MINISTERE DES ENSEIGNEMENTS SECONDAIRE ET SUPERIEUR ****** UNIVERSITE DE KOUDOUGOU ****** UNITE DE FORMATION ET DE RECHERCHE EN LETRRES ET SCIENCES HUMAINES (UFR/LSH) ******* DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE BURKINA FASO Unité-Progrès- Justice MEMOIRE DE MAITRISE (Option Humaine) THEME L’impact de L’expLoitation minière sur la scolarisation des enfants dans la province du Sanguié : Cas des communes de Réo et de kyon. Présenter par : Sous la direction de : BAMOGO Yimbila Dr Isidore P. YANOGO Maître Assistant Soutenu le 25/02/2016 0 SOMMAIRE DEDICACES ................................................................................................................................................ ii REMERCIEMENTS .................................................................................................................................... iii SIGLES ET ABBREVIATIONS ................................................................................................................. iv LISTE DES TABLEAUX ............................................................................................................................ vi LISTE DES FIGURATIONS ...................................................................................................................... vii LISTE DES PHOTOGRAPHIES .............................................................................................................. viii RESUME ..................................................................................................................................................... ix INTRODUCTION GENERALE .................................................................................................................. 1 PREMIERE PARTIE : LE CONTEXTE GENERAL DE L’ETUDE. ......................................................... 3 CHAPITRE I : LE CADRE OPERATOIRE DE LA RECHERCHE ........................................................... 4 CHAPITRE II: LE MILIEU PHYSIQUE ET HUMAIN DE LA ZONE DE L’ETUDE ........................... 18 DEUXIEME PARTIE : L’IMPACT DEL’EXPLOITATION MINIERE SUR LASCOLARISATION DES ENFANTS DANS LES COMMUNES DE REO ET KYON ........................................................... 33 CHAPITRE I : L’EXPLOITATION MINIERE A REO ET A KYON ...................................................... 34 CHAPITRE II : EXAMEN DES EFFETS DE L’EXPLOITATION MINIERE SUR LA SCOLARISATION ET LA SCOLARITE .................................................................................................. 53 CONCLUSION GENERALE ..................................................................................................................... 95 BIBLOGRAPHIE ....................................................................................................................................... 96 ANNEXES ................................................................................................................................................. xiv i DEDICACES Je dédie ce mémoire à : -mon père et à ma mère ; - mon maître de l’école primaire (Monsieur Sanou S. Alexis) ; -mon épouse ; -mes enfants. ii REMERCIEMENTS Ce travail est le couronnement des différentes connaissances qui nous ont été transmises par l’ensemble du corps professoral du Département de Géographie de l’Université de Koudougou. À ce titre, nous leur témoignons toute notre reconnaissance. Nous tenons à remercier en particulier Docteur Isidore YANOGO, notre Directeur de mémoire qui a bien voulu guider nos premiers pas dans la recherche. Nos remerciements vont également à l’endroit de : Monsieur David Sanou qui nous a été d’un appui précieux tout au long de ce travail ; Monsieur Bertin TOE, pour ses multiples conseils sans cesse renouvelés et sa disponibilité ; Mon promotionnaire et ami, Monsieur Byon Richard BATIONO et aux enseignants des communes de Réo et de Kyon pour leurs soutiens lors de nos enquêtes de terrain. Ils nous ont rendu le séjour agréable et ont facilité les rencontres avec les personnes-ressources. Merci à nos aînés géographes ainsi qu’aux camarades étudiants qui nous ont toujours encouragés pour l’aboutissement de ce travail. iii SIGLES ET ABBREVIATIONS APE Association des Parents d’Elèves BEPC Brevet d’Etudes du Premier Cycle BIT Bureau International du Travail BUMIGEB Bureau des Mines et de la Géologie du Burkina BUNASOLS Bureau National des Sols CAP Certificat d’Aptitude Pédagogique CCE Comité Communal d’Education CCEB Chef de Circonscription d’Education de Base CE1/2 Cours Elémentaire 1ère /2ème année CEAP Certificat Elémentaire d’Aptitude Pédagogique CEB Circonscription d’Education de Base CEG Collège d’Enseignement Général CEP Certificat d’Etudes Primaires CEPS Construire une Ecole Pour le Sahel CM Centre Médical CM1/2 Cours Moyen 1ère /2èmeannée CMB Chambre des Mines du Burkina CNPE Comité National de Politique Economique, CP1/2 Cours Préparatoire 1ère /2ème année CPI Conseiller Pédagogique Itinérant CSPS Centre de Santé et de Promotion Sociale DPENA Direction Provinciale de l’Education Nationale et de l’Alphabétisation DRENA Direction Régionale de l’Education Nationale et de l’Alphabétisation DRESS Direction Régionale des Enseignements Secondaire et Supérieur EBCVM Enquête Burkinabè sur les Conditions de Vie des Ménages F CFA Franc des Communautés Financières d'Afrique IAC Instituteur Adjoint Certifié IC Instituteur Certifié IEPD Inspecteur de l’Enseignement du premier Degré INSD Institut National de la Statistique et de la Démographie IP Instituteur Principal IPE Initiative Pauvreté Environnement IPEC Programme international pour l'élimination du travail des enfants ITIE Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives iv MASSN Ministère de l’Action Sociale et de la Solidarité Nationale MECV Ministère de l’Environnement et du Cadre de Vie MENA Ministère de l’Education Nationale et de l’Alphabétisation O.N.G Organisation Non Gouvernementale OSEP Organisation du Sport à l’Ecole Primaire PAN Plan d’Action National PNUD Programme des Nations Unies pour le Développement PNUD/PNUE Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD)/ Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) RGPH Recensement Général de la Population et de l’Habitat SCADD Stratégie de Croissance Accélérée et de Développement Durable TBA Taux Brut d’Admission TBS Taux Brut de Scolarisation UNICEF Fonds des Nations unies pour l'Enfance v LISTE DES TABLEAUX Tableau 1 : Grille conceptuelle ...................................................................................................................... 17 Tableau 2 : Hauteur d’eau et nombre de jours de pluies par an de 2008 à 2012. ................................... 23 Tableau 3 : production des cultures vivrières de la province du Sanguié de 2006 à 2011. ................... 28 Tableau 4 : Evolution en tonnes de la production vivrières de la province du Sanguié 2007 à 2011 ...................................................................................................................................................... 45 Tableau 5 : évolution des effectifs scolarisables et scolarisés au primaire dans la province du Sanguié de 2008/2009 à 2012/2013. ............................................................................................................. 55 Tableau 6 : évolution des effectifs scolarisables et scolarisés au post-primaire dans la province du Sanguié de 2008/2009 à 2012/2013 ......................................................................................................... 56 Tableau7 : évolution du taux de promotion de la 6e en 4e par sexe et par classe dans la province du Sanguié de 2007/2008 à 2012/2013. ............................................................................................................. 63 Tableau 8 : évolution du taux de redoublement en CM2 dans la province du Sanguié de 2007/2008 à 2012/2013. ................................................................................................................................. 64 Tableau 9 : évolution du taux de redoublement au post-primaire par classe dans la province du Sanguié de 2007/2008 à 2012/2013 .............................................................................................................. 65 Tableau 10 : évolution des taux d’abandon au primaire de 2007/2008 à 2012/2013 au Sanguié ......... 66 Tableau 11 : évolution des taux d’abandon au post- primaire de 2007/2008 à 2012/2013 au Sanguié .............................................................................................................................................................. 66 Tableau 12 : évolution du taux d’achèvement au primaire dans la province du Sanguié de 2007/2008 à 2012/2013 .................................................................................................................................. 67 Tableau 13 : Evolution des résultats au CEP dans les CEB de Réo I, Réo II, Kyon et dans la province du Sanguié de la session 2009 à celle de 2013. ........................................................................... 68 Tableau 14 : Evolution des effectifs au primaire dans les communes de Réo et de Kyon de 2008/2009 à 2012/2013. ................................................................................................................................. 72 Tableau 15 : Evolution des effectifs au post-primaire dans les principaux établissements des communes de Réo et de Kyon. ...................................................................................................................... 72 Tableau16 : Taux des élèves ayant obtenu la moyenne d’au moins 5/10 lors des évaluations trimestrielles de 2012/2013 par cours, dans la province du Sanguié. ....................................................... 74 Tableau 17 : Evolution du taux de succès au BEPC dans deux établissements des communes de Réo et Kyon de 2010 à 2013. ......................................................................................................................... 75 Tableau 18 : situation des abandons liés à l’orpaillage dans les 6 CEB du Sanguié touchés par le phénomène en 2013 ......................................................................................................................................... 83 Tableau 19 : Situation des abandons liés à l’exploitation minière dans les établissements enquêtés au niveau post-primaire selon le motif et le sexe, dans les communes de Réo et de Kyon de 2011/2012 à 2012/2013. ................................................................................................................................. 84 vi LISTE DES FIGURATIONS Cartes : Carte n°1 : Localisation des communes concernées par l’étude .......................................................... 19 Carte 2 : Géologie et distribution des autorisations d’exploitation artisanale au Burkina Faso ......... 21 Carte 3 : distribution des sites d’exploitation minière dans les communes de Réo et de Kyondu Sanguié de 2008/2009 à 2012/2013 ..................................................................................................... 35 Carte n°4 : répartition de l’intensité des activités minières artisanales dans les communes de la province du Sanguié en 2012/2013………………………………………………………………..…..77 Carte N°5 : distribution des taux d’échec aux évaluations scolaires dans la province du Sanguié en 2012/2013……………………………………………………………………………………….…78 Carte n° 6 et 7: évolution de l’envergure des abandons dans des écoles de Réo et de Kyon non à proximité des sites aurifères avant et au cours de l’activité minière……………………………….…81 Carte n°8 et 9 : évolution de l’envergure des abandons dans des écoles de Réo et de Kyon à proximité des sites aurifères avant et au cours de l’activité minière…………………………………82 Autres graphiques Graphique n°1 : Evolution du TBA au primaire dans la province du Sanguié par sexede 2007/2008 à 2012/2013.......................................................................................................................................... 58 Graphique n°2 : Evolution du TBA au post- primaire dans laprovince du Sanguié de 2007/2008 à 2012/2013 ........................................................................................................................................... .59 Graphique n°3:Evolution du taux brut de scolarisation au primaire par sexe dans la province du Sanguié de 2007/2008 à 2012/2013 ..................................................................................................... 60 Graphique n°4 : Evolution du taux brut de scolarisation au post- primaire par sexe dans la province du Sanguié de 2007/2008 à 2012/2013 ................................................................................. 61 Graphique n°5:Evolution des résultats au CEP dans la province du Sanguié de 2008 à 2013 ............ 68 vii LISTE DES PHOTOGRAPHIES Photo 1: Extraction à ciel ouvert sur un site artisanal à Zoula (commune de Réo) ............................. 37 Photo 2 : Puits vertical dans une extraction souterraine à Guido (commune de Réo) ......................... 38 Photo 3 : Engins d’orpailleurs sur un site en ouverture à Kyon ......................................................... 44 Photo 4 : Champ agricole après le passage des orpailleurs à Guido (commune de Réo) .................... 43 Photo 5 : Des fillettes en activité sur un site d’orpaillage à quelques encablures de Zilivèlè (Commune de Kyon)………………………………………………………………………………….46 Photo 6 : des élèves transportant le minerai pour le laver au marigot………………………………..49 Photo 7 : des enfants remplissant leurs bidons d’eau pour aller vendre sur les sites .......................... 50 Photo 8 : Des élèves du primaire en plein lavage de minerai à Zoula (commune de Réo) ................. 51 viii RESUME Autrefois quasi inexistante dans la province du Sanguié, l’exploitation minière va y faire son apparition autour de l’année 2005. Elle débute d’abord par le secteur artisanal, suivi en 2007 du secteur industriel avec l’installation et la mise en activité de la mine de zinc de Perkouan. Activité connue pour ses impacts socio-économiques sur les populations riveraines des sites, elle suscite des inquiétudes quant à ses effets néfastes sur le système éducatif dans la région. Alors, on peut s’interroger sur les répercussions de l’activité minière sur la scolarisation des enfants dans les communes de Réo et de Kyon (province du Sanguié), localités abritant à la fois plusieurs sites miniers artisanaux et le site industriel. Pour répondre à cette préoccupation, nous nous sommes fixés comme objectif, d’analyser les effets directs et indirects de l’exploitation minière sur les indicateurs d’efficacité et qualité de l’école. Cette analyse a pour but de vérifier l’hypothèse selon laquelle, l’exploitation minière exerce une influence sur la scolarisation des enfants dans les communes de Réo et de Kyon. Pour atteindre cet objectif, nous avons opté pour une démarche basée sur une recherche documentaire qui nous a permis de dégager les variables et les indicateurs appropriés. En se référant à ces derniers, nous avons bâti une méthodologie de recherche fondée sur une approche systémique dont la mise en œuvre nous a conduits à des enquêtes et des observations sur le terrain pour collecter les données nécessaires à notre étude. Les résultats de ces travaux font ressortir que l’exploitation minière exerce un double effet sur la scolarisation des enfants dans la province. D’une part, elle contribue à l’amélioration de l’efficacité quantitative du système éducatif à travers les investissements sociaux de son secteur industriel, les emplois créés et les revenus qui en sont tirés dont une partie est destinée à soutenir la scolarisation des enfants ; d’autre part, le secteur artisanal de l’activité qui est moins structuré, comporte de nombreuses répercussions néfastes sur la qualité et l’efficacité interne du système surtout dans les localités où se déploient ses sites. En effet, en raison du désordre qui règne sur les sites artisanaux, les enfants scolarisables et scolarisés y ont accès pour vendre leur force de travail. L’implication des élèves dans les activités minières entraîne une hausse des taux d’absence aux cours, une baisse du rendement des élèves. Tout cela a pour conséquences des taux de promotion et de réussite aux examens de fin de cycle médiocres. Par ailleurs, les jeunes filles scolarisées contractent fréquemment des grossesses précoces avec des travailleurs miniers ; ce qui les contraint le plus souvent à quitter l’école. En somme, telle que pratiquée aujourd’hui, l’exploitation minière cause plus de nuisance au système éducatif dans les communes de Réo et de Kyon car, ce sont la qualité et l’efficacité interne même de l’institution scolaire qui sont affectées C’est pourquoi, il est urgent que des mesures énergiques et courageuses soient prises pour retirer les enfants des sites artisanaux, encourager les investissements sociaux du secteur et veiller à l’application rigoureuse des textes sur ces sites. Mots clés : Réo, Kyon, l’exploitation minière, scolarisation; indicateur de qualité interne ; indicateur de qualité quantitative. . ix INTRODUCTION GENERALE État enclavé de l’Afrique sahélienne, le Burkina Faso est situé en Afrique de l’ouest dans la boucle du fleuve Niger. Il couvre une superficie de 274.200 km2 et s’étend entre 9° 25’ et 15° 05’ de latitude Nord, 2° 20’ de longitude Est et 5° 30’ de longitude Ouest. D’après le recensement général de la population et de l’habitat de l’Institut National de la Statistique et de la Démographie (INSD, 2006), le pays compte 14. 017.262 habitants dont 51.7% de femmes. Cette population est composée majoritairement de jeunes avec 46,4% ayant moins de quinze (15) ans et 59.1% ayant moins de vingt (20) ans. L’économie du pays est essentiellement basée sur l’agriculture et l’élevage qui occupent près de 90% de la population active et, jusqu’en 2002, ils contribuaient toujours pour 44% au PNB (statistiques du Ministère de l’économie et des finances, 2002). Cependant, à partir des années 1980, en raison de la conjoncture économique, les matières premières sont portées sur le marché mondial. Les richesses naturelles du sous-sol, alliées à la disponibilité des capitaux pour l’exploration et l’exploitation de ces ressources, vont créer des conditions favorables pour le développement de projets miniers (Banque Mondiale, 2008). Le pays tente de saisir cette opportunité pour augmenter les recettes d’exportation, stimuler la croissance économique, créer des emplois et lutter contre la pauvreté. Le déploiement du secteur minier est justifié par sa capacité supposée à entraîner l’ensemble de l’économie sur le chemin de la croissance, et donc du développement économique (Campbell et al. 2004). La libéralisation du secteur, le code minier et les mesures fiscales souples vont être les moyens d’attraction des investisseurs privés étrangers. À partir de 2008, plusieurs mines industrielles ont été inaugurées parmi lesquelles nous pouvons retenir celles de Taparko, Youga, Mana, Essakane, Perkouan, etc. Cette exploitation industrielle coexiste avec celle artisanale qui est plus ancienne. L’extraction artisanale s’est maintenue, s’est même amplifiée et se rencontre dans toutes les régions du pays. Les mines industrielles se sont souvent implantées sur des sites aurifères déjà identifiés et exploités de manière artisanale par les populations locales. Cette dernière décennie, le secteur minier constitue une composante essentielle dans le développement économique et social du pays et joue un rôle important dans l’économie nationale. La part de l’exploitation de l’or dans le PIB est croissante et a atteint 8% (ministère de l’économie et des finances, 2011). Mais, si le développement du secteur minier est source d’espoir pour une amélioration de la situation économique et sociale du pays en raison des emplois et des devises qu’il fait entrer, il n’en demeure pas moins qu’il implique de nombreux défis à relever. Son impact s’étend pratiquement à tous les domaines. L’environnement et le social sont les secteurs les plus concernés. En s’intéressant particulièrement au volet social et plus précisément au domaine de l’éducation, le constat est qu’en 1 même temps que cette activité génère des revenus susceptibles d’être utilisés pour améliorer les indicateurs de la scolarisation, elle entraîne parallèlement le travail des enfants dans les mines, notamment dans celles exploitées artisanalement. Selon une étude de l’INSD (2006), près de 27 400 enfants de 6 à 17 ans (scolarisables) travaillent dans les secteurs de l’industrie extractive. Ils représentent 12% des orpailleurs permanents (Salembéré, 2001). Certains sont des élèves qui ont quitté l’école pour se consacrer entièrement aux activités de la mine. Au regard des implications du phénomène sur la scolarisation des enfants, et en tenant compte du fait que l’exploitation minière est une question d’importance tant sur le plan national qu’international, il est apparu intéressant d’examiner un thème en lien avec cette problématique dans la province du Sanguié et plus précisément dans les localités de Réo et Kyon. Le thème de recherche retenu s’intitule : « L’impact de l’exploitation minière sur la scolarisation des enfants dans la province du Sanguié : cas des communes de Réo et de Kyon ». Il se veut être une contribution à une meilleure appréhension de l’ampleur du phénomène et de ses impacts pour une prise de conscience collective de tous les intervenants dans le secteur des mines. Cette prise de conscience pourra conduire à des mesures et résolutions à même d’apporter des solutions au problème de scolarisation en lien avec l’exploitation minière. La substance du travail est structurée en quatre chapitres répartis entre les deux parties constitutives du présent mémoire : La première partie aborde le contexte général de l’étude et comprend deux chapitres. Le premier chapitre présente le cadre opératoire de la recherche et le second, le cadre physique et humain de la zone de l’étude. La deuxième partie qui fait l’examen de l’impact de l’exploitation minière sur la scolarisation dans la zone d’étude, est également structurée en deux chapitres. Le premier chapitre présente les caractéristiques de l’activité minière, ses apports et ses limites dans les communes de Réo et de Kyon. Le deuxième chapitre traite des incidences de cette activité sur la scolarisation des enfants dans ces mêmes localités. 2 PREMIERE PARTIE LE CONTEXTE GENERAL DE L’ETUDE. Cette première partie traite dans un premier temps du cadre opératoire de la recherche à travers la présentation du contexte, de la justification et de la démarche méthodologique. En second temps, elle présente la zone d’étude en s’intéressant à ses aspects physiques et humains. 3 CHAPITRE I : LE CADRE OPERATOIRE DE LA RECHERCHE I –LE CONTEXTE ET LA JUSTIFICATION I-1-La problématique Le Burkina Faso dispose d’un potentiel minier assez riche et varié. En effet, le sous-sol du pays regorge de ressources minières telles que l’or, le manganèse, la bauxite, le zinc, le marbre et bien d’autres (C.M.B, 2011). Cette richesse minière a été pendant longtemps peu exploitée. Hormis la mine d’or de Poura et la mine de manganèse de Tambao qui étaientt à exploitation industrielle, il n’y avait sur le territoire national, que des sites d’exploitation artisanale. En 2003, le gouvernement a procédé à la révision de la législation minière pour attirer les investisseurs dans ce domaine. Cette mesure a entraîné entre 2007 et 2011, l’ouverture de plusieurs sites miniers à exploitation industrielle dans ce pays où, le coton constituait le principal produit d’exportation1. Selon l’ONG Terre des Hommes, on dénombrait également en 2011, quelque 800 sites miniers à exploitation artisanale qui œuvrent aux côtés des sites industriels. A la faveur de ce regain d’activités dans le domaine, l’or est devenu une denrée d’exportation bien cotée dans le pays. Selon le Ministère de l’Economie et des Finances, entre 2007 et 2011, il a constitué un apport de 440 milliards de francs CFA, représentant 64,7 % de l’ensemble des exportations et 8 % du PIB. En mars 2007, il y a eu le démarrage des travaux de construction de la mine de zinc à Perkouan (province du Sanguié). Selon toujours le Ministère de l’Économie et des Finances, l’expansion que connaît l’exploitation minière depuis la dizaine d’années a fait du pays l’un des principaux producteurs d’or d’Afrique. Les retombées de l’activité, qu’elle soit artisanale ou industrielle sont multiples. Elles vont de la réduction du taux de chômage à l’amélioration des conditions de vie des ménages en passant par l’augmentation des revenus des exploitants. Les revenus directement ou indirectement tirés de l’activité sont réinvestis dans la santé, l’alimentation, la scolarisation des enfants, etc. soutient TRAORE, D (1989) cité par Hiry Paul, 2013. Mais, force est de reconnaître que le dynamisme du secteur minier n’est pas sans effets négatifs non négligeables. Au plan social, pour ne prendre que ce cas, il est à l’origine de l’exacerbation de certains fléaux sociaux tels que la prostitution, l’alcoolisme, le banditisme, de la désintégration du socle social et du tissu familial (journal le Pays du 31 janvier 2008).L’exploitation artisanale en particulier, a même détourné certains enfants du chemin de l’école. Sur le plan national, on ne dispose pas pour le moment de chiffres exacts sur le problème, mais toujours est-il qu’il reste d’actualité. À titre illustratif, la Direction Régionale de l’Enseignement de Base et de l’Alphabétisation de la région du Nord a indiqué 1 www.lefaso.net article 25350 de janvier 2008 4 qu'en 2008, 900 enfants n’ont pas pu passer leur examen car, occupés aux activités dans les mines. Elle estime au cours de l’année 2007-2008 à 3300, le nombre d’élèves travaillant dans les sites d’orpaillage les jours où ils n’ont pas classe (IRIN, Nouvelles et analyses humanitaires, 2014). Des enfants dont l’âge est compris entre 6 et 17 ans travaillent donc dans les mines au lieu d’aller à l’école comme cela devrait l’être. La présence sur ces lieux peu propices à l’éducation de cette jeunesse scolarisable ou scolaire suscite de nombreuses interrogations. Pourquoi des enfants d’âge scolaire (6-16 ans) 2sont-ils sur les sites miniers au lieu d’être à l’école ? Quelle est l’ampleur réelle du phénomène au Burkina et particulièrement dans la province du Sanguié ? Quel dispositif existe-t-il pour endiguer le phénomène ? Autant de préoccupations qui amènent à se demander quelle est la place réelle de l’exploitation minière dans un pays pauvre et au système éducatif rencontrant de nombreuses difficultés comme le Burkina Faso ? Dans le cadre de ce mémoire, il serait prétentieux de traiter la question au niveau national. Aussi, avons-nous choisi de centrer les investigations sur les sites miniers de la province du Sanguié où des enfants travaillent principalement dans les mines à exploitation artisanale (BACYE M, 2012).L’intérêt sera particulièrement porté sur ceux des communes de Réo et de Kyon qui expriment de façon éloquente la situation ci-dessus évoquée. Le fait le plus préoccupant est le désintérêt des enfants vis-à-vis de l’école au profit de la mine. Il convient donc d’inclure l’influence de l’exploitation minière dans la problématique de la scolarisation des enfants dans la province. Alors, il s’agit de façon globale, de mesurer la contribution réelle de l’exploitation minière à l’amélioration de la scolarisation des enfants dans la localité. En effet, l’éducation a pour finalité de développer les potentialités physiques, affectives, intellectuelles de l’enfant en vue de son intégration harmonieuse dans la société. Elle est une mission dévolue à l’école (loi d’orientation de l’éducation du Burkina Faso, 2007) et contribue à poser des assises solides pour l’acquisition de compétences indispensables à la consolidation du capital humain, condition indispensable pour le décollage économique et l’émergence du pays (SCADD, 2011). Ki ZERBO ne disait-il pas dans son ouvrage « Eduquer ou périr », que l’éducation est la panacée pour le développement de l’Afrique, en ce sens que c’est elle qui pose les jalons du changement ? Mais, malgré la nécessité et l’obligation scolaire, malgré les risques que présente la mine, les enfants sont toujours présents dans ces lieux. Il est évident que la non-prise en compte de ce phénomène aura sans doute des conséquences graves sur leur devenir. Ces conséquences, selon Hassane Sankara du Cadre de Concertation des ONG 2 Selon la loi N°013-2007/AN portant Loi d’orientation de l’éducation. 5 et associations actives en éducation de base cité dans IRIN NEWS du 2 septembre 2012 3, à long terme, peuvent anéantir la rentabilité des investissements consentis depuis des années pour relever les taux de scolarisation. Ils vont alors compromettre tout le système éducatif dans son ensemble et favoriser l’accroissement des maux sociaux tels que le chômage, la prostitution, le banditisme et partant, freiner le développement du pays. Aussi, ces inquiétudes sont légitimées par le paradoxe lié à l’amélioration des conditions de vie qu’est sensée procurer l’exploitation minière et la déscolarisation qu’elle est entrain d’entraîner étant entendu que le taux de scolarisation est un indicateur d’un mieux-être selon le PNUD. En vue d’apporter des réponses adéquates à ces préoccupations, il convient de se fixer des objectifs et d’émettre des hypothèses. I-2-Les objectifs de l’étude L’objectif global de l’étude est de contribuer à une meilleure connaissance des répercussions de l’exploitation minière sur la scolarisation des enfants dans les communes de Réo et de Kyon. Spécifiquement il s’agit : de faire une description analytique des indicateurs d’efficacité quantitative, d’efficacité et de qualité interne de l’école dans les communes de Réo et de Kyon ; de mesurer les effets directs et indirects de l’exploitation minière sur les indicateurs d’efficacité quantitative, d’efficacité et de qualité interne de l’école dans les communes de Réo et de Kyon. d’identifier les déterminants de l’implication des enfants d’âge scolaire dans les activités minières. I-3-Les hypothèses de l’étude La principale hypothèse de l’étude est que l’exploitation minière exerce une influence sur la scolarisation des enfants dans les communes de Réo et de Kyon. - De façon spécifique disons: - les indicateurs d’efficacité et de qualité interne de l’école sont en baisse dans les communes de Réo et de Kyon ; - l’activité minière exerce directement ou indirectement une influence sur la qualité et l’efficacité interne de l’école dans les communes de Réo et de Kyon ; - Des raisons socio-économiques amènent les enfants à s’adonner à l’activité minière au détriment de l’école ; 3 http://www.irinnews.org 6 I-4- Les variables d’étude Pour les hypothèses ci-dessus énumérées, les variables d’étude retenus sont les suivants : - pour la première hypothèse : l’accessibilité de l’école, la qualité et l’efficacité interne de l’école. - pour la deuxième hypothèse : les retombées socio-économiques de l’activité minière, la destination des revenus tirés de l’activité minière, les effets de l’activité minière sur les indicateurs de qualité et d’efficacité interne de l’école. - Quant à la troisième hypothèse, les variables retenus sont les déterminants du travail des enfants dans les sites miniers. II- LA METHODOLOGIE DE RECHERCHE L’investigation se focalise sur l’activité minière et son incidence sur la scolarisation des enfants. Le problème étant transversal, l’approche systémique qui consiste à recueillir, stocker, organiser les informations et à établir des liens logiques entre les différents facteurs, est suggérée pour traiter de la question. Pour la collecte des données, une recherche documentaire a été faite. Cette recherche est complétée par des sorties de terrain au cours desquelles des entretiens ont été réalisés et des questionnaires administrés auprès des populations cibles. II-1-La recherche documentaire Les ouvrages traitant de la problématique de l’exploitation minière sont nombreux tant sur le plan national qu’international. Dans le présent cas, la recherche a été orientée vers l’incidence de l’exploitation minière sur la scolarisation des enfants. Les ouvrages de référence, consultés dans les bibliothèques de l’Université de Koudougou, de l’Ecole Normale Supérieure de Koudougou et sur des sites internet sont : des mémoires, des rapports d’étude et d’institutions (Ministère de l’Action Sociale et de la Solidarité Nationale, Ministères chargés de l’Enseignement, l’UNICEF, Human Rights Watch), des articles de presse. Ces ouvrages traitent de l’exploitation minière, du travail des enfants, de la scolarisation en général et du travail des enfants dans les mines et carrières en particulier. Cette consultation a permis de collecter les données en rapport avec la scolarisation, l’exploitation minière industrielle et artisanale et les textes y relatifs, le travail des enfants dans les sites aurifères. Elle a également permis d’apporter un éclairage sur certains concepts-clés utilisés dans l’étude à savoir : 7 - l’impact : c’est l’effet produit par quelque chose, l’influence qui en résulte (Larousse 2009). Il est l’ensemble des répercussions, des conséquences d’un fait, son incidence sur son environnement. Dans la présente étude, il s’agit de l’incidence, c’est-à-dire, des effets négatifs et/ou positifs de l’exploitation minière sur la scolarisation des enfants dans la province. - l’exploitation : c’est l’action d’exploiter, de mettre en valeur en vue d’un profit (petit Larousse illustré de 2009). Selon la loi N° 031-2003 AN, portant code minier au Burkina Faso, (article 4), l’exploitation est toute opération qui consiste à mettre en valeur ou à extraire des substances minérales d’un gisement pour en disposer à des fins utilitaires et comprenant à la fois les travaux préparatoires, l’exploitation proprement dite, l’installation et l’utilisation de facilités de traitement, d’enrichissement et de transformation de ces substances. Toujours selon la même loi, il y a l’exploitation artisanale traditionnelle (orpaillage), l’exploitation semi-mécanisée et l’exploitation industrielle. L’exploitation artisanale traditionnelle (orpaillage), comprend « Toute opération qui consiste à extraire et concentrer des substances et à récupérer les produits marchands pour en disposer en utilisant des méthodes et des procédés traditionnels et manuels.». Il existe deux catégories de sites d’orpaillage : La première catégorie, concerne les sites d’orpaillage qui sont confiés à des exploitants ayant bénéficié d’une autorisation délivrée par les autorités compétentes du Ministère de l’Energie, des Mines et Carrières. Les détenteurs d’autorisation sont reconnus comme les encadreurs ou les « propriétaires » de la mine artisanale. C’est à eux seuls qu’incombe la responsabilité de la gestion du site, prenant en compte l’encadrement, l’organisation et la vente de l’or. La seconde catégorie de sites aurifères est appelée « Sites sauvages ». Ce jargon n’est pas reconnu au niveau du Ministère de l’Energie, des Mines et Carrières, mais est très souvent usité sur le terrain. Ce sont des sites inorganisés, non reconnus officiellement et œuvrant dans l’illégalité. Ces sites ont souvent un accès incontrôlé ou épars ; tout travailleur (enfant ou adulte) peut y accéder pour sa force de travail. Précisons que la seconde catégorie des sites aurifères est la plus répandue dans la province du Sanguié et les sites de la zone d’étude répondent à ce critère à l’exception d’un seul à savoir, le site industriel de Perkouan. L’exploitation semi-mécanisée s’effectue dans les mêmes conditions que la première catégorie d’orpaillage avec pour seule différence, l’utilisation de moyens mécanisés à certains niveaux de la chaîne de production. L’exploitation industrielle est faite par des sociétés bien organisées, bien équipées, disposant de ressources suffisantes et employant des moyens mécanisés (engins lourds) dans toutes les chaines des 8 opérations d’exploitation des substances. Cette forme d’exploitation est légalement reconnue et s’exerce dans le respect de la législation en vigueur. C’est le cas de Nantou Mining à Perkouan. - La scolarisation : selon le petit Larousse illustré de 2011, « La scolarisation est l’action de scolariser » et scolariser, c’est doter un pays, une région des établissements nécessaires à l’enseignement de toute sa population. C’est aussi admettre un enfant ou un groupe d’enfants à suivre l’enseignement d’un établissement scolaire jusqu’à l’âge scolaire révolu qui est fonction de la législation scolaire de chaque pays. Le Burkina Faso fixe cet âge à seize(16) ans. La scolarisation d’un pays ou d’une région s’apprécie à travers le taux brut et le taux net de scolarisation, le maintien qui se mesure par une bonne fréquentation scolaire, un bon taux d’achèvement, de promotion et de réussite aux examens de fin de cycle. - L’enfant : L’enfant se comprend comme étant la fille ou le garçon qui est encore dans la période de l’enfance. La définition juridique de l’enfant résulte des différents instruments juridiques internationaux et régionaux et de la législation nationale. Aussi, selon l’article 1er de la convention relative aux droits de l’enfant, celui-ci se définit comme « tout être humain âgé de moins de 18 ans, sauf si cette majorité est atteinte plus tôt en vertu de la législation qui lui est applicable ». La législation scolaire au Burkina-Faso fixe cet âge de 6 à 16 ans, du primaire au post-primaire (du CP1 à la classe de 3e). Pour la présente étude, le mot enfant concerne les enfants du primaire et du post-primaire, c’est-à-dire ceux âgés de 6 à 16 ans révolus. II-2-La justification du choix du site d’étude Bien que le phénomène soit d’envergure nationale et même au-delà, nous avons estimé que pour plus d’objectivité et d’efficacité, il était judicieux de circonscrire la zone d’investigation. C’est pourquoi, une entité territoriale à la taille d’une province a été retenue, en l’occurrence celle du Sanguié. Le Sanguié est l’une des quatre provinces que compte la région du Centre-Ouest. Elle se localise à 12°19 de latitude Nord et 2°28 de longitude Ouest, couvre une superficie de 5178 km2 avec une population estimée à 297230 habitants (RGPH, 2006). La province héberge un site minier industriel (Nantou Mining) à Perkouan et plusieurs sites d’orpaillage localisés à Perkouan, mais aussi dans d’autres communes ou villages comme Dassa, Kyon, Bonyolo, Sandié, Guido (journal le pays du 31 janvier 2008). Sur le terrain, il a été constaté aussi bien dans le site industriel de Perkouan que dans les sites artisanaux, que plusieurs habitants de la localité s’emploient ou sont employés dans l’activité minière. Parmi les travailleurs des sites artisanaux, certains sont des enfants. Les visites sur le terrain ont permis de se rendre compte que certains d’entre eux ont été à l’école et l’ont quittée après pour la mine. 9 C’est pour toutes ces raisons que le choix est porté sur la zone du Sanguié qui est assez révélatrice du phénomène. L’intérêt particulier pour Réo et Kyon se justifie par la coexistence dans ces deux localités, d’une exploitation industrielle et des sites d’orpaillage, offrant ainsi la possibilité de comparaison. II- 3- La revue de littérature L’exploitation minière : caractéristiques, organisation La politique minière mise en route au Burkina Faso, il y a quelques décennies est à l’origine de l’essor exceptionnel du secteur des mines. L’exploitation minière pour l’essentiel, concerne l’or et se fait de façon industrielle et artisanale (Comité National de Politique Economique, CNPE, 2013). L’exploitation de type industriel est caractérisée par une grande couverture de superficie (103.156 2 km , rapport de l’IPE/BURKINA, 2011), l’usage d’équipement moderne d’extraction et de traitement du minerai, des mesures de protection de l’environnement, de sécurité au travail aux normes officielles, le respect de la réglementation en vigueur. Elle est en grande partie assurée par des sociétés étrangères. A la date du 31 décembre 2012, onze (11) permis d’exploitation industrielle étaient délivrés et huit (8) mines sont mises en phase de production (CNPE, 2013). Les investissements du secteur minier sont estimés sur la période 2007-2012 à 813,375 milliards de francs CFA. La mise en exploitation des mines industrielles a entraîné une augmentation exponentielle de la production aurifère (ITIE, 2012). En effet, selon le Comité National de Politique Economique (CNPE), entre 2000 et 2007, la production d’or au Burkina Faso ne dépassait pas 0,95 tonne par an. Elle a été multipliée par presque huit (08) en cinq ans, passant de 5,8 tonnes en 2008 à 42,4 tonnes en 2012. La méthode d’exploitation dans les mines industrielles est basée essentiellement sur l’utilisation d’une flotte d’engins miniers comprenant des foreuses, des pelles, des camions, des niveleuses, des chargeuses et des bouteurs sur pneus et sur chenilles. Pour le traitement du minerai, les exploitants industriels procèdent par lixiviation et amalgamation. Cela nécessite l’utilisation de grande quantité d’eau, d’acides et de cyanure. Dans son rapport final 2011, l’IPE/BURKINA a estimé à 4,73 m3 le volume d’eau qu’il faut pour la production d’une once d’or. Le même rapport relève l’utilisation des produits chimiques qui peuvent s’avérer très dangereux pour la santé. L’exploitation de type industriel emploie des travailleurs (nationaux et internationaux) munis d’un contrat de travail. C’est ce qu’illustrent des étudiants de l’université de Ouagadougou qui relèvent dans leur document de synthèse, qu’au niveau de la mine d’or de Younga, en 2009 le nombre de travailleurs sous contrat s’élevait à 599 dont 323 locaux(document synthèse,4 e année MGD, 2009). Dans la mine industrielle, les mesures sécuritaires sont de mise. Le port de casque, de bottes, de gants, de lunettes et tout autre équipement indispensable à la sécurité du travailleur est obligatoire. 10 Cependant, malgré ces dispositions, on relève des accidents de travail. Le rapport final 2011, IPE/BURKINA indique que des cas de blessures allant de mineures à mortelles ont été signalés dans les différentes mines du Burkina sans pour autant atteindre des chiffres alarmants. L’exploitation artisanale traditionnelle, quant à elle, est saisonnière et est surtout l’apanage des populations rurales. Elle est une pratique ancienne, connue de plusieurs sociétés africaines qui en faisaient une tradition et une expression de leur puissance. CHAUVEAU J.P, 1979 prend à ce titre, l’exemple de la société baoulé où l’or était un des traits caractéristiques de sa puissance dans la seconde moitié du XIV siècle. De nos jours, l’exploitation artisanale traditionnelle bien que poursuivant des objectifs autres que d’antan, reste d’actualité. Elle a connu un dynamisme ces dernières décennies et se pratique dans les treize régions du Burkina (CNPE, 2013). Selon la réglementation en vigueur dans le secteur minier (LOI N° 031-2003/AN du 08 mai 2003, portant code minier au Burkina), l’activité est soumise à une autorisation de l’administration des mines. Elle doit également se pratiquer dans le respect des normes de santé publique et de sécurité au travail, de préservation de l'environnement et de commercialisation des produits. Malgré ces dispositifs légaux, l’exploitation artisanale traditionnelle se caractérise par sa clandestinité et ses modes d’exploitation archaïques et anarchiques des gisements. A ce propos, le Journal l’opinion (n°838 du 13 au 19 novembre 2013) affirme que le nombre d’autorisations d’exploitation artisanale valides sur plus de 700 sites dénombrés en 2013, était de 177. A la première réunion des CNPE à Cotonou en juillet 2013, la délégation du Burkina, dans sa communication insiste sur le caractère incontrôlable et toute l’anarchie qui règnent au sein du secteur. Elle déclare à cet effet : « L’Etat, dans un premier temps, a voulu responsabiliser et inciter à l’organisation en attribuant des autorisations d’exploitation artisanale. Cependant, à l’évidence la réflexion doit être approfondie. Le secteur ne peut pas être contrôlé par une simple règlementation. De nos jours… la production déclarée tourne autour d’une moyenne de 450kg par an depuis 2000. A partir de 2007, la production déclarée a certes augmenté, mais reste quasi constante autour d’une moyenne de 480 kg par an. Si l’on considère l’accroissement du nombre de sites chaque année, on évalue aisément la production réelle dans ce secteur à environ 2 tonnes d’or par an. Près de 1,5 tonnes d’or sont perdues chaque année du fait de la fraude. » Dans ce type d’exploitation, l’équipement d'exploitation utilisé est généralement rudimentaire, archaïque donc très souvent inadéquat. HIRY P. 2013, dans sa communication sur« Impact des sites aurifères sur l’éducation » souligne que des outils très simples tels que pelles, pics, pioches, seaux, calebasses, pièces métalliques diverses, bouteilles de gaz sciées constituent l’équipement de base des 11 artisans miniers. Il note que la précarité des moyens et les carences techniques conduisent fréquemment à un dramatique écrémage des gisements donc, à un fort manque à gagner pour le mineur. Les techniques et méthodes d’exploitation pratiquées dans les mines artisanales sont tout aussi archaïques que le matériel. Pour l’exploitation des gîtes filoniens, la technique consiste à foncer des puits verticaux dans le stérile. KEITA S. 2001, dans son étude sur les mines artisanales et les exploitations minières à petite échelle au Mali précise que dans le cas de gîte filonien, l’accès au filon s’effectue par un système de galeries latérales rayonnantes. Ces galeries atteignent souvent les nappes phréatiques nécessitant l’intervention des femmes pour l’exhaure. Il poursuit en disant que les méthodes de traitement du minerai sont grossières et peu élaborées. Le traitement dont les principales étapes consistent au broyage, au meulage, au lavage, au vannage…, est le plus souvent relégué aux femmes et aux enfants. Il relève également l’usage de produits chimiques dans le traitement du minerai. Ce point de vue est confirmé dans le rapport final 2011, IPE/BURKINA qui souligne que dans mines artisanales au Burkina, des produits chimiques et acides tels que le mercure, le cyanure sont utilisés. En raison des outils, des techniques et méthodes employés, l’exploitation minière artisanale se révèle être très demandeuse de main-d’œuvre. Il y a plus de 700 000 personnes qui participent activement à l’exploitation minière artisanale au Burkina (Rapport synthèse, atelier sous régional, BAMAKO 2013).Cette activité emploie même des enfants ayant un âge compris entre 6 et 17 ans. En 2006, l’ONG Terre des Hommes, Lausane a estimé à 200 000, le nombre d’enfants travaillant dans les mines artisanales au Burkina Faso4. YARO Y. (1996), dans son document «les jeunes chercheurs d’or d’Essakane » relate qu’entre 5 à 8% des orpailleurs sont des enfants de 13 à 15 ans. Sans avoir épuisé leur scolarisation obligatoire, ils sont obligés de descendre dans des puits d’extraction des minerais souvent profonds de 15 à 60 mètres. Pour cet auteur et pour bien d’autres, l’orpaillage mobilise un nombre important d’enfants issus le plus souvent de couches sociales défavorisées et cela, aux dépens de l’école. Exploitation minière : impacts L’exploitation minière, qu’elle soit industrielle ou artisanale impacte aussi bien positivement que négativement les milieux physiques et humains. Les impacts positifs concernent la création d’emplois, de revenus, la réalisation d’infrastructures socioéconomiques et bien d’autres externalités liées à l’implantation des mines. La plupart des ouvrages consultés font ressortir que l’exploitation minière de façon générale, est une grosse pourvoyeuse d’emplois et par conséquent, un moyen de lutte contre le chômage. 4 http://www.irinnews.org, consulté le 02/09/2012 12 A ce propos, le Ministère de l’Environnement et du Cadre de Vie (MECV) dans son rapport final d’ « analyse économique du secteur des mines, liens pauvreté et environnement » 2011, précise que l’industrie minière et les services connexes fournissent plus de 9 000 emplois directs et 27 000 emplois indirects. Ils font vivre près de 300 000 personnes. Quant à l’exploitation artisanale, le PNU-DPNUE, 2011 cité dans le rapport du Ministère de l’Environnement et du Cadre de Vie, estime que plus d’un million de personnes bénéficient des revenus qui en sont tirés. En plus des emplois et revenus issus de l’activité minière, il faut noter que les sociétés industrielles investissent dans la réalisation d’infrastructures socio-économiques telles que les routes, les écoles, les services de santé… A cela s’ajoute les taxes et autres impôts versés aux collectivités ou à l’Etat. En effet, au cours de l’année 2012, le montant total perçu par l’Etat Burkinabè à titre de taxes et de redevances a été de 189,565 milliards de francs (CNPE, 2013). Pour ce qui concerne les effets néfastes en lien avec l’exploitation minière, ils sont évoqués par la plupart des auteurs qui se sont intéressés au sujet, tant au niveau industriel qu’artisanal. Ces impacts négatifs selon Keita S., 2001, peuvent se résumer en trois catégories à savoir : les impacts environnementaux, les impacts sociaux et le problème du travail des enfants sur les sites miniers. De façon globale, l’exploitation minière modifie les paysages des régions. BOUTARE I. et al (2011), dans leur traité intitulé : « Aspects environnementaux liés au développement du secteur minier en Afrique de l’Ouest », relève que la manifestation la plus visible de l’activité minière est la modification des paysages due aux déblaiements de terrains stériles, qui entraîne une dégradation importante de la zone. HIRY P. (2013), souligne que les activités minières représentent une menace pour les écosystèmes naturels. En effet, soutient-il, les camps miniers produisent des déchets qui peuvent être des sources de pollution des sols, des eaux, des airs…Des effets néfastes sont également relevés sur le couvert végétal, la faune. BOUTARE I., ajoute que la déforestation, le creusage de puits, la pollution … sont source de régression des terres cultivables. Au niveau social, les impacts négatifs couramment évoqués sont l’afflux massif des populations, la dégradation rapide des mœurs et les accidents. DEMBELE(2008), signale que sur la plupart des sites miniers traditionnels au Burkina, la prostitution, l’usage de stupéfiants, l’escroquerie et même la criminalité ont tendance à s’y développer. La situation est d’autant plus grave en raison de la nette insuffisance des infrastructures sociales. A propos de stupéfiants, le journal «le Pays » du 31 janvier 2008, rapporte que sur les sites d’orpaillage dans la province du Sanguié, la plupart des orpailleurs en font usage pour, disent-ils, avoir le courage de descendre dans les puits. Des puits qui, effectivement présentent des risques d’effondrement étant entendu 13 que les règles minimales de sécurité n’y sont jamais respectées, alimentant ainsi les statistiques des accidents mortels. A ces maux s’ajoutent l’exploitation sexuelle des mineurs et l’abandon des activités économiques traditionnelles au profit de celles de la mine. Sur le plan sanitaire, les travailleurs miniers sont exposés à plusieurs maladies dont les plus fréquentes sont celles liées à l’absorption de la poussière. Le rapport final, 2011 du Ministère de l’Environnement et du Cadre de Vie relève entre autres les affections pulmonaires (silicose, bronchites, etc.), affections oculaires et dermatologiques diverses. Autres effets indésirables de l’activité minière, qui sont du reste, le fait exclusif de la section artisanale, est le travail des enfants dans les sites. A ce sujet, Yaro Y. (1996), fait ressortir que l’orpaillage mobilise un nombre important d’enfants qui interviennent dans tous les maillons de production de l’or : creusage, transport, tamisage et vannage. Cet auteur estime que dans les mines artisanales au Burkina, environ 20 à 25% des effectifs des orpailleurs sont des enfants de moins de 15 ans. Le travail des enfants dans les mines et la scolarisation Le travail des enfants n’est pas un phénomène récent. L’enfant a toujours participé à l’économie familiale surtout dans les pays en voie de développement à travers les travaux agricoles et domestiques. Selon le BIT, en 2004, l’Afrique Subsaharienne constitue la partie du monde où le travail des enfants continue de pendre de l’ampleur. Il y a été dénombré entre 2000 et 2004 plus de 48 millions d’enfants économiquement actifs. Le même organisme fait remarquer que le Burkina Faso est l’un des pays africains où le pourcentage d’enfants travailleurs est très élevé, 51%. Cette situation est confirmée par l’Enquête Prioritaire (EP) et l’Enquête Burkinabè sur les Conditions de Vie des Ménages (EBCVM) réalisées respectivement en 1998 et en 2003 dont les résultats mettent en avant l’ampleur du phénomène. Par ailleurs, des rapports d’enquêtes ponctuelles du BIT en 2004 et 2006 ont permis d’établir que la majorité des enfants travailleurs se trouve dans les secteurs de l’agriculture, de l’élevage et surtout ces derniers temps, dans l’exploitation artisanale de l’or. Les principaux déterminants du travail des enfants au Burkina Faso relevés par la plupart des auteurs sont: les pesanteurs socioculturelles, la pauvreté, le niveau de vie des ménages, les conditions de travail et les techniques de production utilisées dans les mines. De tous ces déterminants, la pauvreté est identifiée par de nombreux auteurs comme principale cause du travail des enfants. GNOUMOU/TOMBIANO B. (1997) conclut son mémoire sur le travail des enfants à Ouagadougou en soutenant que l’état de pauvreté des familles amène les enfants à entrer en activité pour apporter leur contribution au revenu familial. BONNET M., (1993), tiré du mémoire de GNOUMOU, affirme que plus une famille est pauvre, plus elle est vulnérable. Il poursuit en disant 14 qu’une telle famille ne dispose pas d’assise économique capable d’offrir une flexibilité suffisante pour traverser des passages difficiles, d’où la mise au travail des enfants de façon précoce. Cependant, plusieurs études révèlent que le travail des enfants de façon générale, affecte leur rendement scolaire. TRAORE /RABO S. (2006), conclut ses travaux sur le phénomène en observant que la plupart des enfants échouent à l’école non pas parce qu’ils ne sont pas intelligents, mais à cause des multiples travaux auxquels ils sont assujettis en marge des activités scolaires. Chez les enfants travailleurs dans les mines, la situation est encore plus dramatique. Selon, BACYE M. (2013), les abandons, les redoublements, les exclusions sont beaucoup plus accrus chez les élèves orpailleurs, tandis que leurs taux de réussite aux examens décroissent. Dans la même lancée, Yaro Y. (1996) précise que les enfants scolarisés et scolarisables des villages environnants des sites s’y retrouvent dans l’espoir d’avoir de l’or. Ainsi, les classes sont désertées réduisant considérablement les temps d’apprentissage. Ces enfants sont également exposés à des risques allant de la toxicomanie à la délinquance juvénile en passant par la prostitution et aux grossesses non désirées. III-TRAVAUX DE TERRAIN 1- L’échantillonnage démographique Le travail de terrain a consisté à se rendre au ministère de l’Energie, des Mines et des Carrières, à la direction de la société Nantou Mining, au Ministère de l’Education Nationale, au Ministère des Enseignements Secondaire et Supérieur. Cela a permis de nous imprégner de la réglementation en vigueur dans le secteur, d’obtenir des données statistiques sur les sites miniers, sur la scolarisation et de recueillir le point de vue des responsables de ces institutions sur le phénomène. A la suite, des entretiens avec les Directeurs régionaux de l’Education Nationale et de l’Alphabétisation(DRENA) et des Enseignements Secondaire et Supérieur (DRESS) du Centre –ouest, le Directeur Provincial de l’Education Nationale et l’Alphabétisation (DPENA) du Sanguié, les maires des communes de Réo et de Kyon ont permis de recueillir des données et de prendre la mesure des actions entreprises localement en la matière. Des entretiens ont été également réalisés auprès des Chefs de Circonscription d’éducation de Base (CCEB) de Réo I, de Réo II, de Kyon, des responsables des établissements primaires et post-primaires. Pour la commune de Réo, il s’est agi au niveau primaire, des directeurs des écoles de Sandié, Guido, Zoula B, Perkouan A et Toukon et au post-primaire, des proviseurs du Lycée provincial de Réo, du Lycée Communal de Réo, du CEG de Zoula, du Collège Sainte Thérèse de Zoula et du lycée privé Saint Félix de Réo soient en tout 10 établissements. A Kyon, ce sont les premiers responsables des écoles primaires de Kyon A, Kyon B, Zilivélé, Nagarpoulou et Poa et des lycées départemental et privé Piayiboula de Kyon qui ont été concernés. Au total, trois (3) inspecteurs, deux (2) Conseillers Pédagogiques et dix-sept(17) chefs d’établissement ont été enquêtés à l’aide de guides d’entretien. Également, 30 enseignants (du primaire et du post-primaire) ont été soumis à 15 un questionnaire pour recueillir des données sur les taux d’inscription, de fréquentation, de promotion, de redoublement, d’abandon, d’exclusion, sur les taux de réussite aux différents examens et concours et surtout, sur les raisons des échecs, abandons et non scolarisation des enfants. Aux élèves des établissements ci-dessus cités (4 par établissement dont 2 garçons et 2filles soit au total 68 élèves), un questionnaire a été administré. Des questions ont été également posées aux ensembles classe (4classes par établissement) en vue de recueillir des données relatives aux abondons liés aux activités minières par promotion d’élèves. Un entretien a été réalisé aussi auprès de leurs parents (30 dont 20 à Réo et 10 à Kyon). Sur les sites d’exploitation, 30 orpailleurs ont été questionnés pour savoir la destination des revenus tirés du travail dans les mines, les causes du travail des élèves sur ces lieux, comment ils appréhendent le phénomène et mesurer leur degré de maîtrise des textes relatifs au travail des enfants et éventuellement recueillir leurs suggestions. Des fiches d’enquête ont été adressées aussi à des élèves orpailleurs (60) dont le but était de tirer des informations sur leurs conditions de travail, les tâches à eux confiées, leur connaissance des droits de l’enfant, ce qu’ils pensent de l’école, les raisons de leur abandon de l’école au profit de l’orpaillage et ce qu’ils souhaitent devenir plus tard. Enfin un entretien à l’endroit de 10 chefs de ménages du village de Perkouan travaillant dans la mine industrielle, du directeur de l’école primaire dudit, a été réalisé pour s’informer de la contribution de la société minière à la scolarisation des enfants dans le village. Au total deux cent quarante-cinq (245) personnes ont été touchées par l’enquête. 2- Les outils de collectes des données Les principaux outils utilisés pour la collecte des données sont le questionnaire et le guide d’entretien. A cet effet, une fiche d’enquête a été élaborée et adressée aux enseignants, aux élèves dans les établissements, aux élèves trouvés sur les sites et aux orpailleurs. Les guides d’entretien ont permis de recueillir des informations lors des rencontres avec les différentes personnes-ressources. 3- Le traitement de données Les données brutes collectées ont été dépouillées et analysées manuellement. Concernant les constructions cartographiques, le logiciel ARC VIEWS a été utilisé. Les différents tableaux et graphiques (courbes, histogrammes…) ont été réalisés à l’aide du logiciel EXCEL et la rédaction proprement dite est faite à partir du logiciel WORD. 16 Tableau 1 : Grille conceptuelle Hypothèses Variables Indicateurs L’accessibilité de l’école. Nombre de salles de classe, Les indicateurs de ratio élèves/salle, taux de qualité et d’efficacité scolarisation. interne de l’école sont en baisse dans les La qualité et l’efficacité interne de Taux de promotion, taux de communes de Réo et l’école. redoublement, taux d’exclusion, taux de Kyon. de succès aux examens de fin de cycle. La destination des revenus tirés de -Les postes de dépenses des l’activité minière, travailleurs miniers L’activité minière exerce directement ou Les retombées socio-économiques -Le nombre d’emplois créés par indirectement une de l’activité minière l’activité minière, influence sur la qualité et l’efficacité -Les impôts et taxes versés par les interne de l’école exploitants dans les communes de -Les investissements sociaux des Réo et de Kyon. exploitants miniers Des raisons socioéconomiques amènent les enfants à s’adonner à l’activité minière au détriment de l’école. Les effets de l’activité minière sur Les taux de promotion ; les indicateurs de qualité et de Les taux de redoublement ; Les taux de réussite aux examens et l’efficacité interne de l’école. concours scolaires. Les revenus des parents d’élèves ; Les sources de revenu Le niveau des revenus. Les principaux déterminants La taille moyenne des ménages. du travail des enfants. La représentation traditionnelle du Les caractéristiques travail des enfants. sociodémographiques des ménages d’origine des enfants orpailleurs. Population cible Enfants scolaire, scolarisés Echelle d’analyse Outil de collecte Province, Commune, d’âge CEB enfants documentation Province, commune, CEB, école. élèves Les travailleurs Province, commune miniers Les travailleurs Province, commune miniers Elèves, enseignants, parents d’élèves. Province, commune, CEB, école. Parents d’élèves, Ménage des parents d’élèves orpailleurs, autorités locales. Ménage, communes enquête, documentation , entretiens. Enquête, entretien, documentation 17 CHAPITRE II:LE MILIEU PHYSIQUE ET HUMAIN DE LA ZONE DE L’ETUDE Les communes de Réo et de Kyon sont localisées dans la région du Centre-Ouest du Burkina Faso, plus précisément dans la province du Sanguié. La première est une commune urbaine qui regroupe à la fois des caractéristiques propres à la ville et à la campagne en matière d’aménagement de l’espace et d’organisation des activités socio-économiques. La seconde est une commune rurale avec une organisation et des activités socio-économiques propres à ce milieu. Ces caractéristiques leur confèrent des ressemblances mais aussi des dissemblances. Cette première partie fait ressortir respectivement l’environnement physique et humain de ces localités en relation avec l’activité minière. I-LE MILIEU PHYSIQUE Le milieu physique regroupe des facteurs naturels tels que le climat, le substratum géologique, le relief, les sols, le couvert végétal, l'hydrographie etc. La dynamique de ces éléments conditionne l’occupation de l’espace et les activités économiques. C'est pourquoi, dans ce chapitre, un aperçu sur quelques-uns de ces facteurs sera donné afin de permettre une analyse éclairée de l'ensemble des activités menées par les populations dans la zone d'étude. I-1-.La situation géographique La province du Sanguié est située dans la région du Centre-Ouest, à environ 115 km de la capitale Ouagadougou et à 15 km à l’Ouest de Koudougou, chef-lieu de la région. Elle est limitée au Nord par la province du Passoré, au Sud par la province de la Sissili, à l’Est par la province du Boulkiemdé, à l’Ouest par la province du Mouhoun, au Sud-Ouest par la province des Balé, au Nord-Ouest par la province du Nayala et au Sud-Est par celle du Ziro. Elle a une superficie de 5 162 km² et est subdivisée en dix (10) communes dont celles de Réo et de Kyon. La province tient son nom du Mont Sanguié situé à 5 km de la ville de Réo. S’agissant de la commune de Réo, elle couvre une superficie de 428km² et est limitée à l’est par la commune de Koudougou, au nord par la commune de Kordié, à l’ouest par les communes de Dassa, Didyr, Godyr, au sud-ouest et au sud par les communes de Kyon et Ténado. Elle est composée de 09 secteurs et de 12 villages. Quant à la commune rurale de Kyon, elle est à 12 km de Réo, chef-lieu de la province et à 27 km de Koudougou. Elle est composée de six (6) villages et couvre une superficie de 196 km2. La commune de Kyon est limitée à l’Est par la commune de Réo, au Sud et à l’Ouest par la commune rurale de Ténado, au Nord et au Nord-Ouest par la commune rurale de Dassa. 18 Carte n°1 : Localisation des communes concernées par l’étude 19 I-2-La géologie, les ressources minières et les sols La géologie et les ressources minières La province du Sanguié s'étend sur le bouclier africain. Les formations géologiques qui parcourent cette province date du précambrien inférieur (granite), moyen (massif de roches vertes, schiste, grès), tertiaire (roches volcano-sédimentaires) et du quaternaire (migmatites gneissiques à biotite, cuirasses ferrugineuses, alluvions) (BUNASOLS 1995). Les formations volcano-sédimentaires, selon le BUNASOLS, sont connues pour leurs potentialités en ressources minérales dans la sous-région (Ghana, Côte d'Ivoire, Mali, Niger, Guinée, Sénégal) et dans d'autres régions du monde (Canada, Australie...). L'exploration géologique et minière menée sur le territoire national a permis de mettre en évidence plusieurs indices de minéralisation parmi lesquels on peut citer l'or, le manganèse, le zinc, le cuivre, le phosphate, etc. Dans la province du Sanguié et particulièrement à Réo et à Kyon, on rencontre des roches plutoniques de type précambrien C, dominées par des granites à biotiesnuscorites. (BUNASOLS 1995). Des travaux de recherches menés par le BUNASOLS sur ces formations ont montré que le sous-sol de la province renferme des ressources minérales variées. Les découvertes, sans être très importantes, se composent : des indices d’or dans les départements de Zamo, Dassa, Kyon, Réo ; des surliures massives de zinc de plomb et d’argent à Perkouan dans le département de Réo ; un gisement important de nickel à Bounga dans le département de Zamo ; des traces de cuivre à Kilsio dans le département de Réo et dans les environs de Pouni. 20 Carte 2 : Géologie et distribution des autorisations d’exploitation artisanale au Burkina Faso Source : (DGCM, mai 2011)/F. Coulibaly 21 Les sols Les processus de pédogenèse dominants dans la région sont de types ferrugineux. Ces processus y ont mis en place des sols majoritairement ferrugineux tropicaux peu lessivés et lessivés, et des sols peu évolués. Selon le rapport technique n°124 de septembre 2003 de la commission pédologique et de la cartographie des sols du BUNASOLS, les sols inventoriés au Sanguié appartiennent à cinq (5) classes subdivisées en treize unités morphopédologiques : Les principales unités pédologiques sont : les lithosols, les sols ferrugineux, les sols hydromorphes. Les lithosols : Ce sont des sols situés sur le sommet des buttes et des collines à très faible capacité de rétention d’eau. Ils sont inaptes à l’agriculture parce que peu favorables à l’enracinement des plantes et très exposés à l’érosion. Les sols ferrugineux : Ces sols, rencontrés dans la partie centre et nord de la province, se caractérisent par une richesse en oxyde et hydroxyde de fer qui leur donne une couleur ocre. Ils sont pauvres en matières organiques et en éléments chimiques. Par conséquent, ils nécessitent un amendement organique pour leur amélioration et se prêtent bien aux cultures maraîchères. Ces sols constituent l'essentiel des terres de Kyon et de Réo. Les sols hydromorphes : Dans les vallées et dépressions à Réo et à Kyon où s'accumulent des matériaux d'apports divers, se développent les sols hydromorphes. Ces sols se caractérisent par leur profondeur (>120cm), leur fine texture et leur grande capacité de rétention d’eau. Ils présentent une bonne valeur agronomique pour la culture du maïs et du sorgho. Ils sont beaucoup plus favorables à la riziculture pluviale ou irriguée. Il en est de même pour les cultures maraîchères et les patates douces en fin de saison pluvieuse. Ces sols, favorables à l’agriculture vivrière et à la maraîcher-culture sont de moins en moins exploités au profit de l’activité minière dans la province. En effet, une partie de ces terres est devenue des champs d’exploitation minière artisanale, les exposant ainsi à une forte dégradation et à la pollution eut égard aux produits chimiques utilisés dans le traitement du minerai. Alors, les superficies des terres fertiles sont en constante régression, plongeant plus de familles dans la précarité alimentaire. Une des solutions pour y remédier est, semble-il, de s’adonner à cette nouvelle activité dans la province qu’est l’orpaillage. 22 I-3-Le climat et la végétation Le climat La province du Sanguié est sous l'influence du climat soudano-sahélien caractérisé par l'alternance de deux saisons bien marquées : - La saison sèche qui s'étale de mi-novembre à mi-mai est la période de l'activité maraîchère. - La saison hivernale allant de mi-mai à mi-novembre connaît une reprise des précipitations. Cette saison est consacrée aux travaux champêtres pour la production vivrière avec cependant une persistance de quelques activités maraîchères réservées à certaines spéculations comme l'aubergine et les choux. La province étant localisée entre les isohyètes 700 et 900 mm, les précipitations moyennes annuelles calculées sur une période de 30 ans (1974 à 2004) à partir des données de la station de Réo sont de 738,25 mm (Direction Provinciale de l’Agriculture et de la Sécurité Alimentaire du Sanguié, 2004). Des variations sont observées tant dans les quantités d'eau recueillie que dans leur répartition temporelle et la tendance des précipitations est à la baisse au fil des années. De façon générale, on retient de nos jours que la pluviométrie se caractérise essentiellement par une durée irrégulière de la saison pluvieuse, une grande variabilité dans les précipitations inter saisonnières et au cours d’une même saison et une faiblesse des quantités d’eau qui tombent. En effet, sur une période de 31 ans, la station du Sanguié a connu 12 années excédentaires contre 19 déficitaires par rapport à une moyenne de 738,27mm (OUEDRAOGO M., 2005). Tableau 2 : Hauteur d’eau et nombre de jours de pluies par an de 2008 à 2012. années 2008 2009 2010 2011 2012 postes H J H J H J H J H J REO 772 56 727,6 52 888 57 627,15 56 1072 49 787,5 46 794,8 50 727,6 52 857,6 43 589 30 KYON H : Hauteur de pluie (mm) ;J : Nombre de jours de pluie Source : Direction Provinciale de l’Agriculture et de la Sécurité Alimentaire du Sanguié, 2012 23 Les températures varient selon les saisons. Ainsi, en saison pluvieuse, les températures moyennes sont comprises entre 26°C et 29°C tandis qu’au cours de la saison sèche, elles oscillent entre 36 et 40°C. L'amplitude thermique annuelle est de l’ordre de 9,12°C. La tendance générale est à la hausse depuis 2002(Direction Provinciale de l’Agriculture et de la Sécurité Alimentaire du sanguié, 2004). En somme, la province du Sanguié présente des conditions climatiques de plus en plus défavorables aux activités agricoles. En témoigne la récurrence des déficits céréaliers dus à l’insuffisance des pluies et à la dégradation croissante des sols. Pour faire face à ces conditions naturelles peu favorables, les populations tentent de diversifier leurs activités économiques en ajoutant à la culture céréalière, le maraîchage et depuis ces dernières années, l’orpaillage. La végétation La province du Sanguié, localisée sur le bassin-versant du fleuve Mouhoun, est sous l’influence d’un climat soudano sahélien. Selon la caractérisation faite par Guinko S et al. (1984) cité dans un rapport technique du BUNASOLS, 2003, elle appartient au domaine phytogéographique soudanien qui s'étend au sud du 13è parallèle. Faisant partie du secteur Nord-soudanien à l'Ouest, le Sanguié a une végétation de type savane arborée devenue arbustive par endroits. On note que d’une manière globale, cette végétation est fortement dégradée en raison de la pression démographique de plus en plus croissante, des systèmes de cultures extensifs et archaïques et ces derniers temps, à cause de l’exploitation minière artisanale qui s’accompagne d’une coupe intensive de bois pour les besoins d’énergie mais aussi, pour les bois de soutènement. L’analyse du milieu physique de la province du Sanguié révèle des atouts tels que la diversité des richesses du sous-sol, mais aussi des contraintes naturelles parmi lesquelles on peut retenir les conditions climatiques de plus en plus rudes, défavorables aux activités agricoles. Ces conditions sont aggravées par le déploiement de l’activité minière dans la province qui engage de plus en plus de personnes et qui prend de plus en plus de terrain aux activités traditionnelles. 24 II - LE MILIEU HUMAIN Présenter la population à travers ses caractéristiques et son organisation permet de comprendre les activités socio-économiques auxquelles elle s’adonne et de mieux cerner leurs incidences sur son organisation sociale. II-1-Caractéristiques de la population Les différents Recensements Généraux de la Population et de l’Habitat (RGPH) effectués par l’INSD en 1985, en 1996 et en 2006 donnent respectivement un effectif de 217 277 habitants, 249 583 habitants et 297 036 habitants soit un taux d’accroissement moyen de 1,26% par an. Au RGPH de 2006, cette population avait une densité de l’ordre de 57,3 habitants/km2 avec une moyenne de 8, 4 personnes par ménage (INSD, 2007). L'accroissement rapide de la population s'explique par un taux de natalité élevé (41,2%o, INSD, 2006) dans la province. A cela, s’ajoutent les migrations dues à l’attraction suscitée par la recherche des terres cultivables et depuis ces dernières années, à la ruée vers l’or. La population de la province du Sanguié est cosmopolite et est majoritairement composée de Gourounsi (Lyélé et Nuni) localisés dans la partie centrale et au Nord, de Bwaba au sud de la province et de Mossi présents un peu partout dans la localité. Sa structure est essentiellement marquée par deux grandes caractéristiques : La jeunesse de la population : plus de la moitié (58,6 %) de la population a moins de 20 ans, et l’âge moyen est de 22 ans (RGPH ,2006). Les communes de Réo et Kyon illustrent bien cette caractéristique avec plus de 57% de jeunes. La seconde caractéristique est l'importance de la couche féminine. Elle constitue 53,71% de la population totale du Sanguié (RGPH, 2006). La jeunesse de la population, sa composition (présence de mossis réputés pour être des chercheurs d’or) et la taille des ménages sont des facteurs qui ont favorisé un engouement pour l’activité minière, notamment dans son secteur artisanal. En effet, selon YARO Y. (2011), la plupart des travailleurs sur les sites d’orpaillage sont des jeunes issus de ménages à fratrie nombreuse. 25 II-2-L'Organisation sociale et le pouvoir traditionnel L'organisation sociale à Réo et à Kyon est pratiquement identique à celle qui prévaut chez les Gourounsi dans la province du Sanguié. C’est une organisation sans pouvoir centralisé fondée sur la subdivision du territoire en villages. Chaque village forme une entité sociopolitique autonome dotée d’institutions gérées par des personnes morales que sont : le chef de village, le chef de terre, le chef de lignage et le chef de famille. Le chef de terre, issu du lignage le plus anciennement installé dans le village, est l’autorité suprême. Son rôle est de veiller au respect des coutumes, des normes de la société et d'arbitrer les conflits sociaux des membres du village. Il est aussi le gestionnaire du patrimoine foncier. Il est assisté dans sa fonction par un conseil d’ancien composé des chefs de quartier et de village. Le chef de lignage est chargé de convoquer et de diriger le conseil de lignage (ensemble des chefs de famille ayant une même descendance). Il officie le culte du dieu protecteur du lignage et gère le patrimoine foncier. Le pouvoir de la terre revêt une importance capitale en pays gourounsi. C'est pourquoi, il est exercé par l'un des descendants du premier habitant. Le chef de terre (tiékoutjébalen Lyélé) est investi de l'autorité religieuse issue d'une divinité locale. Il a une parfaite connaissance du terroir villageois et du domaine foncier de chaque lignage. Cependant, l’absence de pouvoir centralisé ne facilite pas la mise en place d’une organisation à même de contrôler l’expansion des sites miniers dans la zone. Le chef de terre n’ayant pas une autorité forte auprès de ses congénères, les orpailleurs en profitent pour semer la division dans les villages et exploiter même les lieux sacrés. Ce fut le cas de la colline sacrée de Bonyolo en 2008 qui, malgré la farouche opposition du chef de terre, a fini par être démantelée avec la complicité de quelques ressortissants dudit village. II-3- Le régime foncier Le régime foncier traditionnel est également le même à Réo et à Kyon. Pour le Gourounsi, la terre revêt un caractère sacré. Elle est alors considérée comme une propriété exclusive des puissances surnaturelles qui sont à l’origine de sa formation. Ce sont ces dernières qui assurent du reste sa fertilité et sa conservation. Ainsi, le droit foncier est reconnu aux premiers occupants du sol qui, généralement sont chefs de terre ou chefs de lignage. Ils sont les intermédiaires entre les esprits de la terre et la population et veillent à l'application des dispositions foncières. 26 Toute personne désirant s'installer dans le village s'adresse au chef de terre. Il en est de même pour une demande d'exploitation de terre. Le chef de terre dans ce cas, attribue la terre au nouvel exploitant qui n'a que le droit de culture. Ce droit s'étend à toute sa famille. La terre est attribuée en pays lyélé à celui qui désire l'exploiter car selon la tradition Lyélé, « on ne refuse pas la terre à celui qui désire en tirer les moyens de sa subsistance». Le caractère sacré de la terre fait d'elle une propriété divine qui ne doit être vendue. La femme dans cette société n'a pas directement accès à la terre. Elle ne peut en exploiter que par l'intermédiaire de son époux. De nos jours, ce régime foncier est en pleine mutation surtout dans la ville de Réo qui comporte des zones en plein aménagement urbain. Dans cette situation, les parcelles sont acquises soient par héritage, par attribution ou simplement par achat. Le phénomène d’achat gagne du terrain et a atteint surtout les villages où se trouvent les sites d’orpaillage. C’est par cette voie, que les exploitants dans ce domaine arrivent à arracher aux propriétaires terriens, des espaces pour leurs activités. III- LES ACTIVITES SOCIO- ECONOMIQUES ET LES SERVICES SOCIAUX DE BASE L'agriculture et l'élevage constituent les deux principales activités économiques dans la zone. On note également la présence de quelques fonctionnaires de l’Etat, de commerçants, de pécheurs, et des artisans (INSD 2001). Les autres activités relèvent de l'artisanat d’art, de l’artisanat utilitaire et tout récemment, de l’exploitation minière. III-1- L'agriculture et l’élevage L’agriculture L’agriculture est de loin l’activité économique dominante dans la province du Sanguié et occupe plus de 90% de la population. Les terres de production étant rares à Réo, les exploitants s’orientent vers les zones propices à la pratique de cette activité. Il s’agit des zones rurales et des périphéries de la ville de Réo. Les différentes spéculations produites dans la province peuvent être regroupées essentiellement en trois catégories : les cultures vivrières, les cultures de rente et les cultures maraîchères. 27 La production des cultures vivrières connaît une évolution en dents de scies ces dernières années traduisant du même coup la précarité alimentaire dans laquelle vivent les populations surtout en milieu rural. A partir de 2008, les principales productions céréalières, base de l’alimentation des populations ont amorcé une tendance générale à la baisse comme l’indique le tableau statistique cidessous. Tableau 3 : production des cultures vivrières de la province du Sanguié de 2006 à 2011. Spéculation Année Mil Mais Riz Sorgho blanc Sorgho rouge patate Niébé Vouandzou 2006 31473 973 350 40276 3474 250 6654 999 2007 34588 422 385 44135 4574 - 8333 174 2008 32628 2302 907 60048 3846 111 12854 1448 2009 27407 1033 1318 49124 3915 23 20186 651 2010 26889 1444 1029 59928 5384 541 18817 1450 2011 19444 1340 859 47075 4815 - 17164 1193 Source : Direction Régionale de l’Agriculture et de la sécurité Alimentaire du Centre-Ouest 2012 Le coton, l'arachide, le niébé et le vouandzou constituent l'essentiel des cultures de rente. Ils sont cultivés sur des champs individuels de brousse sous le contrôle du chef de famille. Elles constituent des sources de revenus pour faire face aux besoins socio-économiques de la famille. Toutefois, le coton y est très peu cultivé car les conditions climatiques et édaphiques ne s’y prêtent pas. Quant aux cultures maraîchères, elles sont pratiquées surtout en saison sèche dans les champs de case et autour des retenus d’eau par irrigation. Les principales spéculations maraîchères sont : le chou, l'oignon, la tomate, l'aubergine, le piment et le gombo. Cependant, cette activité connaît une baisse de régime ces dernières années à cause de la ruée vers l’or qui a détourné une bonne partie de la main-d’œuvre. Dans l'ensemble, le système agricole est archaïque et traditionnel. Il est caractérisé par un faible niveau d'équipement des agriculteurs, la dépendance quasi exclusive aux précipitations qui sont aléatoires, le faible niveau d'utilisation des fertilisants et le faible recours aux services techniques. 28 La production agricole qui évolue globalement en dents de scies en fonction des années ne couvre pas toujours les besoins alimentaires de la population à fortiori, lui procurer des revenus. En effet, selon la Direction Provinciale de l’Agriculture du Sanguié, deux saisons sur trois sont déficitaires en productions céréalières en raison de la mauvaise pluviométrie. Alors, pour diversifier leurs activités économiques, les populations se ruent sur l’orpaillage qui, à leurs yeux, est un moyen rapide de se faire de quoi acheter des céréales pour soutenir la production. L'élevage Deux systèmes d’élevage prédominent dans la province du Sanguié à savoir : - Le système traditionnel extensif transhumant, caractérisé par des migrations cycliques à la recherche de point d’eau et de pâturages qui est le fait d’éleveurs Peulh. - Le système traditionnel extensif sédentaire, marqué par une association entre l’agriculture et élevage ou l’agropastoralisme. Ce type d’élevage est pratiqué par les agriculteurs Lyélé, Mossi, et Nouni. Il s’agit du bétail (bovins et asins) utilisé souvent pour la culture attelée auquel s’ajoutent les ovins, les caprins, les porcins et la volaille. Cette production est vendue en vue de se procurer des revenus pour la satisfaction des besoins de base (se vêtir, se soigner, scolariser, etc.). Elle est aussi souvent utilisée pour les besoins de rites coutumiers. Toutefois, l’élevage dans la province est confronté à un certain nombre de problèmes parmi lesquels on peut retenir le surpâturage, l’insuffisance d’aliments et de point d’eau pour l’abreuvement des animaux. Alors, tout comme l’agriculture, cette activité procure peu de revenus incitant ainsi les paysans à s’adonner davantage aux activités minières. III-2- Les activités minières La mise en exploitation des ressources de zinc de Perkouan marque la naissance de l’industrie minière dans la province du Sanguié. En effet, depuis 2007, la province abrite un site minier industriel ouvert par la société minière Nantou Mining. Il est implanté dans le Village de Perkouan, dans la commune de Réo. Seule industrie minière de la localité, elle extrait le zinc, le plomb, le cuivre, l’argent et bien d’autres minerais. Cette activité génère des emplois pour certains jeunes de la province. Aux côtés de cette industrie minière se déploient des sites d’orpaillage disséminés un peu partout dans la province. De Bonyolo, Sandié, Perkouan, Guido et Zoula dans la Commune de Réo à Nébia, Divolé et à Yerdjon (commune de Dassa) en passant par Essapoun, Poa, Nagarpoulou (commune de Kyon), l’orpaillage est en train de s’imposer comme une des activités phares de la province. Il mobilise surtout la frange jeune de la population qui, de plus en plus a tendance à 29 abandonner les activités économiques traditionnelles que sont l’agriculture et l’élevage. En général, il est rare de rencontrer des personnes âgées sur les sites. Les principaux acteurs sont des enfants, des adolescents et quelques adultes qui semblent être les maîtres des lieux. La femme est également présente sur les sites d’orpaillage à travers le transport, le lavage ou le vannage du minerai. Cette activité artisanale souffre surtout de son insuffisance d’organisation, du non-respect de la réglementation et de l’anarchie qui règne sur les sites. III-3- Les Activités secondaires La cueillette, la chasse, la pêche et l'exploitation du bois sont des activités secondaires qui occupent aussi les populations dans les communes de Kyon et à Réo. La cueillette concerne les produits forestiers non ligneux (noix de karité, le néré, les feuilles et les fruits du tamarinier). La chasse et pêche bien que pratiquées, sont peu développées compte tenu de la rareté du gibier qui d’ailleurs voit son habitat naturel se rétrécir en raison des activités minières. Le bois autrefois destiné essentiellement aux besoins des ménages et à la vente est de nos jours, principale source d’énergie sur les sites. Par ailleurs, sur les aires d’exploitation minière, les arbres sont systématiquement abattus pour dégager et servir dans les galeries comme matériel de soutènement. Les ressources forestières, sous forte pression ne font que se réduire. Toutes ces activités jadis peu développées et aujourd’hui compromises par l’activité minière, ne permettent pas d’assurer des revenus conséquents aux populations. Alors, elles n’arrivent pas à assumer leur rôle d’activités de soutien au secteur agricole d’où l’engouement pour l’orpaillage qui représente un espoir de réduction de la pauvreté aux yeux des populations. III -4- Les services sociaux de base L’éducation La première école de la province du Sanguié, qui est l’œuvre des missionnaires catholiques a vu le jour en 1933 à Réo. De nos jours, la province compte douze (12) Circonscriptions d’Education de Base (CEB) regroupant 223 écoles primaires (statistiques, DPENA, Sanguié, 2013) et 29 lycées et collèges d’enseignement post-primaire et secondaire (statistiques, DRESS, 2013). Les effectifs au primaire et post-primaire sont estimés à plus de 73000 élèves en 2013. 30 La commune de Réo compte une garderie populaire, 44 écoles primaires, 12 établissements post-primaires et secondaires. Quant à celle de Kyon, elle abrite 18 écoles primaires et 2 établissements post-primaires et secondaires. Pour ce qui concerne le personnel enseignant et les infrastructures scolaires, ils restent insuffisants aussi bien à Réo qu’à Kyon surtout au post-primaire où, on fait régulièrement appel aux enseignants vacataires pour combler le déficit. L’insuffisance des infrastructures scolaires et du personnel enseignant réduit l’accessibilité de l’école surtout le post-primaire à un nombre important d’enfants. Ces enfants sont vite récupérés par les artisans miniers car, ils représentent une main-d’œuvre soumise et moins chère (SANGARE N. 2009). La santé La province du Sanguié abrite un Centre médical (CM) et quarante –huit (48) Centres de Santé et de Promotion Sociale (CSPS) disséminés dans les différentes communes. Le CM est implanté dans la commune de Réo qui compte en plus de cette structure, six (6) CSPS. Quant à la commune de Kyon, elle compte trois (3) CSPS implantés dans les villages de Kyon, Poa et Nagarpoulou. Si au niveau de la commune de Réo le personnel soignant est relativement suffisant en termes d’effectif, il n’en est pas de même pour la commune de Kyon. En effet, cette dernière ne compte que 5 infirmiers et 6 agents de première ligne (Agents Itinérants de Santé, Accoucheuses Auxiliaires) pour plus de 20000 habitants. La faiblesse des services sanitaires proposés aux populations ne fait qu’accentuer l’effet de la pauvreté et les pousser vers la recherche de gain rapide en s’engageant dans des activités telles que l’orpaillage. 31 CONCLUSION PARTIELLE Au sortir de cette analyse des facteurs physiques et humains de la province du Sanguié en général et de ceux des communes de Réo et de Kyon en particulier, il ressort que les conditions naturelles sont de plus en plus défavorables aux traditionnelles activités économiques des populations que sont l’agriculture et l’élevage. Pour s’affranchir de ces contraintes naturelles, elles vont s’orienter vers une diversification des sources de revenu. L’orpaillage, né à la faveur de la découverte des richesses du sous-sol constitue dès lors, une opportunité pour une population majoritairement jeune et en quête d’activités plus rentables. Par ailleurs, l’implantation d’une société minière pour l’exploitation du zinc de Perkouan va définitivement marquer la naissance et l’essor du secteur minier dans la province. Mais, les faiblesses des services sociaux de bases, joints à celles des revenus des ménages vont conduire une bonne partie des familles de cette localité à mettre à contribution des enfants dans les activités d’orpaillage qui est fortement demandeuse de main d’œuvre. Cette implication des enfants dans l’exploitation minière, aura vraisemblablement une répercussion sur leur scolarisation. La situation est d’autant plus alarmante et interpelle plus d’un quand on sait que compromettre la scolarisation des enfants, c’est compromettre l’avenir de la nation toute entière, puisse qu’ils représentent la relève de demain. Fort de ce constat, il convient de prendre urgemment les dispositions nécessaires pour une exploitation des ressources minières dans la province sans incidences négatives sur la scolarisation des enfants. Dans cette perspective, il importe à priori, d’avoir un aperçu général sur l’exploitation minière, sur le système éducatif et sur le travail des enfants dans la localité. 32 DEUXIEME PARTIE : L’IMPACT DE L’EXPLOITATION MINIERE SUR LA SCOLARISATION DES ENFANTS DANS LES COMMUNES DE REO ET KYON Cette section fait respectivement une présentation des sites de l’exploitation minière, de ses apports et limites dans les deux communes, analyse ses effets sur la scolarisation des enfants. Elle aborde ensuite les causes de l’implication des enfants dans les activités minières et se termine par quelques suggestions pour endiguer le phénomène. 33 CHAPITRE I : L’EXPLOITATION MINIERE A REO ET A KYON Cette partie donne un aperçu sur l’activité minière dans la province du Sanguié en général et de façon spécifique, dans les communes de Réo et de Kyon. I- PRESENTATION DES SITES D’EXPLOITATION I-1- La genèse des sites Au Burkina Faso, d'importantes ressources minières ont été découvertes suite aux travaux du PNUD, du BUMIGEB et des Sociétés minières. Abritant le district aurifère de Kwademen, la province du Sanguié regorge des gisements exploitables de métaux précieux et de métaux non ferreux. Les métaux précieux concernent essentiellement l’or localisé à de multiples endroits aux alentours du mont Sanguié. Quant aux métaux non ferreux, ils sont représentés par le zinc, le plomb, dans la région de Perkouan (CMB, 2012). A la faveur de la remontée du cours de l’or ces dernières années, les ressources aurifères ont été mises en exploitation autour de 2005 par les exploitants miniers et les orpailleurs. L’exploitation artisanale va rapidement gagner du terrain et provoquer une explosion du nombre de sites dans la province. Ainsi, de Bonyolo dans la commune de Réo, l’orpaillage va s’étendre aux autres communes notamment à celles de Dassa et de Kyon. De nos jours, on dénombre plusieurs sites d’orpaillage dans la province. Il y a les sites de Bonyolo, Guido, Perkouan, Sandié, Toukon, Zoula… dans la commune de Réo, les sites de Nébia, Divolé dans la commune de Dassa et les sites de Kyon, Essapoun, Poa, Zilivèlè, Nagarpoulou, Tomo… dans celle de Kyon. Tous ces sites ont un accès non contrôlé et sont dynamiques dans l’espace et dans le temps. 34 Carte 3 : distribution des sites d’exploitation minière dans les communes de Réo et de Kyon 35 A côté de cette activité minière à petite échelle s’est installée en 2007, une société minière titulaire d’un permis d’exploitation industrielle du zinc de Perkouan. Les opérations sont conduites par Nantou Mining Burkina Faso SA qui, après des travaux de recherche a lancé officiellement ses activités en mars 2007. Mais, en raison de la chute du cours du zinc, la société a dû ralentir ses activités et ne les a relancées réellement qu’en 2010. En 2013, Nantou Mining a entamé officiellement sa production avec la coulée du premier concentré de zinc le 19 janvier. Cet événement marque en même temps le début de la diversification de l’activité minière dans la province qui abrite désormais les deux types d’exploitation à savoir, le secteur artisanal et le secteur industriel qui mettent en valeur des minerais différents (l’or et le zinc). I-2-Les intervenants des deux secteurs A l’instar des autres régions du pays, le secteur minier de la province du Sanguié est animé au niveau artisanal par les artisans miniers et les orpailleurs et au niveau industriel par une société minière étrangère qui travaille avec d’autres groupes sous-traitants. Les exploitants miniers, légalement reconnus, sont les représentants des comptoirs d’achats et de vente ou propriétaires de sites. Ils se chargent de la collecte de l’or, de l’organisation et du contrôle de l’activité sur le site. Ces artisans miniers sont souvent des opérateurs économiques ayant un capital solide et bénéficiant souvent de la confiance des banques (Fofana et al. 2009). Les orpailleurs, issus des populations rurales, sont les plus nombreux sur les sites. Ils sont majoritairement des migrants venus des autres provinces, notamment du plateau mossi en quête du métal jaune. A ces orpailleurs venus d’ailleurs, s’ajoutent ceux provenant des populations locales (scolarisées ou non) riveraines des sites. Ces miniers particulièrement jeunes, souvent mêmes mineurs (enquête BIT, 2004), sont ceux-là qui exploitent véritablement l’or de façon artisanale. Ils sont moins nantis, en majorité illettrés et sont les plus exposés aux différents risques liés à l’activité. L’unique intervenant du secteur minier industriel dans la province du Sanguié est la société Nantou Mining (filiale du groupe australien Blackthorn). Elle comprend trois actionnaires (l’Etat du Burkina Faso, la société Glencore International, basée en Suisse et la société Blackthorn) et des sociétés sous-traitantes. Les sociétés privées détiennent 90% des actions contre 10% pour l’Etat Burkinabè. I-3- Organisation du travail dans les sites d’exploitation Au niveau de l’exploitation artisanale Les principaux acteurs sont des populations itinérantes et des populations riveraines. Ces travailleurs, essentiellement composés de jeunes, de femmes et d’enfants (souvent scolarisés) s’organisent individuellement, par famille ou par groupe d’orpailleurs pour mener l’activité d’extraction. Il existe aussi 36 une organisation sous forme de prestation de service. Dans ce cas, il y a un propriétaire du puits qui finance les travaux depuis l'extraction jusqu'au traitement. Il emploie à cet effet, chacun selon sa capacité, des jeunes, des femmes et des enfants qu’il rémunère. Les femmes et les enfants sont chargés du transport et du lavage du minerai tandis que les jeunes gens descendent dans les trous pour le creusage. A Réo tout comme à Kyon, l’exploitation du minerai se fait à ciel ouvert ou de façon souterraine selon le type de gisement en présence sur le site. Dans les gisements alluvionnaires et éluvionnaires, il suffit de gratter ou faire de petits puits inclinés très peu profonds pour rassembler le minerai destiné au traitement. Cette pratique a cours sur les versants des collines, dans les vallées (sites de Zoula, Perkouan, Toukon et de ceux de Kyon village). Les femmes et les enfants sont les plus nombreux sur ces sites car le travail y est moins pénible et présente peu de risques d’accidents mortels. Photo 1: Extraction à ciel ouvert sur un site artisanal à Zoula (commune de Réo) Prise de vue, BAMOGO, novembre 2013 Dans le cas du gisement filonien localisé généralement dans des roches dures et en profondeur, les orpailleurs font des puits verticaux très profonds qui communiquent à des galeries souterraines pour accéder au minerai. La descente dans ces trous est exclusivement réservée aux hommes car les risques d’accidents sont élevés et ce travail demande beaucoup de courage et de force. Le minerai creusé est chargé dans des sacs pour être remonté en surface. 37 Photo 2 : Puits vertical dans une extraction souterraine à Guido (commune de Réo) Prise de vue, BAMOGO, novembre 2013 Les outils utilisés dans l’extraction artisanale sont rudimentaires et composés de pioches, de seaux, de calebasses, de cuvettes, de mortiers métalliques, de cordes, de pelles, de dabas, de marteaux etc. Une fois le minerai rassemblé, il faut le traiter pour extraire le métal. Les méthodes et techniques utilisées dans le traitement sont également fonction du minerai. Le minerai filonien est grossièrement sélectionné, concassé et broyé à l’aide de marteau et/ou de mortier métallique. Il est ensuite réduit en poudre dans des moulins puis lavé. Les technologies utilisées pour le lavage sont la gravimétrie, l’amalgamation (l’attaque à l’acide, et au mercure), et plus récemment la lixiviation (cyanuration) de façon clandestine (Zombré et al, 2009). Pour le traitement du minerai alluvionnaire et éluvionnaire, les orpailleurs procèdent par tamisage, par lavage ou par vannage qui sont des activités le plus souvent réservées aux femmes et aux enfants. L’exploitation, qu’elle soit à ciel ouvert ou souterraine est demandeuse d’espace. A Réo et à Kyon, les orpailleurs opèrent sur des espaces agricoles ou en réserves appartenant, au regard la loi coutumière, à des propriétaires terriens. Alors, pour y accéder, ils établissent des espèces de contrats tacites n’ayant aucune valeur juridique avec ces derniers. Il s’agit de deux types de contrats à savoir : le premier consiste à donner aux propriétaires terriens un dixième du minerai brut extrait. Dans le second type de contrat, il s’agit purement d’une vente définitive du terrain aux orpailleurs qui en disposeront désormais à leur guise. 38 au niveau du site industriel Dans la mine industrielle de Perkouan, les travailleurs sont recrutés sur la base de leur qualification et de leurs compétences. Ce recrutement est fait dans le strict respect des textes régissant les emplois au Burkina. Il n’y est donc pas permis aux mineurs d’y travailler. Selon le Directeur des Ressources Humaine de la mine, ils ont, dans la mesure du possible, recruté en premier lieu les ressortissants locaux ayant les compétences requises suivis des régionaux et des nationaux. Des travailleurs d’origine étrangère sont venus compléter les effectifs. En 2012, la société Nantou Mining employait 204 travailleurs dont 174 nationaux (journal l’Observateur Paalga du 20 janvier 2013). Les sociétés sous-traitantes aussi emploient un nombre important de travailleurs locaux et nationaux. Ils sont estimés à environ 431 dont 112 issus de Perkouan (CMB, 2012). L’exploitation au niveau de cette mine aussi est à ciel ouvert jusqu’à une profondeur de 100 m et souterraine mécanisée jusqu’à une profondeur verticale de 600 m avec 2 100 m de galeries à l’horizontal. Les équipements utilisés pour l’exploitation sont une flotte d’engins miniers composée des foreuses, des pelles, des camions, des niveleuses, des chargeuses, des bouteurs, des excavateurs, etc. Une industrie attenante à la mine est chargée du traitement du minerai. Les intrants entrant dans cette phase de production sont l’eau, l’énergie électrique, les hydrocarbures, les explosifs et des produits chimiques (mercure, cyanure, acide). I-4- Les activités induites par l’exploitation minière Les sites d’orpaillage sont des lieux de prolifération de toutes sortes de commerces et autres petits métiers. Les artisans miniers ayant un pouvoir d’achat relativement élevé, de nombreuses activités lucratives prospèrent autour des sites à travers des marchés de fortune qui naissent spontanément. Les activités lucratives les plus fréquemment rencontrées sur les sites de Réo et de Kyon concernent le petit commerce (vente d’eau, articles de boutique, de boisson, de stupéfiants), la mécanique, la restauration, la forge, la coiffure, le broyage, le meulage, etc. La vente d’eau fait partie des activités les plus prolifiques au Sanguié. Etant donné la place axiale qu’occupe l’eau dans l’activité d’orpaillage (pour le lavage de la terre en vue d’extraire les pépites d’or), les orpailleurs en ont constamment besoin. Elle est généralement vendue dans des bidons de 20 litres dont le prix varie entre 100f à 200f CFA selon le site (enquête terrain, 2013).Cette activité est surtout l’apanage des femmes, des enfants et de quelques hommes qui en ont fait leur occupation principale. La vente de l’eau de toilette est tout aussi lucrative. Selon qu’il s’agit d’un seau d’eau chauffée ou non, le prix varie entre 100 et 300 F CFA. Une autre activité connexe qui s’est discrètement développée avec l’exploitation minière est la prostitution qui touche aussi bien les jeunes filles (scolaires ou non) que les femmes. Ce phénomène ne 39 fait que gagner de l’ampleur car, dans la localité, les orpailleurs sont considérés comme de «bons payeurs » ; ce qui conduit les jeunes filles et les femmes à accepter leurs avances en contrepartie de fortes sommes d’argents. A ce propos, une histoire bien connue dans la localité, raconte qu’une dame, après plusieurs mois passés sur un site en tant que vendeuse d’eau, a couché avec un orpailleur. En retour, elle aurait reçu une somme d’argents si importante à ses yeux qu’elle s’exclama : "Ah bon ! Je ne savais pas que ça aussi (parlant de son sexe), ça pouvait rapporter tant et je souffrais dans la vente d’eau". Au niveau de l’industrie minière de Perkouan, les activités induites concernent surtout les prestations de service. Des entreprises de la région du Centre-Ouest ont pu décrocher des marchés dans la mine. Les besoins en soudure, en maçonnerie sont des activités confiées à des entreprises basées à Réo ou à Koudougou. Egalement la restauration des ouvriers sur le site est à la charge d’une restauratrice de Perkouan (enquête terrain, 2013). La contribution donc des activités induites par l’exploitation minière en termes de revenus pourvus, est bien perceptible. A cet effet, Jaques et al. (2006) font remarquer que les activités induites touchent les populations environnant des sites dans un rayon de 40 km. Ces dernières bénéficient d’un revenu journalier par habitant de 25 FCFA en 2002, actualisé à 38 FCFA en 2008. II- LES APPORTS SOCIO-ECONOMIQUES DE L’ACTIVITE MINIERE II-1-Les apports financiers Le secteur minier constitue une composante importante de l’économie du Burkina Faso. En termes d’apport financier, l’article 78 du code minier stipule : « Tout titulaire d’un titre minier autre que le permis de recherche ou tout bénéficiaire d’une autorisation d’exploitation à l’exception de l’autorisation d’exploitation de carrières est tenu d’ouvrir et d’alimenter un compte fiduciaire à la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest ou dans une banque commerciale du Burkina Faso, dans le but de servir à la constitution d’un fonds pour couvrir les coûts de la mise en œuvre du programme de préservation et de réhabilitation de l’environnement.» A cet effet, la société Nantou Mining a mis en place à Réo un fonds géré par la fondation Nantou Mining. C’est au niveau de cette fondation que sont reversés les fonds destinés en principe à être réinvestis dans la commune. De plus, les emplois directs et indirects créés par la société et ses sous-traitants, les prestations de services des entreprises locales procurent des revenus relativement importants et participent aux apports financiers liés à la mine. 40 Compte tenu du fait qu’il nous a été impossible de nous entretenir avec les travailleurs ni même la direction de la mine, nous n’avons pas pu avoir des informations sur les données financières. C’est pourquoi nous nous contentons des effectifs de travailleurs. S’agissant donc des travailleurs, la mine de Perkouan emploie plus de 600 personnes dont 232 provenant de la région du centre-ouest parmi lesquels on dénombre 138 travailleurs issus du village-site (Perkouan). A ceux-là s’ajoute environ une centaine de contractuels journaliers. Il faut noter aussi que l’Etat et les collectivités tirent des revenus fiscaux considérables de l’activité minière. A ce titre, on peut citer les taxes relatives aux autorisations d'exploitation artisanale, aux droits proportionnels et les taxes superficiaires dont 20% sont directement reversés à la collectivité abritant le site. Au compte des dédommagements, Nantou Mining a versé à certains exploitants agricoles des sommes d’argents en contrepartie de leurs terres qu’elle a retirées. Les montants versés à ces derniers oscillent entre 500000 f CFA et 4 000 000 f CFA selon le président de l’Association des Anciens Elèves de Perkouan. L’orpaillage et ses activités induites occupent une bonne partie de la frange jeune des populations rurales de la province du Sanguié. A ce sujet, 82,05% des travailleurs enquêtés sur les sites affirment y tirer en moyenne entre 500 f CFA à 2000 f CFA par jour quel que soit le poste d’activité occupé. Un peu plus de 17% estiment ce gain journalier supérieur à 2000 f CFA, soit plus de 60000 f CFA pour trente jours consécutifs de travail. Cette somme est nettement au-dessus du SMIG au Burkina qui était de 40000 f CFA en 2014. Les orpailleurs propriétaires de trous, en particulier les hommes, arrivent souvent à s’en tirer avec des sommes importantes. La capacité de satisfaction des besoins essentiels, les dépenses de prestiges témoignent du pouvoir d’achat de ces derniers, donc des revenus tirés de l’activité. Certes, les données disponibles ne permettent pas une estimation des apports au niveau de la province. Mais ce constat corrobore avec les conclusions des études de IPE/Burkina, qui estime que 42% des acteurs directs de l’orpaillage vivent au-dessus du seuil de pauvreté établi à 82 672 FCFA (IPE, 2012). En 2008, l’apport financier de l’orpaillage était estimé à environ 81,4 milliards au niveau national pour l’ensemble des acteurs du secteur. II-2-Les apports sociaux D’une manière générale, les plans de gestion des sociétés minières englobent les trois dimensions du développement durable : la dimension économique, sociale et environnementale. Sur le plan social, Les sociétés minières participent de plus en plus au renforcement des capacités d’accueil des systèmes éducatif et sanitaire, à l’accès à l’eau potable et au développement des infrastructures de transport et d’énergie (rapport IPE, 2011). 41 S’agissant des investissements sociaux, la société minière de Perkouan a financé l’ouverture d’un centre de formation des jeunes en menuiserie, en mécanique et en couture à Réo. Elle a également permis la construction de 3 salles de classe et des logements et l’ouverture d’un centre d’alphabétisation à Perkouan (enquête terrain, 2013). Par ailleurs, les déplacés de la mine ont été relogés dans des concessions construites en matériaux définitifs avec bien sûr des installations sanitaires adéquates et des points d’eau potable. L’installation de la mine à Perkouan a également contribué à l’amélioration de l’accessibilité de cette localité grâce aux routes construites par la société pour accéder à son site. Mais, la plus importante contribution de l’exploitation minière reste sans conteste les emplois directs et indirects créés par la société et les revenus distribués. Comme mentionné ci-dessus, l’industrie minière de Perkouan a permis la création de plus de 600 emplois dont 132 ont échu à des ressortissants de la localité. Les revenus tirés de cette activité vont certainement contribuer à l’augmentation du pouvoir d’achat, permettre l’accès aux services sociaux de base, en somme, améliorer les conditions de vie et lutter contre la pauvreté. L’activité d’orpaillage concerne en majorité les populations rurales. Dans la province du Sanguié, et particulièrement dans les communes de Réo et de Kyon, cette population rurale est en majorité pauvre, peu instruite et a peu de possibilités d’emplois. Elle vit principalement d’une agriculture traditionnelle soumise à de multiples contraintes naturelles par conséquent, incapable d’assurer aux ménages une autosuffisance alimentaire. Dans un tel contexte, l’orpaillage va se révéler être une opportunité d’emploi pour la jeunesse rurale, mais surtout une source de revenus, capable de combler les faiblesses de l’activité économique principale. Les revenus tirés vont permettre à cette population pauvre de combler le déficit alimentaire et d’accéder aux services sociaux de base. En somme, les revenus générés par l’activité minière industrielle et artisanale au Sanguié contribuent à améliorer de façon significative l’accès des populations à l’autosuffisance alimentaire, à l’éducation, à la santé, de façon générale, à la réduction de la pauvreté dans la province. II-3-Le réinvestissement des revenus L’activité minière est en passe de devenir dans les deux communes, l’une des principales activités économiques. A ce titre, les revenus tirés de l’activité minière sont importants avec de multiples destinations à la fois. Les acteurs locaux du secteur industriel et les artisans miniers affirment de façon unanime que les revenus qu’ils tirent de leurs activités servent à la fois à la prise en charge alimentaire de leur famille, à leur habillement, à la scolarisation des enfants, aux soins médicaux et à l’acquisition de moyens de locomotion (vélo, moto). Les plus jeunes travailleurs n’ayant de charge familiale, disent utiliser leurs ressources pour soutenir leurs parents et acquérir des biens de prestige (moto, portables et des effets d’habillement de luxe). 42 Quant aux travailleurs venus d’ailleurs, leurs gains servent en dépit des dépenses courantes citées ci haut, à payer le loyer dans la ville de Réo ou à Koudougou. Cependant, soulignons que, bien que le réinvestissement semble être orienté vers les mêmes destinations, il existe toutefois une certaine priorisation selon les catégories d’acteurs. En effet, 70,19% des élèves orpailleurs enquêtés soutiennent que les dividendes tirés de leur travail servent à aider leurs parents et 29,82% affirment régler leurs frais de scolarité avec ces revenus. Pendant ce temps, 90,63% des orpailleurs touchés par l’enquête utilisent leurs gains prioritairement pour la nourriture, l’acquisition de moyens de locomotion (vélos, moto) et pour des dépenses de prestige (mariage, baptême, etc.). Seulement 9,37% de cette catégorie d’acteurs reconnaissent destiner une partie des revenus à la scolarisation des enfants. Une autre destination des ressources qui est directement observable sur le terrain, est l’acquisition d’alcool, de tabac et autres stupéfiants et le sexe. Les travailleurs de la mine industrielle assurent qu’ils effectuent toutes les dépenses courantes de leurs familles grâce à leurs traitements salariaux, y compris donc la scolarité de leurs enfants. Photo 3 : Engins d’orpailleurs sur un site en ouverture à Kyon Source : prise de vue BAMOGO, novembre 2013 43 III.-LES LIMITES DE L’ACTIVITE MINIERE DANS LES DEUX LOCALITES Quelle qu’en soit sa forme, l’exploitation minière au Sanguié implique des effets négatifs qui peuvent être considérés comme des limites de l’activité. Ce sont ces limites qui sont abordées dans les lignes qui suivent. III-1-Les limites au niveau des sites artisanaux Les travaux d’exploitation artisanale entraînent une dégradation des composantes de l’environnement. Les orpailleurs détruisent la végétation, retournent les sols, creusent des trous, rejettent des produits chimiques (mercure, cyanure, acides sulfuriques et nitrique etc.) utilisés dans le traitement du minerai, affectant ainsi les milieux naturels (Djibril Gueye, 2009). Ces pratiques, observables sur les sites de Réo (Toukon, Zoula, Perkoun et bien d’autres localités) et de Kyon (Poa, Kyon, Nagarpoulou etc.) contribuent à fragiliser les sols, à accélérer le phénomène érosif, à polluer les sols et à les rendre impropres à la culture. Photo 4 : Champ agricole après le passage des orpailleurs à Guido (commune de Réo) Source : prise de vue BAMOGO, novembre 2013 L’orpaillage exerce également une influence négative sur certaines activités qui occupaient jadis des places importantes dans l’économie des communes de Réo et de Kyon. Il s’agit notamment de l’agriculture, de l’élevage et du maraîchage. En effet, l’orpaillage, à travers l’occupation des espaces et la 44 dégradation les sols entraînent une réduction des surfaces cultivables, de leur fertilité et partant, du rendement agricole. A cet effet, Butaré I. (2009) précise: «Dans les pays sahéliens, comme le Mali ou le Burkina Faso où se pratique l’exploitation artisanale, les sols sont généralement appauvris à cause des techniques d’extraction qui consistent à ramener le minerai et la terre infertile en surface. Dans ces zones, les sols deviennent plus sensibles à l’érosion éolienne et hydrique». Au-delà des espaces pris à l’agriculture, il faut noter la fuite des bras valides de ce secteur et du maraîchage au profit des mines car, jugées plus rentables dans un bref délai. Cette fuite des bras valides a sans doute contribué à la tendance générale à la baisse de la production agricole comme l’indique le tableau ci-dessous dans la province. Tableau 4 : Evolution en tonnes de la production vivrières de la province du Sanguié de 2007 à 2011 Spéculations MIL MAIS RIZ SORGHO BLANC Total Années 2007 34588 422 385 44135 79530 2008 32628 2302 907 60048 95885 2009 27407 1033 1318 49124 34682 2010 26889 1444 1029 59928 89290 2011 19444 1340 859 47075 68718 Source : Direction provinciale de l’Agriculture et de la Sécurité Alimentaire du Sanguié, 2011 Une autre limite remarquable de l’activité minière artisanale dans la province du Sanguié est son illégalité. Les responsables des communes de Réo et de Kyon qui ont été approchés, déclarent n’avoir jamais été mis au courant ou consultés pour l’ouverture de site d’exploitation. Or, le code minier précise en son article 45 que « l’autorisation d'exploitation artisanale traditionnelle est accordée, sous réserve des droits antérieurs, par décision de l’Administration des mines, après consultation des autorités administratives compétentes et des collectivités locales concernées ». Mais peu de sites miniers artisanaux respectent cette disposition aussi bien au Sanguié que sur le reste du territoire national (voir carte n°2). 45 Cette illégalité ajoutée aux faibles capacités d’organisation des acteurs et à l’absence de contrôle a favorisé l’installation d’une certaine anarchie sur la majorité des sites. A la faveur de cette situation, les sites artisanaux ont un accès épars permettant ainsi à tout individu d’y travailler y compris les enfants. Aussi, à la question suivante : « des enfants travaillent-ils avec vous ? » 90,62% des orpailleurs enquêtés ont répondu « oui » confirmant ainsi l’exploitation de ces derniers sur ces lieux. Photo 5 : Des fillettes en activité sur un site d’orpaillage à quelques encablures de Zilivèlè (Commune de Kyon) Source : prise de vue BAMOGO, novembre 2013 Comme partout à ailleurs dans les autres sites du pays, les règles de sécurité au travail et d’hygiène sont quasi-inexistantes sur les sites de Réo et de Kyon. Les travailleurs n’utilisent pratiquement pas de moyen de protection, les trous et les galeries sont très souvent sans dispositifs de soutènement. Alors, les accidents sont fréquents de même que les maladies liées à la poussière. A titre illustratif, l’éboulement survenu sur le site de Nébia (commune de Dassa) en novembre 2012, a fait 9 morts (enquête terrain) Aussi, les causes de consultation des acteurs miniers auprès des services de santé sont en général, des infections respiratoires aiguës, des infections oculaires, des diarrhées, des traumatismes et des infections sexuellement transmissibles (enquête terrain, 2013). 46 Par ailleurs, l’apparition de l’orpaillage dans la province a aidé à l’exacerbation de certains fléaux sociaux tels que l’alcoolisme, la prostitution, la toxicomanie, les grossesses précoces et non désirées, le banditisme, etc. En fin, le dynamisme dans l’espace et l’incapacité de planification du gain à tirer rend très aléatoire l’activité si bien que les revenus qui en sont issus prennent des destinations dont la pertinence est souvent discutable. III-2- Les limites au niveau du site industriel de Perkouan (Réo) L’exploitation industrielle à Perkouan, bien que se déroulant dans le respect des textes en vigueur comporte aussi des limites. Il s’agit notamment de son impact sur l’environnement, de l’expropriation des terres aux paysans, des risques de pollution, de la précarité des emplois créés et des risques liés à la santé. L’extraction minière industrielle est source de dommage pour l’environnement. A ciel ouvert, comme c’est le cas en partie pour la mine de Perkouan, il provoque la déforestation et la recomposition du paysage naturel. Les produits chimiques utilisés pour le traitement sont causes de pollution des eaux, des sols et de l’atmosphère. S’agissant des terres reprises aux populations rurales, ce sont environ 571000 hectares de terres cultivables et de pâturage qui sont absorbés par l’industrie minière sur l’étendue du territoire national (rapport final IPE, 2011). A Perkouan, la mine est bâtie sur une superficie exploitable de 6,24 hectares (rapport final, IPE, 2011), auxquels s’ajoutent les aires occupées par les installations de traitement du minerai et des déchets, les voies d’accès, la trame d’accueil des déplacés et le périmètre de sécurisation. Même après la fermeture de la mine, il n’est pas évident que l’on puisse récupérer certaines parties de ces terres en raison de la dangerosité des produits toxiques utilisés dans le traitement du minerai. D’autre part, les emplois crées par l’industrie minière prennent fin avec la fermeture de la mine d’où leur caractère précaire. Que deviendront les employés délaissés ? Comment les travailleurs issus de la zone d’accueil pourront-ils réintégrer le tissu économique local, Eux, dont la majorité est sans qualification réelle qui puisse leur permettre de vendre leur force ailleurs ? Autant de préoccupations qui sont source d’inquiétude pour les populations locales. Par ailleurs, de nombreuses études ont relevé les effets polluants de l’exploitation minière industrielle sur l’atmosphère. Cette pollution est à l’origine de nombreuses maladies auxquelles sont exposés les travailleurs et les populations riveraines des sites. Certes, il n’existe pas une étude formelle sur le cas de la mine de Perkouan. Cependant, une comparaison des situations vécues ailleurs permet de comprendre que cette localité n’est pas à l’abri de ces problèmes. 47 III-3- Le travail des enfants sur les sites miniers Le travail des enfants est une réalité sur les sites d’orpaillage et les carrières au Burkina Faso (Dr Dorte Thorsen, 2012). La province du Sanguié ne fait pas exception à cette réalité et les enfants sont bien impliqués dans les activités d’extraction de l’or dans les deux communes. Toutefois, ce phénomène reste une exclusivité de la mine traditionnelle car l’industrie minière moderne œuvre dans la légalité et l’âge minimal pour postuler à un emploi à ce niveau est de 18 ans. Par contre, les sites artisanaux qui sont sans contrôle, restent des milieux ouverts où n’importe qui peut y accéder sans restriction aucune. 90,62% des orpailleurs enquêtés dans les deux communes reconnaissent travailler avec des enfants sans distinction de genre. Ce constat corrobore avec les résultats de l’étude sur le travail des enfants sur les sites d’orpaillage et les carrières artisanales dans cinq régions du Burkina Faso réalisée par Yacouba YARO en 2011. Ce dernier conclut ses travaux en affirmant que sur 55330 orpailleurs recensés sur 51 sites du pays, 19881 étaient des enfants soit un taux de plus de 35%. Ces enfants en activité ont un âge qui varie entre 6 ans à 17 ans (enquête terrain, 2013). Parmi ces mineurs orpailleurs touchés par l’enquête, on dénombre 58, 82% d’élèves dont 45, 61% fréquentant toujours l’école contre 54, 39% en situation d’abandon. Par ailleurs, dans toutes les classes des 10 écoles primaires et des 7 établissements post-primaires de Réo et Kyon où les enquêtes ont été menées, on a toujours rencontré des élèves qui affirment allier travail scolaire et travail dans les sites artisanaux dès qu’ils ont un petit temps libre. Dans les écoles primaires, ce sont généralement les jeudis et les dimanches qui sont mis à profit pour aller travailler sur les sites d’orpaillage. Aux post-primaires, les élèves profitent des week-ends et des jours sans cours et même parfois des heures creuses. Dans les deux cas, il arrive que des élèves décident de s’absenter de l’école pour aller sur la mine. Cette situation se présente le plus souvent quand ils apprennent que la mine est en période de grande productivité. En pareille circonstance, des classes entières se vident au profit de la mine pour quelque temps. Les enseignants de l’école primaire de Zilivèlè dans la commune de Kyon, témoignent de cela à travers de multiples exemples quand la production sur le site de Nébia, situé à environ 5 km de ce village battait son plein. 48 L’école de Toukon dans la commune de Réo, selon l’observatoire de l’éducation, a enregistré en une journée de l’année scolaire 2011/2012, plus de 80 absences dues à cette ruée soudaine vers l’or. Photo 6 : des élèves transportant le minerai pour le laver au marigot. Source : Prise de vue BAMOGO, novembre 2013 Les enquêtes terrain ont révélé que les enfants, en fonction de l’âge et du sexe, interviennent à tous les niveaux du processus d’extraction du métal précieux. La descente dans les trous et le creusement plus difficiles, dangereux et demandant plus d’énergies sont réservés aux jeunes de 15,16 et 17 ans (YARO Y., 2011). 49 Quant aux filles et aux plus jeunes garçons, ils s’occupent surtout du transport, du meulage, du concassage, du pilage, du tamisage et du lavage. Ce dernier groupe est également actif dans les activités connexes telles que la vente d’eau, le petit commerce et la restauration. Photo 7 : des enfants remplissant leurs bidons d’eau pour les vendre sur les sites. Source : Prise de vue BAMOGO, novembre 2013 Tous ces travaux sont bien pénibles pour les enfants et ont des nombreuses répercussions négatives sur leur santé, leur développement physique et mental, leur éducation etc. (IPE /BURKINA, rapport final, 2011). Selon Yacouba Yaro, tous les enfants sur les sites d’orpaillage sont exposés aux maladies, à des déviations morales, à des risques d’accidents. Dans les structures sanitaires de Kyon et de Réo, les agents de santé font ressortir que les principaux motifs de consultation des orpailleurs, enfants et adultes, sont des cas de blessures et de maladies respiratoires. 50 Pour les élèves orpailleurs, les risques d’abandon sont trop élevés d’autant plus que la pénibilité du travail ne favorise pas un bon rendement scolaire une fois de retour en classe. Photo 8 : Des élèves du primaire en plein lavage de minerai à Zoula (commune de Réo) Source : prise de vue BAMOGO, novembre 2013 III-4- La perception du travail des enfants par les acteurs Sur l’ensemble des sites enquêtés, les acteurs eux-mêmes reconnaissent de façon unanime qu’il est impossible de concilier activités scolaires et activités minières. Ils soutiennent que travailler à la mine pour un élève peut être source de faible rendement scolaire, d’abandon, donc, d’échec scolaire. Mais, bien que le travail des enfants au niveau des sites d’orpaillage soit récusé par l’ensemble des acteurs, il n’y a en général, pas une perception négative du phénomène. A la question de savoir s’il était normal qu’un enfant travaille, 36,66% des enseignants ont répondu oui contre 96, 60% de parents d’élèves. Selon BAKOUAN Augustin, parent d’élève à Poa (commune de Kyon), faire travailler l’enfant, c’est lui apprendre un métier. Au cas où l’école ne lui réussit pas, il saura s’intégrer dans la vie active grâce au métier appris depuis l’enfance. Toutefois, tous reconnaissent qu’il faut adapter le travail au physique et à l’âge de l’enfant. En définitive, l’analyse des principaux paramètres abordés ci-dessus fait ressortir l’importance de la contribution de l’exploitation minière dans le développement socio-économique des populations locales. Cependant, l’anarchie, l’absence de contrôle, le non-respect de la loi, l’insuffisance d’organisation sur les sites artisanaux, compromettent dangereusement l’avenir de la jeunesse et plus 51 particulièrement celle scolaire et par ricochet, remet en cause la valeur réelle de la contribution de l’activité au développement. L’implication des élèves dans les activités minières est mise en cause dans cette compromission. 52 CHAPITRE II : EXAMEN DES EFFETS DE L’EXPLOITATION MINIERE SUR LA SCOLARISATION ET LA SCOLARITE Dans ce chapitre, il est question de l’examen de l’offre éducative à travers les structures, le personnel, les infrastructures, les indicateurs d’accès, de qualité et d’efficacité du système éducatif dans la province du Sanguié. À la suite de cet examen, l’influence de l’exploitation minière sur ces éléments d’appréciation du système éducatif dans les communes de Réo et de Kyon ainsi que les causes de l’implication des enfants dans l’activité sont abordées. I-ETAT DE L’OFFRE D’EDUCATIVE DANS LA PROVINCE DU SANGUIE I-1- Historique de l’école au Sanguié L’histoire de l’école dans la province du Sanguié, est liée à celle de la mission catholique et de la colonisation. En effet, suite au refus de l’administration coloniale de voir la mission catholique résider à Koudougou, les missionnaires du Cardinal Lavigerie partis de Ouagadougou, s’installèrent sur la colline de Réo en mars 1912 et s’introduisirent dans la société lyéla. Ils adoptèrent une approche tout à fait différente de l’administration coloniale en apprenant la langue lyéla et en rendant visite aux familles. L’éducation des « indigènes » était pour les missionnaires, un moyen d’évangélisation sûr. Les premières formes d’éducation introduites furent la catéchèse et l’alphabétisation pour la lecture de la bible en langue locale. En 1933, les missionnaires ouvrent une école en langue lyela à Réo pour la formation des catéchistes. Cette école faisait de l’alphabétisation et les élèves catéchistes y recevaient un enseignement essentiellement religieux. Cependant, à partir de 1942, suite à une modification des programmes, ces écoles d’alphabétisation en langue locale vont parallèlement enseigner les signes de ponctuation, d’accentuation et d’orthographe nécessaires à la lecture et à l’écriture du français (J.R de Benoist, 1987). Ces écoles étaient communément appelées « CP zéro » parce que les élèves n’y obtenaient pas de diplôme contrairement aux écoles coloniales du cercle de Koudougou. La formation y durait trois ans à l’issue desquels les élèves étaient orientés soit au séminaire de Ouagadougou, soit à l’école des catéchistes de Guilongo. Les premières écoles qui suivent le système de la métropole en 5 ans sont officiellement ouvertes à Réo en 1942, à Didyr en 1952 et à Zoula en 1957. Ces écoles étaient des écoles catholiques et les enfants avaient droit à 30 minutes d’enseignement religieux par jour. Elles passeront ensuite à l’Etat. De nos jours, la province du Sanguié compte 246 établissements primaires répartis dans 12 Circonscriptions d’Education de Base (CEB), et 29 établissements post -primaires et secondaires. Dans la commune de Réo, on dénombre 44 écoles primaires et 11établissements post-primaires et secondaires tandis que Kyon en abrite respectivement 18 et 2. 53 I-2-Les types et structures d’offres éducatives Les types d’offres éducatives au Sanguié ne sont autres que ceux disponibles dans le reste du Burkina Faso à savoir, l’éducation formelle, l’éducation informelle et l’éducation non formelle. Mais, seul l’enseignement de base de l’éducation formelle est pris en compte car c’est ce niveau seulement qui reçoit des enfants de la tranche d’âge concernée par la présente étude (06 à 16 ans) dans ses cycles primaire et post-primaire. au primaire L’enseignement primaire dans la province du Sanguié comprend des écoles classiques (235) et des écoles satellites (11). 19 de ces écoles, toutes classiques, sont gérées par le secteur privé. La commune de Réo abrite 44 écoles primaires dont 06 satellites. Quant à celle de Kyon, elle compte 02 écoles satellites sur les 18 recensées. Dans ces deux communes, les écoles gérées par le secteur privé sont au nombre de 05 soient 04 à Réo et une à Kyon. Alors, on en conclut que l’offre éducative au niveau primaire est largement assurée dans ces localités par les services publics, ce qui en favorise l’accès étant donné que l’enseignement privé n’est pas toujours à la portée de tous. Concernant les structures, elles sont constituées d’une Direction Provinciale de l’Education Nationale (DPENA), des communes, des 12 Circonscriptions d’Education de Base (CEB), des associations et ONG intervenant dans le secteur (.l’église catholique, l’ONG « Aide et Action », le Comité Communal d’Education (CCE), l’ONG « Construire une école pour le Sahel », l’observatoire de l’éducation etc.). Deux CEB gèrent les 44 écoles primaires de Réo (soient 22 écoles par CEB) tandis qu’à Kyon une seule s’occupe des 18 écoles. au post-primaire Le cycle post-primaire échoit aux collèges et au premier cycle des lycées où un enseignement général (plus fréquent) ou technique est dispensé. La province totalise 29 établissements dont 13 relèvent du secteur privé. La commune de Réo en concentre le plus grand nombre avec 08 établissements privés dont un d’enseignement technique et 03 établissements publics. Celle de Kyon ne compte qu’un établissement public et un établissement privé. D’une manière générale, l’offre d’éducation est peu diversifiée et cette situation se pose avec plus d’acuité au post-primaire où l’enseignement général reste largement dominant. De plus, dans ce cycle, en se fondant sur le nombre d’établissements, il ressort que le secteur privé assure plus de 44% de l’offre d’enseignement général et carrément 100% de l’offre d’enseignement Technique dans la province. Dans la commune de Réo, c’est 72% de l’enseignement post-primaire qui est assuré par le secteur privé, tandis qu’à Kyon ce taux est de l’ordre de 50%. Ce qui réduit fortement l’accessibilité de ce cycle 54 car, pour une population en majorité pauvre, l’opportunité d’accès aux services privés est assurément limitée en raison de leurs coûts. S’agissant des structures à ce niveau, c’est à la Direction Régionale des Enseignements Secondaire et Supérieur basée à Koudougou, chef-lieu de la région du centre-ouest, que les établissements postprimaires et secondaires de la province sont rattachés. I-3-L’évolution des indicateurs de couverture et d’accès Les éléments d’appréciation de la couverture et de l’accès au service d’éducation sont entre autres, les effectifs scolarisables et scolarisés, la disponibilité et la qualité des infrastructures, des équipements, du personnel et les taux d’admission et de scolarisation. Un examen de ces éléments dans la province du Sanguié permettra de cerner leur évolution. Les effectifs scolarisables et scolarisés Il s’agit du nombre d’enfants ayant l’âge d’aller à l’école et de celui de ceux qui y sont effectivement, c’est-à-dire les élèves. Dans la province du Sanguié, en ne considérant que les cinq dernières années, ces effectifs en fonction du cycle, présentent l’évolution suivante : Au primaire Tableau 5 : évolution des effectifs scolarisables et scolarisés au primaire dans la province du Sanguié de 2008/2009 à 2012/2013. Population/année scolaire 2008/2009 2009/2010 2010/2011 2011/2012 2012 /2013 Population scolarisable 56197 58048 59905 61688 63214 Population scolarisée 44418 46729 53210 53210 59596 Ecart 11779 11319 6695 8478 3618 Taux du déficit 20,96% 19,49% 11,17% 13,74% 5,72% Source : Statistiques DPENA, Sanguié, 2013 Cette évolution globale cache des disparités entre communes. En 2011 /2012, le déficit de scolarisation dans la commune de Réo était de l’ordre de 4,14% tandis que dans les autres communes, il était au-delà de 14%. Dans l’ensemble, on retient que la grande majorité des enfants dans la province du Sanguié est scolarisée au primaire. La commune de Réo a enregistré pour le compte de l’année scolaire 2012/2013 un total de 13540 élèves dont 6748 filles et 6792 garçons. A la même période, la commune de Kyon comptait 1835 filles et 1935 garçons scolarisés soient au total 3817 élèves (statistiques, DPENA Sanguié, 2013). 55 Le déficit de scolarisation est en constante baisse dans toutes les communes de la province. Ce qui témoigne d’une grande couverture du service de l’enseignement primaire dans la localité. Au post-primaire À ce niveau, il existe un écart très profond entre les enfants en âge d’aller en 6e et ceux qui y sont effectivement. Seulement, un enfant sur 3 parvient à accéder à ce cycle dans la province. Ce rapport est inférieur à celui de la région (1,2/ 3) mais, place la province au second rang, juste derrière celle du Boulkiemdé. Le déficit reste important et ne diminue que très faiblement laissant entrevoir une faible couverture du service. Tableau 6 : évolution des effectifs scolarisables et scolarisés au post-primaire dans la province du Sanguié de 2008/2009 à 2012/2013 Population/année scolaire 2008/2009 2009/2010 2010/2011 2011/2012 2012/2013 Population scolarisable 9382 9502 9622 9744 9868 Population scolarisées 2895 - - 2858 3241 Ecart 6487 - - 6886 6627 Taux du déficit 69,14% - - 70,66 % 67,15% Source : annuaire statistique MRSS, 2011/2012, 2012/2013 ; enquête terrain, 2013 Cette évolution en dents de scies avec une tendance générale à la hausse laisse entrevoir des difficultés d’absorption des effectifs du cycle post-primaire. Les infrastructures, les équipements et le personnel Au primaire Les 246 écoles totalisent 1004 salles de classe dans la province. Au niveau de la commune de Réo, le nombre de salles de classe est de 232 contre 74 dans celle de Kyon. Mais ces salles demeurent insuffisantes comme d’ailleurs toutes les autres infrastructures. Ce qui explique l’existence de salles de classe précaires dans certains établissements. Au titre de l’année scolaire 2011/2012, on a dénombré 82 salles de classe précaires dans la province et de nombreuses autres défectueuses (statistiques, MENA 2012). Les équipements sont composés de tables-bancs, de bureaux, d’armoires, de chaises, etc. La majorité des écoles dans la province est sous équipée. Le déficit est surtout important au niveau des tables-bancs et du matériel didactique (cartes, compendiums scientifiques et métriques, globes terrestres…). Plus de 14000 places manquent dans la province (statistiques MENA, 2012). De nombreux établissements primaires manquent également d’eau potable, de latrines, d’électricité, de logements pour enseignants. Les tables-bancs sont en mauvais état et insuffisants dans les deux localités. 56 Concernant le personnel d’encadrement et d’enseignement du primaire, il comprend des Inspecteurs de l’Enseignement du Premier Degré (IEPD), des Conseillers Pédagogiques Itinérants (CPI), Instituteurs Principaux (IP), d’Instituteurs Certifiés (IC), Instituteurs adjoints Certifiés(IAC) et d’Instituteurs Adjoints (IA). Au Sanguié, ce personnel est composé de 1176 enseignants sur le terrain dont 705 hommes et 471 femmes. Les encadreurs (IEPD, CPI, IP) sont au nombre de 63. Dans les deux communes concernées par l’étude, on dénombre un total de 379 enseignants et 32 encadreurs. Une analyse de la situation fait ressortir que 97,88% des enseignants en classe dans les deux communes sont titulaires d’un titre de capacité (CEAP, CAP). Aussi, 270 enseignants sur les 379 présents en classe ont une expérience d’au moins 6 ans dans le métier et le ratio enseignant/encadreur est de 12/1. Cela témoigne de la disponibilité de ressources humaines pour un enseignement de qualité. Toutefois, compte tenu de la forte demande d’éducation qui entraîne à chaque rentrée des ouvertures de nouvelles classes ou d’écoles et la concentration du personnel en zone urbaine, les circonscriptions des zones rurales enregistrent régulièrement des déficits en personnel. Au post-primaire Les infrastructures et équipements se composent d’installations d’accueil et d’annexes (salles de classe, bibliothèques, laboratoires, logements, toilettes, cantines etc.), de mobilier (bureaux, chaises, tables, armoires etc.), de matériels didactiques, de matériel de reprographie et d’informatique. Pour ce qui concerne la commune de Réo, elle abrite 11 établissements qui totalisent 74 salles de classe. Les deux établissements de la commune de Kyon comptent une douzaine de salles de classe. Le fait marquant reste là aussi, l’insuffisance des salles de classe, du mobilier, du matériel didactique, la faible électrification des établissements. Les salles d’informatique, les laboratoires, les bibliothèques sont quasi inexistantes dans la grande majorité des établissements, surtout dans ceux des zones rurales comme Kyon et les environs de Réo où il n’y a même pas d’électricité. Quant au personnel, il est composé d’enseignants permanents, d’enseignants contractuels et d’enseignants vacataires. La province du Sanguié en compte autour de 202. Mais, les enseignants permanents qui, en général, sont qualifiés, demeurent insuffisants, d’où le recours aux enseignants vacataires et/ou contractuels. A titre indicatif, 11 des 16 enseignants du post-primaire que compte la commune de Kyon sont vacataires ou contractuels. En somme le personnel, les équipements et les infrastructures sont insuffisants à tous les niveaux. Cette situation ne favorise pas l’accès de tous à l’école. Toutefois, une comparaison avec les autres provinces de la région et d’autres localités du pays permet de se rendre compte que cette insuffisance n’est pas propre au Sanguié seulement. Au contraire, le Sanguié fait partie des localités les mieux nanties 57 en termes d’équipements, d’infrastructures scolaires et de personnel enseignant. A titre illustratif, la province du Ziro ne comptait que 12 établissements post-primaires en 2012/2013 avec 64 salles de classes contre 11 établissements et 74 salles de classes pour la seule commune de Réo. Taux Brut d’Admission (TBA) Le TBA est le rapport entre le nombre d’élèves nouvellement admis en première année d’un cycle ou ordre d’enseignement et la population ayant l’âge officiel d’admission dans ce cycle. Au primaire Il s’agit du rapport entre les élèves nouvellement admis au Cours Préparatoire Première année (CP1) et la population de 6 ans. Dans la province du Sanguié, ce taux qui a évolué en dents de scie avec une tendance générale à la croissance, a atteint en 2012/2013 le niveau de 110,9% pendant que la moyenne nationale s’établit à 88, 39% pour la même période (statistiques MENA, 2013). Cela confirme la bonne accessibilité et la forte capacité d’accueil du cycle primaire dans la province. Pour la parité genre, la tendance s’est même inversée, avec plus de filles que de garçons inscrits au CP1. L’indice de parité fille/garçon est de l’ordre 1,08. Le graphique ci-dessous montre l’évolution du TBA au cours des 6 dernières années : Graphique n°1 : Evolution du TBA au primaire dans la province du Sanguié par sexe de 2007/2008 à 2012/2013. 140 120 y = 4,2886x + 80,573 100 Garçons 80 Filles 60 Total 40 droite tendancielle 20 0 2007/08 2008/09 2009/10 2010/11 2011/12 2012/13 Source : statistiques DPENA, Sanguié, 2012/ 2013 Au post-primaire Le TBA à ce niveau est le rapport entre le nombre d’élèves admis en 6e quel que soit leur âge et le nombre d’enfants ayant 12 ans pour une année scolaire donnée. Au Sanguié, ce taux en 2012/2013, est de 35,3% avec un indice de parité fille/garçon de 0,78. Alors, il apparaît que peu d’élèves entrés au cycle 58 primaire sont admis au post-primaire dans la province. L’écart de points entre les deux cycles oscille autour de 75%. Toutefois, le TBA est resté dans une tendance à la hausse ces dernières années puisqu’il est passé de 25,7% en 2007/2008 à 35,3% en 2012/2013 soit un bond d’environ une dizaine de points. Graphique n°2 : Evolution du TBA au post- primaire dans la province du Sanguié de 2007/2008 à 2012/2013 45 40 35 30 25 20 15 10 5 0 y = 2,0986x + 23,83 Garçons Filles Total droite tendancielle Source : annuaire statistique MESS, 2012/2013. Mais, cette croissance qui est nettement inférieure à celle du cycle primaire, est à l’origine de la naissance d’un goulot d’étranglement entre les deux niveaux. On constate donc qu’il y a beaucoup de déperditions entre les deux cycles de l’enseignement de base et les filles accèdent moins au post-primaire que les garçons. Cependant, cette situation est loin d’être un cas particulier propre au Sanguié. Tant au niveau local que national, toutes les analyses et études font ressortir l’existence de ce goulot d’étranglement entre le primaire et le post-primaire dû aux faibles capacités d’accueil de ce dernier. Taux Brut de Scolarisation (TBS) Le TBS est le rapport entre le nombre total d’élèves inscrits quels que soient leurs âges à un niveau d’enseignement et la population totale d’âge officiel de scolarisation à ce niveau. Au primaire La politique sectorielle de développement de l’éducation, associée aux actions des autres intervenants a permis de hisser le Sanguié parmi les provinces ayant les TBS les plus élevés du pays. Ce TBS, en constante croissance depuis fort longtemps, a atteint en 2012-2013, 94,30%. Cela témoigne tout 59 simplement d’une prise de conscience collective des populations quant à l’importance de l’école et de la nécessité d’y envoyer les enfants. Les stéréotypes sexistes sont en train de s’estomper également en ce qui concerne la jeune fille car, la parité fille/garçon tend vers 1. En 2012/2013, il était de l’ordre de 0,98. Les progrès enregistrés au niveau de cet indicateur sont traduits dans le graphique ci-dessus : Graphique n°3:Evolution du taux brut de scolarisation au primaire par sexe dans la province du Sanguié de 2007/2008 à 2012/2013 120 100 y = 4,4371x + 69,553 80 Garçons Filles 60 Total 40 droite tendancielle 20 0 2007/08 2008/09 2009/10 2010/11 2011/12 2012/13 Source : statistiques DPENA, Sanguié, 2013 au post-primaire Là aussi, on observe également la même tendance à la croissance. De 26,2% en 2007/2008 ce taux est passé à 33,5% en 2011/2012. Toutefois, l’évolution de la scolarisation est très instable dans la province. En 2007/2008, le TBS était à 26,30%, il retombe à 21,50% en 2009/2010, il connaît une hausse en 2011/2012 pour atteindre le pic de 33,50% et retombe à nouveau à 30,55% en 2012/2013. Une instabilité qui met à nu toutes les difficultés qu’éprouve ce cycle. Elle confirme également les difficultés liées à l’accès à l’enseignement post-primaire dans la province en particulier et dans l’ensemble du pays en général. 60 Le graphique ci-dessous traduit cette croissance hésitante du TBS dans la province ces six dernières années : Graphique n°4 : Evolution du taux brut de scolarisation au post-primaire par sexe dans la province du Sanguié de 2007/2008 à 2012/2013 45 40 35 30 y = 1,3629x + 21,947 25 Garçons 20 Filles 15 10 5 Total droite tendancielle 0 Source : annuaire statistique MESS, 2012/2013 Toujours concernant les indicateurs de couverture et d’accès, notons que le ratio élèves/enseignants au primaire est d’environ 45/1 à Réo et de 41/1 à Kyon. Pour le ratio élèves/salles de classe, il est de 50/1 à Réo et un peu plus de 51/1 à Kyon. Au post-primaire, le ratio élèves/salles de classe dans la province du Sanguié, est de 88/1 et le ratio élèves/enseignant tourne autour de 52/1. Les classes sont alors bondées certes, mais pas plus que dans certaines provinces du pays. Et ce ratio n’est pas très loin de la moyenne nationale qui est de l’ordre de 48/1 en 2012 (Banque mondiale, 2014). En définitive, on peut retenir que dans la province du Sanguié, les indicateurs de couverture et d’accès font partie des plus élevés au Burkina, que ce soit au primaire ou au post-primaire. Par ailleurs, les taux bruts d’admission et de scolarisation sont en constante croissance ces dernières décennies grâce aux gros efforts déployés par l’ensemble des acteurs du monde éducatif au niveau de la province pour permettre l’accès d’un plus grand nombre d’enfants à l’école. Sans avoir résolu totalement la question d’accès et de couverture de l’école, le Sanguié fait partie des localités qui enregistrent des taux très intéressants à ce niveau. Ce qui représente un avantage certain pour son système éducatif. 61 I-4-L’évolution des indicateurs de qualité et d’efficacité interne du système Ces indicateurs concernent les taux de promotion, de redoublement, d’abandon, d’achèvement et de réussite aux examens marquant la fin de cycle. Taux de promotion Le Taux de promotion représente la proportion des élèves ayant terminé avec succès une année d’étude et passant en classe supérieure. On le calcule en faisant le rapport entre le nombre total d’élèves moins les redoublants d'une année d'études n et le nombre total d’élèves de l'année d'études n-1(l’année précédente) exprimé en pourcentage. L’évolution de cet indicateur au Sanguié est assez contrastée entre les deux cycles de l’enseignement de base et même entre les différentes classes à l’intérieur de chaque cycle. au primaire En moyenne, 90% des élèves de ce cycle passent d’une année d’études à l’autre en une année scolaire, exception faite pour ceux des classes de CM2 où il faut obligatoirement réussir à l’examen du CEP pour changer de cycle. Ces taux de promotion élevés sont surtout dus au fait des mesures instituant un passage automatique pour les premières années des différents cours et un taux de redoublement possible plafonné à un maximum de 10% pour les deuxièmes années. La moyenne de 5/10 n’étant plus une condition de passage, alors, ce fort taux de promotion n’exprime plus nécessairement une performance interne du système. Cependant, il faut souligner que certains établissements privés et même quelques écoles du public n’appliquent pas scrupuleusement lesdites mesures. Du coup, dans ces établissements, les taux de promotion sont nettement inférieurs à ceux de la province. au post-primaire A ce niveau, le taux de promotion reste relativement bas malgré l’existence de la mesure plafonnant le taux de redoublement. Ici, il faut nécessairement une moyenne des notes supérieure ou égale à 10/20 pour accéder en classe supérieure. Au Sanguié, il est généralement plus faible en classe de 6e. En 2012/2013 par exemple, il était de 62,9% en 6e, et respectivement de 70,9% et de 71,9% en 5e et 4e (statistique DRESS, Centre-Ouest, 2012/2013). Dans le plus grand établissement de la commune de Réo (en termes de nombre de classes et d’effectif), sur 399 élèves inscrits en 6e, en 2012/2013, seulement 263 ont pu valider leur année et passer en classe supérieure, soit un taux de promotion de 65, 91% (enquête terrain, 2013). A Kyon, le lycée départemental n’a qu’un peu plus de 62% de passage en classe supérieure pour la même période. 62 De 2007/2008 à 2012/2013, ces taux ont connu une évolution en dents de scies dont la tendance générale a été à la baisse. En général, les filles réussissent moins leur année que les garçons. Tableau7 : évolution du taux de promotion de la 6e en 4e par sexe et par classe dans la province du Sanguié de 2007/2008 à 2012/2013. années Classes sexe 2007 /2008 2008/2009 2009/2010 2010/2011 2011/2012 2012/2013 6e G 69,2% 55,0% 67,0% 55,0% 56,8% 64,9% F 63,5% 49,6% 57,6% 54,9% 50,3% 60,4% T 67,0% 53,0% 63,2% 55,0% 53,9% 62,9% G 67,9% 59,6% 71,9% 61,2% 56,2% 73,5% F 47,6% 49,3% 62,8% 57,2% 48,3% 67,4% T 60,3% 55,7% 68,6% 59,7% 52,8% 70,9% G 76,9% 58,3% 77,9% 64,2% 62,9% 73,8% F 60,1% 49,1% 68,1% 54,8% 50,9% 69,4% T 71,0% 55,1% 74,3% 60,8% 57,9% 71,9% 5e 4e Source : statistique DRESS, Centre-Ouest, de 2005/2006 à 2012/2013 Une analyse comparative de ce tableau avec les performances des autres provinces de la région et même du niveau national, permet de se rendre compte qu’en la matière, le Sanguié enregistre les taux les plus bas. En 2011/2012, pendant qu’elle était à 53,9% de taux de promotion en classe de 6 ème, la province du Boulkiemdé et la région du centre-ouest étaient respectivement à 65,3% et 61,3%. Au niveau national ce taux à la même année scolaire, s’établissait à 63,4%. On retient donc que le taux de promotion au post-primaire est bas au Sanguié en dépit de ses atouts en termes d’accès et de couverture. 63 Taux de redoublement Le taux de redoublement est la proportion d’élèves inscrits dans une année d’étude donnée au cours d’une année scolaire et qui reste dans la même classe l’année scolaire suivante. Au Sanguié, il évolue de façon disparate selon que l’on soit au primaire ou au post-primaire. au primaire Le taux de redoublants aux premières années d’études est très faible (entre 2,52% et 11%), en raison des mesures limitant le nombre de redoublants. Ces faibles taux de redoublement ne traduisent cependant pas une quelconque qualité du système éducatif. Cela est d’ailleurs confirmé par un taux de redoublement nettement plus élevé en fin de cycle (CM2) où le nombre de redoublants explose littéralement car, à ce niveau, il faut avoir été reçu auparavant à l’examen de fin de cycle pour franchir la classe. Ce que le niveau réel de bon nombre d’élèves ne permet pas. Le taux de redoublement au CM2, est en constante croissance ces dernières années et a même atteint le pic de 81,8% en 2011/2012. Les communes de Réo et de Kyon font partie de celles qui ont enregistré les plus forts taux de redoublement. Le tableau ci-dessous illustre bien cela dans la province. Tableau 8 : évolution du taux de redoublement en CM2 dans la province du Sanguié de 2007/2008 à 2012/2013. Années scolaires 2007/2008 Taux de redoublement 24,7% 2008/2009 2009/2010 2010/2011 2011/2012 37,2% 33,33% 36,2% 81,8% 2012/2013 - Source : statistiques DPENA, Sanguié, 2013 Par ailleurs, dans la réalité, pour avoir de bons résultats en classe de CM2 considérée comme vitrine de l’école, les enseignants font ce qu’ils ont appelé «la cuisine interne ». Cette cuisine interne consiste à redoubler tous ceux qui n’ont pas un minimum d’acquis pour aller en classe supérieure, notamment en CM2, sans pour autant signaler cela aux autorités éducatives qui l’auraient à coup sûr, refusé. Ce qui fait que même en CM1, le taux de redoublement dans le fait, est plus élevé que ce qui est officiellement communiqué. 64 au post-primaire Le taux de redoublement est assez élevé de la 6e en 3e. En moyenne, sur les 6 dernières années, sur 100 élèves, 33 redoublent leur classe (enquête terrain, 2013). Généralement, les filles redoublent plus que les garçons. Le tableau ci-dessous témoigne de l’évolution des redoublements de 2007 à 2013. Tableau 9 : évolution du taux de redoublement au post-primaire par classe dans la province du Sanguié de 2007/2008 à 2012/2013 années Moyenne sexe 2007 /2008 2008/2009 2009/2010 2010/2011 2011/2012 2012/2013 /an Classes 6e 5e 4e 3e G 25,7% 22,3% 27,3% 23,8% 28,6% 25,8% 25,58% F 30,1% 29,5% 24,2% 27,1% 29,6% 29,1% 28,26% T 27,4% 25,0% 26,1% 25,1% 29,0% 27,3% 26,65% G 23,0% 28,2% 29,7% 33,1% 21,5% 18,2% 25,61% F 33,2% 33,1% 42,6% 35,3% 26,2% 22,6% 32,16%% T 26,8% 30,1% 34,4% 34,0% 23,5% 20,1% 28,15% G 29,0% 34,3% 34,2% 32,0% 29,1% 17,7% 29,38% F 44,1% 44,5% 39,6% 38,4% 33,8% 27,4% 37,96% T 34,3% 37,9% 36,2% 34,3% 31,0% 21,7% 32,56% G 43,4% 40,3% 45,8% 39,6% 41,5% 32,0% 40,43% F 55,4% 64,6% 44,5% 48,7% 45,1% 35,7% 49% T 47,4% 48,3% 45,3% 42,7% 42,9% 33,4% 43,33% Source : statistiques DRESS, Centre-Ouest, de 2005/2006 à 2012/2013 A l’examen du tableau, on s’aperçoit que la transition entre le primaire et le post-primaire n’est pas toujours aisée, mais les forts taux de redoublement sont enregistrés surtout en classe de 3 e en raison du taux d’échec élevé à l’examen de fin de cycle. L’importance du nombre de redoublants est imputable au faible niveau des élèves dans les différentes classes. En effet, leurs acquis antérieurs n’ont pas permis de bien asseoir les bases des acquisitions à suivre. Ces faibles assimilations des élèves sont dues en partie, selon Jean Jacques DEMBA (2010) à leurs absences et retards aux cours et à leur faible niveau de motivation pour les activités scolaires. Or, les absences, les retards au cours s’expliquent selon PAULI et BRIMER, ( 1971), par l’engagement de certains élèves dans des travaux ménagers, domestiques et agricoles ainsi que dans d’autres activités extrascolaires comme par exemple l’exercice d’activités génératrices de revenus, qui 65 perturbent leur scolarité. Au Sanguié, les élèves sont surtout impliqués ces dernières années dans les activités minières. Certains d’entre eux s’absentent pour y travailler. Taux d’abandon Le taux d’abandon est le rapport entre le nombre d’élèves qui quittent le système scolaire durant une année scolaire pour une raison quelconque et le nombre total d’élèves inscrits au compte de cette même année scolaire. Dans la province du Sanguié, les abandons sont assez importants à tous les niveaux d’enseignement. La dernière année du cycle primaire et la première du post-primaire sont des périodes qui enregistrent de forts taux d’abandon. Sur les six dernières années, le taux moyen est de 9,93% en CM2 et 14,2% en 6e. Les filles sont celles qui quittent plus l’école avant la fin du cycle (7,19% en moyenne sur ces 6 dernières années). Les tableaux suivants traduisent l’évolution de ces taux par cycle selon le genre. Au primaire Tableau 10 : évolution des taux d’abandon au primaire de 2007/2008 à 2012/2013 au Sanguié années 2007 /2008 2008/2009 2009/2010 2010/2011 2011/2012 2012/2013 Moyenne /an CP1 1,1 8,9% - 3,2% 9,4% 5,36% 5,59% CP2 4,2% 1,7% - 0,5% 2,1% 4,32% 2,56% CE1 5,6% 6,4% - 5,1% 9,3% 4,59% 6,19% CE2 5,7% 0,7% - 11,1% 2,5% 4,71% 3,94% CM1 0,9% 17% - 12,7% 14,6% 4,44% 9,93% Classes Source : statistiques DPENA, Sanguié, 2013 Post-primaire Tableau 11 : évolution des taux d’abandon au post- primaire de 2007/2008 à 2012/2013 au Sanguié années 2007 /2008 2008/2009 2009/2010 2010/2011 2011/2012 2012/2013 Classes Moyenne /an 6e 5,6% 22,0% 10,7% 19,9% 17,1% 9,9% 14,2% 5e 12,9% 14,3% 3,0% 6,4% 23,7% 9,0% 11,55% 4e 5,3% 7,0% 10,5% 4,9% 11,1% 6,4% 7,51% Source : statistique DRESS, Centre-Ouest, de 2005/2006 à 2012/2013 66 Une analyse comparée des deux tableaux ci-dessus permet de s’apercevoir que les taux d’abandons sont plus importants chez les adolescents de 10 ans et plus ; c’est-à-dire à partir de la classe de CM1. En effet, à partir de cet âge, les enfants sont en mesure d’accomplir bon nombre de tâches qui en principe, sont réservées aux adultes. Considérés comme une force exploitable, ces derniers sont encouragés par certains parents et employeurs à s’engager dans des travaux rémunérés au détriment des études. Ces élèves travailleurs finissent par abandonner l’école car leurs rendements scolaires s’en trouvent affectés et ils sont de moins en moins motivés à continuer leurs études. Dans le cas de la province du Sanguié et plus particulièrement dans les communes de Réo et de Kyon, les élèves sont impliqués dans les activités d’orpaillage à travers le vannage, le tamisage, le lavage du minerai, le transport de l’eau, le petit commerce, etc. Ces activités qui procurent des revenus non substantiels mais aux yeux des acteurs, très importants, conduisent à la dévalorisation des études et à la valorisation du travail rémunéré ayant pour conséquence, les abandons scolaires dans ces localités. Taux d’achèvement et résultats aux examens de fin de cycle On entend par taux d’achèvement la proportion des élèves nouvellement admis en dernière année d’un cycle par rapport à l’effectif de la population d’âge théorique au niveau concerné. Le résultat aux examens de fin de cycle concerne les taux de succès au Certificat d’Etudes Primaires (CEP) et au Brevet d’Etudes du Premier Cycle (BEPC). au primaire Le taux d’achèvement à ce niveau est le rapport entre le nombre d’élèves non redoublants en classe de CM2 et les enfants âgés de 11ans. Au Sanguié, ce taux bien que bas, a connu une évolution positive ces dernières années. Cette évolution positive est surtout due aux mesures qui interdisent le renvoi avant l’âge de 16 ans. Néanmoins, il faut retenir une légère régression chez les garçons en 2008/2009 suivie d’une reprise dès l’année scolaire suivante. Le taux en 2011/2012 a atteint 64,45%. Celui des filles est resté en constante croissance depuis 2007/2008. Mais, la parité fille/garçon est de l’ordre de 0,90/1.Le tableau ci-dessous traduit cette évolution. Tableau 12 : évolution du taux d’achèvement au primaire dans la province du Sanguié de 2007/2008 à 2012/2013 Années Sexe GARCONS 2007/08 2008/09 2009/10 2010/11 2011/12 2012/13 46,1 43,3 45,9 63,1 65,6 67,5 FILLES 34 36,7 39,2 55,6 58,3 61,4 TOTAL 40 40 42,3 59,3 62 64,45 Source : statistiques DPENA, Sanguié, 2013 67 A l’analyse, ce taux reste assez bas car en clair, sur 100 enfants qui devaient être en classe de CM2 seulement 64 y sont. La comparaison du taux brut d’admission et du taux d’achèvement montre qu’il existe un écart important. En 2011/2012, le TBA était de 94% contre 62% pour le taux d’achèvement. Ceci est le témoignage de nombreuses déperditions malgré l’interdiction de renvoi. Ces difficultés sont largement mises à nu par les résultats au CEP ces dernières années dans la province. Le taux de succès à cet examen ne fait que chuter comme l’indique le graphique ci-dessous, conférant à la province le dernier rang de la région à la session 2013. Graphique n°5: Evolution des résultats au CEP dans la province du Sanguié de 2008 à 2013 80 70 60 50 Garçons 40 Filles 30 Total 20 10 0 2008 2009 2010 2011 2012 2013 Source : statistiques DPENA, Sanguié, 2013 Dans les communes de Réo et de Kyon, la tendance générale demeure la même. Les CEB de Réo II et Kyon connaissent une évolution en dents de scie tandis que Réo I reste sur une constante régression. Le tableau ci-dessous illustre cela. Tableau 13 : Evolution des résultats au CEP dans les CEB de Réo I, Réo II, Kyon et dans la province du Sanguié de la session 2009 à celle de 2013. 2009 2010 2011 2012 2013 CEB Réo I 69,91 67,28 50,35 48,15 38,71 Réo II 57,94 60,02 38,73 40,47 37,16 Kyon 56,27 48,10 59,43 63,76 44,93 Province (Sanguié) 65,44 60,13 53,47 53,66 47,67 Session Source : statistiques DPENA, Sanguié, 2013 68 au post-primaire Le taux d’achèvement se définit comme étant le rapport entre le nombre d’élèves nouvellement admis (non redoublants) en classe de 3e et la population de 15 ans. D’une manière générale, cet indicateur n’est pas très reluisant. Au niveau national, il est actuellement de l’ordre de 21,4% avec un indice de parité fille/garçon de 0,84/1. Au Sanguié, le taux est encore plus faible. Ainsi, sur 100 enfants de la tranche de d’âge de 15ans, seulement 18 arrivent en fin de cycle post-primaire dans la province contre 19 pour la région du centre-ouest (statistiques DRESS, Centre-Ouest, 2012). Ce qui dénote des difficultés liées à l’efficacité interne du système éducatif. Beaucoup d’enfants ont un rendement insuffisant au post-primaire d’où un fort taux de déperdition tout au long du cycle. Tout comme, au primaire les faiblesses liées à l’efficacité interne du système se répercutent sur les résultats à l’examen terminal. En définitive, il faut retenir que dans la province du Sanguié, en dépit des difficultés liées à l’insuffisance des infrastructures d’accueil, de mobilier, du personnel… ; la grande majorité des enfants d’âge scolaire a accès au système éducatif au primaire.il n’y a pratiquement pas de réticence des parents à envoyer leurs enfants à l’école et de mieux en mieux, sans distinction de sexe. Cela a permis d’atteindre des taux de scolarisation tout à fait au-dessus de la moyenne nationale dans de la province. Le cycle post-primaire, bien qu’il soit à la traîne, essaie de rattraper le primaire dans la perspective de satisfaire à la scolarité obligatoire. Ce qui fait que l’accessibilité à ce cycle est de plus en plus croissante malgré les difficultés évoquées ci-dessus. En réalité, la véritable faiblesse du système éducatif dans la province réside dans son rendement interne. Que ça soit au primaire qu’au post-primaire, les indicateurs de l’efficacité interne du système éducatif dans les différents établissements sont des plus bas. A l’examen du CEP session de 2013, la province a même occupé le dernier rang dans la région avec seulement 47,67% de taux de réussite. Les communes de Réo et de Kyon ont enregistré des taux en dessous de la moyenne. Alors, le système éducatif au Sanguié connaît de nombreuses déperditions à cause de sa faible efficacité interne. Dès lors, il convenait, de se demander quels sont les facteurs susceptibles d’influencer les rendements scolaires dans la province. Pour notre part, nous nous sommes intéressés aux effets de l’exploitation minière qui est un phénomène récent dans la province. IV-2-. IMPACT DE L’EXPLOITATION MINIERE SUR LA SCOLARISATION ET LA SCOLARITE DES ENFANTS DANS LA PROVINCE DU SANGUIE L’exploitation minière est une activité économique qui a apparu dans la province du Sanguié autour de l’année 2005. Cette activité qui se mène de façon industrielle et artisanale occupe une bonne frange de la population et a sans doute des répercussions sur les réalités socio-économiques de la 69 province. Dans les lignes qui suivent, nous analysons l’incidence de cette activité sur les différents indicateurs du système scolaire dans la localité. IV-2-1-Incidence de l’exploitation minière sur les indicateurs d’accès à l’école. Sur la capacité d’accueil Les plans de gestion des sociétés minières englobent la dimension sociale du développement. A ce titre, elles réalisent des infrastructures socio-éducatives. Entre 2007 et 2010, les sociétés minières en activité au Burkina Faso ont réalisé entre autres, douze écoles, cinq dispensaires et deux barrages (rapport final, IPE, 2011). La société minière industrielle installée à Perkouan, dans la province du Sanguié a, à travers sa fondation, réalisée dans la commune de Réo, trois salles de classe, des logements pour enseignants, un centre d’alphabétisation (à Perkouan). Elle a également construit un centre de formation pour les jeunes en menuiserie, en mécanique et en couture à Réo (enquête terrain, 2013). D’autre part, les revenus tirés de l’activité minière industrielle ou artisanale servent en partie au règlement des frais de scolarité et des cotisations des parents d’élèves. Une partie de ces ressources collectées dans les écoles est utilisée pour la construction et l’entretien des salles de classe et des logements, la confection et la réparation des tables-bancs, etc. A Zilivèlè, dans la commune de Kyon, face à l’insuffisance de logement pour les enseignants et à l’état défectueux des salles de classe, les parents d’élèves ont dû mobiliser des ressources en dehors des cotisations ordinaires de leur association. Ces ressources ont permis de construire quatre logements pour les enseignants et de réparer la toiture de leur école. Il est certes difficile de mesurer la part réelle des fonds tirés directement ou indirectement de l’exploitation minière pour répondre à ce besoin, mais, force est de reconnaître qu’ils y ont probablement contribué. Cette probabilité est d’autant plus certaine qu’une bonne partie des habitants du village travaille dans les sites de Nébia, de Divolé et de Poa d’où elle tire sans doute des revenus. Alors, de façon directe ou indirecte, l’exploitation minière contribue à l’amélioration de la capacité d’accueil du système éducatif dans la province. Dans la commune de Réo, en plus des apports cidessus cités, la société minière reverse en principe 20% des taxes superficiaires à la commune. Ces ressources peuvent également servir à la construction d’infrastructures scolaires. Mais, les investigations n’ont pas permis de percevoir les destinations de cette ressource car les responsables de la commune qui ont été approchés disent n’avoir jamais perçu ces taxes. Quant à la commune de Kyon, elle n’attend rien de la société minière en termes de taxes car officiellement, elle n’a pas d’aire touchée par les activités de la mine. Seule l’exploitation artisanale y est présente, mais compte tenu de l’illégalité des sites et de l’anarchie qui y règne, il est difficile d’en tirer une quelconque taxe au profit de la commune. 70 Toutefois, il faut signaler que certains enfants sont présents en permanence sur les sites où ils accomplissent diverses tâches, ou ont tout simplement accompagné leurs parents. Ces enfants-là ont très peu de chance d’être inscrits à l’école car en général, il n’y en a pas à côté. Et même s’il y en avait, ceux qui interviennent dans la vente de l’eau, dans le petit commerce et la restauration n’auront jamais le temps de la fréquenter. Alors, l’exploitation minière artisanale, telle qu’elle est pratiquée dans les villages de Nagarpoulou, Poa, Zilivèlè, etc. dans la commune de Kyon et à Bonyolo, Zoula, Perkouan, Toukon dans celle de Réo, du fait qu’elle emploie des enfants, est source de non-scolarisation de certains d’entre eux. Sur les taux d’admission et de scolarisation Les revenus tirés de l’activité sont orientés entre autres, vers des charges liées à la scolarisation des enfants. A cet effet, 29,82% des élèves enquêtés soutiennent que c’est grâce à leur travail ou à celui de leurs parents dans les sites d’orpaillage ou dans la mine industrielle de Perkouan que leurs frais scolaires sont payés. C’est le cas de cet élève de 4e rencontré dans le lycée privé de Kyon Piayiboula. Badolo Parfait, qui témoigne que depuis le décès de son père quand il était en classe de 6e, il travaille dans les sites artisanaux pour payer sa scolarité et même les cotisations APE de ses petits frères au primaire. C’est également avec ces mêmes revenus qu’il se procure les fournitures scolaires et acquiert des vivres. Des exemples similaires à celui de Parfait sont légion. On en rencontre au lycée départemental de Kyon, au lycée provincial de Réo, au collège privé Sainte Thérèse de Zoula, etc. Tout en reconnaissant l’existence de difficultés à allier activités scolaires et fréquentation des sites aurifères, beaucoup d’élèves affirment que certains de leurs camarades doivent leur place aux revenus tirés de leur activité sur les sites d’orpaillage. Au lycée provincial de Réo, 9 élèves dont 5 garçons et 4 filles de la classe 3e enquêtés, assurent que c’est grâce à leur travail sur les sites d’orpaillage qu’ils règlent leur frais de scolarité. Par ailleurs, ils sont nombreux, les élèves qui ont des parents ou frères travaillant soit, dans les mines artisanales, soit dans la mine industrielle de Perkouan. A la question suivante adressée aux élèves de l’école primaire de Perkouan A : « Avez-vous un parent ou un frère qui est directement ou indirectement impliqué dans les activités liées à la mine industrielle ? », environ 70% ont répondu « oui ». Cette réponse corrobore avec les conclusions de l’évaluation économique du secteur des mines commanditée par l’IPE/BURKINA en 2011, qui relèvent que les projets miniers et les services connexes fournissent 9.000 emplois directs et 27.000 emplois indirects. Elles ajoutent que les mines font ainsi vivre près de 300.000 personnes (rapport final, 2011). La même question, mais cette fois-ci sur les travailleurs de la mine artisanale, a été posée aux élèves des écoles primaires de Réo et de Kyon qui ont été concernées par l’enquête. Sauf les enfants de fonctionnaires, de commerçants et quelques rares enfants d’agriculteurs ont répondu « non ». Or, des enquêtes et entretiens réalisés auprès des travailleurs du secteur minier artisanal et industriel et auprès de ceux des activités connexes, il ressort qu’ils supportent 71 souvent les charges financières en rapport avec la scolarisation des enfants entièrement ou partiellement grâce aux revenus issus de leur travail. Ainsi, l’exploitation minière, de par les revenus qu’elle procure, offre à ceux qui y travaillent, des moyens permettant de mieux prendre en charge les frais relatifs à l’inscription de leurs enfants à l’école. Ce qui permet d’améliorer sensiblement les indicateurs d’accès du système éducatif dans les deux communes. D’ailleurs, si l’on considère que l’exploitation minière artisanale, a débuté dans la province courant 2005, on remarque qu’à partir de la même période, le taux brut de scolarisation au primaire a connu un coup d’accélérateur. En effet, entre 2001/2002 à 2005/2006, le TBS dans la province n’a progressé que de 11,5 points soit une moyenne annuelle de 2,3 points. Par contre, de 2006/2007 à 2011/2012, le TBS est passé de 68% à 94%, soit un bond de 26 points. La moyenne de progression par an est de 5,2 points, soit un peu plus du double de la période d’avant. Ce croît important du TBS, sans être entièrement expliqué par les effets de l’exploitation minière, fait remarquer qu’elle y a contribué. Dans tous les cas, il est perceptible qu’elle n’a pas négativement joué sur le taux brut de scolarisation ni sur celui de l’admission au primaire vu qu’ils ont maintenu leur allure de croissance ces dernières années, malgré l’ampleur de plus en plus grandissante de l’activité minière. L’évolution des effectifs des élèves au primaire comme au post-primaire dans les deux communes atteste du possible impact positif de l’activité minière sur les indicateurs d’accès et de participation du système éducatif. Tableau 14 : Evolution des effectifs au primaire dans les communes de Réo et de Kyon de 2008/2009 à 2012/2013. Années scolaires 2008/2009 2009/2010 2010/2011 2011/2012 2012/2013 Communes Réo 11 543 12 193 13 072 - 13540 Kyon 3100 3101 3869 3964 4180 Source : statistiques DPENA, Sanguié, 2013 Tableau 15 : Evolution des effectifs au post-primaire dans les principaux établissements des communes de Réo et de Kyon. Années scolaires 2008/2009 2009/2010 2010/2011 2011/2012 2012/2013 Etablissements Lycée provincial de Réo - - 1667 1786 1843 Lycée communal de Réo 758 691 670 733 895 Lycée départemental de Kyon 222 242 286 394 469 Lycée privé Piayiboula Source : enquête terrain, 2013 - - 103 164 174 72 Alors, l’exploitation minière, en tant qu’activité économique rapporte des revenus aux populations des communes de Réo et de Kyon. Une partie non négligeable de ces revenus est investie dans le domaine de l’éducation à travers la construction, la réfection des infrastructures scolaires, l’équipement, les frais de scolarité des enfants. La mine industrielle de Perkouan, à travers la Fondation Nantou Mining soutient des CEB dans l’organisation du sport à l’école primaire (OSEP). Selon le proviseur du lycée provincial, Elle a également soutenu son établissement en mettant à la disposition des élèves des manuels d’allemand. Tout cela concourt à l’amélioration des indicateurs d’accès et de participation à l’école et partant, du taux brut de scolarisation des enfants dans lesdites communes. Cependant, des inquiétudes existent quant à la durée de cette contribution positive. La fin de l’activité risque de replonger des familles dans la précarité financière, donc dans l’incapacité d’assurer les frais de scolarité, surtout au post-primaire où ils sont plus élevés. Ce retour à la cage départ pourrait être fatal pour beaucoup de ménages étant donné qu’à la faveur de l’activité minière, nombreux d’entre eux ont relégué au second plan les activités agricoles. IV-2-2-Incidence de l’exploitation minière sur les indicateurs de qualité et d’efficacité interne de l’école. Sur les taux de promotion et de succès aux examens de fin de cycle Les taux de promotion et de succès aux examens de fin de cycle sont des indicateurs qui rendent compte du rendement interne du système scolaire. En principe, pour être promu en classe supérieure, il faut avoir obtenu une moyenne de 5/10 après les évaluations de fin d’année scolaire. Ce qui prouve qu’on a les acquis nécessaires pour continuer les apprentissages. Mais, si cette condition est toujours en vigueur au cycle post-primaire, il n’en est pas de même pour le primaire où les mesures restrictives obligent à laisser passer la majorité des élèves sans conditions de moyenne. C’est pourquoi, le taux de promotion à ce niveau en général, ne reflète pas les acquisitions réelles des apprenants. Dans la province du Sanguié, exception faite de la classe de CM2, ce taux se situe légèrement audessus de 90% en ce moment. Cependant, ce fort taux cache au fond, d’énormes insuffisances dans les acquisitions des élèves. Ces difficultés sont perceptibles en observant les bilans des différentes évaluations. Hormis les élèves du Cours Préparatoire chez qui, le pourcentage de ceux ayant obtenu la moyenne de 5/10 va au-delà de 50%, dans les autres classes, les élèves qui parviennent à ces résultats sont minoritaires. 73 Le bilan des évaluations de l’année scolaire 2012/2013 consigné dans le tableau ci-dessus reflète bien cette réalité. Tableau16 : Taux des élèves ayant obtenu la moyenne d’au moins 5/10 lors des évaluations trimestrielles de 2012/2013 par cours, dans la province du Sanguié. Trimestres 1er trimestre 2eme trimestre 3eme trimestre CP 70,40% 70,12% 71% CE 40,39% 44,50% 45,11% CM 49,99% 49,83% 47,23% Cours Source : statistiques DPENA, Sanguié, 2013 Cette faiblesse du rendement scolaire des élèves dans les écoles des communes de Réo et de Kyon situées à proximité des sites d’orpaillage est plus profonde. En effet, dans ces écoles, les résultats scolaires sont en dessous des moyennes provinciales qui étaient déjà faibles. Des entretiens et enquêtes que nous avons menés auprès des enseignants, des directeurs d’école et des encadreurs pédagogiques, il ressort que ces dernières années, le nombre d’élèves qui obtiennent des moyennes en dessous de 5/10 ne fait que croître. La majorité des enseignants titulaires de classes dans ces écoles se plaint du fait que les élèves n’apprennent plus les leçons ni n’effectuent plus correctement les travaux de maison. Ce qui a pour conséquence, des résultats le plus souvent insuffisants dans les classes de CE2, CM1 et CM2. En 2012/2013, les écoles de Kyon « A » et Kyon « B » ont enregistré respectivement en CM1 11,34% et 14,28% (enquête terrain, 2013) d’élèves ayant obtenu une moyenne supérieure ou égale à 5/10. Dans les écoles de Bonyolo « A », en CM1 jusqu’à 96,16% des élèves sont en dessous de cette moyenne tandis qu’à Perkouan « A » ce taux était autour de 55%. Au niveau du post-primaire, les taux de promotion restent également faibles. Pour le compte de l’année scolaire 2012/2013, il s’établit à 62,9% pour la 6e, 70,9% pour la 5e et 71,9% en 4e dans la province. La tendance générale ces dernières années est à la baisse avec une accentuation particulière pour la classe de 6e. S’agissant des examens de fin de cycle (CEP et BEPC), les résultats ne font que décroître d’année en année dans la province. De la session 2009 à celle de 2013, le taux de succès au CEP est passé de 65,44% à 47,67% soit une régression de 17,77 points. Les CEB de Réo I, Réo II et Kyon font partie de celles qui ont eu des taux de succès inférieurs à celui de la province à la session de 2013 et qui sont dans la tendance à la baisse. Concernant l’examen du BEPC, nous n’avons pas pu obtenir des données au niveau provincial. Toutefois, les collectes faites sur le terrain ont permis de réunir les données suivantes sur quelques établissements. 74 Tableau 17 : Evolution du taux de succès au BEPC dans deux établissements des communes de Réo et Kyon de 2010 à 2013. Sessions 2010 2011 2012 2013 Établissements Lycée privé Piayiboula de Kyon - 57,69% 28,94% 16% Lycée communal de Réo 40,19% 43,67% 36,55% 30,15% Source : enquête terrain, 2013 Ainsi, de façon générale, les élèves travaillent de moins en moins bien dans la province du Sanguié et plus particulièrement dans les communes de Réo et de Kyon qui sont des zones d’intenses activités minières artisanales. Le résultat auquel les élèves parviennent en fin de cycle n’est que le reflet d’une mauvaise assimilation des acquis sur plusieurs années antérieures. Pour expliquer cette baisse continue du rendement interne de l’école, plusieurs acteurs de la province incriminent la fréquentation des sites d’orpaillage par les élèves. En effet, des parents d’élèves aux enseignants en passant par les élèves eux-mêmes, tout le monde relève les effets néfastes de cette activité sur le rendement scolaire des enfants. A la question de savoir si la fréquentation des sites d’or avait une influence négative sur le travail scolaire des élèves, 83,33% des enseignants enquêtés ont répondu « oui ». 77,19% des élèves en classe enquêtés ont remarqué que leurs camarades qui fréquentent les sites d’orpaillage travaillent de moins en moins bien à l’école. Ceux qui ont été trouvés sur les sites reconnaissent à 29% que leur travail sur ces lieux joue sur leur rendement scolaire. En réalité, les élèves travaillant sur les sites d’orpaillage sont exposés à la fatigue, aux maladies, aux accidents (rapport final, IPE, mai 2011). Tous ces facteurs sont des entraves à un bon rendement scolaire. Le travail occupe le temps des enfants et ne leur permet pas de se consacrer à un apprentissage réel (Yaro et Al, 2011). Selon Madame Badolo , 2e adjointe au Maire de Kyon, dans les écoles primaires de Kyon « A », Kyon « B », Tomo, Zilivèlè, les élèves s’adonnent aux travaux dans les mines artisanales pendant les jours de repos et une fois de retour en classe, ils sont fatigués et n’arrivent même plus à suivre les cours. Ceux qui sont en classe d’examen, n’ayant plus suffisamment de temps pour se préparer conséquemment, échouent fort logiquement. Elle est soutenue par PORGO Ali, Conseiller Pédagogique Itinérant de la CEB de Kyon, qui affirme que la faiblesse des taux de succès au CEP ces dernières années est due en partie au fait que les élèves fréquentent les sites d’orpaillage et n’ont plus le temps d’apprendre les leçons. Cet avis est également partagé par les Inspecteurs, Chefs des Circonscriptions d’Education de Base de Réo I, Réo II et Kyon pour qui, avant que les sites aurifères ne fassent leur apparition, les rendements des élèves étaient bien meilleurs. 75 Les enseignants du post-primaire enquêtés relèvent eux aussi des cas de somnolence, de maladies ou de blessures assez fréquents chez les élèves orpailleurs, les empêchant de suivre correctement les cours. Tout cela se traduit en fin d’année par de faibles résultats. Lors de l’entretien avec le directeur du Collège Saint Thérèse de Zoula, il est ressorti que quand les sites aurifères battent leur plein, toutes les heures creuses sont mises à profit. Alors, les exercices ne sont plus traités et les cas d’indiscipline sont légion. Il précise qu’en 2010, des élèves de la classe de 3eont même préféré manquer des examens blancs pour se rendre sur les sites. La conséquence de tout cela est la baisse du niveau général des élèves. A cet effet, les statistiques du même établissement révèlent qu’avant 2010 (année d’ouverture du site de Zoula), la moyenne des classes étaient toujours supérieure à 9/20. Mais, à partir de cette année à nos jours, cette moyenne n’a fait que chuter pour s’établir en 2013 à moins de 6/20. Le phénomène de baisse générale des rendements scolaires est beaucoup plus accentué dans les localités proches des sites miniers. Les écoles des villages de Zilivèlè, Kyon, Zoula, Bonyolo qui enregistrent des taux de redoublement et d’échec aux examens élevés, sont à proximité des sites miniers artisanaux. Sur l’ensemble de la province, la situation est aussi similaire car, c’est dans les communes où l’activité minière artisanale est intense que les rendements scolaires sont le plus souvent faibles. Les cartes ci-dessous illustrent bien cela. 76 Carte n°4 : répartition de l’intensité des activités minières artisanales dans les communes de la province du Sanguié en 2012/2013 77 Carte N°5 : distribution spatiale des taux d’échec aux évaluations scolaires dans la province du Sanguié en 2012/2013 78 En définitive, l’exploitation minière artisanale, du fait du travail des élèves sur ses sites, affecte négativement le rendement interne de l’école tant au niveau primaire qu’au post-primaire Sur les taux de redoublement et d’abandon Tout comme le taux de promotion, le taux de redoublement au primaire ne reflète pas nécessairement la qualité ni même le niveau des acquisitions des élèves à cause des mesures restrictives. Ainsi, il n’y a logiquement pas de redoublants en CP1, CE1 et en CM1. Aussi, dans les autres classes, ce taux ne peut en aucun cas excéder 10% de l’effectif de la classe. Cependant, compte tenu du fait que ces mesures ne sont pas strictement observées par les enseignants, on constate des redoublements dans toutes les classes mais, à des proportions relativement moindres avec une exception pour le cours Moyen (CM). Dans ce cours, particulièrement en CM2, le taux de redoublement a connu une croissance exponentielle depuis 2007/2008 à nos jours à cause des forts taux d’échecs à l’examen. De 24,7% en 2007/2008, il est passé à 81,8% en 2011/2012. Cette période coïncide avec l’intensification de l’activité minière dans la province. Alors, de nombreux élèves se sont retrouvés sur les sites au détriment de l’école. Ce constat est confirmé par YARO (1996) dans « Les jeunes chercheurs d’or d’Essakan ».Il y relève que les enfants scolarisables et scolarisés des villages environnants les sites d’orpaillage se retrouvent sur ces lieux dans l’espoir d’avoir de l’or. Ils y passent ainsi plus de temps que dans les classes. Selon l’observatoire de l’éducation dans le Sanguié, des directeurs d’école se sont vus souvent obligés d’aller eux-mêmes sur les sites et d’essayer de convaincre certains élèves de retourner en classe. Cette désertion des classes au profit de l’exploitation minière a sans doute eu une incidence négative sur le rendement des élèves. La baisse du rendement entraîne à son tour l’échec aux examens qui est à son tour à l’origine des nombreux redoublements en CM2. Du reste, la grande majorité (97%) des enseignants enquêtés soutient que la fréquentation des sites aurifères par les élèves fait partie des trois premières causes de redoublement quel que soit le cycle considéré. Cet avis est appuyé par le résultat de l’enquête auprès des élèves rencontrés sur les sites d’orpaillage. En effet, 36,84% de ces élèves-orpailleurs déclarent avoir déjà redoublé au moins une fois depuis qu’ils ont commencé à allier activités minières et activités scolaires. Ce constat est également fait par les orpailleurs des sites touchés par les enquêtes qui emploient ces enfants. 87,5% d’entre eux reconnaissent qu’il est impossible d’allier les deux activités et que les élèves qui le font, finissent au meilleur des cas, par reprendre les classes. Cette répercussion négative de l’exploitation minière est également ressentie au niveau des abandons. 2010/2011 et 2011/2012, années charnières de l’activité minière artisanale dans les deux communes, furent également celles qui ont enregistré le plus grand nombre d’abandons au cours de ces dix dernières années. 79 Dans la commune de Kyon, les écoles situées à proximité des sites à savoir : Zilivèlè, Nagarpoulou, Poa, Kyon B, Essapoun, Tomo, ont atteint des taux d’abandons jamais égalés depuis leur création selon la 2ème adjointe au maire de ladite commune. Les écoles de Nagarpoulou, Zilivèlè et Kyon B qui n’avaient pas plus de deux cas abandon par an dans les années d’avant l’ouverture des sites d’orpaillage, ont vu ces chiffres s’envoler pour atteindre en 2011/2012, respectivement onze, douze et dix cas abandon (enquête terrain, 2013). Ensemble, elles ont enregistré entre 2009/2010 et 2011/2012, environ quatre-vingt-dix cas d’abandon (enquête terrain, 2013). A Réo également, c’est au cours de la même période que les taux d’abandon ont pris des proportions vraiment inquiétantes. En 2011/2012, les écoles primaires les plus proches de sites d’orpaillage ont connu les mêmes difficultés que celles de Kyon. Les taux d’abandon au cours de ladite année s’établissent à 8, 44% pour l’école du secteur 4 ; 6,19% pour l’école de Zoula « A », 5,21 pour celle de Perkouan « A » pour ne prendre que celles-là (Observatoire de l’éducation à Réo, 2012). Par contre, les écoles des villages non à proximité des sites orpaillage ont conservé à peu près les mêmes taux d’abandons mêmes pendant les périodes les plus intenses de l’activité minière. C’est le cas des écoles de Po dans la commune de Kyon et de Ekoukoala dans celle de Réo où le nombre d’abandons a toujours tourné autour de deux par an quelle que soit la période considérée (avant ou au cours de l’activité minière). Les représentations suivantes expriment mieux cette réalité. 80 Carte n° 6 et 7: évolution de l’envergure des abandons dans des écoles de Réo et de Kyon non à proximité des sites aurifères avant et au cours de l’activité minière. Carte 6 : Avant l’activité minière Carte n° 7 : au cours de l’activité minière 81 Carte n°8 et 9 : évolution de l’envergure des abandons dans des écoles de Réo et de Kyon à proximité des sites aurifères avant et au cours de l’activité minière Carte n°8 : Avant l’activité minière Carte n°9 : au cours de l’activité minière 82 Selon la Direction Régionale de l’Education Nationale et de l’Alphabétisation du Centre-ouest, la question des effets néfastes de l’orpaillage se traduit par un fort taux de déperdition scolaire. Ainsi, pour le compte de la seule année scolaire 2012/2013, la province a enregistré 303 cas d’abandons dont 139 filles et 164 garçons. Les CEB, touchées par ce phénomène sont celles de Didyr, Kyon, Réo I, Réo II, Zamo, Dassa. Le tableau ci-dessous donne la situation des abandons par CEB à la date du 13 février 2013. Tableau 18 : situation des abandons liés à l’orpaillage dans les 6 CEB du Sanguié touchées par le phénomène en 2013 CEB Didyr Kyon RéoI RéoII Zamo Dassa Total Sexe Garçons 2 20 64 23 04 51 164 Filles 2 08 55 12 02 60 139 Total 4 28 119 35 06 111 303 Source : statistiques DRENA, Centre- Ouest, 2013 Dans les établissements du post-primaire, les taux de redoublement sont, d’une manière générale, assez élevés et cela bien avant même l’installation de l’exploitation minière dans la province. Mais, on constate tout de même qu’au début de l’activité minière, ces taux ont connu une légère augmentation avant d’adopter un léger infléchissement comme tendance générale. Toutefois, c’est en classe de 3e qu’on rencontre le taux le plus élevé de redoublement. . Il est en moyenne supérieur à 40% au cours des six précédentes années avec des pics en 2007/2008, 2008/2009 où il a avoisiné les 50%. Comme souligné ci haut, les enseignants, les élèves en classe et ceux trouvés sur les sites identifient l’implication des scolaires aux activités comme l’une des causes du redoublement. Concernant les taux d’abandons, ils ont évolué en dents de scie au point qu’il est difficile de s’en servir pour une analyse pertinente d’autant plus qu’il n’a pas été possible de trouver de données au niveau provincial. Par contourner cette difficulté, il s’est simplement agi de procéder à un recensement des abandons dans les classes qui ont été visitées. Ce recensement a consisté à demander aux élèves directement combien de leurs camarades de classe ont quitté définitivement l’école pour aller travailler dans les sites d’orpaillage. La deuxième question qui leur a été posée a été de savoir combien de leurs camarades filles ont contracté des grossesses avec des orpailleurs et ont dû arrêter leurs études à cause de cela. La synthèse des réponses à ces questions a permis d’avoir une idée des abandons liés à l’exploitation minière dans les établissements enquêtés. La situation est présentée dans le tableau ci-après. 83 Tableau 19 : Situation des abandons liés à l’exploitation minière dans les établissements enquêtés au niveau post-primaire selon le motif et le sexe, dans les communes de Réo et de Kyon de 2011/2012 à 2012/2013. Etablissements de la commune Etablissements de la commune de Réo Total Général de Kyon Réo et Kyon Lycée Lycée privé Lycée Lycée CEG de Collège saint départemental Piayiboula Provincial communal Zoula Thérèse de Zoula G Abandons liés au travail sur 22 F T G F T G F T G F T G F T G F T G F T 03 25 5 04 09 11 01 12 12 00 12 15 03 18 10 04 14 75 15 90 13 13 - 08 08 - 81 81 16 31 10 12 22 75 96 171 les sites Abandons liés aux grossesses - 19 19 - 06 06 - 25 25 - 10 10 Total 22 22 44 5 10 15 11 26 37 12 10 22 15 Source : enquête terrain, 2013 84 En analysant ce tableau, il ressort que les garçons abandonnent plus que les filles pour des raisons de travail sur les sites d’orpaillage. Les filles sont beaucoup plus touchées par des faits de grossesses non désirées contractées avec des orpailleurs qui les contraignent à quitter l’école. Toutefois, dans l’ensemble, elles sont les plus affectées par les abandons liés à l’exploitation minière dans les deux localités. En somme, on retient que l’exploitation minière, surtout son secteur artisanal, du fait de l’implication des élèves dans ses activités, du comportement de certains de ses acteurs, contribue à l’augmentation des taux de redoublement et d’abandon dans les communes de Réo et de Kyon. A la fréquentation des sites d’orpaillage par les élèves, il faut ajouter les grosses non désirées et les mariages précoces dont les élèves de sexe féminin sont victimes. Parvenues à une responsabilité inattendue et précoce, ces jeunes finissent le plus souvent par arrêter leurs études. IV-2-3-Incidence de l’exploitation sur les taux de fréquentation et d’achèvement Sur les taux de fréquentation La fréquentation dont il est question ici concerne la présence physique des élèves aux cours. Au primaire, ces taux sont calculés par classe, à la fin de chaque mois de cours de l’année scolaire. Au postprimaire, c’est en fin de trimestre que ce calcul s’effectue en faisant le total du nombre d’absences par élève. Mais, compte tenu des difficultés de conservation des archives dans les établissements qui ont été visités, il a été pratiquement impossible d’avoir des données sur cet aspect. Alors, l’analyse de cet élément s’appuie surtout sur les réponses aux questionnaires adressés aux enseignants et aux élèves et sur le bilan des entretiens. Généralement, les élèves orpailleurs profitent des jours non ouvrables pour se rendre sur les sites (Salembéré et Al, 2007). Au primaire, il s’agit notamment des jeudis et des dimanches, tandis qu’au postprimaire, tous les moments libres sont mis à profit pour aller travailler sur les sites. Cela est une pratique qui concerne presque la totalité des élèves des écoles proches des sites. Seuls quelques enfants de fonctionnaires et de commerçants disent ne pas fréquenter ces lieux même à leurs temps libres. Mais, il arrive que ces temps libres soient insuffisants surtout au moment où les sites tournent en plein régime. Les besoins en tout genre se décuplent et entraînent une désertion des classes. Les écoles de Zilivèlè, Nagarpoulou dans la commune de Kyon et celles de Bonyolo, Sanduié, Toukon dans la commune de Réo ont toutes été victimes de cette situation en 2011/2012 et 2012/2013. En une journée, l’école de Toukon a enregistré plus de 90 absences. Cette situation a été provoquée par l’ouverture d’un site d’orpaillage dans les alentours de l’école en 2012/2013. A ces absences massives s’ajoutent des absences sporadiques de quelques élèves des différentes classes. En général, ce sont les mêmes élèves qui, pour des raisons sociales manquent de temps à autre l’école pour y aller chercher de quoi se nourrir ou payer leur scolarité. Ces différentes absences dans ces localités liées aux activités minières contribuent à la baisse du taux de fréquentation. Les enseignants enquêtés estiment dans leur majorité (93,33%) que la 85 proximité des sites aurifères et leur fréquentation par les élèves sont l’une des causes principales de leurs absences aux cours. Ils sont 30% à soutenir qu’elles constituent même la première cause des absences. A cet effet, 69,49% des élèves orpailleurs trouvés en classe reconnaissent qu’ils se sont souvent absentés des cours pour aller sur les sites d’or. Alors, à Réo, tout comme à Kyon, des élèves manquent l’école au profit des activités minières. Ces absences contribuent à la baisse du taux de fréquentation dans ces localités et partant dans toutes les provinces. Sur les taux d’achèvement Le taux d’achèvement permet de se rendre compte de l’ampleur des déperditions scolaires. En principe, avec les mesures qui visent à réduire énormément les redoublements et les exclusions, ce taux devait être des meilleurs. Mais, ces dernières années, même s’il est resté dans une dynamique de croissance (de 40% en 2007/2008 il est passé à 64,45% en 2013), il paraît relativement bas dans les deux cycles. Au primaire, il n’a gagné que 5 points au cours des trois dernières années. Cela dénote d’une certaine stagnation malgré les forts taux de scolarisation à ce niveau. Au post-primaire, le taux de 18%, inférieur à celui de la région et même du pays, traduit tout simplement l’ampleur des déperditions scolaires dans la province. Il y a lieu donc de noter que les abandons, les faibles rendements des élèves, les redoublements, les grossesses non désirées, les mariages précoces, etc. ayant en partie pour origine l’implantation de l’exploitation minière, jouent contre une scolarisation à terme des enfants de la province. Il est fort logique que des écoles comme Zilivèlè (comprise entre trois sites artisanaux), Zoula A, et bien d’autres de la province connaissent de forts taux de déperdition. Et cela est inquiétant étant donné que la « réussite » d’un camarade sur le site entraîne non seulement l’abandon de ce dernier, mais aussi attire ceux qui sont restés à l’école. Le hic est que dans ce cas, les élèves bénéficient de la complicité de leurs parents, voire même de leur encouragement. Ainsi, pour les élèves qui allient orpaillage et activités scolaires, en dépit de leur faible rendement, ils sont exposés à tout moment à l’arrêt des études si toutefois ils venaient à en tirer un gain important à leurs yeux. A Kyon, dans une classe de 4e, un élève a déclaré que si jamais il arrivait à tirer 500 000f CFA de l’activité minière, il arrêterait immédiatement ces études qui, à son avis, portent peu d’espoir. Ce discours a été entendu encore plus tard à plusieurs reprises dans des établissements de Réo. Alors, on est tenté de dire qu’une relative réussite d’un élève sur le site d’or est synonyme d’arrêt des études dans les communes de Réo et Kyon et même dans toute la province. 86 IV-3- LES CAUSES DE L’IMPLICATION DES ELEVES DANS L’EXPLOITATION MINIERE ET SUGGESTIONS Au Burkina Faso, plusieurs déterminants sont à l’origine de l’implication des enfants en général, et de celle des élèves en particulier, dans les activités liées à l’exploitation minière. Rappelons que seule l’exploitation artisanale engage des enfants dans ses activités. Dans la province du Sanguié, les déterminants du travail des élèves sur les sites artisanaux vont de l’environnement socio-économique, aux espoirs entretenus par l’activité en passant par l’ignorance des lois et les attentes déçues de l’école. IV-3-1- L’environnement socio-économique des élèves orpailleurs La pauvreté est l'une des raisons les plus importantes pour lesquelles les enfants d’âge scolaire travaillent. Les familles vivant en zone rurale diversifient leurs sources de revenus en participant à l'exploitation minière (Dr Dorte Thorsen, 2012).Dans la province du Sanguié, comme partout ailleurs au Burkina Faso, une bonne partie de la population vit de l’agriculture. Principale activité économique de la province, cette agriculture peine à couvrir les besoins primaires des familles car, dépendante d’une pluviométrie capricieuse avec des sols relativement pauvres et un équipement rudimentaire. Alors, l’orpaillage dont la pratique a débuté autour de 2005 dans les localités de Réo et de Kyon, est aperçu comme une alternative pour une diversification des sources de revenus d’une population qui vit en majorité en dessous du seuil de pauvreté (statistiques, Ministère de l’économie et des finances, 2006).Dans un tel contexte, l’orpaillage représente un espoir pour combler les manques à gagner au niveau de l’agriculture. C’est de ces familles-là que sont issus les élèves travailleurs sur les sites d’orpaillage de Réo et de Kyon. Cette origine socio-économique est confirmée par les enquêtes et entretiens, qui font ressortir que la quasi-totalité de ces élèves orpailleurs provient du milieu rural ou périurbain et ont des parents qui n’ont d’autres activités que cette agriculture de subsistance. Pour preuve, 96,55% des élèves orpailleurs enquêtés (en classe et sur les sites) déclarent être nés de parents agriculteurs et ils sont plus de 55% à soutenir que c’est à cause de la pauvreté qu’ils travaillent sur les sites. A cela, ils sont rejoints par leurs enseignants (50%), les orpailleurs et leurs parents qui incriminent la pauvreté comme principal facteur de l’implication des élèves dans les activités minières artisanales. Ce point de vue est aussi le même que celui de l’UNICEF dans une analyse de la situation de la pauvreté et de la vulnérabilité de l’enfant et de la femme au Burkina Faso en décembre 2010 .Il relève à cet effet qu’étant donné que le travail des enfants représente une source de revenu pour les ménages, les ménages pauvres sont plus enclins à ce que leurs enfants travaillent. Et comme, pour accentuer les effets de cette pauvreté, la plupart des ménages d’où proviennent les enfants orpailleurs sont à fratries nombreuses. Ce qui signifie plus d’enfants à prendre en charge par des parents déjà en situation de paupérisation. Alors que comme le souligne l’INSD, plus le ménage est 87 grand, moins les enfants sont pris en charge correctement et plus ils sont enclins à être mis ou à se mettre au travail (INSD, 2011). Par ailleurs, environ 30% des élèves touchés par l’enquête en situation d’abandon total de l’école sont soient, des enfants en situation d’adoption parce que orphelins ou simplement confiés à un parent du côté du père ou de la mère. Ces enfants adoptés ou confiés sont très vite mis à contribution pour pallier l’insuffisance des ressources familiales, les contraignant le plus souvent à l’abandon scolaire. Parfois même, ces enfants sont malheureusement confrontés à l’exploitation comme main-d’œuvre gratuite (IPEC, PAN, 2009). Enfin, soulignons que la destination des revenus tirés de l’exploitation apporte une preuve supplémentaire à la pauvreté comme cause du travail des élèves dans les mines artisanales. A la question de savoir à quoi servent les revenus apportés par le travail des enfants, parents, orpailleurs et élèves s’accordent pour dégager essentiellement les grandes destinations suivantes : l’achat de nourriture et de vêtements, l’aide aux parents, le paiement des frais de scolarité et en dernière position, l’acquisition de biens de prestige (portable, moto, vêtement de luxe,…).Ces destinations des revenus sont confirmées par les résultats de l’étude de IPEC, Burkina réalisée par Dr Sangaré en 2009, qui soutiennent que le revenu des enfants travailleurs sur les sites aurifères est destiné à 44,44% pour l’achat d’effets d’habillement et 33,33% sont affectés à la satisfaction de leurs besoins alimentaires… Cette orientation des dépenses confirme que la pauvreté est l’une des causes de la présence des enfants sur les chantiers de l’orpaillage, étant donné que le revenu est en grande partie utilisé dans des dépenses de survie. IV-3-2- Le « mirage d’une richesse vite acquise » L’illusion d’une richesse vite acquise est la seconde cause du travail des enfants en général et des élèves en particulier sur les sites d’orpaillage au détriment de l’école. L’espoir de découvrir un minerai ou un gros diamant incite les gens, enfants y compris, à prendre part à une exploitation minière, et sous-tend la volonté de travailler dur et de prendre des risques physiques et sociaux considérables (Dr Dorte Thorsen Avril, 2012). Dans la province du Sanguié, l’espoir de trouver suffisamment de l’or un jour et de devenir riche est nourri par une bonne majorité de la population, y compris bien sûr les enfants. Alors, certains d’entre eux décident d'eux-mêmes de travailler dans les mines, d'autres y sont, encouragés par leurs parents. Pour ce faire, ils ont besoin de temps et ils le trouvent soit en abandonnant complètement l’école ou en essayant d’allier les deux activités dans l’espoir que la chance leur sourît un jour. Sur les sites artisanaux des deux communes, ils sont nombreux, les élèves rencontrés qui nourrissent cette illusion. En effet, des élèves enquêtés sur les sites, ils sont 51% qui disent travailler dans les mines à la recherche d’un gain 88 rapide d’argent. Mais, leurs enseignants, tout en reconnaissant que c’est un facteur explicatif du travail des élèves, ne sont que seulement 20% à soutenir cette idée. Toutefois, le point de vue des élèves est étayé par des études récentes qui ont révélé que la plupart des enfants perçoivent l'activité minière comme une activité temporaire. A ce sujet, Ali Ramadan affirme que plus de 70% des enfants orpailleurs souhaitent changer d’activité dès une réussite sur le site. Ils considèrent l’activité donc comme un moyen leur permettant d'accéder à des activités économiques comportant moins de risques ou de poursuivre leurs études pour ceux qui veulent continuer. Ces résultats corroborent avec les avis des élèves orpailleurs rencontrés dans les classes ou sur les sites à Réo et à Kyon. Ces derniers, de façon unanime, considèrent l’orpaillage comme une activité transitoire qui va les rendre riches dans un bref délai. Une fois cette richesse acquise, ils abandonneront cette activité. IV-3-3-L’ignorance de la règlementation en vigueur La troisième cause évoquée par les différents acteurs à l’école et sur les sites d’orpaillage pour expliquer l’engagement des élèves dans les activités minières est la méconnaissance de la réglementation relative aux droits de l’enfant en matière de travail. En effet, il existe un ensemble d’instruments nationaux et internationaux qui protègent l’enfant contre l’exploitation au travail. Entre autres, il y a les conventions internationales, la charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant, le code du travail. Au terme de la convention relative aux droits de l’enfant (art. 32) et de la charte africaine des droits et du bien-être de l'enfant (art.15), celui-ci doit être protégé contre l’exploitation économique et contre toute astreinte à un travail comportant des risques ou susceptible de compromettre son éducation ou de nuire à sa santé ou à son développement physique, mental, spirituel, moral ou social. Le code du travail de 2004 ajoute en son article 147 que l’âge minimum d'admission à tout type d'emploi ou de travail ne doit pas être inférieur à 15 ans. La même loi précise que tout travail avant l’âge de 15 ans est considéré comme un travail des enfants et que les pires formes de travail des enfants sont interdites de façon absolue. La liste des travaux dangereux interdits aux enfants au Burkina Faso déterminée par le décret N°2009365/PRES/PM/MTSS/MS/MASSN du 28 mai 2009, comporte entre autres : Les travaux qui, par leur nature ou les conditions dans lesquelles ils s'exercent, sont susceptibles de nuire à la santé, à la sécurité ou à la moralité de l'enfant ; - les travaux qui exposent les enfants à des sévices physiques, psychologiques ou sexuels ; - les travaux qui s'effectuent sous terre, sous l'eau, à des hauteurs dangereuses ou dans des espaces confinés ; - les travaux qui s'effectuent avec des machines, du matériel ou des outils dangereux ou qui impliquent de manipuler ou porter de lourdes charges ; 89 - les travaux qui s'effectuent dans un milieu malsain, pouvant notamment exposer les enfants à des substances, des agents ou des procédés dangereux ou à des conditions de température, de bruit ou de vibrations préjudiciables à leur santé ; - les travaux susceptibles de porter atteinte au développement et à la capacité de reproduction des enfants. Ces dispositions en faveur des enfants sont observées au niveau de l’exploitation minière industrielle de Perkouan où aucun enfant n’y est admis encore moins, y travailler. Par contre, sur les sites miniers artisanaux à Kyon comme à Réo, les enfants sont bien présents et impliqués dans toutes les activités liées à la mine, foulant du même coup ces textes. Des entretiens et des enquêtes réalisés, il ressort que dans ce milieu, les différents intervenants ignorent ces dispositions légales. Les élèves rencontrés sur les sites sont 50% à n’avoir jamais entendu parler d’une loi régissant le travail des enfants. Il en est de même pour les parents d’élèves et les orpailleurs (56,25%) qui disent ne pas être au courant de cette disposition. Les enseignants et leurs élèves trouvés en classe (84,74%) sont les mieux informés de la question. Mais compte tenu du fait que le thème sur les droits des enfants ne fait pas formellement partie des programmes d’enseignements, peu d’enseignants en parlent à leurs élèves. Toutefois, au niveau du primaire, quelques enseignants en font cas surtout dans les grandes classes, sans pour autant pouvoir s’étaler là-dessus car ils n’ont pas une documentation sur le sujet. D’autre part, parmi les acteurs qui disent avoir déjà entendu parler de la loi qui vise la protection des enfants, ils sont rares ceux qui en connaissent réellement le contenu. Cela se traduit tout simplement par cette interprétation erronée des textes. Le plus souvent, parents et enseignants pensent qu’aux termes de la loi, l’enfant quel que soit son âge, ne devrait en aucun cas être impliqué dans une quelconque activité autre que son instruction à l’école. Le point de vue du président de l’Association des Parents d’Elèves (APE) de l’école primaire de Nagarpoulou en dit long sur cette perception de la loi : « Si l’enfant n’apprend pas à travailler dès son bas âge, il finira par être paresseux ». Cette perception erronée de la loi fait qu’enseignants et parents se joignent pour dire que cette loi n’est pas adaptée aux réalités locales. Par conséquent, ils soutiennent qu’il vaut mieux laisser travailler les enfants car c’est une occasion d’initiation et d’apprentissage aux métiers dont ils pourront se servir plus tard, en cas d’échec à l’école. En réalité, la loi préconise qu’on évite aux enfants des travaux qui mettent en danger leur intégrité morale, physique, etc. ; ou qui compromettent leur éducation. Sont de ceux-là justement les activités dans les mines et carrières considérées comme les pires formes de travail des enfants. Ignorée et non comprise, cette loi est en quelque sorte rejetée, laissant les enfants s’engager dans des activités aussi dangereuses et compromettantes que celles qu’on rencontre dans les sites d’orpaillage. Du reste, peu d’efforts sont faits par les autorités pour le respect de ces dispositions, laissant s’installer un certain laxisme. 90 IV-3-4-Une école au « débouché incertain » L’école s’étant implantée dans la province du Sanguié il y a longtemps, on y dénombre des milliers de personnes diplômées. Malheureusement, une bonne partie de ces produits de l’école peine à se frayer une place sur le marché de l’emploi d’où de forts taux de chômage. En effet, le taux de chômage parmi les instruits ayant un diplôme de niveau secondaire est de l’ordre de 29,6% au Burkina. Selon une analyse des résultats du RGPH 2006 réalisée par Georges COMPAORE et al, 2009, la région du centreouest et singulièrement les provinces du Boulkiemdé et du Sanguié font partie de celles qui contribuent principalement à ce taux. L’enseignement général y étant dominant, les sortants manquent de qualification et il est pratiquement impossible d’avoir une vision claire sur les possibles débouchés économiques à l’issue du cursus scolaire. Alors, certains élèves ainsi que des parents se découragent et préfèrent aller chercher ailleurs avant qu’il ne soit trop tard. Aboubacar, un élève de 5 e en situation d’abandon rencontré sur le site de Divolé, village qui fait frontière avec Zilivèlè, se pose cette question qui laisse à réfléchir : « Ça donne quoi, l'école?». Cette question traduit à elle seule toutes les attentes déçues de l’institution scolaire. L’école ne garantit pas l’emploi. Les élèves ne voient souvent pas assez le lien entre ce qu'ils apprennent à l'école, la vie de tous les jours et la contribution de l'école à l’amélioration leur qualité de vie. En tout cas autour d’eux, les exemples sont rares. Ce qui est fréquent, ce sont des diplômés qu’ils voient se ruer sur les concours de la fonction publique pour de maigres succès. Le plus grand nombre erre sans savoir trop quoi faire. Cette incertitude de l’issue des études finit souvent par détourner certains élèves des chemins de l’école vers ceux des mines où la « réussite spontanée » fait rêver. Plus de 63% des orpailleurs employeurs d’élèves affirment que c’est parce que ces derniers redoutent une issue incertaine des études qu’ils viennent travailler avec eux où quelques-uns de leurs camarades ont fait fortune. Hiry Paul, IEPD, CCEB de Réo II, abonde dans le même sens en soutenant que les élèves assistent très souvent au retour d’échec de leurs aînés qui ont eu la chance de pousser plus loin les études. Incapables de s’employer ou se faire employer, ils représentent tout simplement l’espoir déçu qui sème le doute dans la tête des cadets quant aux opportunités que peut leur offrir cette école. C’est aussi ce que traduit cette opinion d’un parent d’élève tirée, du Plan d’Action National pour l’Elimination du Travail des Enfants, qui dit ceci : « Quand vous scolarisez des enfants qui ne réussissent pas à l’école et qui refusent de vous aider dans les travaux agricoles, que voulez-vous qu’on fasse avec leurs cadets, sinon que les retenir auprès de soi. L’école est indéniablement bien et nécessaire, mais seulement quand on y réussit, sinon quand vous échouez à quelque niveau que vous soyez, vous n’êtes plus bon pour les autorités et vous n’êtes plus bon pour les parents… ». 91 CONCLUSION PARTIELLE L’exploitation minière, qu’elle soit industrielle ou artisanale exerce une influence certaine sur la scolarisation des enfants dans la province du Sanguié en général, et dans les communes de Réo et de Kyon en particulier. Cette influence s’avère être plus néfaste que positive car, en même temps que l’activité minière contribue à améliorer les indicateurs d’accès à l’école, elle porte atteinte à sa qualité interne, fait obstacle à la fréquentation et favorise les abandons dans les écoles proches des sites miniers artisanaux. L’exploitation artisanale qui est moins bien organisée, apparaît comme celle qui cause plus de préjudices au système scolaire. Les localités où les sites miniers artisanaux sont répandus sont celles qui sont les plus affectées par le phénomène Toutefois, il existe des mesures qui, si elles sont prises, peuvent contribuer à réduire de façon significative ces effets néfastes. A ce titre, les suggestions suivantes sont faites en vue de remédier aux problèmes déjà existants et d’endiguer les effets futurs ou tout au moins, d’en atténuer les conséquences. Pour ce faire, nous préconisons : A l’endroit des décideurs et opérateurs du secteur minier : -informer et sensibiliser les acteurs sur les implications négatives du travail des élèves sur les sites d’orpaillage. A cet effet, on peut mettre à contribution les troupes locales de musiques et de théâtre qui, par des prestations dépeigneront les méfaits de l’orpaillage. Les radios et autres canaux d’informations peuvent également servir pour porter l’information le plus loin possible. -élaborer un code de bonne conduite à observer sur les sites d’orpaillage. Il s’agit d’appuyer les orpailleurs pour édicter leurs propres normes qui prennent en compte la question du travail des enfants et en particulier celui des élèves sur les sites. Ces normes qui proviendront des acteurs eux-mêmes auront l’avantage d’être connues et acceptées, ce qui peut contribuer à leur meilleure application sur le terrain. -impliquer réellement les autorités locales, communales, provinciales, dans les attributions des permis et autorisation d’exploitation et inscrire dans le cahier de charge, l’interdiction du travail des enfants dans la mine. -contribuer à la construction d’infrastructures scolaires dans les villages environnements les sites d’exploitation pour permettre de rendre l’école le plus proche possible des populations surtout celles qui se sont installées en raison des activités minières sans services sociaux de base. -Contribuer à la construction et au renforcement des centres de formation professionnelle et d’apprentissage aux métiers avec des programmes adaptés aux besoins du marché de l’emploi dans la province pour augmenter l’employabilité de la jeunesse scolarisée et permettre à celle non scolarisée de développer les compétences recherchées. -Renforcer les capacités techniques et organisationnelles des acteurs du secteur minier artisanal pour s’attaquer aux innombrables carences et aller vers plus de productivité, de rentabilité et surtout de sécurité en vue d’un développement durable. 92 A cet effet, nous conseillons la recommandation d’IPE/Burkina qui préconise l’intégration des petites exploitations minières dans le secteur formel, en passant par une démarche participative et intégrée. -fixer des objectifs individuels avec la mine industrielle de Perkouan pour pouvoir prendre en compte les besoins spécifiques et rendre transparents et pertinents les investissements sociaux de cette entreprise. Aux décideurs et acteurs de l’éducation de base : -Mettre en place un cadre de concertation rassemblant tous les acteurs (enseignants, parents d’élèves, autorités communales, les élèves, etc.) au niveau communal pour mener des réflexions pour la recherche de solutions durables aux problèmes de l’éducation. - Mener des actions d’information et de sensibilisation sur les effets néfastes de la présence des élèves sur les sites d’orpaillage auprès des parents d’élèves et des élèves eux-mêmes. Ces actions doivent être menées de concert avec les Associations des Parents d’Elèves (APE), les Associations des Mères Educatrices (AME), les conseillers communaux des localités concernées par le phénomène. -Retirer immédiatement les élèves impliqués dans les activités minières sur tous les sites d’orpaillage et réintroduire dans le circuit scolaire ceux qui étaient en situation d’abandon. -Mettre en place des comités de veille et d’alerte dans les villages touchés par le phénomène. - Construire des infrastructures scolaires et appuyer à la scolarisation pour accroître l’accès et le maintien des enfants à l’école. A cet égard, il faut rendre effective la gratuité de l’école au primaire et au post-primaire. Le renforcement des cantines scolaires, l’octroi de bourses aux élèves défavorisés et performants en classe sont des mesures nécessaires pour accompagner cette gratuité et pour le maintien. -Réviser les programmes d’enseignement pour viser le développement des compétences à même de faciliter l’insertion des sortants des écoles dans le tissu économique local. A l’endroit des autorités administratives locales et centrales -Prendre en compte l’exploitation minière dans toutes ses dimensions dans les plans communaux de développement. -Recenser tous les sites miniers dans les communes concernées par l’activité et instaurer une taxe communale au niveau des sites artisanaux destinée aux soutiens à la lutte contre le travail des enfants dans ces mines. - Créer un service social de proximité pour la prise en charge des enfants sur les sites d’orpaillage. -Mettre en place un comité de suivi contrôle de la mise en œuvre des cahiers de charge. Ces comités devraient être composés de parents d’élèves, de conseillers municipaux, de responsables coutumiers et religieux et de représentants d’ONG intervenant dans le domaine. - Doter les services de contrôle (Inspection du travail) et de sécurité de moyens suffisants afin de leur permettre d’assurer la surveillance de ce secteur et l’application effective des règlements visant la protection des enfants. 93 - soutenir et/ou créer les Activités Génératrices de Revenus en faveur des parents d’élèves par des accords de microcrédits, le renforcement des capacités, et la création de circuit d’écoulement. Cela va permettre de lutter contre la pauvreté et surtout de donner d’autres alternatives aux populations rurales afin d’éviter une dépendance de plus en plus grandissante à l’exploitation minière. Les filières de l’élevage, de la culture maraîchère, de production fruitière et forestière représentent des opportunités intéressantes. -Divulguer auprès de tous les acteurs les textes et lois relatifs au travail des enfants et à leur protection. 94 CONCLUSION GENERALE L’exploitation minière au Sanguié est une récente activité économique qui s’est rapidement développée à la faveur de l’essor du secteur minier dans le pays et des insuffisances des activités agropastorales jadis socle de l’économie de la province. Cet envol remarquable, a sans doute apporté des améliorations aux conditions de vie des ménages. Mais, il entraîne parallèlement à ces améliorations, des effets dommageables sur de multiples aspects du développement humain. La présente étude, par approche locale, s’est singulièrement intéressée aux répercussions de l’activité sur la scolarisation des enfants dans les communes de Réo et de Kyon. A ce sujet, elle a permis de s’apercevoir que l’efficacité interne du système éducatif est en baisse dans les communes de Réo et de Kyon. Il ressort également que l’exploitation minière, surtout son secteur artisanal, du fait de l’implication des enfants d’âge scolaire dans ses activités, de ses faiblesses organisationnelles et structurelles, contribue à la baisse des rendements scolaires des enfants et à l’augmentation des déperditions scolaires. Ce qui confirme nos deux premières hypothèses d’étude selon lesquelles l’efficacité interne de l’école est en baisse dans les communes de Réo et de Kyon et l’activité minière y contribue. Des enfants d’âge scolaire travaillent au niveau des mines artisanales dans la province. Les principaux déterminants de cette implication de ces derniers dans les activités minières sont la pauvreté, la fratrie nombreuse des familles d’origine qui éprouvent la nécessité de les mettre à contribution afin de subvenir aux besoins vitaux de ses membres à savoir, se nourrir, se vêtir, se soigner, s’éduquer, etc. A cela s’ajoutent, une conception traditionnelle favorable au travail des enfants, un mirage d’un enrichissement rapide et la peur de voir sa progéniture traîner dans un système scolaire au débouché incertain. La dernière hypothèse qui soutient que des raisons socio-économiques amènent les enfants à s’adonner à l’activité minière au détriment de l’école se trouve ainsi confirmée. La méconnaissance des textes de défense du travail des enfants complète les raisons de la mise au travail des élèves. Toutefois, une exploitation minière sans incidence négative sur la scolarisation des enfants reste possible. Elle passe nécessairement par une meilleure organisation du secteur minier artisanal, la sensibilisation, l’implication de tous et une synergie d’action des différents acteurs. 95 BIBLOGRAPHIE PAULI et BRIMER, (1971)- La déperdition scolaire : un problème mondial, 163p. CHAUVEAU J.P,( 1979)- Notes sur l’histoire économique et sociale de la région de Kokumbo (Baoulé sud, Côte d’Ivoire), Paris, ORSTOM, coll. Travaux et Documents, n°140, 228 p. KI-ZERBO J. (1990)- « éduquer ou périr » Unicef, l’Harmattan, ,120p. LA CHARTE AFRICAINE (adoptée en juillet 1990 et ratifiée le 27août 1992) sur les droits et le bien-être de l’enfant. JAROUSSE J.P. et MINGAT A (1993). L’école primaire en Afrique : Analyse pédagogique et économique. 319 Pages. CAHEN C., (1996)- Thérapie de l’échec scolaire. YARO Y. (1996), les jeunes chercheurs d’or d’Essakane. In Schlemmer, B. (dir).pp135-149.L’enfant exploité : oppression ; mise au travail, prolétarisation. Karthala et Orstom. Paris. LA CONVENTION INTERNATIONALE 138 DE L’OIT (adoptée en 1973 et ratifiée par le Burkina Faso le 11 août 1997) sur l’âge minimum d’admission au travail. THIOMBIANO/GNOUMOU B. (1996- 1997). Le travail des enfants à Ouagadougou. Mémoire de maîtrise en Géographie (option démographie). Université de Ouagadougou (département de Géographie), Ouagadougou. LA CONVENTION INTERNATIONALE 182 DE L’OIT (adoptée en 1999 et ratifiée le 25 juillet 2001 par le Burkina Faso) sur les pires formes de travail des enfants, DARAMKOUM D. (2000)- Les Abandons scolaires en milieu rural : cas de la province du Koulpélogo. Mémoire d’inspectorat : Enseignement primaire. Koudougou. GUIDE POUR L’EVALUATION DES PROJETS EIE DU DOMMAINE MINIER (2000), Généralités sur l’exploitation1 minière et ses impacts Téléchargé du : http://www.elaw.org/files/mining-eia-guidebook/Chapitre%201.pdf, le 30 juin 2013. KUNANAYAGAM R., MCMAHON G., SHELDON C., STRONGMAN J., ET WEBER-FAHR M., (2000), industrie minière et processus de réduction de la pauvreté.27 pages. ZONDON B. (2000)-Les Déperditions scolaires dans l’enseignement de base en milieu rural : cas de la province du Sourou. Mémoire d’inspectorat : Enseignement primaire, Koudougou. 96 KEITA S. (2001)-Etude sur les Mines Artisanales et Les Exploitations Minières à Petite Echelle au Mali, 54p. DAH D. A. (2003) - Pauvreté et abandons scolaires dans la province du Noumbiel. Pour une politique efficiente en faveur de l’éducation pour tous dans la lutte contre la pauvreté en milieu rural. Mémoire d’inspectorat : Enseignement primaire ; Koudougou . INSD –(1998 et en 2003) l’Enquête Prioritaire (EP) et l’Enquête Burkinabè sur les Conditions de Vie des Ménages (EBCVM), téléchargé du www.insd.bf/n/nada/index.php/catalog/1, le 14 avril 2014. LA LOI N°O31-2003/AN DU 08 MAI 2003 portant code minier au Burkina Faso. MINISTERE DES MINES, DE L’ENERGIE ET DES CARRIERES, (2003),: déclaration de politique minière 7p. MINISTERE DES MINES, DE L’ENERGIE ET DES CARRIERES, (2003). loi n° 031-2003/ an portant code minier au Burkina Faso TIENIN B. R. (2003-2004). L’école Burkinabè face à la problématique du travail des enfants : cas de la commune de Ouagadougou. Mémoire d’Inspectorat : Enseignement Primaire. DIRECTION PROVINCIALE DE L’AGRICULTURE ET DE LA SECURITE ALIMENTAIRE DU SANGUIE : (2004). Données INSTITUT NATIONAL DES STATISTIQUES ET DE LA DEMOGRAPHIE (INSD), (2006) Enquête nationale sur le travail des enfants au Burkina-Faso. TRAORE /RABO SALAMATA(2006). Le travail des enfants, un handicap à la réussite scolaire au Burkina Faso. Mémoire d’Inspectorat : Enseignement Primaire, Koudougou. ZEBRET R. (2006). Travail des enfants et rendement scolaire dans l’enseignement de base : le cas de la province du Yatenga. Mémoire d’Inspectorat : Enseignement Primaire, Koudougou. ZOUNGRANAT. A. (2007)- Lutte contre la pauvreté par l’éducation de base au Burkina Faso : analyse des causes des abandons scolaires post primaires dans les écoles de la CEB DE Sourgoubila. Mémoire d’inspectorat : Enseignement primaire, Koudougou. MINISTERE DE L’EDUCATION NATIONALE ET DE L’ALPHABETISATION, (2008) carte éducative 2007 /2008 du Sanguié. Téléchargé du : http://www.depmeba-bf.org/data/cartes/ce_2007-2008/sanguie. pdf, le 29 juin 2013 97 LE PAYS DU JEUDI 31 JANVIER 2008, article réalisé par Ladji BAMA : Province du Sanguié : La malédiction de l’or. Téléchargé du : http://www.lefasonet/spip.php?, le 30 mars 2013 DECRET N°2009-365 /PRES/PM/ MTSS/MS/MASSN DU 28 MAI 2009 portant détermination de la liste des travaux dangereux interdits aux enfants au Burkina Faso. BUREAU INTERNATIONAL DU TRAVAIL, PROJET BIT/IPEC MINES (AFRIQUE DE L’OUES), (2009)-Rapport Niger de l’étude transfrontalière sur le travail des enfants dans le secteur de l’orpaillage traditionnel au Burkina, au Mali et au Niger.108 pages. BUTARE I. et KEITA S. (2009) -Communication sur les aspects environnementaux liés au développement du secteur minier en Afrique de l’ouest. 11p. LE DECRET N°2009-365/PRES/PM/MTSS/MS/MASSN du 28 mai 2009, portant travail des enfants. DJIBRIL GUEYE, (2009)-Etude sur les mines artisanales et les exploitations minières à petite échelle au Burkina Faso ,71p. DOCUMENT SYNTHESE, (2009) 4ème année MGD,. Dr. NESTORINE SANGARE et Al, (2009)-Etude sur les questions de genre, le travail des enfants et les pires formes du travail des enfants dans les mines et carrières : le cas du Burkina Faso,50p. IPEC (2009) -Rapport final de l'étude sur les questions de genre, le travail des enfants et les pires formes du travail des enfants dans les mines et carrières : le cas du Burkina Faso IPEC (2009) -Développement d’un Plan d’Action National pour l’Elimination du Travail des Enfants au Burkina Faso, 70p. KUMWIMBA MUSAO J. (2009)-la problématique de l’exploitation minière artisanale dans la province du Katanga (cas du district de Kolwezi).mémoire de licence en sociologie industrielle. Institut Supérieur des Etudes Sociales. Téléchargé du : http://www.memoireonline.com/12/09/3006/m, le 13 mai 2013 MINISTER DE L’ECONOMIE ET DES FINANCES (2009).-la région du centre-ouest en chiffres Téléchargé du :http://www.insd.bf/fr/IMG/pdf/CentreOuest_09_06.pdf, le 15juin 2013 BADO B. (2010)-La décentralisation en éducation et le transfert des ressources : Pour une gestion efficace des écoles primaires publique par les collectivités locales ; cas de la commune de Réo. Mémoire d’inspectorat : Enseignement primaire JACQUES DEMBA (2010)-L’échec scolaire et le rapport aux enseignants et enseignantes : aperçu du point de vue de jeunes du secondaire au Gabon. 98 CHAMBRE DES MINES DU BURKINA (2011), Les potentialités minières Téléchargé du : http://www.chambresdesmines.bf/spip.php ?, le 15 avril 2013. LE QUOTIDIEN « LE PAYS » paru le 27 novembre 2011 et réalisé par Aissata Bangré ayant pour titre « Le Burkina Faso : Orpaillage - comment mettre fin à l’exploitation des enfants ? ». MINISTERE DE L’ENVIRONNEMENT ET DU CADRE DE VIE(MECV), (2011): rapport final d’analyse économique du secteur des mines, liens pauvreté et environnement, OUEDRAOGO N. G (2011)-Problématique du travail des enfants scolarisés dans les exploitations agricoles et le respect de leurs droits : rôle des acteurs de l’éducation dans la province du Mouhoun. Mémoire d’inspectorat : Enseignement primaire. RAPPORT FINAL DU PROJET INITIATIVE PAUVRETE –ENVIRONNEMENT AU BURKINA FASO (IPE/BURKINA) (2011) sur l’évaluation économique de l’environnement des ressources naturelles au Burkina Faso : analyse du secteur des mines.96 p. RAPPORT DE HUMAN RIGHTS WATCH, DÉCEMBRE (2011) sur le travail des enfants dans l’exploitation artisanale de l’or au Mali. 16 p. SALAMBERE JEAN .P. (2011)-Rapport d’enquête sur le travail des enfants dans les sites du BurkinaFaso ; octobre. STRATEGIE DE CROISSANCE ACCELEREE ET DE DEVELOPPEMENT DURABLE (SCADD) 2011-2015. (2011) 108 p. TALL S. (2011)- L’Education aux droits de l’homme dans les établissements d’enseignement secondaire au Burkina Faso : état des lieux et perspectives. Mémoire de conseiller d’éducation : Enseignement secondaire. YACOUBA. Y et al.(2011)-Etude sur le travail des enfants sur les sites d’orpaillage et les carrières artisanales dans cinq régions du Burkina-Faso, 85p CHAIRE EN ÉCO-CONSEIL, (2012), l’industrie minière et le développement durable, document de travail, université du Québec achicoutimi, 71p. DIRECTION DES ETUDES ET DE LA PLANIFICATION /MINISTERE DE L’EDUCATION NATIONALE ET DE L’ALPHABETISATION, (2012): Annuaires Statistiques de 2011à 2012 Dr THORSEN D. (2012), document d’information n° 4, résultat d’une étude menée en Afrique de l’Ouest et centrale sur les enfants qui travaillent dans les mines et les carrières, 21p. Téléchargé du http://www.unicef.org/wcaro/english/overview_6585.html, le 10 juin 2013. 99 IRIN BURKINAFASO, (2012), : L’éducation, victime de la ruée vers l’or. Téléchargé du : http://www.irinnews.org/fr/Report/96222/BURKINA-FASO-L-%C3%A9ducationvictime-de-la-ru%C3%A9e-vers-l-or, le 30 mars 2013. LA RADIO DIFFUSION NATIONALE DU BURKINA FASO (2012), un dossier éducation animé par zougourikosso diffusé le 10/10/2012. LE BIMENSUEL D’INFORMATIONS ET DE CULTURE GENERALE « L’Eveil, Education numéro n°197 » paru du 5 au 19 mars 2012. L’article est « L’orpaillage au Sahel : Première cause de déscolarisation au Faso ». MINISTERE DE L’EDUCATION NATIONALE ET DE L’ALPHABETISATION, (2012), direction des études et de la planification, annuaire statistique de l’éducation nationale 2011/2012. Téléchargé du :http://www.depmeba-bf.org/data/annuaires/annuaire_2011-2012.pdf,le 14juin 2013. MINISTERE DE L’EDUCATION NATIONALE (2012), Programme de Développement Stratégique de l’Education de Base (PDSEB).146p. BACYE M (2013)., l’incidence de l’orpaillage sur la scolarisation dans la province du Sanguié : cas de la commune de Dassa.124 p. Mémoire d’Inspectorat : Enseignement Primaire. COMITE NATIONAL DE POLITIQUE ECONOMIQUE (CNPE), (2013)-La place des ressources minières dans l’économie du Burkina Faso, 18p. RAPPORT SYNTHESE (2013), atelier sous- régional sur l’exploitation minière, (BAMAKO 2013). SIDWAYA N° 7327 DU 2/1/2013, Économie : Exploitation minière au Burkina Faso, Téléchargé du : http://news.aouga.com/journal.asp ?=40, le 17avril 2013. UNICEF (2013).la scolarisation de millions d’enfants mise en péril par les réductions de l’aide Téléchargé le 1er juillet 2013 du : http://www.uis.unesco.org/Education/Documents/fs-25-out-ofschool-children-fr.pdf HIRY P.,(2013)- Communication sur l’exploitation aurifère au Sanguié (2013) 100 TABLE DES MATIERES SOMMAIRE .................................................................................................................................................. i DEDICACES ................................................................................................................................................ ii REMERCIEMENTS.................................................................................................................................... iii SIGLES ET ABBREVIATIONS ................................................................................................................. iv LISTE DES TABLEAUX ........................................................................................................................... vi LISTE DES FIGURATIONS ..................................................................................................................... vii LISTE DES PHOTOGRAPHIES .............................................................................................................. viii RESUME ..................................................................................................................................................... ix INTRODUCTION GENERALE ...................................................................................................................1 PREMIERE PARTIE : LE CONTEXTE GENERAL DE L’ETUDE...........................................................3 CHAPITRE I : LE CADRE OPERATOIRE DE LA RECHERCHE............................................................4 I –LE CONTEXTE ET LA JUSTIFICATION ..............................................................................................4 I-1- La problématique ................................................................................................................................4 I-2- Les objectifs de l’étude .......................................................................................................................6 I-3- Les hypothèses de l’étude ...................................................................................................................6 I-4- Les variables d’étude ..........................................................................................................................7 II- LA METHODOLOGIE DE RECHERCHE .............................................................................................7 II-1-La recherche documentaire .................................................................................................................7 II-2- La justification du choix du site d’étude............................................................................................9 II- 3- La revue de littérature .....................................................................................................................10 II-4- Travaux de terrain ............................................................................................................................15 CHAPITRE II: LE MILIEU PHYSIQUE ET HUMAIN DE LA ZONE DE L’ETUDE ...........................18 I-LE MILIEU PHYSIQUE ..........................................................................................................................18 I-1-.La situation géographique .................................................................................................................18 I-2-La géologie, les ressources minières et les sols .................................................................................20 I-3-Le climat et la végétation ...................................................................................................................23 II - LE MILIEU HUMAIN ..........................................................................................................................25 II-1- Caractéristiques de la population .....................................................................................................25 II-2-L'Organisation sociale et le pouvoir traditionnel ..............................................................................26 II-3- Le régime foncier .............................................................................................................................26 III- LES ACTIVITES SOCIO- ECONOMIQUES ET LES SERVICES SOCIAUX DE BASE................27 III-1- L'agriculture et l’élevage ................................................................................................................27 III-2- Les activités minières .....................................................................................................................29 III-3- Les Activités secondaires ...............................................................................................................30 xi III -4- Les services sociaux de base .........................................................................................................30 DEUXIEME PARTIE : L’IMPACT DEL’EXPLOITATION MINIERE SUR LASCOLARISATION DES ENFANTS DANS LES COMMUNES DE REO ET KYON ............................................................33 CHAPITRE I : L’EXPLOITATION MINIERE A REO ET A KYON .......................................................34 I- PRESENTATION DES SITES D’EXPLOITATION .............................................................................34 I-1- La genèse des sites ............................................................................................................................34 I-2-Les intervenants des deux secteurs ....................................................................................................36 I-3- Organisation du travail dans les sites d’exploitation ........................................................................36 I-4- Les activités induites par l’exploitation minière ...............................................................................39 II- LES APPORTS SOCIO-ECONOMIQUES DE L’ACTIVITE MINIERE ............................................40 II-1-Les apports financiers .......................................................................................................................40 II-2-Les apports sociaux...........................................................................................................................41 II-3-Le réinvestissement des revenus .......................................................................................................42 III.-LES LIMITES DE L’ACTIVITE MINIERE DANS LES DEUX LOCALITES .................................44 III-1-Les limites au niveau des sites artisanaux ...................................................................................44 III-2- Les limites au niveau du site industriel de Perkouan (Réo) ...........................................................47 III-3- Le travail des enfants sur les sites miniers .....................................................................................48 III-4- La perception du travail des enfants par les acteurs .......................................................................51 CHAPITRE II : EXAMEN DES EFFETS DE L’EXPLOITATION MINIERE SUR LA SCOLARISATION ET LA SCOLARITE ..................................................................................................53 I-ETAT DE L’OFFRE D’EDUCATIVE DANS LA PROVINCE DU SANGUIE ....................................53 I-1- Historique de l’école au Sanguié ......................................................................................................53 I-2-Les types et structures d’offres éducatives ........................................................................................54 I-3-L’évolution des indicateurs de couverture et d’accès ........................................................................55 I-4-L’évolution des indicateurs de qualité et d’efficacité interne du système ........................................62 IV-2-. IMPACT DE L’EXPLOITATION MINIERE SUR LA SCOLARISATION ET LA SCOLARITE DES ENFANTS DANS LA PROVINCE DU SANGUIE ...............................................69 IV-2-1-Incidence de l’exploitation minière sur les indicateurs d’accès à l’école. ...............................70 IV-2-2-Incidence de l’exploitation minière sur les indicateurs de qualité et d’efficacité interne de l’école. ..................................................................................................................................................73 IV-2-3-Incidence de l’exploitation sur les taux de fréquentation et d’achèvement .............................85 IV-3- LES CAUSES DE L’IMPLICATION DES ELEVES DANS L’EXPLOITATION MINIERE ET SUGESTIONS ...................................................................................................................................87 IV-3-1-. L’environnement socio-économique des élèves orpailleurs .......................................................87 IV-3-2- Le « mirage d’une richesse vite acquise » ......................................................................................88 IV-3-3-L’ignorance de la règlementation en vigueur .................................................................................89 IV-3-4-Une école au « débouché incertain »................................................................................................91 xii CONCLUSION PARTIELLE .....................................................................................................................92 CONCLUSION GENERALE .....................................................................................................................95 BIBLOGRAPHIE ........................................................................................................................................96 ANNEXES ................................................................................................................................................. xiv xiii ANNEXES xiv QUESTIONNAIRES ET GUIDES D’ENTRETIEN Questionnaire pour enseignants du primaire et du post primaire C’est dans le cadre de la préparation de notre mémoire en maîtrise sur le thème « L’impact de l’exploitation minière sur la scolarisation des enfants dans la province du Sanguié : cas des communes de Réo et de Kyon » que nous vous adressons ce questionnaire d’enquête. Vos réponses et vos suggestions que nous sollicitons seront d’un grand apport pour la réussite de ce travail de recherche. Nous tenons à vous rassurer de garder l’anonymat et du caractère confidentiel des réponses qui ne seront utilisées que dans le cadre de ce travail. Nous vous remercions de votre collaboration. Commune ………………………. village ………………………………. Ecole …………………………………. Classe ………………………………. Nombre d’inscrits |__|__| Nombre d’abandons Filles |__|__| Garçons : |__|__ Nombre d’admis en classe supérieure Nombre de redoublants |__|__| |__|__|__| Taux de fréquentation (2012-2013) |__|__|__| -Octobre (2014) |__|__|__| -Novembre(2014) |__|__|__| -Décembre(2014) |__|__|__| Taux d’abandons (2012-2013) |__|__|__| Taux d’exclusion (2012-2013) |__|__|__| Avez-vous des élèves qui s’absentent pour aller travailler sur les sites aurifères ? Oui Non Si oui, combien d’absences enregistrez-vous en moyenne par jour ? |__|__| Le travail des élèves sur les sites aurifères est : xv 1-La première cause des absences 2-La deuxième cause des absences 3-La troisième cause des absences 4-Sans incidence sur les absences Avez –vous des élèves qui associent activités scolaires et travail sur les sites aurifères ? Oui non Si oui, combien ? |__|__| Pensez-vous que cela joue-t-il sur leurs rendements scolaires ? Oui non Si oui, Le travail des élèves sur les sites aurifères est : 1-La première cause des redoublements 2-La deuxième cause des redoublements 3-La troisième cause des redoublements 4-sans incidence Le travail des élèves sur les sites aurifères est : 1- La première cause des échecs aux examens 2-La deuxième cause des échecs aux examens 3-La troisième cause des échecs aux examens 4-Sans incidence Le travail des élèves sur les sites aurifères est : 1-La première cause des exclusions 2-La deuxième cause des exclusions 3-La troisième cause des exclusions 4-Sans incidence Avez –vous des élèves qui ont abandonné l’école au profit de l’activité aurifère ? Oui non Si oui, combien ? |__|__| xvi Le travail des élèves sur les sites aurifères est : 1-la première cause des abandons 2- La deuxième cause des abandons 3 -La troisième cause des abandons 4-Sans incidence A votre avis, pourquoi des élèves travaillent-ils sur les sites aurifères ? …………………………………………………………………….. …………………………………………………………………….. ……………………………………………………………………… Abordez-vous les droits des enfants au cours de vos enseignements ? Régulièrement Souvent Rarement Jamais Avez-vous déjà été formé sur des thèmes portant sur les droits des enfants ou sur l’Education en Matière de Population (EMP) ? Oui non Quelles suggestions faites-vous pour remédier, atténuer l’impact de l’exploitation sur l’école ? -Aux parents ……………………………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………..……… - Aux autorités locales ……………………………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………… - Aux ministères chargés de l’éducation ……………………………………………………………………………………………………………… …………………………………………………………………………………………..………………… xvii Questionnaire pour les élèves C’est dans le cadre de la préparation de notre mémoire en maîtrise sur le thème « L’impact de l’exploitation minière sur la scolarisation des enfants dans la province du Sanguié : cas des communes de Réo et de Kyon » que nous vous adressons ce questionnaire d’enquête Vos réponses et vos suggestions que nous sollicitons seront d’un grand apport pour la réussite de ce travail de recherche. Nous tenons à vous rassurer de garder l’anonymat et du caractère confidentiel des réponses qui ne seront utilisées que dans le cadre de ce travail. Nous vous remercions de votre collaboration. Commune : Réo Kyon Ville/village Etablissement : Classe : Effectif |__|__| Age de l’enquêté : 6-16ans plus de 16 ans Nombre d’abandons Filles |__|__| Garçons : |__|__| 1-Avez-vous des camarades qui travaillent dans les sites aurifères ? Oui non 2-Si oui, quelles raisons vous donnent-ils pour allier ainsi activités scolaires et travail sur les sites ? ……………………………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………...……… 3-Pensez – vous que cela ait une incidence sur leur travail scolaire ? Oui non 4-A quel moment vont-ils travailler sur le site aurifère ? Les jours sans classe A n’importe quel moment 5-Connaissez- vous des élèves qui ont carrément abandonné l’école pour travailler dans les sites aurifères ? Oui non xviii 6- souhaiteriez-vous faire comme eux ? Oui non pourquoi ? ……………………………………………………………………………………………………………… …………………………………………………………………………………………………………..… 7- pensez-vous que quitter l’école pour la mine est une bonne chose ? Oui non pourquoi ? ……………………………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………….….….. 8-Savez-vous que le travail des enfants est interdit par la loi ? Oui non 9-Si oui, où l’avez-vous appris ? - A l’école - Avec vos parents - Avec vos camarades - autres 10- que proposez-vous pour arrêter ce phénomène ? ……………………………………………………………………………………………………………… …………………………………………………………………………………………..………………... Questionnaire pour élèves sur les sites d’orpaillage Identifiant de l’élève Age : sexe : M Situation scolaire : toujours inscrit F abandon 1- Depuis combien de temps travailles-tu sur le site ? 2- ans quelle classe as-tu quitté l’école ? …………. 3- Statut au moment de départ pour le site : - Passage en classe supérieure - Redoublement - Exclusion xix 4- penses-tu que le travail que tu fais ici joue ou a joué sur ta scolarisation ? Oui non Si oui, sur quel aspect ? -la fréquentation - le rendement -autres 5-Que fais-tu comme activités sur le site d’orpaillage ? Transport concassage Restaurant pillage tamisage ventes de marchandises 6-Combien gagnes-tu en moyenne par jour en travaillant sur le site d’orpaillage ? 500f-1000f (cfa) 1005f-2000f plus de 2000f 6- A quoi sert l’argent que tu gagnes sur le site ? Achat de vêtements Payer la scolarité Se nourrir Autres 7-Pourquoi es-tu venu travailler sur le site ? ……………………………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………….… 8-Veux-tu retourner à l’école ? - Si oui, pourquoi ? - Si non, pourquoi ? 9- Quitter l’école pour aller travailler dans les sites d’or est-elle une bonne chose pour les élèves ? Oui non - Si oui, pourquoi ? - Si non pourquoi ? 10-Sais –tu que le travail des enfants est interdit par la loi ? Oui non xx 11- Que peut-on faire pour permettre aux élèves de continuer leurs études ? ……………………………………………………………………………………………………………… …………………………………………………………………………………………………………...… Guide d’entretien avec les Directeurs et chefs de service 1-L’exploitation minière influence-t-elle la scolarisation dans votre circonscription ? a. Des aspects positifs : b. Des aspects négatifs : 2-Avez-vous des indicateurs quant à l’impact de l’exploitation minière sur la scolarisation ? 3-Quelles sont les raisons qui expliquent une telle situation ? 4-Ya-il des actions entreprises tant au niveau local que national pour endiguer le phénomène ? 5-La société Nantou Mining soutient-elle ou entreprend-elle des actions en faveur de l’éducation ? 6- Pensez –vous que les revenus tirés de l’exploitation minière servent à améliorer les indicateurs de la scolarisation ? 7-Que suggérez-vous aux autorités communales, administratives et politiques pour amoindrir, voire éradiquer les effets néfastes de l’exploitation sur la scolarisation dans votre ressort administratif ? Guide d’entretien avec les maires. 1-L’exploitation minière influence-t-elle la scolarisation dans votre circonscription ? a. Des aspects positifs : b. Des aspects négatifs : 2-Avez-vous des indicateurs quant à l’impact de l’exploitation minière sur la scolarisation ? 3-Quelles sont les raisons qui expliquent une telle situation ? 4-Ya-il des actions entreprises tant au niveau local que national pour endiguer le phénomène ? 5-La société Nantou Mining soutient-elle ou entreprend-elle des actions en faveur de l’éducation ? 6- Pensez –vous que les revenus tirés de l’exploitation minière servent à améliorer les indicateurs de la scolarisation ? 7-Que suggérez-vous aux autorités centrales et politiques pour amoindrir, voire éradiquer les effets néfastes de l’exploitation sur la scolarisation dans votre commune ? xxi Guide entretien avec les orpailleurs 1 -Des enfants travaillent-ils avec vous ? Oui Non 2 - Si oui, combien sont-ils ? 3 -Combien d’élèves y a-t-il parmi eux ? 4 -Quelles sont les activités qu’ils mènent ? Transport concassage Restaurant pillage tamissage ventes de marchandises 5 -Combien gagnent-ils par jour ? 500f-1000f (cfa) 1005f-2000f plus de 2000f 6- A quoi sert l’argent tiré de cette activité ? 7- Savez-vous pourquoi ils ont abandonné l’école pour travailler avec vous ? 8- Que pensez-vous du fait qu’ils aient quitté l’école pour le site d’orpaillage ? 9- Peuvent-ils concilier école et fréquentation de site aurifère ? Quelles peuvent en être les conséquences ? 10- Avez des suggestions à faire pour les empêcher d’abandonner l’école ? 11- savez qu’il y a une loi qui interdit le travail des enfants ? Guide entretien avec les parents d’élèves 1- L’exploitation minière influence-t-elle la scolarisation dans votre village ? a. Des aspects positifs : b. Des aspects négatifs : 2- Avez-vous des indicateurs quant à l’impact de l’orpaillage sur la scolarisation ? 3- Que faites-vous pour amoindrir voire éradiquer les effets néfastes de l’exploitation minière sur la scolarisation dans votre village ? 4- Avez –vous connaissance d’actions entreprises par la société qui exploite le zinc en faveur de l’éducation ? 5- A quoi servent les revenus tirés de l’activité minière ? 6- Que suggérez-vous aux parents d’élèves et aux autorités communales pour amoindrir, voire éradiquer les effets néfastes de l’orpaillage sur la scolarisation dans votre circonscription administrative ? xxii Guide d’entretien avec les ménages de Perkouan 1- Combien d’enfants scolarisés avez-vous ? 2 - quels types de difficultés connaissez-vous dans le cadre de leur scolarisation ? 3 depuis que la mine est implantée dans le village, quelle action a-t-elle entreprise pour soutenir les familles dans le cadre de l’éducation ? 4 – y a-t-il des personnes de votre famille qui sont employées dans la société ? 5- cela leur permettait-il de mieux prendre en charge la scolarité de leurs enfants ? 6- pensez-vous que l’installation de la mine va contribution à améliorer la scolarisation des enfants dans le village ? Guide d’entretien avec le directeur de l’école primaire de perkouan 1-L’exploitation minière industrielle influence-t-elle la scolarisation dans votre école ? a-Des aspects positifs : b-Des aspects négatifs : 2-Avez-vous des indicateurs quant à l’impact de l’exploitation minière sur la scolarisation ? 3- avez –vous eu des élèves qui, sans achever leur scolarisation sont allés travailler dans la société minière ? 4- la société minière a-t-elle déjà entrepris des actions pour soutenir la scolarisation des enfants dans le village ? 5- pensez-vous que les ressources tirées du travail dans la mine produisent des effets sur la scolarisation ? 6- Avez –vous noté un changement quelconque sur la scolarisation depuis l’implantation de la mine ? Guide d’entretien avec le Directeur des ressources humaines de la société Natou Mining. 1-Quel est l’âge minimal requis pour être recruté par votre société ? 2- y a- t-il d’autres conditions en rapport avec les droits des enfants pour être recruté ? 3- avez-vous des projets de soutien à l’éducation dans la commune ? 4- quelles autres contributions votre société fait en faveur de l’éducation dans la commune abritant le site ? 5- Employez-vous des ouvriers issus de la commune ou de la province en ce moment ? 6- pensez-vous leurs revenus servent à la scolarisation des enfants ? 7- l’école du village a-t-elle déjà reçu un soutien de votre part ? 8- que pensez- vous du travail des enfants dans les mines au détriment de l’école ? 9- quelles suggestions faites- vous pour améliorer l’offre éducative dans la province ? xxiii Guide d’entretien avec les ouvriers de la société issus du milieu 1- avez- vous des enfants scolarisés ? 2- quelles difficultés rencontrez-vous dans le cadre de leur scolarisation ? 3- quels effets la présence de la société minière a eu sur la scolarisation des enfants depuis sont installation ? 4- votre revenu vous sert-il dans la scolarisation de vos enfants ? 4- recevez- vous un soutien quelconque de sa part pour la scolarisation de vos enfants ? 5- avez-vous connaissances d’actions entreprises par la société en faveur de l’éducation dans la localité ? 6- connaissez-vous des jeunes de moins de 18 ans travaillant dans la mine ? 7- savez-vous que la loi interdit le travail des enfants ? 8- quelles suggestions faites- vous pour améliorer la scolarisation dans la province ? xxiv Tableau13 : situation du personnel de l’enseignement primaire selon la qualification dans les communes de Réo et de Kyon Qualification Commune IEPD H F CPI T H F IP IC T H F T H F IAC T IA TOTAL H F T H F T H F T Commune de Réo 2 0 2 04 0 04 16 05 21 141 87 228 11 49 60 02 01 03 176 142 318 Commune de Kyon 1 0 1 2 0 2 2 0 2 35 42 10 31 41 3 2 5 53 Total 3 0 3 6 0 6 18 5 23 176 94 270 21 80 101 5 3 8 229 182 411 07 40 93 Source : statistique DPENA, Sanguié, 2013 xxv