UN SYSTÈME D’ACTIFS
IMMATÉRIELS AU CŒUR DU
BUSINESS MODEL
Philippe Carli, DG du groupe Amaury – 28 septembre 2011
Ancien dirigeant de Siemens France, Philippe Carli a pris la direction du
groupe Amaury en 2010. Intéressé par le challenge d’un groupe confronté à
d’importantes mutations, il a une grande confi ance dans son capital marques.
Le groupe Amaury s’articule en effet autour de deux pôles, hébergeant cha-
cun quelques pépites. Le pôle médias, avec l’Equipe, le Parisien-Aujourd’hui
en France, représente les trois quarts du chiffre d’affaires, sur un secteur qui
vit de profondes ruptures (gratuité, rapidité de l’information numérique,
nouveaux acteurs). Amaury Sports Organisation (ASO) développe quant
à lui de grands événements sportifs “de marque” en France et dans le
monde : Le Tour de France, le Dakar… avec une croissance à deux chiffres.
Mais au-delà de la richesse de ces marques, la présentation des business
models et la vision du développement stratégique du groupe par Philippe
Carli ont mis en évidence les actifs sur lesquels la valeur et le potentiel
de ces sociétés sont basés. Le groupe Amaury dispose en effet de forts
savoir-faire, dans l’organisation d’événements par exemple, mais aussi de
multiples partenariats noués au cours du temps.
- Enfi n, une économie collaborative, dans laquelle les
biens et services ne donnent plus lieu à une rémunéra-
tion immédiate. Aujourd’hui, une partie de plus en plus
importante de l’économie digitale entre dans cette
catégorie.
L’ÉCOSYSTÈME DE L’IMMATÉRIEL
Depuis plusieurs années, tout un écosystème se consti-
tue avec l’objectif de faire évoluer la pensée et les pra-
tiques managériales, pour une meilleure prise en compte
des actifs immatériels par les entreprises : chercheurs,
experts, dirigeants et pouvoirs publics se sont regroupés
au sein de l’Observatoire de l’Immatériel pour faire pro-
gresser ces sujets.
Sur demande de Christine Lagarde, alors ministre de
l’Économie, des Finances et de l’Industrie, l’Observatoire
de l’immatériel a produit le premier référentiel de mesure
et de valorisation des actifs immatériels. Pour la première
fois cette année, la DGCIS (Direction générale de la
compétitivité de l’industrie et des services) a dédié une
partie de son rapport annuel aux actifs immatériels.
Actuellement, d’autres actions sont en cours, impliquant
notamment l’Ordre national des experts-comptables et
la Société française des analystes fi nanciers, pour adap-
ter la communication fi nancière des entreprises.
Cependant, il apparaît aujourd’hui que la première dif-
fi culté pour tirer pleinement parti du potentiel lié à
pense urgent que les dirigeants prennent en considéra-
tion les actifs immatériels : il en va de l’avenir de l’éco-
nomie française dans la compétition mondiale. En se
penchant sur leurs actifs immatériels, ils pourront déga-
ger des gains à court terme et engager leur entreprise
sur les “nouveaux chemins de la valeur”.
Alors que notre mode de pensée est toujours dominé
par une vision linéaire de l’activité de l’entreprise (ache-
ter - produire - distribuer - vendre),
Laurent Habib
iden-
tifi e de nouvelles formes d’économies fondées sur
l’immatériel :
- L’économie des fonctionnalités, dans laquelle on ne
cherche plus à acquérir les objets ni ne paye pas pour
leur possession, mais où on les loue pour leur valeur
d’usage ; cela crée de nouveaux business models entiè-
rement fondés sur la relation à long terme entre l’entre-
prise et ses clients. L’industrie automobile passe d’un
modèle fondé sur la vente de voitures à la facturation de
services de déplacement.
- L’économie de la personne, où les entreprises ne se
défi nissent plus par leur système de production, mais par
le besoin fondamental auquel elles répondent (la mobilité,
la santé, la dépendance…). Cette économie donne la part
belle aux agrégateurs, aux entreprises capables de pro-
poser des bouquets de services de nature hétérogène
pour répondre au besoin du client. Dans cette économie,
Axa pourrait par exemple être en concurrence avec Sodexo
dans la prise en charge de la dépendance.
POUR ALLER PLUS LOIN
• Thésaurus Bercy V1 – Référentiel français de
mesure de la valeur extra-fi nancière et fi nan-
cière du capital immatériel des entreprises
– Observatoire de l’immatériel – www.observa-
toire-immateriel.com
• Principes de mesure de l’immatériel – 12
propositions au service de la compétitivité et
de la valeur durable des entreprises – Conseil
Supérieur de l’Ordre des Experts Comptables
• La force de l’immatériel – Pour transformer
l’économie – Laurent Habib – PUF
• Valoriser le capital immatériel de l’entreprise
– Bernard Marois et Alan Fustec – Editions
d’organisation
• Les immatériels actifs, le nouveau modèle de
croissance – Hervé Baculard et Jérôme Julia –
Cherche midi éditeurs
• Bilan 2011, Objectifs 2012 – Direction géné-
rale de la compétitivité de l’industrie et des
services (DGCIS) – Ministère du Redressement
Productif
86%
C’est la part imma-
térielle de l’écono-
mie française selon
la Banque.
DOSSIERS / CAPITAL IMMATÉRIEL
48
AOÛT-SEPTEMBRE 2012
350.indd 48350.indd 48 31/08/12 19:0531/08/12 19:05