« L’atelier d’épreuve est pour les enfants qui ont donné ou qui donnent encore à leurs
parents de graves inquiétudes par l’inflexibilité de leur caractère ou la violence de leur
penchant pour le mal; les uns, esprits légers et indépendants, ne veulent s’adonner à aucune
occupation sédentaire, et errent souvent sur les quais et les places publiques, exposés à tous
les désordres du vagabondage et à toutes les ruses de la filouterie. Les autres victimes d’une
semblable conduite viennent de souffrir les peines qu’on voudrait faire éviter à ceux-ci. Ce
sont de jeunes prisonniers qui, après avoir subi une réclusion plus ou moins longue, ne
trouvent aucun moyen de se placer. Cependant ils sont dignes d’un intérêt spécial par les
soins particuliers que l’on prend depuis quelque temps pour les ramener à leur devoir.
Coupables dans un âge où l’on est plus léger que méchant, plus étourdi qu’incorrigible, il
fallait ne point désespérer de leur changement; il fallait les environner de secours pour les
former au bien, » (Prospectus du Pieux-Secours de 1818)
Prière
Quelle histoire pour une brebis perdue!
Après tout, perdre une brebis quand on en possède plus de cent. Ce n’est pas une
catastrophe! Mais pour toi, Seigneur, plusieurs milliards d’être humains n’empêchent pas
chacun d’être unique à tes yeux.
Seigneur, toi qui rencontres, sans jamais te lasser, les pécheurs, les publicains, les
prostituées, les malades et les petites gens… élargis mon regard si limité, moi, qui déjà ai
du mal à reconnaître les gens de mon milieu.
Seigneur, toi, qui par ton regard, tes gestes, ta vie tout entière, révèles, à chacun, que le
Règne de l’amour s’est approché de lui, ouvre mon cœur si étroit, afin que, même perdu
dans l’anonymat des foules, aucun visage ne me soit jamais insignifiant.
Seigneur, accorde-nous le courage de faire les premiers pas pour aller à la rencontre de tous
les égarés. Égaré dans les désert de l’alcool, les déserts de la prostitution et des prisons,
égarés dans les déserts de la solitude et de l’angoisse, les déserts des pseudo-richesses ou
des mondanités, du temps perdu ou du temps gâché.
Seigneur, accorde-nous cette intime et divine conviction que toute personne est unique.
Alors nous aurons le courage de sortir de l’ombre de nos petites tours d’ivoire pour oser
rencontrer tant d’hommes, de femmes et de jeunes exclus, déçus, sceptiques ou hostiles.
Accorde-nous assez de respect et de délicatesse pour être signes, humbles et discrets que,
pour eux aussi, le Règne de ton amour est arrivé.
Michel Hubaut : Prier les paraboles , éditions Desclée de Brouwe, 1998. p. 192