UNIVERSITE MOHAMMED 1ER OUJDA FACULTE DE SCIENCES JURIDIQUES, ECONOMIQUE SOCIALES ANNEE 2011/2012 L’ENTREPRENEURIAT SOCIAL AU MAROC : LES ENJEUX ET LES PERSPECTIVES OPTION : ECONOMIE ET GESTION MEMOIRE DE FIN D’ETUDES Auteurs : BADDOO, Samuel Kenneth 43459 AWUKU, Kwasi Amano 43347 Encadrant : Prof. REGHIOUI, Anouar L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012 Sommaire Exécutif Dans un contexte voire environnement de chômage croissant et problèmes sociaux qui s’aggravent, la recherche de solutions innovantes et économiquement viables est devenue un souci majeure de tout gouvernement, institution publique et les ONG. L’entrepreneuriat ; mouvement innovateur, créateur et moteur de changement. Nouvelle idée avancée parmi d’autres comme solution aux problèmes économiques où les entrepreneurs insistent fortement sur l’aspect innovateur de leur travail pour trouver l’opportunité au cœur des problèmes. Mais l’on observe vite que l’entrepreneuriat classique et le terme social ne font pas pourtant de bon ménage. L’unification donc de ces deux termes normalement jugés contradictoire donne naissance à un concept ; celui de l’entrepreneuriat social. « L’entrepreneuriat social est une forme émergente mais durable du capitalisme, qui cherche à réconcilier la logique économique et l’utilité sociale » précise Steve Fiehl, Directeur Adjoint de Cross Knowledge lors de la signature du partenariat entre Cross Knowledge et Ashoka France. Ainsi, l’expression même d’entrepreneuriat social cache en elle la problématique principale qui lui est inhérente: peut- on adresser le social avec la logique économique ? Peut-on associer le social et le business ? Mais la question la plus pertinente et intéressante, reste a savoir si c’est possible de faire un profit dans le cadre d’une organisation qui cherche a résoudre un problème social. Quels sont les leviers de succès dans la démarche des entrepreneurs sociaux ? Après avoir tenté d’identifier les grands traits du phénomène, très divers, de l’entrepreneuriat social, nous avons pu revisiter l’évolution de l’entrepreneuriat classique vers un concept plus social ? Ces mises au point théoriques nous ont permis ensuite d’étudier dans de bonnes conditions la démarche de quatre entreprises sociales marocaines. Pour répondre à notre problématique, nous avons tiré les enseignements de leurs expériences respectives et avons pu identifier six points communs, que l’on pourrait considérer comme des facteurs de réussite : la faculté de « sortir des schémas de pensée habituels », à la fois à l’origine et dans la mise en œuvre du business model social, une habileté dans la gestion des parties prenantes, notamment par l’utilisation des réseaux, la qualité de l’équipe, et la focalisation sur le bénéficiaire, et enfin la tendance à sans cesse aller au-delà des limites de son action. Se basant sur la description de l’entrepreneuriat social donné par CASE, Nicholls et le dictionnaire de développement durable, on retient que l’entrepreneuriat est un processus de création, organisation et management d’une entreprise qui sert a affecter une situation social en particulier. A travers la l’identification et la poursuite des opportunités, la valeur sociale est créer pour la société. Pour ce qui concerne notre recherche, seule les initiatives prise en charge par des personnes privées seront considérées, c.à.d. les projets initiés par les gouvernements et les pouvoirs publiques ne sont pas pris en compte. Les résultats issus de l’étude qualitative de ces quatre cas, ne prétendent pas être généralisables à l’ensemble des entreprises sociales, mais peuvent être considérés comme des pistes de réflexion pour d’éventuelles futures études ou pour inspirer de potentiels entrepreneurs sociaux. 2 L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012 Table de Matières Sommaire Introduction Méthodologie………………………………………………………………………………О шибка! Закладка не определена. 1. L'entrepreneuriat social: la solution innovatrice à la maîtrise des contraintes économiques et problèmes sociaux………………………….………..11 1.1 L'entrepreneur et l'entrepreneuriat………………………………………… Ошибка! Закладка не определена. 1.2 Revue de la littérature et l’analyse perspective de la terminologie associée à l’entrepreneuriat social……………………………………………..Ошибка! Закладка не определена. 1.2.1. L’Economie Sociale et Solidaire…………………………………15 1.2.2. Le Social Business………………………………………………..16 1.2.3. L’Entrepreneur Social et l’Entrepreneuriat……………………..17 1.3. Entrepreneur social: Critique de définition………………………………...Ошибка! Закладка не определена. la 1.3.1. La Pluralité de la définition……………………………………… 24 1.3.2. Un enjeu pour l’avancement de la situation sociale……………26 1.4. Comparaison entre l'entrepreneuriat classique et l'entrepreneuriat ………………………………………………………Ошибка! определена. Закладка social не 2. Les Enjeux et Les Perspectives de l'entrepreneuriat social au Maroc……………30 2.1. L'apparition et développement de Maroc……..Ошибка! Закладка не определена. l'entrepreneuriat 2.2 L’impact de l'entrepreneuriat social Maroc……………………………Ошибка! Закладка не определена. 2.2.1. L'impact sur l'axe économique 2.2.2. L'impact sur l'axe social 3 social au sur le L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2.3 Les défis et visions de l’avenir de social………………….Ошибка! Закладка не определена. 2011/ 2012 l’entrepreneuriat 2.3.1. Les Défis et Obstacles de l’Entrepreneurs……………………... 38 2.3.2. Attentes et visions de l’avenir …………………………………...40 2.4 Un aperçu de l’entrepreneuriat social à l’échelle mondial ……………… 3. Les Entrepreneurs Social Au Maroc……..............................................................41 3.1 Mohammed Abbad Andaloussi – Jisr………………...........Ошибка! Закладка не определена. l’association 3.2 Amina Laraki Slaoui – Amicale des Marocaine…………........Ошибка! Закладка не определена. Al Handicapés 3.3 Institution nationale de solidarité avec les femmes en détresse (INSAF)..Ошибка! Закладка не определена. 3.4 Aicha Ech- Chenna – Solidarité Féminine………………………………......49 Conclusion………………………………………………………………………………….50 Bibliographie………………………………………………………………………………..51 4 L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012 Introduction ’’La psychologie de base d'un entrepreneur social est quelqu'un qui ne peut pas venir au repos, dans un sens très profond, jusqu'à ce qu'il ou elle a changé le modèle dans un domaine de préoccupation sociale tout ensemble de la société. Les entrepreneurs sociaux sont mariés à une vision, par exemple, une meilleure façon d'aider les jeunes grandissent ou de prestation de soins de santé mondiale. Ils ne pourront tout simplement pas s'arrêter parce qu'ils ne peuvent pas être heureux jusqu'à ce que leur vision devienne le nouveau modèle. Ils vont persister pendant des décennies. Et ils sont aussi réalistes qu’ils sont visionnaires. En conséquence, ils sont des très bons écouteurs. Ils cherchent à savoir que quelque chose ne fonctionne pas bien et une fois qu'ils le font, ils ne cessent de changer simplement l'idée et / ou l'environnement jusqu'à ce que leur idée fonctionne. Ils sont intensément préoccupés par la question « comment » ; Comment puis-je sortir d'ici à là? Comment puis-je résoudre ce problème? Comment ces pièces s'emboîtent ?’’ . ………….Bill Drayton, Fondateur d’Ashoka. Depuis une vingtaine d’année, se développe partout dans le monde une nouvelle manière d’entreprendre, qui conjugue efficacité économique et utilité sociale, et qui ouvre des voies prometteuses dans le combat contre les problèmes majeurs de nos sociétés : l’entrepreneuriat social. Le phénomène, mondial, semble dessiner un nouveau modèle, hétérogène, qui emprunte à la fois au secteur « non profit » traditionnel et aux pratiques du « business » ancrées sur le marché, afin d’apporter des réponses nouvelles et durables aux problèmes sociaux et environnementaux. Celui-ci suscite aujourd’hui un véritable engouement tant au niveau de la recherche que de la pratique. Les entreprises sociales se sont développées à un rythme très soutenu dans les deux dernières décennies : ainsi, selon la deuxième étude réalisée dans le cadre du Global Entrepreneurship Monitor (GEM) en 2006, environ 3,2% de la population active, soit près d’1,2 millions de personnes, étaient engagées dans des activités d’entrepreneuriat social au Royaume-Uni1. L’émergence, dans le monde, de nombreux réseaux ou organisations destinées à accompagner et promouvoir l’entrepreneuriat social témoigne aussi de l’essor du phénomène : le réseau Ashoka, la Fondation Klaus Schwab pour l’entrepreneuriat social, ou encore la Fondation Skoll en sont les exemples les plus emblématiques. Dans le milieu académique, cette notoriété grandissante se traduit par le développement de centres de recherche et de formation en entrepreneuriat social dans l’enseignement supérieur : les initiatives pionnières de Harvard, Stanford, Columbia ou Oxford ont été suivies, plus récemment, par certaines des plus grandes écoles de commerce françaises (ESSEC et HEC). 1 HARDING, R. (2006), Social Entrepreneurial Monitor, d’après les données de GEM UK 2005, London Business School School 5 L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012 Si l’enthousiasme est tel, c’est que l’entrepreneuriat social apporte des réponses innovantes à des problèmes que les gouvernements, les institutions publiques ou les organismes de charité échouent à résoudre depuis bien longtemps. Dans son rapport sur le développement dans le monde 20102, la Banque Mondiale estime 2 , Banque Mondiale, p.8. 3 GODEFROY, P. ; PUJOL, J. et al (2009), Inégalités de niveau de vie et mesures de la pauvreté en 2006, INSEE 2009 6 L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012 qu’un quart de la population mondiale a moins d’1,25 dollar par jour pour vivre, qu’1,6 milliard de personnes n’a pas l’électricité et qu’un milliard n’a pas accès à l’eau potable. Les pays développés ne sont pas épargnés : en France, 13,2 % de la population en 2006 vivait en deçà du seuil de pauvreté (considéré par l’INSEE comme 60% du niveau de vie médian soit 880 euros par mois en 2006)3 3. A l’heure de la crise financière mondiale, de la montée du chômage et de l’exclusion, de la persistance de la pauvreté, du changement climatique, des catastrophes naturelles et humanitaires (Tsunami en Asie du Sud-est en 2005, séisme d’Haïti en janvier 2010), l’entrepreneuriat social semble donc plus que jamais d’actualité. Le succès reconnu de formules innovantes apportées par des entrepreneurs sociaux, dont les exemples les plus probants et les plus connus, sont ceux du microcrédit développé par Muhammad Yunus avec la Grameen Bank ou encore du commerce équitable, donne une nouvelle perspective d’avenir à la lutte contre les problèmes sociaux. Selon Alex Nicholls (2006)4, s’il y a toujours eu des organisations poursuivant des missions sociales, la nouveauté réside dans le changement d’échelle (la Grameen Bank octroie près de 2,4 millions de microcrédits au Bangladesh et en Afghanistan), le caractère systémique du changement (le commerce équitable a permis une modification profonde dans les modes de consommation de nombreux clients) ainsi que dans la grande diversité des approches et des solutions proposées. Plus encore, la crise financière mondiale de 2008, dont le monde est loin d’être sorti, semble remettre en cause en profondeur le capitalisme débridé qui l’a précipitée. L’entrepreneuriat social peut dès lors s’afficher fortement comme une alternative complémentaire et nécessaire à l’économie de marché et au capitalisme traditionnel. Dans un contexte où les solutions apportées par les Etats ou les organisations caritatives ne semblent pas, seules, assez efficaces, l’entrepreneuriat social apparaît comme un thème majeur, qui mérite largement que l’on s’y intéresse. Fort de son développement et d’exemples de réussite dans la pratique, le concept d’entrepreneuriat social a commencé à être, depuis une vingtaine d’année, un objet d’étude du monde académique et des acteurs du mouvement. Aussi, même s’il peut renvoyer à des réalités plus anciennes, l’entrepreneuriat social fait figure de notion en émergence ; et la recherche à son sujet s’inscrit souvent au croisement des cadres théoriques du « management non profit » et de l’entrepreneuriat. Comme toute notion jeune, ses contours sont encore mal définis : le terme a souvent été employé pour désigner des choses aussi différentes que l’émergence d’organisations dans le secteur « non profit », l’adoption par le secteur « non profit » de stratégies pour gagner ses propres revenus, ou encore des attitudes socialement responsables d’entrepreneurs classiques. La certaine confusion qui règne autour du concept et le caractère relativement nouveau de la recherche dans le domaine justifient donc, aussi, l’intérêt que l’on souhaite y porter dans ce mémoire. Mais si un consensus sur les délimitations de l’entrepreneuriat social n’est toujours pas acquis, il n’en reste pas moins que, pour tous les auteurs ou acteurs, l’entrepreneuriat social apparait comme un nouveau paradigme dans le secteur de l’économie sociale ou « le secteur de ». Le concept d’entrepreneuriat social associe deux termes qui sont traditionnellement jugés comme contradictoires : l’entrepreneuriat et le social. Le bon sens conduit en effet à penser, que l’entreprise, intrinsèquement destinée à gagner 3 Godefroy, Pujol et al, Inégalités de niveau de vie et mesures de la pauvreté en 2006, INSEE 2009 4 NICHOLLS, A. (2006), Introduction. In Social Entrepreneurship, New Models of Sustainable Change, édité par Alex Nicholls, Oxford University Press 7 L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012 des profits, n’est pas la mieux placée pour remplir une mission sociale. La deuxième notion au cœur de notre sujet, le business model, renvoie justement à la manière dont une organisation opère, fondamentalement, pour créer de la valeur. Thème également récent de la recherche académique, il a rarement été utilisé pour caractériser les organisations de l’entrepreneuriat social. Il semble donc intéressant de tenter de revisiter le concept de l’entrepreneuriat classique à la lumière de ce nouveau modèle qu’est l’entreprise sociale. On devine dès à présent, dans la notion d’entrepreneuriat social, la volonté d’associer l’économique et le social ; et la notion de valeur sociale créée suggère un mécanisme de création de valeur. Le rapprochement de ces deux notions nous a donc conduit naturellement à nous interroger sur la problématique suivante : « Le défi de l‟entrepreneuriat social : comment construire un business model à la fois pérenne et créateur de valeur sociale ? ». Si l’on y regarde de plus près, la question formulée par cette problématique contient une hypothèse : l’enjeu majeur de l’entrepreneuriat social réside dans la construction d’un business model à la fois viable, pérenne et créateur de valeur sociale. Cette considération, issue de la réflexion menée pendant la phase d’appropriation du sujet, sera approfondie, pour être validée, par les deux premières parties de notre travail, qui décortiqueront les concepts d’entrepreneuriat social et les perspectives y associés. Enfin, la deuxième question soulevée dans ce mémoire est celle qui est clairement exposée : comment réussir à construire dans l’environnement marocain, faiblement adapté, a construire un model organisationnel bien capable d’agir efficacement sur les problèmes sociaux et d’être économiquement viable au même temps. En effet, la conciliation entre la logique économique et la logique sociale semble être un équilibre difficile à trouver dans ces structures, et l’on peut présumer que les entrepreneurs sociaux doivent adopter des business modèles innovants et une démarche nouvelle dans la construction de leur business model. Quels sont, dans la démarche particulière de l’entrepreneur social, les éléments qui peuvent être considérés comme des facteurs de réussite ? Quelles spécificités de ces business modèles de l’entrepreneuriat social peuvent expliquer un succès qui n’était pourtant pas assuré, étant donné la difficulté supplémentaire due à la conjugaison entre performance économique et mission sociale ? Ce sont les questions auxquelles nous tenterons de répondre dans un troisième chapitre, en tirant les enseignements de l’expérience de trois entreprises sociales françaises. Ainsi, voici comment s’articulera, de manière plus précise notre plan. Nous chercherons, dans un premier chapitre, à définir le sens du concept de l’entrepreneuriat social afin de bien comprendre à quelle dynamique il fait référence. Nous replacerons son utilisation dans son contexte d’émergence historique et nous attacherons à faire une revue de littérature existante afin d’identifier ce qui peut, à notre sens, faire l’essence de l’entrepreneuriat social, et ce qui le distingue ou le rapproche de l’entrepreneuriat classique. Enfin, notre deuxième chapitre s’attachera à revisiter le les perspectives et les enjeux mis en jeu afin de l’appliquer à l’entrepreneuriat social, dont nous aurons dessiné les contours dans le premier chapitre. Ce chapitre nous conduira à pouvoir dégager les défis et obstacles principales rencontré par des entrepreneurs et entreprises sociaux. Enfin, nous chercherons dans un troisième temps à identifier des points communs dans la démarche des entrepreneurs sociaux et des spécificités communes de leur business plans, qui puissent être considérés comme des leviers de succès. Pour ce faire, nous nous appuierons sur l’expérience de quatre organisations marocaines, dont nous verrons qu’elles répondent à notre conception de l’entrepreneuriat social. 8 L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012 Méthodologie Dans ce travail de recherche, nous avons adopté la méthodologie suivante. Il s’agissait d’abord de bien saisir et comprendre le concept d’entrepreneuriat social, ce qui n’était pas une mince affaire, tant cette notion est assujetti à de nombreuses interprétations. Nous avons donc cherché à réaliser une revue de la littérature dans ce domaine ainsi que sur le thème de l’entrepreneuriat classique ce qui va nous aider à bien distinguer les deux notions. Cette revue de la littérature est bien entendu loin d’être exhaustive mais tente de mettre en valeur les différentes approches, tant de la part des auteurs que des acteurs et praticiens. En nous aidant de la recherche existante, nous avons également tenté de récapituler l’évolution de la définition et compréhension du terme « entrepreneuriat social ». Après cela nous essayons d’analyser a travers les exemples connus, les apports positifs de l’entrepreneuriat social tant pour la situation économique d’un pays que pour le tissu social. Nous traitons aussi le cas particulière du Maroc en faisant sortir en quelque sorte les conditions et principaux éléments a la base de l’essor de cette notion de l’entrepreneuriat social sans oublier aussi de mentionner les défis les plus pertinentes pour un entrepreneur social au Maroc. Cette analyse en particulière a été difficile voire le quasi absence de données fiable concernant la situation de l’entrepreneuriat social au Maroc et l’activité des entrepreneurs sociaux souvent placées dans les rangs des associations et des ONG. Cette problème trouve d’une manière ou l’autre son origine dans l’inexistence de législations et règlements visant l’entrepreneuriat social comme un domaine unique et non pas une extension de l’association ou bien l’action sociale de l’entreprise. Notre deuxième axe méthodologique a été l’étude qualitative de quatre cas d’entreprises sociales : Association Al- Jisr, Amicale Marocaine des Handicapés, La Solidarité Féminine et L’INSAF. Les deux premières parties du travail nous ont permis de mieux appréhender les problématiques de l’entrepreneuriat social et d’identifier dans la littérature des éléments de réponses à la question des moyens utilisés: innovation, créativité, partenariats, réseau. En analysant les informations sur ces entreprises, nous avons cherché à obtenir nos propres réponses en faisant un lien entre la revue de littérature et la situation actuelle. L’échantillon d’entreprises choisies est volontairement hétéroclite (secteurs d’activité divers, fonctionnements et statuts différents) pour mieux embrasser l’entrepreneuriat social dans son ensemble. En aucun cas cependant, notre étude ne se veut exhaustive et généralisable : l’échantillon choisi, trop réduit, ne le permet pas. Notre démarche s’inscrit plutôt dans une recherche qualitative et cherche à apporter des pistes de réflexion qui pourront éventuellement servir à faire avancer la connaissance du sujet. 9 L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012 Chapitre 1 : L'entrepreneur social: La solution innovatrice à la maîtrise des contraintes économiques et problèmes sociaux. Apparu dans les années 90, l’entrepreneuriat social, c’est avant tout une entreprise. Il désigne toute initiative privée dont la finalité sociale (réponse à un besoin social) est supérieure ou égale à la finalité économique (lucrativité). Les entrepreneurs sociaux sont des individus qui portent des solutions innovantes à des problèmes pressants de la société. Ils identifient des approches innovantes pour résoudre des problèmes qui apparaissaient souvent comme insolubles. Ces entrepreneurs ont ou développent la capacité à apporter des solutions concrètes, et à concilier l’approche économique avec des objectifs sociaux. En incarnant un modèle alternatif viable, l’entrepreneuriat social agirait donc comme un vecteur de changement5. Le domaine grandissant de l’entrepreneuriat social ne cesse pas d’attirer l’attention et la réputation. Le terme apparait dans les journaux, dans les discours politiques et économiques et c’est devenu un sujet commun dans les universités (il existe même des facultés entièrement consacré à l’étude et recherches sur l’ES). L’entrepreneuriat social est aussi au cœur de stratégie de plusieurs organisations social, y inclus les fondations Ashoka6 , Schwab7 et de Skoll8 . La raison pour cette 5 http://www.skema-bs.fr/lists/skemabranding-skemacommuniquepresselist/290512-entrepreneuriat-social.pdf A propos de SKEMA Business School : Avec plus de 6000 étudiants et 23 000 diplômés, SKEMA Business School est une école globale qui, par sa recherche, ses programmes d’enseignement, sa structure multi sites internationale forme et éduque les talents dont ont besoin les entreprises du XXIe siècle. Désormais, l’école est présente sur 6 sites : 3 en France (Lille, Sophia-Antipolis, Paris), 1 en Chine (Suzhou), 1 au Maroc (Casablanca) et 1 aux Etats- Unis (Raleigh) 6 Ashoka's mission is to shape a citizen sector that is entrepreneurial, productive and globally integrated, and to develop the profession of social entrepreneurship around the world. Ashoka identifies and invests in leading social entrepreneurs—extraordinary individuals with unprecedented ideas for change in their communities— supporting them, their ideas and institutions through all phases of their careers. Ashoka Fellows benefit from being part of the global Fellowship for life. Ashoka's vision is that of a global society that is able to respond quickly and effectively to social challenges everywhere. Ashoka does not accept government funding; business entrepreneurs and their foundations, corporations, individuals and volunteer chapters finance Ashoka's work. 7 La fondation Schwab pour l'Entrepreneuriat Social à été créé en 1998 par le Prof. Klaus Schwab et sa femme Hilde pour promouvoir l'innovation social partout dans le monde. Les deux sont aussi les fondateurs du forum Économique Mondial (World Economic Forum) en 1971. 8 La Fondation Skoll à été créé en 1999 par Jeff Skoll, co-fondateur d’eBay. La fondation à pour mission d'inciter les grands changements par l'investissement dans les projets des entrepreneurs sociaux et d'autres innovateurs qui cherche à résoudre les problèmes les plus pressants du monde. 10 L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012 succès en plein croissance est du d’un certain degré au travail des entrepreneurs social et la raison pour laquelle ils les font ainsi que leurs histoires remarquables. Si les gens sont attirés par l’entrepreneuriat social, c’est aussi grâce a l’intérêt qu’ils portent aux entrepreneurs sociaux comme Mohammed Yunus, lauréat de Prix Nobel en 2006 pour la transformation radicale qu’il a apporté aux communautés Bangladesh a travers le microcrédit. Mais l’intérêt de l’entrepreneuriat social dépasse le phénomène de la popularité et la fascination. Il cherche a entrainer un changement social tout en améliorant l’équilibre économique, ce qui lui mets à part des autres. Cependant toute introduction à l’entrepreneuriat sociale doit commencer avec la définition du terme entrepreneuriat car si la notion de l’entrepreneuriat reste flou, la modification donc, du terme avec la descriptive social, n’abouti pas à grande chose. 1.1 L'entrepreneur et l'entrepreneuriat Le mot entrepreneur sous-entend plusieurs choses selon les critères de la recherche faite. Ce mot qui est d'origine français et qui est définie selon le dictionnaire PetitRobert comme celui qui entreprend. Le nom entrepreneur est couramment employé pour désigner qui entame un projet de création d'entreprise ou comme est à la mode aujourd'hui pour décrire un milliardaire (souvent très jeunes) qui a réussir un projet innovateur au bout d'un certain temps (< de 5 ans au moyen). Cette notion est toujours vraie si on se concentre sur des entreprise de silicone vallée ou les "startups" les plus connus du monde. Pourtant l'entrepreneuriat et l'entrepreneur englobe beaucoup plus que ça. Au début de l'avancement de ce mouvement, les économistes ont essayés de définir l'entrepreneur, de lui situer dans un cadre spécifique et d'une certain caractéristique. Commençons, dans les milieux français avec Cantillon (1755) et Say (1803) l'entrepreneur était non seulement celui qui saisit une opportunité en vue de réalisée un profit, mais qui en assure les risques puisqu'il investit son propre argent.9 En 1921, l'économiste Américain John Knight a repris également la dimension de l'incertitude et de risque calculée associée à ce type d'approche. Néanmoins, nous devrons néanmoins attendre jusqu'au 1947 pour évoluer notre compréhension de l'entrepreneuriat grâce à l'école Autrichienne et particulièrement Joseph Schumpeter10. Pour lui, l'entrepreneur est un innovateur, un créateur, un agent du changement. Il insiste profondément sur l'aspect innovateur de l'esprit entrepreneurial et sur la participation active de l'entrepreneur au développement économique par ce qu'il appelle "la destruction créatrice" du système capitaliste. D’après COSTER, M (2003) Entrepreneur et Entrepreneuriat, Cadres et Entrepreneuriat, Mythes et Réalités, sous direction de F. DANY, Les cahiers du GDR Cadres, Lyon, Acte de la Journée du 6 Juin 2002 10 SCHUMPETER, J. (1942) Capitalism, Socialism and Democracy 9 11 L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012 Il précise davantage que "l'entrepreneur n'est ni nécessairement l'apporter de capitaux ni l'inventeur ". Il est plutôt celui qui met en œuvre de nouvelles combinaisons pour apporter un changement. Une autre approche de l'entrepreneuriat est celle qui place le concept d'opportunité au cœur du problème. Se basant sur la pensée autrichienne moderne (avec notamment Kirzner11(1973)) les auteurs Shane et Venkataraman(2000) vont suivre avec un approfondissement de l'approche entrepreneuriale comme la détection et l'exploitation d'une opportunité; l'entrepreneuriat est ici, " un processus par lequel des opportunités à créer des produits et des services futurs sont découvertes évaluées et exploités".12 Dans une perspective plus psychologique, un certain nombre de chercheurs se sont également intéressés à la personnalité et au comportement de l'entrepreneur: besoin d’accomplissement, d’indépendance et de liberté, goût d’entreprendre et de diriger, prise de risques, sont les principaux traits qui lui sont associés. Cette approche par les traits semble insuffisante à certains auteurs. A l’image de Gartner, qui dans un article publié en 198913 , suggère d’étudier ce que fait l’entrepreneur, et insiste sur la création d’une organisation : " La recherche sur l’entrepreneur devrait se focaliser sur ce que fait l’entrepreneur et non ce qu'il est ". Dans cette approche, l’entrepreneuriat renvoie à un processus de création d’une organisation (c'est-à-dire aux activités qui permettent au créateur de combiner des ressources pour concrétiser l’opportunité en un projet ou une organisation). Néanmoins, il est intéressant de remarquer que, quelle que soit la définition donnée à l’entrepreneuriat, la dimension liée à la personnalité de l’entrepreneur est toujours présente. Enfin, beaucoup d’auteurs, à l’instar de Bruyat 14(1993) traitent l’entrepreneuriat à partir de l’acte d’entreprendre impulsé par un auteur principal (l’entrepreneur) qui parcourt un processus lui permettant, en cas de succès, de créer une entreprise susceptible de prendre peu à peu son autonomie. La conception de Bruyat s’inscrit dans ce qu’on peut appeler « une dialogue individu/création de valeur », qui lie fortement l’entrepreneur caractérisé par un engagement personnel fort et son projet ou organisation émergente. Pour le grand auteur américaine de management, Peter Drucker dans son livre Innovation and Entrepreneurship15(1985) avance l'idée que, il ne s'agit pas de psychologie ni de caractérisation de l'entrepreneur mais plutôt des actions et comportements de ce dernier. Il présente la notion de l'entrepreneuriat d'un point de vue pratique. D'après Drucker, l'innovation et l'entrepreneuriat sont des tâches organisés et systématique. Créer une entreprise pour lui donc, n'est ni nécessaire ni suffisant pour être entrepreneur. Il avance aussi l'idée que l'entrepreneuriat n'exige pas forcément un motif pécuniaire en donnant l'exemple de la création du système universitaire moderne et lus particulièrement celui de l'Amérique du Nord. (G. Dees, 1998) 11 Kirzner, Israel.(1973) Competition and Entrepreneurship. Chicago: University of Chicago Press SHANE, S. ; VENKATARAMAN, S. (2000), The promise of Entrepreneurship as a field of research, Academy of Management Review , cité dans LOUE, C. ; LAVIOLETTE, M. (2006), Les compétences entrepreneuriales : définition et construction d'un référentiel, in CIFEPME (Congrès International Francophone en Entrepreneuriat et PME), HEG Fribourg Suisse, 25-27 octobre 13 GARTNER, WB. (1989), Who is an entrepreneur? Is the wrong question 14 BRUYAT, C. (1993), Création d’entreprise : contributions épistémologiques et modélisation, Thèse de doctorat en Sciences de Gestion, Université Pierre Mendés France de Grenoble 15 DRUCKER, P. Innovation and Entrepreneurship (1985) 12 12 L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012 Finalement, on s'appuie sur la recherche de théoricien de l'entrepreneuriat de Harvard Business School, Howard Stevenson et l'axe nouveau qu'il ajoute, celui de terme anglais "ressourcefulness". Un élément qui lui différencie des recherches antérieurs basés sur l'opportunité(1994) "la poursuite d'une occasion qu'elles que soient les ressources contrôlées". Pour essayer de concilier ces différentes approches, on s'inspire du travail de Verstraete et Fayolle 16 (2005) ou ils mettent en valeur quatre paradigmes permettant de cerner le domaine de recherche de l'entrepreneuriat: l'opportunité d'affaires, la création de l'organisation, la création de valeur et l'innovation. On peut conclure avec la distinction faite par Jones et George(2008) entre l'entrepreneur et l'entrepreneuriat. Ils décrivent l'entrepreneur comme celui qui constate des opportunités et décidé comment mobiliser les ressources nécessaire pour produire des nouveaux biens et services. Ils définissent l'entrepreneuriat également comme " la mobilisation de ressources pour profiter d'une opportunité fournir des clients avec des nouveaux biens et services ". (Jones and George, 2008. pg. 283) 1.2 Revue de la littérature et l’analyse perspective de la terminologie associée à l’entrepreneuriat social. L’essor de l’entrepreneuriat social s’explique par de nombreux facteurs qui ont été mis en évidence dans la littérature internationale17 et qui ont créé un terreau fertile pour son développement. La prolifération des organisations évoluant dans le secteur social a conduit à une concurrence accrue pour le financement et a rendu nécessaire la recherche de nouvelles sources de financement, plus stables et plus abondantes que les dons ou les subventions publiques. Le désengagement de l’Etat dans certains secteurs s’est traduit par une croissance des besoins sociaux non couverts. De plus, l’influence grandissante des ONG (Greenpeace, Amnesty International, entre autres, sont désormais des organisations de poids avec lesquelles les Etats doivent compter) s’est accompagnée d’une professionnalisation de celles-ci, dans le cadre d’une demande nouvelle d’efficacité et de responsabilisation des fonds. Enfin, on peut déceler une acceptation de plus en plus présente des forces du marché et du pouvoir de la compétition, qui favorisent notamment l’innovation et l’efficacité, pour répondre à certains besoins sociaux. Ces différentes circonstances ont donc conduit les organisations du secteur social à adopter des stratégies de positionnement sur de nouveaux marchés pour financer leur activité sociale : en exploitant des opportunités lucratives dans leur cœur de métier, l’intervention sociale. Ce qui consiste pour eux à développer des entreprises rentables dans un autre métier, ou encore par des partenariats avec des entreprises commerciales (Alter, 2006)18. Bien que la notion de l’entrepreneuriat social semble jeune par rapport à l’entrepreneuriat classique, nous allons examiner les termes et différents notions VERTRAETE, T. et FAYOLLE, A. (2005), Paradigmes et entrepreneuriat, Revue de l’entrepreneuriat, vol 4, n°1, 2005 16 17 BROUARD, F. (2006), L’entrepreneuriat social, mieux connaître le concept, Communication in 23ème conférence annuelle du Conseil canadien des PME et de l’entrepreneuriat, Trois-Rivières, p.3-4 18 ALTER, K. (2006), Social Enterprise Models and Their Mission and Money Relationships In Social Entrepreneurship, New Models of Sustainable Change, édité par Alex Nicholls, Oxford University Press, p.203211 13 L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012 principales souvent associées ou lier a l’entrepreneuriat social. Nous commençons par l’économie sociale et solidaire pour clarifier ce qui est pour plusieurs et l’une et la même chose. Puis nous traitons le sujet de social business, modèle économique nouvelle qui adapte le système capitaliste pour le bien de la société. Loin d’être synonyme de l’entrepreneuriat social, cette idée nouvelle avancée par Mohammed Yunus, lauréat de Prix Nobel de Paix en 2006 cherche à résoudre les plus grands problèmes sociaux avec la performance entrepreneuriale tout en éliminant le partage de dividendes. Finalement, on attaque les fondements et champ d’actions des ONG’s, pionniers de travail social depuis plusieurs années. 1.2.1 L'Economie Sociale et Solidaire Très souvent, certains auteurs et analystes font l'erreur d'associer ou assimiler d'autres formes d'organisation économique ayant un caractère social à l'entrepreneuriat social. Cela n'est pas toujours la réalité. Une entreprise peut avoir des activités à titre sociale ou bien soutenir des programmes sociaux sans pour autant être une entreprise sociale. De même, une organisation non gouvernementale(ONG), qui décide d'entamer une activité commerciale pour renforcer son budget, tant qu'elle n'embauche pas des travailleurs handicapés ne peut être considéré comme un entrepreneur social. D'où viennent deux termes fréquemment confondus avec le terme entrepreneuriat social: l'économie sociale et solidaire (ESS). Le terme d'économie sociale et solidaire regroupe un ensemble de coopératives, mutuelles, associations, syndicats et fondations, fonctionnant sur des principes d'égalité des personnes (1 personne 1 voix), de solidarité entre membres et d'indépendance économique. Toutefois le premier terme de l'expression, celui de l'économie sociale, se réfère plutôt à des organisations identifiées par leur statut et occupant une place importante dans la vie économique (banques, mutuelles, etc.). La notion d'économie sociale qui est née à la fin du XIXe siècle et s'est progressivement structurée sous l'impulsion du socialisme utopique, du mouvement ouvrier et du catholicisme social. Le deuxième terme, la notion d'économie solidaire, se rapporte à des activités visant à expérimenter de nouveaux « modèles » de fonctionnement de l'économie, tels le commerce équitable ou l'insertion par l'activité économique. Elles se distinguent à la fois des entreprises individuelles (par leur caractère collectif), des entreprises publiques (ce sont des organisations privées) et des sociétés de capitaux (elles réunissent des personnes avant de réunir des capitaux et ne cherchent pas la rémunération de ces derniers). « Les membres de l’organisation établissent entre eux une forme de solidarité : mutualisation des risques, mise en commun des produits de l’activité, constitution d’une épargne commune, échanges réciproques, etc. » (Jean-François Drapéri, 2009) 19 L'ESS peut aussi être définie comme une action collective, une mobilisation sociale inspirée par trois mobiles qui sont les besoins socioéconomiques des populations (la nécessité), les aspirations de ces derniers a une identité propre (identité), l'horizon partagé d'une vision démocratique et équitable (projet de société). On peut caractériser l'ESS comme une nouvelle manière d'entreprendre bien différente de celle de l'entrepreneuriat social, qui cherche à réconcilier la logique économique et 19 DRAPERI, J-F. (2009), Economie Sociale, Alternative Economiques Hors-série pratique n°38 bis, mars 2009 14 L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012 l'esprit entrepreneurial avec l'utilité social. L'économie sociale et solidaire d'un autre côté résulte d'une association volontaire d'acteurs poussés par un même objectif parfois, mais non pas forcément social. Cette vision repose sur trois dimensions suivantes: La dimension sociale - Besoins socio-économiques, socio culturels et sociopolitiques de se regrouper dans les organisations démocratiques. Dimension économique - affronter le marché par la production de biens et services. Dimension politique- la pluralité d'engagements citoyens avec des mobiles sociopolitiques divers. Lorsqu’on parle d’économie sociale et solidaire, c’est donc généralement pour désigner des organisations qui recherchent davantage une amélioration sociale ou environnementale qu’un gain financier, et qui respectent les principes directeurs de gestion démocratique, d’utilité collective ou sociale du projet, de mixité des ressources, et de non-lucrativité individuelle Les acteurs de l’ESS définissent plus généralement cette notion comme une « alternative au libéralisme ». Il serait pourtant hâtif d’assimiler totalement l’entrepreneuriat social à la création d’organisations dans ce que l’on appelle le secteur de l’économie sociale et solidaire. Même s’il peut s’appliquer à des réalités plus anciennes, le terme « entrepreneuriat social » est beaucoup plus jeune que celui d’« économie sociale » : c’est seulement dans les années 1990 qu’il commence à connaître un écho significatif des deux côtés de l’Atlantique. Il semble renvoyer à un nouvel élan, une nouvelle dynamique, allant au-delà des considérations liées au statut juridique des organisations ou au projet politique. Dans sa note de janvier 200720, le Collectif pour le Développement de l’Entrepreneuriat Social (CODES), un regroupement né en 2006 d’une vingtaine d’acteurs de l’entrepreneuriat social (entrepreneurs sociaux, accompagnateurs, institutionnels, ou bailleurs de fonds...) nous précise que « la notion d’entrepreneuriat social ne vient pas remplacer, concurrencer ou menacer celle d’économie sociale et solidaire » et qu’elle est au contraire « une opportunité de développement pour le secteur ». Le CODES estime ainsi que si l’entrepreneuriat social d’un côté et l’économie sociale et solidaire de l’autre ont en commun de penser et vivre autrement l’économie, ils constituent deux niveaux distincts mais complémentaires d’observation. « L'économie sociale et l'économie solidaire incarnent une vision plus historique, plus politique, plus institutionnelle ; l'entrepreneuriat social privilégie une lecture plus empirique, plus pragmatique et plus centrée sur les projets (et ceux qui les portent). » Nous voyons donc que l’entrepreneuriat social vient enrichir le secteur plus large de l’économie sociale et solidaire, mais c'est nécessaire de poser des questions sur ses fondements, ses champs d’action et plus important encore, les avantages de cette nouvelle manière d'entreprendre. 20 CODES (2007), La Note du Codès, n°1, Janvier 2007 15 L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012 1.2.2 Le Social Business Il existe un vaste nombre d'expressions pour désigner les entreprises dont le cœur de l'activité est la vocation sociale. Bien que certaines notions soient proches je tiens à éclaircir le concept du social business en le différenciant avec celui de l'entrepreneuriat social. Un social business n'est pas de l'entrepreneuriat social. Bien que l'objectif entre les deux semble le même, il n'en est rien. En effet, dans les deux cas les créateurs d'entreprise apportent des solutions innovantes et concrètes dans le but de concilier l'approche économique avec des objectifs sociaux. Cependant un social business est un type de structure bien spécifique - pas de perte, ni de dividende avec un objectif à visée social. Le professeur Yunus insiste bien sur le fait que la structure d'un social business est unique ce qui le rend bien distinct21. Alors Le Social Business, de quoi s'agit-il? Ce terme qui a des allures de projet philanthropique n’a pourtant rien à voir du tout avec de la charité! Avant toute chose, un social business, ou si vous préférez une « entreprise sociale », est une entreprise! Oui, une entreprise comme toutes les autres. C’est à dire que contrairement aux associations, fondations ou autres organismes à but non lucratif dépendantes de financements extérieurs, un social business est une entité auto-suffisante financièrement qui n’a besoin de personne pour exister. Cette nouvelle forme d’activité économique a été mise sur le devant de la scène par le Prix Nobel de la Paix 2006, Muhammad Yunus, également pionnier du micro crédit, dans le but de proposer une alternative au système actuel du toutprofit et ainsi en quelque sorte renouveler le capitalisme, en rendant à l’Homme sa place centrale. C'est un modèle économique que développe depuis quelques années la Grameen Bank, fondée par Muhammad Yunus, en association avec d'autres entreprises. Monter un social-business peut aussi bien être l'affaire d'un individu, que celle d'une petite, moyenne ou grande entreprise. "Il s'agit de créer une entreprise dans le but non pas de maximiser ses profits mais de résoudre un problème de santé publique ou d'environnement", a rappelé le Prof. Yunus, à Paris pour la sortie en français de 21 Villepin, Jean L'observateur de social business, octobre,2011: http://socialbusiness obs.blogspot.com/2011/10/le-social-business-et-lentrepreneuriat_31.html 16 L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012 son livre "Pour une économie plus humaine. Construire le social-business". Le principe est simple : pas de perte ni de dividende. Autrement dit, il faut que l'entreprise soit suffisamment rentable pour être durable et ne pas dépendre des aléas de l'aide extérieure des ONG ou des organisations internationales. Mais il faut aussi qu'elle soit libérée de la pression actionnariale et donc de l'exigence de maximisation des profits pour pouvoir offrir des prix abordables. Comme le résume son ami Michel Rocard, "le social business, c'est la logique d'économie marchande et capitaliste mais sans la distribution de dividendes". Pour l'ancien premier ministre Français, ce modèle est la preuve que "l'on peut vivre dans une économie de marché de manière non cupide". Un exemple d'un social business reussi22 Cela semble certes idéaliste, mais de grandes entreprises ont d'ores et déjà tenté l'expérience, qui s'est avérée souvent fructueuse. Yunus a en effet monté des joint ventures au Bangladesh avec des groupes aussi bien français, comme Veolia et Danone qu'allemands (BASF, Adidas), japonais (Uniqlo) et américains (Intel). C'est sûr que le concept contredit les principes de la théorie classique de l'économie qui veut que l'intérêt général résulte de la poursuite par chacun de son propre intérêt individuel, c'est-à-dire de la maximisation de ses profits. Mais Yunus se présente comme la preuve vivante du contraire. Le prix Nobel a créé une cinquantaine d'entreprises, allant du textile à la formation, en passant par la construction ou la high-tech. Et pourtant : "je ne détiens pas la moindre action, a-t-il déclaré. Pourquoi? Parce que je ne les ai pas créées pour gagner de l'argent mais pour résoudre des problèmes. Les hommes ne sont pas des machines à gagner de l'argent. L'humain peut aussi être désintéressé. Le succès ne se mesure pas forcément qu'en termes d'argent mais aussi en termes d'impact. Or cet aspect est absent de la théorie économique." Comment ça marche ? Le projet pilote que mène actuellement Veolia Environnement au Bangladesh illustre bien le fonctionnement du modèle. Le pays est confronté à un vaste fléau de santé publique : l'eau des puits est en grande partie contaminée à l'arsenic. Résultat, la moitié de la population consomme une eau empoisonnée, soit "la plus importante contamination de masse de l'histoire", selon l'OMS. Veolia décide de créer un socialbusiness pour s'attaquer au problème. "En tant que leader mondial de services essentiels, Veolia a voulu apporter sa pierre à l'édifice des solutions pour améliorer l'accès à l'eau potable", explique Antoine Frérot, PDG de Veolia environnement. Ainsi, la multinationale française et la Grameen Bank créent en 2008 une société pilote pour traiter l'eau de rivière et fournir de l'eau pure à deux villages. Yunus fixe 22 Article publiéeL'Expansion : http://lexpansion.lexpress.fr/outils/imprimer.asp?id=254453&k=5 17 L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012 le prix, très faible, auquel l'eau devra être vendue. Pour compenser, le groupe développe une activité complémentaire de vente de bonbonnes d'eau dans la capitale, Dhaka. Ainsi, "la vente à un prix plus élevé de l'eau aux habitants de la capitale permet de subventionner l'eau dans le village", explique Eric Lesueur, directeur du projet. Le groupe vise un équilibre économique à l'horizon 2014-2015. C’est une entreprise qui a pour objectif d’apporter une solution à une problématique sociétale en se fondant sur un modèle économique différent qui adopte une vision plus globale de la création de valeur et se veut plus juste et éthique. Elle se contente de couvrir l’ensemble de ses coûts, essaie de gagner de l’argent mais n’est tendue exclusivement vers la maximisation du profit. Elle consacre ses bénéfices à la diminution des coûts, et à la production d’avantages sociaux et elle ne rémunère pas ses actionnaires, elle se contente juste de les rembourser à hauteur de leur investissement. Pour résumer, un social business, c’est une entreprise qui vise à être auto-suffisante financièrement, si ce n’est rentable, dans le but d’atteindre un objectif de mieux-être social et de maximiser son impact positif sur son écosystème. En incarnant un modèle alternatif viable, le social business agit comme un véritable vecteur de changement. Il faut toutefois savoir que les contours du concept restent flous et sont sujets à controverse, ce qui n’enlève rien à la puissance du modèle dont le cœur fait l’unanimité. 1.2.3 Les Organisations Non- Gouvernementales (ONG) Le travail social au niveau international bien que locales, a été pour des centaines d’années mis en avant par des organisations internationales non affilié a des systèmes politiques ou pouvoirs de gouvernements. Dés la création de l’institut de droit international en 1873, à Gand jusqu'à la fondation de Rotary International en 1904, les ONG internationales ont été importantes dans le mouvement antiesclavagiste et le mouvement pour le vote de femmes. Cependant l’expression organisation non gouvernementales n’est entrée dans le langage courant qu’avec la création de l’Organisation des Nations Unies en 1904 avec les dispositions de l'article 71 du chapitre 10 de la Charte des Nations unies23 qui donne un rôle consultatif à des organisations qui ne sont ni les gouvernements ni les États membres. La définition de "l'ONG internationale" (OING) est d'abord donnée dans la résolution 288 (X) de l'ECOSOC le 27 février 1950 : elle est définie comme «toute organisation internationale qui n'est pas fondée par un traité international". 23 Charter Of The United Nations: Chapter X 18 L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012 Cependant, l'expression organisation non gouvernementale n'est entrée dans le langage courant qu'avec la création de l'Organisation des Nations unies en 1945 avec les dispositions de l'article 71 du chapitre 10 de la Charte des Nations unies6 qui donne un rôle consultatif à des organisations qui ne sont ni les gouvernements ni les États membres. La définition de "l'ONG internationale" (OING) est d'abord donnée dans la résolution 288 (X) de l'ECOSOC le 27 février 1950 : elle est définie comme «toute organisation internationale qui n'est pas fondée par un traité international". Le rôle vital des ONG et d'autres "grands groupes" dans le développement durable a été reconnu dans le chapitre 27 d'Action 217, conduisant à l'intensification des relations consultatives entre l'ONU et les ONG24. Les ONG jouent un rôle très important dans le développement des pays en touchant la minorité des gens qui sont souvent négligée par la politique général du pays. On ne peut pas aussi sous-estimer la grandeur de travail qu’ils fournissent en temps de crise ou de guerre. Au Maroc aussi, leur impacte est ressenti dans plusieurs domaines de développement tout en améliorant la situation sociale. La force des ONG réside dans la proximité de leur travail, elles sont plus à l’écoute des besoins de la population et de par leur action appelées à tisser des relations de partenariat formelle ou informelle avec les bénéficiaires. La conscience des ONG de la limite de leur intervention sur le terrain les incite à renforcer l’autonomie de la communauté et sa capacité à prendre elle même en charge l’activité de développement. 25L’action de l’ONG repose sur une légitimité culturelle car avant l’émergence du l’Etat moderne suite à l’indépendance du pays, la communauté gérait elle même les services sociaux de base. Les associations locales pour l’équipement des douars en réseaux locaux de distribution d’eau potable ont bénéficié de l’adhésion de la communauté à leur projet ; le tour d’eau dans les OASIS du sud est depuis toujours géré par la communauté. En 1997 on comptait 17 000 associations, le chiffre est estimé à 40 000 en 2004. Une grande partie des ces associations sont actives dans un cadre local au niveau d’une localité au un quartier. Les ONG marocaines sont actives dans tous les domaines allant du sport et de la culture qui ont toujours été considérés comme des domaines traditionnels de l’activité associatives, jusqu’à l’équipement et l’infrastructure qui était jusqu’à ces dernières années du domaine protégé de l’Etat et par la suite des attributions des collectivités locales. Actuellement des programme du gouvernement réalisent des projets d’infrastructure de base en partenariat avec les communautés via les associations communautaires qui sensibilisent, mobilisent et assurent la participation financière de la communauté. 24 1996/31. Consultative relationship between the United Nations and non-governmental organizations Roukia Sairi, mardi 28 décembre 2004, par Collecte CND F.L http://www.cecod.net/ponencia_roukia_sairi.pdf 25 19 L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012 Les ONG ont joué un rôle très actif dans le processus de démocratisation du pays. Les associations de droit de l’homme sont arrivées à imposer le discours du droit humain sujet tabou pendant plus de trente ans et à lever le voile sur les dérapages qui ont eu lieu pendant les années de plomb. Les actions entreprises par les associations féminines ont abouti finalement au changement du code de la famille et à l’acceptation de la reforme. Ils se sont aussi investis dans le domaine de la microfinance donnant ainsi la possibilité aux populations les plus défavorisés l’accès au crédit, ce qui a permis à des milliers de pauvres de réaliser leur micro projets encourageant ainsi la prise d’initiative chez les plus démunis. Le déficit énorme dans l’éducation et la santé à amené les ONG à s’investir dans ces domaines. 1.3. Entrepreneur social: Critique de la définition L'entrepreneuriat social est un phénomène qui gagne rapidement de réputation au sein du monde des affaires et dans la société en général. C’est en fait un phénomène ancien mais c'est la terminologie associée qui peut apparaître comme nouvelle. Nous avons toujours eu des entrepreneurs sociaux, même si nous les n'avons pas appelé ainsi. Ils ont construit à l'origine de nombreuses institutions que nous comptons aujourd'hui comme des acquis. Toutefois, le nouveau nom est important car elle implique un effacement des limites sectorielles. En plus des entreprises innovatrices à but non lucratif, l'entrepreneuriat social peut inclure des entreprises commerciales avec des engagements sociaux, comme pour les banques de développement à but lucratif et les organisations toute inclusive qui mélange un besoin de fait un profit avec des objectives non lucratif, tels que les hébergements pour les sans domicile fixe (SDF) qui commencent entreprises pour former et employer leurs résidents. Le nouveau terme contribue à élargir le champ de lecture. Les entrepreneurs sociaux chercher les méthodes les plus efficaces de servir leurs missions sociales L’expression « entrepreneuriat social » a commencé à être utilisée dans les années 1980 par une poignée d’individus impliqués dans des organisations citoyennes et de développement international26. La notion d’entrepreneuriat social a commencé à être conceptualisée avec l’apparition des notions d’entreprise sociale et d’entrepreneur social. Les progrès rapides réalisés par la science et la technologie du dernier siècle ont contribué grandement à l’amélioration de la qualité de vie et au bien être dans plusieurs sociétés. Ils ont également apporté avec eux de nombreuses conséquences. La surpopulation, la pauvreté, la guerre, les maladies et la détérioration de l’environnement, pour ne nommer que ceux-là, demeurent toujours des défis importants à l’échelle planétaire. 26 A. Nicholls, Social Entrepreneurship, Oxford University Press (2006), p. 128 20 L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012 Pour ces raisons et bien d'autres l'idée de l'entrepreneuriat social a été largement adopté par cette génération comme il convient le mieux à notre époque. Il combine une passion de la mission sociale avec une image de l'entreprise comme la discipline, l'innovation et de détermination communément associée avec, par exemple, les pionniers high-tech de la Silicon Valley. 1.3.1 La Pluralité de la définition Pour donner une définition au terme « entrepreneuriat social » il faut que nous nous référions au paragraphe précédent, les définitions du mot «entrepreneuriat». Le mot «social» donne justement une modification du terme «entrepreneuriat». Si l'entrepreneuriat n’a pas un sens claire, puis le modifier avec sociale ne sera pas accomplir beaucoup de choses. Parmi les nombreuses définitions en existence, voici quelques-unes, plus ou moins restrictives, qui ont été proposées : « Le concept renvoie aux initiatives privées au service de l’intérêt général, adoptant une démarche innovante, inventant de nouvelles réponses aux problèmes sociaux, de nouvelles manières de mobiliser des ressources, adaptant certaines méthodes utilisées dans la sphère capitaliste afin de servir une mission sociale »27 (Chaire Entrepreneuriat social de l’ESSEC, 2009) « Les entrepreneurs sociaux sont des individus qui proposent des solutions innovantes aux problèmes sociaux les plus cruciaux de notre société. Ils sont ambitieux, persévérants, s’attaquent à des questions sociales majeures et proposent des idées neuves capables de provoquer des changements à grande échelle. » 28 (Ashoka) « Toute activité privée d’intérêt général organisée à partir d’une démarche entrepreneuriale et n’ayant pas comme raison principale la maximisation des profits mais la satisfaction de certains objectifs économiques et sociaux, ainsi que la capacité de mettre en place, par la production de biens et de services, des solutions innovantes aux problèmes d’exclusion et de chômage »29 (OCDE) « L’entrepreneuriat social renvoie aux initiatives qui s’appuient (au moins en partie) sur des activités commerciales, ancrées dans le marché, pour prendre en compte la fragilité humaine ou le lien social. »30 (Caisse des dépôts et AVISE) PACHE, A. (2009), Entrepreneuriat social, Alternatives Economiques Hors-série pratique n°38 bis, mars 2009, p. 74-75 28 Ashoka, What is a Social entrepreneur?, www.ashoka.org/fellows/social_entrepreneur.cfm 29 Cité dans LAMARCQ, L. (2007) L’entrepreneuriat social : vers un management alternatif, Mémoire réalisé dans le cadre du Master 1 Sciences de la Gestion, IAE de Lille, 2006-2007 30 PACHE, A. (2009), Entrepreneuriat social, Alternatives Economiques Hors-série pratique n°38 bis, mars 2009, p. 74-75 27 21 L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012 « L’entrepreneur social est un visionnaire pragmatique, qui atteint des objectifs larges de changement social grâce à une nouvelle invention, une approche différente, un travail rigoureux empreint de vision stratégique […]. Il combine les caractéristiques de Richard Branson et de Mère Teresa. »31 (Fondation Schwab pour l’entrepreneuriat social) Bien qu’il existe une multitude de définitions de l’entrepreneuriat social, certaines constantes se retrouvent dans toutes les définitions : A. La réalisation d’une mission sociale; B. La volonté de générer des revenus et d’utiliser un modèle d’affaires; C. La volonté d’innover via une approche entrepreneuriale; D. La volonté de mettre en place des solutions durables.32 Et quelques mots représentant ses différentes facettes : Identifie des problématiques ou des besoins sociaux par des citoyens soucieux d’agir au servi de l’intérêt collectif dans le but de favoriser le changement et l’innovation sociale Met de l’avant une solution pragmatique et novatrice Utilise des principes entrepreneuriaux pour créer et gérer une organisation Fait preuve d’une éthique indiscutable Travaille de pair et implique la communauté concernée dans le projet Partage ses expériences afin de favoriser le transfert des connaissances Réalise un projet aux retombées sociales et économiques durables. Comme nous venons de le voir précédemment, il n’y a pas de définition unique de l’entrepreneuriat social. Dans son acception la plus large, l’entrepreneuriat social peut désigner tout développement privé d’un projet d’intérêt général : Les entrepreneurs sociaux ont donc des parcours et profils très variés. On peut distinguer des divergences en terme de : - Opérations : opèrent dans le monde marchand comme le monde non marchand, si l’on prend son acceptation large ; - Secteurs : social et médico-social, santé, services aux entreprises et aux personnes, environnement, tourisme associatif et solidaire, culture, sport, éducation, etc. PACHE, A. (2009), Entrepreneuriat social, Alternatives Economiques Hors-série pratique n°38 bis, mars 2009, p. 74-75 32 Jeune Chambre de commerce de Montréal : L’entrepreneuriat social au Québec : pour un dynamisme social axé sur l’initiative 2008 31 22 L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012 - Statuts : l’entrepreneuriat social n’est pas une affaire de statuts ; un entrepreneur social peut aussi bien choisir une association, une fondation, une entreprise adaptée, une coopérative, une mutuelle, ou une entreprise commerciale classique (SA, SARL), selon que la nature de la structure s’adapte plus ou moins au projet qu’il désire réaliser ; - Tailles : des acteurs de poids comme le Groupe SOS en France qui fait travailler près de 1700 salariés à la petite association unipersonnelle ; - Ancienneté : sont plus ou moins anciennes ; - Revenus : l’entreprise sociale est à distinguer de l’entrepreneuriat social ; une organisation peut ne pas générer de revenus propres et être dépendantes de fonds extérieurs mais adopter une démarche hautement entrepreneurial Dans ses ressources, l’entrepreneur social innove en impliquant de nombreux partenaires (salariés, bénévoles, usagers, organismes, pouvoirs public…) et de nouveaux facteurs de productions (mécénat de compétences …) Les modes d’organisation sont transformés et les modes de financement sont particuliers (ressources propres, partenariat public-privé, mécénat, subventions locales, fonds européens). Les associations (statut privilégié par les entrepreneurs sociaux qui lancent leur projet) développe une culture de gestion inspirée du secteur marchand (logiques de concurrence, risques économiques, apport de services d’intérêt général…) Pour conclure, il n’existe pas une meilleure définition et il ne serait peut-être pas si intéressant de figer cette notion d’entrepreneuriat social car cela l’empêcherait d’émerger dans sa diversité. S’il faut retenir un trait principal, ce serait : entreprendre autrement en apportant une réponse innovante à un problème social majeur. 1.3.2. Un enjeu pour l’avancement de la situation social. Les défis de trouver les solutions efficaces et durables pour résoudre les problèmes sociaux sont nombreux et la plupart du temps nécessite la finesse managériale associée normalement à des grandes entreprises qui ont connus la réussite. Néanmoins, les vraies solutions aux problèmes sociaux tels que la suppression de pauvreté et des inégalités sociétales, requiert très souvent des transformations fondamentales sur les axes politiques, économiques et sociaux33. En dépit de nombre énorme de publications que l’entrepreneuriat sociale, il existe toujours pas trop d’information quantifiée ou qualitatif montrant en détaille les impactes des entreprises sociaux et la durabilité des projet qui transforme la situation sociale. 33 Alvord et al. Societal Entrepreneurship and Societal Transformation, Harvard University 23 L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012 Sur le plan social, l’urgence est grande, surtout au niveau mondial. David Bornstein nous explique en partie les raisons de la mobilisation d’entrepreneurs sociaux34. «Depuis cinquante ans, la Terre a perdu un quart de ses sols et une tiers de sa couverture forestière. Au rythme actuel de destruction, nous verrons disparaître de notre vivant 70% des récifs coralliens, qui abritent 25% de la faune marine. Au cours des trente dernières années, un tiers des ressources de la planète ont été épuisées. Un rapport du Conseil de renseignement américain prévoit que sur les douze années à venir nous assisterons à une forte dégradation des terres arables, à une augmentation de gaz à effet de serre […] Plus de trois milliards d’êtres humains vivront dans des pays privés de ressources en eau. Parallèlement d’ici à 2010, cinq pays compteront à eux seuls 50 à 75 millions de porteurs du VIH. » Quand on sait aussi que la moitié la plus pauvre de la population mondiale ne touche que 5% de l’ensemble des richesses produites, cela donne à réfléchir et à penser lorsque jour après jour, on regarde à la télévision les grands gagnants de l’économie … Des entrepreneurs sociaux ont alors décidé de ne pas attendre passivement que les Etats résolvent les problèmes. Avec un esprit créatif, ils ont tourné le dos aux schémas établis, et ont décidé d’inventer de nouvelles formes d’organisation afin de se mobiliser pour trouver des solutions aux grands problèmes sociaux. Il semble que les particularités de l’entrepreneuriat social soit leur double objectif, social et économique : a)L’entrepreneuriat social remplace les services sociaux : Alors que les services sociaux visent à répondre à un besoin pour tous les citoyens, sur la base d’une enveloppe gouvernementale, et ne cherchent pas à en tirer de revenu, l’entrepreneuriat social touche une portion limitée de la population locale tout en misant sur l’innovation et le rendement financier, sans être complètement dépendant d’une enveloppe gouvernementale. Donc il ne s’agit pas d’une solution miracle pouvant remplacer tous les services sociaux gouvernementaux b) L’entrepreneuriat social est une forme d’activisme social : L’entrepreneuriat social se distingue également de l’activisme social. Bien que ces deux formes d’engagement partagent des motivations similaires, soit l’établissement d’un équilibre social amélioré et stable, elles diffèrent en ce qui concerne l’orientation de l’action. Contrairement à l’entrepreneur social, l’activiste essaie de modifier le statuquo par des actions indirectes, par exemple via des groupes de pression, ONG, etc. La mise en place d’une organisation n’est pas centrale au sein de l’activisme social au contraire de l’entrepreneur social. c) L’entrepreneuriat social est une forme de responsabilité sociale des entreprises : Source : David Bornstein, Comment changer le monde – les entrepreneurs sociaux et le pouvoir des idées nouvelles, Editions la Découverte, Paris, 2005 34 24 L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012 Bien que l’entreprise sociale et l’entreprise appliquant une politique de responsabilité sociale, soient deux entités qui cherchent à avoir un impact positif sur la société, leur raison d’être et leurs actions diffèrent substantiellement. Au niveau de la mission, l’entreprise existe pour réaliser des profits et croître; elle juge qu’une implication sociale améliorera cette croissance. L’entrepreneur social dédie quant à lui l’entièreté de son entreprise à la réalisation de sa mission sociale. L’entrepreneuriat, par l’initiative, l’innovation et la compréhension du milieu, est au cœur de l’entreprise sociale, ce qui n’est pas nécessairement le cas dans le cadre d’une grande entreprise socialement responsable. Ces différences auront entre autres un impact substantiel sur le choix des acteurs et des bénéficiaires (lequel choix dans le cadre de l’entreprise socialement responsable est souvent relié à la réalisation de sa mission principale et à l’image qu’elle veut dégager), sur la durabilité de l’initiative, sur l’innovation sociale qui peut se dégager de l’initiative, de même que sur la manière d’évaluer la performance de l’initiative. d) L’entrepreneuriat social est une nouvelle forme de coopérative : La coopérative et l’entrepreneuriat social ont en commun la participation active de plusieurs acteurs qui sont parties prenantes dans l’initiative sociale et qui s’impliquent dans le but d’améliorer leurs propres besoins économiques ou sociaux. Cependant, le bénéficiaire n’est pas nécessairement membre, propriétaire ou partie prenante : il n’y aura pas automatiquement de lien économique avec l’usager dans l’entreprise sociale. Une entreprise sociale peut donc prendre la forme d’une coopérative, mais peut également prendre d’autres formes où les bénéficiaires ne participent pas aux affaires de l’entreprise. e) L’entrepreneuriat social est un synonyme d’économie sociale : L’économie sociale et l’entrepreneuriat social convergent vers un même principe, soit celui de créer une valeur ajoutée de nature sociale dans le cadre de l’action de l’entreprise. L’économie sociale se définit par des statuts (associations, coopératives, mutuelles, fondations) et des principes (“une personne, une voix”, nonlucrativité individuelle, liberté d'adhésion, indépendance à l'égard des pouvoirs publics). L’économie sociale possède cependant ses caractéristiques propres : • Une mission orientée vers ses membres ou la collectivité; • Une structure décisionnelle et organisationnelle démocratique et participative • Une emphase sur les personnes et le travail dans l’utilisation du revenu et du capital. La mission de l’entrepreneur social sera purement bienfaisant, alors que la mission de l’entreprise d’économie sociale pourra avoir une mission autre (par exemple : production de bière, production de spectacles, association d’individus) dans la mesure où son orientation envers ses membres et ses principes de gouvernance sont respectés. De plus, l’économie sociale insistera sur une gouvernance démocratique et participative alors que l’entrepreneuriat social laisse à l’entrepreneur le soin de choisir la structure qui favorisera le mieux l’entrepreneuriat, 25 L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012 l’innovation et la poursuite de sa mission sociale. Le graphique suivant présente les interférences entre ses notions35 Figure 1: Source : Jeune Chambre de commerce de Montréal : L’entrepreneuriat social au Québec : pour un dynamisme social axé sur l’initiative 2008 f) L’entrepreneuriat social et les activités génératrices de revenu (AGR) L’AGR est une gamme d’activités rentables d’auto-emploi permettant la survie et l’amélioration de la situation des personnes pauvres. Leur objectif est économique seulement car le retour d’investissement ne le concerne que lui seule. L’objectif social est absent Ainsi, l'entrepreneuriat social ne remplace pas les services sociaux ; ce n'est pas un synonyme d’activisme social, de coopérative ou d'économie sociale, ni une forme de responsabilité sociale des entreprises : il constitue une forme d’entrepreneuriat distincte en soi.36 Jeune Chambre de commerce de Montréal : L’entrepreneuriat social au Québec : pour un dynamisme social axé sur l’initiative 2008 35 36 http://www.scribd.com/doc/47449097/l-Entrepreneuriat-Social 26 L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012 1.4. Comparaison entre l'entrepreneuriat classique et l'entrepreneuriat social Afin de mieux comprendre le concept, il est donc intéressant de les souligner et de comparer les entreprises sociales avec les entreprises classiques dites aussi économiques. Il est entendu que ces comparaisons ne servent qu’à illustrer le propos et aider à la compréhension et ne se veulent pas exhaustives. Les praticiens de l’entrepreneuriat social ont toujours existé, partout à travers le monde. Comme ce fut le cas pour le champ de l’entrepreneuriat, les activités entrepreneuriales sociales se sont d’abord développées parmi les praticiens avant d’attirer l’attention des chercheurs. Il s’agit d’un concept présentant un double perspectif: entrepreneuriat et 37 social .La première facette est le composant entrepreneuriat. L’entrepreneuriat fait référence au démarrage d’entreprise, la création de valeur pour les entrepreneurs qui utilisent l’innovation pour saisir des occasions d’affaires. Enfin, il y a une mobilisation de ressources pour atteindre les objectifs visés. Et donc, l’entrepreneuriat social, considéré comme une sous thématique du champ de l’entrepreneuriat, c’est l’entrepreneuriat dans le contexte social. La deuxième facette est la composante sociale. L’élément central distinguant l’entrepreneuriat social du classique, est sa mission sociale à accomplir. Sans cette mission, il n’y a certainement pas d’entrepreneuriat social. La mission sociale est combinée à une mission économique. Dans ce nouveau modèle d’entrepreneuriat, le profit, considéré non comme une finalité (dans le modèle classique), mais comme un moyen permettant de réaliser une mission. L’ENTREPRENEURIAT SOCIAL, MIEUX CONNAÎTRE LE CONCEPT, François BROUARD 23e Colloque annuel du Conseil canadien des PME et de l’entrepreneuriat, Trois-Rivières, 2006 37 27 L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012 Le schéma qui suit nous permet de faire ressortir les caractéristiques distinctes de l’entrepreneuriat social ainsi que l’entrepreneuriat classique de manière simple et claire. Tableau 1 : Caractéristiques distinctes de l’entrepreneuriat social et l’entrepreneuriat social Entrepreneuriat classique Entrepreneuriat social Mission Maximiser le profit des Actionnaires Créer du changement social Objectifs Créer de la valeur économique. Créer de la valeur sociale et économique Critères de réussite Profit dégagé Utilité sociale créée et viabilité économique Marché Répondre à des besoins Rentables Répondre à des besoins noncouverts Positionnement Logique concurrentielle Logique de complémentarité, de partenariats et éventuellement concurrentielle Démarche Mettre tous les moyens au service de l’objectif Moyens nécessairement cohérents avec le principe d’action Cibles Clients et actionnaires Bénéficiaires directs et indirects à distinguer parfois du client (celui qui paie effectivement le produit/ service) Mode de financement Apport en capitaux des actionnaires et réinvestissement des profits après rémunération des actionnaires Mixité des financements. Réinvestissement à 100% des bénéfices financiers Formes juridiques Sociétés à but lucratif Diversité des formes juridiques en fonction de la mission, des principes d’actions et des objectifs. Gouvernance Modèle relativement standardisé. Modèles plus ou moins complexes en fonction du statut. Ressources humaines Salariées Bénévoles, salariées, volontaires… 28 L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012 Chapitre 2: Les enjeux et perspectives de l'entrepreneuriat social au Maroc L’entrepreneuriat social marocaine dans le sens propre du mot n’as pas encore fait l’objet des beaucoup de publications pour pouvoir en sortir une théorie, méthodologie ou analyse distincte qui lui différencie de l’entrepreneuriat classique. Par conséquent, les textes sur lesquels s’appuie notre recherche sont typiquement de l’entrepreneuriat classique au Maroc et dans certains cas ceux des associations marocaines et leurs champs d’activité. 2.1. L'apparition et développement de l'entrepreneuriat social au Maroc L’Entrepreneur a subi une évolution depuis l’indépendance, marocanisation oblige, le pays a vu émerger une classe d’hommes d’affaires qui ont investi dans des secteurs producteurs de richesse: textile, agro alimentaires, industrie légère. Mais ces secteurs ne peuvent pas constituer les fondements d’une économie moderne susceptible de créer la richesse et engager le pays dans un développement économique et social généralisé et ceci en raison de la mentalité profonde et dominante du commerçant marocain, prudent et frileux et privilégiant une économie de rente sans prise de risque. Cette situation a perduré jusqu’à 1990, date à laquelle on a instauré de grandes réformes structurelles qui seront à l’origine de la croissance qu’à connu le Maroc jusqu’aux nos jours. Ces réformes ont conduit à des transformations certes progressives mais certaines qui ont impulsés un réelle dynamique entrepreneuriale. Cette dynamique a favorisé la genèse et le développement d’un certain nombre de mutation au niveau de la nouvelle génération d’entreprise et d’entrepreneurs. Au Maroc aujourd’hui, l’état soutien davantage des projets d’innovation au sens institutionnel et administratif afin de promouvoir et de développer la culture entrepreneuriale. Plusieurs motifs laissent penser que l’économie marocaine ne pourra se développer sans entreprises et qu’il n’y aura pas d’entreprises sans entrepreneurs capables de les pérenniser et de les développer. En effet, parler de l’entrepreneuriat au Maroc , c’est d’abord admettre les éléments suivants : Le potentiel entrepreneurial et social au Maroc existe L’entrepreneur est le fruit de son milieu socioculturel. 29 L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012 L’environnement politique, social, culturel et économique est un facteur déterminant pour diffuser, développer la culture entrepreneuriale et motiver l’entrepreneur. Aborder ces éléments nécessite de les replacer dans des perspectives multiples, soit : Economique, a savoir liée a la stratégie de l’Etat en matière de promotion et de la culture entrepreneuriale. Managériale, a savoir liée aux nombreux métiers et compétences mis en place dans l’environnement des porteurs d’idées et de projets (acquisitions et développement des habilites et compétences nouvelles…) Socioculturelle, à savoir liée aux éléments culturels de l’individu et de son entourage immédiat (tout particulièrement la famille, les amis) et au milieu scolaire, lesquels influencent fortement l’entrepreneuriat Psychologique, a savoir liée a la conscience, aux aspirations personnelles et à l’épanouissement de l’entrepreneur (statut d’entrepreneur manager et statut social) Parler de L’entreprenariat au Maroc s’est d’abord admette la cohabitation de deux catégorie, formel (entrepreneuriat d’opportunité) et informel (entrepreneuriat forcé ou de nécessité) L’entrepreneuriat de la nécessité, qui, très souvent relève d’une forme d’auto emploi « entrepreneuriat de survie ». C’est-à-dire qu’une personne n’a finalement pas d’autre choix que de créer son propre emploi généralement à domicile. L’entrepreneuriat par opportunité relève d’une intention stratégique des personnes qui ont déjà travaillé dans d’autre entreprises, et parce qu’elles ont cerné une opportunité de marché, décident de créer leur propre entreprise. Généralement, ce sont des personnes dotées d’expériences et d’un capital relationnel très développé, ce qui est parfois aussi important que le capital financier. Certes entreprenariat au Maroc bénéficie d’une certaine démocratisation. En effet, la constitution prévoit la liberté d’entreprendre et la réserve à tous les citoyens. Cependant, se situe dans un contexte chargé de multiples défis, l’accord d’association avec les payés étrangers, la lourdeur des procédures administratives, le manque de financement… exige la mise à niveau des pratiques du management plus particulièrement dans les petites et moyennes entreprises souvent dirigées par les « m’allem » (notons bien qu’au Maroc, les PME comptent plus que 90% sur le tissu économique). Dans ce cadre, des types d’entrepreneuriat sont apparues et sont devenues très dominantes au Maroc il s’agit du types: coopératif, associatif- solidaire et activité génératrices de revenus. Au voisinage et depuis l’adoption en 1983 de programme d’ajustement structurel, et le lancement dans le vaste programme de privatisation, on a assiste à l’émergence 30 L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012 d’une nouvelle bourgeoisie commerçante et industrielle, porteuse de dynamiques économiques et sociales innovantes : « l’émergence d’un nouveau groupe social, les entrepreneurs privés, signifie-t-elle l’amorce d’un processus irréversible de construction d’une société civile qui entend s’affirmer et s’organiser de manière indépendante et autonome ? » (Tangeaoui, 1993). Cette catégorie participe d’une mise en intrigue du changement politique dans le Maroc sous l’étendard de la « mise à niveau » accords libre échange « EU » puis « USA » récemment avec la chine sous la légitime de la transitologie régulièrement convoquée et qui s’inscrit le récit réformateur avec ses héros et contre héros, dont il semble que les entrepreneurs sont des figures de proue. Entrepreneuriat social : Il a pour but la promotion du changement social il vise a bouleverser les règles du jeu en créant des solutions innovantes qui satisfait des besoins sociaux. Les combinaisons de ressources crées par les entrepreneurs sociaux privilégient l’impact social par rapport au profit. L’émergence de l’ES est étroitement liée à l’idée que les individus sont multidimensionnels, ils sont plus que des acteurs économiques qui maximisent le profit. Et si vous chercher une réponse définitive à ce que c’est l’entrepreneuriat social vous risquez d’être déçu. L’émergence de l’ES est porteuse de plusieurs promesses. Au sommet de l’iceberg représente un monde meilleur, affranchi de la pauvreté : Combinaison efficacité en affaires et pensée entrepreneuriale pour résoudre des problèmes sociaux. Dans les eaux profondes il y’a la promesse de redonner une dimension humaine aux acteurs économiques, une nouvelle vision de l’économie qui doit servir les hommes et non l’inverse et plus important d’agir en conséquence. Mais il revient tout de même de se poser la question : Pourquoi l’entrepreneuriat social ? Et pourquoi maintenant ? Et quel rôle pour ONG leurs subventions leur orientations marché ?? D’où parler le l’entrepreneuriat social au Maroc s’est encor prématuré. Les caractéristiques principales de l’entreprenariat social, décrites dans diverses ressources théoriques, sont les suivantes: - Mission, formulée explicitement, de créer et de conserver la valeur sociale, et de bénéficier aux communautés ; - Haut degré de risque économique et d’autonomie dans les activités liées à la production de biens et/ou à la vente de services ; - Recherche de nouvelles opportunités et d’explorations de ressources insoupçonnées afin de servir cette mission ; - Recherche de modèles durables, en se basant sur une étude de faisabilité bien élaborée ; - Engagement constant dans l’innovation, l’adaptation et la formation ; - Pouvoir de décision non basé sur la possession de capital ; - Nature dénotant un certain degré de participation et de collaboration impliquant diverses parties prenantes ; 31 L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012 - Distribution limitée des profits et quantité minimale de travail rémunéré ; - Chaque individu a le pouvoir de faire changer les choses. Les diverses mutations qu’à subit L’entreprenariat au Maroc ont été mises en évidence par le Pr DRISS GUERRAOUI dans son enquête qu’il a mené auprès des entreprises marocaines. Il résulte de cette enquête (2009) que : La principale raison avancée par les entrepreneurs enquêtés est la recherche de l’indépendance et de la liberté d’agir(39% des cas), c’est là ou réside l’un des grandes mutations sociologique et culturelles de l’entrepreneuriat au Maroc, c-à-d que le choix d’entreprendre par les entrepreneurs enquêtés n’est pas du à une difficulté de trouver un emploi mais ils ont préféré la voie de l’entreprenariat en raisons des conditions qu’offre actuellement le Maroc au secteur privé et aussi par leur propre esprit d’initiative. La volonté et la motivation, sources principales de l’Entreprenariat, en effet, on ne peut pas devenir entrepreneur par hasard, il faut d’abord aimer son métier et être engagé dans « l’aventure » entrepreneuriale pour pouvoir réussir. Deux facteurs sont primordiaux pour un entrepreneur quel que soit son niveau de formation. Le premier est lié à l’expérience dans le domaine où il entend exercer son activité et deuxième porte sur le capital nécessaire au démarrage de son entreprise. Ces deux facteurs doivent être accompagnés par une ferme volonté d’entreprendre et un soutien de la famille et des proches. En effet L’entreprise nécessite des moyens techniques et financiers qu’on ne peut pas acquérir par hasard. Aussi, estiment-t-ils, l’intelligence et la bonne gestion, joint à un esprit entrepreneurial et à la capacité de comprendre l’environnement dans lequel évolue son entreprise, sont, également, nécessaires pour entreprendre. Un entreprenariat en mal de rupture avec le réseau familial : Les résultats montrent, en effet que les nouvelles générations d’entrepreneurs ont du mal à rompre avec le réseau familial pour créer leurs propres entreprises (59,2% parmi les entrepreneurs enquêtés, 65,8% chez les femmes et 55% chez les hommes ont affirmé s’être appuyer sur l’aide de l’entourage familial et des institutions bancaires). 2.2 L’impact de l'entrepreneuriat social sur la société Les paramètres de mesure traditionnels pour les entreprises et la réussite entrepreneuriale se concentrent principalement sur la performance financière d'une entreprise et sa capacité à survivre seule. En règle générale, ces mesures de résultats des entreprises sont revenus, la rentabilité, les ventes, et le profit. ll est de notoriété générale que dans le secteur à but lucratif, la valeur est mesurée ou définie en termes financiers et le retour sur investissement (RSI) est l'indicateur le plus important de nos jours. Bornstein et Davis (2010) ont convenu et a écrit qu'il est possible d'évaluer la performance financière d'une entreprise à but lucratif avec un seul instrument : la RSI de la société. 32 L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012 L'évaluation des performances pour les entreprises sociales Pour les entreprises sociales, cependant, l'évaluation de la performance semble être plus sophistiquée. Les indicateurs de performance traditionnels présentés ci-dessus ne sont pas souvent adaptés pour évaluer la performance des entreprises sociales. Même si ces mesures financières semblent être valides, fiables et comparables, ils ont la tendance à ignorer les résultats sociaux et environnementaux ainsi que les résultats économiques indirects. En raison du fait que les entreprises sociales poursuivent des objectifs sociaux plutôt que des objectifs financiers, dont ils ont besoin des mesures supplémentaires afin de démontrer leurs réalisations. Dees et al. à écrit que les entrepreneurs sociaux doivent maintenant prouver leurs réalisations avec "l'impact social mesurable» (2002, p.162). Par conséquent, les entrepreneurs sociaux ont besoin pour évaluer la directe ainsi que les résultats économiques indirects, social et environnemental. 2.2.1. L'impact sur l'axe économique Les impactes directs de l'entrepreneuriat social inclus mais ne sont pas limités à la création de revenu pour les employés, de nouveaux emplois créés, et les nouvelles entreprises créées. Les résultats économiques indirects comprennent l'amélioration des compétences personnelles, des emplois supplémentaires créés dans d'autres sociétés (par exemple les fournisseurs), et une prospérité accrue de la communauté locale. Deux résultats économiques doivent être expliqué plus en détail: l'augmentation des recettes fiscales pour le gouvernement local (un résultat économique direct) et les économies dans les dépenses publiques (un résultat économique indirect). La création de nouveaux emplois grâce à l'entrepreneuriat social ne bénéficie pas seulement les employés, mais elle implique aussi des avantages pour le gouvernement. À la suite de nouveaux emplois et l'augmentation des revenus personnels, les gouvernements sont en mesure de réduire leurs dépenses pour la sécurité sociale et les prestations sociales (Mair et al. 2006). En outre, les gouvernements sont en mesure de percevoir plus d'impôts auprès des employés ainsi que des entreprises. Ces deux indicateurs de résultats sont fréquemment utilisés par les entrepreneurs sociaux afin de démontrer les effets de leurs activités. Cependant, il est très chronophage et difficile à calculer les économies ou à l'enlèvement d'impôt supplémentaire par le gouvernement. 2.2.2. L'impact sur l'axe social Les résultats directs des activités entrepreneuriales sociaux impliquent souvent la fourniture de nouveaux biens et services à la population, l'amélioration de la qualité de la vie, et la réinsertion des personnes vulnérables dans la société. Les résultats indirects comprennent les résultats sociaux de nombreux effets psychologiques tels que l'augmentation des niveaux de confiance, l'indépendance, la satisfaction, la responsabilisation, l'estime de soi et de meilleures compétences à travailler en équipe. L'entrepreneuriat social crée également des résultats environnementaux directs qui peuvent être observés dans la rénovation de bâtiments anciens et à la réduction des déchets non recyclés. Les résultats environnementaux indirects peuvent être considérés dans une attractivité accrue de la région comme un lieu à vivre et à 33 L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012 visiter ainsi que des contributions à l’agenda du développement durable de la région ou du pays. Le tableau suivant résume les indicateurs de résultats mentionnés ci-dessus et énumère quelques-uns de plus. Tableau 2 : Les indicateurs de résultats de l'entrepreneuriat social Direct Indirect l'augmentation du revenu l'amélioration des Les résultats pour les employés compétences personnelles économiques et les perspectives création de nouveaux emplois création de nouvelles entreprises juridique augmentation du chiffre d’affaires augmentation des recettes fiscales des collectivités locales Les résultats sociaux la fourniture de nouveaux biens et de services à la communauté amélioration de la qualité de la vie la contribution au capital social Les résultats environnementaux la rénovation de bâtiments anciens la régénération de l'infrastructure physique la réduction de déchets non recyclés lieu plus attrayant pour travailler contribution au capital de l'environnement local Source: Haugh, H. in Mair et al. (2006, p. 186-187 and 196-197) 34 d'emploi des salariés emplois supplémentaires créés dans d'autres organisations (par exemple les fournisseurs) accroissement de l'innovation et la créativité dans la communauté locale l’augmentation de flux d'argent au sein de la communauté locale l’économisations des dépenses publiques des niveaux accrus de confiance de l'individu, de l'indépendance, la motivation, la satisfaction, l'habilitation, l'estime de soi, des réseaux, et les compétences à travailler en équipe l'augmentation des possibilités d'interaction sociale amélioration du dynamisme de la communauté et la région communauté plus attirant comme un endroit à vivre, travailler et visiter région plus attirant comme un lieu à vivre et visiter. contribution à l’agenda du développement durable contribution à la richesse d'environnement régional L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012 2.3 Les défis et visions de l’avenir de l’entrepreneuriat social Par les défis de la globalisation de l’économie et les nouvelles attentes des marchés de capitaux à travers le monde, les entreprises social sont appelées à faire face à de nouveaux enjeux et de nouveaux risques. Les scandales financiers et les menaces qui ont ébranlé le monde économique ont fait des soucis de bonne gouvernance une priorité absolue pour les régulateurs mondiaux et locaux. La PME-PMI de quelle au Maroc l'entreprise sociale fait parti constitue le centre névralgique de l’économie marocaine, malheureusement, sa contribution reste faible. Alors que plus de 90% des entreprises sont des PME38, elles ne participent qu’à hauteur de 20% de la valeur ajoutée créée. Pourtant, l’ensemble de ses caractéristiques est en fait un type d’entreprise capable de remédier aux difficultés que doit surmonter l’économie nationale pour faire face aux enjeux de la mondialisation. En effet, la PME constitue un véritable levier de développement mais au Maroc sa situation reste mal cernée vu que la majorité de son tissu échappe au secteur formel. Ceci la prive de certaines opportunités que peut lui offrir son environnement. 2.3.1 Les défis et obstacles de l'entrepreneur social au Maroc Au Maroc, malgré l’importance des entrepreneurs et de l’entrepreneuriat social, peu de stratégies de développement du secteur privé offrent les moyens de découvrir et développer les entrepreneurs potentiels ou de stimuler de nouvelles sources d’entreprises social. Appelées à jouer un rôle de moteur de la croissance, les entreprises social marocaines continuent, néanmoins, à se heurter à de nombreuses contraintes, qui freinent leur développement. Les trois grands défis sont : - L’absence d’infrastructures pour cette forme d’entreprenariat : Dans la région, rares sont les intermédiaires d’appui dont les entrepreneurs sociaux ont besoin pour se développer et prendre de l’envergure : incubateurs, réseaux d’investisseurs providentiels, fonds de réplication, etc.; - Les cadres législatifs et réglementaires sont trop restrictifs : Les lois régissant les marchés financiers doivent être modifiées si l’on veut inciter les fonds d’investissement social à intervenir dans la région. De plus, la législation actuelle freine l’autonomisation —à travers des modèles hybrides — des ONG, qui restent donc fortement tributaires des bailleurs de fonds; En l’absence de statistiques fiables, ce pourcentage, reconnu par la majorité des rapports officiels demeure approximatif vu le poids important de l’économie informelle au Maroc. 38 35 L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012 - Les traditions culturelles et les systèmes éducatifs n’offrent pas un environnement propice au développement de cette forme d’entreprenariat : Presque tout le monde s’accorde à dire que la pensée critique et les compétences analytiques sont essentielles pour bâtir une nouvelle génération d’entrepreneurs sociaux. Or les écoles de la région n’encouragent pas suffisamment cette forme de pensée et ne permettent pas aux élèves de développer leurs capacités de raisonnement. Il faudrait aussi mettre davantage l’accent sur les services communautaires afin que les entrepreneurs en herbe s’attellent aux difficultés de leurs communautés pour y apporter des solutions.39 De plus les défis auxquels fait face l'entrepreneuriat social sont ceux rencontrés par les start-ups traditionnels dans le pays. Le financement est un pierre d'achoppement, avec des obstacles bureaucratiques, manque de clarté et de la réglementation. Ces entrepreneurs se trouvent en plus confronter à des obstacles qui entravent toute promotion de l’entreprenariat tels : - Le manque de transparence dans les affaires et la permanence des rentes et des privilèges (des passe-droits, du clientélisme et parenté) constituent l’un des obstacles majeurs à la promotion de l’entreprenariat ceci se justifie par l’existence de délit d’initiés et d’accès inégal aux marchés. Ce qui pose toute la problématique de la concurrence loyale entre les entrepreneurs (équité dans l’accès à l’information, l’égalité de traitement pour bénéficier des crédits). - L’émergence d’une nouvelle génération d’entrepreneurs demeure confrontée à la persistance du fléau de la corruption qui lamine l’effort national de promotion de l’Entreprenariat, affecte le rythme de la croissance, décourage l’investissement et réduit les opportunités d’affaires. - Les obstacles relatifs à la création des entreprises au Maroc, le premier est lié au cadre institutionnel et a trait à la bureaucratie et à l’existence de monopoles et de chasses gardées, le deuxième type est à caractère économique et porte sur le coût des facteurs et la qualité de la main d’œuvre.40 Tant que les réformes de l’administration et de la justice ne voient pas une mise en œuvre effective et ne connaissent pas un rythme accéléré de réalisation, ni l’objectif de promotion de l’entreprenariat ni celui de l’attrait des investissements directs étrangers, ne pourront pas se concrétiser de façon durable et au niveau souhaité par le Maroc. 39 Social Entrepreneurship: Why is it Important Post Arab Spring? 40 Nehra AMARA, Zahra RAMADAN, Sonia BOUSHABA ; L’ENTREPRENEURIAT AU MAROC 36 L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012 Tableau 3 : Principaux obstacles que rencontrent les entreprises dans les différentes étapes de la transition Etape 1 Etape 2 Etape 2 et 3 Etape 3 FORMEL: fiscalité, la politique d'instabilité / incertitude, les règlements juridiques • Des douanes et règlement relatifs au commerce •Les changements fréquents de lois • L'enregistrement des entreprises d'affaires • Non-transparence du gouvernement • droit commercial • Prestations de sécurité sociale • Trop des permis • Les normes comptables • L’information • Besoin des conseils spécifiques (marketing, financière, psychologique) • Manque de soutien de l'Etat INFORMEL : • Attitude du Gouvernement • Mesures anti-corruption • sécurité des affaires • Manque d'une attitude positive • Corruption • Bureaucratie • Comportement de paiement des clients • Trop des contrôles fiscaux • Mise en œuvre de la réglementation • Motivation /qualité éthique de la main d'œuvre ECONOMIQUE: Financement: accès et le coût • La stabilité Macroéconomique • Inflation • L'infrastructure physique • la faible demande de produits • Prix élevés des intrants • Fournisseurs • Taux d'intérêt élevés • L'infrastructure • Pénurie de travailleurs • La concurrence qualifiés déloyale • La forte concurrence • Les frais de location • Les coûts salariaux • Formation en entreprise AUTRES • La croissance des activités dans de nouveaux marchés Source: Entrepreneurship in a Changing Environment: Analyzing the Impact of Transition Stages on SME Development 37 L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012 2.3.2 Attentes et visions de l’avenir De nombreux programmes de formation en gestion ont été créés, pour améliorer les compétences dans les domaines de la comptabilité, de l’étude de faisabilité, du marketing, mais reste toujours certaines visions à remplir afin de renforcer le processus de l’entreprenariat. A. Renforcer la politique publique d’appui à la création d’entreprise: fait partie des premières attentes de la grande majorité des entrepreneurs ; Cette perspective d’avenir est la voie la plus appropriée pour promouvoir ainsi l’initiative entrepreneuriale et capitaliser les opportunités importantes qui existent dans ce domaine au Maroc. En effet, l’arrivée massive des investisseurs étrangers dans un pays en pleine croissance et où plusieurs grands chantiers sont en cours de réalisation ou en projet et qui a une vision d’avenir de sa modernisation économique en est une preuve tangible, dans ce contexte, ils considèrent que le nouvel entrepreneur a surtout besoin d’encadrement, de conseils et d’information. B. Promouvoir l’initiative entrepreneuriale auprès des jeunes: Les principales mesures qui peuvent aider à promouvoir l’entreprenariat au Maroc peuvent être réparties en trois catégories. La première catégorie est relative à l’accompagnement des jeunes à la création de leur entreprise, elle comprend la création de fonds d’aide et de soutien, la révision de la fiscalité des PME, l’encouragement à l’investissement par allègement des taxes, l’amélioration de l’accès au crédit, favoriser l’acquisition de terrain et de locaux professionnels, l’instauration d’un guichet unique et la création de forums et de rencontres pour les jeunes entrepreneurs. La deuxième catégorie porte sur la mise à niveau de la jeune entreprise. La troisième catégorie de mesures porte sur la sensibilisation des jeunes à l’entreprenariat, la promotion de la culture entrepreneuriale à l’école et à l’université et le développement du partenariat international avec les entreprises et les territoires étrangers. Ces trois catégories de mesures doivent être soutenues par initiatives visant à accompagner les jeunes entrepreneurs au cours de toutes les phases de la réalisation de leurs projets. C. Créer un environnement macroéconomique favorable: L’importance pour les entreprises de l’existence d’un environnement macroéconomique incitant à la création d’entreprise et ce à tous les niveaux institutionnel, économico-financier et social. Sur le plan institutionnel, il s’agit de la simplification des procédures pour la création de l’entreprise, la lutte contre la corruption dans l’administration, la réforme de la 38 L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012 justice, la promotion des droits humains, de l’égalité des chances dans les affaires et l’adaptation de l’administration au rythme et aux besoins des entreprises. Sur le plan économico-financier, il s’agit de mettre en place une politique favorisant la baisse du prix du foncier, la baisse des impôts, l’accès au crédit et l’aide à la promotion des exportations. Sur le plan social, il convient de lancer les bases d’une stratégie publique volontariste d’encouragement de l’esprit d’initiative auprès des jeunes, l’intégration de la culture de l’entreprenariat dans le système d’éducation et de formation, la promotion de la recherche-développement et la promotion des études prospectives relatives à l’entreprise. A cet égard, la perception du rôle de l’Etat chez est révélatrice des problèmes que rencontrent les nouvelles générations d’entrepreneurs et d’entreprises marocains. La principale demande est la levée des obstacles majeurs à l’entrepreneuriat, l’appui financier, l’encadrement, l’accompagnement et la formation, ce qui suggère la mise en place d’une politique publique multidimensionnelle concertée et coordonnée, avec tous les partenaires de l’entreprise D. Promouvoir et renforcer la culture entrepreneuriale au Maroc Pour que l’économie marocaine puisse être compétitive et pour assurer sa croissance, il importe, d’équilibrer les formes et les types d’entreprise en encourageant, la création d’entreprises innovantes, en gérant le développement et le transfert d’autres entreprises. En tant que le projet de société, la culture entrepreneurial se doit d’etre diffusée dans tous les milieux, à commencer par les milieux familiaux et scolaires. Il faut que le savoir faire entrepreneuriale de l’état marocain facilite le développement des autres savoirs tels que le savoir faire, le savoir être, le savoir agir et le «savoir – devenir entrepreneur» Actuellement, de nombreux organismes et structures mis en place par le gouvernement contribuent au développement et à la consolidation de la culture entrepreneuriale. Ces structures de sensibilisation et d’accompagnement sont appliquées à un environnement global. 39 L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012 2.4 . Un aperçu de l'entrepreneuriat social à l'échelle mondial Figure 2 ; Un aperçu de l'entrepreneuriat social à l'échelle mondial Rubicon Programs, aux Etats-Unis Développement des entreprises, les conditions de travail, le chômage BRAC, au Bangladesh L'éducation, le développement des entreprises, le développement rural, la santé, la finance, les femmes Streetwires, l'Afrique du Sud Le développement des entreprises, le commerce équitable CDI, le Brésil Education, la technologie, les enfants et les jeunes Shonaquip, l'Afrique du Sud Handicap, la santé, les enfants et les jeunes IDEAAS, le Brésil Énergie, environnement, développement rural, la technologie City College & O College, Singapour Éducation, jeunesse Aidha, Singapour L'éducation, le développement des entreprises, la migration, les femmes Source ; Ashoka et Avise (2008), Premier baromètre de l’entrepreneuriat social, Opinion Way 40 Grameen Bank, au Bangladesh Microcrédit L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012 CHAPITRE 3 : LES ENTREPRENEURS SOCIAUX AU MAROC Ce chapitre se focalise sur quatre (4) entrepreneurs sociaux qui ont réussis le pari avec leurs organisations respectives. Notre analyse des ces entrepreneurs et les organisations se fait a travers trois paramètres à savoir ; la mission sociale, l’innovation employée et l’impacte du projet. Ces critères nous semblent les plus pertinentes pour pouvoir juger en quelque sorte leur portée sur le plan social national. Les informations présentées ont été recueillis à partir de leurs sites web et les publications déjà faite par les journaux, des sites spécialisés, ainsi de suite. 3.1 Mohammed Abbad Andaloussi – l’association Al Jisr Créée en 1999, Al Jisr est le pont entre les établissements scolaires et les entreprises, amenées à s’impliquer davantage afin d’améliorer les performances de notre système éducatif. À travers ce parrainage (180 établissements scolaires sont concernés), les entreprises mènent de multiples actions : rénovation des salles de classes, équipement des bibliothèques et salles multimédia, activités parascolaires, stages en entreprises… En parallèle, l’Association collecte et distribue des PC, forme des formateurs à l’informatique qui transmettent, à leur tour, leur savoir aux enseignants. Mohammed Abbad Al Andaloussi est le fondateur et Président de Injaz Al-Maghreb, une autre association qui cherche a cultiver un esprit entrepreneuriale chez les jeunes au Maroc. Il a gagné le prix de Schwab pour le meilleur entrepreneur social de l’année 2010 ; Il est également un membre des réseaux internationaux d'entrepreneurs sociaux Ashoka, Synergos et celui de la Fondation Schwab. La Mission Sociale L’Association se donne pour mission de soutenir l’Ecole dans son effort de réhabilitation et de mise à niveau et de contribuer à l’amélioration des performances du système éducatif de notre pays. En particulier, l’Association œuvre à la sensibilisation et à la mobilisation du réseau 41 L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012 entrepreneurial pour une implication dans l’éducation. Cette implication se traduit par un appui multiforme à l’Ecole dans le cadre de comités de soutien appelés à se constituer en sections locales de l’Association. Le Problème Bien que le gouvernement marocain consacre aujourd’hui environ 12% de son budget à l'éducation voire 5,6% du PIB, le même pourcentage que celui consacré à l’éducation en France; alors que les résultats de l’enseignement au Maroc sont comparables à ceux obtenus par des pays comme l’Inde (3,1% du PIB), le Togo (2,6% du PIB), l’Érythrée (2,4% du PIB) ou l’Haïti (1,4% du PIB).la qualité de l'éducation au Maroc est très faible. En 2004, 14 pour cent des étudiants de l'enseignement primaire ont échoué et 19 pour cent des étudiants de l'enseignement secondaire ont échoué. Le taux d'abandon en 2004 a atteint 6,5 pour cent dans les écoles primaires. Les 8,722 écoles publiques au Maroc n'ont pas beaucoup d’équipements et matériels normalement requises et surtout, le manque de qualité dans leurs services éducatifs. Les conditions d’écoles telles que les installations, les salles de leçons, les équipements et même l’hygiène générale ne sont pas à la hauteur. Le fonctionnement de systèmes de gestion scolaire sont généralement loin de pouvoir faire sortir une évaluation systématique et analytique des causes sousjacentes des performances médiocres. Le ministère de l’Éducation n’a toujours pas réussi à offrir une solution durable pour confronter à ces problèmes. Le secteur privé au Maroc se plainent du manque de ressources humaines de qualité nécessaires pour améliorer la compétitivité des entreprises. L'offre de travail ne correspond pas aux besoins du secteur privé. Les enseignants ignorent le monde de l'entreprise et les entreprises ignorent l'éducation, à l'exception de quelques dons de bienfaisance qu’ils font pour la construction d'écoles. La réussite scolaire est basé sur la mémorisation, des programmes qui n'encouragent pas l'initiative, l'imagination, le travail en équipe, ou encore l'esprit d'entreprise. Par conséquent, les étudiants ne sont pas bien préparés pour le marché du travail. Malgré ces défis, les entreprises ont généralement été appréhensives à s'impliquer dans l’intervention sociale ou quand ils le font c’est toujours à travers les dons sporadiques. La majorité des étudiants ne fait pas le lien entre leurs études avec leur futur emploie. La science et le cours de mathématiques sont souvent beaucoup plus rigoureux que les autres classes. Craignant des notes faibles, les élèves choisissent la littérature ou les études en arts au niveau secondaire plus que les études de sciences appliquées. Seulement 1,6 % des élèves du secondaire choisissent d'étudier la mathématique. Comme leurs qualifications ne correspondent pas aux exigences du marché du travail établies par le secteur des entreprises, environ 300.000 diplômés sont au chômage. Ils n'ont pas les compétences nécessaires et n'ont pas cultivé l'esprit d'entreprise qui les aiderait à surmonter ce défi. En général, les écoles marocaines sont prudentes en ce qui concerne l'interaction avec le monde extérieur. Pleinement conscient de leur responsabilité de former caractères des jeunes, les écoles sont été extrêmement prudents sur l'incorporation de facteurs sociaux externes qui pourraient affecter négativement leurs élèves. Les enseignants utilisent souvent des méthodes très ancien de. Ils ne reçoivent pas de formation professionnelle continue et fonctionnent sans référence à des innovations 42 L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012 technologiques et scientifiques, avec lesquels leurs élèves sont plus familiers. Les écoles semblent rigides et isolé de la réalité des leurs élèves, ce qui diminue la motivation des élèves. Les écoles ne parviennent pas produire à un diplôme des jeunes capables de faire face dans la société où ils doivent travailler. La solution innovatrice Al Jisr mobilise des ressources et établi des collaborations entre le secteur des entreprises, les écoles et leurs communautés afin d’aider le gouvernement améliorer le système éducatif au Maroc. L’association a travers ses programmes diverses nourrit ces partenariats en soulignant la responsabilité collective de la société pour l'amélioration du système éducatif au Maroc. La modèle Andaloussi d'engagement global du secteur des entreprises va au-delà de la charité ou de la philanthropie pour créer un véritable engagement avec la société civile. Les organisations professionnelles signent ses accords de parrainage ou de partenariat avec une école, apportent leur expertise et des outils pour améliorer l'éducation et les services fournis et ils équipent les étudiants pour mieux s’intégrer dans un marché de travail toujours plus globalisé. Les chefs d'entreprises, travaillent main en main avec les directeurs, enseignants, étudiants et parents pour former un comité de soutien scolaire qui évaluer et essaye de remédier collectivement la qualité d'une école. La communauté scolaire et l'organisation de soutien des entreprises (BSO) collaborent pour rendre les écoles plus capables de fournir un enseignement supérieur de qualité qui conduit à changer le progrès et le développement du pays. L’impacte Sociale Depuis sa création en juillet 1999, cette association incite notamment les enseignants, les parents et les entrepreneurs à s’impliquer dans l’amélioration de la vie au sein de l’école. Sous l’impulsion d’un certain nombre de responsables de la société civile, de l’administration et du secteur privé, l’Association Al Jisr se fixe pour mission de soutenir l’école dans son effort de réhabilitation et de mise à niveau. Ce faisant, Al Jisr contribue à l’amélioration des conditions de certains établissements scolaires. L’Association a signé en mai dernier un accord de partenariat avec le ministère de l’Education nationale et de la Jeunesse qui a mis à sa disposition des locaux, une logistique et du personnel d’encadrement et une convention de parrainage lui assurant une subvention permanente pour son fonctionnement. Al Jisr a également reçu le soutien de plusieurs offices publics et signé des conventions avec de nombreuses entreprises qui ont décidé de relever le défi d’une école meilleure. Des comités de soutien ont été aussi créés dans plusieurs écoles urbaines et rurales. Ces comités sont constitués de représentants d’entreprises, du personnel de l’école et de nombreuses associations de parents d’élèves. Les plans d’action établis concernent l’amélioration de l’infrastructure de l’école (réfection de bâtiments, sanitaires), la réduction d’entraves à la scolarité (soins de santé, fournitures scolaires, lunettes…), l’aménagement d’espaces éducatifs et récréatifs, 43 L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012 la création de bibliothèques et l’organisation d’activités parascolaires. Une expérience pilote a été menée à l’école Lalla Aïcha à Ben M’sik qui a reçu en présence du ministre de l’Education nationale et de le Jeunesse sa certification décernée par la commission d’évaluation d’Al Jisr. Par ailleurs, depuis sa création, l’association a initié plusieurs séminaires de formation pour les entreprises et les écoles de Casablanca et d’autres villes du Royaume. Les responsables de cette association débordent d’ambition. Ils ont tracé bon nom de perspectives de l’année en cours. Ils veulent, en effet, avoir la possibilité d’exploiter à fond leur nouveau siège social. Ils espèrent que les entreprises se mobilisent pour parrainer 100 comités de soutien pour la période 2003/2004. Pour cela, ils s’assignent pour objectif de rendre l’implication des membres de l’association plus active, de recruter des personnes ressources supplémentaires et de mettre en œuvre un plan de communication intégrant les activités de l’association et ses partenaires. Les membres d’Al Jisr sont on ne peut plus conscients qu’il faut sensibiliser d’avantage de grandes entreprises publiques, des offices, des agences de développement, des fondations, des ONG et des associations œuvrant dans le domaine de l’éducation. 3.2 Amina Laraki Slaoui – Amicale des Handicapés Marocaine Il y a vingt ans, un jour qu'elle visite l'arrière-pays du Costa Rica à vélo avec son mari, elle tombe d'un pont et se brise les membres. Amina Laraki Slaoui avait 32 ans, un travail passionnant et des perspectives d'avenir plus que prometteuses. Elle était aussi une jeune maman comblée et avait une vie privée plus qu'épanouie. Et de grande sportive qui ne pouvait pas rester en place, elle se retrouvera dans un fauteuil roulant où elle est condamnée à passer le restant de ses jours. Mais au lieu de se lamenter sur son sort, elle décide de continuer à vivre malgré tout. De refuser la fatalité. Elle mettra au monde une petite fille qu'elle appellera Noor. Tout un symbole. Sinon, depuis 1994, Amina emploie toute son énergie au service des handicapés. Actuellement vice présidente de l'Amicale marocaine des handicapés (AMH), elle a beaucoup fait pour que la vie, que le statut de l'handicapé au Maroc change. Mission Sociale L'AMH est une association de solidarité et d'action sociale pour et au service des personnes handicapées, "celles qui ne veulent plus vivre en marge de la société, mais cherchent simplement à faire accepter leur différence et retrouver leur dignité. Et ce, en arrivant à sensibiliser l'opinion publique, à responsabiliser tous les citoyens et à donner une image positive des handicapés pour leur pleine intégration", tels sont les principes de 44 L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012 l’Association. Fondée en 1991 et administrée par des personnes handicapées avec la collaboration de non-handicapés, l'AMH compte actuellement plus de 7.000 adhérents de divers handicaps et plus de 3.000 amis et sympathisants. Parmi les principales actions de l'AMH, assistance financière à plusieurs étudiants handicapés, apport gratuit de médicaments, soutien moral et matériel des handicapés artistes. L'Association organise par ailleurs des activités socio-artistiques ayant pour but la collecte de fonds, des expositions d'artisanat et d'arts plastiques. L'AMH a par ailleurs organisé le premier colloque national sur la personne handicapée, sous le thème "A parts égales" au mois de Juin 1992. L'Association prévoit la création de coopératives des personnes handicapées, une auto-école pour handicapés, un centre culturel et sportif ainsi qu'un journal réservé aux handicapés. Enfin, I'AMH est le représentant officiel auprès des organisations internationales, telles que l'Organisation Mondiale des Personnes Handicapées dont le siège se trouve au Canada, l'Organisation Francophone siégeant à Montréal, l'Organisation de Réhabilitation Internationale, qui a invité une délégation de l'AMH à prendre part aux travaux du 17ème Congrès International. Quelques Dates clés 1993, lancement du 1er téléthon au Maroc, afin de pouvoir mener à bien ses objectifs concernant la prise en charge des personnes handicapées 1994, organisation du deuxième téléthon 1996, reconnaissance d’utilité publique 1997, début de travaux de construction du Centre Hospitalier Noor de Rééducation et de Réadaptation 1998, acquisition du Statut Consultatif auprès de l’ECOSOC (Conseil Économique et Social des Nations Unies). 1998, 3ème téléthon 2000, 4ème téléthon 2002, 5ème téléthon 2002, inauguration du Centre Hospitalier Noor de rééducation et de réadaptation par sa Majesté le Roi Mohammed VI. 2005, l’AMH dépasse la barre des 20 000 adhérents. 2005, création du collectif pour la promotion des droits humains des personnes en situation de handicap à l’initiative de l’AMH et de 4 autres associations, et en partenariat avec Handicap International 2008, Création du Programme d’Accompagnement à la Participation Sociale (PAPS). Restructuration et optimisation du service social de l’AMH dans son centre d’accueil à Casablanca, situé au 77 bd du 9 Avril. Quartier Palmier. En partenariat avec Handicap International et le cofinancement de l’Union Européenne. 2009, début des travaux de construction du Centre Noor II en partenariat avec l’INDH et la Préfecture de Sidi Othmane Ben m’sick 45 L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012 Le Problème La campagne de sensibilisation de l'Amicale Marocaine des handicapés choque et bouscule les émotions. Elle nous montre un panneau qui indique la mention “Pour les personnes valides seulement” et pose la question “veut-on en arriver là?”. Question pertinente mais qui semble déjà dépassée car, malheureusement, nous en sommes déjà là. En effet, les chiffres sont édifiants et illustrent largement l'exclusion quasi systématique et dans l'indifférence générale, des handicapés de toute activité sociale: 72% sont sans instruction, 88% sans emploi sans parler de l'absence de couverture sociale et d’accessibilité aux lieux publics. Ces chiffres montrent bien que ceux qui ont la malchance de vivre avec un handicap sont mis au ban de la société. Que le Maroc a pris la décision consciente ou inconsciente de faire d'eux des citoyens à part41. Pourtant, à plusieurs reprises, pressé par l’obligation de mettre en place des politiques, le gouvernement a pris des engagements. Ils sont, pour la plupart restés au stade d'effets d'annonce, de déclarations d'intentions qui n'ont connu aucune suite... ou si peu. Pourquoi? Parce que l'handicapé est considéré comme objet de charité et non comme un sujet de droit quelles que soient ses compétences. L’enquête nationale sur le handicap, réalisée par le secrétariat d’état chargée de la famille de l’enfance et des personnes handicapées en 2004, avec le soutien de l’Union Européenne, a révélée que 1 309 000 ménages (en moyenne 4 à 5 personne par ménage), comptent une ou plusieurs personnes en situation de handicap, soit 25,2% de l’ensemble des ménages Marocains. Cette enquête a également révélée que sur 1 530 000 personnes en situation de handicap recensés ; 71,8% n’ont jamais eu accès a l’instruction dont la majorité sont des femmes qui vivent en milieu rural (80,5%) contre (80,2% en ville). Et sur 1 314 000 personnes en situation de handicap en âge d’être actives (plus de 15 ans), seules 11,7% exercent une activité professionnelle. En outre 77,1% des personnes en situation de handicap, déclarent que toute activité sociale, leur est impossible à cause de l’absence des accessibilités physiques et sociales et des obstacles posés par certaines représentations culturelles. Pour faire face à ce problème tellement discriminatoire et dérogatoire qui pousse a l’exclusion de toute une partie du peuple marocain de l’activité économique et sociale. L’Amicale Marocaine des Handicapés a travers l’ingénuité de ces personnels vont organiser donc en 1993, le premier téléthon42 au Maroc pour pouvoir mener ses objectifs concernant la prise en charge des personnes handicapés. Amicale Marocaine de Handicapés La double peine ; Soundouss El Kasri pour Aufait portail d’info (2011) 41 42 Édition N° 64 du 28/01/1993 46 L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012 La Solution Innovatrice Lorsqu’elle rentre au Maroc, en mars 1993, Amina Slaoui Laraki entend parler du téléthon organisé par l’AMH. Apres qu’un ami la présente au président de l’association et son équipe, elle s’engage au sein de groupe et s’investit largement au point de devenir vice-président au bout de deux ans. L’association voir la nécessité de mettre en place une véritable stratégie pour l’insertion sociale. Ils decide alors de construire l’outil de base ; le premier centre de rééducation pour handicapés au Maroc. C’est avec cette objectives qu’ils ont organisés le premier téléthon au Maroc et en plus sans télévision. Sur 18 villes, ils sont arrivé a recolter 7.9 millions de dirhams. Un téléthon43, contraction des mots télévision et marathon (donc un mot-valise), est un programme télévisuel de 30 heures dont le but est de recueillir des fonds pour une œuvre caritative. C'est un concept apparu aux États-Unis dans les années 1950, tout d'abord pour aider les malades de Poliomyélite Habituellement de nombreux artistes (chanteurs, musiciens, comédiens) soutiennent la cause et appellent le public à faire des dons. Les promesses de dons sont recueillies via un standard téléphonique composé de bénévoles (du Lions Clubs principalement) et un compteur situé sur le plateau affiche en temps réel le montant recueilli. Pour réunir les fonds nécessaires à la construction du centre, l’association décide de lancer un second téléthon en 1994, avec le soutien de L’association Française Contre la myopathie (AFM), propriétaire du concept en France, et de 2M. 11,2 millions de dirhams tombent dans l’escarcelle. Un mécène achète aux Domaines un terrain à Bouskoura, et l’offre à l’AMH. Khalid Laraki, architecte, finalise bénévolement le projet, et, en juillet 1997, les travaux commencent avec l’aide du ministère des Travaux publics qui assure la maîtrise déléguée de l’ouvrage. En 1998, le troisième téléthon récolte 20 millions de dirhams pour terminer la construction et équiper le centre. Objectif atteint. “Tout le monde nous a soutenus. Les médias, les agences de publicité et surtout les Marocains. Ils sont d’une générosité et d’une solidarité incroyables ! ” Aujourd’hui, le centre, flambant neuf, est prêt à ouvrir ses portes. Ne manquent que les autorisations qui devraient se débloquer rapidement à présent, grâce au soutien effectif de Sa Majesté le Roi Mohammed VI à qui ce projet tient particulièrement à cœur. Alors qu’il était encore Prince héritier, il a posé la première pierre en juillet 1997. Il est venu ensuite effectuer une visite de chantier en octobre 1999. Une convention a d’ailleurs été signée avec la Fondation Mohammed V. L’AMH est également activement épaulée par le secrétariat général du gouvernement. Mais les téléthons ne sont pas leur seul moyens de se financier. Le téléthon est un lointain souvenir puisque le dernier date de 2002, presque 10 ans. Compte tenu du contexte de notre pays nous n’avons pas pu instaurer une régularité à l’instar des autres pays dans le monde qui organisent des téléthons. Nous avons tenté l’année dernière encore de refaire un téléthon mais notre demande est restée sans réponse (malgré nos relances répétées et persistantes)! Les autres sources de financement sont des budgets accordés par L’union européenne sur la base de projets ponctuels. Le centre Noor jouit d’une autonomie financière et ne reçoit aucune subvention de l’Etat (ni l’AMH d’ailleurs).Les autres sources de financement proviennent de dons 43 http://fr.wikipedia.org/wiki/T%C3%A9l%C3%A9thon 47 L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012 mais cela reste marginal. Et si les choses sembles avoir bien passée, c’est parce que ils ont du surpassé des preuves et difficultés associés à leur mission. Y compris des manouvres administratives qu’ils doivent faire, il existe les difficultés provenant de l’inhabilité de textes juridiques de prévoir les activités des associations comme l’AMH “Parce que nous sommes juridiquement atypiques. La création d’un centre de rééducation pour handicapés n’est pas prévue par les textes. Une association à but non lucratif est autorisée par la loi organique ouvrir un établissement de soins, mais, restriction de taille, dans les textes d’application, seul un médecin peut en être le membre fondateur. Il faut donc se battre pour faire évoluer les mentalités et autoriser la société civile à occuper toute sa place aux côtés de l’Etat. Le centre de Bouskoura est une première au Maroc, qui suscite d’immenses espoirs. 3.3 Institution nationale de solidarité avec les femmes en détresse (INSAF) Forte de sa culture et de son action concrète pour alléger la précarité et la détresse des femmes et des enfants, INSAF est une institution qui s’occupe énormément de la situation des mères célibataires. Mission Sociale Défendre les droits des femmes et des enfants pour favoriser leur épanouissement dans une société juste et solidaire Partager, en vertu de la solidarité citoyenne avec le tissu associatif et les intervenants institutionnels, le capital cumulé sur le terrain de la lutte pour la justice, l’équité et le droit à la dignité. Le Problème Les mères célibataires doivent faire face à l’exclusion dès la grossesse. Si des femmes plus nanties parviennent à interrompre leur grossesse dans des cliniques privées, dans l’illégalité bien sûr, les plus pauvres n’ont pas cette possibilité, par ailleurs coûteuse. Rejetées par leurs familles, abandonnées par les pères biologiques, ces femmes se retrouvent à la rue. La légalisation de l’avortement est prioritaire pour trouver une solution à ce phénomène qui concerne les mères, mais également des enfants innocents. Dans un premier stade, il faut permettre aux femmes victimes de viol ou d’inceste d’interrompre la grossesse», explique Saïda Bajjou, militante associative. L’exclusion continue à l’hôpital. Après accouchement, la majorité des hôpitaux, à Casablanca comme dans le reste du pays, font appel à la police pour enquête, en application de la disposition de l’article 490 du code pénal qui punit les rapports sexuels hors mariage. «Les mères célibataires sont humiliées par les agents de police, parfois même par le personnel hospitalier. Il y a des cas de femmes qui ont fui l’hôpital et ont laissé leurs bébés à la maternité parce qu’elles avaient peur de la police», atteste Mme Bajjou. 48 L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012 Le rejet des mères célibataires continue à l’administration de l’état-civil, qui refuse parfois d’inscrire leurs enfants. «La société civile ne peut pas faire face à ce phénomène. Le Samu social à Casablanca dispose d’un seul local où l’on retrouve des mères célibataires, mais aussi des enfants, des vieillards et des malades mentaux. En plus, le Samu est censé être un lieu pour de l’hébergement d’urgence qui n’excède pas trois nuits. L’Etat n’a aucune structure adaptée pour les mères célibataires», déplore Mme Bajjou. Les militants associatifs et les féministes se demandent également pourquoi les mères célibataires et leurs enfants ne bénéficient d’aucune aide matérielle de l’Etat notamment via le Fonds de solidarité familiale… Pourtant, selon les chiffres de 2011, le Maroc compte 220 000 mères célibataires. Elles ont donné naissance à 500 000 enfants entre 2003 et 2010 selon les résultats d’une enquête d’Insaf, rendue publique début 2011. A Casablanca seulement, chaque année, 5 000 enfants sont nés hors mariage. Ils alimentent le cortège toujours plus étoffé d’enfants de la rue ou participent à la mendicité avec leurs mères. Solution Innovatrice Lutter contre l’exclusion en assurant à notre population cible : - Une prise en charge totale avec hébergement au sein d’un foyer - Un accompagnement dans les domaines administratifs, judiciaires. - Une assistance financière et psychologique (écoute, appui médical) - Une réintégration dans le milieu familial quand cela est possible. - Une formation professionnelle accélérée (stages d’apprentissage en usines) Ces associations travaillent en réseau c'est à dire que les sœurs de charité prennent les mamans enceintes, avant l’accouchement, lorsque nous n’avons pas de place. Après l’accouchement, elles peuvent rester chez nous pour une période de trois à six mois… Les conditions des enfants mis au travail et les mères maltraites dans les prison les ont ramener a pouvoir mettre en place un programme dédiée a cette cause. Jusqu’au 30 juin 2003, ils comptent avoir aider plus de 1087 femmes. Avec leur méthodologie, ils prennent en charge soit en totale et soit partiellement. La prise en charge totale consiste à héberger les femmes avec leurs bébés pendant une période de trois à six mois. Ils essayent soit de les réintégrer dans leurs familles, soit dans le milieu socioprofessionnel. Depuis trois ans, ils ont hébergé 362 femmes qui ont bénéficié de tous les services de l’association à savoir les soins médicaux et les formalités juridiques…Ils aident à établir la carte d’identité nationale et les états civils pour leurs bébés. Ainsi, ils fournissent des formations d’alphabétisation, de couture et ils essayent de leurs trouver des stages chez des traiteurs et des sociétés externes pour qu’elles puissent réintégrer le milieu professionnel. 2 L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012 3.4 Aicha Ech- Chenna – Solidarité Féminine Depuis 1985, cette femme de cœur a fait de l’intégration de la mère célibataire, dans une société aussi conservatrice que la nôtre, son cheval de bataille. Pour ce, elle crée «Solidarité Féminine». A 65 ans, Aïcha Ech-Chenna n’est pourtant pas une féministe. Ce qui anime son action et fait de la solidarité une notion centrale dans sa vision des choses vient du fait qu’elle a été elle-même, depuis sa tendre enfance, touchée par la solidarité de son entourage. Dès l’âge de 16, elle est « contaminée par le virus de l’associatif», comme elle se plaît à préciser. C’est donc en 1959 qu’Aïcha Ech-Chenna s’engage dans sa première action de bénévolat en s’inscrivant dans la ligue de protection de l’enfance. L’action associative de cette militante ciblera en premier les enfants, notamment les abandonnés. Le contact quotidien avec ces derniers conduira cette assistante sociale vers leurs mamans. Une nouvelle forme de militantisme associatif et, désormais, née chez Aïcha EchChenna qui s’est donné pour mission de s’occuper des mères célibataires… au risque de choquer les mentalités ! En créant «Solidarité féminine», elle a d’ailleurs dû faire face a bien des résistances et autant de menaces ! «J’ai été taxée dès le départ d’être une femme qui encourage la prostitution», dit-elle. Mais rien ne la découragera. Projet après l’autre, elle créera des sources de revenus inépuisables pour celles en faveur de qui elle milite. La dernière réalisation en date concerne la construction, en septembre 2005, d’un hammam dont les recettes iront entièrement aux femmes célibataires. Le 9 mars dernier, Aïcha Ech-Chenna a été décorée du prestigieux prix «Elisabeth Norgall 2005» de l'International Women's Club of Frankfurt. Mission Sociale Le but de l'association est d'assurer aux mamans une indépendance financière et sociale afin qu'elles n'abandonnent plus leurs enfants. Dotée d’un plan stratégique depuis le 1 janvier 2003, l’association décline cinq objectifs spécifiques : Poursuivre sa politique de promotion des droits humains dans le cadre de plusieurs réseaux (nationaux et internationaux), développer sa communication (plaidoyer, sensibilisation, éducation du public) et ses actions de prévention auprès des populations à risque. Accompagner partiellement ou totalement 2’000 personnes en détresse par an, notamment des femmes, notamment des mères, notamment des mères célibataires et leurs enfants. 3 L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012 Intégrer dans ses programmes de réhabilitation, chaque année, 50 mères célibataires parmi les plus démunies et 50 enfants, offrant à ces derniers une prise en charge totale : accueil dans les crèches et travail visant à la reconnaissance de leurs droits fondamentaux parmi lesquels droits à une protection, un nom, une identité, une nationalité, une famille, une éducation et des soins. Offrir aux mamans les formations correspondant aux aptitudes de chacune et à des gisements d’emploi émergeants au Maroc tout en garantissant leur alphabétisation, sensibilisation, éducation aux droits et devoirs, prévention des risques. Développer des mises en application des formations générant des recettes pour doter les mamans des conditions pratiques d’apprentissage d’un métier tout en contribuant aux dépenses de l’association Impact Social Au tout début les mamans célibataires sont reçues dans l'un des centres d'écoute qui accueillent plus d'un millier de visites par an. Pour les cas les plus démunis, l'association les prend sous sa responsabilité : elle assure l'alphabétisation et la formation des mamans dans un secteur productif et accessible (Couture, cuisine, pâtisserie Marocaine, soins de beauté...) Les mamans perçoivent une aide financière et en nature de façon hebdomadaire : l'association prend en charge une partie du loyer des appartements loués par ses bénéficiaires, elle participe aussi au panier, les couches, le lait en poudre pour bébé, à hauteur de 250 dhs par semaine. Le But de l'association n'est pas de prendre en charge en totalité les besoins de la Maman, mais surtout de l'aider à avoir une certaine autonomie pour garder son enfant dans les meilleures conditions. Il y a aussi une couverture médicale qui prend en charge les soins de l'enfant et sa maman à 100%, une crèche gratuite, afin qu'elles puissent avoir un travail en dehors de l'association. En moyenne les mamans restent entre 2 et 3 ans à l'association. Tout cela à un cout, et l'association fait appel aux donateurs à hauteur de 50% de ses besoins, l'autre moitié est couverte par les activités de l'association. En effet, l'association assure un service traiteur : Au même moment ou elles sont formées, les Mamans assurent une partie de la production qui est destinée à la vente. Il y a aussi un petit restaurant, un Centre de remise en forme dernier cri, des "kiosques" qu'on retrouve à coté des hôpitaux, et toutes ces activités sont assurées par les mamans elles-mêmes. L'association est en mouvance, elle s'adapte aux besoins de la société : Auparavant, une grande majorité des mamans étaient analphabètes, depuis quelques années, 50% d'entre elles ont un niveau scolaire ce qui fait que les formations proposées ne 4 L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012 sont plus adéquates à cette catégorie de mamans. D'autres formations ont vu le jour : secrétariat, comptabilité, Gestion... Conclusion Construire une entreprise sociale qui fonctionne et crée de la valeur n’est déjà pas une mince affaire pour un entrepreneur. Pour l’entrepreneur social, la tâche est encore plus ardue. Son défi, c’est de réussir à élaborer un modèle qui soit à la fois créateur de valeur sociale (c’est son objectif primordial) et pérenne (ce qui implique la plupart du temps la création de valeur économique). Les trois entrepreneurs sociaux auxquels nous nous sommes intéressés ont donc dû faire preuve d’une ardeur et d’une agilité particulières pour réussir à créer de tels business modèles. Mais ils y sont parvenus. Notre mémoire nous a permis d’identifier six leviers possibles de succès dans cette démarche : la faculté de « sortir d’un schéma de pensée habituel », à la fois dans la création du business model (1) et par la suite, pour le faire fonctionner (2) ; la capacité de gérer de manière optimale les parties prenantes, avec, en externe, l’importance des réseaux (3), en interne, la nécessité d’une équipe de qualité (4), et la focalisation sur le bénéficiaire (5) ; et enfin, la tendance à voir plus loin et à essayer de repousser les limites de son action (6). Issus de l’étude qualitative de seulement trois cas, ces résultats n’ont pas la prétention de pouvoir être généralisés à toutes les entreprises sociales : ils peuvent néanmoins constituer des pistes de réflexion pour de prochaines études. Au final, le parallélisme entre l'entrepreneuriat social et l'entrepreneuriat traditionnel est étonnant : il y a beaucoup de points communs ! Les qualités humaines des entrepreneurs, le goût du risque, l’implication, l'objectif de pérennité, les réseaux, les créations de valeurs, les méthodes, les outils, la croyance dans la capacité humaine à faire évoluer les systèmes et sociétés… L'entrepreneuriat social ne serait-il pas, en fin de compte, une forme simplement plus élaborée de l'entrepreneuriat traditionnel, parce que plus complexe à mettre en œuvre ? N’en serait-il pas une version plus aboutie, car plaçant « l’humain » au cœur de ses préoccupations? Au delà de la question « technique » de la création de valeur sociale et de sa mise en œuvre à travers des business modèles pertinents, peut-être doit-on s'interroger sur la signification sociologique de cet engouement pour l'entrepreneuriat social, comme pour le commerce équitable et le développement durable. Est-ce l’indignation devant des inégalités criantes qui a réveillé la fibre sociale chez les entrepreneurs sociaux ? Est-ce l’impuissance de l’Etat qui conduit la société civile à prendre les choses en main ? Ou, est-ce le signe d'un essoufflement du capitalisme traditionnel ? Enfin, quelle est la conséquence de ce développement : va-t-on tendre vers une évolution générale du tissu économique vers l’esprit de l’entrepreneuriat social, ou se dirige-ton vers une société hybride où deux mondes se côtoieraient ? Quoi qu’il en soit, quand l’action sociale s’empare de l’économie et la met au service de sa mission, on peut y voir le signe, soit d’un épuisement des valeurs 5 L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012 traditionnelles, soit, au contraire, celui d’un approfondissement de la réflexion politique et économique. Il est alors naturel que l’entrepreneuriat, activité humaine qui, d’une certaine manière, cherche à donner du sens à la vie, évolue à mesure que nos valeurs, nos connaissances, notre environnement, connaissent des mutations. BIBLIOGRAPHIE Ouvrages DRUCKER P., Entrepreneurship in Business Enterprise, Journal of Business Policy, vol. 1, no 1,1970 ELKINGTON, J.; HARTINGAN P. (2008), The power of unreasonable people, How social entrepreneurs create markets that change the world, Harvard Business Press GEZE P. (2007), Avise, Devenez Entrepreneur Social MAITRE, B. et ALADJIDI, G. 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