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Séquence 1 – FR20
Comment définir le réalisme ?
À la fin des années 1820, émerge un mouvement littéraire que l’histoire
littéraire appelle le réalisme. Il s’enracine dans le milieu du XIXe siècle et
donne lieu à des textes théoriques, parallèlement à une vaste produc-
tion romanesque. Ce mouvement ne concerne pas seulement le roman
ou la nouvelle, mais aussi le théâtre et d’autres arts comme la peinture
ou la photographie, inventée à la fin des années 1830. Les genres privi-
légiés où s’épanouit le réalisme sont le roman et la nouvelle. Ces genres
évoluent tout au long du XIXe siècle.
Honoré de Balzac est souvent considéré comme l’inventeur du roman
réaliste. Il lui a donné, le premier, ses lettres de noblesse dans les ré-
cits où il met en scène la vie en province ou à Paris. L’ensemble de son
œuvre romanesque qu’il baptise La Comédie humaine s’attache à dé-
crire les rouages de la société, des lendemains de la Révolution aux an-
nées 1840. Balzac est réaliste dans la mesure où il campe des situations
imitées de la réalité ou qui sont possibles. Contemporain de Balzac,
Stendhal est également considéré comme l’un des créateurs les plus
originaux du roman réaliste moderne. Son réalisme se situe cette fois
au niveau de la satire des mœurs. Mais qu’il s’agisse de Balzac ou de
Stendhal, la nouvelle et le roman réalistes s’ancrent dans l’Histoire et
dans un contexte politique et culturel. La génération des romanciers nés
dans les années 1820, au premier rang desquels Gustave Flaubert, ap-
profondit et renouvelle le récit réaliste. Bien qu’on ne puisse pas réduire
l’œuvre de cet auteur à la seule étiquette de « réaliste », il en est l’un
des principaux représentants. L’on considère parfois que l’éducation de
Flaubert a pu favoriser son sens du réalisme et sa manière efficace de
disséquer la nature humaine. Fils d’un chirurgien, il a pu, dès l’enfance,
observer la réalité normande, dont on trouve la trace dans une nouvelle
comme Un cœur simple (1877) ou dans certaines pages de Madame
Bovary (1857). L’observation des mœurs et leur restitution romanesque
font aussi partie de la technique du romancier réaliste. Après Balzac,
Stendhal et Flaubert, le réalisme tend vers le naturalisme avec Zola ou
les frères Goncourt. Maupassant observe, quant à lui, la société de son
temps, mais construit aussi ses récits fantastiques à partir de situations
réalistes.
Pourtant, ce serait peut-être une erreur de considérer le réalisme comme
une invention du XIXe siècle : en littérature, le réalisme existe bien avant
Balzac et Stendhal. On en trouve la trace dans les romans du XVIIe et
du XVIIIe siècle. L’histoire de la littérature admet cependant que le réa-
lisme se développe de manière considérable au XIXe siècle, c’est pour-
quoi on rattache le mouvement à cette époque. Le réalisme puise, en
effet, ses thèmes et ses centres d’intérêt dans le monde contemporain,
parmi lesquels la ville, la vie aux champs, les conditions de vie dans les
différentes classes sociales. En somme, le contexte social et historique
est très prégnant dans l’univers du récit réaliste. Selon toute évidence,
B
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