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DOSSIER
La planète Biodiversité
Àla lumière des multiples interactions
entre biodiversité et sociétés, la préser-
vation de la biodiversité s’organise
autour de deux thèmes, la préservation de la
diversité biologique et le maintien des struc-
tures et fonctions de la biodiversité ordinaire,
et de quatre possibilités d’intervention :
– dans les relations entre sociétés et bio-
diversité ;
– sur la manière dont la biodiversité est
intégrée au sein des services écosysté-
miques*;
– dans les préférences, priorités des sociétés
pour différents services écosystémiques ;
– dans la construction, légitimité, des insti-
tutions dédiées à la préservation de la bio-
diversité, de la Convention pour la diversité
biologique (CDB) à la Plateforme intergou-
vernementale scientifique et politique sur la
biodiversité et les services écosystémiques
(IPBES), créées toutes deux par les Nations
unies, en 1992 et 2012 respectivement.
PRÉSERVER LA DIVERSITÉ BIOLOGIQUE
Cette politique demande à
identifier les entités les plus
menacées et les menaces corres-
pondantes : transformations
d’habitat, surexploitation,
changement climatique, inva-
sions biologiques, pollutions.
Différentes mesures sont alors
envisagées. La limitation de
l’extension des activités humai-
nes – agriculture, foresterie,
infrastructures humaines – et la restauration
des habitats les plus dégradés sont la première
préoccupation. Face à la surexploitation, sont
instaurés des quotas d’exploitation, voire
l’interdiction de cette activité, du commerce
d’espèces. Face aux invasions biologiques,
des mesures de contrôle des flux biologiques
sont mises en place.
CONSERVATION IN SITU
Pour les espèces les plus menacées, une
politique majeure a été la création d’espaces
protégés, permettant la conservation in situ,
c’est-à-dire hors captivité. Ces espaces
occupent de l’ordre de 10 % des terres émer-
gées. En Europe, le réseau Natura 2000,
ciblé sur les espèces menacées de cette zone,
couvre environ 15 % de la surface de chaque
État. Afin de concilier protection, exigences
sociales et économiques des populations
locales, des voies de développement origi-
nales, agriculture extensive, sylviculture, tou-
risme, sont proposées dans ces espaces, qui
peuvent ainsi devenir des laboratoires sociaux.
Des corridors entre ces espaces, des « trames
vertes » (terre) et « trames bleues » (eau),
sont mis en place, afin de faciliter le dépla-
cement des espèces menacées. Ils sont néces-
saires dans au moins deux cas de figure :
lorsque le changement climatique déplace la
« niche climatique » de ces espèces vers des
latitudes plus élevées et lorsque les popula-
tions locales sont trop petites pour survivre
isolées ; ce dernier problème concerne au
premier chef les grands prédateurs qui ont
de grandes exigences spatiales. Par exemple,
la population de grizzlis du massif du
Yellowstone, aux États-Unis, réduite à une
centaine d’individus, ne pourra survivre
localement que si des individus de l’espèce
peuvent se déplacer entre cet espace protégé
et d’autres écosystèmes où se trouve l’espèce.
CONSERVATION EX SITU
La conservation ex situ, qui correspond aux
jardins, zoos ou encore banques d’embryons
ou de graines, maximise la probabilité de
survie d’une espèce menacée, tout en mini-
misant les conflits socioéconomiques. C’est
une stratégie largement appliquée chez
les plantes et les animaux domestiqués.
Afin de préserver à la fois les espèces
menacées et les structures et fonctions
de la biodiversité ordinaire, différents
types de mesures sont nécessaires :
conservation ex et in situ, ingénierie
écologique, mesures de type social,
économique et politique.
Lynx ibérique (Lynx pardinus): 150 individus recensés.
Biosphère
Compartiment à la
surface de la planète
comportant les êtres
vivants, leurs productions
(sols, atmosphère…).
Ce compartiment s’est
accru au cours de l’évo-
lution du règne vivant.
Services écosystémiques
Bénéfices que les êtres
humains tirent du
fonctionnement des
écosystèmes.
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