La Représentation de l'espace français dans les romans migrants africains

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À
Erika, Olivia et Emmanuel, mes enfants.
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REMERCIEMENTS
Ce mémoire n’aurait pas été possible sans l’intervention d’un certain nombre de
personne. Nous tenons ici à leur exprimer toute notre gratitude.
D’abord, nos premiers mots de remerciements vont tout naturellement à l’endroit de M.
KONE Diakaridia, notre Directeur de recherche, qui nous a permis de bénéficier de son
encadrement. Les conseils qu’il nous a prodigué, la patience et surtout la confiance qu’il
nous a témoigné, ont été déterminants dans la réalisation de ce travail.
Ensuite nous voulons dire merci à l’ensemble des enseignants de l’Université de
Vacances (UNIVAC), pour leurs enseignements et pour leurs conseils avisés.
Nous tenons enfin à exprimer notre infinie reconnaissance à M. VANIE Athanase, notre
époux, pour tout le soutien et la compréhension qu’il n’a cessé de nous apporter depuis le
début de la rédaction de ce travail.
Nous ne pouvons clore ces propos sans faire un clin d’œil à Mme KONE Léontine,
notre amie et sœur qui nous a donné le goût de la recherche.
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INTRODUCTION
L’émergence de la littérature africaine a été conditionnée par des faits extérieurs.
D’abord, ce sont les auteurs américains de cette époque, inspirés par la renaissance de
Harlem
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, qui vont susciter le déclic.
Les projets littéraires des auteurs américains de l’époque s’articulent autour du rejet du
racisme, de la violence et de la recherche du bonheur matériel. Ces écrivains visent par
ailleurs le retour à la culture authentique nègre en fusion avec l’Afrique. Ils s’identifient en
ce continent, même s’ils n’y ont jamais vécu. Enfin, les écrivains américains, animateurs
du paysage littéraire entre 1918 et 1928, projettent la libération politique, économique et
culturelle de tous les peuples. Ce sont entre autres, Marc Kay (Banjo), Williams Dubois
(Revue Crisis) Langston Huges (Le nègre) et Countee Cullen.
On assiste dès lors à la naissance d’une grande agitation littéraire, notamment chez les
écrivains antillais qui prennent conscience de leur identité. Batouala
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de Réné Maran
marque un tournant décisif qui va ébranler le système colonial en vigueur dans les pays
africains. Le combat contre le nègre n’est cependant pas le seul fait des nègres, d’autant
plus que les écrivains de la métropole vont aussi faire le procès du système colonial. Ainsi,
parlant du livre d’André Gide, Jean-Pierre Makouta Mboukou
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affirme : « Il y a dans le
voyage au Congo l’amorce d’un programme d’indigéniste proposé aux écrivains nègres. »
Ainsi, dès la fin de la première guerre mondiale, les nègres d’Afrique commencent à
prendre conscience de leur identité. C’est à peu près à cette même époque qu’en Haîti,
l’école indigéniste prépare l’intelligentsia à un combat littéraire d’un style nouveau : le
retour au bercail culturel africain. La renaissance nègre à l’échelle mondiale a atteint son
apogée à l’époque de la négritude combative entre 1930 et 1940. Et, en 1945 lorsque
Jacques Roumain meurt prématurément, le monde nègre a déjà exprimé sa pensée face à
l’Occident qui l’opprimait depuis près de cinq siècles, pendant l’esclavage et la
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Selon Jacques Chevrier dans son essai Littérature nègre, Armand Collins, Paris 1984, W.E.B. Dubois est
« le premier à avoir pensé la négritude dans sa totalité et sa spécificité » notamment dans son œuvre Âme
Noire, Parue en 1903.
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Réné Maran, Batouala, Paris, Albin Michel, 1921.
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Jean-Pierre Makouta M’boukou, Introduction à l’étude du roman négro-africain de langue française,
Abidjan, NEA, 1980.
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colonisation. Les nègres se sont surtout exprimés par la poésie pendant cette période. Mais
il y a aussi parmi eux des « prosateurs. »
Comme nous l’avons mentionné plus haut, la littérature africaine a connu sa maturité
par des contacts extérieurs. En 1930, la création à Paris de « La Revue du monde noir »
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par le Dr Léo Sajous et Paulette Andrée Nardal a un impact sur l’élite noire francophone
dont fait partie Senghor. Deux ans plus tard, la sortie de la revue « L’étudiant noir » des
écrivains, tels que Aimé Césaire et Léon Gontran Damas en 1934 pose la problématique de
la place de la race noire toute entière, et va booster le génie créateur de ces jeunes africains
partis le plus souvent en Occident pour des raisons d’études. Aussi Présence Africaine
initiée par le Sénégalais Alioune Diop
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traduit les aspirations de cette élite noire qui a soif
d’être utile à son continent.
Dès lors paraissent des productions littéraires dynamiques dont la thématique variée
s’intéresse à la race noie en évoquant la nostalgie d’un passé culturel très riche qui fait le
procès de l’homme blanc et suscite la révolte. Au nombre de ces auteurs figurent les
Ivoiriens, les Sénégalais, les Congolais et les Camerounais qui se sont illustrés de fort belle
manière. Ce sont de farouches opposants de la colonisation. Ils dénoncent les nombreux
travers et injustice. Ces écrivains qu’il convient d’appeler la « première génération des
romanciers » se sont assignés comme objectif de faire une analyse critique et sévère de la
colonisation. Ils étaient plus préoccupés par l’émancipation du peuple africain pris dans
l’engrenage du système colonial. Le style de ces auteurs étaient sobre, plus «classique»,
plus ou moins dans le respect des canons esthétiques hérités de l’Occident. En 1960, après
les indépendances, paraitront des œuvres qui expriment la désillusion des africains. Les
écrits sont plus riches et plus audacieux. Ils s’en prennent ouvertement aux nouveaux
dirigeants africains qui ne sont que le prolongement du colon. Ce malaise est décrit par les
auteurs tels qu’Ahmadou Kourouma
6
, Sony Labou Tansi
7
, et, Yambo Ouologuem
8
.
Appelés également auteurs de la seconde génération, d’auteurs africains ou « nouvelles
écritures romanesques ». Ils fustigent les dérives des Africains qui sont devenus les propres
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L’activité, écrivaine, journaliste et chanteuse martinicise Paulette Nadal (1896-1985) est la femme noire a
avoir étudié à l’ Université de la Sorbone à Paris. En créant la Revue du Monde Noir avec le haîtien Leo
Sajou, elle est précurseur du Mouvement de la Negritude promu par Césaire, Senghor et Damas.
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Présence Africaine, est une revue, panafricaine, semestrielle, fondée, en 1947 , par Alioune, Diop, c’est
aussi ,une maison d’Edition fondée 1949.
6
Ahmadou, Kourouma, Les soleils des indépendances, Paris, Seuil, 1970.
7
Sony Labou Tansi ; La vie et demie, Editions, du Seuil, 1979.
8
Yambo Ouloguem, Le devoir de violence, Paris, Seuil, 1968.
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bourreaux de leurs frères noirs. A travers leurs écritures on sent qu’ils veulent se
démarquer de l’héritage culturel occidental. Les romans de ces écrivains, bien qu’étant
révolutionnaires et parfois provocateurs, n’écoulent cependant pas les grandes
préoccupations sociopolitiques du temps.
Un peu comme pour remédier à cette attente, le roman africain enregistre, depuis les
années 1980, une «troisième génération d’écrivains» q’Abdourahman Waberi et Jacques
Chevrier nomment respectivement «enfant de la post-colonie» et «migritudiens»
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et que la
critique littéraire appelle «romanciers migrants». Contrairement à leurs prédécesseurs, les
Négritudiens notamment; le regard des écrivains migrants est décentré, déterritorialisé.
Abdourhaman Wabéri, Alain Mabanckou, Koffi Kwahulé, Kossi Effoui et Fatou Diome,
pour ne citer que ceux-là, traduisent à travers leurs œuvres les indices d’un individu qui ne
se sent plus nécessairement attaché à la mère patrie par les mêmes liens que leurs
prédécesseurs. C’est une littérature romanesque à cheval entre plusieurs continents. Les
œuvres ne sont plus concentrées sur l’Afrique mais elles s’ouvrent au monde en traitant les
problèmes plus intimes et plus généraux liés à la mondialisation. Selon Odile Cazenave
10
,
il s’agit :
D’un regard non plus tournécessairement vers l’Afrique, mais plutôt sur
soi (…) s’éloignant du roman africain Canonique de la langue française. Leur
écriture prend des formes plus personnelles. Souvent peu préoccupées par
l’Afrique elle- même. Leurs œuvres découvrent un intérêt pour tout ce qui est
déplacement, immigration et posent à cet égard de nouvelles questions sur les
notions d’écritures et d’identité postcoloniale.
Abordant dans le même sens, Kossi Effoui affirme :
Il est urgent de libérer la création et, par-là même, l’homme créateur. Ce
que dit Juan-José Saer sur la littérature latino-américaine, nous l’estimons aussi
valable pour la littérature africaine : l’œuvre d’un écrivain ne saurait être
enfermée dans l’image folklorique qu’on se fait de son origine, c’est-à-dire qu’il
faut en finir cette tendance à rejeter l’authenticité d’une œuvre dans laquelle on
ne retrouverait pas une soit disant spécificité africaine et on noterait au
contraire chez son auteur « de singuliers penchants européanistes ». Il s’agit
pour l’écrivain de toute forme d’enfermement réducteur pour assurer cette part
d’inquiétude permanent qui est l’exigence primordiale de l’écriture.
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Terme proposé par Jacques Chevrier pour évoquer la situation des écrivains migrants.
10
Odile Cazenave : Afrique sur scène. Une nouvelle génération de romanciers africains à Paris, Paris,
L’Harmattan, 203, pp.7-8.
11
Kossi Effoui, Récupérations, Paris, Carrières-Morlanwelz, Lansman, 1992, pp.43-45.
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