économique n° 2 • Eté 2000 55 Abdesselam Bouhia La croissance annuelle moyenne de 1960 à 1998 est de 0,5 % seulement, à comparer avec la croissance économique de 3,8 % sur la même période. Sa contribution à la croissance globale est de 17,7% entre 1960 et 1975. Elle devient négative (– 17 %) entre 1976 et 1983, atteint 38,8 % entre 1984 et 1990 et devient nulle entre 1991 et 1998. Sa croissance annuelle moyenne de 1960 à 1998 est de 12,1% seulement. Ces résultats montrent le degré de fragilité et de faiblesse du système économique marocain. Les causes de la faiblesse de la PGF sont multiples. Leur connaissance permet de concevoir la meilleure stratégie de croissance et de développement pour le pays. Sources de croissance de l’économie marocaine (en %) (croissance annuelle moyenne sur la période) Périodes Travail Capital PGF Total 1960-1975 1,7 1,7 0,7 4,1 1976-1983 1,6 3,2 – 0,7 4,1 1984-1990 1,4 1,3 1,8 4,6 1991-1998 1,3 1,3 0,0 2,5 1984-1998 1,4 1,3 0,8 3,5 1960-1998 1,5 1,9 0,5 3,8 Sources de croissance de l’économie marocaine (en %) (contribution annuelle moyenne sur la période) Périodes Travail Capital PGF Total 1960-1975 40,5 41,8 17,7 100,0 1976-1983 39,2 77,8 – 17,0 100,0 1984-1990 31,7 29,6 38,8 100,0 1991-1998 51,2 50,4 – 1,5 100,0 1984-1998 39,2 37,6 23,1 100,0 1960-1998 39,8 48,1 12,1 100,0 Indice de la productivité globale des facteurs (moyenne mobile d'ordre 3) 1,15 1,10 PGF 1,05 1,00 0,95 0,90 56 Critique économique n° 2 • Eté 2000 96 94 19 92 19 90 19 88 19 86 19 84 19 82 19 80 19 78 Années 19 76 19 74 19 72 19 19 68 70 19 66 19 64 19 62 19 60 19 19 19 58 0,85 Les sources de croissance de l’économie marocaine 6. Conclusion Le but de cet article n’est pas d’apporter des explications des variations de la PGF, mais juste d’exposer le modèle de base. Ce modèle s’appuie sur le principe de la comptabilité de la croissance qui consiste à calculer la contribution à la croissance des trois principaux facteurs, à savoir : le capital, le travail et la productivité globale des facteurs. Ce dernier facteur peut être assimilé à la croissance nette de celle des facteurs de production. Il renseigne sur la vitalité et l’efficacité du système économique dans sa globalité. Ainsi, l'analyse de ce facteur résiduel revêt-elle le plus grand intérêt dans la comptabilité de la croissance macroéconomique. Souvent, il est assimilé au progrès technique. Les résultats du modèle exposés dans ce papier ont révélé quatre cycles de croissance économique distincts. Le premier cycle ascendant s’arrête en 1979, suivi par le deuxième où la PGF a baissé jusqu’en 1984. Le troisième cycle a coïncidé avec la période de l’ajustement structurel. Durant cette période, la PGF s’est nettement améliorée. Le dernier cycle en cours a commencé à partir de 1991. Cette période est caractérisée par un ralentissement de la croissance économique et de la productivité globale des facteurs. Les résultats empiriques du modèle génèrent une série de PGF ayant une forme fluctuante. Cette forme en dents de scie montre bien que la PGF contient d’autres facteurs déterminants de la croissance. Ce sont des chocs exogènes importants qu’a subis le système économique. Ces chocs sont d’origines externes et internes. Les chocs externes proviennent des fluctuations des marchés internationaux, particulièrement des marchés des matières premières et des restrictions momentanées ou durables sur les échanges extérieurs et qui sont souvent d’ordre politique. Ces derniers sont rares. On peut citer comme exemple les fermetures répétées de la frontière entre le Maroc et l’Algérie, qui n’a pas en fait un effet important sur l’économie marocaine puisque le poids des échanges entre les deux pays est faible dans la balance de paiements. Par contre, les fluctuations des prix sur les marchés internationaux ont eu un impact important sur la croissance économique au Maroc. Les prix des phosphates et du pétrole ont eu des effets immédiats. Les chocs qu’ils induisent se propagent rapidement dans le système économique. Le choc interne le plus connu et le plus important est la fluctuation des conditions climatiques. La sécheresse a un impact sur le secteur agricole dont la valeur ajoutée représente 15 à 20 % du PIB. Son effet passe par les canaux d’offre et de demande. Quand la production agricole baisse, l’offre d’exportation de produits agricoles et de certaines branches du secteur industriel baisse. D’un autre côté, le revenu généré par le secteur agricole et par suite de la demande globale baisse à son tour. De ce fait, les composantes de la PGF doivent être analysées à part pour expliquer leurs fondements. Ce que nous tenterons de faire dans un prochain article sur la productivité globale des facteurs. Critique économique n° 2 • Eté 2000 57 Abdesselam Bouhia Références bibliographiques Barro Robert J. (1990), « Governement spending in a single model of endogenous growth », Journal of Political Economy, vol. 98, n° 5. Christensen L.R., Dale W. Jorgenson, Lawrence J. Lau (1973), « Transcendental logarithmic utility functions », Discussion paper, number 285, march, Harvard University, Cambridge, Massachusetts. Coen Robert M. (1980), « Alternative Measures of capital and Its Rate of return in United States manufacturing », Conference on the mesurement of capital, 23-119. Crossman Gene M., Helpman Elhanan (1991), « Quality Ladders and Product cycles, the Quarterly Journal of Economics, vol. CVI, mai, Issue 2. Easterly William (1991), « Politique économique et croissance économique, examen critique des rôles relatifs de la culture, des progrès technologiques et des politiques économiques », Finances Développement, septembre. Fisher Stunley (1988), « Symposium on the slowdown in productivity Growth », the Journal of Economic Perspectives, vol. 2, n° 4. Gray Clive S. (1990), « Estimation des sources de la croissance du PIB marocain – Première approximation et réflexions méthodologiques sur une recherche plus approfondie », Development Discussion Papers Harvard Institue for international Development. Griliches Zvi (1988), « Productivity puzzles and R & D : Another Nonexplanation », the Journal of Economic Perspectives, vol. 2, n° 4. Hulten Charles R. (1990), « The mesurement of capital », paper prepared for the conference on Research in Income and wealth, Washington, D.C. Hulten Charles R. (1986), « Productivity change, capacity utilisation and the sources of efficiency growth », Journal of econometrics, 33 (1986) 31-50, North-Holland. Hulten Charles R. (1990), A méthodological framwork for measuring the sources of economic growth in the economy, document de travail, ministère du Plan. Hulten Charles R. (1978), « Grouth accounting with intermediate inputs », the Review of Economic Studies, vol. XLV(3), October. Charles R. Hulten, Nicko Nishimizu (1978), « The sources of Japanese economic growth : 1955-1971 », Reprinted from the Review of Economics and Statistics, published for Harvard university, North-Holland, vol. Lx, n° 3, august. Hulten Charles R. (1980), « The estimation of economic depreciation using vintage asset prices, an application of the Box-Cox Power Transformation », Journal of Econometrics, 15 (1981) 367-396, NorthHolland. Hulten Charles R., Wykoff Frank C. (1980), « Economic depreciation and the taxation of structures : An empirical analysis », NBER, Conference on the mesurement of capital, 23-119. 58 Critique économique n° 2 • Eté 2000 Les sources de croissance de l’économie marocaine Jngenson Date W. (1988), « Productivity and Postwar U.S.economic growth », the Journal of Economic Perspectives, vol. 2, n° 4. Khama Vikrum R. (1991), « Croissance économique : les nouvelles théories semblent convaincantes mais restent à prouver », FMI Bulletin, 23 décembre. King Robert G. and Rebelo Sergio (1990), « Public Policy and Economic Growth : Devloping neoclassical implications », Journal of Political Economy, vol. 98, n° 5. Romer Paul M. (1990), « Endogenons technological change », Journal of Political Economy, vol. 98, n° 5. Solow Robert M. (1970), Théorie de la croissance économique, Librairie Armand Colin, Paris. Critique économique n° 2 • Eté 2000 59