LE CAMEROUN DE 1884 A 1939
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LECON 15
LA PREMIERE GUERRE MONDIALE AU CAMEROUN ET SES
CONSEQUENCES
- Déterminer les raisons de l’extension de la guerre au Cameroun ;
- Décrire le déroulement et l’issue de la guerre ;
- Présenter l’impact de la guerre sur le statut international du Cameroun et son intégrité
territoriale.
INTRODUCTION
Comment une guerre, à l'origine européenne, a-t-elle pu embraser et affecter durablement un
territoire africain - en l'espèce la colonie allemande du Kamerun ? En 1914, commençait en
Europe une guerre opposant principalement l’Allemagne aux Alliés. Malgré son éloignement,
le Kamerun, à l’instar des autres possessions allemandes, n’en fut pas épargné. Lorsque le 1er
août 1914, l’Allemagne déclara la guerre à la France, Les troupes françaises stationnées au
Tchad, en Oubangui Chari (aujourd’hui, République Centrafricaine), au Gabon, les troupes
anglaises au Nigéria et les troupes belges au Congo, attaquèrent les forces allemandes au
Cameroun. Les Allemands, vaincus, évacuèrent le Cameroun dont Français et Britanniques
s’emparèrent. A la période d’incertitude juridique sur le statut de l’ancienne possession
allemande succéda une période de mandat.
I- LE CAMEROUN DANS LA PREMIERE GUERRE MONDIALE LA CAMPAGNE
CAMEROUNAISE DE LA PREMIERE GUERRE MONDIALE
La plus grande partie de l’Afrique avait été colonisée par les puissances appartenant à
l’Entente : Angleterre, France, mais aussi Belgique, Italie et Portugal. Toutefois, l’Allemagne
et l’empire ottoman (Turquie), son allié, sont également présentes en Afrique ou en mesure
d’y intervenir. L’Allemagne possède des colonies dispersées, que les Alliés entreprennent de
conquérir dès août 1914. Ils y parviennent très vite au Togo, conquis dès août 1914 ; en
Afrique Orientale Allemande, qui ne tombe qu’en novembre 1918 ; au Sud-Ouest Africain,
conquis par les Anglais et les Sud-Africains en juillet 1915 ; et au Cameroun qui tomba en
février 1916.
La première attaque contre les Allemands au Cameroun eut lieu le 5 août 1914. Elle aboutit à
l’occupation par les Français de la localité de Zinga que les Allemands leur avaient prise en
1911. L’attaque suivante, le 29 août, fut celle que lancèrent les troupes venues de Gambie, de
Sierre Leone, de la Côte-de-l’Or et du Nigeria, sous le commandement du général Cunliffe.
Garoua fut prise, mais les troupes britanniques durent battre en retraite. Elles ne réussirent pas
non plus à s’emparer de Mora au Nord du pays. Il leur fallait des troupes plus nombreuses.
En septembre 1914, le général de brigade Dobell, à la tête d’une armée franco-anglaise bien
plus nombreuse et soutenue par une puissante marine de guerre, attaqua Douala dont il réussit
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à s’emparer. L’armée allemande à Douala, sous le commandement du lieutenant-général
Zimmermann, s’enfuit à Edéa. Le lieutenant-colonel A. H. W. Haywood dirigea l’attaque
contre Buéa où les Allemands se rendirent sans grand combat.
En juin 1915, le général Cunliffe et des troupes françaises s’emparèrent de Garoua. A
l’exception de Mora, le Nord était maintenant entre les mains des Anglais et des Français. Les
troupes de Cunliffe poursuivirent les Allemands vers le Sud, s’emparant de Banyo.
Ngaoundéré tomba entre les mains des Français, de même que Tibati. A l’Est et au Sud-est,
c’est une armée franco-belge qui chassa les Allemands.
Les troupes allemandes qui n’avaient pas été battues quittèrent la côte, l’est, l’Ouest et le
Nord du pays par Yaoundé.
Le 1er janvier 1916, les troupes du général Dobell entraient à Yaoundé, rejointes quelques
jours plus tard par d’autres troupes. Les forces allemandes sous le commandement de
Zimmermann s’échappèrent par la Guinée Espagnole et Fernando en passant par
Mbalmayo et Ebolowa et laissant derrière elles un grand nombre de soldats camerounais. Une
partie des autres soldats allemands réussit à regagner les ports de Douala, Kribi, et Victoria.
Le 20 février 1916, les courageuses troupes allemandes du fort de Mora, sous le
commandement du capitaine Von Raben, se rendaient. En effet, Le 18 février 1916, le
capitaine allemand Von Raben est assiégé et encerclé à Mora. Ce fut le dernier épisode de la
campagne camerounaise (1914-1916).
Après la chute de la forteresse de Mora, les Allemands se réfugièrent dans l'île de Fernando
Po (aujourd'hui Bioko, Guinée Équatoriale) avec leurs alliés du Cameroun à qui ils promirent
un retour prochain dans ce territoire. S'ils ne revinrent plus au Cameroun en tant que
puissance coloniale, les Allemands inquiétèrent leurs successeurs anglais et français à tel
point que ceux-ci restèrent sur le qui-vive jusqu'à la fin de la seconde guerre mondiale.
La guerre entre européens coûta cher aux Camerounais. Près de 20 000 d’entre eux y
laissèrent la vie. De nombreuses plantations, routes et voies de chemin de fer furent détruites.
II- LA MODIFICATION DU TERRITOIRE KAMERUN ET LA TENTATIVE
D’ETABLISSEMENT DU CONDOMINIUM
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(1916-1919)
Le 06 Mars 1916, puisque l’Allemagne avait quitté le territoire Camerounais alors
l’Angleterre et la France se le partagèrent.
Le Général Dobell au nom de l’Angleterre et le général Aymerich au nom de la France,
partagèrent le Cameroun en deux zones d’influence ; Les anglais occupèrent une zone de 60 à
80 km de large le long de la frontière du Nigéria de 750 000 km² du « Neu Kamerun », soit
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Souveraineté de deux ou plusieurs puissances (sur un me territoire) Exemple : le condominium des Anglais
et des Égyptiens sur le Soudan
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une bande de 85 000 km². La France prit le reste.
Le 14 Mars 1916, un télégramme du gouvernement français demande au général Aymerich de
restituer à l’AEF (Afrique Equatoriale Française) les territoires cédés en 1911 au Cameroun
Allemand.
La construction de l'état Camerounais :
Cameroun allemand
Cameroun britannique
Cameroun français
République du Cameroun
Source : Histoire du Cameroun, http://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_du_Cameroun
La campagne camerounaise de la première guerre mondiale a permis la création par les forces
alliées d’une force conjointe franco-anglaise appelée Force Expéditionnaire Ouest Africaine
(en anglais West African Expeditionary Force, WAEF) sous le commandement du général de
brigade Charles Dobell. Après sa prise par les Alliés, Douala devint le quartier général de
celle-ci en même temps qu’elle fit office de siège de l’administration franco-britannique des
territoires conquis, toujours sous la direction de Dobell.
En 1914 et afin de bouter
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les Allemands hors du Cameroun comme cela avait été fait en août
1914 au Togo, la France proposa à la Grande-Bretagne, à la fin de l’année, de former avec
elle un condominium (une administration franco-britannique conjointe) au Cameroun. A la
fin de janvier 1915, la France
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et la Grande-Bretagne s’accordèrent sur le principe de
l’établissement d’un condominium au Cameroun.
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Repousser par les armes (soutenu; vieilli) Exemple : bouter l'ennemi hors des frontières
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Les raisons de la proposition française et de l’accord britannique sont les suivantes :
Pour les Britanniques l’objectif des Alliés étant la conquête du Cameroun, cette tâche devait s’avérer
gigantesque sans une administration conjointe du territoire ;
Les Alliés voulaient conserver les ressources qui étaient exposées en cas d’une administration
incomplète et restreinte. Ainsi, les plantations étaient exposées à la ruine en cas de négligence ;
La France et la Grande-Bretagne voulaient consolider leur emprise sur Douala et ses environs ;
Les Alliés voulaient sécuriser les lignes de communication ;
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Cependant, dans les faits ce régime ne fut jamais concrétisé. En effet, les dissensions entre
Français et Britanniques ne permirent pas l’effectivité du condominium. Elles portaient sur la
question territoriale, mais aussi sur la direction de l’administration conjointe.
Au sujet de la querelle d’autorité. Les Britanniques avaient proposé que le général de
brigade Dobell soit à la tête aussi bien de l’administration civile que militaire. Pour les
Français, le britannique Dobell devait tenir les rênes
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du commandement militaire
cependant qu’un Français dirigerait l’administration civile. Bien plus, les Britanniques
proposaient qu’en cas de cès ou d’incapacité de Dobell et afin d’assurer la
continuité du service, l’intérim soit assuré par le plus gradé des officiers britanniques
en attendant la décision définitive de la France et de la Grande-Bretagne. La France
objecta en proposant que l’intérim soit assuré par le plus gradé des officiers qu’il fût
Français ou Britannique.
Au sujet de la querelle territoriale. Elle portait sur le sort des territoires conquis
conjointement ou séparément. Les Britanniques soutenaient que le condominium
s’étende sur tous les territoires qu’ils aient été conquis conjointement ou séparément ;
ce à quoi s’opposaient les Français pour qui le condominium ne devait s’étendre sur
les seuls territoires conquis conjointement.
L’ampleur des divergences eut pour conséquence l’échec du condominium et la partition
provisoire du territoire en février 1916 suivant la ligne Picot.
III- LA CONFERENCE DE VERSAILLES CHANGE LE STATUT DU KAMERUN
A la fin de la guerre, toutes les puissances se réunissent à Versailles en 1919 pour la
conférence de la paix ; toutes les anciennes colonies de l’Allemagne lui sont enlevés à savoir :
le Cameroun, Le Togo, le Tanganyika, le Rwanda-Burundi, le Sud- Ouest Africain ; et selon
la conférence de Versailles, l’article 119 du traité de paix signé le 28 Juin 1919 disait ceci :
« l’Allemagne renonce en faveur des principales puissances alliées et associées à tous ses
droits et titres sur ses possessions d’outre-mer. »
Maintenant il était question de voir à qui allaient véritablement revenir ces anciennes
colonies ; c’est alors que la formule du mandat fut proposée et adoptée, et selon cette
formule les anciennes colonies allemandes dépendraient de la Société Des Nations (S.D.N) ;
mais, elles seraient confiées à une puissance qui, en assurerait la gestion sous le contrôle de
l’autorité internationale. C’est ainsi que le Cameroun sorti définitivement du régime colonial.
1- Aperçu sur la SDN et le régime de mandat
Autant les Français que les Britanniques ont fait face à une farouche résistance des Allemands lorsqu’ils
opéraient isolement ;
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1. lanière fixée à chaque extrémité d'un mors et servant à diriger (un cheval) Exemple : ne tire pas trop sur les
rênes, tu vas blesser ta monture
2. direction ou autorité liées au pouvoir Exemple : prendre les rênes de l'État
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Société des Nations, c’est une organisation internationale créée en 1920, pour favoriser
l’alliance entre les peuples et le maintien de la paix.
L’idée d’une organisation internationale, bien qu’elle existe dès le XVIIIe siècle, notamment
chez Kant, ne prend véritablement corps qu’en 1918, constituant l’un des quatorze points
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définis par le président des États-Unis Woodrow Wilson. Ceux-ci organisent, au terme de la
Première Guerre mondiale, la paix entre les Alliés. Proposant une coalition générale des
nations, ce plan est incorporé en 1919 au traité de Versailles, qui met fin à la Première Guerre
mondiale, et dont l’entrée en vigueur marque la naissance officielle de la SDN.
Avec la SDN, apparaissait le régime international de mandat. C’était le mode d'administration
exercé sous l'égide de la Société des Nations qui s'est appliqué après la Première Guerre
mondiale aux colonies turques et allemandes. Les mandats furent divisés en trois catégories,
selon l’aptitude présumée de leurs populations à parvenir à l'autonomie.
Les mandats de type A furent établis pour les anciennes colonies turques, pour lesquelles
l'assistance devait durer quelques années seulement. Parmi ces États, l’Irak et la Palestine
furent attribués au Royaume-Uni ; l’Irak obtint son indépendance en 1932, et la Palestine,
après de considérables dissensions internes, se scinda en 1948, en deux principaux États :
Israël et la Transjordanie (qui devint plus tard la Jordanie). La Syrie et le Liban furent
attribués à la France ; la Syrie obtint son indépendance en 1936, et le Liban en 1941.
Les mandats de type B stipulaient que la puissance chargée de l’assistance était responsable de
l’administration et de la promotion du bien-être des populations concernées, mais n'étaient pas
conçus dans une perspective d'indépendance à court terme. De telles administrations furent
5
Les Quatorze points du président Wilson est le nom donné à un discours du président américain prononcé le 8
janvier 1918 et énonçant des propositions pour l’établissement d’une paix durable après la victoire des Alliés
lors de la Première Guerre mondiale. Certaines de ces propositions américaines ont été accueillies par les Alliés
avec une vive réticence (particulièrement le 5e point dénonçant le colonialisme des pays européens). D’autres,
idéalistes, ne s’adaptent guère à la réalité née des nouvelles conditions de l’après-guerre. Mais le 14e point
annonce la fondation de la Société des Nations que Wilson a sans cesse défendue, malgré le refus des États-Unis
d’y adhérer.
Les Quatorze points du président Wilson, janvier 1918
1er point. La disparition de la diplomatie secrète et des accords de paix ouvertement négociés ;
2e point. La liberté absolue de la navigation sur mer ;
3e point. La suppression des barrières économiques et l’établissement de conditions commerciales égales pour
toutes les nations ;
4e point. La réduction des armements ;
5e point. L’étude des revendications coloniales conformément aux intérêts des populations ;
6e point. La réorganisation de la Russie sous un Gouvernement librement choisi par le peuple ;
7e point. L’évacuation, la restauration, l’indépendance absolue de la Belgique ;
8e point. L’évacuation du territoire français ; la réparation du tort fait à la France par la Prusse en 1871 par la
prise de l’Alsace-Lorraine ;
9e point. Le réajustement des frontières italiennes suivant une ligne des nationalités clairement reconnaissable ;
10e point. Le développement autonome des peuples d’Autriche-Hongrie ;
11e point. L’évacuation de la Roumanie, de la Serbie, du Monténégro ; l’accès de la Serbie à la mer ;
12e point. L’autonomie des peuples non turcs de l’Empire ottoman ;
13e point. La constitution d’une Pologne indépendante avec des territoires habités par une population
incontestablement polonaise et ayant accès à la mer ;
14e point. La formation d’une Ligue des Nations qui devra fournir une garantie réciproque d’indépendance
politique et territoriale à tous les petits États.
Source : Rain (P.), l’Europe de Versailles, Paris, Payot, 1945.
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