ETERNEL, NON NÉ DAVID CARSE ‘’En temps voulu, vous en arriverez à réaliser Que votre véritable gloire réside Là où vous cessez d’exister.’’ - Ramana Maharshi ‘’Vous, pauvre petite chose qui croyez que la mort est réelle, En tant que telle.’’ - Ikkyu Quant à la mort du corps, la soi-disant mort physique, il devrait être clair qu’une question ou qu’une difficulté ne peut survenir que s’il y a identification au corps. Ainsi identifié, vous voyez des corps mourir, vous supposez que l’individu distinctif qui était ce corps est mort avec lui et vous en concluez qu’un jour vous-même, vous mourrez. Le sentiment d’un moi individuel de l’ego tente d’entretenir de l’espoir dans une aprèsvie, une renaissance, un genre de nouvelle chance, mais les preuves de celles-ci sont au mieux fort légères et donc, la panique et la peur s’installent, parce que la mort physique a certainement l’air définitive. La majorité des religions du monde enseignent une forme d’immortalité, mais vous ne les croyez pas. Si c’était le cas, vous ne redouteriez pas l’anéantissement de la mort. On a dit que la peur de la mort était la peur basique et primaire qui engendre toute autre peur et qu’elle était le facteur psychologique sous-jacent qui modèle toute la vie. Tout ceci est une illusion et repose sur la conception erronée que vous êtes un individu inséparablement lié au corps et qui meurt, selon toutes les apparences. Ce qui est non né ne peut pas mourir. Vous êtes le Non-né. C’est essentiel pour la Compréhension : comment pourrait-il y avoir une quelconque inquiétude concernant la mort apparente de ces organismes corps-esprits, ces personnages du Rêve, lorsqu’il est su que ce que ce que ‘’je’’ suis, ce qu’est le ‘’Je’’ qui anime tous ces organismes est la Totalité éternelle, sans liens et non née ? ‘’Ce qui est réel ne meurt pas. Ce qui est irréel n’a jamais vécu. Une fois que vous savez que la mort touche le corps et non Vousmême, Vous regardez simplement votre corps tomber, Comme un vieux vêtement abandonné. Le ‘’Vous’’ réel est intemporel Et au-delà de la naissance et de la mort. Le corps survivra autant que nécessaire. Il n’est pas important qu’il vive longtemps.’’ (Nisargadatta Maharaj) Après la mort du corps, le ‘’Je’’ est la même Présence impersonnelle, intemporelle et non née qu’Il est avant la naissance du corps. L’identification sous la forme d’un corpsesprit est une phase passagère qui n’affecte pas ce qu’est le ‘’Je’’. Mais il y a plus. Même dans le Rêve1, même s’il y a identification avec le corps-esprit que vous appelez vous-même, la peur de la mort est toujours malavisée et inutile. Nos cultures nous ont rendu un mauvais service en faisant de la mort un croquemitaine qui ne résiste pas à l’examen. Le modèle médical occidental est que la mort est un échec et comme tel, elle doit être niée, évitée et repoussée autant que possible. Cette croyance est fortement ancrée dans notre culture, mais ce n’est qu’un conditionnement qui n’est pas partagé par beaucoup d’autres cultures. Effectivement, encore une fois, une petite réflexion révèlera qu’il est fou de penser ainsi. Une fois que le corps est né, sa mort est absolument inéluctable, étant une conséquence naturelle de la naissance. Comment alors peut-on raisonnablement considérer que c’est un échec, quelque chose à éviter ? Personne n’expérimente sa propre mort et personne ne l’expérimentera jamais. C’est impossible, par définition. La définition qui est la plus couramment acceptée de la mort physique, c’est la mort cérébrale, l’encéphalogramme plat, plus aucune perception sensorielle, de traitement des perceptions, de pensées, d’émotions, de mémoire, d’activité interne d’aucune sorte, ce que l’on appelle donc une absence d’expérience. La mort est la cessation de l’expérience dans ce corps-esprit. Par 1 C’est-à-dire dans la Lîla, dans la Maya ― le Jeu, la Farce, la Pièce, le Drame, la Danse ou l’Illusion cosmique, pour reprendre quelques équivalents ou quelques variations les plus courantes, NDT. On parlera aussi d’hypnose, de conditionnement ou de programmation. conséquent, s’il n’y a aucune expérience dans ce corps-esprit, il ne peut y avoir aucune expérience de la mort dans ce corps-esprit. C’est comme s’endormir. Toutes les fois où vous êtes tombé endormi au cours de votre vie, vous n’en n’avez jamais fait l’expérience. Vous expérimentez la somnolence, vous vous couchez, votre somnolence s’accroit et la chose suivante dont vous êtes conscient, c’est que vous vous réveillez et postulez qu’à un moment donné, vous avez dû vous endormir, mais vous n’avez aucune expérience directe de cela, puisque celui qui aurait fait l'expérience de s'endormir, s'il avait été éveillé, s'était endormi ! Il en va de même avec la mort. Il y a des perceptions et une expérimentation jusqu’à la mort, puis l’expérimentation s’arrête et nous disons que le corps/esprit est mort. C’est simple. La mort n’est jamais expérimentée, parce que l’expérimentation s’arrête. Comment peut-on craindre ce que l’on n’expérimentera jamais ? Certes, il est possible qu’il y ait de la douleur ou de la souffrance dans le corps/esprit avant la mort, avant que l’expérience ne cesse. On peut le craindre ou à tout le moins ne pas attendre cela avec impatience. C’est une réponse naturelle du corps/esprit. Soyons donc clair : c’est la vieillesse, un mal ou une maladie spécifique que l’on peut craindre, mais la mort elle-même n’existe pas comme une chose à expérimenter, c’est juste un mot que l’on donne à la cessation de l’expérience. La peur de la mort provient surtout de la mésinformation et se base sur la ségrégation et l'évitement actif de la mort dans nos cultures. En fait, le corps est bien conçu pour mourir et il est rare que la mort physique elle-même s’accompagne d’intenses souffrances. Cela arrive, certes, mais plus communément, la douleur ou la souffrance vient avant, durant la maladie, et quand vient le moment de mourir, les fonctionnements physiques et mentaux décrochent et se coupent progressivement. La mort est en général beaucoup plus facile et plus douce que l’imagination populaire ne le croit et c’est confirmé par ceux qui travaillent régulièrement auprès des mourants. Ainsi, à la mort du corps, la Conscience n’expérimente plus le Rêve dans ou via cet organisme corps/esprit. La force animatrice de la Conscience cesse d’opérer dans ce corps et donc le corps n’apparaît plus animé, n’est plus sensible, n’est plus ce que nous appelons ‘’vivant’’ et se désintègre rapidement, se décompose en ses éléments constituants, mais il ne peut y avoir aucune expérience directe de ceci, puisque par définition, l’expérimentation a déjà cessé. Et la Conscience qui est ce que le Je est, qui est ce que vous êtes, qui est la Totalité, continue. Elle est non née, elle ne meurt jamais, elle est éternelle. Elle n’a jamais été limitée à ce corps-esprit, en aucun cas. 2 On en revient donc au concept que la seule vraie mort n’est pas la mort du corps, mais la mort, l’anéantissement du sentiment du moi de l’individu. C’est cette mort, cet anéantissement du moi que l’ego redoute et par rapport auquel il s’active à échafauder des fantasmes morbides et macabres. C’est cette mort qui engendre la peur de la mort physique et c’est cette mort qui vaut en fait la peine d’être examinée. 2 Pour ceux qui méditent, il est évident que le corps, le monde, les pensées et les émotions ne sont que des objets dans la Conscience et que Celle-ci est permanente. C’est ‘’l’arrière-plan’’ qui ne bouge jamais, NDT. Il y a une image que l’on rencontre fréquemment dans les rêves : une porte ouverte et les ténèbres, au-delà. Puis, on franchit cette porte pour tomber dans l’espace vide. A ce stade, l’ego vous réveille en sueur, la peur de la mort faisant battre votre cœur à tout rompre. Mais cette réaction n’est qu’une question de conditionnement, de croyance, une question d’identification au corps. En fait, cette image est particulièrement appropriée. Presque toutes les traditions spirituelles préconisent de franchir le pas et de sauter dans le Vide. Le sens de l’ego de l’individu interprétera nécessairement sa propre négation comme un vide, ce qu’il n’est pas, où il ne peut se rendre. Veuillez noter que ce qui suit est très rationnel et très simple, mais transformateur, si véritablement compris. Il est rare de trouver quelqu’un que le concept a même effleuré et encore moins quelqu’un qui le comprend réellement. C’est le secret de la vie et de la mort et la connaissance certaine inhérente à l’Eveil : Si ‘’ceci’’, le monde des choses et des idées est vu Comme ce qui est réel, vrai, la ‘’réalité’’, Alors Cela qui est absolument et radicalement ‘’pas ceci’’ Et pour lequel il n’y a ni mots, ni idées dans ‘’ceci’’ Sera nécessairement vu comme un néant, comme irréel, comme un vide. Alors, Il peut être craint, redouté, nié. C’est seulement si ‘’ceci’’, cette soi-disant ‘’réalité’’ Est parfaitement comprise comme une illusion fictive Que ce qui n’est pas ‘’ceci’’ Sera simultanément vu comme Ce-qui-est. Le Vide n’est donc pas votre ennemi, mais votre Soi réel Et c’est la fonction du faux sentiment du moi individuel inexistant De vous le cacher. La peur et l’évitement sont vus comme étant déplacés. En fait, ils sont maintenant impossibles ; Ils disparaissent et le cœur se détourne de l’illusion de ‘’ceci’’ Et s’ouvre à Ce-qui-est, Sachant que sa véritable gloire se trouve là où elle cesse d’exister. Il y a beaucoup à dire sur le fait de mourir maintenant, de ne pas attendre que le corps meurt. Les choses pourraient alors se précipiter. Maintenant, au cœur de ce que vous prenez pour votre vie, il peut y avoir, si nécessaire, une pratique ‘’affirmative’’ d’édification et de renforcement du moi individuel jusqu’à ce qu’il soit assez fort pour subir le processus ‘’négatif’’, où il est réalisé que c’est une imposture irréelle, après tout, qu’il n’a jamais existé et alors, il est possible de le lâcher, de le laisser tomber et de le laisser mourir. Alors, il peut y avoir une libération de l’emprise de cet ego qui nous a hanté et qui nous a tourmenté toute notre vie durant avec l’appréhension de sa propre mort, car il s’avère n’être rien de réel, pas même une chose contre laquelle lutter ou à s’efforcer de vaincre. L’ego (et sa mort, dont il vous a convaincu que c’est la plus grande peur), n’est qu’un enregistrement tournant à vide que de l’extérieur, vous pensiez être un ennemi puissant et redoutable, mais désormais, la prise est enlevée et sa voix meurt. Voilà ce qu’est ‘’mourir avant de mourir’’, franchir le portail sans porte, sauter dans le Vide et parcourir l’univers seul. (Référence : David Carse, Perfect brilliant stillness beyond the individual self) Partage-pdf.webnode.fr