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LA VIE EST-ELLE UNE FICTION OU UN DRAME COSMIQUE, UN DIVERTISSEMENT OU UN JEU DIVIN ? - PROF. G. VENKATARAMAN

LA VIE EST-ELLE UNE FICTION OU UN DRAME COSMIQUE,
UN DIVERTISSEMENT OU UN JEU DIVIN ?
On dit souvent que l’univers est un théâtre et que la création est le drame cosmique de Dieu.
De plus, d’après Bhagavan Sri Sathya Sai Baba, c’est Dieu Lui-même qui revêt tous les
costumes et qui joue tous les différents rôles. A première vue, cette idée pourrait paraître un
peu tirée par les cheveux et pas facile à accepter. Quoi qu’il en soit, examinons la question.
Le Prof. G. Venkataraman,
physicien et ancien vice-recteur de l’Université Sri Sathya Sai
Considérons d’abord la création et l’évolution
subséquente de l’univers d’un point de vue purement
scientifique. Présentement, l’opinion qui est
largement acceptée, c’est que l’univers provient de
ce que l’on appelle le ‘’Big Bang’’, qui s’est produit,
il y a quinze à vingt milliards d’années. L’espace et
le temps apparurent au moment du Big Bang et par la
suite, l’univers s’est déployé. Dans cet espace est
apparue de la matière primaire composée d’électrons,
de protons, de neutrons, etc. Les neutrons, les
protons et les électrons se formèrent dans les
quelques secondes après le Big Bang, mais il fallut
beaucoup plus longtemps, environ 300 000 ans avant
que les atomes, comme nous les connaissons, ne
commencent à se former. Une grande quantité
d’hydrogène et d’hélium primitifs s’est constituée dans l’univers et quasiment tous les objets
que nous voyons dans l’univers aujourd’hui (y compris nous-mêmes) sont fondamentalement
issus de cet hydrogène et de cet hélium primitifs.
Depuis la théorie d’Einstein, nous savons que la matière ne peut provenir que de l’énergie. Il
s’ensuit qu’au moment du Big Bang, il y avait un gisement énergétique initial suffisant pour
lancer le processus de la formation de la matière dans l’univers. Soit dit en passant, ce
gisement initial était phénoménal ! Tout ce qui a été succinctement mentionné ici a été
expliqué clairement dans le détail par la science et a été corroboré par des constatations
expérimentales indiscutables. Mais une question dont la science ne parle pas, c’est d’où vient
ce gisement d’énergie initial ?
Tournons-nous maintenant vers le Védanta ou l’ancienne sagesse spirituelle conservée dans
les Védas à laquelle Baba se réfère si souvent. A l’inverse de la science, le Védanta est avare
en détails techniques, mais bien qu’il ne fournisse qu’une vue d’ensemble de la création et de
l’évolution, il intègre quelques détails essentiels qui manquent au tableau peint par la science.
Les plus importants de ceux-ci sont : ‘’Pourquoi y a-t-il un univers ? Pourquoi existe-t-il ?’’
Ces questions sont hors de portée de la science et à juste titre. Pour la réponse, tournons-nous
vers Swami. Il dit :
‘’Il n’y avait personne pour connaître qui Je suis jusqu’à ce que Je crée le monde pour Mon
plaisir avec un mot. Immédiatement, les montagnes surgirent et les rivières se mirent à couler.
La Terre, en dessous, les cieux, au-dessus, les océans, les mers, les terres, les lignes de
partage des eaux, le soleil, la lune et les déserts apparurent de nulle part afin de prouver Mon
existence. Toutes les formes apparurent : les êtres humains, les animaux et les oiseaux qui
volent. La parole, l’audition et tous les pouvoirs leur furent octroyés, conformément à Mes
ordres. La première place fut attribuée à l’homme et Ma connaissance fut placée dans l’esprit
de l’homme.’’
La création dans toute sa splendeur et dans toute sa diversité
Essayons de comprendre ceci à l’aide d’une analogie. Nous savons que la vapeur d’eau qui est
partout présente peut se manifester en différents endroits sous des formes visibles variées,
comme l’eau de pluie, l’eau d’un lac, les icebergs, etc. Similairement, Dieu se manifeste dans
l’univers physique sous diverses formes en se basant sur Son double aspect de Conscience
(Siva) et d’Energie (Sakti). Puisque Dieu, qui incarne ce double aspect de la Conscience et de
l’Energie est amour, chaque entité de la création est aussi fondée sur l’amour. Donc, il existe
une force d’amour ordonnée par le divin qui existe entre toutes les entités de la création, dont
la différence apparente est purement superficielle. (Par la même occasion, c’est cette force
divine d’amour qui attire irrésistiblement les dévots vers Baba.) En d’autres mots, Dieu a créé
l’univers sous la forme d’un théâtre où les diverses entités peuvent visiblement exprimer leur
amour l’une pour l’autre. Ces différentes entités ne sont que Dieu Lui-même jouant les
différents rôles !
Beaucoup de questions apparaissent ici, dont l’une d’elles est : ‘’Il est compréhensible de dire
qu’un être vivant a une conscience, mais une pierre a-t-elle une conscience ?’’ La réponse du
Védanta, c’est qu’une pierre a une conscience. Et la fameuse histoire des saris qui pleurent
mentionnée par Hislop1 prouve précisément ce point, à savoir que des objets dits inanimés
possèdent une conscience, dans une certaine mesure.
Une nouvelle question apparaît maintenant : ‘’Dans ce cas-là, quelle est la différence entre
une pierre et une personne vivante ? Il doit y avoir une différence énorme !’’ Effectivement et
elle se situe dans le ‘’quantum’’ d’énergie de conscience (la conscience peut également être
considérée comme une forme d’énergie divine) et dans le ‘’type’’ d’énergie de conscience. La
‘’quantité’’ et la ‘’qualité’’ sont telles que l’entité animée a un sentiment de conscience d’ellemême évident. Nous pouvons voir qu’un être vivant est conscient de son existence. Par
exemple, si un chat s’approche d’un rat, ce dernier prend la fuite. C’est parce qu’il sait qu’il
existe et il veut protéger son existence. Cette faculté de conscience de soi s’associe à ce que
l’on appelle le Prana2 – Baba y fait souvent référence. C’est ce Prana qui part, quand une
personne meurt. Ensuite, ce qui reste comme conscience dans le cadavre, c’est le simple type
de conscience ‘’inerte’’ qui est présente dans tous les atomes.
Dans le tableau précédemment décrit, l’apparition
de la vie via un processus d’évolution ressemble à
un réacteur nucléaire qui devient critique et qui
commence à produire lui-même de l’énergie, quand
il y a une quantité critique d’uranium à l’intérieur.
Suivant les termes de cette analogie, la mort
survient, quand l’énergie de la conscience devient
sous-critique à la suite de la sortie du Prana. D’une
manière similaire, pendant les premières semaines,
le fœtus qui grandit dans la matrice n’est qu’une
masse de chair mais, comme Baba l’a signalé,
quand le Prana pénètre dans le fœtus (aux
alentours du quatrième mois), il devient une entité
vivante, qui a sa propre conscience distinctive – la
‘’masse de chair’’ atteint à présent le seuil critique,
pour utiliser la terminologie du réacteur.
Pour comprendre comment ceci est relié au drame
cosmique, il nous faut d’abord apprécier comment
l’univers est intrinsèquement divers. Donc,
superficiellement, les entités qui constituent l’univers semblent toutes très différentes. En
réalité, on ne peut même pas trouver deux brins d’herbe qui soient identiques. Cependant,
derrière toute cette diversité stupéfiante, il existe une unité sous-jacente. C’est pour attirer
notre attention sur cette nature de la création au double aspect que Baba nous rappelle
souvent : ‘’Il y a beaucoup d’ampoules, mais un courant électrique.’’ Et effectivement, dans
un bâtiment éclairé, on peut voir beaucoup d’ampoules différentes, de couleurs différentes et
d’intensités différentes, mais toutes brillent à partir du même courant qui les traverse.
1
2
Pour les détails de l’histoire, on peut consulter l’excellent livre du Dr John S. Hislop, Mon Baba et moi.
Force vitale, souffle vital
Similairement, bien que nous puissions voir des étoiles, des planètes, des montagnes, des
éléphants, des tigres, des serpents, des plantes et des humains de toutes les formes et de toutes
les couleurs, tous sont des incarnations d’un seul Dieu qui portent en elles l’étincelle divine.
C’est ‘’l’unité dans la diversité’’ vers laquelle Baba dirige notre attention.
Dieu joue tous les rôles dans ce drame, celui du bon comme celui du méchant. Ceci pourrait
en déconcerter plus d’un et nous pourrions nous demander : ‘’Mais pourquoi diable, Dieu faitil ceci ?’’ Avant de considérer cela, rappelons-nous que les petits enfants qui jouent tout seuls
font souvent cela. Ils se parlent en jouant de nombreux rôles ! Dieu est pareil à un enfant et Il
fait ceci pour s’amuser et pour exprimer Son amour pour Lui-même (via Ses formes variées).
C’est pourquoi les anciens en Inde parlaient de la création comme de la Leela ou du
divertissement de Dieu. En jouant ce jeu, Dieu peut s’aimer à travers Ses formes multiples.
Certains objecteront : ‘’Ecoutez ! C’est tout à
fait faux ! Dans ce monde, il y a plus de
haine que d’amour. Il y a quelque chose
d’erroné dans cette hypothèse !’’ Examinons
donc les choses plus en profondeur. Le
drame de Dieu n’est pas quelque chose de
simpliste, mais de plutôt complexe. Un
dramaturge créatif écrirait-il quelque chose
de naïf où rien ne se passe réellement ? Non !
Similairement, Dieu a écrit cette pièce et Il
l’a savamment épicée. Il y a mis des ‘’bons’’
et des ‘’mauvais’’ selon un savant dosage et
Il a fait osciller le pendule, pour ainsi dire.
Parfois, le pendule oscille vers le mal et
parfois, il oscille vers le bien. En fait, pour
que le pendule oscille vers le bien, Dieu doit
parfois apparaître personnellement sous la
forme d’un Avatar !
En bref, tout l’univers est l’œuvre de Dieu
pour Dieu et par Dieu ! C’est la raison pour
laquelle Baba nous dit souvent : ‘’Vous êtes
Dieu !’’ Dans ce cas-là, pourquoi ne nous
conduisons-nous pas comme Dieu le ferait ?
C’est parce que nous avons oublié notre vraie
nature et c’est précisément pourquoi Swami
nous dit souvent de nous demander : ‘’QUI
SUIS-JE ?’’ Un homme qui ne sait pas qu’il
est Dieu est comme un acteur qui s’est perdu
dans son rôle et qui a oublié sa véritable
identité. Mais celui qui connaît son identité
réelle est non seulement conscient qu’il est Dieu, mais que toute autre personne qu’il voit est
également Dieu.
C’est ainsi que la vie nous rappelle souvent que la vie est un drame pour que nous
commencions à voir Dieu en tout. Dans un acte d’une extrême bonté, Baba a enseigné cette
leçon à Hislop d’une manière tout à fait unique. Je laisse la parole à Hislop :
‘’Après avoir fréquenté
Prasanthi Nilayam pendant
plus ou moins trois ans, en
rentrant en Amérique et en
descendant de l’avion, j’avais
l’impression que la tête et
que les épaules de Swami
étaient superposés aux
miennes. C’était mon
impression. J’étais conscient
de Ses cheveux. Alors, j’ai
dit : ‘’Eh bien, bienvenue en
Amérique, Swami !’’ Ce
sentiment a perduré pendant
trois ans. Où que j’aille,
Swami se trouvait dans la
pièce. Quand je parlais à des
gens au centre Sai, Swami se
tenait derrière chaque personne dans la pièce ! Derrière chaque personne, il y avait la tête de
Swami. Si je regardais le mur, il y avait une rangée de Swamis le long du mur. Cette vision a
fini par disparaître et j’ai dit à Swami : ‘’Swami, ce phénomène a disparu, maintenant !’’
Swami a dit : ‘’Hislop, ne sais-tu pas que tous les phénomènes ont une fin ?’’, et Il a ajouté :
‘’Tu as obtenu cette vision de Swami sans le moindre effort de ta part. Dorénavant, tu dois
délibérément voir Swami, où que tu regardes !’’ Et c’est ce que je fais.
Il pourrait y avoir un doute lié à cela : ‘’OK, Dieu est dans tout, mais qu’en est-il du mal
manifeste que l’on voit partout ? Comment agit-on par rapport à cela ?’’ La réponse est :
‘’Tout comme dans une pièce, deux personnes jouent respectivement le rôle du bon et du
méchant, mais sans qu’aucune d’elle ne soit mauvaise. Néanmoins, dans la pièce, l’une agit
comme le méchant et l’autre paraît s’occuper du méchant avec fermeté. Mais dans tout ceci, il
n’y a ni haine ni colère.’’ En d’autres termes, nous jouons nos rôles, comme nous y sommes
appelés, mais sans malveillance, ni colère, ni haine.
Dans le même esprit, nous parcourons la vie, comme des administrateurs de Dieu, c’est-à-dire
que rien de ce que nous semblons posséder n’est réellement à nous, que ce soient nos biens,
notre intelligence ou même notre force physique. Toute forme de richesse appartient à Dieu et
une part de celle-ci a été confiée à notre garde. Donc, si une personne est riche, elle ne pense
pas que l’argent dont elle dispose lui appartient, elle le considère comme étant l’argent de
Dieu qui lui a été confié et elle dépense cet argent comme Dieu voudrait qu’elle le fasse.
Similairement, si une personne est très intelligente, elle utilise cette intelligence pour servir
l’humanité.
Petite clarification supplémentaire : celle du lien entre la vision de la création, telle qu’elle est
présentée par la science et telle qu’elle est présentée par le Védanta. Cette relation est
indiquée dans le diagramme suivant :
D’après ce diagramme, nous pouvons constater les faits suivants :
1. La science propose une bonne image détaillée de ce qui s’est passé après le Big Bang,
mais elle n’explique pas pourquoi le Big Bang s’est produit, ni la provenance du
gisement initial d’énergie physique.
2. Le Védanta, lui, dit que Dieu a voulu la création, à la suite de quoi l’énergie de la
Conscience a filtré à travers différentes couches jusqu’au niveau physique pour fournir
le gisement initial d’énergie nécessaire pour que le Big Bang ait lieu.
3. La science peut décrire l’évolution de la matière grossière depuis le Big Bang, mais
elle ne peut que spéculer sur l’origine de la vie.
4. Même si la science peut expliquer comment la première molécule vivante a jailli de la
soupe primordiale qui remplissait la Terre, il y a quatre milliards d’années, elle est
incapable d’expliquer l’épanouissement de la conscience en l’homme.
5. Le Védanta déclare, lui, que l’évolution des espèces vivantes s’est déroulée sur un
arrière-plan de Conscience prévalente, qui remplissait tout l’univers depuis le
commencement. Plus de conscience fut mise dans les espèces supérieures, pour ainsi
dire, en franchissant le ‘’seuil critique’’ avec l’homme, ce qui lui fournit la capacité de
réaliser qu’il est Dieu. Lorsqu’une personne réalise qu’elle est Dieu, elle quitte
définitivement la scène, tandis que les autres poursuivent leur évolution. Et la pièce de
théâtre cosmique continue, avec le pendule de la fortune qui oscille tout le temps entre
le Dharma et l’Adharma, entre la justice et l’injustice.
Remarques complémentaires
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Les poètes ont décrit le monde comme une scène et la vie comme un drame, mais
généralement, nous balayons tout cela comme n’étant qu’une belle métaphore. Au
contraire, l’univers est une scène divine, un théâtre divin et la vie est une partie
intégrante du drame cosmique.
Chaque drame ou chaque pièce doit avoir un auteur, un metteur en scène et bien
entendu des acteurs, etc. Dans le drame cosmique, Dieu joue tous les rôles !
Scène du Mahabharata : l’homme ignorant dans sa lutte éternelle entre le bien et le mal, interprétée par des
étudiants de l’Université Sri Sathya Sai à l’occasion d’une fête, à Prasanthi Nilayam
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3
C’est un divertissement du Seigneur, un peu comme les jeux auxquels les petits
enfants jouent parfois, lorsqu’ils se livrent tout seuls à des comédies parfois élaborées
et complexes. C’est pourquoi ce divertissement particulier est appelé Leela de Dieu.
Pourquoi Dieu fait-Il cela ? Nous ne pouvons pas vraiment le dire, mais Swami nous a
donné un indice. Dieu joue à ce jeu pour que Ses différents aspects, qui se manifestent
comme des entités différentes dans la création, puissent se témoigner de l’amour.
C’est pour ainsi dire un jeu d’amour où Dieu, sous une forme particulière, témoigne à
une autre forme particulière Son amour.
Nous les mortels, nous n’arrivons pas à voir ni à comprendre ceci. Nous sommes
tellement pris par les apparences que nous ne voyons que les différences extérieures
sans reconnaître l’unité intérieure. C’est pourquoi Swami n’a de cesse de nous répéter :
‘’Rappelez-vous que si vous maltraitez quelqu’un d’autre, c’est réellement Dieu que
vous maltraitez !’’ De même, quand Ses étudiants partaient servir dans les villages, Il
leur disait : ‘’Ne pensez pas que vous servez les autres ; en réalité, c’est vous-même
que vous servez !’’ C’est juste une autre manière de dire que le même Dieu réside en
tous.
Si Dieu est vraiment l’essence de tous les êtres, comment se fait-il que nous ne Le
voyons pas et que nous ne percevons que la différence ? C’est dû au jeu des gunas3, un
aspect important de Prakriti ou de la nature. Mais essentiellement, nous sommes tous
des étincelles du divin.
La science admet aussi que toutes les entités de la création sont constituées à partir
des mêmes blocs de construction et que dans ce sens là au moins, il y a un fil unitaire
qui parcourt tout l’univers. Le tigre, la montagne et les planètes sont tous tellement
différents. Néanmoins, ils sont tous composés de molécules et toutes ces molécules
sont composées d’atomes d’hydrogène, de carbone, d’azote, d’oxygène, etc. De plus,
on peut faire remonter tous ces atomes jusqu’au Big Bang ! Ainsi, même selon la
science, l’un est devenu le multiple.
Ce n’est pas tout. Une plante possède la vie, un poisson aussi, de même qu’une fourmi,
une baleine, un éléphant, un homme…Bien que superficiellement, toutes ces espèces
soient très différentes les unes des autres, l’essence du principe vital est la même en
toutes. Une fois encore, il y a un fil connecteur commun.
Chacun des trois modes essentiels d’énergie, chacune des trois qualités premières qui forment la nature des
choses et qui déterminent le comportement des êtres (tamas, l’inertie, l’apathie, la stupidité ; rajas, la passion, le
dynamisme, l’ambition ; sattva, la pureté, l’harmonie, l’équilibre, la sagesse)

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4
Cependant, la science ne peut fournir aucune explication quant à la raison pour
laquelle un tel fil existe ni sa cause. Pour cela, il faut nécessairement se tourner vers la
spiritualité.
Dans l’Inde ancienne, les gens croyaient qu’alors que le principe essentiel reflétait le
courant sous-jacent divin, la diversité extérieure était imposée par la nature pour
permettre le drame cosmique. Après tout, peut-il y avoir une pièce avec une seule
personne sans autres personnages ?
Donc, les anciens Indiens acceptaient la diversité dans la vie quotidienne, mais dans le
même temps, ils n’oubliaient jamais le fil unitaire cosmique sous-jacent, le courant
sous-jacent divin. Ils ne nuisaient donc jamais délibérément à une autre espèce,
déclarant toujours : ‘’Cet être est lui aussi un Jiva4, c’est-à-dire que l’autre entité
contenait elle aussi le même principe vital divin.
En résumé :
Tout, dans l’univers physique, a jailli de la ‘’soupe cosmique’’ primitive qui est
apparue au moment du Big Bang.
La diversité de la nature est due au jeu des gunas.
Néanmoins, le principe essentiel est le même.
Particulièrement pour les espèces vivantes, l’Atma se manifeste aussi comme le
principe vital.
Dans la vie, il nous faut avoir une approche équilibrée en ayant connaissance du
principe essentiel et de la diversité extérieure,
simultanément.
Dans ce contexte, il est utile de garder à l’esprit
ce que le sage Ramakrishna disait à ses
disciples : ‘’Il est dit que le tigre est aussi Dieu,
mais il est pratique de conserver une distance
respectable entre vous et lui, spécialement à
l’heure du dîner !’’
Fort bien, mais quelle est l’implication pratique
de dire que tout ce qui arrive dans l’univers fait
partie du drame cosmique ? Qu’est-ce que cela
signifie, réellement ?
Pour comprendre ceci, imaginons qu’une
compagnie théâtrale mette en scène la pièce de
Shakespeare, Jules César. La pièce reprend des
personnages tels que César, qui est poignardé à
mort, Brutus qui participe à l’assassinat et
Cassius, qui échafaude le complot. Il y a aussi
Marc Antoine, l’ami de César, qui veut venger la mort de son empereur. D’après le
scénario de la pièce, Cassius hait César et dans le drame, il prononce des paroles qui
transmettent sa haine. Et d’après le scénario, Brutus poignarde César. Mais que se
passe-t-il réellement, quand on joue la pièce ? L’homme qui joue le rôle de Cassius
crache son venin, lorsqu’il dit ses répliques, mais il ne hait absolument pas l’homme
qui joue César. De même, Brutus n’a aucune haine et il semble seulement poignarder
César. En fait, quand le rideau est tombé, il est très probable que tous ces acteurs qui
agissaient comme s’ils étaient ennemis prennent tranquillement une tasse de café
ensemble ! C’est la leçon qu’il faut transposer dans la vie.
Une âme individuelle
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5
La vie de Lincoln fournit un exemple. Il a dû
faire la guerre aux Etats conférés, mais il l’a
fait sans malveillance, ni haine. Gandhi a
combattu l’impérialisme britannique, mais il
ne nourrissait aucune haine envers le peuple
britannique. Ces exemples nous enseignent à
parcourir la vie tout en jouant nos rôles de
manière routinière, mais avec une attitude
extraordinaire dépourvue de colère, de
méchanceté, de jalousie, de haine, d’avidité, de
cupidité, etc.
Certains doutes peuvent surgir : ‘’Comment
pouvons-nous prendre tout cela au sérieux ?
Qu’en est-il de la protection de mon honneur ?
Que faire si on m’insulte ?’’ Eh bien, en ce qui
concerne toutes ces questions, on doit agir
d’une manière avisée, endéans certaines
limites, bien entendu, mais dans l’esprit mentionné. Par exemple, même Gandhi était
d’accord sur le fait que l’autodéfense était une chose acceptable, à condition que la vie
de la personne soit menacée. Tout le monde ne peut pas être comme un Jnani (un sage
réalisé), qui est toujours prêt à tendre l’autre joue ou même à renoncer à la vie sans
broncher. Mais tout ceci doit se faire dans l’esprit du drame cosmique.
On pourrait encore argumenter : ‘’Mais tout cela est si déroutant ! Qu’est-ce que j’ai à
y gagner ? Pourquoi donc vivre sa vie, comme si c’était un drame cosmique ?’’ La
réponse est que la vie EST un drame cosmique, que nous le voulions ou non ! Une fois
que nous l’aurons réalisé, nous pourrons vivre notre vie en voyant tout le monde
comme ‘’Dieu déguisé’’ – c’est l’idée réelle. Une fois que l’on voit Dieu dans chaque
être, y compris les formes de vie inférieures, on est arrivé ! Finalement, lorsqu’il se
dépouille de son corps, l’individu se fond dans le divin et le voyage est enfin terminé !
Le but de la vie est pleinement réalisé.
En bref, comprendre que la vie est un drame cosmique est un élément important du but
de la vie.
On pourrait encore argumenter : ‘’C’est une chose de déclarer théoriquement que la
vie est un drame, mais c’est tout autre chose de la vivre réellement de cette manière. Y
a-t-il des prescriptions claires pour tout ceci ?’’
Il y en a et c’est là où le principe d’être un administrateur, que Gandhi prônait
vivement s’applique. L’idée n’est pas neuve du tout et fait partie de l’ancien héritage
indien. L’idée est simplement que chacun, quel que soit son statut dans la vie, est un
employé de Dieu, en ce qui concerne le travail, et un administrateur de Dieu, en ce qui
concerne les ressources.
En ce qui concerne l’idée d’être un administrateur, nous pouvons prendre l’exemple
du roi. Bien que du point de vue du monde, on lève les yeux vers lui, le roi, pour sa
part, doit ressentir qu’il est un serviteur de Dieu. Ce n’est pas aussi absurde que cela
en a l’air. En Inde, les fonctionnaires du gouvernement sont supposés être des ‘’public
servants’’ (serviteurs du public, littéralement). En ce sens, le Président n’est pas
seulement le premier citoyen, mais il est en réalité le premier serviteur. Il y a de
nombreuses années, Baba a déclaré lors d’une conférence qui s’adressait aux sevadals5
qu’Il était le premier sevadal !
Volontaires, bénévoles de l’Organisation Sri Sathya Sai
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Si chacun, chacune ressentait
qu’il ou elle est un serviteur ou
une servante de Dieu, qui fait son
travail pour et au nom de Dieu (et
d’une manière diligente et qui
plaise vraiment à Dieu !), alors la
moitié des problèmes du monde
seraient immédiatement résolus.
 L’autre partie, l’administration, a
trait à l’abandon du sentiment de
propriété, de possession. Cela
commence avec les enfants. On
vit sa vie dans l’attitude que l’on
est en fait un parent adoptif, qui
veille sur un enfant de Dieu, qui
nous est confié et que l’on gère.
Kasturi6 décrit comment ses
parents l’ont conduit dans un
temple de Siva, lorsqu’il était petit
bébé et après avoir remercié le Seigneur, ils promirent solennellement d’accomplir
leurs devoirs de parents adoptifs.
Dans cet esprit, tout est la propriété de Dieu – la santé, la richesse, les connaissances,
les biens matériels, etc. Nous sommes de simples administrateurs et nous utilisons
telle ressource particulière pour et au nom de Dieu.
A une certaine époque, ce concept d’être un administrateur était largement prévalent
dans la société indienne. Il est possible que des sociétés entières ne puissent plus
revenir à une telle attitude actuellement, mais il est certain que des chercheurs
individuels peuvent très bien adopter une telle attitude. Ils le doivent, en fait, et c’est à
ce moment-là que jouer adéquatement son rôle dans le drame cosmique devient facile.
Par exemple, il est possible que dans une pièce, un homme doive porter un costume
coûteux. Il ne le porte pas en croyant qu’il lui appartient ; il sait qu’une fois que le
rideau est tombé, il doit le rendre au département des accessoires ! De même, un
homme qui joue le rôle d’un roi se contente de jouer son rôle et il ne se pavane pas
derrière la scène comme un monarque !
En résumé, avec la bonne attitude, vivre sa vie dans l’esprit d’être un acteur du drame
cosmique n’est pas une tâche impossible.
Points à méditer

6
Nous venons d’analyser le concept d’être un administrateur, un gestionnaire.
Fondamentalement, cela revient à cultiver le sentiment que l’on n’est propriétaire de
rien, pas même de son corps ! Tout appartient à Dieu et est utilisé pour et au nom de
Dieu. Et même manger doit être considéré comme un acte destiné à soutenir le corps
qui est un instrument de Dieu.
Le premier biographe officiel de Sri Sathya Sai Baba


Cette dernière remarque peut sembler
incongrue, mais il y a cette histoire qui
souligne l’idée. Les Gopikas, les jeunes
villageoises qui vivaient à Brindavan à
l’époque de Krishna, voulurent une fois
traverser la Yamuna, mais la rivière était en
crue et il n’y avait pas de bateau en vue.
Comment traverser ? Et juste alors, le sage
Vyasa passait par là. Les Gopikas firent
appel à Vyasa : ‘’Ô vénérable sage ! Aidenous, s’il te plaît, à traverser !’’ Le sage y
consentit, mais à une condition. Il leur dit : ‘’Vous devez toutes me donner un peu du
beurre frais que vous transportez.’’ Les filles acceptèrent et lui donnèrent un peu de
leur beurre. Le sage mangea le tout avec un plaisir évident. Après s’être essuyé les
mains, il s’approcha de la rivière et il dit : ‘’Ô Mère Yamuna, s’il est vrai que j’ai
jeûné aujourd’hui, alors arrête le cours de l’eau, s’il te plaît, pour que nous puissions
tous facilement traverser de l’autre côté.’’ Et chose incroyable, les eaux se calmèrent
immédiatement et tout le monde put traverser la rivière sans aucune difficulté. De
l’autre côté, les Gopikas remercièrent profusément Vyasa et dirent : ‘’Ô sage,
pourquoi as-tu dit à Mère Yamuna que tu avais jeûné après avoir mangé tout ce
beurre ? Et il semble qu’elle t’ait cru ! Quel est le mystère derrière tout ceci ?’’ Avec
un sourire, Vyasa répondit : ‘’Ô jeunes dames ! Vous pensiez toutes que c’était moi
qui festoyais ! Ce n’est pas le cas. Aujourd’hui, j’observe le jeûne. Mais, j’ai
simplement mis tout ce beurre dans ma bouche pour l’envoyer à Krishna. C’est Lui
qui a réellement mangé tout ce beurre !’’ Tout ceci peut sembler très difficile à avaler
pour nous en cette ère endurcie, mais telle était la grandeur de leur foi à l’époque. Cet
exemple est une illustration de la manière dont un administrateur agit.
La question traditionnelle, à présent: ‘’Comment expliqueriez-vous ce concept
important, mais difficile du drame cosmique aux enfants ?’’ Réfléchissez-y.
Observations de Swami concernant le drame cosmique

7
Tous les êtres vivants sont des acteurs sur la scène du monde. Ils font leur sortie,
quand le rideau est baissé ou quand leur rôle est terminé. Sur cette scène, l’un pourra
jouer le rôle d’un voleur, un autre sera roi, un troisième pourra être clown et un autre,
mendiant. Pour tous les personnages de la pièce, il y a Quelqu’un qui fournit les
répliques. Ici, certains points doivent être bien compris. Le souffleur, dans une pièce,
ne viendra pas sur la scène pour donner les répliques à la vue de tous. Si c’était le cas,
la pièce perdrait de son intérêt. Par conséquent, caché derrière un écran à l’arrière de la
scène, il donne les répliques à tous les acteurs, quel que soit leur rôle, que ce soit un
dialogue, un discours ou une chanson, si quelqu’un a besoin d’une aide. Similairement,
le Seigneur se cache derrière la scène de Prakriti7 et Il fournit les répliques à tous les
acteurs pour leurs divers rôles. Donc, chaque acteur doit être conscient de Sa Présence
derrière l’écran de Maya8. L’acteur doit être soucieux de saisir la moindre suggestion
qu’Il pourrait donner, en Le guettant du coin de l’œil, les oreilles aux aguets. Au lieu
Nature, cosmos, monde objectif
L’existence phénoménale, la manifestation sous son aspect grossier, subtil et causal, la grande Enchanteresse,
l’illusion…
8

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de cela, si une personne oublie le scénario et l’histoire (c’est-à-dire le travail qu’elle
est censée faire et le devoir dont elle doit s’acquitter) et si elle néglige de faire
attention à la Présence derrière l’écran et si elle se tient simplement comme une idiote
sur la scène, le public se moquera de sa bêtise et l’accusera de gâcher le spectacle.
Ainsi, tout acteur qui doit jouer le rôle d’un homme sur la scène du monde doit
d’abord bien apprendre son texte et puis, en se souvenant du Seigneur derrière l’écran,
attendre Ses ordres. Ces deux aspects doivent recevoir l’attention qu’ils méritent.
Vous êtes simplement des acteurs sur scène et sous les feux de la rampe. Le Metteur
en scène qui connaît la pièce, qui fournit les répliques, qui vous appelle et qui vous
renvoie se trouve derrière le rideau. Vous êtes une marionnette et c’est Lui qui tire les
ficelles.
Mettez-vous à Sa disposition. Il sait. Il a écrit la pièce et Il connaît son déroulement et
sa fin. Votre rôle, c’est simplement de jouer…Priez pour bien jouer et mériter Son
appréciation.
Sri Sathya Sai Baba, entouré d’une troupe de jeunes acteurs enthousiastes
après une prestation brillante à Prasanthi Nilayam
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Agissez comme des acteurs dans une pièce, en gardant votre identité séparée et
sans trop vous attacher à votre rôle. Souvenez-vous que toute l’affaire n’est qu’une
simple pièce de théâtre et que le Seigneur vous a attribué un rôle. Jouez
correctement votre rôle. Là se termine votre devoir. Il a conçu la pièce et Il s’en
réjouit !
N’ayez pas l’impression de n’avoir qu’un petit rôle et que celui d’une autre
personne est un rôle important. Similairement, ne vous enorgueillissez pas, si vous
obtenez un rôle important. Faites de votre mieux, quel que soit le rôle. C’est ainsi
que l’on gagne Sa grâce.
Les pensées, les paroles et les actes doivent être saturés de la conviction que c’est
Sa pièce de théâtre. C’est la voie authentique.
Le monde est un théâtre. Tous les êtres humains sont des acteurs dans ce drame
mondial. Les actions sont induites par la volonté de Dieu, qui contrôle l’âme
immortelle et le corps périssable de l’homme. Nous devons jouer le jeu sans faire
preuve de faiblesse ou de timidité.
(Référence : Magazine Heart2Heart de Radio Sai Global Harmony - Décembre 2004)