LA VIE EST-ELLE UNE FICTION OU UN DRAME COSMIQUE, UN DIVERTISSEMENT OU UN JEU DIVIN ? - PROF. G. VENKATARAMAN

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LA VIE EST-ELLE UNE FICTION OU UN DRAME COSMIQUE,
UN DIVERTISSEMENT OU UN JEU DIVIN ?
On dit souvent que l’univers est un théâtre et que la création est le drame cosmique de Dieu.
De plus, d’après Bhagavan Sri Sathya Sai Baba, c’est Dieu Lui-même qui revêt tous les
costumes et qui joue tous les différents rôles. A première vue, cette idée pourrait paraître un
peu tirée par les cheveux et pas facile à accepter. Quoi qu’il en soit, examinons la question.
Le Prof. G. Venkataraman,
physicien et ancien vice-recteur de l’Université Sri Sathya Sai
Considérons d’abord la création et l’évolution
subséquente de l’univers d’un point de vue purement
scientifique. Présentement, l’opinion qui est
largement acceptée, c’est que l’univers provient de
ce que l’on appelle le ‘’Big Bang’’, qui s’est produit,
il y a quinze à vingt milliards d’années. L’espace et
le temps apparurent au moment du Big Bang et par la
suite, l’univers s’est déployé. Dans cet espace est
apparue de la matière primaire composée d’électrons,
de protons, de neutrons, etc. Les neutrons, les
protons et les électrons se formèrent dans les
quelques secondes après le Big Bang, mais il fallut
beaucoup plus longtemps, environ 300 000 ans avant
que les atomes, comme nous les connaissons, ne
commencent à se former. Une grande quantité
d’hydrogène et d’hélium primitifs s’est constituée dans l’univers et quasiment tous les objets
que nous voyons dans l’univers aujourd’hui (y compris nous-mêmes) sont fondamentalement
issus de cet hydrogène et de cet hélium primitifs.
Depuis la théorie d’Einstein, nous savons que la matière ne peut provenir que de l’énergie. Il
s’ensuit qu’au moment du Big Bang, il y avait un gisement énergétique initial suffisant pour
lancer le processus de la formation de la matière dans l’univers. Soit dit en passant, ce
gisement initial était phénoménal ! Tout ce qui a été succinctement mentionné ici a été
expliqué clairement dans le détail par la science et a été corroboré par des constatations
expérimentales indiscutables. Mais une question dont la science ne parle pas, c’est d’où vient
ce gisement d’énergie initial ?
Tournons-nous maintenant vers le Védanta ou l’ancienne sagesse spirituelle conservée dans
les Védas à laquelle Baba se réfère si souvent. A l’inverse de la science, le Védanta est avare
en détails techniques, mais bien qu’il ne fournisse qu’une vue d’ensemble de la création et de
l’évolution, il intègre quelques détails essentiels qui manquent au tableau peint par la science.
Les plus importants de ceux-ci sont : ‘’Pourquoi y a-t-il un univers ? Pourquoi existe-t-il ?’’
Ces questions sont hors de portée de la science et à juste titre. Pour la réponse, tournons-nous
vers Swami. Il dit :
‘’Il n’y avait personne pour connaître qui Je suis jusqu’à ce que Je crée le monde pour Mon
plaisir avec un mot. Immédiatement, les montagnes surgirent et les rivières se mirent à couler.
La Terre, en dessous, les cieux, au-dessus, les océans, les mers, les terres, les lignes de
partage des eaux, le soleil, la lune et les déserts apparurent de nulle part afin de prouver Mon
existence. Toutes les formes apparurent : les êtres humains, les animaux et les oiseaux qui
volent. La parole, l’audition et tous les pouvoirs leur furent octroyés, conformément à Mes
ordres. La première place fut attribuée à l’homme et Ma connaissance fut placée dans l’esprit
de l’homme.’’
La création dans toute sa splendeur et dans toute sa diversité
Essayons de comprendre ceci à l’aide d’une analogie. Nous savons que la vapeur d’eau qui est
partout présente peut se manifester en différents endroits sous des formes visibles variées,
comme l’eau de pluie, l’eau d’un lac, les icebergs, etc. Similairement, Dieu se manifeste dans
l’univers physique sous diverses formes en se basant sur Son double aspect de Conscience
(Siva) et dEnergie (Sakti). Puisque Dieu, qui incarne ce double aspect de la Conscience et de
l’Energie est amour, chaque entité de la création est aussi fondée sur l’amour. Donc, il existe
une force d’amour ordonnée par le divin qui existe entre toutes les entités de la création, dont
la différence apparente est purement superficielle. (Par la même occasion, c’est cette force
divine d’amour qui attire irrésistiblement les dévots vers Baba.) En d’autres mots, Dieu a créé
l’univers sous la forme d’un théâtre où les diverses entités peuvent visiblement exprimer leur
amour l’une pour l’autre. Ces différentes entités ne sont que Dieu Lui-même jouant les
différents rôles !
Beaucoup de questions apparaissent ici, dont l’une d’elles est : ‘’Il est compréhensible de dire
qu’un être vivant a une conscience, mais une pierre a-t-elle une conscience ?’’ La réponse du
Védanta, c’est qu’une pierre a une conscience. Et la fameuse histoire des saris qui pleurent
mentionnée par Hislop
1
prouve précisément ce point, à savoir que des objets dits inanimés
possèdent une conscience, dans une certaine mesure.
Une nouvelle question apparaît maintenant : ‘’Dans ce cas-là, quelle est la différence entre
une pierre et une personne vivante ? Il doit y avoir une différence énorme !’’ Effectivement et
elle se situe dans le ‘’quantum’’ d’énergie de conscience (la conscience peut également être
considérée comme une forme d’énergie divine) et dans le ‘’type’’ d’énergie de conscience. La
‘’quantité’’ et la ‘’qualité’’ sont telles que l’entité animée a un sentiment de conscience d’elle-
même évident. Nous pouvons voir qu’un être vivant est conscient de son existence. Par
exemple, si un chat s’approche d’un rat, ce dernier prend la fuite. C’est parce qu’il sait qu’il
existe et il veut protéger son existence. Cette faculté de conscience de soi s’associe à ce que
l’on appelle le Prana
2
Baba y fait souvent référence. C’est ce Prana qui part, quand une
personne meurt. Ensuite, ce qui reste comme conscience dans le cadavre, c’est le simple type
de conscience ‘’inerte’’ qui est présente dans tous les atomes.
Dans le tableau précédemment décrit, l’apparition
de la vie via un processus d’évolution ressemble à
un réacteur nucléaire qui devient critique et qui
commence à produire lui-même de l’énergie, quand
il y a une quantité critique d’uranium à l’intérieur.
Suivant les termes de cette analogie, la mort
survient, quand l’énergie de la conscience devient
sous-critique à la suite de la sortie du Prana. D’une
manière similaire, pendant les premières semaines,
le fœtus qui grandit dans la matrice n’est qu’une
masse de chair mais, comme Baba l’a signalé,
quand le Prana pénètre dans le fœtus (aux
alentours du quatrième mois), il devient une entité
vivante, qui a sa propre conscience distinctive la
‘’masse de chair’’ atteint à présent le seuil critique,
pour utiliser la terminologie du réacteur.
Pour comprendre comment ceci est relié au drame
cosmique, il nous faut d’abord apprécier comment
l’univers est intrinsèquement divers. Donc,
superficiellement, les entités qui constituent l’univers semblent toutes très différentes. En
réalité, on ne peut même pas trouver deux brins d’herbe qui soient identiques. Cependant,
derrière toute cette diversité stupéfiante, il existe une unité sous-jacente. C’est pour attirer
notre attention sur cette nature de la création au double aspect que Baba nous rappelle
souvent : ‘’Il y a beaucoup d’ampoules, mais un courant électrique.’’ Et effectivement, dans
un bâtiment éclairé, on peut voir beaucoup d’ampoules différentes, de couleurs différentes et
d’intensités différentes, mais toutes brillent à partir du même courant qui les traverse.
1
Pour les détails de l’histoire, on peut consulter l’excellent livre du Dr John S. Hislop, Mon Baba et moi.
2
Force vitale, souffle vital
Similairement, bien que nous puissions voir des étoiles, des planètes, des montagnes, des
éléphants, des tigres, des serpents, des plantes et des humains de toutes les formes et de toutes
les couleurs, tous sont des incarnations d’un seul Dieu qui portent en elles l’étincelle divine.
C’est ‘’l’unité dans la diversité’’ vers laquelle Baba dirige notre attention.
Dieu joue tous les rôles dans ce drame, celui du bon comme celui du méchant. Ceci pourrait
en déconcerter plus d’un et nous pourrions nous demander : ‘’Mais pourquoi diable, Dieu fait-
il ceci ?’’ Avant de considérer cela, rappelons-nous que les petits enfants qui jouent tout seuls
font souvent cela. Ils se parlent en jouant de nombreux rôles ! Dieu est pareil à un enfant et Il
fait ceci pour s’amuser et pour exprimer Son amour pour Lui-même (via Ses formes variées).
C’est pourquoi les anciens en Inde parlaient de la création comme de la Leela ou du
divertissement de Dieu. En jouant ce jeu, Dieu peut s’aimer à travers Ses formes multiples.
Certains objecteront : ‘’Ecoutez ! C’est tout à
fait faux ! Dans ce monde, il y a plus de
haine que d’amour. Il y a quelque chose
d’erroné dans cette hypothèse !’’ Examinons
donc les choses plus en profondeur. Le
drame de Dieu n’est pas quelque chose de
simpliste, mais de plutôt complexe. Un
dramaturge créatif écrirait-il quelque chose
de naïf où rien ne se passe réellement ? Non !
Similairement, Dieu a écrit cette pièce et Il
l’a savamment épicée. Il y a mis des ‘’bons’’
et des ‘’mauvais’’ selon un savant dosage et
Il a fait osciller le pendule, pour ainsi dire.
Parfois, le pendule oscille vers le mal et
parfois, il oscille vers le bien. En fait, pour
que le pendule oscille vers le bien, Dieu doit
parfois apparaître personnellement sous la
forme d’un Avatar !
En bref, tout l’univers est l’œuvre de Dieu
pour Dieu et par Dieu ! C’est la raison pour
laquelle Baba nous dit souvent : ‘’Vous êtes
Dieu !’’ Dans ce cas-, pourquoi ne nous
conduisons-nous pas comme Dieu le ferait ?
C’est parce que nous avons oublié notre vraie
nature et c’est précisément pourquoi Swami
nous dit souvent de nous demander : ‘’QUI
SUIS-JE ?’’ Un homme qui ne sait pas qu’il
est Dieu est comme un acteur qui s’est perdu
dans son rôle et qui a oublié sa véritable
identité. Mais celui qui connaît son identité
réelle est non seulement conscient qu’il est Dieu, mais que toute autre personne qu’il voit est
également Dieu.
C’est ainsi que la vie nous rappelle souvent que la vie est un drame pour que nous
commencions à voir Dieu en tout. Dans un acte d’une extrême bonté, Baba a enseigné cette
leçon à Hislop d’une manière tout à fait unique. Je laisse la parole à Hislop :
‘’Après avoir fréquenté
Prasanthi Nilayam pendant
plus ou moins trois ans, en
rentrant en Amérique et en
descendant de l’avion, j’avais
l’impression que la tête et
que les épaules de Swami
étaient superposés aux
miennes. C’était mon
impression. J’étais conscient
de Ses cheveux. Alors, j’ai
dit : ‘’Eh bien, bienvenue en
Amérique, Swami !’’ Ce
sentiment a perduré pendant
trois ans. Où que j’aille,
Swami se trouvait dans la
pièce. Quand je parlais à des
gens au centre Sai, Swami se
tenait derrière chaque personne dans la pièce ! Derrière chaque personne, il y avait la tête de
Swami. Si je regardais le mur, il y avait une rangée de Swamis le long du mur. Cette vision a
fini par disparaître et j’ai dit à Swami : ‘’Swami, ce phénomène a disparu, maintenant !’’
Swami a dit : ‘’Hislop, ne sais-tu pas que tous les phénomènes ont une fin ?’’, et Il a ajouté :
‘’Tu as obtenu cette vision de Swami sans le moindre effort de ta part. Dorénavant, tu dois
délibérément voir Swami, où que tu regardes !’’ Et c’est ce que je fais.
Il pourrait y avoir un doute lié à cela : ‘’OK, Dieu est dans tout, mais qu’en est-il du mal
manifeste que l’on voit partout ? Comment agit-on par rapport à cela ?’’ La réponse est :
‘’Tout comme dans une pièce, deux personnes jouent respectivement le rôle du bon et du
méchant, mais sans qu’aucune d’elle ne soit mauvaise. Néanmoins, dans la pièce, l’une agit
comme le méchant et l’autre paraît s’occuper du méchant avec fermeté. Mais dans tout ceci, il
n’y a ni haine ni colère.’’ En d’autres termes, nous jouons nos rôles, comme nous y sommes
appelés, mais sans malveillance, ni colère, ni haine.
Dans le même esprit, nous parcourons la vie, comme des administrateurs de Dieu, c’est-à-dire
que rien de ce que nous semblons posséder n’est réellement à nous, que ce soient nos biens,
notre intelligence ou même notre force physique. Toute forme de richesse appartient à Dieu et
une part de celle-ci a été confiée à notre garde. Donc, si une personne est riche, elle ne pense
pas que l’argent dont elle dispose lui appartient, elle le considère comme étant l’argent de
Dieu qui lui a été confié et elle dépense cet argent comme Dieu voudrait qu’elle le fasse.
Similairement, si une personne est très intelligente, elle utilise cette intelligence pour servir
l’humanité.
Petite clarification supplémentaire : celle du lien entre la vision de la création, telle qu’elle est
présentée par la science et telle qu’elle est présentée par le Védanta. Cette relation est
indiquée dans le diagramme suivant :
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