FRAPPÉ Matthieu DANIYELYAN Raphael VU Thibault Stratégie financière : L’entreprise ALSTOM Année universitaire : 2019/2020 Professeur : M. KAIDI Avertissement Ce document est le résultat d’une analyse réalisée dans le cadre d’une formation initiale avec des données exclusivement publiques et dont la source est mentionnée. Uniquement destiné à l’enseignant en charge de cette formation, il ne saurait être utilisé dans tout autre contexte ni diffusé à un tiers. 2 Sommaire 3 Introduction Alstom, à l’origine appelée Als-thom est le produit de la fusion entre la société ThomsonHouston (entreprise franco-américaine d’équipements de traction électrique) et la société alsacienne de construction mécanique spécialisée dans les locomotives qui a eu lieu en 1928. C’est aujourd’hui l’un des leaders mondiaux de l’équipement ferroviaire ainsi que de la transmission d’électricité. Le groupe emploie 93 000 salariés à travers plus de 100 pays ce qui lui permet une présence sur l’ensemble des continents. Les performances financières du groupe sur les derniers exercices lui permettent d’être membre du CAC 40. Au cours de son histoire, Alstom a connu quelques opérations en termes de fusions/acquisitions que ce soit avec General Electric Company à la fin du 20e siècle ou bien plus récemment à travers l’échec de l’opération avec Siemens. Nous avons donc choisi de nous intéresser à cette entreprise du fait de son actualité. De plus, cette année, dans le but de devenir le second plus grand groupe ferroviaire au monde, Alstom annonce en 2020 un accord pour le rachat de son concurrent canadien qui n’est qu’autre que le groupe Bombardier. Pour étudier cette entreprise, nous allons diviser notre travail en 4 parties. Dans la première, nous établirons le diagnostic stratégique de l’entreprise, puis nous ferrons ensuite l’analyse de la performance économique. Dans un troisième temps, nous analyserons la structure financière d’Alstom. Enfin, nous verrons l’analyse de la rentabilité. 4 Historique 5 I. Diagnostic stratégique de l’entreprise Alstom est une entreprise française, son siège social est à Saint-Ouen (93). L’entreprise rayonne depuis la France jusque dans le monde entier ce qui représente un environnement vaste avec de nombreux facteurs pouvant influencer la stratégie de l’entité. 1.1. Diagnostic externe 1.1.1. Politique La politique est un facteur à forte influence dans l’industrie ferroviaire. Les dépenses publiques est l’un des facteurs principaux dans le carnet de commandes des entreprises. Les pays investissent dans les transports ferroviaires car ils influencent positivement le développement économique de leur pays. Les pays développés investissement des milliards d’euros pour rénover, moderniser leurs réseaux (TER, métro, TRAM…) en cohérence avec les enjeux environnementaux. Les pays émergents construisent des projets d’investissement plus importants car tout est à construire et à réfléchir. Cependant, au niveau des régions françaises, l’investissement dans les transports est plus difficile car l’Etat baisse ses dotations financières depuis 4 ans. 1.1.2. Economique Le monde touché en 2008 par la crise des subprimes est actuellement en phase de croissance depuis 2016. Cette croissance impacte forcément positivement l’environnement des transports ferroviaires car ils représentent des investissements économiques rentables pour continuer à développer la croissance. Par exemple, en France, nous avons le projet Grand Paris qui mobilise beaucoup d’acteurs et qui a pour but de construire une ville durable et d’améliorer la vie urbaine. Néanmoins, et ce depuis 5 ans, la concurrence chinoise devient de plus en plus forte et de plus en plus sérieuse au niveau de la qualité et des capacités d’investissement. Pour l’Europe et ses entreprises ce n’est pas un point positif. Le point positif est l’exportation des forces de constructions. La mondialisation a augmenté le nombre de clients possibles. Cette augmentation d’activité influence directement le taux d’emploi dans les pays et notamment en France. Tous les niveaux de main d’œuvre sont utiles dans cet environnement même si les cadres, ingénieurs, techniciens expérimentés coûtent de plus en plus cher. 1.1.3. Social Figure 1 : Taux d’emploi des 15-64 ans en France et dans l’UE-28 Source : Eurostat, Labour Force, Insee 6 Le facteur important dans cette partie est l’urbanisation de la population (voir graphique), ce qui engendre une augmentation dans l’utilisation des transports en communs (+21% en France sur ces 10 dernières années). Figure 2 : Population urbaine dans le monde Source : Données de la Banque Mondiale Le transport ferroviaire est aussi sollicité par la population car c’est un transport plus respectueux de l’environnement, en plus d’être de plus en plus rapide. 1.1.4. Technologique La transformation digitale touche le monde entier et ne fait pas exception dans l’environnement d’action de notre société étudiée. L’industrie ferroviaire se doit d’être innovante et d’effectuer des recherches sur les axes suivants : l’environnement, la performance, les moteurs et combustibles, les contraintes terrains. Si on réduit l’échelle de l’environnement au niveau du territoire français, nous pouvons avancer que depuis 2016 la France se positionne dans le top 20 des pays les plus innovants au monde d’après l’indice mondial de l’innovation. Tableau 1 : Classement de la France dans le domaine de l'innovation Source : Indice mondial de l’innovation Année 2019 2018 2017 2016 2015 N° de la place de la France 16ème 16ème 15ème 18ème 21ème 1.1.5. Environnemental Comme pour beaucoup d’activités, le respect de l’environnement devient incontournable pour un mode de vie soutenable. Les pays développés sont ceux qui mettent le plus de moyens dans les recherches et équipements. Le transport de fret par voie ferroviaire revient d’autant plus d’actualité car il est moins polluant que le transport routier. 1.1.6. Légal Pour ce dernier domaine d’étude de l’environnement, nous pouvons avancer le poids de l’Etat dans l’actionnariat des entreprises. Par exemple, dans l’actionnariat d’Alstom l’Etat possède une part de 33% du capital ou encore chez la SNCF où il est actionnaire majoritaire. Au niveau du secteur de l’industrie ferroviaire, la commission européenne a le rôle de régulateur. Sachant que l’Europe a une politique de concentration faible, cela impacte négativement l’investissement car il y a moins d’opérations financières que sur un secteur concentré. 7 1.2. Diagnostic Interne : Forces Faiblesses Alstom est une entreprise créée il y a plusieurs décennies, ce qui lui donne une grande force de présence locale ainsi que mondiale. La présence au-delà de son pays d’origine s’est faite grâce à des partenariats stratégiques ou société commune (voir la frise de 2018/2019), ce qui lui apporte un avantage concurrentiel incomparable. La principale faiblesse d’Alstom est la dépendance qu’elle a vis-à-vis de ses actionnaires. La politique peut vite changer de bord et impacter négativement l’entreprise. Tout comme la commission européenne, qui lui a déjà refusé l’année Cette double capacité de présence lui permet passée la fusion avec l’allemand une proximité avec ses clients que peu Siemens. d’entreprises peuvent se vanter d’avoir. On peut ajouter un point négatif sur la Au fil des années, l’entreprise a su développer main d’œuvre française qui coûte de une offre complète et se diversifier (stratégie plus en plus cher. établie en 2017) autour de ses activités, on parle alors de flexibilité industrielle. Cette réputation et son engagement de qualité envers son client poussent l’entreprise à être parmi les leaders dans la recherche et développement au niveau technologique et environnemental. Chaque année le budget R&D augmente (voir tableau de dépenses de R&D). Alstom a d’ailleurs dévoilé son projet de bus électrique qui a déjà séduit de nombreuses villes françaises, ou encore avec les trains de fret autonomes ou à hydrogènes commandés par l’Allemagne et la SNCF pour 2022. Opportunités Menaces Alstom a bien conscience des nombreuses opportunités qui s’offrent à elle dans les prochaines années. Elle a déjà quelques coups d’avance avec des propositions sur le transport de fret qui devraient bondir les prochaines années. La principale menace pour l’entreprise Alstom est la concurrence étrangère. Elle s’est déjà vu perdre un projet d’investissement de la SNCF qui a préféré un constructeur espagnol. De plus, les entreprises chinoises Le développement de transports plus laissent peu de place à la concurrence écologiques représente aussi de belles mondiale dans leur pays qui, pourtant, a perspectives. une forte demande au niveau des infrastructures et véhicules ferroviaires. Les efforts faits par les villes pour modifier la circulation dans celles-ci ne peuvent être que positifs pour l’industrie. Le fait qu’Alstom et Bombardier soient les principaux acteurs du secteur en France est une opportunité de monopole si Alstom confirme le rachat du canadien. 8 II. Analyse de la performance économique Dans cette partie nous allons analyser la performance économique du groupe Alstom. Pour ce faire nous avons établi son compte de résultat économique1. Alstom est un groupe composé de plusieurs entités et a donc des comptes consolidés. Notons que cette analyse est globalement faite sur les performances réalisées par le groupe lui-même et non par chacune de ses entités. 1. Évolution du Chiffre d’Affaires En M€ 31/03/2019 31/03/2018 31/03/2017 Variation période Chiffre d’Affaires Hors Taxes 8072 7346 7306 Taux de variation 9,88% 0,55% 9,49% Nous constatons une évolution du chiffre d’affaires à la hausse de 9,88% en mars 2019 par rapport à l'exercice précédent. Une partie de cette hausse s'explique par le carnet de commandes atteignant un niveau record de 40,5€ milliards comparé à 35,2€ milliards l'année dernière avec la norme IFRS 15, offrant une forte visibilité sur les ventes futures. 2. Analyse de la marge En M€ 31/03/2019 31/03/2018 31/03/2017 Variation période Production 7909 7818 7243 8,42% Taux de variation 1,16% 7,94% Marge 3810 3547 3341 12,31% Taux de variation 7,41% 6,17% Taux de marge 48,17% 45,37% 46,13% La marge brute est un déterminant fondamental de la rentabilité. En 2019, il reste 48,17% des ressources pour faire face aux prochaines charges et espérer pouvoir dégager du bénéfice. En 2019 on observe un taux de marge qui gagne 3 points de base par rapport à 2018. Cette hausse est majoritairement due à l’augmentation du carnet de commandes. En M€ 1 31/03/2019 31/03/2018 31/03/2017 Variation période Voir en Annexe 9 Coût des ventes 4099 4271 Taux de variation -4,03% 9,46% Marge brute 3810 Coût des ventes / Marge brute 107,59% 3902 4,81% 3547 3341 12,31% 120,41% 116,79% Initialement les coûts de production (ventes) incluent les coûts directs (tels que matières, maind’œuvre et coûts de garantie) et les coûts indirects. Nous avons donc retiré les coûts de main d'œuvre de son calcul. En effet ce dernier est sensé affecter l'EBE après l’avoir soustrait de la Valeur Ajoutée (VA). Le coût des ventes représente une grosse charge à payer pour Alstom. En effet, elle représente 51,83% de la production en 2019. A partir de 2018, Alstom collabore avec ses partenaires dans le cadre d’une approche « produit responsable ». Ce sont des produits plus coûteux qui expliquent une partie de la hausse du coût des ventes en 2018. Avec l'augmentation du carnet de commandes, l'entreprise réussit à baisser de 4,03% son coût des ventes et par conséquent, augmenter sa marge brute. 3. Analyse de la Valeur Ajoutée En M€ 31/03/2019 31/03/2018 31/03/2017 Variation période Production 7909 7818 7243 8,42% Taux de variation 1,16% 7,94% Valeur ajoutée 3310 3038 2882 12,93% Taux de variation 8,95% 5,41% Taux de VA 41,85% 38,86% 39,79% On constate que la variation de la valeur ajoutée n’est pas similaire à celle de la variation du chiffre d’affaires, ce qui peut sembler étrange. L’entreprise a su légèrement optimiser ses charges externes, mais la hausse de la VA se justifie surtout par la baisse de coût des ventes. a. Facteur travail En M€ 31/03/2019 31/03/2018 31/03/2017 Salaires chargés 2542 2415 2269 Taux de variation 5,26% 6,43% 10 Valeur ajoutée 3310 3038 2882 Les salaires chargés sont à la hausse de 5% environ chaque année. Les dirigeants de Alstom ont donc suscité l’envie de travailler à leurs salariés en augmentant leurs salaires. Cette augmentation est justifiée par une bonne exécution des projets et reflète une forte croissance sur l’ensemble des régions au niveau de la performance économique du groupe. En M€ 31/03/2019 31/03/2018 31/03/2017 Ratio de productivité 76,80% 79,49% 78,73% Effectif 36 270 34 466 32 779 Salaire / Effectif 70 085 70 069 69 221 VA / Effectif 9,13% 8,81% 8,79% 2872,17 2731,58 Salaire mensuel chaque salarié moyen de 3022,50 Nous constatons que l’effectif de Alstom augmente d’année en année (1804 personnes de plus en 2019 qu’en 2018 par exemple). Ces augmentations s'expliquent par le fait que le groupe Alstom fonctionne par rachat ou fusions de sociétés. En avril 2018, Alstom a finalisé l’acquisition complète de la société britannique 21net, installée en France, Italie Royaume-Uni et Belgique, spécialiste de l’internet à bord et de l’infodivertissement des passagers pour le secteur ferroviaire. Malgré ces hausses le ratio de productivité n’évolue pas mais reste stable, ce qui est correct. b. Facteur capital En M€ Dotations loyer cb 31/03/2019 amortissements et 360 31/03/2018 31/03/2017 242 255 Immobilisation brutes 1423 1270 1144 VA 3310 3038 2882 (Dotations + CB) / VA 10,88% 7,97% 8,85% (Immo brute) / VA 42,99% 41,80% 39,69% Alstom n'a pas recours au crédit-bail mais possède un grand nombre d’immobilisations (corporelles/incorporelles) et investi tous les ans afin de rester concurrentiel. Le ratio « Dotations / VA » est à supérieur à 10% en 2019, ce qui est correct pour le secteur d’activité. c. Productivité globale 11 En M€ 31/03/2019 31/03/2018 31/03/2017 Salaires 2542 2415 2269 VA 3310 3038 2882 et 360 242 255 1,14 1,14 1,14 Dotations loyer cb amortissements VA / (Salaires + Dotations) L’indicateur de productivité globale nous permet de mesurer la richesse créée par l’entreprise par euro dépensé dans la production, machine et main d’œuvre. Ainsi, on trouve des ratios pour les trois années supérieures à 1. On peut dire qu’en 2017, pour 1 euro dépensé en production humaine et machine, l’entreprise dégage 1,14 € de valeur ajoutée. 4. Analyse du Résultat d’Exploitation (REX) En M€ 31/03/2019 31/03/2018 31/03/2017 Variation période Résultat exploitation 408 381 358 Taux de variation 7,09% 6,42% Production 7909 7818 7243 Rex / Production 5,16% 4,87% 4,94% 12,25% Le résultat d’exploitation s’éleve à 408€ millions, contre 381€ millions au cours de l’exercice fiscal 2018/19, grâce à une solide performance opérationnelle durant l’exercice fiscal. On distingue donc une activité qui se maintient et dont le résultat d’exploitation est tout de même à la hausse par rapport aux années précédentes de 7% environ. Notamment grâce aux dotations de provisions nettes de reprise qui ont plus que doublé. 5. Analyse du résultat net En M€ 31/03/2019 31/03/2018 31/03/2017 Variation période Résultat net 693 485 303 Taux de variation 42,89% 60,07% Production 7909 7818 7243 Résultat Net / Production 8,76% 6,20% 4,18% 56,28% 12 Le résultat net des activités non poursuivies a atteint 248€ millions comprenant principalement la révision des estimations des passifs liés aux cessions d’activité. Le résultat financier net du groupe s’est réduit à 88€ millions au cours de l’exercice fiscal 2018/19 contre 91€ millions lors de l’exercice fiscal précédent. Ceci est en partie lié à la diminution de la dette financière brute résultant du remboursement de 371€ millions d’obligations échues au cours de l’année. Nous remarquons que en créant plus de richesse Alstom paie moins d’impôts sur le bénéfice. En effet le groupe a enregistré une charge d’impôt de 70€ millions pour l’exercice fiscal 2018/19 correspondants à un taux d’impôt effectif de 22 %. Ce taux était de 33% les années d’avant. Le résultat net du groupe s’est établi à 681€ millions au cours de l’exercice fiscal 2018/19 contre 365€ millions lors de l’exercice fiscal précédent. L’entreprise est donc très constante dans son activité et voit tous ses indicateurs à la hausse. 13 III. Analyse de la Structure Financière 1. Le fonds de roulements et le besoin en fonds de roulement Nous pouvons constater que le BFR est négatif sur toute la période et qu’au terme de celle-ci il connait une baisse totale d’environ -40%, cependant il a légèrement augmenté au terme de l’exercice 2017 (clôturé le 31/03/18) de +7,38% pour ensuite baisser de nouveau au dernier exercice. Le chiffre d’affaires lui, connait une augmentation constante sur la période (+10,48%) avec une hausse plus importante au cours de l’exercice 2017 (+8,83%), là où le BFR a connu une légère hausse. Au cours de l’exercice de 2018 (clôturé le 31/03/19), le CA indique une augmentation peu significative (+1,5%). On peut constater avec l’annexe 5, que le CA et le BFR n’évolue pas dans les mêmes proportions (même si pour l’exercice de 2017, les pourcentages d’évolutions se rapprochent) comme la théorie le recommande. Le fond de roulement va d’abord augmenter et revenir dans le positif (+404%) puis diminuer considérablement tout en restant positif (+153M€). Ce qui montre que l’entreprise était en difficulté lors du premier exercice de la période observée (c’est aussi pour cela qu’elle a du vendre General Electric). En ce qui concerne la trésorerie nette, elle a été négative sur les deux premiers exercices pour augmenter considérablement sur le dernier exercice et devenir positive, donnant une variation sur la période de +1217%. Du fait du BFR négatif sur la période, on va parler de Ressource en fonds de roulement puisque l’entreprise n’a pas besoin de se financer couvrir les décalages de trésorerie (entrées/sorties). Nous ne pouvons donc estimer un taux de couverture sur la période. 14 2. Analyse des composantes du BFR Il s’agit ici, à travers différents ratios d’analyser les facteurs explicatifs du niveau du BFR, celuici étant négatif on peut faire l’hypothèse que l’entreprise encaisse avant de décaisser. Délais de rotation des stocks des produit finis et en-cours En millions d’€ 2018 2017 2016 PF/encours 916 1146 1533 CA 8 072 7 951 7 306 40,85j 51,89j 75,53j 𝑆𝑡𝑜𝑐𝑘𝑠 ∗ 360 𝐶𝐴 Ici on assiste à une baisse du délai de rotation des stocks (-35 jours) sur la période, notamment dû à une hausse de l’activité et une baisse des stocks. Ce qui peut expliquer en partie la baisse du BFR sur la période. Par rapport au secteur, le poids des stocks de Alstom fluctue et passe d’au-dessus de la médiane (62 jours) pour ensuite être bien en dessous. Il s’agit d’une entreprise qui produit selon les commandes reçues et s’applique au sur-mesure donc possède peu de stocks. Délais règlement clients Diminution de 10 jours puis faible hausse de 2 jours du délai de règlement, et donc une baisse sur la période 8 jours qui permet de réduire le BFR, il se peut donc que le délai a dû être négocier à la baisse en raison de carnet de commandes plus variés et moins conséquents. Au niveau du secteur, les délais règlements clients sont ici bien supérieur à la médiane (33,2 jours). Délais règlement fournisseurs 15 Ici il nous est impossible de calculer le ratio de délais fournisseurs puisque les achats ne sont pas détaillés et directement intégrés dans le cout des ventes. Cependant nous estimons un délai de règlement fournisseurs supérieur à celui des règlements clients et c’est ce qui va expliquer un BFR négatif. Au niveau du secteur, la médiane est de 45 jours, dans ce cas on estime que le délai est supérieur à la médiane. Nous pouvons dire en synthèse, que le BFR a diminué sur la période observée par le biais de plusieurs facteurs : une baisse des ressources d’exploitation mais aussi des emplois d’exploitation, la réduction du délai de rotation des stocks d’une quinzaine de jours ainsi que la réduction du délai de règlement des clients (d’environ 10 jours). 3. Analyse des composantes du FR Évolution des composantes du FR Actif 2018 2017 2016 Variation Incorporelle nettes 2044 1832 1908 7,12% Corporelles nettes 953 831 749 27,23% Financière nettes 1017 868 3126 -67,46% 3531 5783 -31% Total stables : emplois 4014 Passif 2018 2017 2016 Variation Capitaux propre 4 159 4027 3713 12% Quasi CP 0 0 0 - Endettement à terme 286 1164 1595 -82% 4908 4167 -22% 1377 -453 +133% Total stables ressources 4167 Évolution du FR 153 16 On constate que les emplois stables sont globalement en baisse (de 31%) du fait de la réduction des immobilisations financières malgré la hausse des immobilisations corporelles et incorporelles sur la période. Concernant les ressources stables, celles-ci aussi ont diminué (-22%) dû à la baisse fulgurante du poids de la dette, toutefois cette baisse est limitée par une augmentation des CP (+12%). La baisse des emplois stables a permis d’augmenter le FR malgré une baisse des ressources stables. Appréciation du niveau des capitaux propres En millions d’€ 2018 2017 2016 Variation Capitaux propres 4159 4027 3713 12% AE (BFR + 2289 Immobilisations nettes) 2378 4538 -49,55% Ratio CP/AE 169% 81,8% 181% On constate que les CP couvre plus du total de l’actif économique sur la période (sauf pour le premier exercice), donc la situation est très confortable, les CP sont plus que suffisants pour assurer l’activité de l’entreprise. Appréciation du niveau de l’endettement à terme En millions d’€ 2018 2017 2016 Variation Dettes MLT 286 1164 1595 -82% Capitaux propres 4159 4027 3713 12% Ratio Dettes/CP 6,87% 28,9% 42,9% On remarque ici que le gearing est inférieur à 1 sur la période, ce qui est une bonne chose, de plus le poids de la dette réduit considérablement sur la période. L’entreprise n’a donc pas besoin des banques pour se financer, mais donne de la confiance aux banquiers pour de futurs prêts. Poids de l’endettement à terme En millions d’€ Dettes terme financières 2018 à 286 2017 2016 Variation 1164 1595 -82% 17 CAF 398 388 352 Ratio Dettes/CAF 0,72 3 4,5 +13% Nous pouvons dire que l’entreprise en réduisant le poids de sa dette et avec une hausse de sa capacité d’autofinancement a su obtenir un ratio satisfaisant lui permettant de rembourser sa dette en 0,72 an si elle consacrait la totalité de sa CAF au remboursement de la dette. En revanche elle dépasse le ratio maximum (4 ans) lors de l’exercice de 2016. Globalement l’entreprise a très largement réduit sa dette à terme notamment du fait de son résultat net en hausse et de la vente de General Electric en 2015. 4. Analyse des dettes à court terme Poids de l’endettement En millions d’€ 2018 2017 2016 Variation Dettes financières à CT 1032 543 444 132% CA 8 072 7 951 7 306 10,48% Ratio Dettes CT/CA 12,78% 6,82% 6,07% On remarque que l’entreprise s’est désendettée à LT mais elle s’est endettée à CT, ce qui est mauvais puisque ce moyen de financement est très couteux et souvent il est choisi quand les banques refusent de prêter à LT et perdent confiance. Couverture des créances clients En millions d’€ 2018 2017 2016 Variation Dettes financières à CT 1032 543 444 132% Créances Clients 1661 1589 1693 -1,8% 34,17% 26,22% Ratio CT/Clients Dettes 62,13% On voit qu’à terme de la période étudiée on dépasse largement le ratio maximum (30%) et donc on peut parler de dépendance bancaire de l’entreprise. Risque de cessation de paiement. Un endettement à CT qui alarme quelque peu, l’entreprise devrait réagir et trouver un moyen de financement moins couteux (c’est d’ailleurs ce qu’elle a fait courant 2019 en émettant des obligations pour un montant nominal de 700M€). 18 5. Analyse de l’endettement global Dettes financières totales / AE En millions d’€ Dettes totales 2018 2017 2016 Variation financières 1318 1707 2039 -35% 2378 4538 -7,25% 71,78% 44,93% Actif économique Ratio CT/Clients 2289 Dettes 57,57% L’actif économique est financé en trop grande partie par la dette, toutefois le ratio est en baisse ce qui est bon signe. Malgré une hausse de l’endettement à CT, l’endettement global lui a tendance à réduire. Poids des frais financiers 2018 2017 2016 Variation Frais financiers 91 98 138 -34% VA 3177 2905 2769 14,7% 3,37% 4,98% Ratio CT/Clients Dettes 2,86% Les frais financiers diminuent alors que l’endettement à CT augmente, toutefois l’endettement à LT a largement diminué donc pourrait expliquer cette baisse, en plus de la hausse de la VA. Pour conclure, l’endettement global a tendance à réduire et les frais financiers, cependant les proportions de financement à CT et LT semblent déséquilibrées et nécessitent le besoin d’agir. 19 IV. Analyse de la rentabilité La rentabilité est l’aptitude d’une entreprise à générer des bénéfices. Les informations transmises par le calcul de la rentabilité n’ont pas la même signification selon que l’on soit associé ou dirigeant. C’est pour cela que deux indicateurs sont calculés : - la rentabilité économique intéresse essentiellement les dirigeants, - la rentabilité financière intéresse essentiellement les associés. La principale limite au calcul de la rentabilité est la non prise en compte du risque. a. La rentabilité économique (le point de vue des dirigeants) La rentabilité économique mesure la rentabilité des capitaux engagés, c’est-à-dire la capacité de l’entreprise à générer des bénéfices à partir des capitaux investis. Pour ne tenir compte que de l’activité « normale » (donc récurrente) de l’entreprise, le résultat d’exploitation est retenu (les éléments financiers et exceptionnels sont donc exclus). Les capitaux investis correspondent à la valeur des immobilisations brutes + la valeur du besoin en fonds de roulement d’exploitation (BFRE). L'actif économique est un terme équivalent aux capitaux investis. b. La rentabilité financière (le point de vue des associés) La rentabilité financière mesure la rentabilité des capitaux propres, c’est-à-dire la capacité de l’entreprise à rémunérer les associés. Pour attirer les investisseurs ou ne pas « perdre » les associés actuels, l’entreprise a pour objectif de maximiser cet indicateur. Les capitaux propres représentent les apports des associés et les réserves générés par l’activité de l’entreprise. Une entreprise dégageant une rentabilité supérieure à celle demandée par ses associés n’aura pas, à long terme, de problèmes pour financer son activité. De plus, pour les grandes entreprises, plus le taux de rentabilité des capitaux propres (rentabilité financière) est élevé, plus l’entreprise aura des facilités à lever des fonds sur les marchés financiers. Un taux de rentabilité financière de l’ordre de 10 % peut être considéré comme très satisfaisant. Mais un taux satisfaisant diverge d’un secteur d’activité à un autre, donc attention à l’interprétation des chiffres. Ces ratios prennent tout leur sens par une comparaison dans le temps et dans l’espace (avec d’autres entreprises du même secteur d’activité). 20 Chez Alstom : Rentabilité économique : 2016 : -5.66% 2017 : 2.05% 2018 : 3.99% 2019 : -2.18% Nous remarquons donc que la rentabilité économique fluctue selon les années ce qui n’est pas un indicateur rassurant pour l’entreprise Alstom. Rentabilité financière : 2017 : 8.16% 2018 : 12.04% 2019 : 16.66% Nous voyons donc que la rentabilité financière augmente de façon significative d’années en années ce qui est un très bon indicateur pour Alstom. 21 Conclusion Pour conclure, il est important de préciser que nous avons pris les résultats et avons effectué l’analyse financière du groupe dans sa globalité, et non pas entités par entités. Au vu de notre étude, celle-ci à révéler l’excellente santé financière du groupe Alstom. Le chiffre d’affaires du groupe augmente considérablement, le taux de marge également. La valeur ajoutée est elle aussi en hausse. Les salaires ainsi que le nombre de salariés sont en croissance. Le résultat d’exploitation est en augmentation significative et la trésorerie est positive. Les capitaux propres sont très satisfaisants et le taux d’endettement est faible. Mais un bémol est à souligner. On remarque que l’entreprise s’est désendettée à long terme mais elle s’est endettée à court terme, ce qui est mauvais puisque ce moyen de financement est très couteux et souvent il est choisi quand les banques refusent de prêter à long terme et perdent confiance. Pour finir, les rentabilités économiques et financières sont très encourageantes. Pour conclure, nous pouvons dire après cette analyse que le groupe Alstom se porte très bien. 22 Références Article “ALSTOM, l’histoire” sur le site internet FO-ALSTOM https://www.fo-alstom.com/info/alstom-l-histoire/ Statuts de la société au 24 septembre 2019 (consulté le 16/03/2020) https://www.alstom.com/sites/alstom.com/files/2019/11/21/20190924_Alstom_Statuts.pdf Code de gouvernement d’entreprise des sociétés cotées (actualisé en janvier 2020) https://www.medef.com/fr/content/code-afep-medef-revise-de-gouvernement-dentreprisedes-societes-cotees-janvier-2020 Règlement intérieur du Conseil d’Administration au 5 juillet 2016 (consulté le 16/03/2020) https://www.alstom.com/sites/alstom.com/files/2018/07/17/R%C3%A9glement%20int%C 3%A9rieur%20du%20Conseil%20d%27Administration%20au%205%20juillet%202016.pd f https://fr.investing.com/equities/alstom-ratios file:///Users/thib/Downloads/ENTFRA14f_D4_delais_paiement%20(1).pdf https://www.alstom.com/sites/alstom.com/files/2019/05/06/FY1819%20Group%20Consolidated%20FS%20%20Notes%20FR.pdf https://www.alstom.com/sites/alstom.com/files/2019/05/28/Alstom-DDR%202018-2019VFran%C3%A7aise_0.pdf https://www.alstom.com/sites/alstom.com/files/2018/07/17/4%20%20Document%20de%20reference%20201718_1.pdf https://www.alstom.com/sites/alstom.com/files/2017/07/04/ALSTOM%20DDR201617_FR__0.pdf https://www.maxicours.com/se/cours/la-rentabilite-economique-et-la-rentabilitefinanciere/ 23 Annexes : Annexe 1 : Compte de résultat 24 Annexe 2 : Calcul de la CAF 25 Annexe 3 : Bilan fonctionnel 26 Annexe 4 : Ratios Annexe 5 : Évolution du CA et BFR 27 Compte de Résultat Économique 28