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Science, société et spiritualité, la synergie Sathya Sai - Prof. Vishwanath Pandit

SCIENCE, SOCIÉTÉ ET SPIRITUALITÉ :
LA SYNERGIE SATHYA SAI
Prof. Vishwanath Pandit
Le Prof. Vishwanath Pandit dirige le Département d’Economie et il est aussi doyen de la
Faculté des Lettres de l’Université Sri Sathya Sai. Dans sa carrière éminente, au niveau
national, il a exercé la fonction de Directeur du Centre de Développement Economique de
l’Ecole d’Economie de Delhi et il a été élu Président de l’Indian Econometric Society. Au
cours de sa brillante carrière internationale, il a travaillé au niveau du doctorat avec le Prof.
Lawrence Klein, lauréat du Prix Nobel, il a enseigné dans des universités de prestige au
Royaume-Uni et aux Etats-Unis, il a exercé la fonction de conseiller économique auprès du
gouvernement du Sri Lanka et il a été Président du groupe d’experts en modélisation
politique pour les pays les moins développés, aux Nations Unies, à New York. Et le plus
important, c’est aussi un ardent dévot depuis plusieurs décennies et il exerce la fonction de
sevadal (volontaire, bénévole) dans l’Organisation Sai de Delhi depuis de nombreuses années.
Le dénuement côtoyant l’abondance, les connaissances dénuées de sagesse, les
accomplissements scientifiques sans garde-fous moraux à la hauteur et le pouvoir sans
compassion caractérisent l’existence humaine actuelle, parce que Dieu n’est plus au centre de
nos pensées, de nos paroles ou de nos actes. Grâce aux bonds prodigieux réalisés par la
science et par la technologie, les distances se sont énormément amenuisées et nous vivons
dans un monde globalisé, mais si nous nous sommes physiquement rapprochés, nos cœurs eux
se sont éloignés.
Les conflits frappent toutes les parties du monde sous une forme ou l’autre. L’avidité et
l’inclination sans borne pour le confort illusoire ont abouti à des dommages aux ressources
naturelles, qui ont conduit à des déséquilibres écologiques tellement irréparables que Mère
Nature elle-même doit nous enseigner de pénibles leçons sous la forme de catastrophes
comme les récents tsunami et Katrina.
Les dégâts engendrés par le tsunami à Chennai et la désolation après le passage de l’ouragan Katrina,
aux Etats-Unis
Plus que tout ceci, c’est l’esprit humain qui a été corrompu par la compréhension étroite de la
science, la poursuite insensée de la richesse et l’interprétation erronée de la religion ellemême. Alors que la science était utilisée pour provoquer la souffrance humaine, la bigoterie
tordue a conduit au fanatisme destructeur. Il n’est donc pas surprenant que Dieu doive à
nouveau s’incarner à notre époque pour ramener l’humanité sur le droit chemin. Ce qu’il y a
d’unique chez cet Avatar, ce sont les solutions simples qu’Il propose pour des problèmes
complexes. Il ne se contente pas simplement d’un effet d’annonce, mais Il fait la
démonstration réelle de leur parfaite efficacité par Ses propres actions. ‘’Ma Vie est Mon
Message’’ est une exposition de l’ordre le plus élevé que nous ne pouvons ignorer que pour
notre propre calvaire.
La religion, qui était destinée à être la force civilisatrice et donc unificatrice de l’humanité est
progressivement devenue une cause de discorde. Après avoir repoussé Dieu en dehors de la
scène, nous n’avons pas pu nous élever de la religion à la spiritualité. Nous avons plutôt
utilisé les étiquettes religieuses comme des instruments de segmentation sociale et d’identité
égocentrique. Le dicton de Bhagavan, ‘’Il n’y a qu’une seule religion, la religion de
l’amour ; il n’y a qu’un seul Dieu et Il est omniprésent’’ est l’antidote le plus efficace aux
problèmes multidimensionnels de l’humanité actuelle. Si nous nous rappelons l’ancienne
sagesse de l’Inde, nous apprenons que ‘’la Vérité est une, mais que les sages l’expriment de
différentes manières (Ekam Sath Viprah Bahudah Vadanthi).’’
Si cette Vérité n’est pas comprise comme étant Dieu, alors l’unité et son fruit appréciable,
l’amour, restent hors de portée. La magnifique mosquée que Baba a construite pour les
musulmans de Puttaparthi pour qu’ils ne doivent pas parcourir des kilomètres jusqu’à
Bukkapatnam pour offrir leurs prières quotidiennes, recèle un grand message pour nous tous.
J’ai pu remarquablement prendre conscience de la déclaration de Swami, selon laquelle Il
était venu confirmer chacun dans sa propre foi plutôt que d’initier une nouvelle religion, au
Sri Lanka, où j’ai eu le privilège de dialoguer avec de nombreux fidèles hindous, bouddhistes
et chrétiens.
Il est venu pour confirmer chacun dans sa foi – La mosquée de Puttaparthi offerte par Swami
L’unité de la science et de la spiritualité
D’un autre côté, nous avons les soi-disant rationalistes, qui se sont convaincus que la science
et la religion sont contradictoires. Rien n’est plus trompeur que ceci et rien ne pourrait plus
mal interpréter les réalisations scientifiques époustouflantes actuelles. L’origine de cette
vision erronée remonte à l’héritage historique du conflit entre la science et la religion des
18ème et 19ème siècles en Europe.
Elle provient aussi d’une vision fausse de la religion composée de rituels, de lubies et de
superstitions savamment caricaturés pour les faire entrer dans l’hypothèse fausse de la
contradiction. Ce conflit n’a jamais existé en Inde. Alors que la science s’intéresse au monde
manifesté, la spiritualité s’intéresse au Soi intérieur, et tous deux sont essentiels pour
l’humanité. Au cours de son discours, pendant la 4ème Convocation de l’Institut Sri Sathya Sai
d’Enseignement Supérieur en 1985, le Dr E.C.G. Sudarshan a décrit la science et la
spiritualité comme étant les deux composantes d’une ‘’grande vision binoculaire’’. Allant
bien au-delà, les déclarations védantiques se situent encore à un autre niveau, puisqu’elles les
proclament indivisibles. Il n’est donc pas surprenant que les grands accomplissements de
l’Inde dans le domaine des mathématiques, de la médecine, de la métallurgie et d’autres
branches de la science sont largement salués aujourd’hui. Où la question du conflit entre la
science et la spiritualité surgit-elle ?
Sir Isaac Newton
Albert Einstein
Même en Europe, de nombreux scientifiques de renom, comme Newton et Einstein, étaient
profondément religieux et ils croyaient en l’existence d’un Pouvoir supérieur appelé ‘’Dieu’’.
Comment et pourquoi la mentalité libérale du 19ème siècle en est arrivée à considérer la foi en
l’existence de Dieu comme irrationnelle et non scientifique est surprenant. Le prophète du
matérialisme dialectique, Karl Marx, à qui il faut certainement rendre justice en tant
qu’humaniste, proclamait que la religion était l’opium du peuple. Si la religion est l’opium du
peuple, qu’il en soit ainsi, parce que c’est un opium de bonne qualité qui a donné aux simples
gens le respect d’eux-mêmes et la confiance en soi. ‘’L’homme sans foi en Dieu est pire
qu’un invalide, parce qu’il est sans l’essence vitale de la vie’’, dit le célèbre mathématicien
français, Pascal.
Karl Marx
Blaise Pascal
Einstein exprime le même sentiment dans l’expérience religieuse cosmique. ‘’…Les lois de la
nature révèlent un esprit si supérieur que toute l’intelligence que l’homme a mise dans ses
pensées n’est rien qu’une réflexion d’un néant absolu, comparé à cet esprit…’’ Néanmoins,
suivant obstinément leurs convictions non fondées de la contradiction entre la science et la
religion, les libéraux du 19ème siècle étaient plutôt convaincus qu’avec les progrès de la
connaissance scientifique, la religion déclinerait et qu’elle disparaîtrait rapidement, en tant
que préoccupation humaine. C’est exactement le contraire qui s’est produit en fait.
Préconisant que la connaissance scientifique soit exploitée pour servir l’humanité, le sens réel
de la religion par rapport à la science nous est donné par Baba, lorsqu’Il dit : ‘’La
connaissance sans la dévotion est inutile et la dévotion sans la connaissance est
inefficace.’’ Capra a exprimé un sentiment semblable dans Le Tao de la Physique : ‘’La
science peut faire sans la spiritualité et la spiritualité n’a pas besoin de la science. Mais
l’homme a besoin des deux.’’ Les sociologues Rodney Sark, Laurence Janna Scone et Roger
Finke (American Economic Review, Articles et Rapports, Mai 1996, pp.433-466) rapportent,
sur la base de données d’étude réelles que, primo, une proportion prédominante des personnes
qui faisaient l’objet de l’étude continue à prendre au sérieux la religion ; secundo, les
accomplissements pédagogiques et la foi religieuse entretiennent mutuellement une relation
plutôt positive que négative ; et tertio, chose plus surprenante, les étudiants et les professeurs
des sciences dures (physique) sont en moyenne plus religieux que ceux des sciences douces
(sociales).
Qu’est-ce qu rend réellement l’homme heureux ?
Plus que tout ceci, leur enquête montre que les croyances et les pratiques religieuses sont
perçues par les gens comme un moyen d’améliorer leur estime personnelle, la satisfaction de
la vie et la résistance au stress, ainsi que la santé mentale et physique. Pourquoi pas ? Baba ne
dit-Il pas que ‘’Vous êtes les enfants de la Félicité, de l’Immortalité. Vous êtes Dieu !’’ ?
Un fidèle demanda une fois à Swami : ‘’Bhagavan ! Tu m’as tellement donné ! Que devrais-je
faire pour Toi ?’’ La réponse fut spontanée : ‘’Sois heureux !’’ Et de fait, finalement, nous
sommes tous en quête du bonheur. Baba dit : ‘’Le bonheur est votre droit de naissance.’’
Mais comment atteindre cet objectif ultime de la vie ? En nous méprenant totalement, nous le
cherchons dans la prospérité matérielle. Pire, souvent, nous nous berçons d’illusions en ayant
le sentiment que nous l’avons atteint. Il ne nous faut guère longtemps pour que nous
apparaisse le fait que le plaisir n’est au mieux qu’une illusion qui est de courte durée…Ce que
nous devons rechercher, c’est le bonheur permanent – la Félicité.
Il est heureux que ce sujet du bonheur reçoive maintenant l’attention sérieuse de sociologues
réputés. Le Prof. Easterlin, que j’ai eu le privilège d’avoir comme professeur, a eu la sagesse
de se tourner vers lui, il y a trois décennies, malgré la désapprobation de bon nombre de ses
pairs. Cependant, le fait que beaucoup d’autres l’aient par la suite rejoint dans cette ligne de
recherche parle de lui-même. L’état actuel des connaissances résumé jusqu’à il y a peu par
B.S. Frey et A. Stutzer (Journal of Economic Literature, Juin 2002, pp. 402-435) nous fournit
des résultats remarquables, qui sont basés sur une recherche empirique rigoureuse.
Il est instructif d’en rappeler quelques-uns. Quand il fut demandé à des personnes
relativement plus riches si elles étaient plus heureuses que les autres, elles répondirent par
l’affirmative. Mais, quand il fut demandé aux gens de se souvenir de leurs sentiments au cours
d’un cycle de vie plus long et de vérifier s’ils étaient plus heureux maintenant qu’ils
jouissaient de revenus réels supérieurs, ils répondirent par la négative.
‘’Le bonheur est votre droit de naissance’’ – Baba (figure réalisée par les étudiants de Sathya Sai Baba, à
l’occasion de la Rencontre Sportive et Culturelle annuelle, à Prasanthi Nilayam)
En fait, ceci est corroboré par des données concernant le Japon sur une période de plus de
quarante ans durant laquelle le revenu réel par habitant a fortement augmenté, alors que
l’index du bonheur soigneusement établi sur des données d’études concernant la même
période est resté plus ou moins plat. Saisissant ! La vision à plus long terme, qui dépasse les
plaisirs temporaires, est certainement un indice correct du bonheur.
Le signal clair, c’est qu’un bonheur plus long et plus durable, même au niveau matériel,
ne peut pas s’obtenir par les revenus et par la richesse, ce qui met en exergue la
prescription de Baba sur la LIMITATION DES DESIRS COMME L’UNIQUE
MANIERE DE JOUIR D’UN VRAI BONHEUR.
Il y a également, dans tous les cas, cette question plus vaste : pendant combien de temps
la richesse matérielle de l’individu peut-elle continuer de croître et à quel coût ? Les
questions du bonheur et du contentement sont étroitement liées à la manière dont les
revenus sont obtenus et au style de vie que l’on mène. Que les revenus gagnés par des
moyens satviques (purs et honnêtes) et dharmiques (respectueux de la loi) procurent une
satisfaction plus élevée est bien confirmé par les faits. De même qu’un mode de vie
paisible et la mesure avec laquelle on entreprend d’aider les autres avec un sentiment
d’amour. La pratique des cinq valeurs humaines (vérité, conduite juste, paix, amour,
non-violence) sur lesquelles Bhagavan insiste tant, est donc la porte d’entrée directe du
bonheur réel.
La voie de la spiritualité Sai dans la société
Depuis des temps immémoriaux, les saints et les sages se sont efforcés d’inspirer et de
promouvoir la divinité parmi leurs fortunés dévots. Mais la mission d’un Avatar est d’un
ordre beaucoup plus élevé et elle englobe tout. L’Avatar actuel a déclaré à de multiples
reprises que Sa mission était la transformation de l’humanité toute entière et d’introduire
l’Age d’Or de l’amour.
L’originalité de Son modus operandi n’est pas seulement
dans la manière dont Il ramène des problèmes compliqués
à des problèmes qui se soumettent à de simples
algorithmes, mais également dans la manière dont Il
considère les problèmes eux-mêmes. Il est remarquable
que, dès les premiers jours, Bhagavan ait non seulement
associé Ses fidèles à Dieu, mais aussi solidement à la
société en insistant sur le fait que chacun est une étincelle
de la divinité. Deux de Ses messages, qui ressortent
particulièrement dans ce contexte, sont : ‘’L’étude
appropriée de l’humanité, c’est l’homme’’ et ‘’Amour
de Dieu, crainte du péché et moralité dans la société’’.
Ils sont tous deux essentiels pour comprendre comment
Sai sature de spiritualité la vision de l’activisme social. En
fait, il ne serait pas exagéré de même dire que l’activisme
social dépourvu de moralité centrée sur Dieu est vide et
d’une logique boiteuse. Le premier message présente une structure sociale idéale,
réminiscente du concept du ‘’contrat social’’ du philosophe social français, Rousseau.
Le message, ‘’L’étude appropriée de l’humanité, c’est l’homme’’, peut en fait s’interpréter
de trois manières différentes. Premièrement, il peut simplement nous demander de
comprendre que nous sommes chacun le point de départ d’une société saine et harmonieuse,
ce qui s’apparente à l’exhortation védique Sahanavavatu Sahanau Bhunakthu, Sahaveeryam
Karavavahai ; Tejaswinavadheetam Asthu ma Vidvishavahai – Puisse-t-Il protéger chacun de
nous, puisse-t-Il nourrir chacun de nous, puissions-nous chacun acquérir la capacité d’étudier
et de comprendre les Ecritures, puissent nos études être brillantes, puissions-nous ne pas nous
disputer.
Le deuxième sens qui me vient à l’esprit nous demande de nous tourner vers l’intérieur pour
nous comprendre nous-mêmes. Néanmoins, je pense que le sens réellement visé, c’est que
chaque membre de la société devrait adopter le corps humain comme modèle d’une harmonie
parfaite basée sur l’intérêt et le souci mutuels. Chacun de nous doit agir comme un membre
du corps humain. Si un membre a des problèmes, un autre aidera automatiquement celui qui
en a besoin d’une manière parfaitement programmée, pour ainsi dire. C’est ainsi que les
membres de la société devraient être sensibles à la douleur et au plaisir de chacun. Aucun
Avatar, à ma connaissance, n’a activement entretenu une telle attitude sociétale parmi Ses
partisans.
Comprendre que ‘’l’étude appropriée de l’humanité, c’est l’homme’’ via la hiérarchie des membres
La seconde prescription, à savoir, ‘’amour de Dieu, crainte du péché et moralité dans la
société’’, ou Daiva Preethi, Papa Bheethi, Sangha Neethi fait suite à la première en apportant
une solution magistrale aux problèmes terre-à-terre matérialistes et d’ordre supérieur
(spirituels) du monde d’aujourd’hui. Son objectif est de ramener Dieu sur le devant de la
scène. L’amour de Dieu est le moteur principal du processus, parce que seuls ceux qui aiment
Dieu auront peur de pécher. La crainte et le péché semblent un peu déplacés, à première vue,
mais une réflexion plus approfondie nous permettra de découvrir la signification réelle de ces
deux termes. Le péché est le produit de l’ego et des six démons du désir qui lui sont associés :
la colère, l’avidité, l’attachement, l’orgueil, la jalousie et la vanité.
Quelle est exactement la raison de la crainte ? La pire crainte est causée par la perte de
conscience de la proximité de Dieu. Donc, la crainte du péché n’apparaît que s’il existe une
relation d’amour avec Dieu. La crainte du péché doit par conséquent protéger une personne
contre toute mauvaise tendance et faire en sorte qu’elle adopte des positions moralement
correctes dans toute question relative à la société. C’est particulièrement important
actuellement, alors que nous sommes circonscrits par la corruption, l’exploitation,
l’oppression et tant d’autres maux. Si l’humanité doit se sauver de l’autodestruction, il n’y a
pas d’autre solution. Pour y parvenir, Dieu a de nouveau voulu être avec nous en cette
conjoncture critique. Puissions-nous pratiquer ce qu’Il est venu nous enseigner ! Jai Sai Ram !
Heart2Heart
Mai 2008