Journal
français
d’ophtalmologie
(2014)
37,
486—496
Disponible
en
ligne
sur
ScienceDirect
www.sciencedirect.com
REVUE
GÉNÉRALE
L’amblyopie
Amblyopia
C.
Orssauda,,b
aConsultation
d’ophtalmologie,
HEGP,
AP—HP,
20,
rue
Leblanc,
75015
Paris,
France
bService
d’ophtalmologie,
hôpital
Necker-Enfants
Malades,
AP—HP,
149,
rue
de
Sèvres,
75015
Paris,
France
Rec¸u
le
11
d´
ecembre
2013
;
accepté
le
22
janvier
2014
Disponible
sur
Internet
le
2
avril
2014
MOTS
CLÉS
Amblyopie
;
Anisométropie
;
Atropine
;
Dépistage
;
Occlusion
;
Pénalisation
;
Réfraction
;
Strabisme
Résumé
L’amblyopie
est
un
trouble
du
développement
de
l’ensemble
du
système
visuel,
y
compris
du
cortex
extra-strié,
qui
se
manifeste
principalement
par
une
altération
de
l’acuité
visuelle
au
niveau
de
l’œil
dominé.
Néanmoins,
d’autres
anomalies
de
la
fonction
visuelle
peuvent
être
observées
tel
qu’un
déficit
de
la
sensibilité
aux
contrastes,
de
la
vision
stéréo-
scopique
ou
binoculaire
et
certaines
perturbations
peuvent
être
retrouvées
au
niveau
de
l’œil
«
sain
».
L’amblyopie,
qui
survient
lors
de
la
période
critique
du
développement
cérébral,
peut
être
la
conséquence
d’anomalies
organiques
des
voies
optiques,
d’une
privation
visuelle
ou
d’un
trouble
fonctionnel,
au
premier
rang
desquels
une
anisométropie
ou
un
strabisme.
La
confir-
mation
du
diagnostic
d’amblyopie,
nécessaire
avant
la
mise
en
route
de
la
rééducation,
repose
essentiellement
sur
la
mesure
de
la
réfraction
sous
cycloplégie,
la
mesure
de
l’acuité
visuelle
et
le
bilan
orthoptique.
Mais
son
dépistage
ou
celui
des
situations
à
risque
permet
une
prise
en
charge
plus
précoce.
La
rééducation
est
d’autant
efficace
que
l’enfant
est
jeune
et
ne
peut
être
effectuée
qu’avant
la
fin
de
la
période
critique.
Cette
rééducation
nécessite
la
coopéra-
tion
des
parents
pour
être
efficace.
Elle
repose
sur
l’occlusion
ou
la
pénalisation
de
l’œil
sain
permettant
à
l’œil
amblyope
de
développer
sa
vision
et
doit
être
complétée
par
un
traitement
d’entretien
jusqu’à
la
fin
de
la
période
critique.
En
son
absence,
il
existe
un
risque
de
récidive.
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EMC
Ophtalmologie
:
Orssaud
C.
Amblyopie.
EMC
Ophtalmologie
2011;8(4):1-12
[Article
21-595-A-10].
Correspondance.
Adresse
e-mail
:
http://dx.doi.org/10.1016/j.jfo.2014.01.004
0181-5512/©
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L’amblyopie
487
KEYWORDS
Amblyopia;
Anisometropia;
Atropine;
Occlusion;
Penalization;
Refraction;
Strabismus;
Screening
Summary
Amblyopia
is
a
developmental
disorder
of
the
entire
visual
system,
including
the
extra-striate
cortex.
It
manifests
mainly
by
impaired
visual
acuity
in
the
amblyopic
eye.
However,
other
abnormalities
of
visual
function
can
be
observed,
such
as
decreased
contrast
sensitivity
and
stereoscopic
vision,
and
some
abnormalities
can
be
found
in
the
‘‘good’’
eye.
Amblyopia
occurs
during
the
critical
period
of
brain
development.
It
may
be
due
to
organic
pathology
of
the
visual
pathways,
visual
deprivation
or
functional
abnormalities,
mainly
ani-
sometropia
or
strabismus.
The
diagnosis
of
amblyopia
must
be
confirmed
prior
to
treatment.
Confirmation
is
based
on
cycloplegic
refraction,
visual
acuity
measurement
and
orthoptic
assess-
ment.
However,
screening
for
amblyopia
and
associated
risk
factors
permits
earlier
diagnosis
and
treatment.
The
younger
the
child,
the
more
effective
the
treatment,
and
it
can
only
be
achieved
during
the
critical
period.
It
requires
parental
cooperation
in
order
to
be
effective
and
is
based
on
occlusion
or
penalization
of
the
healthy
eye.
The
amblyopic
eye
may
then
develop
better
vision.
Maintenance
therapy
must
be
performed
until
the
end
of
the
critical
period
to
avoid
recurrence.
©
2014
Elsevier
Masson
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All
rights
reserved.
Introduction
L’amblyopie
est
un
trouble
du
développement
de
l’ensemble
du
système
visuel,
retentissant
tant
au
niveau
de
la
rétine
que
du
cortex
strié
et
extra-strié.
Elle
se
manifeste
non
seulement
par
une
acuité
visuelle
(AV)
anormalement
basse
ou
abaissée
au
niveau
d’un
œil
ou
des
deux,
mais
aussi
par
de
nombreuses
autres
anomalies
de
la
fonction
visuelle.
Du
fait
de
ces
altérations
visuelles,
l’amblyopie
peut
entraver
la
réalisation
de
tâches
nécessitant
un
bon
contrôle
visuel,
per-
turber
les
activités
scolaires
ou
extrascolaires
notamment
certains
sports
et
enfin
limiter
le
choix
professionnel
[1]
Les
mécanismes
physio-pathogéniques
de
l’amblyopie
ont
été
largement
étudiés
chez
l’animal
puisqu’elle
constitue
un
modèle
particulièrement
intéressant
pour
compren-
dre
le
développement
des
cartes
visuelles
et
du
système
nerveux
central.
Ces
travaux
ont
permis
de
préciser
au
mieux
la
notion
de
période
critique
du
développement
du
système
nerveux,
de
préciser
les
conséquences
des
différents
facteurs
amblyogènes
sur
le
système
visuel
et
d’affiner
les
modalités
thérapeutiques.
Depuis
quelques
années
l’utilisation
des
techniques
d’exploration
in
vivo
a
permis
de
confirmer
et
d’affiner
ces
résultats
chez
l’homme.
Il
est
habituel
de
classer
les
différentes
causes
d’amblyopie
selon
trois
groupes
:
organiques,
fonctionnelles
ou
par
privation
visuelle
[2].
Il
est
essentiel
de
recon-
naître
les
situations
à
risque
d’amblyopie.
Il
est
également
important
de
rechercher
une
amblyopie
organique
ainsi
que
l’anomalie
qui
en
est
à
l’origine,
afin
de
les
prendre
en
charge
le
plus
tôt
possible.
Toutefois,
la
majorité
des
amblyopies
observées
en
pratique
courante
sont
unilaté-
rales
et
fonctionnelles.
L’amblyopie
est
alors
volontiers
due
à
un
strabisme
qui
peut
également
constituer
une
compli-
cation
amenant
à
son
diagnostic.
Mais,
ce
n’est
pas
la
seule
cause
et
le
dépistage
de
l’amblyopie
constitue
un
problème
de
santé
public,
justifiant
de
réaliser
un
examen
ophtal-
mologique
chez
tous
les
enfants
avant
l’âge
de
3
ou
4
ans
[3].
Ce
dépistage
précoce
permet
de
débuter
la
rééduca-
tion
avant
la
fin
de
la
période
critique,
ce
qui
constitue
le
meilleur
garant
de
sa
rééducation
rapide
et
efficace.
Au-
delà
de
la
fin
de
la
période
sensible,
la
rééducation
reste
possible,
mais
elle
est
nettement
plus
difficile
et
longue.
Cette
rééducation
utilise
différentes
techniques,
occlusions
ou
pénalisations,
en
fonction
de
l’âge
de
l’enfant,
de
sa
coopération,
du
type
et
de
la
profondeur
de
l’amblyopie.
Néanmoins
plusieurs
schémas
thérapeutiques
permettant
de
lutter
contre
la
dominance
d’un
œil
peuvent
être
utilisés.
Cette
rééducation
débute
toujours
par
la
prescription
d’une
correction
optique
déterminée
sous
cycloplégie.
Définition
et
épidémiologie
de
l’amblyopie
Définition
L’amblyopie
correspond
à
une
anomalie
de
la
maturation
des
structures
cérébrales
traitant
de
différents
éléments
de
la
fonction
visuelle
provenant
d’un
œil
ou
des
deux,
et
notam-
ment
la
discrimination
des
formes,
la
localisation
spatiale,
la
vision
binoculaire
et
stéréoscopique,
en
raison
d’une
uti-
lisation
anormale
ou
déficitaire.
Cette
dernière
peut
être
la
conséquence
d’interactions
binoculaires
anormales
ou
d’une
pathologie
organique
du
globe
oculaire,
de
son
envi-
ronnement
ou
des
voies
optiques.
Cette
définition
permet
d’expliquer
les
différentes
caractéristiques
de
l’amblyopie
:
elle
peut
être
uni-
ou
bilatérale.
Il
existe
3
formes
d’amblyopie
:
par
privation
visuelle,
liée
à
une
cause
orga-
nique
ou
à
une
cause
fonctionnelle
[2,4]
;
l’AV
de
l’œil
dominé
ne
se
développe
pas
avec
l’âge
ou
baisse
secondairement
après
un
développement
normal.
Ce
signe
clinique
est
évident
quelle
que
soit
l’étiologie
de
l’amblyopie,
mais
n’est
pas
le
seul
déficit
visuel.
Selon
le
type
d’amblyopie,
d’autres
anomalies
peuvent
être
retrouvées
lorsqu’elles
sont
recherchées
:
déficits
de
la
sensibilité
aux
contrastes,
de
la
vision
binoculaire,
de
la
stéréoscopie
ou
de
la
localisation
spatiale.
Enfin,
il
existe
un
substrat
anatomohistologique
à
ces
anomalies
de
la
fonction
visuelle
tout
au
long
de
la
voie
optique
;
elle
survient
pendant
une
période
dite
critique
au
cours
de
laquelle
peuvent
survenir
des
modifications
histologiques
du
système
nerveux
et
des
modifications
fonctionnelles
des
cellules
qui
le
composent.
En
corollaire,
le
traitement
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488
C.
Orssaud
de
l’amblyopie
ne
peut
être
effectué
qu’au
cours
de
cette
même
période,
c’est-à-dire
jusqu’à
6
ou
7
ans.
C’est
pour-
quoi
l’amblyopie
est
«
semi-urgence
».
Ce
traitement
doit
viser
à
favoriser
l’utilisation
de
chaque
œil
pour
per-
mettre
que
la
maturation
cérébrale
puisse
reprendre
et
s’approcher
le
plus
possible
de
la
normale.
Épidémiologie
L’amblyopie
est
la
cause
la
plus
fréquente
de
mauvaise
vision
unilatérale
chez
l’enfant.
Sa
prévalence
varie
en
fonction
de
l’âge.
Elle
est
faible
avant
6
mois
et
serait
comprise
entre
3
et
5
%
chez
les
enfants
de
moins
de
6
ans
[5,6].
L’amblyopie
se
retrouve
partout
dans
le
monde
mais
avec
une
prévalence
variable
[7—9].
Ces
fréquences
relatives
peuvent
dépendre
des
modalités
de
dépistages
et
de
traitement
[10].
Profondeur
de
l’amblyopie
Le
terme
«
d’amblyopie
»
devrait
être
suivi
de
son
caractère
uni-
ou
bilatéral
ainsi
que
de
sa
profondeur.
Une
amblyo-
pie
est
dite
profonde
lorsque
l’AV
de
l’œil
dominé
est
à
1/10,
moyenne
lorsque
l’acuité
de
cet
œil
est
comprise
entre
1/10
et
4/10
et
légère
lorsque
l’acuité
est
5/10,
l’amblyopie
est
dite.
Enfin,
une
amblyopie
est
qualifiée
de
relative
lorsqu’il
existe
une
différence
d’au
moins
deux
lignes
d’AV
entre
les
deux
yeux.
Mais
cette
classification
ne
peut
pas
être
utilisée
chez
les
enfants
les
plus
jeunes,
dont
l’AV
maximale
n’a
pas
atteint
10/10.
Étiologies
de
l’amblyopie
Les
principales
étiologies
de
l’amblyopie
se
divisent
en
trois
grands
groupes
:
étiologie
organique,
privation
visuelle
ou
cause
fonctionnelle.
Ce
dernier
groupe,
le
plus
fréquent
en
clinique,
associe
des
anomalies
de
la
vision
binoculaire
et
des
anisométropies.
Anomalies
oculaires
responsables
d’amblyopie
organique
Il
est
impossible
d’établir
une
liste
exhaustive
de
toutes
les
anomalies
oculaires
responsables
d’amblyopie
organique.
Cette
dernière
peut
être
associée
à
une
amblyopie
fonction-
nelle
et
c’est
parfois
l’efficacité
limitée
d’une
rééducation
bien
conduite
qui
amène
à
la
découvrir.
En
effet,
elles
répondent
mal
à
la
rééducation.
Néanmoins,
des
évolutions
assez
favorables
sont
possibles
et
il
est
essentiel
de
tenter
la
rééducation
de
la
part
fonctionnelle
de
ces
amblyopies
organiques.
Présentation
clinique
et
le
pronostic
des
amblyopies
par
privation
visuelle
La
présentation
clinique
et
le
pronostic
des
amblyopies
par
privation
visuelle
dépendent
de
leur
caractère
uni-
ou
bila-
téral,
de
l’âge
de
survenue
ainsi
que
de
celui
auquel
il
sera
possible
de
lever
cette
privation.
Ces
conséquences
sont
d’autant
plus
importantes
que
l’atteinte
est
unilatérale,
précoce
et
qu’il
n’est
pas
possible
de
rétablir
rapidement
une
vision
équilibrée
entre
chaque
œil.
C’est
pourquoi
une
forme
unilatérale
est
de
moins
bon
pronostic
visuel
qu’une
forme
bilatérale
et
qu’une
privation
visuelle
tardive
a
un
retentissement
visuel
moindre
qu’une
forme
précoce.
Amblyopies
anisométropiques
Les
amblyopies
anisométropiques
sont
très
fréquentes.
Plusieurs
équipes
ont
précisé
les
valeurs
d’anisométropie
au-delà
desquelles
il
existe
un
risque
important
de
dévelop-
per
une
amblyopie
(Tableau
1)
[11,12].
Ces
amblyopies
sont
rarement
profondes.
Leur
pronostic,
qui
dépend
de
l’acuité
visuelle
initiale,
est
le
plus
souvent
favorable,
quoique
la
récupération
visuelle
soit
rarement
complète.
L’âge
n’est
pas
un
facteur
limitant
aussi
important
que
pour
d’autres
formes
d’amblyopies
[13].
Amblyopie
strabique
L’amblyopie
strabique
est
la
plus
fréquente
des
amblyo-
pies
fonctionnelles,
qu’elle
soit
isolée
ou
associée
à
d’autres
facteurs
amblyogènes,
telle
qu’une
anisométropie.
L’amblyopie
strabique
serait
plus
fréquemment
associée
à
une
ésotropie.
Le
strabisme
doit
être
non
alternant.
Aucune
corrélation
n’a
pu
être
établie
entre
l’importance
de
l’angle
de
déviation
oculaire
et
la
profondeur
de
l’amblyopie.
La
vision
binoculaire
est
toujours
très
altérée.
L’œil
dominant
qui
bénéficie
d’une
hyperacuité,
exercerait
une
inhibition
sur
l’œil
amblyope.
Les
méthodes
paracli-
niques
d’évaluation
de
la
capacité
visuelle,
comme
le
test
du
regard
préférentiel,
peuvent
surestimer
l’acuité
visuelle
de
l’œil
amblyope,
notamment
en
cas
d’angle
inférieur
à
10
dioptries
prismatiques.
Mécanismes
physio-pathogéniques
de
l’amblyopie
nystagmique
Les
mécanismes
physio-pathogéniques
de
l’amblyopie
nys-
tagmique
ne
sont
pas
clairement
établis.
Il
faut
avoir
éliminé
toutes
les
autres
étiologies
d’amblyopie
pour
l’évoquer.
Amblyopie
idiopathique
Le
terme
d’amblyopie
idiopathique
désigne
toutes
les
amblyopies
pour
lesquelles
aucune
étiologie
n’a
pu
être
mise
en
évidence.
Il
faut,
aussi,
avoir
éliminé
toute
autre
étiologie
notamment
organique
par
un
bilan
complet,
notamment
électrophysiologique
et
neuroradiolo-
gique.
Mise
en
évidence
de
l’amblyopie
Les
examens
cliniques
ou
paracliniques
utilisés
pour
mettre
en
évidence
une
amblyopie
diffèrent
selon
l’âge
et
la
coopé-
ration
de
l’enfant
et
doivent
être
adaptés
au
cas
par
cas.
Ils
doivent
être
répétés
chez
les
enfants
les
plus
jeunes
et
il
faut
être
prudent
avant
d’évoquer
ou
de
récuser
le
dia-
gnostic
d’amblyopie,
surtout
lorsque
les
différents
résultats
sont
discordants.
Il
faut
insister
sur
l’importance
de
réaliser
un
bilan
ophtalmologique
complet
dès
la
première
consul-
tation.
De
même,
un
examen
orthoptique
doit
faire
partie
du
bilan
initial,
car
il
aide
également
à
poser
le
diagnostic
d’amblyopie
et
à
retrouver
son
origine.
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L’amblyopie
489
Tableau
1
Risque
d’amblyopie
en
fonction
de
l’anisométropie
et
d’une
forte
amétropie.
Hypermétropie
Myopie
Astigmatisme
Différence
inter-
oculaire
>
1,5
d
Différence
inter-
oculaire
>
3,5
d
Hypermétropie
>
+3,5
d
Hypermétropie
>
+6
d
Différence
interoculaire
<
3
d
Différence
de
1
d
à
2
ans
Risque
amblyopie
de
l’œil
le
plus
hypermétrope
Risque
amblyopie
de
l’œil
le
plus
hypermétrope
#100
%
Risque
d’amblyopie
bilatérale
Risque
majeur
d’amblyopie
bilatérale
Pas
d’amblyopie
Amblyopie
méridienne
Dépistage
La
mesure
de
la
réfraction
peut
donc
être
considérée
comme
une
méthode
de
dépistage
des
facteurs
de
risques
amblyo-
gènes
puisque
les
valeurs
d’anisométropie
amblyogènes
ont
été
définies
(Tableau
1).
L’utilisation
des
collyres
cycloplé-
giques
est
complexe,
nécessitant
de
revoir
l’enfant
à
des
temps
différents,
parfois
après
plusieurs
jours.
C’est
pour-
quoi
il
a
été
suggéré,
dans
le
cadre
strict
d’un
dépistage
en
santé
publique,
de
mesurer
la
réfraction
sans
cycloplégie
[14,15].
Une
telle
mesure
sous-estime
l’hypermétropie
de
0,5
à
1,0
dioptries
du
fait
de
l’accommodation
d’instrument
[16—18].
De
plus,
les
résultats
sont
parfois
fluctuants
[19].
Mais,
la
mesure
de
la
réfraction
sans
cycloplégie
donne
des
résultats
suffisamment
sensibles
dans
le
cadre
d’un
dépis-
tage
réalisé
en
crèche,
milieu
scolaire
ou
PMI,
puisqu’il
est
moins
recherché
la
valeur
réelle
de
la
réfraction
d’un
œil,
que
la
fourchette
dans
laquelle
celle-ci
se
situe
[15].
Ainsi,
les
enfants
non
anisométropes
et
dont
la
réfraction
est
comprise
entre
1
et
+1.5
dioptries
ont
une
réfrac-
tion
dans
les
limites
de
la
normale
et
ne
sont
donc
pas
«
à
risque
»
de
développer
une
amblyopie
[19].
Mais
dès
lors
que
la
réfraction
est
en
dehors
de
ces
valeurs
ou
qu’il
existe
une
anisométropie,
il
faut
pendre
un
avis
ophtalmologique.
Examen
du
comportement
L’examen
du
comportement
en
relation
avec
la
vision
est
effectué
à
l’aide
de
tests
psychovisuels
simples,
très
utiles
à
l’âge
pré-verbal.
Ces
tests
doivent
être
pratiqués
sur
un
enfant
bien
éveillé,
coopérant
et
ils
doivent
être
répétés
et
confrontés,
l’amblyopie
n’étant
confirmée
que
par
leur
convergence.
Amblyopie
par
occlusion
alternée
La
recherche
d’une
amblyopie
par
occlusion
alternée
est
facile
à
réaliser.
L’examinateur
cache
alternativement
chaque
œil
de
l’enfant
et
examine
ses
réactions.
Chez
un
enfant
non
amblyope,
l’occlusion
d’un
œil
ou
de
l’autre
n’entraîne
aucune
réaction.
Par
contre,
en
présence
d’une
amblyopie,
l’enfant
réagit
à
l’occlusion
de
l’œil
sain
domi-
nant
puisqu’il
ne
voit
plus
que
de
son
œil
dominé,
peu
performant.
Par
contre,
il
tolère
sans
réaction
l’occlusion
de
l’œil
amblyope
dominé,
ce
qui
modifie
peu
ou
pas
sa
vision.
D’un
point
de
vue
pratique,
cette
occlusion
doit
être
réalisée
avec
sa
main
ou
son
pouce
plutôt
qu’avec
un
écran
ou
un
pansement
pour
ne
pas
effrayer
l’enfant.
Utilisation
de
l’œil
dominant
Un
enfant
sain
regarde
un
objet
(non
sonore)
présenté
latéralement
avec
l’œil
situé
du
même
côté.
Par
contre,
l’enfant
amblyope
utilise
son
œil
dominant
pour
regar-
der
un
objet
quel
que
soit
le
côté
de
présentation.
C’est
pourquoi
il
effectue
un
large
mouvement
de
la
tête,
faci-
lement
décelable
et
connue
sous
le
terme
de
«
mouvement
de
toupie
»pour
regarder
avec
l’œil
sain
du
côté
de
l’œil
amblyope.
Lunettes
de
dépistage
de
Sarniguet-Badoche
L’utilisation
des
lunettes
de
dépistage
de
Sarniguet-
Badoche,
non
correctrices
équipées
de
grands
bi-secteurs
nasaux,
est
préconisée
pour
détecter
la
présence
d’une
ésotropie
non
alternante,
situation
qui
s’accompagne
géné-
ralement
d’amblyopie.
L’œil
non
fixateur
disparaît
derrière
le
secteur
homolatéral
et
ne
peut
reprendre
la
fixation.
Mesure
de
la
réfraction
La
mesure
de
la
réfraction
constitue
le
premier
temps
du
traitement
de
l’amblyopie,
la
correction
optique
totale
(COT)
déterminée
sous
cycloplégie
devant
être
prescrite
à
tout
enfant
amblyope
avéré.
Techniques
de
mesure
de
la
réfraction
Différentes
techniques
de
mesure
de
la
réfraction
peuvent
être
utilisées,
qu’il
s’agisse
de
la
skiascopie,
nécessitant
une
certaine
habitude,
surtout
chez
l’enfant,
des
auto-
réfractométres
ou
de
la
photo-
et
vidéo-réfraction,
celles-ci
devant
être
considérées
comme
moyens
de
dépistage.
En
l’absence
d’homogénéité
des
études,
des
populations
tes-
tées
et
des
critères
de
positivité,
il
est
difficile
de
tirer
des
conclusions
des
comparaisons
de
ces
techniques
ou
des
appareils
qu’elles
nécessitent.
Réfraction
totale
de
chaque
œil
La
détermination
la
plus
exacte
possible
de
la
réfraction
totale
de
chaque
œil
est
essentielle
lors
de
la
prise
en
charge
thérapeutique.
La
Société
Franc¸aise
d’Ophtalmologie
a
édité
une
fiche
d’information
destinée
aux
parents
concer-
nant
la
mesure
de
la
réfraction
sous
cycloplégie,
certains
collyres
cycloplégiques
n’étant
pas
dénués
de
risque.
En
effet,
en
raison
de
l’importance
du
pouvoir
accom-
modatif
de
l’enfant,
le
recours
à
une
cycloplégie
est
indispensable
pour
retrouver
la
puissance
réfractive
réelle
de
chaque
œil
[18,20].
Il
n’existe
pas
de
substance
cyclo-
plégique
idéale
ni
assurant
une
paralysie
totale
du
muscle
ciliaire
[21].
Trois
substances
sont
disponibles
en
France
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490
C.
Orssaud
Tableau
2
Dosage
de
l’atropine
en
fonction
de
l’âge
chez
l’enfant.
Dosage
de
l’atropine
en
fonction
de
l’âge
Avant
2
ans
0,3
%
De
2
à
10
ans
0,5
%
Au-delà
de
10
ans
1
%
(l’atropine,
le
sulfate
de
duboisine
et
le
cyclopentolate),
n’ayant
ni
les
mêmes
contraintes
ni
les
mêmes
intérêts
ou
indications
[22].
En
France,
le
cyclopentolate
n’est
disponible
qu’au
dosage
à
1
%.
Le
dosage
à
2
%,
utilisé
dans
d’autres
pays,
serait
responsable
des
complications
neurologiques
rapportées
dans
la
littérature
avec
cette
sub-
stance
[23].
Néanmoins,
les
résumés
des
caractéristiques
du
produit
(RCP)
mentionnent
comme
contre-indication
des
antécédents
de
convulsions,
de
troubles
neurologiques
ou
un
âge
inférieur
à
un
an.
Ces
mêmes
RCP
recommandent
l’instillation
de
deux
gouttes
à
cinq
minutes
d’intervalle
avec
mesure
de
la
réfraction
objective
45
minutes
après
la
seconde
instillation.
D’autres
protocoles
ont
été
proposés.
Mais
tous
laissent
persister
une
accommodation
résiduelle,
amenant
à
sous-estimer
la
réfraction
totale
[22—24].
Cette
accommodation
résiduelle
varie
d’un
patient
à
l’autre
et
peut
être
supérieure
à
+1,5
dioptries,
notamment
chez
les
patients
mélanodermes
ou
ayant
un
iris
pigmenté
[25].
Le
risque
de
sous-estimer
la
réfraction
totale
est
moindre
après
instillation
d’atropine
qui
reste
pour
beaucoup
le
col-
lyre
cycloplégique
de
référence
[24].
Il
devrait
être
utilisé
de
première
intention
en
cas
d’amblyopie
[21].
Il
présente
l’inconvénient
de
devoir
être
instillé
deux
fois
par
jour,
les
6
à
8
jours
précédant
l’examen
ainsi
que
le
matin
de
l’examen.
Chez
l’enfant,
l’utilisation
de
l’atropine
collyre
nécessite
de
respecter
le
dosage
optimal
en
fonction
de
l’âge
(Tableau
2)
et
de
conseiller
aux
parents
d’obturer
les
points
lacrymaux
avec
un
coton
lors
de
l’instillation.
Il
est
de
bonne
règle
de
spécifier
sur
l’ordonnance
que
ce
collyre
ne
doit
pas
être
laissé
à
la
portée
des
enfants
pour
éviter
les
accidents.
Enfin,
l’atropine
peut
être
remplacée
par
le
sulfate
de
duboisine
en
cas
d’allergie.
Acuité
visuelle
Il
existe
plusieurs
formes
d’AV
:
l’AV
obtenue
par
mesure
du
minimum
separabile
est
la
plus
utilisée
pour
affirmer
l’existence
de
l’amblyopie
au-delà
de
l’âge
de
2
ou
3
ans,
mais
ne
représente
qu’un
aspect
de
la
fonction
visuelle.
Chez
les
enfants
plus
jeunes,
il
est
intéressant
d’évaluer
d’autres
aspects
de
la
capacité
visuelle
et
notamment
l’acuité
de
résolution
ou
«
grating
acuity
».
Méthode
du
regard
préférentiel
La
méthode
du
regard
préférentiel
permet
une
évaluation
de
l’acuité
de
résolution
spatiale
de
l’œil
ou
du
pouvoir
sépara-
teur
rétinien
sans
identification
de
formes.
C’est
pourquoi
elle
peut
être
utilisée
dès
l’âge
de
3
ou
4
mois
et
jusqu’à
18
mois.
Au-delà
de
cet
âge,
l’enfant
est
moins
intéressé
par
les
réseaux
qui
lui
sont
présentés
ce
qui
peut
fausser
les
résultats.
Néanmoins,
les
auteurs
anglo-saxons
utilisent
cette
méthode
durant
toute
la
période
préverbale
[26].
Rappelons
qu’en
France,
elle
peut
être
effectuée
par
une
orthoptiste
sur
prescription
médicale.
Néanmoins,
son
inter-
prétation
est
parfois
délicate
et
nécessite
de
prendre
en
compte,
outre
les
antécédents
ophtalmologiques
et
fami-
liaux
de
l’enfant,
les
résultats
de
l’examen
ophtalmologique
clinique.
Ce
test
n’a
donc
aucun
intérêt
pris
isolément
en
dehors
de
tout
avis
ophtalmologique.
Nous
ne
décrirons
pas
ici
la
technique
de
mesure
du
regard
préférentiel.
Il
est
possible
d’exprimer
la
capa-
cité
visuelle
de
l’enfant
en
cycle
par
degré
ou,
selon
la
distance
de
présentation
de
la
carte,
en
cycle
par
centi-
mètre.
Cette
acuité
ne
doit
pas
être
convertie
en
valeur
décimale
puisqu’elle
diffère
physiologiquement
de
celle
mesurée
grâce
au
minimum
separabile.
La
méthode
du
regard
préférentiel
est
inadaptée
pour
détecter
les
amblyo-
pies
strabiques
ou
anisométropiques
[26,27].
Face
à
ces
étiologies,
il
existe
un
manque
de
concordance
entre
les
valeurs
d’AV
obtenue
par
optotypes
et
celle
retrouvée
à
l’aide
du
regard
préférentiel
au
niveau
de
l’œil
amblyope
[28].
Cette
dernière
technique
surestime
l’AV
de
l’œil
amblyope
avec
une
différence
d’autant
plus
importante
que
l’amblyopie
est
plus
profonde
[26,28].
Par
contre,
les
acui-
tés
visuelles
obtenues
par
optotypes
ou
regard
préférentiel
sont
proches
l’une
de
l’autre
pour
l’œil
dominant.
Enfin,
la
méthode
du
regard
préférentiel
reste
une
technique
adaptée
à
la
mise
en
évidence
et
au
suivi
des
amblyopies
organiques
ou
par
privation
visuelle
[26].
Plusieurs
artifices
ont
été
proposés
pour
améliorer
la
sensibilité
de
la
technique
du
regard
préférentiel,
en
cas
d’amblyopie
strabique
:
utilisation
de
réseaux
circulaires
[29]
ou
prise
en
compte
non
de
la
capacité
visuelle
brute,
mais
de
la
différence
interoculaire.
Celle-ci
semble
consti-
tuer
un
critère
fiable
d’amblyopie,
y
compris
pour
les
amblyopies
fonctionnelles,
à
condition
de
n’accorder
de
valeur
qu’à
l’existence
d’une
asymétrie
d’au
moins
deux
cartes
entre
les
deux
yeux
[30].
AV
en
fonction
du
type
d’échelle
L’AV
obtenue
diffère
en
fonction
du
type
d’échelle
(angu-
laire
ou
morphoscopique),
des
optotypes
utilisés
(dessins
chiffres,
lettres)
et
de
leur
présentation
en
ligne
ou
de
fac¸on
isolée,
puisque
les
mécanismes
psycho-visuels
mis
en
jeu
ne
sont
pas
identiques
et
du
fait
de
phénomènes
d’inhibition
latérale
[31].
Il
faut
en
tenir
compte
lors
des
comparaisons
d’acuités
visuelles
mesurées
par
plusieurs
professionnels
de
la
santé.
La
mesure
de
l’AV
cherche
moins
à
déterminer
sa
valeur
absolue
que
l’existence
d’une
asymétrie
entre
les
deux
yeux
signant
la
présence
d’une
amblyopie
de
profon-
deur
variable.
Le
choix
de
l’échelle
dépend
de
l’âge
des
enfants
à
tester
et
des
habitudes
de
chacun.
Il
est
inté-
ressant
de
pouvoir
disposer
d’une
batterie
de
tests
afin
de
pouvoir
s’adapter
à
chaque
enfant
[32].
Quelques
règles
doivent
être
respectées
pour
évaluer
l’AV
des
enfants
les
plus
jeunes
:
la
mesure
doit
débuter
par
l’œil
amblyope,
demandant
le
plus
de
concentration
pour
l’enfant
;
la
distance
de
lecture
de
près
prévue
pour
chaque
test
doit
être
respectée
afin
de
ne
pas
modifier
l’angle
sous
lequel
il
est
vu
et
elle
doit
être
identique
d’un
œil
à
l’autre
;
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