TRAVAIL RAE willi

Telechargé par Willinton Lopez Vega
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Quelles transformations du travail social la notion de « singularisation »
permet - elle d’éclairer et de comprendre ?
Durant les dernières décennies, s’est présentée une transformation dans la façon de
penser, voir, constater et traiter la pauvreté en tant qu’acteurs.
Cette transformation a été motivée, à partir de celles de la société et des politiques
sociales mises en oeuvre.
Aujourd’hui le travail social est plus vulnérable à cause du changement radical de ce
modèle en s’éloignant de sa genèse historique et rentrant dans un course folle òu
l’identité et les pratiques de l’action sociale se voient forcer de s’adapter. Elles
constatent avec impuissance ce changement aussi pour les usagers, de plus en plus
nombreux, différents entre eux et sans une grille type pour les identifier.
L’effort de ce travail va chercher à répondre comment le processus de
singularisation va servir d’éclairage sur le chemin de la transformation du travail
social.
« Quand les êtres sociaux sont de moins en moins définis par leurs inscriptions
héritées, quand s’effacent les définitions des places sociales par les rôles, les statuts
ou les identités collectives, quand se diluent les cadres sociaux (conventions
collectives, prestations automatiques, mécanismes redistributeurs, etc..) de l’état
social, quand les identités d’appartenance cèdent le pas à des identités de
construction, la question de la reconnaissance vient vite sur le devant de la
scène… c’es sous la forme spécifique de l’« estime de soi » que cette question se
trouve socialement posée à travers le symptôme aujourd’hui envahissant de la
souffrance (qu’elle soit social ou psychique)… Ce qui vient d’ailleurs au cœur du
débat est alors moins la relation d’aide que l’aide à la relation. Et donc celle de la
nature et de la qualité des attachements qui font l’existence sociale » (ION, J. « Le
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travail social au singulier ». Avant propos à la seconde édition, P. XVI. Dunod, Paris,
2006.
Dans ce contexte une question nait pour nous ouvrir un champ de réflexion :
- Est- que le travail social connu depuis la naissance, arrive jusqu’ à la fin de la vie ?
1. La chute des formes historiques du travail social sur autrui.
1.1. La fin de la société en dette vers le citoyen.
Fini l’idéal de la société qui en vertu d’une dette, reconduit durablement les oubliés
de la croissance, dans le système des bataillons des salariés. L’affaiblissement du
collectif actif que maintenait le système des assurances sociales (il n y a plus tout le
collectif producteur de biens matériels qui soutenait les plus faibles de l’échelle
sociale comme il l’était dans les années 60)
Le système change complètement, l’individu qui avant pouvait prétendre que la
société lui devait beaucoup voir tout, devient un individu qui a une dette envers la
société. Il doit contribuer à la vie de cette société qui lui demande de produire et
cotiser pour après avoir le droit de demander une rétribution, ainsi on passe à une
dynamique d’échanges « donnant donnant. »
Dans le système de cette société, il y avait les pauvres facilement classifiés les
pauvres de toujours- (les veuves, les orphelins, les handicapés) vers lesquelles la
société sans aucun doute (et parce qu’elle pouvait se le permettre, les ressources
étaient saines) acceptait d’ assumer une dette et une responsabilité laissée de côté
du système de production. Maintenant cette acceptation de responsabilité devient
trop risquée et les ressources nécessaires ne sont plus les mêmes.
- La société veut se prémunir de toutes les éventualités de risques, la solidarité n’a
plus une rétribution et un droit acquis mais dépend des capacités d’ aides
disponibles.
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- Les droits deviennent sous contrat : Il n’y a pas des droits attribués d’une façon
automatique pour tout le monde et sans une connaissance directe de l’individu. Cela
passe par un système d’acquisitions des devoirs de l’individu envers la collectivité et
pas à l’inverse. Pour rentrer dans cette collectivité, l’individu devra démontrer des
capacités et des projets de vie clairs.
Plus la personne sera capable de travailler sous contrat plus il pourra prétendre à
des droits, à des biens et à la sécurité (Matrice salariale). L’individu devient
responsable en premier et ultime lieu de son succès ou de son échec.
« …En effet, les réussites comme les échecs seraient directement imputables à une
compétence personnelle et à une force de volonté qu'il suffirait de déployer pour
parvenir à réussir, même si le contexte est particulièrement défavorable ».
EHRENBERG, Alain « L'individu incertain », Hachette Pluriel férence, 1996. P.
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Comme par exemple : Dans les années 80, la France a implanté une allocation
appelée RMI (Revenu Minimal d’Insertion). Elle était financée par l’état et donnait la
possibilité aux personnes sans ressource ou ressources inférieures à un plafond fixé
par décret de vivre mieux. Cette allocation exigeait un engagement et la
manifestation express de la part de l’individu à laquelle l’allocation était
attribuée. Autrement dit, lallocataire devait manifester son désir d’adhésion et d’
insertion dans la société.
L’autonomie s’instaure comme une norme nécessaire, et comme un processus avec
deux connotations : une norme positive, qui était émancipatrice, l’individu qui
acquière une indépendance économique et quitte le nid familiale et une norme
négative, comme l’ imposition d’ un système dans lequel l’individu doit être capable
de trouver sa place dans la société. (EHRENBERG, Alain « L'individu incertain »,
Hachette Pluriel férence, 1996).
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1.2. La mutation de l’état providence (appelé aussi –l’état social) et l’action
sociale développée par les travailleurs sociaux.
« Le système de protection sociale tel qu’il s’est développé partout en Europe au sortir
de la guerre assurait les individus contre la maladie, fournissait un gime de retraite
ou encore une assistance aux personnes sans ressources.
Il a connu au fil des décennies plusieurs crises successives qui ont touché tous les
pays européens, conduisant
à une refonte de l’État providence traditionnel : crise de
financement
tout d’abord, à la suite des coûts croissants de la santé, du chômage et
du vieillissement ; crise d’efficacité ensuite, liée à l’incapacité de l’État de résoudre
des problèmes de précarité et d’exclusion ; crise de légitimité enfin, puisque la
finalité et la gouvernance de l’État providence sont devenues confuses ».
P. Rosanvallon, La Crise de l’État providence, Paris, Seuil, 1981.
Il y a un lien entre la mutation de l’état providence (omniprésent au travers de sa
gouvernance dans tous les aspects de la société) et les transformations du travail
social.
Pendant les « trente glorieuses », qui sont les 30 années de croissance depuis la
IIème guerre mondiale, le travail social se présentait comme un système
d’intégration qui aidait les personnes qui avaient ratés le train de la croissance. Dans
ces années- , c’était la pratique de rattrapage que les travailleurs sociaux avaient
mis en place : intégrer ces individus dans les groupes stables, collectivité, famille,
travail, vie de voisinage dans le quartier. Le sentiment d’appartenance était une
manifestation d’intégration dans la société dite stable et en pleine croissance.
Avec la crise de l’état providence, quand le retour de la grande pauvreté liée à la
crise financière, ce modèle commence à être en échec. L’état perd sa légitimité et le
modèle d’intégration proposé par le travail social commence à ne plus avoir de
validité face au besoin massif d’intégration de plus en plus de personnes touchées
par la précarité. L’idée de décollectiviser commence à s’installer, parce qu il n’ y a
plus de systèmes collectifs qui arrivent à protéger l’individu de la grande crise
financière ainsi que pour lutter pour ses droits (le syndicat ne peut fendre les
droits des travailleurs). L’individu est livré à lui-même.
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Le tourbillon des transformations, la concurrence, la compétitivité, le besoin
d’adaptation et la perte de crédibilité des collectivités empêchent les individus de se
rassembler pour défendre leurs droits. Les licenciements sont plus récurrents, les
gens deviennent très précaires, L’état providence ne peut pas garantir les
protections sociales et pourtant l’action des travailleurs sociaux se voit très touchée,
face à un marché qui fait la loi.
Face à la grande masse des personnes précarisées, le travail social doit gérer l’état
d’ urgence sous le contrôle direct des élus, la grande vague des « surnuméraires »,
nommés « inutiles au monde » de cette société submergée dans une dynamique de
plus en plus inégalitaire (CASTEL, Robert : « Les Métamorphoses de la question
sociale. Une chronique du salariat », Fayard, 1995).
Le public précaire du travail social change et il est lié à cette crise de l’état, de la
société et de tout le modèle social. L’instabilité s’installe et les groupes qui se
disaient intégrés tombent dans un nouveau type de pauvreté. La pratique du travail
social est confrontée de plus en plus à la pcarisation des individus ( apparaissent
alors sur la toile les chômeurs en fin de droit, les chômeurs de longue durée… mis
en échec par le nouveau système).
« … à cet égard… trois caractéristiques s’avèrent essentielles dans le processus de
redéfinition des pratiques : la fin de la durée comme horizon du travail ; la
transformation des publics avec pour corrélat leur caractère de plus en plus
indéterminable… » ION, J. « Le travail social au singulier ». Avant- propos à la
seconde édition, P. 7. Dunod, Paris, 2006.
Ces transformations obligent le travail social à s’adapter, nouveaux problèmes
nouvelles façons d’agir. Les politiques territorialisées, sont la réponse à la nouvelle
mutation sociale, « un processus de recomposition et de redéfinition des frontières
des politiques sectorielles et catégorielles. Elle privilégie dès lors l’individualisation
du traitement par la singularité des situations et des territoires ». Hamzaoui, M.,
Artois, P. & Mélon, L. (2013). « La territorialisation du social à l’épreuve des
associations parapubliques ». Nouvelles pratiques sociales, 26(1), 149164.
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