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Journal français d’ophtalmologie (2014) 37, 486—496
Disponible en ligne sur
ScienceDirect
www.sciencedirect.com
REVUE GÉNÉRALE
L’amblyopie夽
Amblyopia
C. Orssaud a,∗,b
a
Consultation d’ophtalmologie, HEGP, AP—HP, 20, rue Leblanc, 75015 Paris, France
Service d’ophtalmologie, hôpital Necker-Enfants Malades, AP—HP, 149, rue de Sèvres, 75015
Paris, France
b
Reçu le 11 décembre 2013 ; accepté le 22 janvier 2014
Disponible sur Internet le 2 avril 2014
MOTS CLÉS
Amblyopie ;
Anisométropie ;
Atropine ;
Dépistage ;
Occlusion ;
Pénalisation ;
Réfraction ;
Strabisme
Résumé L’amblyopie est un trouble du développement de l’ensemble du système visuel, y
compris du cortex extra-strié, qui se manifeste principalement par une altération de l’acuité
visuelle au niveau de l’œil dominé. Néanmoins, d’autres anomalies de la fonction visuelle
peuvent être observées tel qu’un déficit de la sensibilité aux contrastes, de la vision stéréoscopique ou binoculaire et certaines perturbations peuvent être retrouvées au niveau de l’œil
« sain ». L’amblyopie, qui survient lors de la période critique du développement cérébral, peut
être la conséquence d’anomalies organiques des voies optiques, d’une privation visuelle ou d’un
trouble fonctionnel, au premier rang desquels une anisométropie ou un strabisme. La confirmation du diagnostic d’amblyopie, nécessaire avant la mise en route de la rééducation, repose
essentiellement sur la mesure de la réfraction sous cycloplégie, la mesure de l’acuité visuelle
et le bilan orthoptique. Mais son dépistage ou celui des situations à risque permet une prise
en charge plus précoce. La rééducation est d’autant efficace que l’enfant est jeune et ne peut
être effectuée qu’avant la fin de la période critique. Cette rééducation nécessite la coopération des parents pour être efficace. Elle repose sur l’occlusion ou la pénalisation de l’œil sain
permettant à l’œil amblyope de développer sa vision et doit être complétée par un traitement
d’entretien jusqu’à la fin de la période critique. En son absence, il existe un risque de récidive.
© 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
夽 Retrouvez cet article, plus complet, illustré et détaillé, avec des enrichissements électroniques, dans EMC Ophtalmologie :
Orssaud C. Amblyopie. EMC Ophtalmologie 2011;8(4):1-12 [Article 21-595-A-10].
∗ Correspondance.
Adresse e-mail : [email protected]
http://dx.doi.org/10.1016/j.jfo.2014.01.004
0181-5512/© 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
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L’amblyopie
KEYWORDS
Amblyopia;
Anisometropia;
Atropine;
Occlusion;
Penalization;
Refraction;
Strabismus;
Screening
487
Summary Amblyopia is a developmental disorder of the entire visual system, including the
extra-striate cortex. It manifests mainly by impaired visual acuity in the amblyopic eye.
However, other abnormalities of visual function can be observed, such as decreased contrast
sensitivity and stereoscopic vision, and some abnormalities can be found in the ‘‘good’’ eye.
Amblyopia occurs during the critical period of brain development. It may be due to organic
pathology of the visual pathways, visual deprivation or functional abnormalities, mainly anisometropia or strabismus. The diagnosis of amblyopia must be confirmed prior to treatment.
Confirmation is based on cycloplegic refraction, visual acuity measurement and orthoptic assessment. However, screening for amblyopia and associated risk factors permits earlier diagnosis
and treatment. The younger the child, the more effective the treatment, and it can only be
achieved during the critical period. It requires parental cooperation in order to be effective and
is based on occlusion or penalization of the healthy eye. The amblyopic eye may then develop
better vision. Maintenance therapy must be performed until the end of the critical period to
avoid recurrence.
© 2014 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.
Introduction
L’amblyopie est un trouble du développement de l’ensemble
du système visuel, retentissant tant au niveau de la rétine
que du cortex strié et extra-strié. Elle se manifeste non
seulement par une acuité visuelle (AV) anormalement basse
ou abaissée au niveau d’un œil ou des deux, mais aussi par
de nombreuses autres anomalies de la fonction visuelle. Du
fait de ces altérations visuelles, l’amblyopie peut entraver la
réalisation de tâches nécessitant un bon contrôle visuel, perturber les activités scolaires ou extrascolaires notamment
certains sports et enfin limiter le choix professionnel [1]
Les mécanismes physio-pathogéniques de l’amblyopie ont
été largement étudiés chez l’animal puisqu’elle constitue
un modèle particulièrement intéressant pour comprendre le développement des cartes visuelles et du système
nerveux central. Ces travaux ont permis de préciser au
mieux la notion de période critique du développement
du système nerveux, de préciser les conséquences des
différents facteurs amblyogènes sur le système visuel et
d’affiner les modalités thérapeutiques. Depuis quelques
années l’utilisation des techniques d’exploration in vivo a
permis de confirmer et d’affiner ces résultats chez l’homme.
Il est habituel de classer les différentes causes
d’amblyopie selon trois groupes : organiques, fonctionnelles
ou par privation visuelle [2]. Il est essentiel de reconnaître les situations à risque d’amblyopie. Il est également
important de rechercher une amblyopie organique ainsi
que l’anomalie qui en est à l’origine, afin de les prendre
en charge le plus tôt possible. Toutefois, la majorité des
amblyopies observées en pratique courante sont unilatérales et fonctionnelles. L’amblyopie est alors volontiers due
à un strabisme qui peut également constituer une complication amenant à son diagnostic. Mais, ce n’est pas la seule
cause et le dépistage de l’amblyopie constitue un problème
de santé public, justifiant de réaliser un examen ophtalmologique chez tous les enfants avant l’âge de 3 ou 4 ans
[3]. Ce dépistage précoce permet de débuter la rééducation avant la fin de la période critique, ce qui constitue le
meilleur garant de sa rééducation rapide et efficace. Audelà de la fin de la période sensible, la rééducation reste
possible, mais elle est nettement plus difficile et longue.
Cette rééducation utilise différentes techniques, occlusions
ou pénalisations, en fonction de l’âge de l’enfant, de sa
coopération, du type et de la profondeur de l’amblyopie.
Néanmoins plusieurs schémas thérapeutiques permettant de
lutter contre la dominance d’un œil peuvent être utilisés.
Cette rééducation débute toujours par la prescription d’une
correction optique déterminée sous cycloplégie.
Définition et épidémiologie de l’amblyopie
Définition
L’amblyopie correspond à une anomalie de la maturation des
structures cérébrales traitant de différents éléments de la
fonction visuelle provenant d’un œil ou des deux, et notamment la discrimination des formes, la localisation spatiale,
la vision binoculaire et stéréoscopique, en raison d’une utilisation anormale ou déficitaire. Cette dernière peut être
la conséquence d’interactions binoculaires anormales ou
d’une pathologie organique du globe oculaire, de son environnement ou des voies optiques. Cette définition permet
d’expliquer les différentes caractéristiques de l’amblyopie :
• elle peut être uni- ou bilatérale. Il existe 3 formes
d’amblyopie : par privation visuelle, liée à une cause organique ou à une cause fonctionnelle [2,4] ;
• l’AV de l’œil dominé ne se développe pas avec l’âge ou
baisse secondairement après un développement normal.
Ce signe clinique est évident quelle que soit l’étiologie
de l’amblyopie, mais n’est pas le seul déficit visuel. Selon
le type d’amblyopie, d’autres anomalies peuvent être
retrouvées lorsqu’elles sont recherchées : déficits de la
sensibilité aux contrastes, de la vision binoculaire, de la
stéréoscopie ou de la localisation spatiale. Enfin, il existe
un substrat anatomohistologique à ces anomalies de la
fonction visuelle tout au long de la voie optique ;
• elle survient pendant une période dite critique au cours de
laquelle peuvent survenir des modifications histologiques
du système nerveux et des modifications fonctionnelles
des cellules qui le composent. En corollaire, le traitement
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de l’amblyopie ne peut être effectué qu’au cours de cette
même période, c’est-à-dire jusqu’à 6 ou 7 ans. C’est pourquoi l’amblyopie est « semi-urgence ». Ce traitement doit
viser à favoriser l’utilisation de chaque œil pour permettre que la maturation cérébrale puisse reprendre et
s’approcher le plus possible de la normale.
Épidémiologie
L’amblyopie est la cause la plus fréquente de mauvaise vision
unilatérale chez l’enfant. Sa prévalence varie en fonction de
l’âge. Elle est faible avant 6 mois et serait comprise entre
3 et 5 % chez les enfants de moins de 6 ans [5,6]. L’amblyopie
se retrouve partout dans le monde mais avec une prévalence
variable [7—9]. Ces fréquences relatives peuvent dépendre
des modalités de dépistages et de traitement [10].
Profondeur de l’amblyopie
Le terme « d’amblyopie » devrait être suivi de son caractère
uni- ou bilatéral ainsi que de sa profondeur. Une amblyopie est dite profonde lorsque l’AV de l’œil dominé est ≤ à
1/10, moyenne lorsque l’acuité de cet œil est comprise
entre 1/10 et 4/10 et légère lorsque l’acuité est ≥ 5/10,
l’amblyopie est dite. Enfin, une amblyopie est qualifiée
de relative lorsqu’il existe une différence d’au moins deux
lignes d’AV entre les deux yeux. Mais cette classification ne
peut pas être utilisée chez les enfants les plus jeunes, dont
l’AV maximale n’a pas atteint 10/10.
C. Orssaud
forme bilatérale et qu’une privation visuelle tardive a un
retentissement visuel moindre qu’une forme précoce.
Amblyopies anisométropiques
Les amblyopies anisométropiques sont très fréquentes.
Plusieurs équipes ont précisé les valeurs d’anisométropie
au-delà desquelles il existe un risque important de développer une amblyopie (Tableau 1) [11,12]. Ces amblyopies sont
rarement profondes. Leur pronostic, qui dépend de l’acuité
visuelle initiale, est le plus souvent favorable, quoique la
récupération visuelle soit rarement complète. L’âge n’est
pas un facteur limitant aussi important que pour d’autres
formes d’amblyopies [13].
Amblyopie strabique
L’amblyopie strabique est la plus fréquente des amblyopies fonctionnelles, qu’elle soit isolée ou associée à
d’autres facteurs amblyogènes, telle qu’une anisométropie.
L’amblyopie strabique serait plus fréquemment associée
à une ésotropie. Le strabisme doit être non alternant.
Aucune corrélation n’a pu être établie entre l’importance
de l’angle de déviation oculaire et la profondeur de
l’amblyopie. La vision binoculaire est toujours très altérée.
L’œil dominant qui bénéficie d’une hyperacuité, exercerait
une inhibition sur l’œil amblyope. Les méthodes paracliniques d’évaluation de la capacité visuelle, comme le test
du regard préférentiel, peuvent surestimer l’acuité visuelle
de l’œil amblyope, notamment en cas d’angle inférieur à
10 dioptries prismatiques.
Étiologies de l’amblyopie
Les principales étiologies de l’amblyopie se divisent en trois
grands groupes : étiologie organique, privation visuelle ou
cause fonctionnelle. Ce dernier groupe, le plus fréquent en
clinique, associe des anomalies de la vision binoculaire et
des anisométropies.
Anomalies oculaires responsables d’amblyopie
organique
Il est impossible d’établir une liste exhaustive de toutes les
anomalies oculaires responsables d’amblyopie organique.
Cette dernière peut être associée à une amblyopie fonctionnelle et c’est parfois l’efficacité limitée d’une rééducation
bien conduite qui amène à la découvrir. En effet, elles
répondent mal à la rééducation. Néanmoins, des évolutions
assez favorables sont possibles et il est essentiel de tenter
la rééducation de la part fonctionnelle de ces amblyopies
organiques.
Présentation clinique et le pronostic des
amblyopies par privation visuelle
La présentation clinique et le pronostic des amblyopies par
privation visuelle dépendent de leur caractère uni- ou bilatéral, de l’âge de survenue ainsi que de celui auquel il sera
possible de lever cette privation. Ces conséquences sont
d’autant plus importantes que l’atteinte est unilatérale,
précoce et qu’il n’est pas possible de rétablir rapidement
une vision équilibrée entre chaque œil. C’est pourquoi une
forme unilatérale est de moins bon pronostic visuel qu’une
Mécanismes physio-pathogéniques de l’amblyopie
nystagmique
Les mécanismes physio-pathogéniques de l’amblyopie nystagmique ne sont pas clairement établis. Il faut avoir éliminé
toutes les autres étiologies d’amblyopie pour l’évoquer.
Amblyopie idiopathique
Le terme d’amblyopie idiopathique désigne toutes les
amblyopies pour lesquelles aucune étiologie n’a pu
être mise en évidence. Il faut, là aussi, avoir éliminé
toute autre étiologie notamment organique par un bilan
complet, notamment électrophysiologique et neuroradiologique.
Mise en évidence de l’amblyopie
Les examens cliniques ou paracliniques utilisés pour mettre
en évidence une amblyopie diffèrent selon l’âge et la coopération de l’enfant et doivent être adaptés au cas par cas.
Ils doivent être répétés chez les enfants les plus jeunes et
il faut être prudent avant d’évoquer ou de récuser le diagnostic d’amblyopie, surtout lorsque les différents résultats
sont discordants. Il faut insister sur l’importance de réaliser
un bilan ophtalmologique complet dès la première consultation. De même, un examen orthoptique doit faire partie
du bilan initial, car il aide également à poser le diagnostic
d’amblyopie et à retrouver son origine.
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L’amblyopie
Tableau 1
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Risque d’amblyopie en fonction de l’anisométropie et d’une forte amétropie.
Hypermétropie
Différence interoculaire > 1,5 d
Risque amblyopie
de l’œil le plus
hypermétrope
Myopie
Différence interoculaire > 3,5 d
Risque amblyopie
de l’œil le plus
hypermétrope
#100 %
Hypermétropie >
+3,5 d
Risque
d’amblyopie
bilatérale
Dépistage
La mesure de la réfraction peut donc être considérée comme
une méthode de dépistage des facteurs de risques amblyogènes puisque les valeurs d’anisométropie amblyogènes ont
été définies (Tableau 1). L’utilisation des collyres cycloplégiques est complexe, nécessitant de revoir l’enfant à des
temps différents, parfois après plusieurs jours. C’est pourquoi il a été suggéré, dans le cadre strict d’un dépistage en
santé publique, de mesurer la réfraction sans cycloplégie
[14,15]. Une telle mesure sous-estime l’hypermétropie de
0,5 à 1,0 dioptries du fait de l’accommodation d’instrument
[16—18]. De plus, les résultats sont parfois fluctuants [19].
Mais, la mesure de la réfraction sans cycloplégie donne des
résultats suffisamment sensibles dans le cadre d’un dépistage réalisé en crèche, milieu scolaire ou PMI, puisqu’il
est moins recherché la valeur réelle de la réfraction d’un
œil, que la fourchette dans laquelle celle-ci se situe [15].
Ainsi, les enfants non anisométropes et dont la réfraction
est comprise entre −1 et +1.5 dioptries ont une réfraction dans les limites de la normale et ne sont donc pas « à
risque » de développer une amblyopie [19]. Mais dès lors que
la réfraction est en dehors de ces valeurs ou qu’il existe une
anisométropie, il faut pendre un avis ophtalmologique.
Examen du comportement
L’examen du comportement en relation avec la vision est
effectué à l’aide de tests psychovisuels simples, très utiles
à l’âge pré-verbal. Ces tests doivent être pratiqués sur un
enfant bien éveillé, coopérant et ils doivent être répétés
et confrontés, l’amblyopie n’étant confirmée que par leur
convergence.
Hypermétropie > Différence
+6 d
interoculaire < 3 d
Risque majeur
Pas d’amblyopie
d’amblyopie
bilatérale
Astigmatisme
Différence de
1 d à 2 ans
Amblyopie
méridienne
Utilisation de l’œil dominant
Un enfant sain regarde un objet (non sonore) présenté
latéralement avec l’œil situé du même côté. Par contre,
l’enfant amblyope utilise son œil dominant pour regarder un objet quel que soit le côté de présentation. C’est
pourquoi il effectue un large mouvement de la tête, facilement décelable et connue sous le terme de « mouvement
de toupie »pour regarder avec l’œil sain du côté de l’œil
amblyope.
Lunettes de dépistage de Sarniguet-Badoche
L’utilisation des lunettes de dépistage de SarniguetBadoche, non correctrices équipées de grands bi-secteurs
nasaux, est préconisée pour détecter la présence d’une
ésotropie non alternante, situation qui s’accompagne généralement d’amblyopie. L’œil non fixateur disparaît derrière
le secteur homolatéral et ne peut reprendre la fixation.
Mesure de la réfraction
La mesure de la réfraction constitue le premier temps du
traitement de l’amblyopie, la correction optique totale
(COT) déterminée sous cycloplégie devant être prescrite à
tout enfant amblyope avéré.
Techniques de mesure de la réfraction
Différentes techniques de mesure de la réfraction peuvent
être utilisées, qu’il s’agisse de la skiascopie, nécessitant
une certaine habitude, surtout chez l’enfant, des autoréfractométres ou de la photo- et vidéo-réfraction, celles-ci
devant être considérées comme moyens de dépistage. En
l’absence d’homogénéité des études, des populations testées et des critères de positivité, il est difficile de tirer
des conclusions des comparaisons de ces techniques ou des
appareils qu’elles nécessitent.
Amblyopie par occlusion alternée
La recherche d’une amblyopie par occlusion alternée est
facile à réaliser. L’examinateur cache alternativement
chaque œil de l’enfant et examine ses réactions. Chez un
enfant non amblyope, l’occlusion d’un œil ou de l’autre
n’entraîne aucune réaction. Par contre, en présence d’une
amblyopie, l’enfant réagit à l’occlusion de l’œil sain dominant puisqu’il ne voit plus que de son œil dominé, peu
performant. Par contre, il tolère sans réaction l’occlusion
de l’œil amblyope dominé, ce qui modifie peu ou pas
sa vision. D’un point de vue pratique, cette occlusion
doit être réalisée avec sa main ou son pouce plutôt
qu’avec un écran ou un pansement pour ne pas effrayer
l’enfant.
Réfraction totale de chaque œil
La détermination la plus exacte possible de la réfraction
totale de chaque œil est essentielle lors de la prise en charge
thérapeutique. La Société Française d’Ophtalmologie a
édité une fiche d’information destinée aux parents concernant la mesure de la réfraction sous cycloplégie, certains
collyres cycloplégiques n’étant pas dénués de risque.
En effet, en raison de l’importance du pouvoir accommodatif de l’enfant, le recours à une cycloplégie est
indispensable pour retrouver la puissance réfractive réelle
de chaque œil [18,20]. Il n’existe pas de substance cycloplégique idéale ni assurant une paralysie totale du muscle
ciliaire [21]. Trois substances sont disponibles en France
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C. Orssaud
Tableau 2 Dosage de l’atropine en fonction de l’âge
chez l’enfant.
Dosage de l’atropine en fonction de l’âge
Avant 2 ans
De 2 à 10 ans
Au-delà de 10 ans
0,3 %
0,5 %
1%
(l’atropine, le sulfate de duboisine et le cyclopentolate),
n’ayant ni les mêmes contraintes ni les mêmes intérêts
ou indications [22]. En France, le cyclopentolate n’est
disponible qu’au dosage à 1 %. Le dosage à 2 %, utilisé
dans d’autres pays, serait responsable des complications
neurologiques rapportées dans la littérature avec cette substance [23]. Néanmoins, les résumés des caractéristiques
du produit (RCP) mentionnent comme contre-indication des
antécédents de convulsions, de troubles neurologiques ou
un âge inférieur à un an. Ces mêmes RCP recommandent
l’instillation de deux gouttes à cinq minutes d’intervalle
avec mesure de la réfraction objective 45 minutes après la
seconde instillation. D’autres protocoles ont été proposés.
Mais tous laissent persister une accommodation résiduelle,
amenant à sous-estimer la réfraction totale [22—24]. Cette
accommodation résiduelle varie d’un patient à l’autre et
peut être supérieure à +1,5 dioptries, notamment chez les
patients mélanodermes ou ayant un iris pigmenté [25].
Le risque de sous-estimer la réfraction totale est moindre
après instillation d’atropine qui reste pour beaucoup le collyre cycloplégique de référence [24]. Il devrait être utilisé
de première intention en cas d’amblyopie [21]. Il présente
l’inconvénient de devoir être instillé deux fois par jour,
les 6 à 8 jours précédant l’examen ainsi que le matin de
l’examen. Chez l’enfant, l’utilisation de l’atropine collyre
nécessite de respecter le dosage optimal en fonction de
l’âge (Tableau 2) et de conseiller aux parents d’obturer les
points lacrymaux avec un coton lors de l’instillation. Il est
de bonne règle de spécifier sur l’ordonnance que ce collyre
ne doit pas être laissé à la portée des enfants pour éviter
les accidents. Enfin, l’atropine peut être remplacée par le
sulfate de duboisine en cas d’allergie.
Acuité visuelle
Il existe plusieurs formes d’AV : l’AV obtenue par mesure
du minimum separabile est la plus utilisée pour affirmer
l’existence de l’amblyopie au-delà de l’âge de 2 ou 3 ans,
mais ne représente qu’un aspect de la fonction visuelle.
Chez les enfants plus jeunes, il est intéressant d’évaluer
d’autres aspects de la capacité visuelle et notamment
l’acuité de résolution ou « grating acuity ».
Méthode du regard préférentiel
La méthode du regard préférentiel permet une évaluation de
l’acuité de résolution spatiale de l’œil ou du pouvoir séparateur rétinien sans identification de formes. C’est pourquoi
elle peut être utilisée dès l’âge de 3 ou 4 mois et jusqu’à
18 mois. Au-delà de cet âge, l’enfant est moins intéressé
par les réseaux qui lui sont présentés ce qui peut fausser
les résultats. Néanmoins, les auteurs anglo-saxons utilisent
cette méthode durant toute la période préverbale [26].
Rappelons qu’en France, elle peut être effectuée par une
orthoptiste sur prescription médicale. Néanmoins, son interprétation est parfois délicate et nécessite de prendre en
compte, outre les antécédents ophtalmologiques et familiaux de l’enfant, les résultats de l’examen ophtalmologique
clinique. Ce test n’a donc aucun intérêt pris isolément en
dehors de tout avis ophtalmologique.
Nous ne décrirons pas ici la technique de mesure du
regard préférentiel. Il est possible d’exprimer la capacité visuelle de l’enfant en cycle par degré ou, selon la
distance de présentation de la carte, en cycle par centimètre. Cette acuité ne doit pas être convertie en valeur
décimale puisqu’elle diffère physiologiquement de celle
mesurée grâce au minimum separabile. La méthode du
regard préférentiel est inadaptée pour détecter les amblyopies strabiques ou anisométropiques [26,27]. Face à ces
étiologies, il existe un manque de concordance entre les
valeurs d’AV obtenue par optotypes et celle retrouvée à
l’aide du regard préférentiel au niveau de l’œil amblyope
[28]. Cette dernière technique surestime l’AV de l’œil
amblyope avec une différence d’autant plus importante que
l’amblyopie est plus profonde [26,28]. Par contre, les acuités visuelles obtenues par optotypes ou regard préférentiel
sont proches l’une de l’autre pour l’œil dominant. Enfin,
la méthode du regard préférentiel reste une technique
adaptée à la mise en évidence et au suivi des amblyopies
organiques ou par privation visuelle [26].
Plusieurs artifices ont été proposés pour améliorer la
sensibilité de la technique du regard préférentiel, en cas
d’amblyopie strabique : utilisation de réseaux circulaires
[29] ou prise en compte non de la capacité visuelle brute,
mais de la différence interoculaire. Celle-ci semble constituer un critère fiable d’amblyopie, y compris pour les
amblyopies fonctionnelles, à condition de n’accorder de
valeur qu’à l’existence d’une asymétrie d’au moins deux
cartes entre les deux yeux [30].
AV en fonction du type d’échelle
L’AV obtenue diffère en fonction du type d’échelle (angulaire ou morphoscopique), des optotypes utilisés (dessins
chiffres, lettres) et de leur présentation en ligne ou de façon
isolée, puisque les mécanismes psycho-visuels mis en jeu ne
sont pas identiques et du fait de phénomènes d’inhibition
latérale [31]. Il faut en tenir compte lors des comparaisons
d’acuités visuelles mesurées par plusieurs professionnels de
la santé. La mesure de l’AV cherche moins à déterminer sa
valeur absolue que l’existence d’une asymétrie entre les
deux yeux signant la présence d’une amblyopie de profondeur variable. Le choix de l’échelle dépend de l’âge des
enfants à tester et des habitudes de chacun. Il est intéressant de pouvoir disposer d’une batterie de tests afin de
pouvoir s’adapter à chaque enfant [32].
Quelques règles doivent être respectées pour évaluer
l’AV des enfants les plus jeunes :
• la mesure doit débuter par l’œil amblyope, demandant le
plus de concentration pour l’enfant ;
• la distance de lecture de près prévue pour chaque test
doit être respectée afin de ne pas modifier l’angle sous
lequel il est vu et elle doit être identique d’un œil à
l’autre ;
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L’amblyopie
• l’AV de près est souvent plus facile à obtenir que celle de
loin, l’attention de l’enfant peut être sollicitée. Il faut
savoir se contenter d’une acuité à distance réduite (2,5 ou
3 m) lorsqu’une mesure de loin n’est pas possible ;
• un enfant peut ne pas répondre, soit par timidité, soit
par peur de se tromper. Il faut le mettre en confiance en
transformant les tests en jeu ;
• il faut cacher non seulement l’œil non testé mais aussi
la racine du nez et le canthus externe pour éviter que
l’enfant ne triche ;
• il faut varier l’ordre de présentation des optotypes pour
éviter que ceux-ci ne soient mémorisés.
Chez les jeunes enfants, dès l’âge de 2 ou 3 ans, l’acuité
peut être testée grâce à la méthode d’appariement. Cette
méthode permet d’évaluer l’AV de loin ou de près de
manière ludique en évitant la barrière du langage puisque
l’enfant doit pointer sur une planche l’optotype correspondant à celui qui lui est présenté. Plusieurs échelles
morphoscopiques répondant également aux impératifs du
« Committee on vision » peuvent être utilisées : le test de
Lea ou les tests du Cadet-images et Cadet-lettres, ce dernier pouvant être considéré comme la version française du
Stycar-test dont il diffère par les lettres qui le constituent
[31]. Le test du Cadet est considéré comme répondant le
mieux aux recommandations de l’ANAES [32]. Néanmoins,
peu d’études se sont intéressées aux résultats de ces tests
réalisés par appariement qui pourraient montrer des différences selon les âges [32].
Les échelles angulaires sont utilisables dès l’âge de
3 ans environ, tant en vision de loin qu’en vision de
près. La latéralisation « gauche-droite » n’étant pas toujours
complètement acquise à cet âge, il faut privilégier les directions « haut—bas ». Rappelons que les échelles de près de
Weiss ou de Rossano-Weiss comportent des figures géométriques sans signification au sein de ces lignes induisant des
interférences autour d’elles et conférant à ces tests une plus
grande valeur discriminative.
Les échelles morphoscopiques, en particulier les échelles
« images » peuvent également être utilisées tôt en évitant
les échelles trop anciennes dont les « images » ne correspondent plus à des objets actuels. Les tests symboles,
chiffres et plus encore lettres, ne sont utilisables que chez
de grands enfants puisque le graphisme des lettres est différent de celui appris à l’école.
Bilan orthoptique
Le bilan orthoptique est un temps essentiel lors de la mise
en évidence d’une amblyopie, tant pour la confirmer chez
les enfants les plus jeunes, que pour en rechercher son étiologie.
491
ou de Titmus constitueraient des tests plus intéressants que
le TNO.
D’autre part, il est possible d’apprécier qualitativement la capacité de fixation de chaque œil, celle-ci étant
meilleure au niveau de l’œil dominant que de l’œil dominé
[33]. Néanmoins, la valeur prédictive positive de ce test
n’est que de 47 % [34]. Il ne permet donc pas de détecter
tous les enfants ayant une différence interoculaire de plus
de 2 lignes d’AV et ce test peut être anormal en présence
d’une isoAV. Il doit être couplé à d’autres données du bilan
orthoptique.
Recherche d’un strabisme
La recherche d’un strabisme ne présente aucune particularité dans le cadre du bilan de l’amblyopie. Il faut insister
sur l’importance de rechercher un microstrabisme, souvent
difficile à objectiver, mais qui est à l’origine d’amblyopies
profondes, rebelles à toute rééducation. D’autres anomalies orthoptiques peuvent également être retrouvées, qu’il
s’agisse de nystagmus congénitaux, patents ou manifestes
latents ou de paralysies oculomotrices passées à la concomitance.
Examen ophtalmologique
Un examen ophtalmologique est essentiel dès la première
consultation pour rechercher une éventuelle pathologie
amblyogène organique, privative et/ou un problème fonctionnel associé. Il doit donc être complet et comporter un
examen du fond d’œil après dilatation. Il faut toujours examiner l’œil dominant, même s’il est apparemment sain, à la
recherche d’anomalies bilatérales, mais nettement asymétriques dans leur intensité ou leur topographie. Au moindre
doute sur l’existence d’une anomalie oculaire, surtout si
l’enfant est jeune, il ne faut pas hésiter à avoir recours
à un examen sous anesthésie générale, complété par un
bilan électrophysiologique. Mais, seule la mise en route de
la rééducation de l’amblyopie permet d’apprécier la part et
le retentissement d’une anomalie organique sur la vision et
la part de l’amblyopie fonctionnelle associée.
Une fixation maculaire ou excentrée, stable ou instable,
étudiée au mieux à l’aide du visuscope de Cuppers ou de
la croix d’un ophtalmoscope, ne permet pas d’affirmer une
amblyopie, notamment chez les enfants les plus jeunes,
mais elle oriente fortement vers ce diagnostic. Il en est de
même des enfants dont la papille est trop facilement examinable et qui ne perçoivent pas le filament de la lampe
d’examen. Ce même diagnostic peut être porté en présence
d’une fixation instable en « aile d’abeille ». Le pronostic
visuel après rééducation est bien meilleur en cas de fixation
même instable qu’en cas de fixation excentrée. Néanmoins,
cette rééducation doit être tentée quel que soit le résultat
de ce test.
Suspicion d’amblyopie
Une amblyopie est suspectée dès lors qu’un enfant n’a pas
de vision binoculaire. Néanmoins, la sensibilité de ce test est
médiocre dans le dépistage de l’amblyopie, puisque la vision
binoculaire peut être préservée dans des amblyopies peu
profondes par anisométropie. A contrario, la préservation
d’un certain degré de vision binoculaire est un facteur de
bon pronostic de récupération. Les tests de Lang I, de Frisby
Examens complémentaires
Certains examens complémentaires ont été proposés pour
mesurer l’AV de jeunes enfants à l’âge préverbal. Tel est
le cas des PEV dont l’intérêt a été confirmé par plusieurs
études [35]. De plus, les PEV damiers steady-state ou pattern pourraient avoir une valeur pronostic [36,37]. Les
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492
autres examens complémentaires (OCT, EoMG, ERG/ERGmf,
IRM/IRMf, sensibilité aux contrastes, champ visuel) n’ont
que peu de place dans la mise en évidence d’une amblyopie,
bien qu’ils puissent objectiver des anomalies spécifiques.
Ils n’ont d’intérêt que pour objectiver une amblyopie organique associée ou pour éliminer toute autre pathologie,
notamment des voies optiques.
Suspicion d’amblyopie quel que soit l’âge de
l’enfant
De fait, dès lors qu’il existe une suspicion d’amblyopie et
quel que soit l’âge de l’enfant, la recherche d’éventuels
antécédents familiaux d’amblyopie ou de pathologie potentiellement amblyogène doit être pratiquée, de même qu’un
examen ophtalmologique complet comportant une mesure
de la réfraction et l’étude de la fixation maculaire ainsi
qu’un bilan orthoptique. La mesure de la réfraction doit être
effectuée sous cycloplégie puisqu’un diagnostic précis est
recherché.
Les autres tests sont choisis en fonction de l’âge du
patient et de sa capacité à répondre. À l’âge préverbal, la
détection d’une amblyopie repose sur l’examen du comportement visuel. À l’âge préscolaire, l’AV peut être mesurée
par appariement. Il faut tenir compte de la différence interoculaire d’AV pour conclure à une amblyopie. Enfin, chez les
enfants les plus grands, il est possible d’utiliser les échelles
d’AV traditionnels en se souvenant de leurs différences et
des limites. À tout âge, l’examen clinique est souvent suffisant et il n’est pas nécessaire de demander des examens
complémentaires, hormis en cas d’amblyopie par privation
visuelle ou d’amblyopie organique.
Rééducation de l’amblyopie
La rééducation de l’amblyopie utilise les capacités de plasticité cérébrale dont dispose le jeune enfant pour augmenter
le volume et l’étendu des connections synaptiques provenant de l’œil dominé au niveau cortical et tout au long de
la voie optique. Pour ce faire, il faut d’une part obliger
l’œil dominé à regarder en le mettant dans les conditions
optiques les plus favorables et en diminuant ou en occultant
sous surveillance la vision de l’œil dominant. D’autre part, il
faut éviter toute compétition entre les deux yeux pendant
plusieurs mois, au mieux jusqu’à la fin de la période sensible, pour stabiliser les résultats obtenus. Ces traitements
d’entretien permettent d’éviter toute rechute d’amblyopie.
Cette rééducation est d’autant plus efficace que l’enfant
est plus jeune et qu’il persiste un certain degré de plasticité cérébrale [38]. Elle doit être plus « agressive » chez les
enfants plus âgés puisque des récupérations de l’AV restent
possibles jusqu’à plus de 8 ans, mais au prix d’une prise en
charge longue et parfois mal supportée.
Éducation des parents
L’éducation des parents est essentielle. En effet, la rééducation est longue et nécessite leur implication tant pour
faire accepter lunettes ou pansements occlusifs aux enfants
que pour respecter les différentes visites de contrôle. Il est
nécessaire de faire comprendre ce qu’est l’amblyopie, ses
C. Orssaud
conséquences et les particularités de sa rééducation. . . La
compliance au traitement est indispensable [39]. Si celle-ci
est médiocre, le pronostic de la rééducation sera mauvais
[40]. Parmi les causes fréquentes d’échec de la rééducation,
il faut citer certaines craintes des parents (et des enfants)
face aux traitements qui sont vécu comme pouvant altérer la
qualité de vie ainsi qu’en témoigne des études utilisant des
échelles de qualité de vie [41]. L’absence d’implication des
parents, source de non compliance, est souvent la conséquence d’une méconnaissance de la maladie, mais aussi
d’un niveau socio-économique faible ou de difficultés de
compréhension de la langue [42]. La survenue d’une récupération visuelle constitue un facteur motivant pour les
parents [40,41].
Techniques de rééducation
Correction optique totale
La correction optique totale déterminée sous cycloplégie,
y compris la totalité de l’amétropie cylindrique, doit être
prescrite d’emblée chez les enfants amblyopes [43,44].C’est
pourquoi il est important de connaître la valeur de la réfraction de l’enfant le plus précisément dès le début de la
rééducation, ce qui ne peut s’envisager qu’après cycloplégie
et à l’aide d’auto-réfractomètres [15,16].
Il est parfaitement toléré à cet âge de porter d’emblée
une forte correction optique cylindrique ou sphérique, y
compris associée à une anisométropie, les éventuelles sensations de flou visuel étant transitoires, disparaissant en
quelques heures à quelques jours, à condition de les négliger, en expliquant aux parents qu’il s’agit d’un phénomène
passager « normal ». En dehors de cas particuliers rares tels
qu’une forte anisométropie, une correction par lunettes est
toujours préférable à une correction par lentille chez le
jeune enfant compte tenu des difficultés de pose et des
risques moins infectieux que de perte passant inaperçue.
La chirurgie réfractive n’a d’indications que dans de très
rares cas.
Le but de cette COT est de mettre chaque œil dans
des conditions réfractives identiques et optimales. Il ne
faut décider de la suite de la rééducation qu’après avoir
vu l’effet du port de cette correction seule pendant 3 à
4 semaines sur la vision de l’enfant. Ce délai lui laisse, d’une
part, la possibilité de développer une nouvelle coordination visuo-motrice et une nouvelle appréciation de l’espace.
D’autre part, il arrive, chez les enfants les plus jeunes, en
cas d’amblyopie peu ancrée, d’amblyopie par astigmatisme
ou liées à une forte hypermétropie bilatérale que le simple
port de la COT soit suffisante pour obtenir une quasi normalisation de l’AV de l’œil dominé [43,45,46]. Ce gain peut
atteindre plusieurs lignes et aboutir en 4 à 5 mois à une quasi
iso-AV chez près d’un tiers de ces cas [47,48]. Le traitement
ultérieur vise uniquement à stabiliser cette récupération
spontanée de l’AV à l’aide de traitements d’entretien. À
l’inverse, lorsque l’amblyopie est profondément ancrée,
l’AV de l’œil dominé n’est pas modifiée, ou très peu, par
le simple port des lunettes.
Différents types d’occlusion monoculaire
Les différents types d’occlusion monoculaire sont effectués à l’aide de pansements appliqués à même la peau
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L’amblyopie
et non pas au niveau des lunettes et couvrent l’ensemble
des paupières et des canthi pour éviter que l’enfant ne
« triche ». Ils peuvent être source d’irritations cutanées
favorisées par la durée du port, la transpiration et une
possible intolérance à l’adhésif et aboutissant à une inobservance du traitement. L’éosine aqueuse ou l’utilisation de
pansements de tailles permet de luter contre ces irritations.
Les autres méthodes proposées : lentilles cornéennes, bandeaux, coques oculaires ou ventousées au verre de lunettes
sont soit inesthétiques et n’empêchent pas que l’enfant ne
triche ou n’ont pas une tolérance supérieure à celle des
pansements [49]. Enfin, certains préconisent de coller les
paupières ou de coudre des coques devant elles [50,51]. Ces
traitements, laissés en place quelques semaines semblent
« barbares ».
L’occlusion permanente, totale et surveillée de l’œil
dominant, est considérée comme la forme la plus
« agressive » des occlusions [52]. Elle est particulièrement
indiquée en présence d’amblyopies profondes ou chez des
enfants de plus de 5 ou 6 ans à la plasticité cérébrale
réduite. Mais elle entraîne à cet âge un handicap scolaire.
L’occlusion doit être débutée un soir au coucher facilitant
l’acceptation du cache par l’enfant. Celui-ci est changé
dans une pièce sombre, afin de ne pas mettre les deux
yeux en compétition, dès qu’il commence à se décoller.
Cette forme d’occlusion est contraignante pour l’enfant et
ses parents. Elle impose une surveillance hebdomadaire,
voire bihebdomadaire de l’AV pour prévenir une bascule
d’amblyopie véritable amblyopie de privation visuelle [53].
Néanmoins, certains auteurs considèrent que celle-ci étant
rare, il est possible d’espacer la surveillance. Son traitement
par occlusion permanente alternée est souvent difficile et
laisse parfois subsister une AV médiocre aux deux yeux [53].
Un risque de bascule peut être suspecté devant une remontée trop rapide de l’AV de l’œil dominé. La remontée de
l’AV de près est corrélée à la remontée de l’AV de loin,
bien que cette dernière semble plus tardive. La remontée
de l’AV de l’œil dominé s’accompagne souvent d’une discrète diminution de l’AV de loin de l’œil dominant, à ne
pas prendre pour une bascule d’amblyopie dont elle n’a
pas l’importance, étant limitée à 1 à 2 lignes de l’échelle
de Snellen. L’occlusion permanente est poursuivie jusqu’à
obtention d’une quasi-isoacuité en vision de loin. Le délai
moyen nécessaire est en moyenne d’une semaine et demi
par année d’âge. Au-delà de l’âge de 7 ans, la durée de
l’occlusion très supérieure [13]. L’arrêt brutal de l’occlusion
aboutit à une rechute de l’amblyopie dans plus d’un quart
des cas [54] rendant compte de la nécessité du traitement
d’entretien poursuivi longtemps par pénalisation optique
(filtre de Ryser, méthode de Quéré ou de Pouliquen,. . .)
ou éventuellement occlusion discontinue [55]. Il est malgré
tout observé une légère diminution de l’AV à l’arrêt de tout
traitement [56].
L’occlusion discontinue a longtemps été réservée au traitement d’amblyopie peu sévère et/ou chez des enfants
de moins de 3 ans. Cependant, aucune différence n’a pu
être retrouvée entre occlusion permanente et occlusion discontinue lors d’études portant sur des enfants ayant une
amblyopie sévère [57,58]. Les travaux publiés ultérieurement par le Pediatric Eye Disease Investigator Group (PEIDG)
ont confirmé ces données. La durée du traitement avant
d’obtenir une amélioration visuelle est simplement plus
493
long (4 mois) sous occlusion discontinue que sous occlusion
permanente. Augmenter la durée journalière d’occlusion
n’améliore pas le pronostic final, mais accélérer la vitesse de
récupération [59]. Une occlusion limitée à 2 heures accompagnée par une heure de travail de près serait aussi efficace
qu’une occlusion de 6 heures, à condition que la vision de
l’enfant soit stimulée pendant cette période d’occlusion
[60,61]. Par contre, elle est plus efficace ou plus rapidement
efficace que le port isolé de la COT. Enfin, il est possible de
faire varier la périodicité de l’occlusion sans affecter les
résultats. Ainsi, il ne semble pas y avoir de différence entre
une occlusion suivie un jour sur 2 ou 6 jours sur 7 [62]. Cependant, ces travaux considèrent souvent comme un résultat
favorable la récupération d’une AV de 6/10. L’occlusion discontinue associée à un travail de près est proposée dans la
prise en charge de toute amblyopies, mais sans qu’il y ait de
consensus sur la durée optimale d’occlusion [63]. Celle-ci est
modulée selon l’évolution de l’AV tout au long de la rééducation. Le risque de bascule d’amblyopie est très faible et
permet à l’enfant de ne porter son pansement qu’en dehors
du temps scolaire. L’occlusion discontinue présente également un grand intérêt comme traitement d’entretien. Elle
est utilisée en toute fin de rééducation, à raison de quelques
heures par jour, ou éventuellement après une occlusion
complète afin d’éviter une rechute en attendant la fin de
la période sensible.
L’occlusion alternée consiste à cacher alternativement,
pendant un ou plusieurs jours, de manière parfois asymétrique, un œil puis l’autre. Elle est réservée aux amblyopies
bilatérales, et notamment aux bascules d’amblyopie. Cette
occlusion est plus souvent « permanente ». Le nombre de
jour de l’occlusion est modulé en fonction de la profondeur
de l’amblyopie de chaque œil et de l’évolution de l’AV.
Différentes pénalisations
Les différentes pénalisations (pharmacologique, optiques)
ont des mécanismes d’action, des effets et des indications
différentes.
En France, la pénalisation pharmacologique consiste à
paralyser l’accommodation de l’œil dominant en instillant
une goutte d’atropine à 0,5 % plusieurs fois par semaine.
L’œil dominant devient incapable de voire non seulement
en vision rapprochée, mais aussi en vision de loin s’il est
hypermétrope. La mydriase aréactive participe également à
la dégradation visuelle de l’œil « sain ». Ainsi, l’œil dominé
va alors développer sa vision de près puis sa vision de loin.
Par contre, il faut penser à protéger les yeux par des verres
solaires [64]. L’efficacité de la pénalisation pharmacologique serait globalement comparable à celle des techniques
d’occlusion permanente ou discontinue avec des récupérations d’AV au moins égale à 8/10 [65]. La pénalisation
pharmacologique serait indiquée dans la prise en charge
initiale d’amblyopie sévère, pour initier la récupération
de l’AV de près. Elle constitue également un traitement
des formes rebelles ou lorsqu’aucune compliance au port
d’un pansement n’a pu être obtenue. Enfin, le risque de
bascule d’amblyopie est faible, permettant d’espacer les
contrôles de l’AV de l’œil dominant. Cette pénalisation est
peu contraignante expliquant la bonne compliance [65].
Enfin, il est possible de vérifier le suivi du traitement en
contrôlant la qualité de la mydriase.
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Lorsque l’œil dominant est emmétrope, une variante de
cette pénalisation pharmacologique consiste à associer une
sur-correction de +1 à +3 dioptries à la COT de l’œil dominé
pour faciliter la récupération visuelle de près (méthode de
Pouliquen) en plus de l’instillation d’atropine dans l’œil
dominant [66].
Selon le type de pénalisation optique considérée, il est
possible de perturber soit la vision de loin de l’œil dominant,
soit la perception des fréquences élevées de ce même œil
à toutes distances :
• les filtres de Ryser, autocollants, appliqués sur le verre
devant l’œil dominant, ne laissent persister qu’une AV
résiduelle déterminée au cas par cas [67]. Celle-ci est
choisie suffisamment basse par rapport à celle de l’œil
dominé pour favoriser la prise de fixation par ce dernier. Ces filtres ont donc plusieurs indications. Ils peuvent
constituer un traitement d’entretien, l’œil rééduqué
étant le seul sollicité à analyser les hautes fréquences
spatiales alors que les deux yeux analysent les basses fréquences, limitant le risque de bascule d’amblyopie. Ce
faible risque permet également de proposer ces filtres
aux enfants les plus jeunes pour lesquels un suivi de
l’acuité visuel est difficile à pratiquer et/ou pour prendre
en charge une amblyopie peu profonde. Enfin, les filtres
de Ryser peuvent favoriser la prise de l’alternance par
l’œil dominé en cas d’amblyopie strabique ;
• la méthode de Quéré vise à obliger l’œil dominé à
prendre la fixation en vision de loin. Pour ce faire, il
est prescrit devant le seul oeil dominant une addition
de +3,50 dioptries à sa COT déterminée sous cycloplégie
[68]. Ainsi, la vision rapprochée de cet œil est préservée,
alors qu’il existe une « myopisation » en vision de loin,
l’AV devenant inférieure à 1/10. Il est donc indispensable
de connaître l’hypermétropie totale du patient. Si celleci est sous-estimée, la pénalisation devient insuffisante
et inefficace. Cette pénalisation de type « Quéré » est
proposée comme technique de rééducation d’amblyopies
peu sévères et/ou chez de jeunes enfants. Elle est également utilisée après une pénalisation pharmacologique
lorsqu’une bonne AV a été obtenue en vision de près ou
au sortir d’une occlusion permanente pour consolider la
récupération d’une isoacuité visuelle de loin [55]. La puissance de l’addition sphérique devant l’œil dominant est
réduite par paliers de quelques mois lorsqu’il est envisagé
de la supprimer, dès la fin de la période sensible. Si une
rechute de l’amblyopie semble survenir, il est toujours
possible de remonter l’addition, ce qui suffit généralement à recouvrer l’AV antérieure.
Lutte contre les facteurs amblyogènes
Quelle que soit la forme d’amblyopie, la lutte contre les
facteurs amblyogènes doit être entreprise le plus tôt possible. Ces traitements préventifs reposent sur la correction
la plus complète de toute amétropie à laquelle il faut parfois
associer une pénalisation ou occlusion de l’œil dominant ou
pose de secteurs en cas de strabisme avec préférence oculaire. Il faut traiter précocement, lorsque cela est possible,
toute privation visuelle, et de préférence avant le début de
la rééducation de l’amblyopie.
Lorsque la levée de cette privation visuelle est difficile ou
ne peut être que retardée, la prise en charge doit veiller à
C. Orssaud
ce que l’amblyopie ne s’aggrave pas grâce à une prophylaxie
plus ou moins agressive pouvant aller jusqu’à l’occlusion de
l’œil dominant. En cas d’amblyopie organique, au cours de
laquelle aucun traitement causal n’est possible, la rééducation doit toujours être tentée et débutée le plus tôt possible
[69]. Enfin, les amblyopies d’origine strabique doivent être
rééduquées avant d’intervenir sur la déviation oculaire.
Il est difficile de donner un âge limite au-delà duquel
aucune rééducation n’est efficace. Des rééducations longues
(de 8 mois en moyenne) pratiquées chez des enfants de plus
de 8 ans permettent parfois d’obtenir des résultats inespérés
(jusqu’à 8/10) [13,64]. Les moindres résultats du traitement
de l’amblyopie chez le grand enfant sont parfois rapportés
à une plus faible compliance à cet âge [70].
Déclaration d’intérêts
L’auteur déclare ne pas avoir de conflit d’intérêt en relation
avec cet article.
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