PROJET DE FIN D’ETUDES POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’INGENIEUR D’ETAT EN AGRONOMIE FILIERE : Protection des Plantes 50ème Promotion Utilisation des plantes aromatiques et médicinales (extraits et huiles essentielles) dans la lutte contre les nématodes à galles Présenté et soutenu publiquement par : Mr. CHIGUER Yassir Devant le jury composé de : Prof. Z. FERJI (I.A.V Hassan II - CHA) Encadrante Prof. E. MAYAD (UIZ- AGADIR) Co-encadrant Prof. L. BERRADA (I.A.V Hassan II - CHA) Présidente Prof. B. ZAKRI (I.A.V Hassan II - CHA) Examinatrice SEPTEMBRE 2020 Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II Complexe Horticole d’Agadir B.P. 18/S Agadir, Maroc Tél : +212 528 24 01 55 / 24 10 06 Fax : +212 528 24 22 43 E-mail : [email protected] 2 Dédicace A mes très chers parents que dieu grand, fort et puissant les bénissent A vous chers joyaux inestimables de vie en guise d’amour, respect inouï et reconnaissance pour les sacrifices consentis le long ma périodes d’études, qu’ils trouvent dans ce travail le témoignage de mon profond respect et éros outre ma gratitude immense. A mon frère et mes sœurs Nulle lettre ne saurait exprimer mon estime amour suite à vos encouragements, conseils et soutiens primordiaux. Un tas d’amour et tendresse m’ont permis de concrétiser mes objectifs et assumer mes buts. A mes très chers amis Les phrases me manquent en ce moment pour vous exprimer mon amour, emblavé en cinq années un même local corrélé d’un tas d’esprit. Au sein de la vie, c’est rare et difficile de trouver des personnes qui ressemblent à la fois l’intelligence, la gentillesse, la serviabilité et surtout la philosophie de vie. Merci les gars. A tous mes collègues de la filière Protection des Plantes (PP) ainsi que la filière d’horticulture A tous mes amis de la promotion 50 A tous ceux qui me sont chers et que je n’ai pas cité mais que je n’ai pas oublié. 3 Remerciements Louange à dieu qui m’a guidé sur le droit sur le droit chemin tout au long du travail et m’a inspiré les bons pas et les réflexes. Au terme de ce travail, je tiens à exprimer toute ma reconnaissance, ma gratitude et ma sincère considération à mon encadrante Mme FERJI Zahra, professeur chercheur au département de Protection des Plantes de l’Institut agronomique et vétérinaire Hassan II CHA, pour m’avoir encadrée et confiée ce travail de fin d’études, pour avoir partagée avec moi son expérience de nématologiste et pour m’avoir apporté son soutien, ses conseils et son aide tout au long de ma carrière estudiantine. Elle illustre pour moi l’idée que la recherche scientifique est une activité non seulement passionnante mais également primordiale. J’adresse également toute ma reconnaissance au corps administratif et professoral de notre institution, notamment les professeurs FATMI, REMAH, SAREHANE, ACHOURI, ZAKRI, BERRADA, MAZIH, HORMATALLAH, AIT OUBAHOU, BOUHIDA, KHERRAK et OTMANI, mines inépuisables d’idées, pour l’œil critique qui m’a été très précieuse outre les conseils primordiaux qui m’ont guidé pendant toute ma période d’étude. Qu’il me soit permis de remercier vivement les membres du jury pour l’honneur qu’ils m’ont faits en acceptant de juger ce travail. Enfin, ma gratitude reconnaissance s’adresse à toute personne ayant contribué de près ou de loin à l’élaboration de ce travail. 4 Résumé Le contrôle des nématodes est principalement basé sur l’utilisation de nématicides chimiques, mais leur utilisation a été remise en question en raison des préoccupations croissantes concernant l’environnement, les risques pour la santé humaine, les coûts d’application élevés et la dépendance d’action des nématicides sur le sol. Cette insatisfaction mondiale actuelle à l’égard des nématicides chimiques a stimulé la recherche des stratégies de lutte alternatives non polluantes. Dans ce cadre, notre étude vise à donner une synthèse sur les plantes aromatiques et médicinales ainsi que leurs huiles essentielles utilisées comme alternatives aux nématicides chimiques, dans la lutte contre les nématodes à galles. 5 Abstract In recent decades, the control of nematodes has been mainly based on the use of chemical nematicides. Although they are effective in rapidly controlling nematodes, their use has been questioned due to increasing concerns about the environment, human health risks, high application costs and the dependence of nematicides on soil action. Certainly, the current global dissatisfaction with chemical nematicides has stimulated the search for alternative, non-polluting control strategies. The development of alternatives to dangerous chemical nematicides is one of the main priorities for the future of nematology. These alternatives must be based first and foremost on respect for human health and the environment, but they must also be effective and sustainable. Thus, it is in this context that our work is concerned, which aims to provide an overview of aromatic and medicinal plants and their essential oils, used as alternatives to chemical nematicides, in the control of root-knot nematodes. 6 Liste des abréviations 7 AMF Champignons mychoriziens arbusculaires CFU Unité formatrice de colonie J2 Deuxième stade juvénile des nématodes à galles ONSSA Office national de la sécurité sanitaire des produits alimentaires PGPR Rhizobactéries favorisant la croissance des plantes Liste des tableaux Tableau 1: Position systématique de Meloidogyne spp. .........................................................15 8 Liste des figures Figure 1: Anatomie de Meloidogyne spp……………………………………………………..16 Figure 2: Formes corporelles des femelles de Meloidogyne spp. ........................................... 17 Figure 3: Diagramme exposant une empreinte périnéale de Meloidogyne spp (Hirshman 1985)………………………………………………………………………………………….17 Figure 4: Empreintes périnéale de femelles de Meloidogyne spp……………………………18 Figure 5: Cycle de Meloidogyne spp. .................................................................................... 19 Figure 6 et 7 : Dégâts des nématodes à galles sur les racines………………………………...20 Figure 8 : Répartition des nématicides par matière active au Maroc en 2018 (ONSSA, 2018) ..................................................................................................................................... 22 Figure 9 : Répartition des nématicides non fumigants par matière active au Maroc (ONSSA, 2018)………………………………………………………………………………………….22 Figure 10 : Etablissement de l'indice de galles Figure 11 : Désinfection du sol par solarisation………………………………………….…25 Figure 12 et 13 : Désinfection du sol par solarisation………………………………………25 Figure 14 : Répartition des bionématicides par matière active au Maroc…………………….30 Figure 15 : Le Neem Azadirachta indica .............................................................................. 39 Figure 16: Le Ricin Ricinus communis.................................................................................. 40 Figure 17: Rue des jardins Ruta graveolens .......................................................................... 42 Figure 18: Atractylis gummifera Chardon à glu ..................................................................... 43 Figure 19 : La pégane Peganum Harmala L .......................................................................... 44 Figure 20 : L'armoise Artemesia Herba-Alba ....................................................................... 45 Figure 21: Origanum Compactum......................................................................................... 45 9 Sommaire Introduction générale ............................................................................................................. 13 Chapitre 1 : Généralités sur les nématodes à galles Meloidogyne spp. ...................... 15 Biologie et écologie des nématodes à galles (Meloidogyne spp.)........................................... 15 1) Taxonomie des Meloidogyne spp................................................................................................................... 15 2) Identification de Meloidogyne spp. ................................................................................................................ 15 a) Morphologie .............................................................................................................................................................. 15 b) Empreintes périnéales ......................................................................................................................................... 17 3) Biologie et cycle de vie de Meloidogyne spp. ............................................................................................ 19 4) Symptômes et dégâts causés par les nématodes à galles (Meloidogyne spp.) ......................... 20 Méthodes de lutte contre les nématodes à galles au Maroc ................................................... 21 1) Introduction .......................................................................................................................................................... 21 2) Gestion des nématodes à galles ...................................................................................................................... 23 2.1) Mesures prophylactiques ............................................................................................................................... 24 2.2) Méthodes physiques ......................................................................................................................................... 24 2.2.1) Solarisation ........................................................................................................................................................ 24 2.2.2) Biofumigation ................................................................................................................................................... 25 2.3) Pratiques culturales .......................................................................................................................................... 26 2.3.1) Rotation culturale ........................................................................................................................................... 26 2.3.2) Cultures pièges ................................................................................................................................................. 27 2.3.3) Amendements organiques ......................................................................................................................... 28 2.4) Résistance............................................................................................................................................................... 28 2.5) Méthodes biologiques ...................................................................................................................................... 29 2.5.1) Pathogénicité bactérienne et antagonisme aux nématodes à galles .................................... 30 2.5.2) Champignons nématophages ................................................................................................................... 31 2.5.2.1) Champignons parasites ........................................................................................................................... 31 2.5.2.2) Mycorhizes arbusculaires....................................................................................................................... 32 2.5.3) Plantes nématicides....................................................................................................................................... 33 Chapitre 2 : Plantes médicinales nématicides utilisées dans la lutte biologique contre les nématodes à galles. .............................................................................................. 35 Exemple de plantes à effet nématicide ......................................................................................... 37 1) Le Neem : Azadirachta indica (Meliacea)……………………………………………………………………37 2) Le Ricin : Ricinus communis (Euphorbiacceae)……………………………………...38 3) Ruta graveolens (Rue des jardins) ................................................................................................................. 39 10 4) Atractylis gummifera (Chardon à glu).......................................................................................................... 41 5) Le pégane : Peganum Harmala L. ................................................................................................................... 42 6) L’armoise : Artemesia Herba-Alba ................................................................................................................ 43 7) Origanum Compactum.......................................................................................................................................... 44 8) L’arganier : Argania Spinosa ............................................................................................................................. 44 Chapitre 3 : Huiles essentielles des plantes aromatiques et médicinales utilisées dans la lutte biologiques contre les nématodes à galles. .............................................. 46 Généralités sur les huiles essentielles.......................................................................................... 46 1) Historique................................................................................................................................................................... 46 2) Définition des huiles essentielles ................................................................................................................... 46 3) Répartition, localisation, production et fonction des huiles essentielles .................................. 47 3.1) Répartition ............................................................................................................................................................. 47 3.2) Localisation et productions ........................................................................................................................... 48 3.3) Fonction ................................................................................................................................................................... 48 4) Propriétés physico-chimiques des huiles essentielles ........................................................................ 49 5) Composition chimique des huiles essentielles ........................................................................................ 49 5.1) Terpènes ................................................................................................................................................................. 50 5.1.1) Mono terpènes C10 .......................................................................................................................................... 50 5.1.2) Sesquiterpènes C15 ......................................................................................................................................... 50 5.2) Composés aromatiques ................................................................................................................................... 50 5.3) Composés aromatiques d’origines diverses ......................................................................................... 50 6) Facteurs de variabilités des huiles essentielles ...................................................................................... 50 7) Conservation des huiles essentielles ............................................................................................................ 51 8) Toxicité des huiles essentielles ....................................................................................................................... 51 9) Potentialités nématicides des huiles essentielles .................................................................................. 52 Exemple d’huiles essentielles qui ont montrés une efficacité vis-à-vis des nématodes . 53 L’huile d’absinthe ......................................................................................................................................................... 53 L’huile de tagète ............................................................................................................................................................ 53 L’huile de chrysanthemum ...................................................................................................................................... 53 Huile de thym ................................................................................................................................................................. 54 Huile d’origan ................................................................................................................................................................. 54 Huile de cannelle .......................................................................................................................................................... 55 Huile de Senecio Glaucus subsp. Coronopifolius ......................................................................................... 55 Huile de Pelargonium graveolens ......................................................................................................................... 55 Huile de l’O. Glandulosum ......................................................................................................................................... 55 11 Huile de l’Herba alba .................................................................................................................................................. 56 Conclusion générale ................................................................................................................ 58 Références bibliographiques ................................................................................................ 60 12 Introduction générale Le secteur maraicher occupe une place primordiale dans la socio-économie du Maroc. Il génère une valeur annuelle d’environ 7 milliards de dirhams, en grande partie en devise, et procure près de 15 millions de journées de travail. En effet, la production ainsi que les exportations marocaines de primeurs suivent une augmentation continue au fils des années, en enregistrant une production d’’environ 7.600. 000 tonnes (FAO, 2017). Ceci est grâce aux efforts déployés par les professionnels du secteur, à savoir l’utilisation de nouvelles technologies en production (introduction des serres, techniques de fertilisation, microirrigation, utilisation d’hybrides performants, entretien des cultures, récolte … ), ainsi que l’ouverture sur des nouveaux marchés internationaux. Malgré cette importance, plusieurs contraintes abiotiques et biotiques limitent la productivité en occurrence les ravageurs, les maladies virales et cryptogamiques. Parmi les ravageurs on trouve les nématodes. Généralement, plusieurs espèces de nématodes phytoparasites affectent étroitement la croissance des cultures surtout les nématodes à galles du genre Meloidogyne, qui à leur tour peuvent provoquer une invasion à grande échelle, causant une perte globale estimée à 100 milliards de dollars par an (Yuan-yuan et al., 2017), avec environ 5% des pertes globales de rendements causées par l’ensemble des agents phytopathogènes, ravageurs et bio-agresseurs (Mukhaimar, 2016). Au cours de ces dernières décennies, le contrôle des nématodes s’est principalement basé sur l’utilisation de nématicides chimiques (Mayad et al., 2016). Bien qu’ils soient efficaces pour contrôler rapidement les nématodes, leur utilisation a été remise en question en raison des préoccupations croissantes concernant l’environnement, les risques pour la santé humaine, les coûts d’application élevés et la dépendance d’action des nématicides sur le sol. Certes, l’insatisfaction mondiale actuelle à l’égard des nématicides chimiques a stimulé la recherche de stratégies de lutte alternatives non polluantes. Le développement d’alternatives aux nématicides chimiques dangereux est l’une des principales priorités pour l’avenir de la nématologie (Javed et al., 2012). Ces alternatives doivent être basées d’abord sur le respect de la santé de l’homme et de l’environnement, mais elles doivent aussi être efficaces et durables. Ainsi, c’est dans ce contexte que s’intéresse notre travail qui vise à donner un aperçu sur les plantes aromatiques et médicinales ainsi que leurs huiles essentielles, utilisées comme alternatives aux nématicides chimiques, dans la lutte contre les nématodes à galles. 13 CHAPITRE 1 14 Chapitre 1 : Généralités sur les nématodes à galles Meloidogyne spp. Biologie et écologie des nématodes à galles (Meloidogyne spp.) Ce sont des vers transparents, tous munis d’un stylet creux, se caractérisent par un petit diamètre ne permettant pas de les voir à l’œil nu, mais ils sont facilement observables sous loupe binoculaire. La sévérité des dommages occasionnés aux plantes est reliée à plusieurs facteurs comme la combinaison plante-nématode et aussi aux facteurs environnementaux comme les précipitations, le type de sol et les pratiques culturales. Dans leur processus de nutrition, ils ponctionnent, à l’aide de leur stylet, le système racinaire de la plante, ce qui diminue la capacité d’absorption de l’eau et des éléments nutritifs dans le sol (Bélair, 2005). 1) Taxonomie des Meloidogyne spp. La systématique des nématodes à galles du genre Meloidogyne, appartenant à l’embranchement des Némathelminthes, à la classe des Nematoda et à la sous-classe des Phasmida, a été plusieurs fois revus suite à l’importance et l’intérêt accordé à ce genre. Selon Karssen et Moens (2005), la classification systémique de Meloidogyne est présentée dans le tableau ci-dessous. Tableau 1: Position systématique de Meloidogyne spp. Ordre Tylenchida (Thorne, 1949) Sous-ordre Tylenchina (Thorne, 1949) Super-famille Tylenchoidea (Orley, 1880) Famille Heteroderidae (Filip’ev et Stekhoven, 1949) Sous-famille Meloidogyninae (Skarbilovitch, 1959) Genre Meloidogyne (Geoldi, 1892) Karsen et Moens, (2005) 2) Identification de Meloidogyne spp. a) Morphologie Selon Einsenback., (1985), la morphologie du genre Meloidogyne change durant tout son cycle de vie. Il s’agit d’endoparasites sédentaires, caractérisés par un dimorphisme sexuel bien prononcé. En outre, les Meloidogyne sont des vers de taille microscopique, pourvus d’un 15 stylet buccal qui joue un rôle primordial dans la nutrition (Perry et Moens, 2006) et constitués d’un tube externe et une enveloppant deux tubes internes superposés à savoir le tube digestif et le tractus génital (mâle ou femelle) (Agrios, 2005). Le plus souvent, les œufs sont pondus dans une masse gélatineuse, cette dernière est considérée comme une enveloppe protectrice (De Guiran et Netscher, 1970). En fait, les œufs sont en forme d’haricots et mesurent 90 μm de long et 40 μm de large. Les mâles adultes sont vermiculaires, mobiles, de 1,2 à 1,5 mm de long sur 30 à 36 μm de large ; pourvu d’un stylet court de 19 à 44 μm ; leur pathogénie sur l’hôte est secondaire (Agrios, 2005) (Figure 1). En général, les femelles adultes sont en forme de poire, de couleur blanchâtre, mesurant environ 0,40 à 1,30 mm de long sur 0,27 à 0,75 mm de large. Elles se caractérisent ainsi par un stylet qui mesure de 10 à 20 μm (Agrios, 2005 ; Perry et Moens, 2006) (Figure 1 et 2). Figure 1: Anatomie de Meloidogyne spp. 16 A : Mâle (stylet ; (tes) : testicule ; (sp) : sperme et spicules) – B : Anatomie antérieur du mâle (stylet ; œsophage ; (ex p) : pore excréteur) – C : Anatomie antérieur de la femelle (stylet ; (dgo) : orifice de la glande dorsal ; (ex p) : pore excréteur ; (es b) : bulbe œsophagien ; (val) : valve) – D : Larve (stylet ; bulbe œsophagien ; (an) : anus) – E : Anatomie postérieur du mâle ; (lat) : lignes latérales – F : Femelle (œsophage ; ovaires et modèle périnéale) (Taylor et Sasser, 1978) Figure 2: Formes corporelles des femelles de Meloidogyne spp. A- Le corps de la plupart des femelles Meloidogyne est pyriforme muni d’un axe sous forme d’une ligne droite de l’anus au stylet ; B- Les femelles de certaines espèces sont ovales avec une protubérance postérieurs ainsi qu’un cou formant un angle avec l’axe du corps (Taylor et Sasser, 1978). b) Empreintes périnéales Figure 3: Diagramme général exposant une empreinte périnéale de Meloidogyne spp. (Hirshmnn, 1985) 17 La détermination des espèces de Meloidogyne spp fondée sur la morphologie de l’ornementation cuticulaire de la région vulvaire des femelles adultes, appelée empreintes périnéales (Figure 3), est la plus ancienne technique utilisée (Huat, 1999). Ces structures cuticulaires montrent des stries entourant la vulve et l’anus et formant des sortes d’empreintes digitales. Cependant, ces plaques périnéales sont très variables à l’intérieur d’une espèce et se ressemble souvent beaucoup d’une espèce à l’autre (De Guiran et Netscher, 1970). Les empreintes périnéales des femelles se présentent, généralement, de la manière suivantes (Huat, 1999) : M. arenaria (Figure 4-A) : l’arc dorsal est bas, arrondi. Les ailes latérales sont absentes du champ latéral mais les stries sont irrégulières au niveau du champ latéral. Les stries sont fines, lisses à légèrement ondulées. L’extrémité de la queue n’est pas verticillée mais présente des ponctuations subcuticulaires. M. incognita (Figure 4-B) : l’arc dorsal est haut, e forme de carré. Les ailes latérales sont absentes mais le champ latéral est marqué par les coupures et des stries fourchues. Les stries sont épaisses, lisses à ondulées, quelquefois en zig-zag. Certaines stries se recourbent près des extrémités de la vulve. L’extrémité de la queue est souvent verticillée. M. javanica (Figure 4-C) : L’arc dorsal est bas, arrondi. Le champ latéral présente des ailes latérales distinctes (caractéristique de l’espèce). Les stries sont grosses, lisses à légèrement ondulées. Quelques stries peuvent se recourber près des extrémités de la vulve. L’extrémité de la queue est souvent verticillée. A : Empreinte de M. arenaria ; B : Empreinte de M. incognita ; C : Empreinte de M. javanica (Chitwood, 2002) B A C Figure 4: Empreintes périnéales de femelles de Meloidogyne spp. 18 3) Biologie et cycle de vie de Meloidogyne spp. Selon De Guiran et Netscher (1970), le cycle de vie des nématodes du genre Meloidogyne comporte trois niveaux de développement (œuf, quatre stades juvéniles (J1, J2, J3, J4) et adulte (femelles et très rarement des mâles à cause de leur mode de reproduction parthénogénétique), et se déroule en deux phases : Une phase d’invasion racinaire, libre et mobile qui ne concerne que le stade juvénile J2 en se déplaçant dans le sol. Une phase sédentaire de maturation des J2 en femelles après pénétration à l’intérieur des racines ; Il s’agit d’une phase d’élaboration d’un site nourricier au niveau du cylindre central de la racine, permettant l ‘établissement du parasite (Dijan-Caporalino et al., 2009). Le cycle de vie des nématodes à galles est illustré dans la figure 5. Selon les espèces et les conditions environnementales, le cycle de vie dure généralement entre 3 et 6 semaines et comprend quatre stades juvéniles et un stade adulte (Castagnone-Sereno et al., 2013). Figure 5: Cycle de Meloidogyne spp. (Coyne et al., 2010) 19 Les larve du premier stade (J1) se développent dans les œufs. Les J2 éclosent des œufs, puis ils migrent vers les racines et y pénètrent soit par l’apex, soit par des zones de pénétration antérieures, soit par des petites lésions sur des racines. Ces juvéniles, traversent l’épiderme, puis le cortex pour arriver au cylindre central où ils se fixent et établissent des sites nourriciers (cellules géantes) permanents dans la zone de différenciation des cellules de la racine. Chaque site est constitué de plusieurs (J2) subissent trois autres mues avant de parvenir au stade de femelles adultes. À maturité, ces femelles sont piriformes ce qui conduit à la formation des galles au niveau des racines qui pondent plusieurs centaines d’œufs dans une matrice gélatineuse. 4) Symptômes et dégâts causés par les nématodes à galles (Meloidogyne spp.) De tous les nématodes, le genre de nématodes à galles (Meloidogyne spp.) est de loin le plus redoutable sur les cultures maraîchères. Ces nématodes sont dotés d’un grand pouvoir de multiplication qui leur permet d’envahir rapidement les racines des plantes sensibles sur lesquelles ils provoquent des galles (Mayad et al., 2018). Les plantes hôtes sensibles réagissent à l’alimentation des nématodes par des changements physiologiques et morphologiques marqués, formant des cellules géantes sur les sites d’alimentation (Moens et al., 2009), ces cellules géantes ne détruisent par nécessairement la plante hôte (Castagnone-Sereno et al., 2013) et sont caractérisées par l’association à l ‘expansion et à la prolifération des cellules corticales et péri-cycliques voisines, en se traduisant par des galles caractéristiques des nématodes à galles (Bird et al., 2009). L’altération de l’absorption d’éléments nutritifs et de l’eau est faite en raison de ces modifications physiologiques qui endommagent les racines des plantes, ce qui entraine une réduction de la productivité des plantes (Castagnone-Sereno et al., 2013). Figure 6 et 7 : Dégâts des nématodes à galles sur les racines 20 Méthodes de lutte contre les nématodes à galles au Maroc 1) Introduction La lutte contre les nématodes à galles est compliquée à cause de leur polyphagie, leur résistance aux conditions environnementales difficiles. Compte tenu de leurs caractéristiques, l’éradication totale des nématodes à galles d’un sol contaminé est impossible. Malgré toutes les techniques utilisées pour maintenir les densités de population à des seuils bas et contrôler les Meloidogyne, le sol est toujours susceptible de contenir une « communauté résiduelle » qui peut croitre rapidement dans les conditions favorables à son développement. Une fois que le sol est contaminé, il est donc important de maintenir de façon durable une gestion des nématodes pour limiter leur développement (Dijian-Caporalino et Villneuve, 2018). Il est indéniable que les produits phytosanitaires chimiques « nématicides» présentent de nombreux avantages en raison de la rapidité du temps et la persistance d’action des produits utilisés (Deravel et al., 2014). Au Maroc, environ 26 nématicides fumigants, 14 nématicides non-fumigants et 5 nématicides biologiques sont révélés homologués pour la protection des cultures par l’ONSSA (Office National de Sécurité Sanitaire des Produits Alimentaires) dans la compagne 2017-2018 (ONSSA, 2018). Tous les nématicides fumigants homologués (Annexe 1) rencontrés sur le marché marocain en 2018 sont formulés à base de 4 matières actives. Pourtant, 8% des formulations sont à base du disulfure de diméthyle (DMDS), 27% à base de 1,3-dichloropropène dichloropicrine (DC), 30% à base de 1,3-dichloropropène (Dprop) et enfin 35% à base du Metam-sodium (Ms) (Figure 6). 21 MS 35% DMDS 8% DC 27% Dprop 30% Figure 7 : Répartition des nématicides par matière active au Maroc en 2018 (ONSSA, 2018) En ce qui concerne les nématicides non-fumigants, les 14 formulations à base de 6 matières actives sont officiellement reconnues (Annexe 2). À cet effet, 56% des formulations sont à base d’Abamectine (Abam), Ethoprophos (Eth), Phenamiphos (Phen) et du cadusafos (Cad) ; 36% à base d’oxamyl (Ox) et enfin 8% à base de Fluopyram (Fluo) (Figure 7). Abam; 14% Ox; 36% Fluo; 8% Cad; 14% Eth; 14% Phen; 14% Figure 8 : Répartition des nématicides non fumigants par matière active au Maroc (ONSSA, 2018) Cependant, l’utilisation des produits chimiques peut être la cause de problèmes environnementaux et de santé publique, d’autant plus que les risques inhérent à certains d’entre eux sont mal évalués (Deravel et al., 2014). 22 Face à ces risques et à l’attitude des consommateurs sensibilisés aux problèmes de santé liés aux résidus de pesticides dans les produits alimentaires et exigeant des produits de qualité (El Guilli et al., 2009), l’utilisation des méthodes alternatives à la lutte chimique pour la lutte contre les nématodes à galles s’avère indispensable, en se basant sur la prophylaxie (hygiène des parcelles), la lutte physique (solarisation et stérilisation à la vapeur), les techniques culturales (rotation, association des cultures, utilisation de la matière organique, résistance variétale etc.), et la lutte biologique (utilisation et protection d’ennemis naturels des nématodes) (Achouri et Ferji, 2007) (Haougui et al., 2013). 2) Gestion des nématodes à galles La gestion des nématodes par de méthodes alternatives à la lutte chimique est primordiale dans le cadre de la préservation de l’environnement et de la santé humaine. Elle se base sur la prévention, l’assainissement, la surveillance, la rotation des cultures, techniques culturales surtout la gestion du fin du champs (irrigation avant l’arrachage de la culture précédente…), établissement de l’indice de galles (figure 10) et sur des mesures complémentaires (Achouri et Ferji, 2007) Figure 9 : Etablissement de l'indice de galles 2.1) Mesures prophylactiques Selon Dijan-Caporalino et al (2009), il est indispensable de gérer les outils de travail du sol et de tenir compte de l’environnement des abris par l’élimination des mauvaises herbes qui permettent donc aux populations des nématodes de se maintenir. Les foyers d’infestation des nématodes à galles, souvent proches des entrées des tunnels et le long des lignes de travails du sol, traduisent une dissémination par le matériel et les personnes. La polyphagie des nématodes conduit au maintien et au développement des nématodes sur de nombreux adventices (amarante, morelle, chénopodes, rumex…) ; Il est donc impératif 23 d’éliminer ces foyers d’infections avant l’installation des cultures ( Dijan-Carporalino et al., 2009) Figure 10 : Désinfection du sol 2.2) Méthodes physiques La thermothérapie, la désinfection à la vapeur et l’inondation sont considérés comme des procédés physiques pour la lutte contre les nématodes. Certes, la solarisation du sol constitue actuellement la méthode alternative la plus utilisée (Abada et al., 2014). 2.2.1) Solarisation C‘est une méthode d‘assainissement des sols obtenue par l‘élévation des températures grâce à l‘énergie solaire (Le Bohec et Giraud, 1999). La radiation solaire est capturée sous film plastique pour chauffer le sol, préalablement humidifié à la capacité au champ, jusqu‘à 5055°C à 5cm de profondeur et 40-42°C pour l‘horizon du sol de 20-25 cm à fin de le désinfecter en conséquence (Achouri et Ferji, 2007). Selon Eddaoudi et Ammati (1995), la solarisation réduit significativement l‘inoculum des Meloidogyne dans le sol. L'efficacité de la solarisation peut être améliorée quand elle est combinée avec des pesticides chimiques, des antagonistes biologiques, des amendements organiques et des pratiques culturales (Lamberti et al., 2001; Ammati et al., 2002). Selon Israel et al., (2005), la solarisation est une méthode hydrothermique qui désinfecte le sol, elle consiste à recouvrir le sol avec un film de polyéthylène transparent de 25 à 30 μm durant les périodes les plus chaudes pendant 4 à 8 semaines. Normalement, les températures élevées (plus de 40°C) ne sont atteintes que dans les 10-20 premiers cm du sol . Une étude menée par Djian-Caporalino et al., (2009) a pu démontrer que la période minimale de solarisation est de 45 jours, et que son efficacité est en corrélation avec le type de sol et son humidité. Les sols sablonneux se drainent rapidement et ont une faible capacité de rétention 24 d'eau. Par conséquent, le transfert de la chaleur vers les horizons les plus profonds du sol est inhibé. Des études menées récemment ont montrées que la solarisation des sols amendée avec des matériaux organiques améliore la libération des nutriments essentiels, la microflore bénéfique pour la croissance des plantes et les organismes antagonistes pour les nématodes à galles (Abada et al., 2014). Certes, les sols solarisés amendés avec le fumier de bovins, le tournesol mexicain et le pymarc ont réduits le niveau de population des nématodes à galles et leurs dommages par rapport aux sols non-modifiés. De plus, le plus grand contrôle des J2 étant obtenu par le fumier de bovins (84.3%), suivi par pymarc (57.22%), le tournesol mexicain (10.83%) et finalement les contrôles non-modifiées (3.6%) (Nchore et al., 2016). En somme, la solarisation n’est qu’une simple méthode de lutte qui ne permet pas une bonne maîtrise des maladies et ravageurs du sol. Aussi, son utilisation doit s’inscrire dans un programme de lutte intégrée qui combine plusieurs mesures (rotation avec des plantes nonhôtes, jachère nue, utilisation des ennemis naturels, amendement du sol avec la matière organique et en dernier ressort l’application rationnelle des nématicides homologués) permettant de réduire substantiellement et durablement les densités des populations de nématodes ainsi que l’inoculum primaire des agents pathogènes (Haougui et al., 2013). Figure 11 et 13 : Désinfection du sol par la Solarisation 2.2.2) Biofumigation La biofumigation est une méthode efficace pour le contrôle des nématodes à galles dans des agrosystèmes différents, en libérant des composés volatils ayant des propriétés pesticides pendant la décomposition d’un matériel végétal ou des produits d’origine animale (Edwards et Ploeg, 2014). Les principaux composés actifs impliqués dans la biofumigation sont le glucosolinates (GSLs) et l’isothiocyanates (ITCs), qui sont produits pendant l’hydrolisation des tissus des crucifères (Kruger et al., 2013). 25 La biofumigation par brassicacées comme culture de couverture, constitue une alternative potentielle à la lutte chimique (Fourie et al., 2016). Après incorporation de la partie aérienne des hôtes Eruca sativa (cultivars : Rocket Trio et Nemat), Brassica juncea (Cultivars : Calienté et Fumigreen) et Raphanus sativus (Cultivars : Doublet et Terranova) au niveau de deux sites sous serre, infestés par M. incognita et M. javanica ayant comme cultures respectivement la pomme de terre et la tomate, toutes les cultures de couvertures ont montré une résistance aux Meloidogyne spp. abstraction faite de B.juncea par son cultivar Calienté qui n’a montré aucun effet sur les populations de M. incognita. Certes, sur le site de la pomme de terre, aucune culture de couverture n’a entrainé une réduction significative des populations de M. incognita. Néanmoins, les paramètres de croissance des tomates cultivées sont avérés significativement élevés lors de l’utilisation de Raphanus sativus par son cultivar Doublet et Eruca sativa par Rocket Trio en diminuant considérablement la densité de population des nématodes (Daneel et al., 2017). 2.3) Pratiques culturales Les pratiques culturales sont des procédés relativement simples et peu onéreux qui peuvent limiter les dégâts occasionnés par les Meloidogyne (Viane et al., 2006). Parmi lesquelles nous citons: la rotation culturale, jachère, cultures intercalaires, dates de plantations et les amendements organiques. 2.3.1) Rotation culturale Pour une gestion appropriée des nématodes, la rotation des cultures avec des plantes nonhôtes est considérée comme une stratégie efficace, dont le choix des cultures à utiliser en rotation est en corrélation avec les espèces identifiées dans le champ, ainsi que leur degré d'infestation (Cunha et al., 2015). Cependant, quelques facteurs peuvent restreindre son utilisation à savoir l’occurrence des communautés de nématodes contenant une panoplie d’espèces nuisibles, tels que celles appartenant au genre Meloidogyne, avec une large gamme d’hôtes, en limitant le potentiel d’utilisation des cultures non-hôtes acceptables pour la rotation (Viaene et al., 2006). Une expérience a montré que des rotations telles que le sésame / avoine, le souci / avoine et le chanvre / avoine peuvent être bénéfiques pour réduire les densités de population de M. incognita. Certes, le coton n’est pas un bon hôte pour cette espèce de nématodes, il donne dans la rotation sésame / avoine un rendement plus élevé que dans les autres rotations (Collange et al., 2011). 26 Une autre stratégie qui peut être utile dans les régions tempérées froides consiste à planter en automne une culture en rotation sensible au nématode à galle. Planter à l’automne, lorsque la température du sol est encore suffisamment élevée, permettrait au nématode juvénile du deuxième stade d’envahir et de constituer un site d’alimentation permanent dans les racines. Les nématodes ne se développeraient que lentement dans les racines lors des températures fraîches en automne / hiver et la culture pourrait être incorporée par une autre à la fin de l'hiver ou au début du printemps, avant la ponte des œufs. Certes, la rotation culturale basée sur la plantation de maïs avant la tomate sous serre est considérée comme un facteur crucial, menant à la réduction du nombre des J2 ainsi, l’utilisation d’une seule rotation par le biais d’une culture sensible à M. incognita comme le maïs, suffit pour une réduction considérable des nématodes à galles (Luambano et al., 2015). Au Maroc, la rotation ne peut pas être conçu comme méthode de lutte puisque la rentabilité des cultures choisies doit être prise en considération, ainsi que la date de plantation des cultures les plus rentables ne peut pas être décalée (Ferji, communication personnelle). 2.3.2) Cultures pièges Selon Sikora et al., (2005), la culture piège consiste à planter un bon hôte pendant une courte période de temps suffisante pour l’assurance d’une pénétration élevée et un développement initial à un stade de croissance non-mobile. Par après, les racines doivent être enlevées ou détruites pour tuer les nématodes avant reproduction. Selon Melakeberhan et al., (2006), la roquette (Eruca sativa) permet l’infection du nématode parasite, en réduisant sa capacité de reproduction et développement. Une étude réalisée par Wang et al., (2002), a montré que les cultures pièges telles que Crotalaria réduisent les populations de nématodes parasites des plantes, elles agissent comme des hôtes médiocres en inhibant la reproduction des nématodes. La production des substances allélochimiques d’origine végétale supprime efficacement les phytopathogènes, y-compris les nématodes avec un impact minimal sur l’environnement. Cependant, la Crotalaria spp. produit des alcaloïdes pyrrolizidine à savoir la monocrotaline qui a une toxicité potentielle pour les nématodes, il est ainsi possible que le faible rapport C/N de Crotalaria peut également contribuer à son effet allélopathique contre les nématodes à galles. Les métabolites secondaires sont soupçonnés d'être le composé allélopathique contre les nématodes, permettant leur piégeage en fournissant une niche pour une flore et une faune antagonistes. L’exploration des cultures pièges constitue la méthode la plus attrayante pour les producteurs en utilisant un légume à court cycle dans la rotation des cultures communes, comme titre 27 d’exemple, la laitue peut agir comme culture piège au niveau du nord-est de l’Espagne quand elle est plantée en octobre ou novembre au lieu de septembre (Ornat et al., 2001). 2.3.3) Amendements organiques L’amendement organique est polysémique en couvrant plusieurs sources et produits, ycompris le fumier (Bovins, volailles...etc.), les engrais verts provenant des cultures de couverture ou des résidus de cultures, ainsi que les déchets industriels ou urbains. L'efficacité d'un amendement dépend de sa composition chimique et des espèces de microorganismes dont il favorise le développement. Les fertilisants générateurs d’ammoniaque et les amendements organiques à C/N faible sont nématicides mais l’apport de grandes quantités est nécessaire pour obtenir un contrôle efficace en plein champ (Mian & Rodriguez-Kabana, 1982). L'urée, par exemple, est nématicide lorsqu’elle est appliquée à une dose supérieure à 300 mg de N/ kg du sol mais elle peut être aussi phytotoxique à cette dose (RodriguezKabana, 1986). Souvent, les amendements organiques ne sont pas efficaces sur certains sols. En effet, les propriétés chimiques et physiques du sol et l’interaction de l’amendement avec sa microflore diffèrent d’un sol à un autre. Le pH et le pouvoir tampon du sol peuvent avoir une influence directe sur l'efficacité des amendements. Par exemple, les sols acides (pH de 5,5 à 6,5) nécessitent des quantités plus importantes des amendements de chitine pour obtenir un contrôle satisfaisant que dans des sols neutres ou alcalins (Rodriguez-Kabana et al., 1987). L’efficacité de l’amendement dépend aussi de son niveau de décomposition (Rodriguez-Kabana et al., 1987 ; Hossain et al., 1992). Les composts à base de grignons d’olive ont entraîné un pourcentage de suppression des nématodes élevée (73 à 97%) en fonction des taux d’applications, la réduction significative des galles formées sur les racines de tomate a été également constatée. Une expérience réalisée par D’Addabbo et al en 2011 a montré que le compost des grignons après combinaison avec la laine des moutons a affecté positivement la croissance des tomates, et a montré aussi que le mélange du grignon composté mélangé avec le fumier des poulets a causé une phytotoxicité importante sur les tomates. 28 Par rapport aux engrais inorganiques, Xiao et al en 2016, ont montré que le vermicompost peut supprimer d’une manière significative les parasites des racines en modulant les propriétés du sol et en renforçant la défense des plantes surtout pour les plantes sensibles. L’apport d’amendements organiques demeure une technique relativement difficile à mettre en œuvre. Pourtant, elle est probablement mieux utilisée comme mesure préventive dans les stratégies de gestion ayant comme objectifs le maintien de la fertilité et la santé du sol, plutôt qu’une technique curative pour contrôler les nématodes phytoparasites présents (Collange et al., 2011). 2.4) Résistance À ce jour, seulement quelques espèces de plantes ont montré des potentialités de résistance totale aux nématodes à galles à savoir la carotte (gène Mj-1), le coton (gènes MIC-3, rkn-1, Mi1), les prunus (gènes Ma), la tomate (gènes Mi), la pomme de terre (gènes Rmc1, MfaXII), les piments (gène N) et le poivron (gènes Me), (Djian-Caporalino et al., 2009). Les cultivars résistants aux nématodes à galles sont considérés comme composants essentiels de la gestion intégrée des nématodes. Une étude menée par Mukhtar et al., (2013) a concerné le test de quelques cultivars de concombre (Cucumis sativus) en déterminant leur réponse à M. incognita par l’inoculation de 3000 juvénile du second stade (J2), cette expérience a montré que les cultivars Mehran, Mirage, Thamin-II et Royal Sluis sont très sensibles, (nombre de galles > 100), de même, les cultivars Green Wonder, Cucumber Citriolo et Poinsett sont modérément sensibles (31 à 70 galles), tandis que quatre cultivars, Marketmore, Dynasty, Pioneer-II et Summer Green, ont été jugés modérément résistants (11 à 30 galles) avec moins de dommages que les cultivars modérément sensibles, sensibles et très sensibles. En 2018, Vaingankar et al., ont constaté une proportion élevée de parasitisme chez quatre génotypes des plantes, le génotype IgAtR-60 (IC0598184) d'A. Tricolor a un degré de parasitisme élevé aux nématodes lors de l’utilisation comme culture intercalaire dans une parcelle d'arachide, tandis que IgAtR-60 (IC-0598184) est éventuellement un génotype prometteur dans les parcelles infectées par le nématode en tant que culture intercalaire après des enquêtes de confirmation. 2.5) Méthodes biologiques Dans la nature, une panoplie d’ennemis naturels est utilisée comme agents de lutte biologique contre les nématodes à galles (Ayalew, 2018). Les champignons et les bactéries ont toutefois attiré l’attention des chercheurs en tant qu’agent de lutte biologique contre les nématodes à 29 galles, car ils revêtent une importance majeure en raison de leur applicabilité sur des vastes champs, de leur capacité de reproduction et de leur abondance (Brand et al., 2010). L’impact négatif des nématicides chimiques sur la santé humaine, animale et l’environnement ont fait du contrôle biologique une alternative incontournable dans le contrôle des nématodes phytoparasites. Certes, le marché des biopesticides connait un essor mondial ces dernières décennies avec un taux de croissance entre 10-15% contre 2% pour le marché des pesticides chimiques synthétiques (Menn et Hall, 1999). Ainsi en 2014, il représentait 4% du marché total de la protection des plantes soit 2,9 milliards de dollars en valeur, un montant qui atteindra les 6,2 milliards de dollars en 2020 (Thomas, 2014) soit 8% du marché. Au Maroc, évalué à 105,3 millions de dirhams en 2015, le marché des biopesticides devrait connaître un taux de croissance de 10,3% d'ici 2021 pour atteindre 191 millions de dirhams (Albertelli, 2016). Certes, peu de nématicides biologiques sont homologués au Maroc (Annexe 3). En effet, cinq formulations à base de Bacillus subtilis (B. subtilis), de Paecilomyces lilacinus (P. lilacinus), d’huile de Sesamum orientale (H. sesame), d’extrait d’ail (E. ail) et d’extrait de neem appelé Azadirachtine (Azad) sont autorisées pour l’utilisation (Figure 8) (ONSSA, 2018). P.lilacinus 20% E.ail 20% B.subtilis 20% H.sesame 20% Azad 20% Figure 12 : Répartition des bionématicides par matière active au Maroc 2.5.1) Pathogénicité bactérienne et antagonisme aux nématodes à galles Les bactéries associées aux œufs et juvéniles du second stade (J2) des nématodes à galles (Meloidogyne spp.) ont été étudiées par Colagiero et al., en 2018 par le biais de trois sols naturellement infestés après avoir isoler et identifier les espèces bactériennes associées 30 (Genres Pseudomonas et Bacillus, ainsi que Lysinibacillus sphaericus et un Chryseobacterium spp. non classifié), cette expérience a montré que les isolats de B. cereus, B. licheniformis, L. sphaericus, P. fluorescens et P. brassicacearum ont considérablement réduit la densité des nématodes après deux cycles de reproduction avec l’absence d’incidence sur le poids des plantes et des racines. Selon Lihong et al., (2016), les souches R2-2 de Bacillus methylotrophicus et 13-6 de Lysobacter antibioticus ont réduit significativement les galles susceptibles d’être formées suite à la présence de M. incognita, il ont aussi montré que le niveau de la maîtrise de M. incognita ainsi que l’amélioration des rendements fournis par les souches sont avérés supérieurs par rapport à l’utilisation de produits chimiques à savoir l’abamectine et le carbofuran. Dans un autre contexte, selon Yuan-yuan et al., le développement des nématodes à galles a diminué de 14% au niveau de la partie racinaire, tandis que la quantité de nématodes se nourrissant des champignons et des plantes parasites a augmenté de 10% et 137% respectivement avec une augmentation de 14% du poids frais des racines et 35% des pousses. et après inoculation de Streptomyces par un mélange de S. pactum et S. Rochei dans des pots contenant la culture de tomate, toutefois l’expérience a montré que la quantité des bactéries contribuant à la croissance des plantes et le développement des bactéries nématicides a augmenté en diminuant le développement des bactéries phytopathogènes. Les souches de rhizobactéries exploitent les acides aminés, les composés organiques et les sucres libérés par les racines des plantes hôtes pour leur croissance et énergie. Dans le cadre du mutualisme, les souches de rhizobactéries produisent des substances qui favorisent la croissance des plantes en renforçant le biocontrôle (Karthik et al., 2017). Certes, les rhizobactéries (PGPR) facilitent la croissance des plantes par la production des phytohormones (auxines, cytokines, éthylène, acide abscissique et autres composés régulateurs de croissance des plantes), en améliorant ainsi la disponibilité et l’absorption des éléments nutritifs pour la plante ce qui l’aide à faire face au stress des nématodes (PriyankHanuman et al., 2018). 2.5.2) Champignons nématophages 2.5.2.1) Champignons parasites L’utilisation de nématicides microbiens par le biais de champignons nématophages est une méthode respectueuse de l’environnement. Lors du criblage des souches de Myrothecium (Myrothecium verrucaria) contre les nématodes à galles (Meloidogyne incognita), l’extrait 31 acétonique de Myrothecium sp. KACC 40321 s’est révélé extrêmement efficace contre les juvéniles du 2ème stade de M. incognita sept jours après exposition. Le champignon est désormais identifié comme étant Myrothecium verrucaria, dont deux trichothécènes macrocycliques (Verrucarine A et Roridine A) ont été isolés et identifiés comme métabolites majeurs actifs par le biais d’une bioanalyse. Par conséquent, les concentrations de 1.88 μg/ml pour la Verrucarine A et 1.50 μg/ml pour la Roridine A ont montrés une efficacité importante pour la lutte contre M. incognita. Néanmoins, parmi divers milieux liquides, le bouillon commercial à base d’extrait de Malt (cMEB) s’est révélé meilleur pour la production de Verrucarine A et de Roridine. Le filtrat de culture (cMEB) a réduit la formation des galles sur les racines de tomates dans une expérience en pot, avec une diminution du nombre de nématodes dans le sol en conditions du terrain. Ces résultats suggèrent que M. verrucaria KACC 40321 peut être utilisé comme agent de biocontrôle contre les nématodes à galles dans diverses cultures (Nguyen et al., 2018). L’introduction des microorganismes dans l’environnement racinaire des cultures par le traitement des semences avec des agents de lutte biologique constitue l’une des pratiques les plus répandues. Dans le cadre de ce concept, une étude a évalué la viabilité du traitement des semences par Pochonia chlamydosporia pour lutter contre les nématodes à galles dans le soja sous serre, afin de déferler la percolation et la multiplication du champignon outre l’influence de la texture du sol sur M. incognita. Certes, le champignon s’est révélé capable de s’infiltrer dans le sol jusqu’à une profondeur de 50 cm en luttant contre M. incognita en sols sableux et argileux avec une percolation et colonisation plus importante dans les sols sableux (CarvalhoNasu et al., 2018). D’autres champignons ayant des effets toxiques sur le développement des nématodes à savoir Aspergillus spp. et Trichoderma spp. Certes, plusieurs espèces d'Aspergillus (A. niger, A. fumigates, A. terreus) présentent une toxicité élevée aux juvéniles de M. incognita (Jang et al., 2016), tandis que l’espèce Trichoderma asperelluma provoque une réduction des densités de populations finales des nématodes à galles dans les racines de 90% et réduit le nombre de galles jusqu’à 69% (Affokpon et al., 2017). 2.5.2.2) Mycorhizes arbusculaires L’utilisation des champignons mychoriziens arbusculaires (AMF) est considérée comme une alternative durable pour la lutte biologique contre les nématodes phytoparasites. L’évaluation de l’effet d’application individuelle et combinée de deux espèces d’AMF (Rhizophagus intraradices et Funneliformis mosseae) sur la pénétration des juvéniles (J2) du faux nématode 32 des racines (Nacobbus aberrans) qui induit la formation des galles au niveau des racines d’hôtes, a pu démontrer que les plantes inoculées avec l'AMF présentent un nombre inférieur des juvéniles (J2) dans les racines par rapport aux plantes non mycorhizées. L'utilisation de R. intraradices et de F. mosseae (à la fois individuellement et en association) a permis de réduire la pénétration des nématodes dans les racines de tomates. L'effet antagoniste des AMF sur l'invasion de N. aberrans (J2) est rapporté pour la première fois (Marro et al., 2018). La co-inoculation des mycorhizes (Rhizophagus irregularis) et des nématodes à galles (Meloidogyne incognita) dans la tomate en pots sous conditions contrôlées a permis une amélioration considérable de croissance avec une réduction importante des paramètres induits par le nématode. R. irregularis induit une activité puissante des composés phénoliques et enzymes défensives, à savoir la peroxydase (PO), la polyphényloxydase (PPO) et le superoxyde dismutase (SOD) avec une réduction significative de la teneur en malondialdéhyde (MDA) et en peroxyde d'hydrogène (H2O2) (Ishawar-Parkash et Sharma, 2017). 2.5.3) Plantes nématicides Des centaines de plantes ont fait l’objet de nombreux travaux pour une gestion durable des populations de nématodes et sont traditionnellement employées dans certains pays comme l’Asie, le Brésil et l’Inde et le Maroc. Ces plantes peuvent réagir en synthétisant de nombreuses substances qui sont néfastes aux nématodes par plusieurs manières : Elles peuvent être exsudées des racines et agir en inhibant la pénétration et l’éclosion des larves ou encore en empoisonnant les nématodes. A cet effet, Djian-Caporalino et al., (2005) signalent l’efficacité de Eragrotis curvula (Schrad.) (Poaceae) qui manifeste un effet ovicide sur les Meloidogyne, et le cas également de Coriandrium sativum L. (Apiaceae). Elles peuvent synthétiser des phytoalexines et ainsi réduire le développement et la multiplication des nématodes. Les travaux dans ce sens sont très nombreux parmi lesquels nous citons : les extraits de : Acacia gummifera Willd. , Ceratonia siliqua L. et Ononis natrix L. (Fabaceae), Tagetes patula L. (Asteraceae) et P. harmala qui sont très efficaces contre les Meloidogyne. Dans la pratique, elles sont susceptibles d’être utilisées comme engrais verts, amendements, cultures intercalaires ou encore cultures dérobées. Ainsi, introduites dans les cultures dans le but de diminuer les populations des nématodes et minimiser les dégâts causés 33 par ces dernières. A ce titre, l’exemple des Asteraceae (les Tagetes), des Fabaceae (les Crotalaires) dont l’efficacité a été notée par plusieurs auteurs (Sellami et Cheifa, 1997 ; Sellami et Zemouri, 2001 ; Ntalli et al., 2009 ; Elbadri et al., 2010). En plus de ces extraits, des études plus poussées ont permis de mettre en évidence les composés responsables de cette toxicité ; notamment à partir des composés volatils appelés huiles essentielles. 34 CHAPITRE 2 35 Chapitre 2 : Plantes médicinales nématicides utilisées dans la lutte biologique contre les nématodes à galles. Introduction Les plantes nématicides font l'objet de plusieurs études et recherches ces dernières années. Ces recherches visent à tester l'efficacité de celles qui existent déjà en parallèle de trouver de nouvelles espèces qui peuvent manifester un intérêt nématicide. Pour cela plus de 200 espèces appartenant à 80 familles différentes ont été étudiées pour leurs propriétés nématicides (Alam et al., 1990 ; Ferji et al., 2006). Ces plantes utilisées à d'autres fins telles que l'ornementation et la médecine, ont aussi des propriétés antagonistes vis-à-vis des nématodes phytophages et semblent être un moyen de lutte intéressant et moins coûteux surtout sur les cultures intensives (Tidani, 1994). Plusieurs recherches ont été menées par divers pays pour développer des méthodes de lutte naturelles contre les nématodes (Nasima et al., 2002 ; Siddiqui et Shoukat, 2003 ; Ioannia et al., 2004; Ferji et al, 2003), notamment les plantes à effet nématicide (Jothi et al., 2004). Mécanismes d’action contre les nématodes Les plantes peuvent se défendre des nématodes parasitant leurs racines de plusieurs façons. Un premier mécanisme : se nomme l'hypersensibilité. Dans ce cas, les cellules de la plante se nécrosent plus vite que l'avancée du ravageur qui meurt privé de nourriture. C'est le principe en action chez les variétés résistantes d'une espèce normalement susceptible aux nématodes. Une seconde classe de mécanismes : consiste en la production de substances inhibitrices aux nématodes. La plante produit des substances inhibitrices soit à l'intérieur ou à l'extérieur des tissus racinaires ou même dans les feuilles et les tiges. Ces substances peuvent inhiber l'éclosion des larves, la pénétration des larves dans les racines, le développement ou la reproduction du nématode ou simplement empoisonner le nématode pour entraîner sa mort. Un troisième mécanisme d'action : observé est celui de plantes sur lesquelles les nématodes ne peuvent pas former de kystes mais dont les racines exsudent une substance stimulant l'éclosion des oeufs. Les nématodes se retrouvent ainsi nombreux mais incapables de se reproduire. 36 Un dernier mécanisme d'action : ne vient pas des plantes directement mais plutôt de la décomposition de ces dernières. Ainsi, lors de l'incorporation d'un engrais vert ou d'une matière organique, il y a une stimulation de la vie du sol. La décomposition de ces matières résulte en un accroissement des fungi, nématodes, acariens et autres organismes qui agissent comme parasites ou prédateurs des nématodes parasitant les plantes (Johnson, 1959). La décomposition peut aussi engendrer des substances qui agiront contre les nématodes parasitaires. Méthodes d’utilisation En pratique, on utilise les plantes nématicides de plusieurs façons: Comme culture intercalaire en même temps qu'une culture susceptible après quoi la plante nématicide est habituellement arrachée; Comme culture dérobée ou en rotation en tant qu'autre culture; Comme engrais vert à être enfoui avant une culture susceptible; Comme amendements de sol en utilisant une ou plusieurs parties de la plante nématicide ou les résidus de la plante; Comme produit de traitement: on extrait les substances nématicides de la plante et on les applique aux racines de la plante susceptible, Plantes aromatiques et médicinales à effet nématicide proprement dit Les plantes ont la capacité de synthétiser une multitude de substances chimiques, qui sont des métabolites secondaires, ces derniers sont considérés comme étant les moyens de défense de la plante qu’elle produit contre divers agents phytopathogènes et certains ravageurs. Ces produits peuvent être exploités par les laboratoires de biopesticides (Kokalis-Burelle et Rodriguez-Kabana, 2006). Plusieurs plantes aromatiques appartenant à différentes familles botaniques ont fait l’objet d’études. Elles sont utilisées sous formes : D’extraits de plantes ou de parties de plantes incorporés dans le sol, tels que Peganum harmala (Zygophyllaceae), Acacia gummifera (Fabaceae) et Tagetes patula (Asteraceae) riches en alcaloïdes et flavonoïdes réduisent les populations des Meloidogyne (El-Allagui et al., 2006). De même que les extraits de bulbes d’ail (Allium sativa) et d’oignon (Allium alia) (Liliaceae) se sont révélés efficaces contre Meloidogyne incognita (De Waele et Davide, 1998). 37 De cultures d’engrais verts dans les assolements ou sous formes de broyats d’amendement incorporés au sol. Parmi les plantes les plus étudiées, nous citons, les crotalaires : Crotalaria spp (Fabaceae), les tagetes : Tagete spp (Asteraceae), le Margousier ou Neem : Azadirachta indica (Meliaceae), le Ricin : Ricinus communis (Euphobiaceae) (Dijan-Caporalino et Panchaud-Mattei, 1998), du pois de Mascate : Mucuna pruriens (Fabaceae) et du Sésame : Sesamum indicum (Pedaliaceae) (Zasada et al., 2006). Des plantes adventices ont aussi montré leur efficacité contre les nématodes à galles, c’est le cas du Chardon : Argemone mexicana (Papaveraceae) et de la Lampourde d’Orient : Xanthium strumarium (Asteraceae) (Shaukat et Siddiqui, 2001). Les travaux de Chellemi (2006) ont montré que même l’application des déchets végétaux urbains dans le sol dix jours avant la plantation d’une solanacée réduit 23 sensiblement la densité des Meloidogyne spp dans le sol. D’autre part, une biofumigation utilisant les résidus de culture de poivron, réduit sensiblement les populations de Meloidogyne incognita et l’indice de galle sur tomate (Piedra Buena et al., 2007). L’efficacité des déchets végétaux urbains et des résidus de culture de poivron s’accroit lorsque ces derniers sont combinés avec des engrais animaux. Plusieurs travaux ont défini le rôle du tourteau de quelques plantes dans la lutte contre les nématodes. Ainsi le tourteau du Margousier : Azadirachta indica (Meliaceae) réduit sensiblement l’intensité de l’invasion des nématodes à galle sur tomate (Kalaiarasan, 2007 ; Javed et al., 2008). L’utilisation d’amendements des tourteaux de Sésame : Sesamum indicum (Pedaliaceae) et de l’Olivier : Olea spp (Oleaceae) réduit le nombre de juvéniles dans le sol et de galles de Meloidogyne incognita sur tomate (Radwan et al., 2009). Ainsi, au Maroc ; le tourteau d’Argan : Argania spinosa (Sapotaceae), a engendré une suppression très forte des galles et des larves de Meloidogyne incognita sur les racines de concombre avec une amélioration de rendement (Azim et al., 2005) (Ferji et al., 2006) Exemple de plantes à effet nématicide 1) Le Neem : Azadirachta indica (Meliaceae) Le neem est une espèce orientale acclimatée dans de nombreux pays tropicaux. Les organes de cette espèce auraient des propriétés insectifuges/insecticides. C’est la plante la plus étudiée par les nématologistes 38 Les produits Neem : feuilles, huile, poudre et tourteau sont efficaces contre plusieurs espèces de nématodes dans le champ (Akhtar, 1998). Le Neem contient plusieurs composés chimiques (Azardirachtin, rhimbocinol, nimbin...) présentant une activité nématicide (Akhtar et Alam, 1990). L’application des broyats ou des tourteaux de Neem issues des graines de Margousier écrasée, constitue une forme d’azote à libération lente pour les plantes. Ferji et al., (2006) ont rapporté la diminution de M. javanica sur la culture de tomate à un taux de 98% en utilisant les tourteaux de neem à la dose de 2,5 T/Ha. Un apport de tourteaux de neem à la dose de 5 T/Ha sur la culture de concombre a pu réduire la densité des nématodes à galles (Azim et al, 2005). Figure 15 : Le Neem Azadirachta indica 2) Le Ricin : Ricinus communis (Euphorbiacceae) C’est une espèce subspontanée cultivée dans de nombreuses régions tropicales et tempérées. Les amendements de feuilles (50g par Kg de terre) de ricin réduisent de 30 à 50% les populations de Meloidogynes spp. et Tylenchulus semi penetrans (Bertrand et Lizot, 2000 ; Mankau et Minter, 1962). Pour le ricin, des substances constitutives présentes dans différentes parties du végétal peuvent être toxiques pour les nématodes et agir en bloquant leur développement et leur multiplication (Hackney et Dickerson, 1975). En 2006, L’extrait de la plante médicinale Ricinus communis a été évalué par Mayad et al., l’expérience a ont montré que le taux de mortalité s'accroît avec l'augmentation de la concentration de l'extrait et du temps d'incubation (le maximum du taux de mortalité a été obtenu avec l'extrait du Ricinus communis (29.67 %) à 100 μg/ml après 72 heures 39 d'incubation) , et qu’aucune toxicité sur les Meloidogyne n'a été observée avec la plus faible concentration (10 μg/ml). Singh et al. (1983) ont observé que certains amendements organiques, en particulier à base de ricin entraînent une augmentation des composés phénoliques dans les racines de la plante mise en culture. Ces composés pourraient augmenter la résistance de ces plantes aux nématodes. L’analyse des substances produites lors de la décomposition du ricin, les éléments N(azote ammoniacal), P(Phosphore), K(potassium) (Rodriguez-Kabana, 1986), qui stimulent non seulement la croissance des plantes mais aussi le développement de populations de nématodes saprophages et des parasites naturels ou prédateurs de nématodes (McBride et al., 2000). La réduction de la population des nématodes de 30 à 50% a été obtenue par amendement de feuilles du ricin (Mankau et Minter, 1962 ; Bertrand et Lizot, 2000). Ferji et al., (2006) ont rapporté que l’utilisation des tourteaux de ricin à 2.500 Kg/Ha en culture de tomate en production sous serre assure la réduction des nématodes (98,6%) et améliore significativement le rendement. Sur melon, une dose de 300 g/plant du tourteau de R. communis incorporé avant plantation a inhibé l’apparition des galles sur les racines (Azim et al., 2005). Hammaoui (2006), a montré que le broyat du ricin permet une chute considérable des larves J2 qui peut arriver à 84% avec la dose de 200 g/plants ainsi qu’une réduction des galles au niveau des racines. Benaouda (2008), a montré l’absence de galles sur les racines du melon traité à l ‘aide des broyats de ricin à raison de 100 g/plant. Figure 16: Le Ricin Ricinus communis 40 3) Ruta graveolens (Rue des jardins) Ruta graveolens L. appelée communément rue fétide, rue des jardins, herbe de grâce, rue officinale, ou rue commune est un arbrisseau de la famille des Rutaceae, du genre Ruta. C'est une plante méditerranéenne semi arbustive, d’un mètre de haut environ, très ramifiée et ligneuse à la base. Ses feuilles d’un vert terne, semi persistantes, sont alternes, pennatiséquées (souvent trilobées) et de consistance un peu charnue. Les furocoumarines : Les furocoumarines sont des agents protecteurs contre les herbivores et pathogènes (Berenbaum et Zangerl, 1986). De nombreuses études In-vitro ont confirmé la nocivité des furocoumarines pour les pathogènes et microorganismes. Par exemple, des furocoumarines contenues dans les graines d'Heracleum laciniatum inhibent la croissance in vitro du champignon Cladosporium (Junttila, 1976). La présence de furocoumarines dans ces graines présente un avantage adaptatif certain face aux micro-organismes qui menacent l'embryon au moment de la germination. Chez Ruta graveolens, la localisation physiologique des furocoumarines est préférentiellement dans les fruits (1,5% de la matière sèche du péricarpe). La répartition globale dans les feuilles est de 0,36% de la matière sèche avec une production très marquée dans les nervures (0,71% de la matière sèche). Les tiges quant à elles en contiennent des teneurs inférieures (0,2% de la matière sèche) (Milési, 2001). L’effet des extraits aqueux de Ruta graveolens sur certaines espèces de nématodes a été prouvé sur Xiphinema index (Sasanelli, 1992) et sur Meloidogyne spp. (Sasanelli et D’addobo, 1993). Ces résultats peuvent être expliqués par des concentrations élevées des alcaloïdes terpéniques, des coumarines et des flavoïdes contenues dans ces plantes (Sasanelli, 1992) Des études similaires réalisées par Sasanelli et Adabbo, (1993) ont montré que les extraits aqueux de Ruta graveolens présentent une importante activité nématicide sur les quatre espèces de Meloidogyne testées in vitro (Meloidogyne arenaria, M. hapla, M. javanica et M. incognita). Amaral et al., (2002) ont observé que les extraits de Ruta graveolens ont causé 100% d’immobilité de Meloidogyne exigua, notant que cette forte action nématicide est due à 2-1décanone et ses composantes. Au Maroc, des études ont montré que l‘extrait aqueux de Ruta graveolens présente une activité nématicide sur les Meloidodyne, et a engendré une immobilité des J2 dépassant 95% pour les concentrations (Nahi, 2016). 41 Figure 17: Rue des jardins Ruta graveolens 4) Atractylis gummifera (Chardon à glu) Le chardon à glu ou Atractylis gummifera L. est une plante bien connue dans les pays méditerranéens. Elle est responsable d’intoxications généralement accidentelles, se produisant souvent en milieu rurale. Il s’agit dans la majorité des cas d’enfants qui prennent la substance blanchâtre sécrétée par la plante pour un chewing-gum ou lorsqu'il existe une confusion entre le chardon à glu et l'artichaut sauvage. L’évolution est le plus souvent mortelle en l’absence d’un traitement spécifique. Le chardon à glu vient en tête de liste des plantes toxiques avec 15 % des cas. C’est la plante la plus dangereuse. Elle provoque plus de la moitié des cas de décès par plantes (52%). L’intoxication est saisonnière, surtout au printemps et en été ; périodes de la germination et de la fructification. Les principes toxiques de la racine sont deux glucosides diterpéniques bisulfatés solubles dans l’eau : l’atractyloside et la gummiférine (carboxy-atractyloside). La quantité d’atractyloside varie de 0,12 à 1,57% selon la provenance et la saison. La toxicité du chardon à glu est globalement due à l’action du carboxy-atra tyloside qui inhibe, en se liant avec la phosphoryl transférase, le transport des nucléotides phosphorylés (ADP et ATP) à travers la membrane mitochondriale, ce qui empêche la phosphorylation oxydative et les réactions du cycle de Krebs et perturbe la respiration cellulaire. Cette action est comparable à celle des toxines de l’amanite phalloïde. L’accélération de la glycolyse et de la glycogénolyse anaérobique ainsi que l’inhibition de la gluconéogenèse explique l’hyperglycémie transitoire, puis l’hypoglycémie et ses conséquences ultimes. 42 Figure 18: Atractylis gummifera Chardon à glu 5) Le pégane : Peganum Harmala L. Le pégane ou le harmel (au Maghreb) est une hémicryptophyte de la famille des zygophyllaceae, à odeur forte, qui pousse surtout dans les zones arides. Hammaoui (2006), a testé l’effet nématicide de deux broyats de P. harmala. Le broyat des graines et celui de la partie aérienne en raison de 50g/plant. Les graines de P. harmala ont révélé une activité nématicide supérieure à celle de la partie aérienne. Peganum harmala est réputé par se toxicité contre plusieurs espèces d'animaux et microorganismes (Bellakhdar, 1997). Les graines ont des propriétés stimulantes du système nerveux central (Al Yahya, 1986). Sijilmassi (1996) a décrit leurs effets emménagogues, anthelminthique, antispasmodiques, antibactérienne et surtout hallucinogènes. Les extraits de différents organes présentent des activités antimicrobiennes (Ross et al, 1980). Dans la majorité des cas, ces propriétés pharmacologiques observées sont dues à plusieurs types d'alcaloïdes qui sont très abondants dans les graines et les racines. Hammaoui (2006), a testé l’effet nématicide de deux broyats de P. harmala. Le broyat des graines et celui de la partie aérienne en raison de 50g/plant. Les graines de P. harmala ont révélé une activité nématicide supérieure à celle de la partie aérienne. L'application du broyâts du ricin Ricinus commis des graines et du broyat du pégane Peganum harmala a permis une chute considérable des larves J2, soient 91.3 % et 86% pour le broyat et les graines du pégane et 84% pour le broyat du ricin. (Hammaoui. 2006). 43 Figure 19 : La pégane Peganum Harmala L 6) L’armoise : Artemesia Herba-Alba L’Artemesia herba-alba ou encore armoise blanche est désignée en arabe sous le nom de « Chih ». Il s’agit de la plante aromatique la plus répandue au Maroc occupant environ 2,5 millions d’hectares. Elle est prescrite comme emménagogue, diurétique, stomachique, antiseptique intestinal, et vermifuge (Azzedine, 2004) L’extrait de cette plante médicinale a été évalué pour déterminer leur toxicité pour les nématodes à galles Meloidogyne javanica, l’expérience a montré que le maximum du taux de mortalité de 26 % a été obtenu avec la concentration de 100 μg/ml après 72 heures d'incubation. (Ferji et al., 2006). Une autre expérience a montré que le broyat d’Artemisia herba-alba à une dose de 100 g/plant a assuré une baisse de densité des Meloidogyne de l’ordre de 86% ainsi qu’une diminution des galles sur les racines de tomate (Hammaoui, 2006) 44 Figure 20 : L'armoise Artemesia Herba-Alba 7) Origanum Compactum L’extrait de cette plante médicinale a été évalué pour déterminer leur toxicité in vitro pour les juvéniles J2 des nématodes à galles Meloidogyne Javanica. Différentes concentrations ont été testées 10, 20, 50 et 100 μg/ml à la température ambiante pendant 72 heures. Le maximum du taux de mortalité de 18,03% a été obtenu avec la concentration de 100 μg/ml après 72 heures d’incubation (Mayad et al., 2013) Figure 21: Origanum Compactum 8) L’arganier : Argania Spinosa L’Arganier (Argania Spinosa L.) est un arbre endémique du Maroc (dans la région du SudOuest et en particulier la plaine du Souss). 45 Azim et al., (2005) ont rapporté que les tourteaux d’argan appliqués sur une culture de concombre ont amélioré le rendement de 112,47%, ainsi qu’une forte réduction des populations des Meloidogyne à un taux de 99,6% et un faible indice de galle. Sur la culture de tomate, l’application du tourteau d’argan à une dose de 300 g/plant permet une chute importante de la population des nématodes à galles (avec un taux de 83%) et une amélioration de la croissance végétative, ainsi que la fertilité du sol (Hammaoui, 2006). Une réduction considérable de la population des Meloidogyne spp. a été obtenue suite à l’application de deux amendements organiques, broyats de ricin Ricinus communis, un mélange des broyats de ricin et des tourteaux d’argan Argania spinosa avec des doses de 75g par plant du ricin et de 25g par plant des tourteaux d’argan. Les amendements organiques ont pu réduire, également, le degré de manifestation des dégâts en maintenant l’indice de galle à des niveaux, significativement, faibles par rapport au témoin (IG = 5, 37) (Meriem Afifi et al., 2010). 46 CHAPITRE 3 47 Chapitre 3 : Huiles essentielles des plantes aromatiques et médicinales utilisées dans la lutte biologiques contre les nématodes à galles. Généralités sur les huiles essentielles 1) Historique Sur le plan historique, le développement des procédés d’extraction remonte à l’antiquité. Par exemple, les colorants ont toujours joué un rôle très important dans la vie de l’Homme. Des fragments de tissus teints à partir de garance, datés de plus de 3500 avant J.C, ont été découverts dans les ruines de certaines civilisations indienne et égyptienne. Avicenne médecin et philosophe musulman fut l’un des premiers chercheurs qui a élaboré un procédé d’extraction des huiles essentielles par entrainement à la vapeur d’eau au début du 15ème siècle (Richard et Multon, 1992). Au début du 16ème siècle Paracelse, médecin suisse père de la pharmacognosie étudia l’âme des végétaux sous forme de quintessence (5ème essence) à laquelle le nom d’esprit a été donné puis il lui attribua le nom d’essence et finalement le nom d’huile essentielle. Plus tard au 18ème siècle, commence l’utilisation des solvants d’origine pétrochimique pour extraire les matières naturelles. En 1870, l’extraction par solvant a été mise en œuvre comme un procédé industriel en Europe ; et vers les années 1905-1910, le naphte et le gasoil commence à être extraits. Likens et Nickerson en 1964, inventent un procédé de distillationextraction simultanée pour l’industrie de la bière. Leurs travaux ont constitué la base d’innombrables recherches afin d’améliorer la qualité des produits et réduire les temps d’extraction (Martini et Seiller, 1992 ; Rose, 1965 IN : Hernondez Ocho, 2005). 2) Définition des huiles essentielles Les huiles essentielles sont des produits, le plus souvent, liquides plus ou moins épais, ayant une odeur souvent forte très caractéristique. Scientifiquement, l’essence est une sécrétion de la plante contenue dans des micropoches constituant la cellule qui va l’élaborer (Valnet, 1980). D’après Bernard et al., (1988), le terme «huile» désigne le caractère visqueux et hydrophobe et le terme «essentielle» désigne la caractéristique principale de la plante à travers ses exhalations. Ce sont des principes volatils généralement odoriférants synthétisés par l’organisme végétal et elles ont la propriété de se solubiliser dans les huiles et les graisses. 48 En 1992, Martini et Seiller, rapportent que les huiles essentielles sont des mélanges de divers produits issus d’une espèce végétale, ces mélanges passent avec une certaine proportion d’eau lors d’une distillation effectuée dans un courant de vapeur d’eau. Bruneton (1999), définit les huiles essentielles (essences : huiles volatiles) comme étant des produits de composition généralement assez complexe renfermant les principes volatils contenus dans les végétaux supérieurs. Elles sont obtenues par distillation à l’eau, ou par expression chez les Citrus. En 2000, l’Association Française de la Normalisation (A.F.N.O.R.), définit les huiles essentielles comme des produits obtenus soit à partir des matières premières naturelles par distillation à l’eau, soit à partir des fruits de Citrus par des procédés mécaniques et qui sont séparés de la phase aqueuse par des procédés physiques. Dans la nouvelle encyclopédie pour Funk et Wagualls (2004), les huiles essentielles sont décrites en tant que liquides, volatiles, la plupart du temps insolubles dans l’eau mais solubles dans l’alcool, l’éther et les huiles végétales. Récemment Telphon (2005), a proposé la définition suivante : l’huile essentielle est un produit volatile, liquide ou semi-liquide, composé de molécules aromatiques sécrétées par certaines plantes ou certains arbres. Enfin, pour certains auteurs, les huiles essentielles sont des mélanges de composés lipophiles, volatiles et souvent liquides, synthétisés et stockés dans certains tissus végétaux spécialisés ; elles sont extraites de la plante grâce à des procédés physiques et elles sont responsables de l’odeur caractéristique de la plante . 3) Répartition, localisation, production et fonction des huiles essentielles 3.1) Répartition Selon Bruneton (1999) et Regnault-Roger (2005), les huiles essentielles n’existent quasiment que chez les végétaux supérieurs, on les rencontre dans diverses familles botaniques, 17500 espèces aromatiques appartenant à un nombre limité de famille dont notamment les Myrtaceae (eucalyptus : Eucalyptus globulus Labill., myrte : Myrtus communis L.), les Lamiaceae (lavande : Lavandula stoecha L., menthe verte : M. spicata L. ), les Abieceae (pin : Pinus sp., sapin : Abies sp…), les Apiaceae (anis vert : Pimpinella anisum L., fenouil : F. vulgare L.) et les Lauraceae (laurier sauce : Laurus nobilis L., cannelle : Cinnamomum zeylanicum J.Presl.). 49 3.2) Localisation et productions Les huiles essentielles se localisent dans toutes les parties vivantes de la plante, en se formant dans le cytoplasme des cellules spécialisées (Capo et al., 1990). La synthèse des huiles essentielles revient aux appareils sécréteurs contenus dans les organes végétaux. Ces appareils sont essentiellement les cellules (Lauraceae, Zingeberaceae…), les poils glandulaires (Lamiaceae…) et les canaux sécréteurs (Apiaceae, Asteraceae…) (Bruneton, 1999 ; Telphon, 2005). D’après Paris et Moyse (1965) ; et Faboricini (1999), les huiles sont stockées dans tous les organes végétaux : bois (bois de rose : Aniba rosaeodora Ducke), écorces (cannelle : Cinnamomum zeylanicum J.Presl.), feuilles (eucalyptus : Eucalyptus sp), fruits (anis vert : Pimpinella anisum L.), graines (fenouil : F. vulgare L.), rhizomes (gingembre : Zingiber officinalis Roscoe), ainsi que dans toutes les parties ligneuses des plantes. Elles sont aussi contenues dans touts les produits d’excrétions animales comme la civette ou le musc. Elles sont souvent plus concentrées dans les brindilles, les fleurs et les graines. Dans une même plante, ces huiles peuvent exister à la fois dans différents organes. Or la composition chimique de ces dernières peut être différente d’un organe à un autre. Ainsi, dans le cas du citronnier (Citrus limon (L.) Burm. f.), la fleur et le fruit fournissent des essences de composition chimique différente (Baâli Oumer, 1987). Les teneurs en huiles essentielles sont généralement très faibles, à l’exception de celle du bouton florale du giroflier (Syzygium aromaticum (L.) Merrill et Perry) où le rendement en huile essentielle atteint largement les 15% (Guignard, 2000 ; Makhlouf, 2002). 3.3) Fonction Les huiles essentielles émises par les plantes sous forme de vapeur ont des fonctions multiples dans la nature. Elles interviennent dans les interactions végétaux-animaux en constituant un langage chimique (Sallé, 1991 ; Bruneton, 1999). Les plantes émettent des molécules volatiles pour attirer les éventuels pollinisateurs et pour repousser d’autres insectes indésirables. Ces essences, qui sont des molécules chimiques naturelles, sont aussi produites pour inhiber la croissance des plantes voisines ayant une implication anti-germinative et une protection face aux maladies et aux parasites (champignons et bactéries). Par ailleurs, elles sont une réserve énergétique pour elles en cas de nécessité. Certaines plantes attirent à elles des insectes qui, friands de leur pollen, vont le transporter jusqu’à leur partenaire en permettant ainsi de perpétuer l’espèce végétale (Guignard, 2000 ; Telphon, 2005). 50 Pour les plantes des régions désertiques, les vapeurs des huiles saturent l’air autour de la plante et permettent de maintenir une certaine humidité qui empêche la température d’augmenter d’une manière excessive le jour et de baisser au cours de la nuit (Belaiche 1979). 4) Propriétés physico-chimiques des huiles essentielles Les huiles essentielles diffèrent des huiles grasses, par leurs propriétés physiques et par leur composition, du fait que leurs tâches sur le papier sont passagères. Elles sont appréciées pour leurs propriétés organoleptiques (odeur, goût, couleur et aspect), d’où elles sont employées comme matières aromatisantes et parfumantes (Sallé, 1991). Les huiles essentielles sont des substances entrainables à la vapeur d’eau, solubles dans les solvants organiques, les alcools, liposolubles, et très peu solubles dans l’eau (Paris et Moyse, 1965). Elles sont liquides à température ambiante, volatiles et très rarement colorées. Leur densité est en général inférieure à celle de l’eau à l’exception de sassafras (Sassafras albidum (Nutt.) Nees), du girofle (Syzygium aromaticum (L.) Merrill et Perry et de la cannelle (Cinnamomum zeylanicum J.Presl.). Elles ont un indice de réfraction élevé puisqu’elles sont composées de molécules asymétriques (Bruneton, 1999). Elles sont très sensibles à l’oxydation et elles ont tendance à polymériser, leur point d’ébullition varie de 60 à 240°C. Leur densité varie de 0.75 à 1.096, elles dissolvent les graisses, l’iode, le soufre et le phosphore, et elles réduisent certains sels (Valnet, 1980). 5) Composition chimique des huiles essentielles Les huiles essentielles sont des mélanges complexes et éminemment variables de constituants qui appartiennent à deux groupes caractérisés par des origines biogénétiques distinctes : le groupe des terpènes d’une part et le groupe des composés aromatiques dérivés de phénylpropane beaucoup moins fréquent d’autre part (Bruneton, 1999). D’après Pibiri (2005), la structure des composées des huiles essentielles est constituée d’un squelette hydrocarboné, constituant une chaine plus ou moins longue. Sur ce squelette de base sont souvent présents un ou plusieurs sites fonctionnels semblables ou différents (plusieurs sites oxygénés avec un ou plusieurs atomes d’oxygènes et quelques groupes azotés ou soufrés) 51 5.1) Terpènes Dans le cas des huiles essentielles, on rencontre les terpènes les plus volatils : mono et sesquiterpènes 5.1.1) Mono terpènes C10 Les carbures sont presque toujours présents, ils peuvent être acycliques, monocycliques, ou bicycliques. Ils constituent parfois plus de 90% de l’huile essentielle. On rencontre les alcools, les phénols, les aldéhydes, les esters, les peroxydes et les cétones. Ils sont en grande partie responsables de l’odeur des plantes, fruits et feuilles (Bruneton, 1999 ; Guignard, 2000). 5.1.2) Sesquiterpènes C15 On trouve dans cette série les mêmes composants : carbures, alcools et cétones. Ils se distinguent des autres composés par leurs points d’ébullition élevés (250 à 280°C), une plus forte densité et un indice de réfraction plus élevé (Guignard, 2000). 5.2) Composés aromatiques Ils sont beaucoup moins fréquents que les précédents, ce sont des dérivés de phénylpropane (C6-C3) ; très souvent des allyl- et prophénylphénols, parfois caractéristiques de certaines huiles essentielles d’Apiaceae (Anis, Fenouil…) ; et aussi des composés de (C6C1) comme la vanilline (Bruneton, 1999). 5.3) Composés aromatiques d’origines diverses Il s’agit là de produits résultants de la transformation de molécules non volatiles, ils contribuent souvent aux aromes de fruits. On peut rencontrer des composés issus de la dégradation des terpènes, des composés issus de la dégradation d’acides gras et d’autres composés azotés ou soufrés (Bruneton, 1999). 6) Facteurs de variabilités des huiles essentielles D’après Guignard (2000) ; Regnault-Roger (2005) ; Telphon (2005), la teneur et la composition chimique d’une huile essentielle varient en fonction d’un grand nombre de paramètres : Selon les organes producteurs des plantes (feuille, fleur, fruit, bois), Selon l’espèce botanique : la composition chimique et les propriétés des huiles essentielles diffèrent d’une manière importante selon les variétés, exemple : 52 Lavandula vera D.C. variété fragans (sauvage) et Lavandula vera D.C. variété maillette (cultivée), Selon la physiologie (cycle biologique), la proportion de l’huile essentielle élaborée par la plante n’est pas identique à tous les stades de développement, Selon les facteurs climatiques, la nature du sol, les pratiques culturales, les conditions de culture pour une même souche végétale (ensoleillement, humidité, longueur du jour, fertilité du sol, altitude, etc.…), Selon les différents procédés d’extraction (analytique), Selon les races chimiques (chimiotypes), la composition chimique des huiles essentielles varie d’une espèce à l’autre et au sein de la même espèce (le thym avec 7 races chimiques). 7) Conservation des huiles essentielles Les huiles essentielles sont très volatiles et très fragiles, elles doivent être conservées dans des flacons propres secs en aluminium, en acier inoxydable ou en verre teinté anti actinique, presque entièrement remplis sous gaz inerte, et fermés d’une façon étanche, de préférence auto jointe c'est-à-dire avec un bouchon scellé pour qu’elles ne s’oxydent pas à l’air libre. A la fin, elles sont stockées à l’abri de la lumière et de la chaleur afin d’éviter leur polymérisation. En général, le délai de conservation peut aller de six mois à trois ans, selon la nature de l’huile essentielle et la qualité du solvant (Sallé, 1991 ; Bruneton, 1999 ; A.F.N.O.R, 2000 ; Telphon, 2005). 8) Toxicité des huiles essentielles Les huiles essentielles d’usage humain ont une toxicité aigue par voie orale (ingestion), la majorité de celles qui sont couramment utilisées ont une DL 50 comprise entre 2 et 5 g/kg : anis vert (Pimpinella anisum L.), eucalyptus (Eucalyptus sp.), girofle (Syzygium aromaticum (L.) Merrill et Perry), supérieur à 5 g/kg : citronnelle (Cymbopogon citratus (DC.) Stapf), lavande (Lavandula sp.), ou bien une DL 50 comprise entre 1 et 2 g/kg : basilic (Ocimum basilicum L.), estragon (Artemisia dracunculus L.). La toxicité chronique des huiles essentielles est assez mal connue et les effets secondaires ne sont que rarement signalés (Bruneton, 1999). Le thym (Thymus saturejoïdes L.), l’origan (Origanum vulgare L.) et la sarriette (Satureja montana L.) sont connues pour leur pouvoir irritant, la bergamote (Citrus bergamia Risso et Poit.) est photo-sensibilisante, la cannelle (Cinnamomum zeylanicum J.Presl.) est dermocaustique et allergisante pour les terrains sensibles (Pibiri, 2005). 53 9) Potentialités nématicides des huiles essentielles Selon Djian-Caporalino et al., (2009), plus de 200 plantes appartenant à 80 familles botaniques sont signalées pour leurs propriétés nématicides. Plusieurs travaux ont signalé l’efficacité des huiles essentielles vis-à-vis des nématodes. Ainsi, l’huile essentielle de Pelargonium graveolens L.(Geraniaceae) est efficace vis-à-vis de M. incognita avec un taux de mortalité de 100% à une concentration de 826 µl/l (Leela et al., 1992). De même, Perez et al. (2003) rapportent l’activité nématicide de l’huile de Chrysantemum coronarium L. (Asteraceae) vis-à-vis de M. artiellia Franklin. Oka et al., (2000) ont rapporté que des huiles essentielles extraites à partir des espèces végétales inhibent la mobilité et l'éclosion de M. javanica. Egalement, l'huile essentielle de Chrysanthemum coronarium L. (Asteraceae) a montré une forte activité nématicide contre M. artiellia Franklin. Park et al., (2005), ont signalé l’efficacité de l’huile essentielle d’Allium sativum L. contre le nématode du pin Bursaphelenchus xylophilus (Steiner et Buhrern) Nickle (Parasitaphelenchidae). Une forte activité nématicide des extraits de l’huile essentielle de Thymus syriacus Boiss. à des concentrations très faibles de 250 à500 µl/l sur la mobilité des larves du 2 ème stade et l’inhibition de l’éclosion des œufs de M. arenaria a été rapportée par Soler-Serratosa et al., 1995. Le potentiel nématicide des extraits éthanoliques, méthanoliques et de l’huile essentielle de Thymus zygis (Loefl) L. a été démontré. En effet, l’expérience faite par Echchgadda et al., a montré que le pourcentage de mortalité le plus élevé est celui de l’huile essentielle de T. zygis avec 69.7% après 72 heures à une concentration de 100ppm, et in vivo ces mêmes extraits ont montré une diminution des populations des Meloidogyne dans les racines le sol et l’indice de galles (Echchgadda et al., 2010 ). Enfin, de nombreux travaux ont montré une gamme de substances testées comprenant les extraits éthanolique, hexanique et les huiles essentielles appartenant à plusieurs familles botaniques, telles que : Caloptropis procera Aiton.( Asclepiadaceae) (Reina et al., 2002 ), Azadirachta indica A. juss. (Meliaceae) (Javed et al., 2007) contre les nématodes et particulièrement contre les Meloidogyne. En Algérie, Sellami et al., (2009) mentionnent l’efficacité des huiles essentielles d’Origanum glandulosum Desf. , Artemisia herba alba Asso. et Salvia officinalis L. sur la mortalité des larves et le potentiel d’éclosion des œufs de M. incognita. Ces mêmes auteurs attribuent cette 54 toxicité à la richesse en tanins, en saponosides, en alcaloïdes et en flavonoïdes, présents dans les feuilles de ces plantes et mis en évidence par les tests phytochimiques. Exemple d’huiles essentielles qui ont montrés une efficacité vis-à-vis des nématodes L’huile d’absinthe La toxicité de l'huile essentielle des feuilles d'absinthe (Artemisia Annua) a été évaluée in vitro contre les larves (J2) de nématodes à galles (Meloidogyne incognita) et contre le stade pré-adulte du nématode (Rotylenchulus reniformis). Une mortalité de 100% de ces deux nématodes a été trouvée en 500 et 250 ppm et même avec des concentrations plus faibles. (Shakil et al., 2004). L’huile de tagète . La toxicité de z-β-ocimene et le dihydrotagetone (deux molécules isolées de l'huile de Tagetes minuta) aux œufs et aux larves juvéniles de M. Incognita ont été mises en évidence In vitro (Adekunle et al., (2007) . Ces auteurs ont rapporté des toxicités des œufs et des larves du 2ème stade par les huiles de Tagetes minuta à 4%, 3%, 2% et 1%. Des études ont révélé que le dihydrotagetone montre un plus haut niveau de la toxicité par un taux d’inhibition d’éclosion de 72–79% en 14 jours, ce taux est proportionnel à la concentration de l'huile. De même, les juvéniles sont incubés dans l’huile de T. minuta, ils ont été tué en 72 h. L’huile de chrysanthemum Les résultats d’une expérience, réalisée par Chandravadana et al., en 1994 et Chitwood en 2002, ont montré un effet direct de l’huile essentielles de Chysanthemum coronarium sur la biologie des nématodes à galles en perturbant l’éclosion et la viabilité des J2. Le pourcentage d’éclosion des œufs de M. Artiellia, nématode à galles sur racines des céréales, était considérablement influencé par la concentration de l'huile essentielle de C. coronarium durant tout l’essai mené par Perez et al., (2003). La viabilité de J2 de M. Artiellia a été influencée par la concentration de C. coronarium. Le pourcentage de mortalité été considérablement plus élevé pour J2 incubés dans l'huile essentielle à 16 ul/ml. En outre, avoir des effets insecticides ou fongicides ont aussi été rapportés pour l’huile essentielle de C. coronarium (Pérez et al., 1999 ; L'Alvarez-Castellanos et al., (2001). 55 Huile de thym Une forte activité nématicide des extraits de l’huile essentielle de Thymus syriacus Boiss. à ème des concentrations très faibles de 250 à 500 μl/l sur la mobilité des larves du 2 stade et l’inhibition de l’éclosion des œufs de M. Arenaria a été rapportée par Soler- Serratosa et al.,1995. Le potentiel nématicide des extraits éthanoliques, méthanoliques et de l’huile essentielle de Thymus zygis (Loefl) L. a été démontré. En effet, le pourcentage de mortalité le plus élevé est celui de l’huile essentielle de T. zygis avec 69.7% après 72 heures à une concentration de 100 ppm ; in vivo ces mêmes extraits ont montré une diminution des populations des Meloidogyne dans les racines, le sol et l’indice de galles (Echchgadda et al., 2010 ). Huile d’origan Une expérience a été menée par Oka et al (2010). Durant cette expérience, ils ont testé l’effet de plusieurs huiles essentielles parmi lesquelles, il y a huile essentielle de l’origan (Origanum). L’application de cette huile à une concentration de 200 mg/kg dans un pot contient 4 kg du sol infesté par les Meloidogyne Javanica a permis de réduire les dégâts occasionnés dans les racines de la tomate. Ces dégâts ont été évaluées 50 jours après la plantation de la tomate sur la base de l’indice de galle selon l’échelle de Taylor et Sasser (1979). L’indice de galles enregistré était de l’ordre de 1. Par conséquent, selon Oka et al. (2010) l’huile essentielle de l’origan a une activité nématicide In vivo qui est due principalement au carvacrol. Une étude a été menée par Sellami et al, 2010 afin de déterminer l’effet In vitro des différentes concentrations (50-800 μl/l) de l’huile essentielle de l’Origanum glandulosum sur la mortalité des juvéniles après une période de 24, 48 et 72 heures d’exposition, et l’éclosion des œufs de Meloidogyne Incognita maintenue dans la même solution pendant 12 jours. Ces effets sont comparés à un témoin et le nématicide fénamiphos à 332 μg/l. Les DL50 sont aussi calculées pour les deux effets. Les résultats montrent que l’huile testée tue les larves du deuxième stade et inhibent l’éclosion des œufs de M. Incognita dont l’effet varie selon le temps d’exposition et la concentration. Le pourcentage de mortalité des larves de deuxième stade du nématode varie entre 31,5 à 100 pour O. glandulosum et de 62 à 74,6 pour le fénamiphos. Le pourcentage d’inhibition de l’éclosion cumulative des œufs est compris entre 26,7%-70,3% et de 63,5% à 68,9% pour le fénamiphos. Les DL50 pour la mortalité des larves après 72 heures et l’éclosion des œufs après 12 jours sont de 89,7% et 57%. Nasiou et Giannakou (2017) ont rapporté que le carvacrol qui est un composé majeur de l’huile essentielle d’origan a inhibé l’éclosion des œufs de Meloidogyne avec une concentration de 250 ppm par 60%. Il a engendré aussi un pourcentage de mortalité des j2 de 56 100% après 48h d’exposition avec une concentration de 500 ppm et pour la première fois ils ont trouvé que le carvacrol inhibe la différenciation des œufs. Une expérience a été menée par Chatry (2017) afin de déterminer l’effet in vitro de l’huile essentielle de l’origan sur la mortalité des juvéniles. Le résultat de ce travail montre que la concentration 32 μl/ml et 16 μl/ml inhibe après 8 jours l’éclosion des œufs de M. Incognita à plus de 60%. Par ailleurs, ces mêmes concentrations ont causé après 72h d’exposition, un taux de mortalité de J2 dépassent 70%. Les pourcentages de mortalité des J2 ainsi que l’éclosion des œufs les plus élevés ont été enregistrés à une concentration 32μl/ml (81,6%, 73,92% respectivement). Huile de cannelle Ishibashi et Kubo, (1987) ont rapporté que l’aldéhyde cinnamique (Dcinnamaldehyde), qui est le composant majeur de l'huile de la cannelle possède un effet nématicide très fort in vitro. De même Nguyen et al., (2013) rapportent que l’huile essentielle de cannelle exerce un effet d'inhibition de l'éclosion de M. Incognita in vitro. Un essai In vitro par Salim et al., (2016), a montré qu’après 48 h d’exposition et avec la concentration de 10 ppm, la cannelle a engendré un taux de mortalité de 60% des larves J2 de Meloidogyne. Chatry (2017), a obtenu des taux de mortalité des J2 très élevés (82, 4%) à une concentration de 32 μl/ml Huile de Senecio Glaucus subsp. Coronopifolius Une forte activité nématicide des extraits de l’huile essentielle de Glaucus subsp. Coronopifolius à une concentration de 16000 ppm sur la mobilité des larves J2 de M. Javanica a été rapportée par Khadija Basaid et al., 2020 Huile de Pelargonium graveolens L. (Geraniaceae) Leela et al., (1992) ont rapporté un effet nématicide de l’huile du Pelargonium graveolens L. in vitro vis-à-vis de M.incognita . Ils ont obtenu un taux de mortalité de 100% à une concentration de 826 µl/l de ces huiles. Huile de l’O. Glandulosum En exposant les larves du 2ème stade des M. incognita à l’huile essentielle de l’O. Glandulosum In vitro à des concentrations 200 μl/l, 400 μl/l et 800 μl/l Sellami et al., (2010) ont constaté des taux de mortalité des larves dépassant 60 % pour les doses 200 µl/l et 400 µl/l, voir même 100% pour la dose 800 µl/l 57 En ce qui concerne l’effet des huiles testées sur l’éclosion des œufs, Les mêmes auteurs ont rapporté des taux d’inhibition de l’éclosion de 70,3% avec la dose d’huile de l’ O. glandulosum 800 µl/l tandis qu’aux doses moyennes de 200 µl/l et 400 µl/l, le pourcentage d’inhibition obtenu est respectivement de 50,2% à 57,9%. Huile de l’Herba alba L’Artemesia herba-alba Asso ou encore armoise blanche est désignée en arabe sous le nom de “Chih”;”fessi”. Il s’agit de la plante aromatique la plus répandue au Maroc occupant environ 2,5 millions d’hectares, cette Caméphyte 20-40 cm de hauteur s’étend sur les hauts plateaux de l’Est, la haute Moulouya, les piéments sud du Haut Atlas, l’Anti-Atlas et les versants du Souss. De même cette espèce persiste encore dans la région Ouest aride du Haouz. Elle est prescrite comme emménagogue, diurétique, stomachique, antiseptique intestinal, et vermifuge (Azzedine, 2004). Sellami et al., (2010) a menu une étude dont le résultat montre que à une dose de 200 µl/l et 400 µl/l, et après 72 heures d’exposition, les pourcentages de mortalité atteint les 100% En ce qui concerne l’effet des huiles testées sur l’éclosion des œufs, les résultats montrent qu’aux fortes doses (800 µl/l), le taux d’inhibition de l’éclosion est de 62,8%. 58 Conclusion Générale 59 Conclusion générale Depuis plusieurs décennies, l’agriculture a été tributaire des nématicides de synthèse pour combattre les nématodes à galles, leur efficacité est certes indéniable du fait que ces composés de synthèse possèdent des effets positifs sur les rendements et la qualité des produits agricoles. Malgré leurs avantages, ils causent de sérieux problèmes environnementaux, de la sécurité alimentaire et sur la santé du consommateur. En revanche, actuellement ces préoccupations se sont traduites par des actions politiques à travers de restrictions et limitations de leur utilisation. Face à ce constat, pour gérer ces nématodes pour une agriculture durable la recherche de procédés alternatifs est indispensable. Ainsi, l’utilisation des plantes aromatiques et médicinales (extraits et huiles essentielles) constituent une voie de recherche intéressante et prometteuse vu les avantages qu’elle présente. C’est dans ce contexte que s’est inscrit l’objectif de notre présente étude qui vise à donner un aperçu sur les plantes aromatiques et médicinales ainsi que leurs huiles essentielles, utilisées comme alternatives aux nématicides chimiques, dans la lutte contre les nématodes à galles. A la lumière de cet aperçu sur les plantes aromatiques et leurs effets sur les nématodes à galles, cette alternative ne peuvent pas constituer une solution suffisante pour la lutte contre les nématodes à galles durant tout le cycle de production des cultures. Les attaques de nématodes constituent une contrainte sérieuse à la production. Pour ce, la combinaison de plusieurs moyens de lutte biologique à la fois préventifs et curatifs s’avère indispensable. 60 Références bibliographiques 61 Références bibliographiques Abada K.A., Faten M., Hala A.M. et El-Dakar M. (2014). Effect of combination among bioagents, compost and soil solarization on management of strawberry Fusarium Wilt. American Journal of Life Sciences (2): 39-46. Achouri, M. et Ferji, Z., 2007. Brochure d’utilisation des alternatives au bromure de méthyle en culture de tomate au Maroc, Préparé dans le cadre du Projet MP/MOR/04, ONUDI (2007). Adekunle, O.K., Acharya, R.et Singh, B., 2007. 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Volume 112: 34-41. 71 Annexes 72 ANNEXE 1 : Liste des produits nématicides fumigants autorisés au Maroc par l'ONSSA, campagne 2017-2018 Nématicide Matière active DMDS Metam-sodium Formulation ACCOLADE EC (94.4%) PALADIN EC (94.4%) AFROLAND (510 g/l) DAL 510 (510 g/l) NEMAPROP (510 g/) NEMAPROP DUO (500 g/l) NEMAPROP DUO (690 g/l) NEMAPROP N 570 (570 g/l) NEMAPROP PLUS (510 g/l) TREATSOIL 51 (510 g/l) RAISON 50 (50%) CONDOR F (93%) DD-90 DAR (jours) 14 15-30 14-28 15-30 14-28 15-30 14-28 21 EMULSIONABLE Fumigant 73 (1110 g/l) DD-92 (1113 g/l) DORLONE (93%) FLASH-OR (93%) INLINE TM 1,3-Dichloropropène (93.6%) NEMATRAP (1110 g/l) TELONE (97.5%) CONDOR EXTRA (60.8%) / (33.3%) FLASH-SOL (55.4%) / (32.7%) FLASH-SOL FE (36.7%) / (52.8%) NEMAFLASH (55.4%) / (32.7%) 1,3TELODRIP (60.8%) Dichloropropène/ / (33.3%) Chloropicrine TRI FORM 40 EC (57%) / (38%) 21-90 21 21 - ANNEXE 2 : Liste des produits nématicides non-fumigants autorisés au Maroc par l'ONSSA, campagne 2017-2018. Nématicide Matière active Produits DAR (jours) AFROMYL (100 g/l) VIVA 240 SL (240 30 g/l) VYDATE 10 G (10%) 21 Oxamyl VYDATE 10 L (100 g/l) VYDATE L (240 g/l) MOCAP 10 G (10%) 60 MOCAP 20 EC (200 7-60 Ethoprophos g/l) NEMACUR 10 G 90 (10%) Phenamiphos NEMACUR 240 CS 60 (240 g/l) RUGBY 10 G (10%) 7-30 RUGBY 200 CS 3-30 Cadusafos (200 g/) Non-fumigant SOLVINOVA (20 g/l) CLERANOVA (20 Abamectine 3 g/l) VELUM PRIME (400 g/l) Annexe 3 : Liste des produits nématicides biologiques autorisés au Maroc par l'ONSSA, campagne 2017-2018 Nématicides Matière active Paecilomyces lilacinus Extrait d’ail Produits BIOACT WG (6% (1x10E10 spores/g) NEMAGUARD GRANULES (450 g/kg) Biologique Azadirachtine OIKOS (31,95 g/l) Huile de sésame SESAMIN EC (70%) Bacilus subtilis (Souche IAB/BS03) SEYLAND (7,5x10E6 CFU) ONSSA, 2018 74