Quelques décisions et enseignements de l’Église sur la fréquentation des écoles acatholiques, neutres ou mixtes Pie IX, dans la lettre Quum non sine à l’archevêque de Fribourg du 14 juillet 1864 : « Dans tous les lieux, dans tous les pays où l’on formerait, et surtout où l’on exécuterait ce pernicieux dessein de soustraire les écoles à l’autorité de l’Église, et où la jeunesse serait par suite misérablement exposée au danger de perdre la foi, ce serait donc très certainement pour l’Église une obligation rigoureuse, non seulement de faire tous ses efforts et d’employer tous les moyens pour procurer à cette jeunesse l’instruction et l’éducation chrétienne qui lui sont nécessaires, mais encore d’avertir tous les fidèles et de leur déclarer que l’on ne peut en conscience fréquenter de pareilles écoles, hostiles à l’Église catholique. » Instruction du Saint-Office [Pontificat de Pie IX] aux évêques des États-Unis du 24 novembre 1875 : « Dans les écoles qui échappent à l’autorité de l’Église, les professeurs sont pris indistinctement dans toutes les sectes, et par ailleurs aucune disposition n’est prise pour empêcher leur influence pernicieuse sur la jeunesse, en sorte qu’il leur est loisible d’infuser l’erreur et de semer les vices dans les jeunes esprits. – Ceux-ci sont encore menacés d’une corruption certaine du fait que dans ces écoles, ou du moins dans plusieurs d’entre elles, les adolescents des deux sexes sont réunis dans la même salle pour suivre les cours et que garçons et filles doivent s’asseoir sur les mêmes bancs. Le résultat de tout cela est d’exposer malheureusement la jeunesse à perdre la foi et de mettre les bonnes mœurs en péril. […] Un tel péril, c’est évident, doit être absolument évité, au prix de n’importe quel sacrifice temporel, et même de la vie. […] Ils négligent de donner à leurs enfants cette instruction et cette éducation chrétiennes nécessaires, les parents qui les laissent fréquenter des écoles telle qu’on ne puisse y éviter la perte des âmes, ou qui malgré l’existence chez eux d’une école catholique et convenablement organisée, ou malgré leur possibilité de faire élever leurs enfants ailleurs dans une école catholique, les confient néanmoins aux écoles publiques, sans cause suffisante [dont l’évêque du lieu est seul juge] et sans les précautions nécessaires pour écarter le péril de perversion : il est manifeste, d’après la doctrine catholique, que de tels parents, s’ils s’obstinaient dans leur attitude, ne pourraient recevoir l’absolution dans le sacrement de pénitence. » Léon XIII, dans l’encyclique sur la Franc-Maçonnerie, Humanum genus, du 20 avril 1884 : « Nous recommandons avec une nouvelle vigilance la jeunesse qui est l’espoir de la société. – Appliquez à sa formation la plus grande partie de vos sollicitudes pastorales. Quels qu’aient déjà pu être à cet égard votre zèle et votre prévoyance, croyez que vous n’en ferez jamais assez pour soustraire la jeunesse aux écoles et aux maîtres près desquels elle serait exposée à respirer le souffle empoisonné des sectes. » Léon XIII, dans l’encyclique sur les principaux devoirs civiques des chrétiens, Sapientiæ christianæ, du 10 janvier 1890 : « C’est donc une étroite obligation pour les parents d’employer leurs soins et de négliger aucun effort pour repousser énergiquement toutes les injustes violences qu’on leur veut faire en cette matière [de l’éducation], et pour réussir à garder exclusivement l’autorité sur l’éducation de leurs enfants. Ils 1 doivent d’ailleurs pénétrer celle-ci des principes de la morale chrétienne et s’opposer absolument à ce que leurs enfants fréquentent les écoles où ils sont exposés à boire le funeste poison de l’impiété. Quand il s’agit de la bonne éducation de la jeunesse, on n’a jamais le droit de fixer les limites de la peine et au labeur qui en résultent, si grands qu’ils puissent être. » Léon XIII, encycliques Caritatis providentiæque aux évêques de Pologne, du 19 mars 1894 : « Que les parents veillent à la préservation et au bien-être de leurs enfants, surtout à l’éducation ; qu’ils leur donnent par leur propre conduite un exemple meilleur et plus efficace que tout autre. Ils ne doivent pas croire en effet qu’ils pourront pourvoir à une bonne et honnête éducation de leurs enfants, ainsi qu’il est nécessaire, sans une très grande vigilance. Non seulement, il faut fuir les écoles et les collèges où, à l’enseignement, on mêle de parti pris l’erreur au sujet de la religion, où domine l’impiété, mais aussi ceux dans lesquels on n’enseigne pas la doctrine et la morale chrétiennes, écartées comme si c’était des objets inutiles. Léon XIII, encyclique Affari vos, aux évêques du Canada, du 8 décembre 1897 : « Car il ne saurait être permis à nos enfants d’aller demander le bienfait de l’instruction à des écoles qui ignorent la religion catholique ou qui la combattent positivement, à des écoles où sa doctrine est méprisée et ses principes fondamentaux répudiés. Que si l’Église l’a permis quelque part, ce n’a été qu’avec peine, à son corps défendant, et en entourant les enfants de multiples sauvegardes, qui, trop souvent d’ailleurs, sont reconnues insuffisantes pour parer au danger. Pareillement, il faut fuir à tout prix, comme très funestes, les écoles où toutes les croyances sont accueillies indifféremment et traitées de pair, comme si, pour ce qui regarde Dieu et les choses divines, il importait peu d’avoir ou non des saines doctrines, d’adopter la vérité ou l’erreur. Vous êtes loin d’ignorer, Vénérables Frères, que toute école de ce genre a été condamnée par l’Église, parce qu’il ne se peut rien de plus pernicieux, de plus propre à ruiner l’intégrité de la foi et à détourner les jeunes intelligences du sentier de la vérité. « Il est un autre point sur lequel Nous serons facilement d’accord avec ceux mêmes qui seraient en dissidence avec Nous pour tout le reste : savoir, que ce n’est pas au moyen d’une instruction purement scientifique, ni de notions vagues et superficielles de la vertu, que les enfants catholiques sortiront jamais de l’école tels que la patrie les désire et les attend. C’est de choses autrement graves et importantes qu’il les faut nourrir pour en faire de bons chrétiens, des citoyens probes et honnêtes : leur formation doit résulter de principes qui, gravés au fond de leur conscience, s’imposent à leur vie comme conséquences naturelles de leur foi et de leur religion. « Car, sans religion, point d’éducation morale digne de ce nom, ni vraiment efficace : attendu que la nature même et la force de tout devoir dérivent de ces devoirs spéciaux qui relient l’homme à Dieu, à Dieu qui commande, qui défend, et qui appose une sanction au bien et au mal. C’est pourquoi, vouloir des âmes imbues de bonnes mœurs et les laisser en même temps dépourvues de religion, c’est chose aussi insensée que d’inviter à la vertu après en avoir ruiné la base. « Or, pour le catholique, il n’y a qu’une seule vraie religion, la religion catholique ; et c’est pourquoi, en fait de doctrines, de moralité ou de religion, il n’en peut accepter ni reconnaître aucune qui ne soit puisée aux sources mêmes de l’enseignement catholique. « La justice et la raison exigent donc que nos élèves trouvent dans les écoles, non seulement l’instruction scientifique, mais encore des connaissances morales en harmonie, comme Nous l’avons dit, avec les principes de leur religion, connaissances sans lesquelles, loin d’être fructueuse, aucune éducation ne saurait être qu’absolument funeste. De là, la nécessité d’avoir des maîtres catholiques, des livres de lecture et d’enseignement approuvés par les évêques, et d’avoir la liberté d’organiser l’école de façon 2 que l’enseignement y soit en plein accord avec la foi catholique, ainsi qu’avec tous les devoirs qui en découlent. « Au reste, de voir dans quelles institutions seront élevés les enfants, quels maîtres seront appelés à leur donner des préceptes de morale, c’est un droit inhérent à la puissance paternelle. Quand donc les catholiques demandent, et c’est leur devoir de le demander et de le revendiquer, que l’enseignement des maîtres concorde avec la religion de leurs enfants, ils usent de leur droit. Et il ne se pourrait rien de plus injuste que de les mettre dans l’alternative, ou de laisser leurs enfants croître dans l’ignorance, ou de les jeter dans un milieu qui constitue un danger manifeste pour les intérêts suprêmes de leurs âmes. « Ces principes de jugement et de conduite, qui reposent sur la vérité et la justice, et qui sont la sauvegarde des intérêts publics autant que privés, il n’est pas permis de les révoquer en doute ni de les abandonner en aucune façon. » Pie XI, encyclique sur l’éducation chrétienne de la jeunesse, Divini illius Magistri, du 31 décembre 1929 : « L’école neutre ou laïque, d’où est exclue la religion, est contraire aux premiers principes de l’éducation. Une école de ce genre est d’ailleurs pratiquement irréalisable, car, en fait, elle devient irréligieuse. Inutile de reprendre ici tout ce qu’ont dit sur cette matière Nos prédécesseurs, notamment Pie IX et Léon XIII, parlant en ces temps où le laïcisme commençait à sévir dans les écoles publiques. Nous renouvelons et confirmons leurs déclarations1 et avec elles, les prescriptions des sacrés canons. La fréquentation des écoles non-catholiques, ou neutres, ou mixtes (c’est-à-dire de celles qui s’ouvrent aux catholiques et aux non-catholiques indistinctement), doit être interdite aux enfants catholiques ! elle ne peut être tolérée qu’au jugement de l’Ordinaire, dans des circonstances bien déterminées de temps et de lieu et sous de spéciales garanties2. Il ne peut donc même être question d’admettre pour les catholiques cette école mixte (surtout si elle est unique est obligatoire pour tous), où, bien que l’instruction religieuse soit donnée à part aux élèves catholiques, ceux-ci reçoivent cependant, avec les élèves non-catholiques, tous les autres enseignements de maîtres non-catholiques. « Ainsi donc, le seul fait qu’il s’y donne une instruction religieuse (souvent avec trop de parcimonie) ne suffit pas pour qu’une école puisse être jugée conforme aux droits de l’Église et de la famille chrétienne, et digne d’être fréquentée par les enfants catholiques. Pour cette conformité, il est nécessaire que tout l’enseignement, toute l’ordonnance de l’école, personnel, programme et livres, en tout genre de discipline, soient régis par un esprit vraiment chrétien, sous la direction et la maternelle vigilance de l’Église, de telle façon que la religion soit le fondement et le couronnement de tout l’enseignement, à tous les degrés, non seulement élémentaire, mais moyen et supérieur : Il est indispensable, pour reprendre les paroles de Léon XIII, que non seulement à certaines heures la religion soit enseigné aux jeunes gens, mais que tout le reste de la formation soit imprégné du parfum de la piété chrétienne. Sans cela, si ce souffle sacré ne pénètre pas et ne réchauffe pas l’esprit des maîtres et des disciples, la science, quelle qu’elle soit, sera de bien peu de profit ; souvent même il n’en résultera que de sérieux dommages. ». 1 Pie IX, lettre Quum non sine, du 14 juillet 1864 ; Syllabus, proposition 48 ; Léon XIII, Allocution du 20 août 1880 ; encycliques Nobilissima du 8 février 1884 et Quod Multum du 22 août 1886 ; lettre Officio sanctissimo, du 22 décembre 1887 ; encyclique Caritatis, du 19 mars 1894 etc. 2 Codex Iuris Canonici, can. 1374 : « Pueri catholici scholas acatholicas, neutras, mixtas, quæ nempe etiam acatholicis patent, ne frequentent. Solius autem Ordinarii loci est decernere, ad normam in­structionum Sedis Apostolicæ, in quibus rerum adiunctis et quibus adhibetis cautelis, ut periculum perversionis videtur, tolerari posse ut eæ scholæ celebrentur. » 3 Pie XII, Allocution aux jeunes de l’Action catholique italienne, 20 avril 1946 : « Sans doute, même dans une jeunesse ainsi entourée d’embûches, il y a toujours des miracles de la grâce, des héros et des saints victorieux de toutes les séductions et des appâts du monde qui les entoure. Mais ces miracles sont rares, et ces héros et ces saints sont l’exception. Ce serait une illusion fatale de croire que de telles exceptions puissent devenir la règle générale… » 4