VOL . CXI N O 51 / LE LUNDI 9 MARS 2020 / 1,52 $ + TAXES = 1,75 $ WWW.LEDEVOIR.COM ACTUALITÉS CULTURE Dans Les nôtres, avec l’actrice Marianne Farley, le déni et les non-dits d’une petite ville Les vieilles idées, la chronique de Jean-François Nadeau |A 3 B8 SOCCER Les coups à la tête limités chez les jeunes Un projet pilote visant à restreindre les jeux aériens chez les moins de 10 ans sera mené dès cet été au Québec MARIE-EVE COUSINEAU LE DEVOIR Imaginez une partie de soccer où les joueurs, sur les lignes de côté, font des rentrées de touches au sol avec le pied, plutôt que dans les airs avec les mains. Ce sera la nouvelle réalité de jeunes de moins de 10 ans, dans diverses régions du Québec, dès cet été. Soccer Québec veut limiter les risques de coups à la tête et de commotions cérébrales. Le projet pilote sera mené dans des ligues récréatives (match à 5 ou 7 joueurs) de Laval. « Mais les régions de Saguenay, Lanaudière et Québec ont aussi décidé d’embarquer dès cette année, dit au Devoir Éric Leroy, directeur technique de Soccer Québec. Ces règles seront obligatoires à l’échelle provinciale à partir de la saison 2021. » La fédération québécoise veut restreindre au maximum les jeux aériens chez les plus jeunes. Pour y arriver, elle interdira également aux gardiens de dégager le ballon avec les pieds, à la volée. Ceux-ci pourront le déposer sur le terrain et jouer en faisant une passe au sol, par exemple. Idem lors des coups de pied de coin (« corner »). «On s’attend à ce que le peu de jeu aérien qui existait [dans ces catégories d’âge] soit complètement ou à 95 % banni de toutes les situations de jeu », avance Éric Leroy. Pas question toutefois d’interdire formellement les « têtes » durant les parties, dit Soccer Québec. Des pays bannissent les têtes Aux États-Unis, les joueurs de moins de 11 ans n’ont plus le droit de frapper le ballon avec la tête, pendant des entraînements et des matchs, depuis 2015. Il y a deux semaines, l’Angleterre, l’Écosse et l’Irlande du Nord ont annoncé de nouvelles lignes directrices à ce sujet. Fini les «têtes» lors des entraînements des moins de 11 ans. Les joueurs Plus de liberté, moins de violence 15 ans Jusqu’à cet âge, on recommande en Angleterre, en Écosse et en Irlande du Nord un maximun de 10 têtes par semaine. apprendront cette technique graduellement, idéalement à partir de 13 ans. Les trois fédérations recommandent un maximum de 10 têtes par semaine, à l’entraînement, jusqu’à l’âge de 15 ans. C’est une étude écossaise, publiée l’automne dernier, qui a poussé ces fédérations à agir. Selon cette recherche, les ex-joueurs professionnels ont 3,5 fois plus de risques de mourir d’une maladie neurodégénérative que la population en général. Cette étude n’a toutefois pas démontré que les « têtes » étaient la cause de la démence. VOIR PAGE A 4 : TÊTES CORONAVIRUS Nouveaux cas de part et d’autre de la frontière La progression s’est accélérée aux États-Unis tandis qu’au Québec, les voyageurs de la relâche reviennent ANNABELLE CAILLOU LE DEVOIR L’épidémie de coronavirus continue sa progression au Canada et compte maintenant 62 cas officiels. Un potentiel quatrième cas au Québec attend une confirmation. Une augmentation qui n’a toutefois rien à voir avec celle observée aux États-Unis, où l’on compte plus de 500 cas et 19 morts. La gestion de l’épidémie sème d’ailleurs fortement la controverse au pays. Au Québec, le ministère de la Santé a annoncé dimanche qu’un quatrième cas probable de nouveau coronavirus attendait une confirmation du Laboratoire national de microbiologie de Winnipeg. Il s’agit d’une femme de la Montérégie de retour d’une croisière. Le ministère a aussi officialisé le troisième cas annoncé jeudi. La personne qui revenait de France est bel et bien atteinte de la COVID-19. Tous les cas canadiens confirmés en date de dimanche ont comme origine un voyage à l’étranger. « Tant qu’on n’a pas de transmission locale, on est contents », a fait valoir en entrevue la Des milliers de personnes de tous les continents, comme ici à Pristina, au Kosovo, ont marché dimanche afin de réclamer la défense des droits des femmes, plus de liberté et plus de vigilance face à la violence dont elles sont victimes. À Montréal, certains ont profité de cette Journée internationale des femmes pour exiger la fermeture du plus grand site pornographique au monde, Pornhub. Ils accusent son propriétaire, MindGeek, d’encourager l’exploitation sexuelle des femmes et des adolescentes. VOIR PAGES A 3 ET B 3 ARMEND NIMANI AGENCE FRANCE-PRESSE Un gazoduc mort avant de vivre ? Le projet de Coastal GasLink est considéré comme une étape clé du développement de l’industrie du gaz naturel au Canada VOIR PAGE A 2 : CORONAVIRUS ALEXIS RIOPEL LE DEVOIR Les barrages ferroviaires sont levés, mais la question du gazoduc demeure en suspens. Or, le projet de Coastal GasLink revêt une telle importance pour l’industrie du gaz naturel au Canada qu’une annulation aurait des effets secondaires : elle pourrait décourager les autres investisseurs et réduire considérablement les économies d’échelle des extracteurs de cette ressource, croient des spécialistes. Le point d’origine du gazoduc projeté se situe près de Dawson Creek, en Colombie-Britannique. Cette petite ville se situe en plein centre de la formation géologique Montney, qui s’étend sur 150 000 kilomètres carrés à l’est des montagnes Rocheuses. La roche mère (siltite) qu’on y trouve renferme des hydrocarbures pouvant être extraits par fracturation hydraulique — une technologie mature économiquement, mais controversée écologiquement. Le projet de Coastal GasLink, auquel des chefs traditionnels wet’suwet’en s’opposent, est le principal corridor d’exportation envisagé vers l’océan Pacifique pour le gaz naturel exploité dans le Montney et les formations environnantes. VOIR PAGE A 2 : GAZ INDEX Avis légaux ........... B2 Culture...................B7 Éditorial.................A6 Pour suivre l’actualité en continu et lire nos critiques de spectacles, consultez nos plateformes numériques. Grille TV .................B7 Idées......................A7 Météo ................... B6 Monde ................... B1 Mots croisés......... B6 Sports................... B4 Sudoku ................. B6 LEDEVOIR // LE LUNDI 9 MARS 2020 ACTUALITÉS A2 Un enjeu «immense» pour les autres projets GAZ SUITE DE LA PAGE A 1 Il doit achever sa course à Kitimat, où une usine de liquéfaction et un terminal d’exportation maritime (le complexe LNG Canada) doivent être construits. Si ce plan de match venait à échouer après l’étape des évaluations environnementales en raison de la mobilisation autochtone, il y a peu de chance qu’un autre projet d’exportation depuis la côte ouest voie le jour, selon Allan Fogwill, le président et p.-d.g. du Canadian Energy Research Institute (CERI), un organisme de recherche financé par les gouvernements et l’industrie pétrolière et gazière. « Si l’industrie entrevoit un projet rentable au Canada, mais qu’elle n’a aucune certitude de pouvoir aller de l’avant, c’est très improbable qu’elle investisse les sommes nécessaires pour effectuer les consultations, développer l’ingénierie, passer à travers les processus d’approbation, obtenir les permis, avant de finalement voir son investissement réduit à néant », explique-t-il. Et puis, les entreprises d’exploitation et de transport peuvent bien décider de s’installer ailleurs, soutient M. Fogwill. D’ailleurs, le complexe LNG Canada est l’initiative d’un groupe d’investisseurs très cosmopolite : Shell (40 %), Petronas (25 %), PetroChina (15 %), Mitsubishi Corporation (15 %) et Korea Gas Corporation (5 %). « Ils peuvent diriger leur investissement n’importe où dans le monde », souligne M. Fogwill. « Si Coastal GasLink est bloqué, ça crée un enjeu immense, observe, quant à lui, le sociologue et économiste Éric Pineault, spécialiste de l’énergie. Le gaz naturel serait enclavé. Les circuits nord-américains vers le sud sont déjà saturés. Le gaz finirait par se rendre quelque part, aux terminaux d’exportation du golfe du Mexique par exemple, mais devrait être vendu à fort rabais. » Historiquement, le Canada exporte le gaz naturel extrait de son sous-sol vers les États-Unis. Toutefois, depuis une dizaine d’années, la production de gaz de schiste a explosé au sud du 49e parallèle. L’abondance de l’offre a poussé les prix à la baisse, et, depuis 2017, les États-Unis exportent plus de gaz naturel qu’ils en importent. Ainsi, les promoteurs désirant investir au Canada ont besoin de nouveaux débouchés avant d’accélérer l’exploitation de la riche formation Montney, qui contient 145 fois la quantité de gaz na- turel consommée au pays en 2012. À l’heure actuelle, l’Asie représente le marché le plus prometteur, selon M. Pineault, qui est professeur à l’Université du Québec à Montréal. Un terminal sur la côte ouest tombe donc sous le sens. « Cependant, même le marché asiatique est fragile, croit-il. En Chine, on ne remplace plus les centrales au charbon par des centrales au gaz. […] Le gaz naturel et les énergies renouvelables sont kif-kif pour ce qui est du prix. Le gaz naturel comme énergie de transition, c’est fini. C’était vrai il y a 10 ans, mais maintenant la donne a changé. » En outre, avant de s’enrichir avec le gaz naturel du Canada, les industriels doivent procéder à des investissements majeurs, comme on le voit avec Coastal GasLink et LNG Canada, évalués à environ 40 milliards de dollars. Or, M. Pineault estime que si un tel projet d’exportation devait tomber, il est possible que les économies d’échelle permises par un projet d’exploitation d’envergure s’évaporent. « Si on bloque la sortie de la ressource, on peut ralentir la mise en œuvre de l’exploitation à un niveau situé sous le seuil de rentabilité », dit-il. Pour l’instant, la construction du gazoduc de Coastal GasLink suit son cours. Le dimanche 1er mars, une entente de principe est survenue entre les chefs héréditaires wet’suwet’en et les gouvernements d’Ottawa et de Victoria. Elle concerne les droits territoriaux de ce peuple autochtone, mais ne traite pas directement du gazoduc litigieux. Les Wet’suwet’en procèdent actuellement à l’examen de cette entente, mais maintiennent leur opposition au passage du tuyau de 1219 mm de diamètre sur leur territoire. Après que la population wet’suwet’en se soit prononcé sur l’entente de principe (au plus tard le 13 mars, exige le gouvernement Trudeau), il est possible que l’opposition au gazoduc se ravive. Or, le premier ministre de la Colombie-Britannique tient mordicus à ce que le projet aille de l’avant. « Il y a des divergences d’opinions au sujet du projet de Coastal GasLink, mais les permis sont accordés, c’est approuvé, le projet est en cours », a-t-il déclaré le 2 mars. Un rapport publié la semaine dernière par le Centre canadien de politiques alternatives avertit toutefois que de miser sur le gaz naturel est un mauvais choix si la province souhaite décarboniser son économie d’ici 2050. « En approuvant LNG Canada et d’autres projets de gaz naturel liquéfié, le gouvernement [de la Colombie-Britannique] exige de tous les autres secteurs de l’économie qu’ils réduisent leurs émissions encore davantage afin que la province atteigne sa cible d’émission pour 2030 », écrivent les auteurs Marc Lee et Seth Klein. Coastal GasLink doit initialement disposer d’une capacité de transport de 1,7 milliard de pieds cubes de gaz naturel par jour. La combustion d’un tel volume de gaz naturel entraîne des émissions équivalant à celles de 8 millions de voitures. À terme, le gazoduc pourrait transporter quotidiennement 5 milliards de pieds cubes grâce à des compresseurs supplémentaires. Les autorités californiennes ont indiqué que les passagers du navire de croisière Grand Princess seraient placés en quarantaine ou admis dans des hôpitaux après leur débarquement lundi à Oakland.Le bateau transporte 3500 passagers, dont 237 Canadiens, qui seront rapatriés. NOAH BERGER ASSOCIATED PRESS Trump critiqué pour sa gestion de l’épidémie CORONAVIRUS SUITE DE LA PAGE A 1 Renforcer les liens de la Francophonie mondiale Catherine Cano Administratrice, Organisation internationale de la Francophonie Déjeuner-causerie t 16 marst11 h 45 à 13 h 45 Avec l’appui de : Inscription : corim.qc.ca 514 340-9622 Dre Caroline Quach-Thanh, pédiatre et microbiologiste-infectiologue à l’Hôpital Sainte-Justine à Montréal. Elle s’inquiète toutefois du retour de voyage des Québécois qui ont profité de la semaine de relâche pour prendre le large et visiter d’autres pays, notamment les États-Unis. La progression de l’épidémie s’est en effet accélérée ces derniers jours chez nos voisins du sud. En tout, près de 500 personnes y ont contracté la COVID19 et 21 personnes ont perdu la vie, dont 17 dans une maison de retraite de l’État de Washington. Mais, pour le moment, seuls les voyageurs en provenance d’Hubei, en Chine, et de l’Iran sont invités à s’isoler volontairement à leur retour au Canada. On demande aux personnes ayant séjourné ailleurs en Chine continentale, en Corée du Sud, à HongKong, en Italie, au Japon ou à Singapour, d’être attentifs à leurs symptômes durant 14 jours et d’éviter les endroits publics. Contactée par Le Devoir, l’Agence de la santé publique du Canada n’a pas indiqué si des mesures plus strictes pourraient prochainement être appliquées aux voyageurs revenant d’un séjour aux États-Unis. Trump montré du doigt Aux États-Unis, 30 États, ainsi que la capitale fédérale, Washington, sont désormais touchés. L’État de New York, la Californie et l’Oregon ont décrété « l’état d’urgence ». Devant l’accélération du nombre de malades, le président américain, Donald Trump, s’est retrouvé sous le feu des critiques, accusé d’avoir sous-estimé l’épidémie et mal géré la lutte contre le virus. Le milliardaire républicain a en effet minimisé la dangerosité du coronavirus à plusieurs reprises, assurant qu’il allait disparaître en avril grâce à la hausse des températures. Il a encouragé les personnes infectées à ne pas s’isoler, ce qui entre en totale contradiction avec les consignes officielles de mise en quarantaine volontaire des autres pays. M. Trump a aussi émis des doutes sur les statistiques de l’OMS concernant le taux de mortalité du virus. Et c’est sans compter les ratés dans le dépistage de la COVID-19. « Les critères pour faire un test de détection étaient super restrictifs. Pas moyen d’en faire à moins de venir de la région à haut risque », explique la Dre QuachThanh, qui suit de près l’évolution de l’épidémie. Des contaminations communautaires, c’est-à-dire d’une personne n’ayant ni voyagé dans les zones à risques ni été en contact avec un autre malade confirmé, sont ainsi passées sous le radar des autorités. Pour le gouverneur démocrate de l’État de New York, Andrew Cuomo, le gouvernement Trump s’est retrouvé «pris au dépourvu» et a «menotté» la capacité d’action des États, en réservant notamment au Centre de contrôle des maladies (CDC) d’Atlanta l’habilitation à analyser les kits de dépistage au début de l’épidémie. Mais Donald Trump se défend : « Nous avons un plan parfaitement coordonné et bien préparé à la MaisonBlanche », a-t-il écrit dimanche sur Twitter. Ainsi, plus de 4 millions de kits devraient être disponibles d’ici la fin de semaine prochaine, en prévision d’une augmentation des personnes infectées. Et l’un des responsables de la cellule antivirus à la Maison-Blanche, Anthony Fauci, n’a pas exclu d’éventuelles mises sous quarantaine de grandes zones peuplées ou de villes entières, comme en Italie. Les autorités californiennes ont également indiqué dimanche que les passagers du navire de croisière Grand Princess, où 21 cas de coronavirus ont été détectés, seraient placés en quarantaine ou admis dans des hôpitaux après leur débarquement lundi à Oakland. Le bateau transporte 3500 passagers, dont des centaines de touristes étrangers qui devront être rapatriés. Parmi eux, 237 Canadiens prendront l’avion jusqu’à la base aérienne de Trenton, en Ontario, où ils seront évalués avant d’être placés en quarantaine pendant 14 jours. « Les passagers feront l’objet d’un dépistage des symptômes avant de monter à bord de l’avion. S’ils présentent des symptômes, ils ne seront pas autorisés à monter à bord et feront plutôt l’objet d’une évaluation plus approfondie pour déterminer les prochaines étapes», ont indiqué les autorités canadiennes dimanche. Le même jour, l’Alberta a annoncé son premier cas de coronavirus, à Edmonton. L’homme dans la quarantaine revenait d’un séjour dans plusieurs États américains et aurait été contaminé par un compagnon de voyage sur le bateau de croisière Grand Princess, croient les autorités. Ce compagnon est un des cas confirmés en Colombie-Britannique. Trois autres cas probables attendent aussi une confirmation en Alberta. En Ontario, on compte trois nouveaux cas positifs, ce qui fait grimper le bilan à 31 malades dans la province. Il s’agit d’une femme revenue du Colorado. Dans le monde Ailleurs dans le monde, le nombre de cas d’infections augmente rapidement. On compte désormais 109 000 personnes contaminées à travers 99 nations. Le nombre de morts s’élève quant à lui à près de 3800. L’Italie se classe maintenant deuxième pays le plus touché après la Chine. Dans les dernières 24 heures, 133 décès ont été enregistrés, ce qui porte le bilan à 366 morts et 7375 cas. Rome a décidé de mettre en quarantaine un quart de sa population jusqu’au 3 avril, principalement au nord du pays. Plus de 15 millions d’Italiens voient leurs déplacements strictement limités. Les frontières restent toutefois ouvertes avec les pays voisins. Ces derniers ont aussi vu une augmentation du nombre de malades ces derniers jours. L’Allemagne compte 847 contaminations, soit 10 fois plus qu’une semaine auparavant. En France, le bilan est de 16 morts et de 949 malades. Le ministre de la Santé français a annoncé dimanche soir que les rassemblements de plus de mille personnes seront dès lors interdits. En Afrique, un premier décès lié au coronavirus a été annoncé dimanche, en Égypte. Il s’agit d’un Allemand de 60 ans. L’Arabie saoudite a annoncé le bouclage « temporaire » de la région de Qatif dans l’est, où ont été enregistrés 11 nouveaux cas de coronavirus. L’Iran a annoncé 49 nouveaux décès, soit la plus forte hausse quotidienne depuis les premiers cas au pays, portant à 194 le total des morts sur 6566 cas. En Chine, 27 nouveaux décès et 44 nouveaux cas ont été enregistrés dimanche, portant le total des morts à 3097 avec au moins 80 695 personnes contaminées. En Corée du Sud, le bilan s’élève à 50 morts pour 7313 cas, dont 272 nouveaux dimanche, le plus petit nombre de nouvelles contaminations en plus d’une semaine. Et à Moscou, quiconque ne respecterait pas les mesures de quarantaine risque désormais jusqu’à cinq ans de prison. Avec Marie-Eve Cousineau, l’Agence France-Presse et La Presse canadienne LEDEVOIR // LE LUNDI 9 MARS 2020 ACTUALITÉS Les vieilles idées JEAN- FRANÇOIS NADEAU A près sa déconfiture électorale en 1976, Robert Bourassa veillait à se faire oublier pour espérer redevenir premier ministre un jour. Alors que, contre toute attente, il parvenait à revenir aux affaires, celles de l’ancien cycliste Louis Garneau débutaient à peine. Recyclé en champion du tissu extensible, l’ancien athlète olympique avait offert au premier ministre un maillot de bain. C’était un petit maillot, genre Speedo, floqué d’une feuille d’érable, symbole qui paraissait d’emblée plus approprié que la fleur de lys ou la feuille de vigne. Une photographie avait circulé de cette délicate offrande faite au pouvoir. Bourassa avait la réputation de commencer ses journées en s’imposant la discipline d’un entraînement de natation. Son apparente insubmersibilité en politique tenait-elle à la pratique de ce rituel quotidien ? Sa politique, en tout cas, globalement attentiste, semblait toujours flirter avec la noyade du laisser-faire. L’irrésolution, chez lui, devenue un trait fort de l’exercice de son pouvoir, était perçue par ses admirateurs comme le fait d’un fin stratège, tout comme sa capacité à ne jamais répondre aux questions était confondue, aux yeux des mêmes, avec l’expression d’un sens original de la persuasion. Je suppose que Louis Garneau, jeune homme d’affaires, loin encore de l’horizon de la faillite qui s’est dessinée devant lui ces jours-ci, aurait aimé pouvoir flotter presque indéfiniment comme lui sur toutes les eaux. C’est sous ce curieux exercice du pouvoir par Bourassa que Mario Dumont avait commencé à se mouiller en politique provinciale, avant de préférer prendre plutôt pour guide Jean Allaire, puis de lancer l’ADQ, l’ancêtre direct de la CAQ de François Legault. Dumont a continué de prêcher du côté des médias de Québecor, lesquels servent désormais de caisse de résonance à ses propos. Spécialiste des phrases cinglantes, Mario Dumont a soutenu, ces derniers jours, que les insurgés de la barricade levée par la police à Saint-Lambert avaient laissé derrière eux des « vidanges », le fait le plus éclatant disait-il de ces « petits crottés ». C’est bien le qualificatif qu’il a employé : « petits crottés ». De la part de quelqu’un qui ne s’est jamais montré spécialement empressé à défendre des mesures environnementales, il y a bien là quelque chose de loufoque. Pareille giclée de paroles en l’air fait un peu songer à la manière de Donald Trump, qui jugeait bon par exemple d’accuser Bill Clinton de prédations sexuelles, quitte à oublier, ce faisant, sa propre grossièreté pourtant autrement mieux documentée. A3 MILIEU FAMILIAL Les éducatrices optent pour une grève illimitée ROXANNE OCAMPO LA PRESSE CANADIENNE Les 10 000 responsables de services de garde en milieu familial qui sont syndiquées auprès de la CSQ se sont prononcées dimanche en faveur d’une grève générale illimitée partout à travers la province. La Fédération des intervenantes en petite enfance du Québec (FIPEQ), affiliée à la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), rapporte que ses membres ont appuyé dans une proportion de 97,5 % le déclenchement de cette vaste grève à compter du 1er avril. Quelque 60 000 familles seraient touchées par ses moyens de pression, qui comprennent déjà des ouvertures tardives des services de garde les vendredis. Et les parents ont raison de déplorer qu’ils font les frais des négociations pour le renouvellement de leur convention collective, reconnaît la présidente de la FIPEQ-CSQ, Valérie Grenon. « Pour tous les parents qui se sentent pris en otage, on est sincèrement désolées. S’ils ont à être fâchés, celui qui les La grève sera déclenchée le 1er avril prochain. Quelque 60 000 familles devraient être touchées par ces moyens de pression. prend en otage, c’est le ministre de la Famille, Mathieu Lacombe », a-t-elle lancé en entrevue téléphonique avec La Presse canadienne. Le cabinet du ministre Lacombe a pris acte des résultats du vote en se désolant du « casse-tête supplémentaire » pour les parents. « Toutefois, nous ne négocierons pas sur la place publique », a-t-on écrit. Salaire minimum La rémunération constitue le principal point en litige dans les discussions entre la FIPEQ et le ministère de la Famille. Les responsables de services éducatifs ne sont pas rémunérées à l’heure ; elles touchent plutôt une subvention du ministère pour offrir le service à leur domicile. Elles ont fait esti- mer leur rémunération à partir du montant de la subvention et leurs heures de travail et autres dépenses. La FIPEQ en conclut qu’elles touchent 12,42 $ l’heure et revendique l’équivalent d’un salaire horaire de 16,75 $ — ce qui correspond au premier échelon pour une éducatrice non qualifiée en centre de la petite enfance (CPE). Selon ses calculs, la plus récente offre gouvernementale revenait plutôt à 12,48 $ l’heure. Quant au ministère, il ne diffuse pas ses propres chiffres. Le syndicat assure qu’il veut en venir à une entente d’ici la fin du mois pour éviter le débrayage. « S’il faut être en négociation tous les jours, le soir, la fin de semaine, on va l’être », soutient Valérie Grenon, en précisant que des négociations intensives sont prévues les 27, 28 et 29 mars. Les travailleuses étaient réunies en assemblée générale dans une quinzaine de points de rencontre à travers le Québec, en cette Journée internationale des femmes. La FIPEQ tenait à marquer le coup, tandis que 99 % de ses membres sont des femmes. Quand on y regarde bien, le programme en matière de santé de Sanders n’est guère différent de celui qui a conduit à l’assurance maladie instaurée par Robert Bourassa, au nom des effets positifs globaux de pareilles mesures « socialistes » Et voici que le même Mario Dumont, comme d’autres de son clan, s’est mis à clamer ces jours derniers que Bernie Sanders constitue en quelque sorte un danger public pour l’Amérique. Pour quel motif ? Parce que Sanders serait « un vieux politicien avec de vieilles idées », dit Dumont. Des idées qui rappellent, selon ses propos, l’époque des « pantalons pattes d’éléphant », c’est-à-dire les décennies 1960-1970, l’époque forte de la social-démocratie qu’il réduit ainsi à un style vestimentaire « passé date ». L’habit politique dans lequel Dumont se vêt quant à lui date de la décennie suivante, avec Margaret Thatcher et l’arrivée de Ronald Reagan. Dumont a souvent répété admirer l’étoffe de la « dame de fer », même si, dans les faits, ses idées peuvent aussi faire penser à celles d’un Camil Samson qui ne chuinte pas. Au cours de sa carrière politique, Dumont a constamment plaidé en faveur de la privatisation du système de santé, un modèle qui s’est enraciné aux États-Unis avec les résultats que l’on sait : inégalités profondes, multiplication des laissés-pour-compte, appauvrissement des plus pauvres. Il y a quelque chose du duplessisme dans cette approche. Duplessis répétait que la meilleure assurance contre la maladie était la santé. Il réduisait ainsi tous les maux collectifs à des questions de responsabilité individuelle, comme le font ses héritiers baignés d’une sauce Thatcher. Voici précisément le type de raisonnements déshonorants contre lesquels se bat Bernie Sanders depuis cinquante ans. Quand on y regarde bien, le programme en matière de santé de Sanders n’est guère différent de celui qui a conduit à l’assurance maladie instaurée par Robert Bourassa, au nom des effets positifs globaux de pareilles mesures « socialistes ». Nous partions de loin en matière de santé, comme ne cessait de le rappeler René Lévesque. Sommes-nous prêts à y retourner, au nom du simple plaisir de jeter aux vidanges de « vieilles idées » ? Mais qu’est-ce que peut bien vouloir dire, d’ailleurs, ce qualificatif de « vieilles idées » ? Quand les États-Unis toussent, dit-on, le Canada attrape le rhume. Et on voit désormais que, lorsque quelques esprits aux États-Unis promettent des conditions de santé meilleures au gros de leur population, quelques individus d’ici, habités de l’esprit de Reagan, se mettent à faire de la fièvre et à dénoncer le « socialisme », comme s’il s’agissait de refonder l’URSS, alors qu’il n’est question que de justice et d’équité pour tous. À Gatineau, la conseillère municipale Nathalie Lemieux est pressentie comme candidate à la mairie de la quatrième ville en importance du Québec. Elle continue, sans faillir, de refuser d’admettre que la Terre est ronde. C’est une vieille idée que d’affirmer qu’elle l’est. « Dans la vie, dit-elle, tout est une question de croyances. » Et d’ajouter : « On croit certaines choses parce qu’un jour on l’a entendu. » Qui donc at-on trop écouté, pourrait-on se demander, pour finir par se persuader, contre la raison même, que la Terre est plate ou qu’une population laissée à elle-même en matière de santé constitue une avancée ? Une cinquantaine de personnes ont protesté dimanche devant le siège social de MindGeek, l’entreprise à qui appartient Pornhub. VALÉRIAN MAZATAUD LE DEVOIR Pornhub doit fermer, scandent des manifestants Le « YouTube du porno » encourage la pornographie juvénile, selon eux ANNABELLE CAILLOU LE DEVOIR Des dizaines de manifestants ont réclamé la fermeture du plus grand site pornographique au monde Pornhub à l’occasion de la Journée internationale des femmes à Montréal, dimanche. Ils accusent son propriétaire, MindGeek, d’encourager l’exploitation sexuelle des femmes et des adolescentes. « Pornhub, plateforme du viol », « MindGeek, trafiquants ». Munis de leurs pancartes, les manifestants se sont donné rendez-vous vers 13 h dimanche dans l’arrondissement de Côte-des-Neiges-Notre-Dame-deGrâce, juste devant le siège social mondial de MindGeek, l’entreprise à qui appartient Pornhub. « Fermez-le, fermez-le ! » « Honte à vous », ont crié à tue-tête les participants, majoritairement anglophones, encouragés par le klaxon des voitures passant sur le boulevard Décarie. Rappelons que Pornhub est sous le feu des critiques depuis plusieurs mois. Plusieurs femmes, victimes de pornographie rancunière — dite « revenge porn » —, ont dénoncé la publication de vidéos les mettant en scène sur le site Internet et critiqué le fait que MindGeek n’ait jamais demandé leur consentement avant d’accepter le contenu sur sa plateforme. Plus récemment, un article de la BBC a révélé qu’une vidéo du viol d’une adolescente se serait également retrouvée sur le site pour adultes. Une pétition a été mise en ligne dans la foulée pour réclamer la fermeture du site Internet. En date de dimanche, elle avait déjà récolté plus de 384 000 signatures. Exploitation sexuelle Pour Megan Walker, directrice générale du London Abused Women’s Shelter en Ontario et organisatrice du rassemblement à Montréal, Pornhub encourage la pornographie infantile et vient même banaliser les violences faites aux femmes, dans le but de générer des profits. « [Cette situation] mène à de nombreux cas d’exploitation sexuelle, de trafic, de torture et de décès chaque année. Doit-on rappeler que l’exploitation et le trafic sexuels sont illégaux ? » a-t-elle dénoncé devant des manifestants gonflés à bloc. « Il est scandaleux que Pornhub ait partagé des vidéos à caractère sexuel impliquant des filles d’âge mineur », a renchéri la sénatrice indépendante Julie Miville-Dechêne, qui était présente au rassemblement. La sénatrice est membre du Groupe parlementaire multipartite pour combattre l’esclavage moderne et la traite des personnes. Si elle ne cherche pas à faire fermer Pornhub, elle presse MindGeek de trouver des solutions pour mieux sécuriser son site et prévenir la mise en ligne de pornographie juvénile. « À l’ère du mouvement #MoiAussi, l’obtention du consentement de chaque participant est essentiele, a poursuivi Mme Miville-Dechêne. Même si ça prend du temps et que c’est plus compliqué, c’est la responsabilité de MindGeek. » Elle s’est dite prête à examiner avec d’autres parlementaires les lois qui existent présentement pour essayer de mettre « une fin à cette réalité troublante ». De son côté, Megan Walker presse directement le gouvernement canadien d’agir pour changer la situation. « Il n’y aura pas d’égalité des genres, tant que les violences sexuelles seront considérées comme normales », a-telle ajouté. Pornhub est le site pour adultes le plus visité dans le monde et fonde son succès sur le libre accès des internautes à son contenu. Chaque année, 6 millions de vidéos sont mises en ligne et génèrent plus de 42 milliards de visionnements. Pornhub est souvent qualifié de « YouTube de la pornographie ». LEDEVOIR // LE LUNDI 9 MARS 2020 A4 ACTUALITÉS EN BREF Ottawa veut interdire la thérapie de conversion Le gouvernement fédéral présentera lundi son projet de loi visant à interdire la thérapie de conversion au pays, qui vise à modifier l’orientation sexuelle ou l’identité de genre d’une personne. Le dossier sera piloté par le ministre de la Justice, David Lametti, et la ministre de la Diversité, Bardish Chagger. Dans la lettre de mandat que le premier ministre Justin Trudeau leur a remise au moment de leur nomination après les élections d’octobre, les deux ministres avaient reçu la mission de présenter un projet de loi en vue de modifier le Code criminel de façon à interdire les thérapies de conversion et travailler de concert avec les provinces et les territoires. La Presse canadienne Les femmes peu attirées par le secteur manufacturier La sous-représentation des femmes dans le secteur manufacturier est un problème « encore plus aigu » en raison de la rareté de main-d’œuvre, selon le ministre québécois du Travail, Jean Boulet. Celui-ci a annoncé dimanche un soutien financier de près de 714 000 $ pour un projet de recherche sur leur inclusion. Mené de concert avec Manufacturiers et exportateurs Québec (MEQ), il doit s’échelonner sur deux ans. Un volet consistera à tester diverses approches auprès d’entreprises en Montérégie, en Estrie et dans le Centredu-Québec, avec pour objectif de développer de bonnes pratiques pouvant être étendues à l’ensemble des employeurs. Selon les statistiques de MEQ, seulement 28 % des emplois du milieu étaient occupés par des femmes en 2017 au Canada. La Presse canadienne PARTI QUÉBÉCOIS L’aile jeunesse s’élève contre les écoles privées subventionnées Référendum ou pas ? PATRICE BERGERON LA PRESSE CANADIENNE Après un vif débat, les jeunes péquistes, réunis en congrès à Montréal, ont réclamé dimanche la fin du financement public des écoles privées, en plus de réclamer la gratuité scolaire pour chaque individu. « Les contribuables ne devraient pas payer pour les choix des bourgeois », a lancé une jeune péquiste avant d’être applaudie par une partie de la salle. « Si on coupe le financement, ça va être encore plus élitiste », a de son côté fait valoir un des militants opposés à cette position. « Des parents qui font des sacrifices ne pourront plus payer l’école privée à leurs enfants. Ça va inonder les écoles publiques [en raison de l’afflux de nouveaux élèves] », a-t-il ajouté. Au Québec, les écoles privées sont financées à hauteur de 40 % par l’État. Ainsi, une enveloppe de plus de 500 millions de dollars est distribuée chaque année dans les établissements privés. Le sujet revient périodiquement en raison des problèmes de sous-financement des écoles publiques, mais il demeure un tabou chez une grande partie de la classe politique : il y a des écoles privées dans un très grand nombre de circonscriptions et de nombreux électeurs pour les défendre. Un des candidats à la course à la direction du PQ, Sylvain Gaudreault, a accueilli avec prudence la prise de position des jeunes péquistes. Il a dit être ouvert et prêt à étudier cette proposition, sans nécessairement l’endosser tout de suite. « Éviter la ségrégation, moi, je pense que c’est ça, le principe », a-t-il dit en mêlée de presse, au terme du congrès. Dans un rapport volumineux, le Conseil supérieur de l’éducation avait Des parents qui font des sacrifices ne pourront plus payer l’école privée à leurs enfants. Ça va inonder les écoles publiques » UN JEUNE PÉQUISTE Les aspirants à la direction du PQ ont pris part samedi au rassemblement des membres de l’aile jeunesse péquiste. Tous ont pris l’engagement de tenir un référendum s’ils prennent le pouvoir en 2022, à l’exception de Frédéric Bastien. Celui-ci a accusé ses adversaires de conduire le parti à sa perte en promettant un référendum sur l’indépendance dans un éventuel premier mandat. « Pour gagner, on a besoin de votes qu’on va reconquérir dans le 450 (la couronne de Montréal), à Québec, en région », a-t-il évoqué. Il estime que le PQ doit plutôt se présenter comme le meilleur défenseur de la Loi sur la laïcité. À l’opposé, l’humoriste Guy Nantel, qui s’adressait pour la première fois à des militants péquistes depuis l’annonce de sa candidature, s’est engagé à organiser un référendum dans une première moitié d’un éventuel mandat s’il devient premier ministre. Paul St-Pierre Plamondon a, quant à lui, rappelé qu’il avait été le premier à prendre l’engagement de tenir un référendum dans un premier mandat, même si la proposition avait été mal reçue au début. « Je ne peux pas vous dire en quelle année va avoir lieu le troisième référendum, mais je peux vous dire qu’il va avoir lieu, a-t-il lancé. Actuellement, outre MM. St-Pierre Plamondon, Nantel et Bastien, le député Sylvain Gaudreault et l’homme d’affaires Laurent Vézina sont sur les rangs. déjà souligné que l’école québécoise était déjà la plus inégalitaire au pays. Les membres de l’aile jeunesse péquiste se sont en outre prononcés sur d’autres enjeux pendant le week-end. Immigration Ils ont adopté une proposition pour dépolitiser la question du nombre d’immigrants admis annuellement, en fonction de critères, mais également pour favoriser l’immigration francophone et l’immigration en région. Un des militants a aussi plaidé pour une meilleure connaissance de l’histoire et de la politique québécoise. Samuel Loranger a fait un lien entre l’intégration plus ou moins bien réussie des nouveaux arrivants et leur allégeance politique. « Ce n’est pas normal que des circonscriptions votent à 90 % en faveur du Parti libéral du Québec ; il y a un réel problème à ce niveau. » Cégeps L’aile jeunesse a par ailleurs adopté une proposition pour élargir la loi 101 aux cégeps, soit rendre obligatoire la scolarisation collégiale en français, sauf pour les jeunes dont un des deux parents a été scolarisé en anglais au Canada. Semaine de 35 heures Samedi, les militants ont voté en faveur de la modification de la Loi sur les normes du travail pour établir la semaine de travail à 35 heures. Salaire minimum Les jeunes péquistes ont en outre choisi de voter majoritairement en faveur de l’établissement d’un taux horaire minimum de 15$. Une monnaie québécoise Ils ont également adopté une proposition pour qu’une devise propre au Québec ait cours une fois que l’indépendance sera proclamée. Drogues Les militants ont voté en faveur d’une décriminalisation de l’usage de toutes les drogues, assortie de mesures de santé publique pour traiter les problèmes de dépendance. Les fonctions cognitives possiblement touchées TÊTES SUITE DE LA PAGE A 1 Le coronavirus cause une infection respiratoire (COVID-19) pouvant comporter les symptômes suivants : FIÈVRE • TOUX • DIFFICULTÉS FIÈVRE • TOUX • DIFFICULTÉS RESPIRATOIRES RESPIRATOIRES Si la maladie à coronavirus COVID-19 vous inquiète ou si vous pensez l’avoir contractée, informez-vous : Québec.ca/coronavirus Sans frais : 1 877 644-4545 Au Québec, les entraîneurs commencent à enseigner le jeu de tête à l’âge de 12 ans, avec un ballon mousse. Les plus jeunes, eux, font des exercices développant les muscles du cou. Un « principe de précaution raisonnable », juge Stéphane Ledoux, qui fait partie d’un comité médical de Soccer Québec. « Dans le plan de développement du joueur, on considère qu’il y a suffisamment de gestes techniques à apprendre avant 12 ans et qu’on n’a pas besoin d’introduire la tête », explique-t-il. Le neurologue ajoute que la « littérature scientifique demeure silencieuse » au sujet de l’effet à long terme des coups à la tête sur le cerveau des jeunes. « Il n’y a aucune évidence que la politique [d’interdiction des têtes aux moins de 11 ans] aux États-Unis a engendré moins de commotions cérébrales ou de dommages éventuels au cerveau depuis 2015 », dit Stéphane Ledoux. Des parents préoccupés Dans les gradins, certains parents sont néanmoins préoccupés par l’effet des coups à la tête sur le cerveau de leurs enfants. Avant chaque match, MarcAndré McDuff met d’ailleurs son fils de 12 ans en garde contre les risques liés aux commotions cérébrales. Il rappelle à Elliot l’importance de frapper le ballon avec le milieu du front, la bonne technique à utiliser. Elliot reçoit des ateliers sur les jeux de tête depuis cette année. Mais il tente d’en faire depuis l’âge de 9 ans, selon son père. « Quand je vois qu’il réussit à en faire une dans une partie, puis que ça fonctionne bien, je m’assure [quand même] après le match de lui demander “ça va, tu n’as pas d’étourdissements ou quoi que ce soit ?”, explique MarcAndré McDuff. Pour moi, sa tête, c’est vraiment important. » Elliot joue au niveau compétitif dans une ligue de soccer de Rosemont. Il n’a jamais eu de commotion cérébrale. Pour lui, marquer un but avec la tête demeure la consécration. «Tes coéquipiers viennent plus vite vers toi, puis sont encore plus contents », raconte-t-il. Pour une interdiction complète Le jeu de tête a beau procurer un sentiment d’ivresse, il peut aussi endommager le cerveau, signale Dave Ellemberg, professeur titulaire à l’École de kinésiologie et des sciences de l’activité physique de l’Université de Montréal. « Les études indiquent que quand on fait plus de 300 impacts ou coups à la tête par année, c’est là qu’on commence à voir des changements, que cela affecte les fonctions cognitives de façon significative », dit Dave Ellemberg. Dans une étude publiée en 2017, son laboratoire a démontré que des athlètes de haut niveau dans la vingtaine, qui font des têtes au soccer, mais qui n’ont jamais été victimes de commotion cérébrale, ont « des capacités cognitives presque aussi affaiblies que ceux qui en ont eu », indique-t-il. C’est ce qui fait dire à Dave Ellemberg qu’il faut « éliminer les têtes complètement » des entraînements et des matchs des moins de 20 ans qui jouent dans des ligues récréatives. Les joueurs « qui ont le désir et le talent d’un jour jouer pour des équipes universitaires ou professionnelles » pourraient continuer de recourir à leur tête, à condition qu’ils soient « hyper encadrés », pense-t-il. Dave Ellemberg rappelle qu’à l’adolescence et jusqu’à l’âge d’environ 20 ans, le cerveau connaît une «poussée de croissance », ce qui le rend plus fragile que durant l’enfance. « Les conséquences des coups à la tête sont donc plus graves quand on les a entre 13 et 20 ans, que quand on les a avant 13 ans », précise-t-il. Soccer Québec dit modifier chaque année ses recommandations en fonction des dernières études publiées. Afin d’amasser davantage de données, son comité médical vient d’ailleurs de recommander la mise en place d’un registre des commotions cérébrales soupçonnées au niveau 3A. Il pourrait être en vigueur dès la saison 2021. LEDEVOIR // LE LUNDI 9 MARS 2020 SOCIÉTÉ A5 ALESS MC JOURNALISME DE SOLUTIONS Avoir intérêt à voir loin En deux ans, le marché mondial des prêts à la durabilité a doublé DIANE BÉRARD COLLABORATRICE LE DEVOIR I l devient évident qu’aucune transition ne sera possible si tous les secteurs d’activité ne sont pas mis à contribution. Or, comment inciter toutes les entreprises à adopter des comportements en accord avec le développement durable ? Et si on leur promettait un rabais de taux d’intérêt sur leur financement ? C’est le concept sur lequel repose un produit qui vient de faire son apparition au Canada : le prêt à la durabilité. Le principe est vraiment simple : ce prêt est une facilité de crédit que l’entreprise peut utiliser pour financer ses activités habituelles. Cela n’a rien à voir avec une obligation verte, dont le montant doit être consacré à un projet étiqueté vert. Toutefois, pour être admissible à un prêt à la durabilité, l’entreprise doit démontrer qu’elle a une véritable stratégie de développement durable (DD) liée à sa stratégie d’entreprise. Et que sa stratégie de DD est assortie d’objectifs précis et ambitieux. Réduire sa consommation d’eau ou d’énergie de X %, par exemple. L’entreprise et le prêteur s’entendent sur quelques objectifs tirés de cette stratégie, adossés à des cibles précises et à un horizon de réalisation. Et ils incluent ces objectifs dans le contrat de prêt. Si les cibles sont atteintes, l’emprunteur obtient une réduction de taux. Le 11 décembre dernier, les Aliments Maple Leaf est devenue la première entreprise canadienne à obtenir ce type de prêt. En janvier 2020, l’ontarienne Brookfield Renewable Partners en a obtenu un elle aussi. Et, en février, ce fut au tour de la firme d’ingénierie québécoise WSP Global d’en bénéficier. D’autres annonces sont à prévoir. En deux ans, le marché mondial pour ce type de prêt a doublé. En 2018, il était de 60 milliards de dollars américains, avec entre 30 et 50 transactions. En 2019, on a noté entre 50 et 100 transactions hebdomadaires, pour un total de 120milliards de dollars américains. La plus récente annonce: le 24 février, BNP Paribas a transformé son prêt de 550 millions de dollars au transporteur JetBlue en prêt à la durabilité (crédit à impact positif, comme on le qualifie en France). Le premier prêt à la durabilité a été accordé en 2017. Cette année-là, la Banque ING et un groupe de 16 institutions financières ont accordé un prêt de 1,2 milliard de dollars américains à la multinationale hollandaise Philips. Il a été créé pour pallier les limites des produits tels que les obligations vertes, explique Jonathan Hackett, chef de la finance durable chez BMO. « C’est une demande venue des entreprises qui cheminent vers un modèle d’affaires plus durable, mais qui étaient exclues des produits issus de la première vague de la finance durable », explique-t-il. L’idée est astucieuse. Les institutions financières prennent peu de risque, puisque les prêts à la durabilité financent les activités habituelles des entreprises, et non des projets innovants. Et les prêteurs en tirent des bénéfices intéressants. En juin 2019, BMO a annoncé qu’elle allouerait 400 milliards de dollars canadiens à la finance durable d’ici 2025, dont 150 milliards pour soutenir les entreprises qui visent le DD. En accordant des prêts à la durabilité, les institutions financières font d’une pierre deux coups, puisqu’elles atteignent aussi leurs propres objectifs de DD. On s’en doute, d’autres institutions financières Le prêt à la durabilité, c’est une demande venue des entreprises qui cheminent vers un modèle d’affaires plus durable, mais qui étaient exclues des produits issus de la première vague de la finance durable » JONATHAN HACKETT canadiennes sont en train de s’organiser pour offrir de tels prêts sous peu. Les avantages Qu’en est-il de l’efficacité de ces prêts ? Contribuent-ils à migrer vers une économie plus durable ? Leur attrait réside, entre autres choses dans le spectre des cibles. Celles-ci ne sont pas seulement environnementales, elles peuvent être sociales ou liées à la gouvernance. Car une économie durable ne se limite pas à une économie verte. Ainsi, pour bénéficier d’une baisse de taux, WSP doit atteindre trois cibles, dont accroître la proportion de postes de direction occupés par des femmes. Prada, qui s’est vu accorder un prêt à la durabilité de 73,5 milliards de dollars canadiens en 2019, s’est engagée, entre autres, à accroître le nombre d’heures de formation de ses employés. Ces prêts valent autant, ou aussi peu, que les contrats qui les encadrent, souligne l’avocat Fabien Lanteri-Massa, associé au cabinet Blake, Cassels & Graydon. « Pour éviter l’écoblanchiment et le socioblanchiment, deux associations de documentation juridique composées de prêteurs et d’emprunteurs (LMA et LSTA) ont établi des principes encadrant les documents de prêts à la durabilité. » Le prêt doit être lié à la stratégie de DD de l’entreprise. « Si un client sollicite ce prêt mais qu’il n’a pas de stratégie de DD, nous allons l’inciter à prendre du recul pour évaluer les enjeux sociaux et environnementaux auxquels font face son entreprise et son secteur, et ce qu’il désire améliorer, dit Jonathan Hackett, de BMO. Sinon, ce type de prêt n’a pas de sens. »Le contrat de prêt à la durabilité prévoit aussi des cibles spécifiques et ambitieuses, une transparence et une reddition de comptes ainsi qu’un examen par une tierce partie indépendante, qui s’assure que le calcul est bon et que les objectifs sont atteints. Deuxième chance On a parlé du rabais de taux dont bénéficient les emprunteurs qui atteignent les cibles environnementales ou sociales auxquelles ils s’étaient engagés. Mais il y a plus, et c’est là une autre force de cet outil : certains contrats prévoient une pénalité, hausse de taux, si l’entreprise n’atteint pas ses cibles. Le bon vieux principe de la carotte et du bâton. Toutefois, on a raffiné l’idée en ajoutant la notion de seconde chance. « Si les institutions financières sont vraiment sérieuses lorsqu’elles affirment vouloir contribuer au DD collectif à travers ce produit, alors les sommes issues de la hausse de taux ne devraient pas leur être retournées, explique l’avocat Fabien Lanteri-Massa. C’est pourquoi on évoque de plus en plus l’idée de verser cette pénalité dans un fonds que l’entreprise doit utiliser pour corriger ce qu’elle n’a pas atteint la première fois. Alors, le prêt à la durabilité remplit vraiment son objectif : il incite les organisations à adopter des pratiques liées au DD. » On s’attend à ce que la demande pour de tels prêts augmente au cours des prochains mois. Par exemple, maintenant qu’Aliments Maple Leaf a ouvert la voie, il ne serait pas étonnant que Saputo sollicite un prêt à la durabilité auprès de son institution financière. Rappelons qu’à la dernière assemblée annuelle, des actionnaires l’ont pressé d’établir des cibles de réduction de son gaspillage alimentaire. Ce serait un bon point de départ pour un prêt à la durabilité. LEDEVOIR // LE LUNDI 9 MARS 2020 A6 ÉDITORIAL DIRECTEUR BRIAN MYLES Directeur des finances Stéphane Roger Rédactrice en chef Marie-Andrée Chouinard Chef des technologies Sylvain Coutu Vice-présidente du développement Christianne Benjamin L E D E VO I R // F O N D É PA R H E N R I B O U R A S S A L E 1 0 JA N V I E R 1 9 1 0 > FA I S C E Q U E D O I S ! FINANCES PUBLIQUES La route sera longue L e Québec a réalisé des progrès majeurs en matière de gestion des finances publiques et se retrouve aujourd’hui en bien meilleure posture qu’il y a dix ans. L’exercice a été douloureux, et bien des services publics ont pâti de la rapidité d’exécution. Mais le résultat est là : on a retrouvé une certaine marge de manœuvre pour réinvestir en santé et en éducation tout en réduisant la dette nette, ce qui se manifeste par une baisse significative de la place occupée par le versement d’intérêts sur les sommes empruntées. JEAN-ROBERT SANSFAÇON Alors que les intérêts accaparaient 10 % des recettes budgétaires au début de la décennie et même 15 % 10 ans plus tôt, ce ratio n’est plus que de 7,6 % (soit 1040 $ par habitant). La faiblesse des taux y est pour quelque chose, évidemment, mais la diminution nette de la dette en pourcentage du PIB au lieu des augmentations récurrentes auxquelles nous étions habitués explique aussi le phénomène. En dépit de ces progrès, le versement d’intérêts occupe toujours le troisième rang dans les dépenses, après la santé et l’éducation, et à 39,7 % du PIB, comparativement à 30,3 % pour la moyenne canadienne, la dette nette du Québec est encore la plus élevée. Cela dit, nous avons comblé l’écart avec l’Ontario, qui n’est toujours pas parvenu à résorber les déficits annuels laissés par la dernière récession. Depuis cinq ans, le gouvernement du Québec a enregistré des excédents annuels totalisant pas moins de 21 milliards en incluant les sommes versées au Fonds des générations pour réduire la dette. C’est beaucoup d’argent pour une province pauvre, ce que nous sommes toujours comparativement à la moyenne canadienne, dont le PIB par habitant est supérieur au nôtre de 19,5 % (17,2 % pour l’Ontario). Ce qui explique que nous soyons encore bénéficiaires de cette fameuse péréquation fédérale à hauteur de quelque 13 milliards de dollars cette année. En somme, malgré quelques constats assez réjouissants, dont un taux de chômage de 4,5 %, le plus bas de notre histoire contemporaine, le Québec ne nage pas dans la richesse, même s’il aspire à une qualité de services publics de très haut niveau. Dans une étude qu’il vient de publier, le bureau du Directeur parlementaire du budget (DPB) à Ottawa soutient que le gouvernement fédéral pourrait se permettre de réduire les impôts ou d’augmenter les dépenses de 41 milliards de dollars par année sans influer sur son ratio d’endettement. Pour les provinces, c’est l’inverse : à cause du vieillissement de la population, il leur faudrait « augmenter les impôts et les taxes ou réduire les dépenses de l’ordre de 0,3 % du PIB (6 milliards en dollars) de façon permanente », notamment à cause des dépenses en santé. Dans le cas du Québec, le DPB en arrive à la conclusion que ses finances publiques sont « viables » à long terme. Mais en y regardant de plus près, on constate que cette prévision optimiste inclut comme variable hypothétique des hausses récurrentes de revenus de péréquation dues à la faiblesse de notre économie par rapport à la moyenne canadienne. Ce qui est une moins bonne hypothèse ! Dans une autre étude publiée l’automne dernier par la Chaire en fiscalité et finances publiques de l’Université de Sherbrooke, les chercheurs sont arrivés à la conclusion que la plus grande partie des surplus enregistrés récemment par le Québec était due au fait que notre économie avait obtenu de meilleures performances que ce que son potentiel laissait prévoir. Un résultat inespéré dans un contexte qualifié d’austère par l’opposition, ou de rigoureux par le gouvernement libéral en place. En revanche, si les prévisions actuelles du ministère des Finances se concrétisent, il faut s’attendre à ce que les prochains excédents budgétaires soient plus fragiles, et même à ce que le Québec renoue avec les déficits d’ici la fin de la décennie. De ces différentes analyses, il ressort que le Québec a encore bien des croûtes à manger pour combler l’écart qui le sépare des provinces comme l’Ontario, l’Alberta, la Saskatchewan et la Colombie-Britannique. Le premier ministre albertain peut toujours se plaindre des difficultés de sa province, les Albertains seront encore pour longtemps les Canadiens qui gagnent les plus hauts salaires, qui paient le moins de taxes et dont la dette provinciale est à peu près nulle. Si le premier ministre François Legault et la CAQ aspirent à les rejoindre au palmarès sans succomber à la tentation d’exploiter les hydrocarbures, il faudra que le Québec forme mieux ses jeunes, qu’il incite les plus vieux à poursuivre leur vie active, qu’il attire et intègre plus de travailleurs étrangers et convainque les entreprises, surtout les PME, d’investir beaucoup plus pour améliorer leur productivité. LETTRES Combattre la violence par l’éducation Après avoir lu l’éclairante chronique de Francine Pelletier sur la violence faite aux femmes («La guerre contre les femmes», Le Devoir, 7 mars 2020), une phrase du poète québécois Gilles Vigneault m’est venue en tête : « la violence est un manque de vocabulaire ». C’est aussi un signe de vulnérabilité, de détresse, de désespoir. Comment comprendre, exprimer, extérioriser, maîtriser, surmonter nos émotions négatives, la peur, la jalousie, la colère ? Comment se valoriser autrement que par l’argent, la consommation, l’apparence physique, le contrôle, la domination ? Comment s’exprimer autrement que par les menaces, les cris et les poings ? La connaissance de la langue permet d’exprimer clairement nos émotions et nos pensées, même les plus complexes, les plus subtiles. Les arts et la littérature peuvent nous ouvrir l’esprit, nous sensibiliser, nous aider à comprendre l’autre, sa réalité, ses désirs, ses craintes, ses faiblesses, ses souffrances, au-delà des différences d’âge, de sexe, de langue, de religion, de couleur de peau, d’orientation sexuelle. La philosophie et l’éthique nous apprennent à réfléchir, à remettre en question nos sociétés, nos valeurs, nos préjugés, nos comportements. À l’ère de l’instantané, du « post-humanisme », de la mécanisation et de la marchandisation généralisée du monde et des êtres, y a-t-il autre chose qu’une lente et patiente éducation humaniste adaptée au XXIe siècle pour améliorer les rapports entre hommes et femmes, entre humains tout court ? Yann Leduc Le 7 mars 2020 Aliénation, quand tu nous tiens ! Les médiaux sociaux sont capables du meilleur comme du pire, mais dans le pire, ils sont les meilleurs. À l’heure de la post-vérité, où les faits ont moins d’importance que les émotions, même les vérités scientifiques sont reléguées au rang d’opinions. Jeudi dernier, Le Soleil rapportait les résultats d’une étude sur la confiance des Québécois envers les médias, effectuée par le Centre d’études sur les médias de l’Université Laval et disponible sur Internet. Il n’est pas innocent que ce centre d’études sur les médias soit situé à Québec, car la région fait figure de cas particulier, même si le phénomène sur lequel se penche l’étude, en l’occurrence l’érosion de la confiance de la population envers l’information véhiculée par les médias traditionnels et les réseaux sociaux, est universel. Tout peut devenir vrai ou faux pour peu que des individus LIBRE OPINION Diagnostic et professions de la santé : la fin d’une certaine exception québécoise Marco Laverdière Avocat, chercheur associé de la Chaire de recherche du Canada sur la culture collaborative en droit et politiques de la santé de l’Université de Montréal, enseignant à l’Université de Sherbrooke et directeur général de l’Ordre des optométristes du Québec De façon un peu prévisible, la récente proposition du Collège des médecins, appuyée par l’Ordre des infirmières, visant à autoriser les psychologues, sexologues, conseillers d’orientation et infirmières à poser des diagnostics de troubles mentaux, en fonction de leur champ d’exercice, suscite des réactions dans le milieu médical. Rappelons que le même débat a été soulevé l’an dernier en ce qui concerne les infirmières prati- ciennes spécialisées (IPS), alors que le projet de loi 43, qui est toujours à l’étude à l’Assemblée nationale, vise maintenant à leur reconnaître ce droit. À cette question lancinante visant à savoir si des professionnels autres que des médecins peuvent poser un diagnostic dans le cadre de leur champ d’exercice, on répondrait habituellement « oui » ailleurs au Canada et aux ÉtatsUnis, après un haussement d’épaules, sans trop saisir pourquoi cette question est même soulevée. Pour comprendre pourquoi le Québec a développé une approche plus restrictive à ce sujet, il faut considérer que, depuis les années 1970, et malgré les réformes intervenues depuis (« loi 90 » et « loi 21 »), les libellés des champs d’exercice définis dans les lois applicables indiquent que le diagnostic est surtout réservé aux médecins, alors que, pour d’autres professionnels, il est question de « l’évaluation » de la condition d’un patient (le cas des dentistes et des vétérinaires fait exception). Pour l’essentiel, le raisonnement avancé à ce sujet est que le médecin est « le seul professionnel qui a été formé et qui détient les connaissances sur l’ensemble des systèmes du corps humain ». Ce n’est pas inexact et, bien sûr, c’est ce qui fait que l’apport du médecin est particulièrement appréciable dans les cas les plus complexes. Mais il est par ailleurs aussi vrai que plusieurs professionnels de la santé non médecins ont une expertise unique dans leur champ d’exercice, de telle sorte que leurs conclusions sur la présence d’une dysfonction ou d’une condition pathologique sera très fiable, voire parfois davantage que celles d’un médecin qui aurait des connaissances trop générales ou limitées sur le cas en cause. La Cour d’appel du Québec a d’ailleurs déjà fait la part des choses à ce sujet lorsque, en 2005, elle a reconnu le droit pour les chiropraticiens de poser un diagnostic dans les limites de leur champ d’exercice (2005 QCCA 189). Suivant le raisonnement avancé dans ce jugement, on pourrait sans doute dire que, sur le plan juridique, tous les autres professionnels de la santé qui peuvent de fa- abonnés à tel ou tel influenceur s’aliènent volontairement. Les journaux sérieux peinent à combattre les mensonges par omission, à débusquer la vérité derrière les stratégies de communication tendancieuses qui ressemblent davantage à des « pitchs » de vente, à accéder aux données fiables sans passer par la loi d’accès à l’information, à vérifier et à nuancer les opinions polarisées qui circulent sur les réseaux sociaux et la radio. Le combat est-il inégal ? Qui a intérêt encore à ce que des journalistes d’enquête fassent publiquement ressortir les faits, les vérités, si la demande s’affaiblit de plus en plus chez les jeunes, les institutions politiques et les grandes entreprises privées ? Georges Jodoin Québec, le 6 mars 2020 Le Devoir, de mère en fils J’ai été camelot pour livrer Le Devoir quand j’avais 9 ans et j’en ai maintenant… 72 ; ma mère ne jurait que par votre journal, et c’était son plaisir quotidien. Comme abonné je fais aujourd’hui le même constat que ma mère quant à la qualité de votre journal qui dépasse de loin beaucoup de journaux dans le monde. Je dirais même que vous êtes encore bien meilleur que dans les années 1950… Merci de garder le flambeau et de l’attiser continuellement. Michel Léveillé Montréal, le 7 mars 2020 çon autonome mettre au jour un problème de santé et ensuite proposer un traitement seraient déjà autorisés à poser un diagnostic, là encore évidemment, en tenant compte des limites de leur champ d’exercice. Il ne manquerait donc que la reconnaissance législative à ce sujet. Mais on comprend bien qu’il y a manifestement d’autres enjeux plus concrets qu’un seul changement de terminologie législative consistant à remplacer « évaluation » par « diagnostic ». Pour les professionnels intervenant en santé mentale, c’est, semble-t-il, celui de l’accès à des ressources pour les patients, alors qu’un diagnostic est parfois exigé à cette fin. Au-delà de la question du diagnostic, il semble d’ailleurs y avoir un assez large consensus parmi les professionnels concernés sur l’importance de régler ces véritables problèmes. Dans l’état actuel des choses, en tenant compte des précédents jurisprudentiels et de l’environnement nord-américain, il est certainement possible d’y parvenir en reconnaissant toute la valeur du diagnostic médical, mais sans le « sanctuariser » et sans nier l’existence de la capacité de diagnostiquer d’autres professions. LEDEVOIR // LE LUNDI 9 MARS 2020 Directeur de l’information Florent Daudens Adjoints Dominique Reny, Louise-Maude Rioux Soucy Adjoints Baptiste Barbe, Paul Cauchon, Valérie Duhaime, Directrice artistique Claire Dazat Louis Gagné, Jean-François Nadeau, Anabelle Nicoud Directeur de la production Christian Goulet IDÉES Le collège Gérald-Godin renie sa raison d’être André Campagna Directeur fondateur du collège GéraldGodin (1996-2001) Le journal Le Devoir nous informait le 2 mars 2020 du projet du cégep GéraldGodin de créer à Vaudreuil-Dorion avec le collège anglophone John-Abbott et le collège Valleyfield, un campus bilingue offrant des DEC dans les deux langues. C’est oublier que le collège GéraldGodin a été créé en 1995 par le gouvernement Parizeau non seulement pour offrir aux francophones du « West Island » l’accès aux études collégiales en français à proximité, mais aussi pour endiguer l’anglicisation galopante des non-anglophones par l’accès au seul cégep de la région, John-Abbott. Deux ans plus tard, en 1997, sur proposition du Collège, le gouvernement Bouchard ajoutait une deuxième institution culturelle dans l’Ouest-de-l’Île, la salle Pauline-Julien. Puis en 1998, l’UQAM, à l’invitation du Collège, ouvrait une antenne dans le même secteur. Également en 1998, grâce à la déconfessionnalisation des commissions scolaires par la ministre de l’Éducation, Pauline Marois, advenait la création de la Commission scolaire francophone Marguerite-Bourgeoys, dans le secteur ouest de l’île de Montréal. En quelques années donc, à la veille du tournant du siècle, l’Ouest-de-l’Île est passé de zéro à quatre grandes institutions de langue française et de culture québécoise, en cet unique milieu minoritaire francophone alors au Québec. L’élan visionnaire donné par le premier ministre Jacques Parizeau et par le collège Gérald-Godin a donc porté des fruits et a répondu à la demande historique de l’Association des francophones de l’Ouest-de-l’Île. Concernant la région de VaudreuilDorion et le besoin de sa clientèle anglophone minoritaire, elle est déjà bien desservie par le collège John-Abbott situé à Sainte-Anne-de-Bellevue, plus proche de ce secteur que les autres collèges. En ce qui concerne les francophones majoritaires, le collège de Valleyfield a déjà à Vaudreuil-Dorion une antenne et, grâce à une mise en commun avec Gérald-Godin, il serait possible de créer un campus de plus grande envergure dans cette région à majorité francophone (66 % selon le chercheur Frédéric Lacroix), en forte croissance démographique située à l’extrême ouest du Québec, à la frontière de l’Ontario et au cœur du Suroît. Dans ce contexte, ai-je besoin de dire qu’en lisant l’article du Devoir du 2 mars, je suis presque tombé en bas de ma chaise. Comment le cégep GéraldGodin, comment sa direction, comment son conseil d’administration, 20 ans après l’ouverture de ses portes, a-t-il pu faire ce virage à 180 degrés pour devenir le porteur et le porteparole même, semble-t-il, voire le complice, d’un projet qui, dans les faits (les tendances exposées par Lacroix sont si claires), contribuera à accentuer l’anglicisation régionale de la jeunesse, et, à moyen terme, à réduire l’importance de la présence francophone dans cette région limitrophe, déjà exposée à l’influence anglophone. Et encore plus, le cégep Gérald-Godin risque « d’être le dindon de la farce » dans ce projet. Non seulement, son campus principal à Sainte-Geneviève perdrait une large partie de sa clientèle provenant de Vaudreuil-Dorion, alors que stagnent déjà ses effectifs, mais en plus l’offre de DEC en anglais à Vaudreuil-Dorion, ajoutera l’espace physique manquant à John-Abbott pour accueillir plus d’étudiants non anglophones (allophones et francophones) selon la forte tendance démontrée par Frédéric Lacroix. Le cégep GéraldGodin participerait ainsi à ce que certains appellent la « westlandisation » du Suroît ! Le collège irait exactement à l’opposé de sa raison d’être ! Dans un campus bilingue, la clientèle anglophone serait en croissance continue, comme dans l’île de Montréal, au détriment des francophones. Et, cela est d’autant plus aberrant de la part du collège Gérald-Godin qu’il y a quelques années, « il s’en est fait passer une petite vite » par le John Abbott College et en subit encore les conséquences. Je connais bien le début de l’histoire pour en avoir été un acteur. Dans la lettre fondatrice du Collège du ministre de l’Éducation Jean Garon, il avait invité le conseil d’administration du Collège à considérer la création d’un nouveau programme technique en relation avec l’importante industrie pharmaceutique de l’Ouest-de-l’Île. Dès 1997, avant même l’ouverture du Collège, la direction en a fait une priorité ainsi que les directions qui s’y sont succédé. Il y a une dizaine d’années, le ministère de l’Éducation autorisait le Collège à offrir le nouveau programme d’études techniques en fabrication pharmaceutique. Un programme à autorisation très limitée vu la dimension relative de l’industrie. Selon la politique Le cégep GéraldGodin participerait à ce que certains appellent la « westlandisation » du Suroît AUTOCHTONES Rétablissons de bonnes relations avec la nation mohawk Pierre Trudel Chargé de cours, UQAM, et membre de la Chaire de recherche du Canada en études québécoises et canadiennes Les propos du premier ministre du Québec quant à la présence d’AK-47 sur le territoire de Kahnawake ont provoqué des réactions très négatives dans la population de Kahnawake. La plupart des acteurs sociaux de cette communauté, y compris le chef de la police, ont vivement dénoncé ces paroles qualifiées de provocatrices et d’irresponsables. Les médias mohawks montrent bien comment de tels propos portent atteinte aux bonnes relations entre la nation québécoise et la nation mohawk. Tout comme le font le Conseil mohawk de Kahnawake, les Gardiens de la Paix (les policiers), les Maisons longues (traditionalistes) et les manifestants mohawks auprès de leur communauté, M. Legault doit rassurer les Québécois en les informant que les manifestants n’ont jamais eu l’intention de faire usage d’armes à feu. Tous ont été clairs sur cette question. Trente ans après la crise d’Oka, il s’agit d’un acquis important que nous partageons entre nos nations. Ne risquons pas de perdre ce que nous partageons. Selon le premier ministre, la Sûreté du Québec aurait pu intervenir sur le territoire de Kahnawake, « si possible », avec l’appui des Gardiens de la Paix. Cela signifie que les agents de la SQ, armés, pourraient se retrouver face à d’autres agents de la paix, également armés, et que la SQ devrait mettre les autres policiers en état d’arrestation pour obstruction. Qui veut de cette situation ? Personne ne souhaite une telle détérioration des rapports avec la nation mohawk. Le premier ministre se doit de clarifier la situation au sujet des règles d’intervention de la SQ à Kahnawake. Il doit également intervenir afin de faire reculer les préjugés que ses propos ont suscités auprès de la population québécoise. Si la SQ n’est pas intervenue, c’est parce qu’il n’y a pas eu de demande d’assistance de la part des autorités policières de Kahnawake. Ces règles sont Les gouvernements sont à la fois juges et parties, ce qui ne facilite en rien la résolution des conflits avec les populations des Premières Nations. JACQUES NADEAU LE DEVOIR établies dans l’entente trilatérale entre le Conseil mohawk de Kahnawake, le gouvernement fédéral et celui du Québec. D’autre part, les trois conditions — fondement juridique, nécessité d’agir et urgence de la situation — qui pourraient justifier une intervention de la SQ et qui ont été établies par le coroner Guy Gilbert à la suite de la mort du caporal Marcel Lemay à Oka en 1990, n’étaient pas réunies. Ce rapport avait conclu à une intervention inappropriée de la SQ, qui a depuis longtemps mis en œuvre les recommandations du coroner. Il est primordial que la SQ maintienne les rapports harmonieux qu’elle entretient avec les Gardiens de la Paix de Kahnawake. Les policiers de Kahnawake ont déclaré qu’ils n’avaient nullement l’intention de mettre en œuvre l’injonction accordée au Canadien Pacifique. Cette compagnie a précisé aux médias mohawks que l’injonction demandée visait à ce que d’autres blocages ne se reproduisent pas sur le territoire du Québec. À Kahnawake, elle a continuellement souhaité une solution négociée. Manifestement, le Canadien Pacifique tient à maintenir de bonnes relations. Consentement préalable Le litige actuel avec les Wet’suwet’en concerne le « consentement préalable, libre, et éclairé » des Autochtones au sujet d’un projet de gazoduc sur leur territoire. La Commission des droits de la personne de la Colombie-Britannique a récemment relevé qu’il y a eu atteinte à ce droit que possèdent les Chefs héréditaires. Elle dénote aussi La solution à l’impasse actuelle passe par un mécanisme indépendant des gouvernements A7 historique du ministère de l’Éducation, ce type de programme est limité à un collège, sinon à quelques collèges très distancés pour répondre à des besoins régionaux distincts. Cette fois, le ministère de l’Éducation s’est permis une brèche à sa politique historique. Que s’est-il passé ? Sans doute, le lobbying du John Abbott College (qui était déjà actif en 1999) a été si puissant, auprès du gouvernement Charest (je crois), que le programme lui a aussi été autorisé. Aujourd’hui, ce programme est moribond à Gérald-Godin et débordant de santé à John-Abbott d’après ce qu’on m’en a dit. En bref, « win » pour ce dernier, et « perte » pour Gérald-Godin qui avait travaillé pendant une dizaine d’années pour développer ce programme en étroite collaboration avec l’industrie pharmaceutique. Est-ce qu’un nouveau, « win-perte » se prépare au détriment, cette fois, de deux collèges de langue française dans une nouvelle région, celle-là à majorité francophone (pour combien de temps) ? Tout l’indique ! L’article du Devoir nous apprend que le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur étudie ce projet de campus bilingue des trois collèges. Souhaitons que le ministre consulte aussi le chef du gouvernement du Québec qui connaît on ne peut mieux le contexte du « West Island », lui qui a vu le jour à Sainte-Anne-de-Bellevue, lui qui s’est imposé le voyagement quotidien de dizaines de kilomètres, pendant des années, pour aller étudier dans un cégep de langue française du centre de l’île. Et enfin lui qui s’est réjoui le 6 mars 2000 de la création d’un cégep de langue française dans l’Ouest-de-l’Île en présidant à l’inauguration du collège Gérald-Godin à titre de ministre de l’Éducation. P.S. Concernant l’« emballement » émouvant de la Fédération des cégeps pour ce projet de campus bilingue, il faut lui accorder que celle-ci est cohérente avec son passé : il y a 25 ans, en 1995, la Fédération s’était opposée à la création d’un cégep de langue française dans le « West Island ». que la GRC a fait usage de force excessive à l’endroit des manifestants. En 1997, les Chefs héréditaires ont été reconnus par la Cour suprême comme les détenteurs des droits ancestraux de leur nation hors des réserves. Cette reconnaissance aurait dû mener à la signature d’un traité qui tienne compte de cette nouvelle norme juridique appuyée par le Canada lorsqu’il a adopté une motion appuyant la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones. Le premier ministre du Québec, qui a également appuyé la Déclaration des Nations unies, devrait intervenir en ce sens. Il devrait faire des représentations auprès de ses homologues afin que la « paix des braves », complément à un traité moderne, soit la Convention de la Baie James et du Nord québécois, se produise également chez les Wet’suwet’en dans le Nord de la Colombie-Britannique, tout comme il souhaite qu’elle s’étende à toutes les nations autochtones au Québec. Les gouvernements sont à la fois juges et parties, ce qui ne facilite en rien la résolution des conflits comme ceux qui sont au cœur des revendications de la nation wet’suwet’en. La solution à l’impasse actuelle passe par un mécanisme indépendant des gouvernements. Plutôt que d’exagérer nos différences, il importe dans cette situation de mettre en lumière ce que nous avons en commun. D’une part, il est d’intérêt public que les populations qui ont tissé de longues relations avec des territoires éloignés méconnus de la plupart des Canadiens et des Québécois puissent bénéficier d’une nouvelle norme juridique qui accroît leur participation au processus décisionnel. D’autre part, le chef de Kahnawake, Joe Tokwiro Norton, et le secrétaire de la Maison longue (traditionaliste), Kenneth Atsenhaienton Deer, ont tous les deux affirmé que cette lutte en appui aux chefs héréditaires wet’suwet’en constitue également une lutte contre les changements climatiques. Le Québec est directement concerné par le fait que de vastes parties de son territoire n’ont pas fait l’objet de traité. Des « traditionalistes » sont également présents parmi les nations autochtones au Québec. Le premier ministre Legault doit prendre l’occasion de cette crise pour appuyer l’engagement du gouvernement fédéral à mettre en œuvre la recommandation de la Commission royale sur les peuples autochtones (1996) au sujet de la réunification des nations autochtones, ce qui participerait à créer des conditions d’une meilleure gouvernance. Tirons profit de cette « crise » pour regarder vers l’avenir plutôt que d’associer la nation mohawk à des armes de guerre ! LEDEVOIR // LE LUNDI 9 MARS 2020 A8 ACTUALITÉS calculer au jour le jour son empreinte écologique, Began, une autre visant à guider les consommateurs souhaitant devenir Vegan, Canary, une appli proposant hôtels, circuits et itinéraires aux personnes ayant choisi une destination voyage, et Green Thumb, un outil numérique gardant la trace des tâches précises à réaliser dans son propre jardin. Comme la majorité des 4800 élèves du Wagon formés depuis six ans dans 35 villes à travers le monde, la cohorte montréalaise attire des candidats de tous âges qui effectuent un changement radical de carrière, rêvent de lancer leur propre start-up ou de devenir développeurs pour d’autres entreprises. Diplôme exigé ? Aucun. Défaire les codes Le « boot camp » du Wagon vise à encourager la diversité dans le milieu de la technologie ISABELLE PARÉ LE DEVOIR C es élèves n’ont pas la bosse des mathématiques et n’ont pas non plus passé leur adolescence le nez collé sur un écran, une tuque vissée sur la tête. Elles et ils ont 25, 30 ans ou plus de 40 ans et, pourtant, ils ont choisi de plonger dans l’univers binaire du code et souhaitent bousculer le monde très masculin de la « tech ». En ce matin de février, ça bourdonne dans les locaux de La Gare, un espace de cotravail situé dans le Mile End, un endroit couru par les développeurs de jeunes pousses du milieu des technologies. De jeunes femmes, des mères de famille — et des hommes aussi —, planchent depuis quelques semaines neuf heures par jour sur l’apprentissage du code et l’a b c des logiciels et applications Web. Du groupe, 60 % sont des femmes, de nationalités multiples, issues de professions et de milieux aussi hétéroclites que la santé, les arts artisanaux, les affaires, le marketing ou la mode. Rien à voir avec l’image lambda du « super geek » et de la monoculture masculine qui règne dans plusieurs « tech » du quartier. À preuve, la « salle de classe » réunit ce jour-là un adepte du massage shiatsu et de la médecine chinoise, une ex-athlète de haut niveau, une spécialiste du design textile et des diplômés de tous horizons, venus notamment du milieu du commerce et des affaires. « Parmi nos élèves, il y a huit femmes, deux personnes non binaires et huit hommes. On est très loin du profil type du milieu, qui ne compte que 20 % de femmes. Cette diversité des genres et des expériences de travail change les perspectives et a même une influence sur les applications et les projets qui seront développés », affirme Marie-Gabrielle Ayoub, directrice de l’école Le Wagon. La mère de jeunes enfants a elle aussi fait une croix sur un emploi dans le milieu de la santé pour sauter dans l’aventure numérique. Parmi les projets qui naîtront de ce «boot camp» de codage pour non-initiés, des applications aussi diverses que Day-0 (Zéro), une plateforme visant à La « salle de classe » réunissait ce jour-là un adepte du massage shiatsu et de la médecine chinoise, une ex-athlète de haut niveau, une spécialiste du design textile et des diplômés de tous horizons. PHOTOS MARIE-FRANCE COALLIER LE DEVOIR RÉDACTION 1265, rue Berri, 8e étage, Montréal (Québec) H2L 4X4 Métro Berri-UQAM Ouvert du lundi au vendredi de 8 h 30 à 16 h 30 Téléphone 514 985-3333 Courriel [email protected] Suivez-nous sur LeDevoir.com et sur nos réseaux sociaux RENSEIGNEMENTS ET ADMINISTRATION Téléphone 514 985-3333 ABONNEMENTS (du lundi au vendredi de 7 h 30 à 16 h 30) Téléphone 514 985-3355 Extérieur de Montréal 1 800 463-7559 (sans frais) Courriel [email protected] Télécopieur 514 985-5967 PUBLICITÉ Téléphone 514 985-3399 Extérieur de Montréal (sans frais) 1 800 363-0305 Courriel [email protected] Télécopieur 514 985-3340 AVIS PUBLICS ET APPELS D’OFFRES AVIS DE DÉCÈS LE MÉMORIEL Téléphone 514 985-3452 Courriel [email protected] Télécopieur 514 985-3340 Téléphone 514 525-1149 Courriel [email protected] Pas la bosse des maths « Moi, j’étais nulle en maths et j’avais l’impression, comme bien des gens, de ne pas avoir le profil recherché pour travailler dans le milieu des technologies. Ici, l’apprentissage est basé sur la logique et sur la pratique. On teste, on fonctionne par essai-erreur : notre but c’est trouver des solutions à des problèmes», souligne Marie-Gabrielle Ayoub. « Il faut démythifier le profil des gens intéressés par la tech. On n’est pas tous des petits jeunes maigrichons confinés derrière leurs écrans, des “Mark Zuckerberg”, dit Camille Paiement, une jeune dans la vingtaine. « Moi je suis une femme, je suis noire, j’étais vraiment pas une étudiante “A”, mais j’ai pu faire ma place en y amenant mon expérience passée. » L’ex-athlète, qui a étudié et s’est entraînée au sprint pendant quatre ans grâce à une bourse décochée dans une université américaine, veut développer sa propre application après s’être frottée à la psychologie et au design de l’expérience-utilisateur à New York. «J’aimerais créer une plateforme pour promouvoir l’achat de produits bios et locaux où les utilisateurs pourront amasser des points. Si on veut changer les comportements et faire plus pour l’environnement, récompenser l’achat local fait partie de la solution », pense-t-elle. Professeure en design textile au cégep du Vieux-Montréal, Vicky André, à 43 ans, a elle aussi déjà toute une feuille de route derrière elle. Formée aux arts visuels en France, elle a butiné dans les domaines de la mode et des accessoires avant de bifurquer vers le design de tissus. En voulant lancer son premier catalogue en ligne pour ses clients, elle s’est heurtée à un mur avec le développeur. « J’ai choisi de le faire moi-même et, pour ça, il fallait que je plonge dans la programmation. La technologie, c’est un moyen, l’idée artistique reste au cœur de la démarche. La technologie permet juste d’explorer d’autres possibilités.» À l’image de leurs élèves, les professeurs du Wagon, comme Stéphane, ont aussi roulé leur bosse dans d’autres domaines avant de craquer pour le code et de passer à travers l’expérience du «boot camp». «J’ai eu sept vies avant de venir ici, notamment comme massothérapeute. Le côté humain et collaboratif, la communauté répartie dans 30 pays, ç’a été un réel plus pour moi.» L’expérience collective des milliers de diplômés du Wagon sert en effet à nourrir les étudiants, qui ont un libre accès à leurs conseils et aux 1300 applications développées en cours de formation un peu partout dans le monde. À Paris, seulement, cette petite école du code a donné naissance à plus de 100 start-up, certaines plus atypiques que d’autres, à l’image de la diversité de ses élèves. Notamment celle de Fiona, une Française créatrice d’une marque de tampons 100% bios et écologiques, scandalisée «que la composition des protections féminines [soit] à peu près aussi peu encadrée que celle du papier toilette». «On avait tout pour ne pas [être] sexy aux yeux des investisseurs: […] un produit de consommation courante, que la majorité des investisseurs [hommes] n’utilisent pas, dirigée par une femme de moins de 30 ans, dont c’est la première entreprise!» Un peu de code, beaucoup de créativité et 20 000euros plus tard, les tampons bio My Holy étaient nés. « Je crois que les femmes, ou toute autre personne qui se perçoit comme ayant des barrières pour devenir développeur ou mieux comprendre le milieu de la programmation, peuvent le faire. C’est très créatif et simplement logique. Notre plus jeune élève avait 18 ans, notre doyen, 60 ans. Peu importe d’où on vient, ça s’apprend. » PETITES ANNONCES ET PUBLICITÉ PAR REGROUPEMENT Téléphone 514 985-3322 Courriel [email protected] Télécopieur 514 985-3340 Le Devoir peut, à l’occasion, mettre la liste d’adresses de ses abonnés à la disposition d’organisations reconnues dont la cause, les produits ou les services peuvent intéresser ses lecteurs. Si vous ne souhaitez pas recevoir de correspondance de ces organisations, veuillez en avertir notre service à la clientèle. Le Devoir est publié du lundi au samedi par Le Devoir inc., dont le siège social est situé au 1265, rue Berri, 8e étage, Montréal (Québec) H2L 4X4. Il est imprimé par Imprimerie Mirabel inc., 12800, rue Brault, Saint-Janvier de Mirabel, division de Québecor Media, 612, rue Saint-Jacques Ouest, Montréal, qui a retenu pour la région de Québec les services de l’imprimerie du Journal de Québec, 450, avenue Béchard, Québec, qui est la propriété de Corporation Sun Media, 612, rue Saint-Jacques Ouest, Montréal. Envoi de publication — Enregistrement no 0858. Dépôt légal : Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2007. LEDEVOIR // LE LUNDI 9 MARS 2020 / CAHIER B MONDE Le Liban dépose le bilan | B 2 CULTURE LE DEVOIR DE CITÉ Le piège des belles écoles | B 5 Les trois sœurs, clouées au sol B7 MONDE PRIMAIRES DÉMOCRATES Biden ou Sanders ? FRANÇOIS BROUSSEAU L a possibilité — aujourd’hui crédible — que Joe Biden puisse devenir, en novembre, le « tombeur » de Donald Trump, a des petits airs de restauration. Biden a été le vice-président de Barack Obama ; il a déjà passé huit ans à la Maison-Blanche. Dans la campagne des primaires démocrates — qui a connu, il y a six jours, une simplification spectaculaire en sa faveur —, Biden est redevenu le favori du camp dit «modéré» ou centriste (aussi appelé «camp de l’establishment»), contre le dernier adversaire sérieux qu’est désormais Bernie Sanders. Sanders a pris, lui, la posture de la rupture, du révolutionnaire socialiste — ce qui, avant l’irruption en 2016 de ce sénateur solitaire, ancien maire de Burlington, était sans précédent à ce niveau en politique américaine. Mais attention aux raccourcis et aux illusions d’optique… Le duel qui s’est dessiné cette semaine après le Super Tuesday commence à prendre forme. SCOTT OLSON ET KYLE RIVAS GETTY IMAGES / AFP Restauration? Retour à «l’avant-Trump»? Comme si ces trois années de présidence Trump n’étaient qu’un moment d’égarement, un mauvais rêve vite effacé ? Faux et impossible. Une défaite de Trump, oui, est plausible cet automne, malgré un système électoral qui forcera son adversaire démocrate à le battre par au moins trois ou quatre points de pourcentage pour emporter le collège électoral. Mais un tel résultat n’effacera jamais ce qui s’est produit (ou accentué) depuis novembre 2016 : un nouveau rapport à la réalité, la montée des fake news (à la fois dénoncée et célébrée chaque jour par Trump), le désintérêt populaire face à la politique, ou le radicalisme de ceux qui s’y impliquent toujours (pro ou anti-Trump), l’effondrement du centre, du dialogue et du « bipartisanisme » jadis constitutif du jeu parlementaire, le radical déclin international des États-Unis, etc. Un éventuel président Biden occuperait un terrain politique profondément bouleversé par l’épisode Trump, dans un pays divisé comme jamais. Biden président ne serait pas un « Obama bis ». Biden, candidat de la droite du parti? Pas vraiment. Qu’il y ait aujourd’hui des caciques du Parti démocrate bousculés, voire effrayés par l’efficace campagne de Bernie Sanders, le « révolutionnaire » du Vermont, et qui voient dans Joe Biden celui qui aurait le plus de chance dans un face-à-face avec Trump : c’est vrai. Pourtant, comme le faisait valoir ce week-end l’économiste Thomas Piketty dans Le Monde (à la suite de John R. MacArthur, la semaine dernière dans ces pages), Sanders a souvent de meilleurs sondages que Joe Biden dans les simulations face à Trump. Et il est celui qui serait le plus à même de mobiliser en faveur des démocrates le vote des plus jeunes et celui des plus pauvres. Sanders, un socialiste révolutionnaire? Non. Ici, on paraphrasera le chroniqueur Paul Krugman, dans plusieurs textes récents : Bernie Sanders n’est pas si à gauche qu’on le croit… et qu’il le dit lui-même ! Son discours de « rupture révolutionnaire» est une posture autant qu’un véritable programme. Sanders est un social-démocrate à l’européenne. Il est pour les impôts et les dépenses publiques en matière d’éducation et de santé pour tous. Qui plus est, dans le débat des derniers mois — c’était l’argument de Frank Bruni samedi dans le New York Times— il a gagné la bataille des idées et tiré vers la gauche presque toute la cohorte des candidats. La taxe sur le patrimoine des riches faisait aussi partie du programme de Warren, Biden… et même Bloomberg! Biden a un plan de… 1700milliards de dollars pour le climat. Mais Sanders, par son ton, son intransigeance, son refus du compromis et des alliances, transmet une odeur de dogmatisme (qui ne signifie pas extrémisme). Sans oublier certains de ses partisans, prompts à crier à la trahison et à haïr leurs adversaires, y compris démocrates : miroir inversé – en fait d’ardeur militante — des milieux pro-Trump. Et puis, il y a ce passé « philo-soviétique » bien documenté, qui fournirait, cet automne, des cibles de choix aux fauves du camp opposé. D’où cette idée que, malgré ses bons chiffres actuels, une candidature Sanders ne tiendrait pas la distance face à la machine Trump. La mission unique — et peut-être brève — de Joe Biden cet automne : mettre fin à cette présidence… puis passer rapidement la main. François Brousseau est chroniqueur d’information internationale à Ici Radio-Canada. Bernie Sanders et Joe Biden cumulent les appuis Kamala Harris a décidé d’apporter son appui à Biden dimanche, et un célèbre militant des droits civiques a rejoint le camp Sanders MICHAEL MATHES À WASHINGTON SÉBASTIEN DUVAL À DÉTROIT AGENCE FRANCE-PRESSE La sénatrice noire Kamala Harris pour l’un, le célèbre militant des droits civiques Jesse Jackson pour l’autre : Joe Biden et Bernie Sanders ont chacun reçu dimanche un soutien de poids à deux jours de leur premier « tête-àtête » de la primaire démocrate. Le duel qui s’est dessiné cette semaine après le Super Tuesday commence à prendre forme, et les deux septuagénaires voient leurs troupes grossir à l’approche d’un autre gros mardi électoral. Alors que six nouveaux États (Dakota du Nord, Idaho, Michigan, Mississippi, Missouri et Washington) se prononceront dans la course à l’investiture démocrate pour la présidentielle, Joe Biden, 77 ans, a reçu le ralliement d’une ancienne rivale, Kamala Harris. La sénatrice de 55 ans, qui espérait devenir la première présidente noire des États-Unis, avait fait un début de campagne remarqué, prenant notamment à partie l’ancien vice-président sur la question raciale lors d’un débat télévisé en juin. Mais le soufflé est vite retombé pour l’ancienne procureure de Californie, qui a jeté l’éponge en décembre faute de fonds suffisants pour financer sa campagne, et laisse désormais derrière elle ses différends avec Joe Biden. « Je crois vraiment en Joe, que je connais depuis longtemps. Nous avons aujourd’hui besoin d’un dirigeant qui se préoccupe vraiment des gens et peut donc les rassembler. Et je pense que Joe peut y parvenir », affirme-t-elle dans une vidéo publiée dimanche sur son compte Twitter. Sur le même réseau, l’intéressé l’a remerciée d’avoir « consacré sa carrière à se battre pour les laissés-pourcompte », souvent aux côtés de son fils Beau Biden, lui-même ancien procureur du Delaware et décédé en 2015. Anciens adversaires Pete Buttigieg, Amy Klobuchar, Beto O’Rourke, Mike Bloomberg… Au nom du « rassemblement » nécessaire pour éviter l’éparpillement des voix, les ralliements à Joe Biden se sont multipliés depuis ses succès en Caroline du Sud et lors du Super Tuesday. Tous ont estimé qu’il était le mieux placé parmi les modérés pour faire barrage à Bernie Sanders, dont les idées très à gauche pour les États-Unis font peur au sein de l’establishment démocrate. L’appareil du parti s’est mis en marche pour mettre hors course le sénateur du Vermont, a encore analysé samedi soir sur Twitter le président républicain, Donald Trump. « Les démocrates ne veulent pas entendre parler de Bernie le dingue. Truqué ? », a-t-il écrit, se demandant notamment pourquoi Elizabeth Warren ne s’était pas retirée avant le Super Tuesday, ce qui a coûté des voix à Bernie Sanders. La sénatrice progressiste, qui a quitté vendredi la course à la Maison-Blanche après une série de revers cuisants, n’a encore officiellement apporté son soutien à aucun des deux grands candidats encore en lice. Soutien significatif pour Sanders Dans le duel qui l’oppose désormais à Joe Biden, Bernie Sanders, 78 ans, a lui aussi reçu dimanche un soutien significatif : celui de Jesse Jackson, l’une des figures du combat pour les droits civiques. «Bernie Sanders représente la voie la plus progressiste» pour permettre aux Afro-Américains de rattraper leur retard d’un point de vue économique et social, a expliqué le pasteur, une «prise» de choix pour le socialiste autoproclamé moins populaire que son rival auprès de l’électorat noir. Figure très respectée au sein de la communauté afro-américaine, Jesse Jackson a contribué à «changer la politique américaine» et à «transformer le pays aux côtés de Martin Luther King», a salué Bernie Sanders, «très fier» de ce soutien. Les deux hommes doivent s’afficher ensemble dimanche lors d’une réunion de campagne à Grand Rapids, dans le Michigan, un État également convoité par Joe Biden, soutenu localement par la gouverneure Gretchen Whitmer. « Joe a été là pour le Michigan quand nous étions dos au mur », confie cette dernière, en référence notamment à ses efforts pour sauver l’industrie automobile de la faillite après la crise financière de 2008, lorsqu’il était vice-président de Barack Obama. « Je pense que l’élection sera serrée dans le Michigan », a prédit la gouverneure de cet État de la Rust Belt, région industrielle du nord des États-Unis. Je crois vraiment en Joe, que je connais depuis longtemps » KAMALA HARRIS LEDEVOIR // LE LUNDI 9 MARS 2020 B2 MONDE EN BREF La Corée du Nord tire trois projectiles SÉOUL — La Corée du Nord a tiré lundi trois projectiles non identifiés, a indiqué l’armée sud-coréenne, quelques semaines après l’annonce par Pyongyang de la fin de son moratoire sur les essais de missiles balistiques de longue portée. Les trois projectiles ont été tirés depuis la région de Sondok, sur la côte est, en direction de la mer du Japon, a indiqué dans un communiqué l’état-major sudcoréen, sans autre détail. La Corée du Nord a annoncé il y a une semaine que Kim Jong-un avait supervisé un «tir d’artillerie de longue portée», après que Pyongyang eut menacé de faire la démonstration d’une nouvelle arme. Agence France-Presse Erdogan compte amorcer des discussions avec l’UE ANKARA — Le président turc, Re- cep Tayyip Erdogan, a annoncé se rendre lundi en Belgique afin de discuter de la question migratoire avec des responsables de l’Union européenne, peu après avoir appelé la Grèce à «ouvrir les portes » aux migrants. «Je vais avoir une rencontre avec des responsables de l’Union européenne demain en Belgique », a-t-il déclaré dimanche lors d’un discours à Istanbul retransmis à la télévision. À Bruxelles, on a annoncé que M. Erdogan allait rencontrer lundi à 18 h (13 h à Montréal) le président du Conseil européen, Charles Michel, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Des milliers de migrants tentent de passer la frontière entre la Turquie et la Grèce depuis que le président turc a annoncé le 29 février qu’il cessait de respecter un accord de mars 2016 avec l’Union européenne, prévoyant que les migrants restent en Turquie, en échange d’une aide financière européenne à Ankara. Agence France-Presse Une femme réfugiée tenait son enfant dans ses bras à Lesbos, en Grèce, dimanche. LOUISA GOULIAMAKI AGENCE FRANCE-PRESSE Sur fond de crise, les Libanais se sont rendu compte que le système bancaire est extrêmement fragile. JOSEPH EID AGENCE FRANCE-PRESSE Le Liban dépose le bilan Le premier ministre a annoncé samedi que son pays était en défaut de paiement pour la première fois de son histoire HALA KODMANI À PARIS LIBÉRATION Attendue depuis plusieurs semaines, la faillite du Liban est officiellement déclarée. À deux jours de la date fatidique marquant l’échéance d’un remboursement de 1,2 milliard d’euro-obligations de la dette publique du pays, le premier ministre, Hassan Diab, a annoncé que le Liban n’était pas en mesure d’honorer cette dette. Ce premier défaut de paiement de l’histoire du pays entraînera une restructuration de la dette, après négociations avec les créanciers. Le premier ministre a promis d’engager une série de réformes structurelles qui constitueront un test décisif pour son gouvernement de technocrates, controversé depuis ses débuts, mi-février. Le Liban est en effet secoué depuis octobre par un mouvement de contestation populaire inédit contre une classe politique accusée de corruption et d’incompétence. Comment le pays en est-il arrivé là? Le miracle libanais ne pouvait durer. « Dégoulinant de dettes », selon l’expression populaire locale, le Liban est « noyé », selon le premier ministre. Il a d’ailleurs rappelé que la moitié des recettes de l’État sont utilisées pour rembourser les intérêts des créanciers. La dette s’élève à 92 milliards de dollars (81 milliards d’euros), soit environ 170 % du PIB national. Ce qui en fait l’un des pays les plus endettés au monde. Les déficits se sont accumulés massivement depuis la fin de la guerre civile en 1990, pour financer la reconstruction. Pour attirer les fonds des pays du Golfe et de la diaspora libanaise, le gouvernement a mis en place une politique monétaire très avantageuse pour les déposants : les taux d’intérêt étaient supérieurs à 15 %. Pendant des années, l’épargne d’investisseurs étrangers était déposée dans les banques libanaises, qui la dirigeaient ensuite vers le rachat de dette souveraine auprès de la banque centrale. Les banques versaient 5 % d’intérêts à leurs clients et empochaient la différence entre le taux servi par la banque centrale et ceux versés aux déposants. Cette mécanique, unique au monde, a commencé à s’enrayer au début des printemps arabes, en 2011. L’instabilité régionale a fait fuir les investisseurs étrangers. Confronté à la chute des entrées de capitaux indispensables à ses dépenses, l’État n’a eu d’autre choix que d’augmenter ses taux d’intérêt dans l’espoir d’attirer à lui les capitaux manquants. Une fuite en avant de l’endettement qui a abouti à une asphyxie des finances publiques. En 2018, une conférence d’aide internationale de sauvetage organisée à Paris adopte le plan CEDRE, avec 11,6 milliards de dollars (10,28 milliards d’euros) de promesses de dons et de prêts conditionnés à un programme de réformes structurelles de l’économie du pays. Mais, faute de réformes et de bonne gouvernance, cette aide n’a jamais été déboursée et le déficit public a continué de se creuser. Sur fond de crise politico-sociale, les Libanais se rendent alors compte que le système bancaire est extrêmement fragile. Ceux qui le peuvent décident donc de retirer leur épargne en dollars avant qu’il ne soit trop tard. Avant la faillite bancaire. Cette panique n’a fait que précipiter la crise. Le défaut de paiement était-il inéluctable ? Le Liban « va restructurer sa dette conformément à l’intérêt national », a indiqué Hassan Diab en annonçant samedi sa décision de ne pas rembourser 170 % C’est la proportion du PIB libanais à laquelle équivaut la dette du pays. la première échéance de dette ce lundi. « Le gouvernement a décidé d’accélérer un processus qui était inéluctable, celui de la restructuration de la dette publique », estime Alexandre Kateb, économiste spécialiste des pays arabes et maître de conférences à Sciences Po, à Paris. « Ce premier défaut de paiement vis-à-vis des créanciers internationaux représente une décision souveraine et un geste fort adressés à la rue libanaise. On aurait pu envisager un scénario alternatif, un accord entre les banques et l’État. Ce qui aurait nécessité l’intervention de créanciers privés et de fonds internationaux. La décision a été de privilégier l’intérêt des Libanais plutôt que d’honorer la dette auprès des créanciers internationaux. » La restructuration de la dette fera partie d’un vaste plan de sauvetage qui devra se traduire par un plan de réduction des dépenses publiques de plus de 350 millions de dollars par an, selon le premier ministre. Ce dernier s’est aussi engagé à mener à bien les réformes promises en 2018 dans le cadre du plan CEDRE. « Les réformes ont commencé à être mises en place, indique Alexandre Kateb. Mais la politique d’austérité qu’elles impliquent ne peut suffire à relancer l’économie du pays. Pour donner un peu d’oxygène au gouvernement et sauver le peuple libanais, un soutien financier extérieur est nécessaire. Des fonds devront être recherchés auprès du FMI et d’autres créanciers. » Le Liban a déjà requis une assistance technique de l’organisation internationale pour mettre en place des « réformes », censées restaurer la stabilité et la croissance. Pour l’heure, une aide financière n’est pas à l’ordre du jour. Mais l’ampleur de la crise est telle qu’un plan de sauvetage financier semble inévitable. Quelles implications économiques et politiques ? Le pari du chef du gouvernement est extrêmement risqué au moment où la rue libanaise est enflammée et la classe politique, aussi divisée que d’habitude. Parallèlement à l’annonce du défaut de paiement, le premier ministre a réaffirmé sa détermination à relancer l’économie productive et à lutter contre la corruption à travers un vaste programme. Celui-ci doit comporter en priorité une amélioration du recouvrement de l’impôt auquel échappe la majorité des Libanais, y compris les plus fortunés, rappelant les précédents des crises grecque et argentine. Une restructuration du secteur de l’électricité, véritable gouffre financier pour le pays, est également à l’ordre du jour. « Le volet politique d’un programme de réformes est essentiel, poursuit Alexandre Kateb. Il s’agit d’y associer l’ensemble des Libanais alors qu’on ne voit pas quelles forces politiques sont prêtes à l’assumer. » Ainsi, le Hezbollah, qui domine la scène politique, était opposé à une mise sous tutelle de l’économie libanaise, au nom de l’indépendance. Mais sans proposer de plan B. « Il veut rester à l’écart de la décision du défaut de paiement pour garder sa crédibilité politique et sociale, prioritaire pour le parti », note Kateb. Et d’ajouter : « Tout dépend de la bonne volonté des différents acteurs. Nous verrons si les banques jouent le jeu. Les choses devraient se clarifier dans les deux jours qui viennent. » Rendez-vous est pris dans deux semaines. Débuteront alors les négociations sur la restructuration de la dette avec les créanciers internationaux. Outre le FMI, le Liban discutera aussi avec les pays de l’Union européenne. Mais les regards se tournent déjà du côté de deux poids lourds : la France et l’Allemagne, dont le rôle dans le sauvetage financier du pays sera décisif. AVIS LÉGAUX ET APPELS D’OFFRES AVIS LÉGAUX AVIS LÉGAUX AVIS LÉGAUX ET APPELS D’OFFRES SDC District central Avis de convocation Assemblée générale annuelle À tous les contribuables qui tiennent un établissement d’affaires situé dans le territoire de la Société de développement commercial (SDC) District Central de Montréal, délimité sommairement par l’autoroute 40, l’autoroute 15, la rue Sauvé et la rue Henri-Julien, veuillez prendre note de ce qui suit : conformément à l’article 458 de la Loi sur les cités et villes du gouvernement du Québec, vous êtes invités à titre de membre à participer à l’assemblée générale de la SDC District Central. Mercredi 25 mars 2020, 16h30 555, Chabanel, 6e étage salle du conseil, Montréal, H2N 2H7 Ordre du jour 1. Ouverture de l’assemblée 2. Élection du président et du secrétaire d’assemblée 3. Conformité de l’assemblée (avis de convocation et quorum) 4. Adoption de l’ordre du jour 5. Adoption du dernier procès-verbal 6. Présentation des états financiers 7. Nomination d’un vérificateur pour 2020 8. Rapport d’activités 2019 et perspectives 2020 9. Élection des administrateurs 10. Période de questions 11. Levée de l’assemblée Pour information : [email protected] 514 379-3232 Appel d’offres public Le Réseau de transport métropolitain (« exo ») demande des soumissions pour les biens ou services, ou l’exécution des travaux, suivants : Fournitures de bureau Numéro : 1002155 Les documents et conditions de la présente demande sont diffusés par le site internet du système électronique d’appel d’offres, à l’adresse : www.seao.ca Pour être validement reçue, toute soumission doit être déposée au siège d’exo, situé au 700, rue de La Gauchetière Ouest, 26e étage, Montréal (Québec) H3B 5M2, durant les heures d’ouverture de celui-ci, AU PLUS TARD LE 06 AVRIL 2020 à 14H30, heure légale. Une ouverture publique des soumissions reçues suivra au même lieu. Exo ne s’engage à accepter aucune des soumissions reçues. Avis donné à Montréal, Québec, par : Jean-Lys Carrière Directeur principal – Approvisionnement RÉSEAU DE TRANSPORT MÉTROPOLITAIN téléphone : 514 985-3452 télécopieur : 514 985-3340 CANADA PROVINCE DE QUÉBEC COUR SUPÉRIEURE DISTRICT DE LONGUEUIL (Chambre de la famille) No : 505-04-024319-154 ANDRÉANNE DUBOIS Demanderesse c. MICHAEL DASILVEIRA CORREIA Défendeur AVIS PUBLIC DE NOTIFICATION (Articles 136 et 137 C.p.c.) Avis est donné à MICHAEL DASILVEIRA CORREIA de vous présenter au greffe du Palais de justice de Longueuil, du district de Longueuil, situé au 1111, boulevard Jacques-Cartier Est, à Longueuil dans les 40 jours afin de recevoir la présente demande en déchéance de l'autorité parentale qui y a été laissée à votre attention. Vous devez répondre à cette demande dans le délai indiqué dans l'avis de présentation qui l'accompagne, sans quoi un jugement par défaut pourrait être rendu contre vous et vous pourriez devoir payer les frais de justice. Il ne sera pas publié à nouveau, à moins que les circonstances ne l'exigent. À Longueuil, le 9 mars 2020 JOSIANE VILLENEUVE, AVOCATE AVIS AUX CREANCIERS AVIS EST PAR LES PRÉSENTES donné que SERBAN ANTONESCU M.D. INC., société légalement constituée ayant sa place d’affaires au 231, boul. De Gaulle, Lorraine, Québec, a fait cession de ses biens le 2 mars 2020 entre les mains de ALLARD BISSON INC., et que la première assemblée des créanciers se tiendra le 23 mars 2020 à 9h00, au bureau du Syndic situé au 400-1600A, boulevard Saint-Martin Est, Laval, Québec, H7G 4R8. FAIT À LAVAL, ce 6 mars 2020. Éric Bisson, CPA, CA, SAI Responsable de l'actif Courriel : [email protected] HEURES DE TOMBÉE Avis légaux et appels d’offres Les réservations doivent être faites avant 15 h pour publication deux (2) jours plus tard. Publications du lundi : Réservations avant 11 h le vendredi Publications du mardi : Réservations avant 15 h le vendredi POUR NOUS JOINDRE [email protected] Tél. : 514-985-3344 // Fax : 514-985-3340 www.ledevoir.com/services-et-annonces/avis-publics www.ledevoir.com/services-et-annonces/appels-d-offres AVIS À TOUS NOS ANNONCEURS Veuillez, s’il vous plaît, prendre connaissance de votre annonce et nous signaler immédiatement toute anomalie qui s’y serait glissée. En cas d’erreur de l’éditeur, sa responsabilité se limite au coût de la parution. LEDEVOIR // LE LUNDI 9 MARS 2020 MONDE Environ 350 000 femmes sont descendues dans les rues de Madrid, battant du tambour ou portant des masques chirurgicaux contre le « patriarcavirus ». PIERRE-PHILIPPE MARCOU AGENCE FRANCE-PRESSE JOURNÉE INTERNATIONALE DES FEMMES Mobilisations féministes sous le spectre du coronavirus Partout dans le monde, les femmes ont manifesté pour leurs droits dimanche AGENCE FRANCE-PRESSE À MONTEVIDEO Du Pakistan à la Belgique en passant par l’Asie centrale, des milliers de femmes et d’hommes ont manifesté dimanche à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, même si de nombreux rassemblements avaient été annulés en raison de l’épidémie de coronavirus. Des milliers de femmes ont défié la société ultra-patriarcale du Pakistan dans plusieurs villes, aux cris de « Donnez-moi ce qui est à moi » et « Nous voulons la liberté ». À Islamabad, des conservateurs leur ont lancé des bâtons et des pierres, en blessant certaines et en forçant d’autres à se mettre à l’abri jusqu’à ce que la police intervienne. À Manille, des centaines de femmes et d’hommes ont brûlé une effigie du président philippin, Rodrigo Duterte, accusé de misogynie. Les femmes avaient été à l’avant-garde de la contestation qui a abouti à la chute de Omar el-Béchir. Onze mois plus tard, des dizaines de militantes soudanaises ont exprimé leur déception devant le ministère de la Justice à Khartoum. Au Kirghizistan, la police a arrêté des dizaines de manifestantes — officiellement pour les protéger — après que des hommes masqués les eurent attaquées. Les assaillants ont arraché leurs pancartes et leur ont lancé des œufs avant de prendre la fuite. Interdiction de manifester à Istanbul : pour la deuxième année de suite, le gouvernement avait banni tout rassemblement pour la Journée internationale des droits des femmes. Plusieurs centaines d’entre elles qui souhaitaient manifester ont été dispersées par les forces de l’ordre à coups de gaz lacrymogène. « Longue vie à la lutte féministe », pouvait-on lire sur la pancarte d’une manifestante. Dans un pays paralysé par l’épidémie de coronavirus, le président italien, Sergio Mattarella, a dans un message vidéo « rendu hommage aux femmes, et elles sont nombreuses, qui travaillent dans les hôpitaux… dans les « zones rouges » [en quarantaine] pour lutter contre la propagation du virus ». Environ 6300 personnes ont manifesté à Bruxelles dimanche. Une des associations participantes, le Collecti.e.f 8 mars, a appelé les femmes En haut, des milliers de femmes ont défié la société ultrapatriarcale du Pakistan. Au centre, la police a violemment dispersé les femmes désirant manifester à Istanbul. En bas, des militantes du groupe Femen ont manifesté contre le patriarcat à Paris. ARIF ALI, YASIN AKGUL ET MARTIN BUREAU AGENCE FRANCE-PRESSE de Belgique à arrêter toute forme de travail les 8 et 9 mars, sous le slogan « On s’arrête toutes, on arrête tout, on s’arrête partout », afin de dénoncer les inégalités et la discrimination. À Paris, des militantes féministes ont déployé une banderole au pied du Panthéon, proclamant « Aux femmes, la matrie reconnaissante ». D’autres manifestantes s’étaient déguisées (bleu de travail et fichu rouge) en « Rosie la riveteuse », « icône de toutes les travailleuses invisibles ». À 15 h 40 — heure symbolique où les femmes cessent d’être rémunérées compte tenu des écarts de salaires entre les sexes —, elles ont jeté leurs gants de ménage, afin de protester contre les inégalités de salaire et de répartition des tâches ménagères. Une marée violette a déferlé à Madrid : environ 350 000 femmes sont descendues dans les rues de la capitale pour défendre leurs droits, battant du tambour ou portant des masques chirurgicaux contre le « patriarcavirus ». « Le machisme tue plus que le coronavirus », pouvait-on lire sur l’une des pancartes. Des dizaines de milliers se sont aussi mobilisées dans les grandes villes du pays. « Un violeur sur ton chemin » : la performance du collectif chilien LasTesis, devenu un hymne mondial contre les violences envers les femmes, a été la grande star du défilé à Santiago, qui a réuni entre 125 000 et 500 000 manifestantes, selon les chiffres de la police et des organisatrices. Le cortège, long de 4 km, s’est arrêté à plusieurs reprises pour que les manifestantes puissent reprendre la chorégraphie chantée qui dénonce les manquements des institutions dans la lutte contre les violences contre les femmes. Au-delà des revendications habituelles sur l’égalité entre les sexes et les violences machistes, des milliers de Brésiliennes ont défilé à São Paulo et dans plusieurs autres villes sous le mot d’ordre « il ne peut pas continuer », une allusion aux nombreux dérapages machistes du président d’extrême droite, Jair Bolsonaro. À Quito, au milieu d’une manifestation réunissant plusieurs milliers de femmes pour défendre leurs droits, une trentaine d’Amérindiennes en tenue traditionnelle et le visage couvert de peintures colorées ont dansé pour la défense de la forêt amazonienne. B3 EN BREF Le câblage de tous les 737 MAX pourrait avoir à être refait NEW YORK — L’agence américaine de l’aviation (FAA) envisage d’exiger que Boeing déplace certains câblages électriques sur tous les 737 MAX avant d’autoriser l’appareil à voler de nouveau, a affirmé dimanche le Wall Street Journal. Cette décision s’appliquerait aux près de 800 appareils déjà produits, ceux livrés aux clients autant que ceux chez Boeing, ce qui compliquerait encore le retour de l’avion dans le ciel, précise le quotidien économique. La façon dont sont disposés certains câbles ne respecterait pas, aux yeux de la FAA, les normes de sécurité destinées à éviter les courts-circuits, explique le Wall Street Journal. « Dans des circonstances extrêmes, un problème de câblage pourrait conduire les systèmes de contrôle en vol à fortement tirer vers le bas le nez de l’avion », comme lors des deux accidents mortels sur des 737 MAX des compagnies Lion Air puis Ethiopian Airlines, écrit le quotidien. Agence France-Presse Garde à vue pour deux figures du « Hirak » ALGER — Une trentaine de per- sonnes interpellées par la police lors d’une marche antirégime samedi à Alger ont été relâchées dimanche, mais la garde à vue a été prolongée pour deux figures de la contestation qui y participaient, a indiqué dimanche une association de soutien aux détenus. « La garde à vue a été prolongée pour complément d’enquête jusqu’à demain pour [Samir] Benlarbi et [Khaled] Drareni », a déclaré à l’AFP Kaci Tansaout, le porte-parole du Comité national pour la libération des détenus. Tous deux sont des figures du « Hirak », le mouvement de contestation populaire qui secoue l’Algérie depuis plus d’un an. Près de 300 manifestants avaient tenté de défiler samedi dans le centre de la capitale, mais ils avaient été dispersés par la police. Agence France-Presse Enquête parlementaire sur Boris Johnson LONDRES — Une commission parlementaire britannique a ouvert une enquête sur les luxueuses vacances du premier ministre, Boris Johnson, afin de déterminer qui les a payées, rapportait la presse britannique dimanche. Selon l’hebdomadaire The Observer, la commission parlementaire de la Chambre des Communes chargée de veiller au respect des règles de la vie parlementaire a ouvert son enquête en début de semaine. M. Johnson et sa fiancée, Carrie Symonds, ont passé le nouvel an sur l’île privée Moustique de l’archipel caribéen des Grenadines. Dans sa déclaration d’intérêts, le premier ministre a indiqué que ces vacances d’une valeur de 15 000 livres (26 280 $ canadiens) lui avaient été offertes par l’homme d’affaires David Ross, un donateur du Parti conservateur. Mais M. Ross a semé la confusion en niant, dans un premier temps, avoir remis une telle somme à Boris Johnson, avant de revenir sur ses dires par l’intermédiaire de son porte-parole pour affirmer qu’il s’agissait d’un « avantage en nature ». Le Parti travailliste, principal parti d’opposition, a depuis exhorté la commission d’ouvrir une enquête. Agence France-Presse LEDEVOIR // LE LUNDI 9 MARS 2020 SPORTS B4 La joueuse de tennis américaine Kenin retrouve le chemin de la victoire Le Grand Prix de F1 de Bahreïn à huis clos en raison de la COVID-19 KRASNOÏARSK — Le Québécois Lewis Blessé, Lewis Irving est resté absent des compétitions pendant un an. LYON — L’Américaine Sofia Kenin, cinquièmejoueuse mondiale, a remporté dimanche le tournoi de tennis WTA de Lyon après sa victoire en trois manches sur l’Allemande Anna-Lena Friedsa 6-2, 4-6, 6-4. Kenin, 21 ans, tête de série numéro1 de l’épreuve, gagne ainsi son deuxième tournoi en 2020 après sa victoire aux Internationaux d’Australie, et le cinquième de sa carrière. Elle se hisse à la quatrièmeplace mondiale à partir de lundi. Après son succès à Melbourne, elle avait été éliminée dès le premier tour à Dubaï et à Doha. « Je suis très contente d’avoir gagné après une bonne semaine. Cela n’a pas été facile. Toutes les parties ont été disputées âprement », a déclaré Sofia Kenin, qui a gagné quatre des cinq matchs qu’elle a joués en trois manches. MANAMA — Après le report de Shan- Irving a couronné sa saison en décrochant la médaille de bronze en sauts dimanche à la Coupe du monde de ski acrobatique de Krasnoïarsk, en Russie. Irving, de Québec, a réussi un double saut arrière avec trois vrilles en super finale, ce qui lui a valu 116,29 points. Il s’agissait de la deuxième médaille d’Irving cette saison. « Je suis super content ; quelle belle façon de terminer une saison comme celle-ci. Je suis également très heureux de revenir d’une année d’absence en raison d’une blessure et d’avoir mes meilleurs résultats en carrière », a résumé Irving. Le Suisse Noé Roth, lui, a triomphé, avec un pointage de 127,40 points, devant le Russe Pavel Krotov, à 124,43. RICK BOWMER ASSOCIATED PRESS La Presse canadienne Agence France-Presse Agence France-Presse EN BREF Irving termine sa saison en bronze en sauts à ski acrobatique en Russie PATINAGE DE VITESSE ghai, huis clos à Manama : le Grand Prix de formule 1 de Bahreïn se tiendra, du 20 au 22 mars, en « la seule présence des participants » en raison « de la propagation continue du nouveau coronavirus ». « Organiser un événement sportif majeur, ouvert au public et permettant à des milliers de voyageurs internationaux et de partisans locaux d’interagir en toute proximité ne serait pas la bonne chose à faire pour le moment », s’est justifié le Bahreïn International Circuit. La décision intervient au moment où les pays du Golfe prennent des mesures de restrictions importantes contre la propagation de l’épidémie de COVID19 après avoir enregistré plus de 200 cas, dont 83 au Bahreïn. Le Québécois de 25 ans a repris ses activités en août, après avoir appris qu’il était en rémission complète de son cancer. Une nouvelle médaille d’argent pour Dubreuil LA PRESSE CANADIENNE / ASSOCIATED PRESS / LIZ COPAN LA PRESSE CANADIENNE À HEERENVEEN Laurent Dubreuil a couronné sa saison en remportant la médaille d’argent sur 500 m, dimanche, aux finales de la Coupe du monde de patinage de vitesse longue piste à Heerenveen, aux Pays-Bas. Dubreuil, originaire de Lévis, a franchi la distance en 34,304 secondes. Seul le Japonais Tatsuya Shinhama l’a devancé, en 34,070 secondes, établissant du même coup un nouveau record de piste. Le podium a été complété par le Japonais Yamato Matsui, à six centièmes de seconde du Québécois. La veille, Dubreuil s’était emparé de la médaille d’argent sur 500 et 1000 m. Ces résultats lui ont d’ailleurs permis de décrocher la troisième place au classement cumulatif sur ces distances. Le patineur de 27 ans a connu une très bonne séquence récemment, après avoir notamment marqué l’histoire en terminant deuxième du classement cumulatif des Championnats du monde de sprint à Hamar, en Norvège, la semaine dernière. Il était alors devenu le quatrième patineur canadien à monter sur le podium lors de cette compétition. Pour leur part, Alex Boisvert-Lacroix, de Sherbrooke, et Gilmore Junio, de Calgary, ont terminé 8e et 11e sur 500 m, respectivement. Par ailleurs, Tyson Langelaar, de Winnipeg, a abouti au pied du podium sur 1500 m. L’épreuve a été balayée par les Hollandais Kjeld Nuis, Thomas Krol et Patrick Roest, dans l’ordre. Chez les dames, l’Ontarienne Ivanie Blondin a remporté le titre du départ groupé après avoir terminé cinquième de la dernière épreuve de la campagne. En dépit de ce résultat, Blondin, d’Ottawa, a obtenu 60 points qui l’ont assurée de finir au sommet du classement de la discipline avec un total de 548. Un peu plus tôt dimanche, Ivanie Blondin s’était contentée du neuvième rang sur 1500 m. Au total, le Canada a amassé six médailles aux finales de la Coupe du monde. SUMMIT DAILY NEWS Le patineur de 27 ans a marqué l’histoire, la semaine dernière, en terminant deuxième du classement cumulatif des Championnats du monde de sprint à Hamar, en Norvège Maxence Parrot brille à Oslo Le planchiste a remporté deux médailles d’or en deux jours aux X Games LA PRESSE CANADIENNE À OSLO Maxence Parrot a décroché la médaille d’or lors de l’épreuve de descente acrobatique en planche à neige aux X Games d’Oslo, dimanche. Parrot, de Bromont, a ainsi acquis une deuxième médaille en autant de jours à cette compétition, après avoir obtenu l’argent la veille au grand saut. Ces deux médailles ont couronné une saison réussie pour Parrot. Il avait repris ses activités en août, après avoir appris qu’il était en rémission complète de son cancer. Le Québécois avait reçu un diagnostic de lymphome hodgkinien en décembre 2018. « Ç’a été toute une saison, surtout à mon retour d’un cancer, a souligné Parrot, qui compte 13 médailles en carrière aux X Games, dont 8 médailles d’or. Je ne crois pas que j’aurais pu demander mieux. Je vais maintenant profiter de mes vacances. » Le Québécois âgé de 25 ans a devancé son compatriote Mark McMorris et le Norvégien Stale Sandbech en finale. L’autre représentant de l’unifolié inscrit à cette épreuve, Darcy Sharpe, a fini au huitième et dernier rang. « Je suis extrêmement content de ma performance d’aujourd’hui. Ça représente beaucoup pour moi parce que la dernière fois que j’avais gagné la médaille d’or en slopestyle, c’était en 2014. Ça faisait un petit bout, alors j’étais dû », a mentionné Parrot. La pluie s’est mise de la partie pendant la compétition et elle a rendu la tâche difficile aux planchistes. À quelques occasions, on a pu voir Parrot essuyer ses lunettes de glisse avant d’effectuer ses manœuvres. « C’était très demandant comme journée. Nous avions de la difficulté à voir ; la visibilité était médiocre, a-t-il affirmé. Le parcours était exigeant aussi. Les organisateurs ont été créatifs avec les rampes et nous n’étions pas Bienvenue aux dames La capitale du Sénégal a été le théâtre d’une course automobile réservée aux femmes AGENCE FRANCE-PRESSE À DAKAR Enfant, Célia Cissé regardait avec admiration sa mère piloter des voitures sur des circuits automobiles. Ce dimanche, la jeune femme sénégalaise a repris le flambeau de l’organisation du trophée Mousso, une course automobile dakaroise exclusivement réservée aux femmes. «Certains commanditaires ne croyaient pas à ce projet. Pourtant, on a réussi », lance celle qui, sourire aux lèvres, ne cache pas sa joie en embrassant du regard le circuit bardé de cases orange que franchiront 21 pilotes féminines. Responsable d’une agence de communication dakaroise, Mme Cissé a voulu ouvrir aux femmes une discipline traditionnellement masculine. « Le sport permet de réveiller le leadership des femmes. Je trouvais important de relancer cette initiative, et de le faire un 8 mars [qui est la date de la Journée internationale des femmes]. » Entre 2002 et 2007, 6 éditions du trophée Mousso se sont déroulées dans la capitale sénégalaise : après une éclipse de 13 ans, certaines vétéranes remettent leur titre en jeu sur le bitume du stade Senghor, situé dans un quartier populaire de Dakar. C’est le cas d’Awa Dionne, pilote et vice-présidente de la fédération automoto du Sénégal. « C’est une course féministe », explique la doyenne de la compétition. « Il faut faire évoluer les mentalités. À Dakar, si un automobiliste est doublé par une femme, il fera tout pour la devancer à nouveau, au péril de sa vie parfois », s’amuse-t-elle. Et qu’importe si les rangs du public sont clairsemés, si, en guise de bolide, les participantes s’affrontent dans deux Peugeot 206 dont les bosses sont recouvertes d’autocollants ; qu’importe la frilosité des commanditaires : toutes expriment leur joie d’être là, malgré tout. « Participer à une course d’une telle envergure représente beaucoup pour Le sport permet de réveiller le leadership des femmes » CÉLIA CISSÉE habitués à voir ce type de rampes en slopestyle. » McMorris, de Regina, en Saskatchewan, compte maintenant 20 médailles en carrière aux X Games d’hiver. Samedi, il avait écrit une page d’histoire en remportant la médaille d’or lors de l’épreuve du grand saut, battant du même coup le record du nombre de médailles (18) en carrière qu’il partageait avec l’Américain Shaun White. Chez les dames, la planchiste albertaine Brooke Voigt a gagné la médaille de bronze en descente acrobatique. La Québécoise Laurie Blouin, qui avait acquis le bronze la veille au grand saut, s’est contentée de la cinquième place. L’Australienne Zoi Sadowski-Synnott a triomphé, devant l’adolescente japonaise Kokomo Murase et Voigt. En ski, la Canadienne Meaghan Oldham n’a pu faire mieux que la septième place en descente acrobatique. moi: se dire qu’on peut faire une activité réservée aux hommes. Cela veut dire qu’on a les mêmes capacités qu’eux, qu’on a le pouvoir de le faire aussi », se réjouit Khadija Ndiaye Sarr, avant de mettre son casque et de s’engouffrer dans l’habitacle. De l’autre côté des barrières se masse une foule de curieux. Au nombre d’entre eux, Babacar Ba, mécanicien de formation, est ravi de pouvoir assister à cet événement. «Le fait que cela soit une course de femme change un peu des habitudes. On a vu qu’à l’étranger, les femmes peuvent, comme les hommes, être des pilotes automobiles, pourquoi pas au Sénégal? s’interroge-t-il. Ce que les femmes d’autres pays peuvent faire, les Sénégalaises le peuvent aussi. Elles peuvent s’affirmer dans tous les domaines». Âgé d’une dizaine d’années, le petit Ibrahima écarquille les yeux à la vue de ces pilotes peu conventionnelles. « Je n’ai pas l’habitude, ce sont les hommes qui conduisent normalement », dit-il — sans perdre une miette de la compétition. LEDEVOIR // LE LUNDI 9 MARS 2020 LE DEVOIR DE CITÉ B5 Le bois connaît déjà une certaine popularité dans les nouvelles écoles. Dans sa vision de l’école du XXIe siècle, Québec entend aussi privilégier les espaces de collaboration et la lumière naturelle. GUILLAUME LEVASSEUR LE DEVOIR Le piège des « belles » écoles Les architectes craignent de se faire imposer par Québec un cadre déconnecté de la réalité ANNABELLE CAILLOU LE DEVOIR L Les plans d’école présentés dans le guide et diffusés publiquement ne sont-ils que des exemples ou des directives précises pour les architectes ? » PIERRE CORRIVEAU a vision de l’école du XXIe siècle du gouvernement Legault ne fait pas l’unanimité auprès des architectes et des experts du milieu. Ils craignent de se faire imposer un cadre déconnecté de la réalité et de voir pousser des bâtiments quasi identiques à travers la province. « C’est une vision simpliste, truffée de clichés, qu’on nous présente. On risque de se retrouver avec un décalage entre les belles images présentées [par le gouvernement] et un résultat bien différent quand la marchandise sera livrée », explique Jacques White, professeur et directeur de l’École d’architecture de l’Université Laval. Fin février, Québec a annoncé vouloir donner une signature visuelle aux écoles de la province pour qu’elles soient reconnaissables du premier coup d’œil. Les architectes devront ainsi suivre un guide qui précise les grandes lignes directrices : de larges fenêtres, de grands espaces communs, une belle cour et une signalisation commune. Côté matériaux, le bois et l’aluminium québécois seront privilégiés dans la structure, le parement ou le mobilier. Le tout agrémenté de touches de « bleu fleurdelisé ». S’ils saluent la volonté du gouvernement d’embellir les écoles, les intervenants contactés se demandent comment interpréter ce nouveau guide qui leur est imposé. « À quel point le bleu, le bois et l’aluminium devront-ils être utilisés ? Les plans d’école présentés dans le guide et diffusés publiquement ne sont que des exemples ou des directives précises pour les architectes ? », se demande le président de l’Ordre des architectes du Québec, Pierre Corriveau. Questionné par Le Devoir pour éclaircir la situation, le ministère de l’Éducation n’a pas répondu à nos questions. Trop prescriptif ? « On va devoir rester vigilants dans ce dossier; il ne faut pas que cela devienne trop prescriptif », dit M. Corriveau. S’il est normal de donner des objectifs à atteindre aux architectes avant qu’ils ne laissent aller leurs idées sur la planche à dessin, il est plutôt rare de leur fournir des solutions dès le départ. « On veut des suggestions, pas des conditions strictes à notre travail », renchérit la présidente de l’Association des architectes en pratique privée du Québec (AAPPQ), Anne Carrier. Elle craint que d’autres critères ne s’ajoutent lorsque les appels d’offres seront lancés. De son côté, l’architecte et directeur de la firme Onico, Patrick Vincent, se montre plus confiant. « Ce guide, je le vois comme un coup de pouce, des exemples de ce qui peut se faire. Et même si on imposait largement le bois, l’aluminium et le bleu, il reste tout un champ des possibles pour les architectes. » La firme de M. Vincent a déjà plusieurs constructions d’écoles à son actif. Onico a notamment travaillé en collaboration avec la firme CCM2 pour concevoir l’école Boréal, à Boischatel, ou encore l’école du Harfang-desNeiges, à Stoneham, souvent citées en exemple. Il fait d’ailleurs remarquer que le bois connaît déjà une certaine popularité dans le milieu, et que l’aluminium est souvent utilisé. Quant au bleu, « pourquoi pas ». Éviter le copier-coller « Une signature visuelle n’est pas gage de qualité. Pensons à IKEA ou à la SAQ, est-ce qu’on souhaite vraiment ça pour nos écoles ? », lance de son côté Anne Cormier, architecte et professeure à l’École d’architecture de l’Université de Montréal. Elle regrette de voir la qualité des écoles réduite à l’image qu’elles projettent, du moins dans le discours du gouvernement. « Ce n’est En architecture, c’est du cas par cas, du sur-mesure. Chaque bâtiment a ses propres besoins et contraintes. pas une couleur ou un matériau qui fera qu’une école est de qualité, ce n’est pas aussi simple. » À ses yeux, imposer trop de directives en amont — quant à la manière de concevoir les écoles — risque de restreindre les architectes et de conduire à des projets d’écoles trop identiques. D’autant plus dans un contexte de rapidité : de nombreuses écoles attendent d’être rénovées en profondeur et bien d’autres doivent être construites. « On critique beaucoup les écoles des années 1960 en ce moment. Toutes calquées sur un même modèle, en béton, avec peu de fenêtres. S’il faut suivre un guide à la lettre, on va répéter la même erreur en se retrouvant avec des écoles toutes pareilles », renchérit le directeur de l’Ordre des architectes du Québec. En architecture, c’est du cas par cas, du sur-mesure, explique-t-il. Chaque bâtiment a ses propres besoins et contraintes. Intégrer une grande cour dans une école de Montréal n’est pas aussi simple que de le faire dans une école du Saguenay par exemple. « Chaque objet architectural est inséré dans un contexte, un environnement. L’utilisation originale d’aluminium en parement peut être une bonne idée en milieu urbain, mais peut-être moins en milieu rural par exemple. Ça pourrait faire un gros clash avec les bâtiments alentour », note Pierre Corriveau. Plus de concours «L’architecture, ce n’est pas juste empiler des matériaux. Un bâtiment bien pensé, ça peut tout changer dans la qua- lité de vie des gens», estime pour sa part Anne Carrier, de l’AAPPQ. Or, le système actuel d’appel d’offres, qui favorise le plus bas soumissionnaire, ne permet pas d’accorder le temps nécessaire à la conception d’un bâtiment, selon elle. « Il faudrait pouvoir faire des concours d’architecture pour nos écoles, comme l’a fait le Lab-École ». Il est d’ailleurs «décevant» que l’idée ne soit plus dans les cartons du gouvernement. En septembre 2018, en pleine campagne électorale, François Legault avait promis que chaque projet de construction ou d’agrandissement d’école serait soumis à un concours d’architecture. L’idée a été abandonnée en cours de route, pour des raisons de coûts et de délais. «Organiser plus de 400 concours en si peu de temps, c’était une idée naïve à la base. Mais de là à abandonner complètement l’idée d’organiser des concours, c’est une grosse erreur », déplore Jacques White, de l’Université Laval. De l’avis de plusieurs experts consultés par Le Devoir, les concours d’architecture sont un « vecteur de créativité et de renouvellement ». Le budget est fixé d’avance, les objectifs à atteindre aussi. Il ne reste plus aux firmes qu’à se concentrer sur la conception architecturale. « Ça amène une réflexion plus poussée, une recherche d’originalité et de meilleure qualité. Et puisque c’est un concours, le jury se retrouve devant plusieurs possibilités de qualité », constate Mme Carrier. Or présentement, seules les constructions de bâtiments publics relevant du budget du ministère de la Culture et des Communications — comme les salles de spectacles, les musées ou encore les bibliothèques — peuvent passer par des concours. Pour le reste, il faut une dérogation du Conseil du trésor. « On devrait en tout temps pouvoir lancer un concours, comme on fait un appel d’offres traditionnel. Il faudrait que ce soit une option comme une autre », souligne Mme Carrier. LEDEVOIR // LE LUNDI 9 MARS 2020 B6 ÉTHIQUE ET RELIGIONS ALLEMAGNE Un premier musulman se présente pour le parti CSU Le puissant parti chrétien et conservateur de Bavière tente de se renouveler PAULINE CURTET À NEUFAHRN BEI FREISING AGENCE FRANCE-PRESSE Barbe taillée au millimètre, sourire inaltérable, Ozan Iyibas a tout de l’homme politique en campagne. À un détail près : il est le premier musulman à représenter la CSU, puissant parti chrétien et conservateur de Bavière. « Je ne vois aucune contradiction dans ce choix », annonce d’emblée le candidat de 37 ans, calé dans un fauteuil avec sa tasse de thé, peu avant le premier tour des municipales de 15 mars dans sa ville de Neufahrn. Peu importe si, voilà deux ans, le ministre-président CSU de Bavière, Markus Söder, annonçait son intention d’orner de croix catholiques tous les lieux publics de la région, pour honorer son « héritage culturel ». « Les valeurs de ma religion sont très proches de celles des chrétiens », affirme M. Iyibas, d’origine turque et de foi alévite, une branche sécularisée de l’islam. Difficile adaptation À Wallerstein, village de l’ouest de la Bavière, les militants locaux ont pourtant refusé la désignation d’un autre candidat musulman, Sener Sahin. Ils ont préféré ne présenter personne aux municipales. « Il ne s’agissait pas de moi, mais de ma foi. Par exemple, l’un des arguments a été que le “C” de CSU et le fait que je sois musulman n’allaient pas ensemble », a confié Sener Sahin au quotidien Süddeutsche Zeitung. Les dirigeants du parti ont bien tenté d’intervenir en sa faveur, mais la base n’a pas cédé, alors même que M. Sahin, entrepreneur couronné de succès, était à la fois joueur et entraîneur de l’équipe de football locale. La CSU, parti frère des chrétiens-démocrates d’Angela Merkel présent uniquement en Bavière, a dominé la vie L’abolition du cours d’ECR ne fait pas que des heureux Si certains reprochent au cours d’éthique et culture religieuse de favoriser le multiculturalisme canadien, d’autres affirment que l’abolir tient du déni de la réalité MOTS CROISÉS publique bavaroise depuis la Seconde Guerre mondiale, mais voit sa base électorale s’éroder. Avec 37 % lors des dernières régionales de 2018, la formation a enregistré son plus mauvais score depuis 1954, prise en étau entre la poussée du parti d’extrême droite AfD et celle des Verts. Le premier musulman à représenter la CSU, Ozan Iyibas CHRISTOF STACHE AGENCE FRANCE-PRESSE GIUSEPPE VALIANTE LA PRESSE CANADIENNE l’interdiction des signes religieux pour les personnes en autorité ». Le milieu nationaliste québécois applaudit la décision du gouvernement Legault de vouloir transformer le cours d’éthique et culture religieuse. En janvier, le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, avait fait observer que celui-ci faisait l’objet de nombreuses critiques en annonçant une consultation pour la révision en profondeur du cours. Des nationalistes reprochaient notamment au cours d’éthique et culture religieuse de favoriser le multiculturalisme canadien dans l’esprit des jeunes Québécois. Nadia El-Mabrouk, une professeure du département d’informatique de l’Université de Montréal, une des plus vives opposantes au cours, affirme que le cours définit les citoyens par leur religion. Selon elle, celui-ci est responsable de la faible popularité de la Loi sur la laïcité de l’État auprès des jeunes. Elle n’est pas la seule à le croire. En janvier, l’ancien chef du Parti québécois, Jean-François Lisée, a écrit sur son blogue qu’il est « difficile de ne pas voir une relation de cause à effet entre ce cours et le fait que les Québécois de 18 à 24 ans, donc qui ont été exposés au cours, soient les moins favorables à « Éradiquer une réalité » Mais pour Sabrina Jafralie, une enseignante qui donnait le cours dans une école secondaire de Montréal, la décision est un autre signe de l’influence croissante du nationalisme québécois sur le gouvernement caquiste. Mme Jafralie dit que le cours montrait aux élèves que le Québec était peuplé de gens dotés de croyances différentes. On n’enseigne pas aux jeunes à être plus religieux, souligne-t-elle, on leur explique pourquoi certains le sont. « Mais le gouvernement veut remplacer cette capacité à examiner et à explorer le sentiment religieux par leur propre religion — la laïcité », déplore-t-elle. Le cours visait à exposer les élèves aux religions que l’on retrouve sur la planète. « On s’intéresse aussi au judaïsme et aux spiritualités des peuples autochtones, qui ont marqué ce patrimoine, de même qu’à d’autres religions qui contribuent aujourd’hui à la culture québécoise », pouvait-on lire dans le curriculum du cours. Selon Mme El-Mabrouk, cette description est au cœur du problème. Elle déplore que toutes les pratiques religieuses soient placées sur un pied d’éga- SUDOKU Le parti cherche donc à se renouveler et s’appuie sur M. Iyibas, consultant pour start-up à la parole facile, pour ravir le siège de maire à l’élu écologiste sortant, Franz Heilmeier. Dans les rues de Neufahrn, paisible ville de 20 000 habitants en banlieue de Munich où il a grandi, Ozan Iyibas semble connaître à peu près tout le monde. Avec les gens qu’il croise, il parle économie locale, transports en commun et environnement plutôt que religion. « Pour moi, le plus important, ce sont les problèmes de logement », lance Erica, une retraitée croisée à la sortie d’un magasin de fruits et légumes. « La religion des candidats, ça ne fait aucune différence. » Alors, inlassablement, il martèle que son parti « n’est pas une secte ». « Si un chrétien refuse à un musulman le droit d’appartenir à la CSU, c’est qu’il n’a rien compris à la chrétienté », estime-t-il. «Beaucoup d’Allemands d’origine immigrée défendent des valeurs conservatrices, qui correspondent à celles de la CSU », remarque de son côté Stefan Wurster, professeur d’analyse politique à l’école bavaroise de politiques publiques. Dans ce parti aujourd’hui, « le conflit est moins entre chrétiens et musulmans qu’entre religieux et athées », ajoute-t-il. Ozan Iyibas, lui, est convaincu que son parti peut changer et vante un « nouveau conservatisme », « qui suit la tradition, mais innove en même temps ». Il espère donc que « dans cinq ou dix ans », sa foi personnelle « ne soit plus un sujet ». lité, qu’elles soient contraires ou non aux valeurs québécoises, comme l’égalité entre les femmes et les hommes. «Le cours est fondé sur une vision du vivre-ensemble liée au multiculturalisme, mais nous avons changé de direction», fait valoir Mme El-Mabrouk en rappelant l’adoption de la Loi sur la laïcité de l’État. Un porte-parole du ministre de l’Éducation, Francis Bouchard, dit que le gouvernement québécois reconnaît que les élèves doivent avoir des connaissances sur les religions importantes pour mieux comprendre le monde. Toutefois, la religion « occupe une place trop grande » dans le cours actuellement, ajoute-t-il dans un courriel. L’objectif du futur cours ne sera pas de retirer l’aspect religieux, mais de rééquilibrer le contenu avec «d’autres concepts afin de préparer les jeunes à la société québécoise.» Cela inclut des thèmes comme l’environnement, la littérature numérique et la participation à la vie démocratique, mentionne M. Bouchard. Mme Jafralie continue de défendre le contenu du cours, disant qu’il reflète la réalité québécoise. Le changer serait un déni. « On semble vouloir éradiquer cette réalité, on veut que les valeurs des jeunes soient plus québécoises, mais c’est le gouvernement qui définit ce qu’est être québécois. » LEDEVOIR // LE LUNDI 9 MARS 2020 CULTURE CRITIQUE THÉÂTRE CHRISTIAN SAINT-PIERRE COLLABORATEUR LE DEVOIR Jouer dans la terre Courir l’Amérique rend un hommage plutôt fade à celles et ceux qui ont bâti le nord du continent Le point de départ du plus récent spectacle du Théâtre PÀP, une création d’Alexandre Castonguay, Patrice Dubois et Soleil Launière, ce sont deux livres de Serge Bouchard et MarieChristine Lévesque parus chez Lux Éditeur : Ils ont couru l’Amérique et Elles ont fait l’Amérique, eux-mêmes inspirés de la série radiophonique produite et diffusée par Ici Radio-Canada Première, De remarquables oubliés. Dubois explique qu’il souhaitait créer une œuvre à la hauteur du choc qu’il a ressenti en se documentant sur la présence francophone en Amérique. À la hauteur aussi, il ne s’en cache pas, des attentes des différents Conseils des arts et de Patrimoine Canada. Pour donner naissance à ce spectacle «symbolique» et «actuel», le metteur en scène a invité deux artistes pour le moins charismatiques à le rejoindre: Alexandre Castonguay, comédien Courir l’Amérique Un spectacle d’Alexandre Castonguay, Patrice Dubois et Soleil Launière. Une coproduction du Théâtre PÀP et du Petit Théâtre du Vieux Noranda. Au Quat’Sous jusqu’au 28 mars. abitibien, et Soleil Launière, artiste multidisciplinaire originaire de Mashteuiatsh, communauté innue établie sur la rive ouest du lac Saint-Jean. Adoptant la forme du work in progress, un procédé qui s’épuise rapidement, Courir l’Amérique entrelace les pages d’histoire et les actions performatives, les récits intimes et collectifs, souvent très fragmentaires, et les images, incompréhensiblement banales. Métaphore du territoire, des racines et des frontières, de la mort et de la renaissance, la terre est littéralement libérée, fouillée, jetée par poignées. Ponctué de discussions éthiques et esthétiques sur l’œuvre en chantier, des échanges en vêtements de travail où l’humour fuse avant de tomber à plat et où des questions cruciales sont formulées puis laissées en plan, le spectacle fait appel à un groupe de citoyennes et de citoyens sans pour autant leur accorder la parole. Il sera notamment fait mention d’Étienne Brûlé, premier Français à cohabiter avec les Autochtones, de Marie B7 Iowa Dorion, celle qui a « suivi le fil d’un siècle qui trace la frontière entre le Canada et les USA », de Shanadithit, dernière survivante de la nation béothuk de Terre-Neuve, de Marie-Anne Gaboury, exploratrice de ce qui est maintenant l’Ouest canadien et grandmère de Louis Riel, de Suzanne La Flesche-Picotte, première femme médecin autochtone des États-Unis, et de Sindy Ruperthouse, une Anichinabée disparue à Val-d’Or en 2014… Malheureusement, plutôt que de combler nos trous de mémoire, plutôt que de rendre justice aux femmes et aux hommes qui ont bâti et résisté, construit et prospéré, rêvé et inventé, plutôt que de dire et représenter les horreurs d’hier et d’aujourd’hui, dans l’espoir que jamais elles ne se répètent, le spectacle, pourtant cruellement nécessaire sur le papier, pourtant pétri de nobles intentions, ne prend jamais son élan dans l’espace, n’atteint jamais sa forme, ne trouve jamais sa cohérence. Se tenant loin des clichés de la Russie de la fin du XIXe siècle sans pour autant s’engager dans la relecture contemporaine, le spectacle conjugue tout naturellement le texte au présent. YVES RENAUD CRITIQUE THÉÂTRE Clouées au sol Avec Les trois sœurs, la rencontre entre René Richard Cyr et Tchekhov méritait largement l’attente CHRISTIAN SAINT-PIERRE COLLABORATEUR LE DEVOIR Depuis sa sortie de l’École nationale en 1980, René Richard Cyr a touché à tout, de la création au répertoire, du cirque à la comédie musicale, de la chanson populaire à l’opéra, du conte à l’humour, et même à la magie. Mais le metteur en scène a attendu la soixantaine pour se frotter à une pièce de CANAUX 18h00 18h30 19h00 ICI RC Télé Le Téléjournal avec Patrice Roy District 31 TVA TQ V ICI RDI TV5 D VIE MAX VRAK RDS HISTORIA ICI ARTV EXPLORA SÉRIES+ Z sav-media ÉVASION TFO Cinépop SÉcran Planète MATV CBC CTV GBL ABC CBS NBC PBS (33) PBS (57) UNIS HBO1 AddikTV TVA Sports 03/09 Tchekhov. Loin de faire les choses à moitié, l’homme signe pour le Théâtre du Nouveau Monde le texte français, la dramaturgie et la mise en scène des Trois sœurs. Jouissant d’une distribution de haut vol et d’une équipe de concepteurs hors pair, le spectacle offre un écrin impeccable et implacable au clan Prozorov, des êtres dont les échanges houleux sont aussi poignants que dérisoires, aussi terribles que désopilants. 19h30 20h00 20h30 21h00 Les trois sœurs Texte : Anton Tchekhov. Texte français, dramaturgie et mise en scène : René Richard Cyr. Au Théâtre du Nouveau Monde jusqu’au 31 mars. 21h30 22h00 Le rideau s’ouvre sur un portrait de famille, onze individus en quête de bonheur enfermés dans un grand caisson créé par François Vincent et éclairé par Étienne Boucher, un magnifique dispositif de bois veiné que les interprètes ne quittent jamais pendant les 100 minutes que dure la représentation. Au centre, il y a Olga, Macha et Irina, les trois sœurs qui rêvent de retourner à Moscou. En retrait, on trouve leur frère, Andreï, et celle qui deviendra sa femme, Natacha. Puis il y a Soliony et Tousenbach, qui se disputent la main d’Irina. Et le vieux Docteur, qui a un sérieux penchant pour la bouteille. Sans oublier Koulyguine, le mari de Macha, et Verchinine, le commandant dont elle est sur le point de tomber follement amoureuse. Pour veiller sur tout ce beau monde, il y a Anfissa, la domestique, un peu dure de la feuille. S’il n’y a pas un seul maillon faible dans la distribution, il faut absolument souligner le supplément d’âme des 22h30 23h00 23h30 minuit Lâcher prise Une autre histoire Faits Divers Le Téléjournal Sports express /23h05 On va se le dire TVA nouvelles Le Tricheur Refuge animal En tout cas L'échappée / Comme avant Fugueuse la suite TVA nouvelles 22h35 Denis Lévesque 23h35 Deux filles le matin Passe-Partout Cochon dingue Génial! Ça vaut le coût Point doc / Les maîtres de l'eau Zone franche M'entends-tu? Mc$ween Dans les médias Génial! 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(2018) Terribles secrets La diabolique d'Arboga Au rythme du Labrador Histoire opéra 100 jours / En apnée L'envers du paradis La diabolique Innovation Mise à jour CityLife Le métro Ma curieuse cité Présence autochtone MUZ Mise à jour CityLife Innovation Focus CBCNews JFL: Gags Coronation St. FamilyFeud Wild Bill Luther CBC News: The National CBCNews Hello Goodbye Coronation St. CTV News Montreal eTalk Bob Hearts 9-1-1: Lone Star / Awakening 9-1-1: Lone Star The Good Doctor / Heartbreak CTV National News Montreal 0h05 Daily S. Global National Global News E.T. Canada Neighborhood Nurses / Lady Business 9-1-1 / Fallout Bull / Missing Global News 23h35 The Late Show News News Local 22 News Inside Edition The Bachelor / Season Finale Part 1 Partie 1 de 2 The Good Doctor / Heartbreak News 23h35 Jimmy Kimmel Live Channel 3 News at 6:00 p.m. Evening News Ent. Tonight Neighborhood Bob Hearts All Rise Bull / Missing News 23h35 The Late Show 6pm News NBC News Jeopardy! Wheel Fortune The Voice / The Blind Auditions, Part 4 Manifest / Airplane Bottles News 23h35 The Tonight Show PBS NewsHour This Old House Hour Antiques Roadshow Antiques Roadshow Independent Lens / National Bird Amanpour and Company News Outside Source PBS NewsHour Doo Wop to Pop Rock: (My Music) Celebrates 20 Years Longevity Paradox With Steven Gundry, Md Amanpour Pense vite! La belle vie Pas plus bêtes Chef mission Tournée générale Prisons sans barreaux Frères, fusils, festins Au coeur du Yukon Watatatow 17h00 THE WIZARD OF LIES 19h15 Curb 19h50 Veep 20h25 Last Wk The New Pope 22h10 McMillion$ 23h10 SexCity 23h40 Westworld DOMMAGE (2009) avec Walton Goggins, Steve Austin. Killing Eve: la série Sans regret La conspiration Les américains La pécheresse 17h00 JiC Le top des tops Le top LNH Dave Morissette en direct LNH Hockey / Golden Knights de Vegas c. Oilers d'Edmonton (D) Le TVA sports Making Coco 18h00 18h30 19h00 19h30 20h00 20h30 21h00 21h30 22h00 22h30 23h00 23h30 minuit performances d’Evelyne Brochu, bouleversante Macha broyée par le sort, Éric Bruneau, dont le Verchinine est aussi irrésistible physiquement qu’intellectuellement, et finalement Benoît McGinnis, qui donne autant de nuances à son Tousenbach que s’il s’agissait d’Hamlet ou de Caligula. La production brille à vrai dire de partout: de la pertinence des choix dramaturgiques et linguistiques à la délicatesse de la mise en scène, de la splendeur des costumes à la finesse de la direction d’acteur. Se tenant loin des clichés de la Russie de la fin du XIXe siècle sans pour autant s’engager dans la relecture contemporaine, le spectacle conjugue tout naturellement le texte au présent. Impossible alors de ne pas se reconnaître dans ces hommes et ces femmes, des êtres qui continuent d’aspirer à mieux, d’espérer un jour meilleur, même après avoir réalisé qu’ils étaient entravés de toutes parts, retenus de tous côtés, cruellement cloués au sol. ÀLATÉLÉ Notre choix ce soir Vivre et écrire L’ultime saison de cette fiction inspirée de l’expérience de l’auteur Michel Duchesne comme écrivain public dans Hochelaga-Maisonneuve boucle la boucle avec finesse et émotion. Écrivain public, saison 3, tv5unis.ca Coronavirus en questions et réponses TV5 relaie cette émission spéciale, diffusée d’abord sur France 2, animée par le médecin Michel Cymes, dont l’objectif est de répondre à toutes les questions à propos du coronavirus. Les pouvoirs du corps humain, TV5, 19 h Madame de 2020 Dans ce documentaire, Chantal Lamarre et Sylvie Dumontier revêtent leurs habits « vintage » des Galipeau’s pour dresser avec humour un portrait de la situation actuelle des femmes dans divers domaines. Madame revient de loin, Artv, 20 h 30 Amélie Gaudreau CANAUX 18h00 18h30 19h00 ICI RC Télé Le Téléjournal avec Patrice Roy District 31 TVA TQ V ICI RDI TV5 D VIE MAX VRAK RDS HISTORIA ICI ARTV EXPLORA SÉRIES+ Z sav-media ÉVASION TFO Cinépop SÉcran Planète MATV CBC CTV GBL ABC CBS NBC PBS (33) PBS (57) UNIS HBO1 AddikTV TVA Sports 03/09 19h30 20h00 20h30 21h00 21h30 22h00 22h30 23h00 23h30 minuit Lâcher prise Une autre histoire Faits Divers Le Téléjournal Sports express /23h05 On va se le dire TVA nouvelles Le Tricheur Refuge animal En tout cas L'échappée / Comme avant Fugueuse la suite TVA nouvelles 22h35 Denis Lévesque 23h35 Deux filles le matin Passe-Partout Cochon dingue Génial! Ça vaut le coût Point doc / Les maîtres de l'eau Zone franche M'entends-tu? Mc$ween Dans les médias Génial! 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Clash iZombie / La belle et le zombie Les 100 La servante écarlate: The Handmaid's Tale Sexe à New York 17h00 Le 5 à 7 Hockey 360° Hors-jeu 2.0 F1 Magazine En route vers 24CH: le valet L'antichambre (D) Sports 30 Jeter l'ancre De sentiers Vacances Chevaux, hommes La malédiction d'Oak Island La malédiction d'Oak Island La malédiction d'Oak Island Le mystère de l'or confédéré FantomWorks FantomWorks 17h30 Histoires Les belles histoires Amour du country / Bluegrass Madame revient de loin Margaret Atwood, écrivaine 5 degrés Faire oeuvre utile Le refuge de l'espoir Jungle urbaine / En centre-ville Quand Homo sapiens Reconstruire l'histoire Villes Villes Vaincre l'expert Concevoir Les lettres orphelines Élémentaire FBI / Scénario catastrophe NCIS: Los Angeles NCIS: Nouvelle-Orléans Les enquêtes du NCIS La loi & l'ordre Malades Maripier! Routiers déchaî Aventures à Diesel Brothers (v.f.) Pitbulls et prisonniers / L'élu The Gifted (v.f.) Surnaturel / Faux jumeaux South Park 17h50 Maîtres 18h40 Histoire Anxiété 19h50 Gardiste Couple nerds Encore plus Katia Makdissi Génie d'ici L'ère robots L'ère robots Couple nerds Couple nerds 36.9° Avec ou sans cash / Singapour House Hunters Bagages À nous 2 Canada! 99 envies d'Évasion 1 famille, 1 VR Hotel Impossible Top 10 Explorations Les sapiens S.O.S.!/ Maxi Subito texto Top!/ Top! Boum, canon Les sapiens Le sens de sa place ONFR+/ ONFR+ L’assa/ Mallette AmourRo LE SILENCE DES FUSILS 18h05 AURORA TEAGARDEN: UN BÉBÉ SUR ... AURORA TEAGARDEN: MEURTRE AU CINÉMA 20h55 Y A-T-IL QUELQU'UN POUR TUER MA ... GIA: FEMME DE RÊVE (1997) Angelina Jolie. 17h40 LE MARIAGE D'ADIEU (2019) 19h25 NUIT D'ENFER (2019) HÉRÉDITAIRE (2018) avec Milly Shapiro, Toni Collette. 23h10 SUPER TROOPERS 2 (V.F.) 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Oilers d'Edmonton (D) Le TVA sports Making Coco 18h00 18h30 19h00 19h30 20h00 20h30 21h00 21h30 22h00 22h30 23h00 23h30 minuit LEDEVOIR // LE LUNDI 9 MARS 2020 B8 CULTURE CINÉMA Le mur de silence Les nôtres se penche sur l’impunité, ce phénomène encore trop fréquent JÉRÔME DELGADO COLLABORATEUR LE DEVOIR V éritable suspens, Les nôtres, deuxième long métrage de Jeanne Leblanc (Isla Blanca), repose sur une intrigue qu’il vaut mieux, pour le plaisir du spectateur, ne pas connaître. Les non-dits se multiplient, se superposent. Cette fiction contemporaine cultive à ce point le secret que l’équipe envoyée au bal des entrevues marchait sur des œufs. Les « je ne sais pas si on peut en parler » et « on vous fait confiance » ont teinté les échanges avec les membres de la distribution des Nôtres. L’actrice Judith Baribeau, et coscénariste, a même avoué ne pas bien se sentir. « Je ne voudrais pas aller trop loin. » Dans une petite ville, une adolescente (Émilie Bierre) cache un fait, voire plus qu’un, lourd(s) de conséquences. Sa mère, veuve depuis peu (Marianne Farley), le maire de la localité (Paul Doucet) et la femme de celuici (Judith Baribeau) forment le triangle d’adultes qui composent avec les fragments de ses aveux. Au cœur de la tempête, le fils du maire (Léon Diconca Pelletier) écope, impuissant. Tout ce beau monde et leurs voisins plongent dans le drame, unis sans être complices. La petite communauté tient à son image, à son confort. Quitte à fermer les yeux sur de grandes injustices. Pour Judith Baribeau et Marianne Farley, également productrice, la retenue des personnages fait des Nôtres un film humain. «En général, dit Marianne Farley, c’est difficile de dire la vérité. Ultimement, on est tous en survie. On veut être aimé, accepté. C’est souffrant, être humain. » Sa partenaire de jeu qualifie cette fiction de troublante et «cruelle», davantage que violente. Parce qu’elle aborde des enjeux sociaux qu’on voudrait éviter, elle a une forte dose de réalisme. « On aime penser que, dans une situation urgente, une cape de Superman nous pousse et on sauve tout le monde, dit Judith Baribeau. La réalité, c’est que souvent, on prend nos jambes à notre cou et on s’en va. » Sans héros à l’écran, comme dans la vie. La communauté des Nôtres se révèle tissée serrée et, pourtant, le chacun-pour-soi y dicte les comportements. Bien plus que le drame d’une fille de 13 ans, le récit, souligne la productrice-actrice, parle de déni et du refus d’aider. « C’est ça, le tabou : la communauté qui ne prend pas ses responsabilités. Le film est plus à propos de ça que du reste», résume Marianne Farley. Décortiquer la douleur Les confidences étant rares, beaucoup de choses passent par les regards. Celui Peu de courage Sans héros, avec nuances, Les nôtres. Et sans monstre, précise Paul Doucet. Lui qui a récemment incarné le pire de tout — un pédophile dans L’amour, de Marc Bisaillon (2018) — croit que la meilleure approche pour suggérer le mal demeure… l’humanité. « Comme Hannibal Lecter dans Le silence des agneaux. Si l’acteur fait un monstre, personne ne s’identifie à lui et c’est facile de s’en désintéresser. Il y a toujours un côté humain. La déviance, c’est une maladie. » Dans le fond, dit l’acteur de 50 ans, Les nôtres dénonce un silence généralisé. « Il y a un paquet de regards obliques, mais [la vérité] ne sort pas. Pourquoi ? » Comme dans la vraie vie, déplore Marianne Farley, « le courage est peu commun ». Derrière leur peur de trop détailler l’œuvre, les voix de ce conte peu farfelu souhaitent qu’il suscite suffisamment de curiosité pour éveiller discussions et débats. Et briser finalement le mur du silence. On aime penser que, dans une situation urgente, une cape de Superman nous pousse et on sauve tout le monde. La réalité, c’est que souvent, on prend nos jambes à notre cou et on s’en va. d’Émilie Bierre, notamment. L’actrice, qui vient d’atteindre, à 15 ans, ses dix ans de carrière, incarne une Magalie plutôt réservée. Il y a un an, elle était portée aux nues pour son rôle dans Une colonie (Geneviève Dulude-De Celles), rôle qui lui a valu le prix d’interpréta- La jeune Émilie Bierre dans les bras de sa mère à l’écran, Marianne Farley. VALÉRIAN MAZATAUD LE DEVOIR tion aux Écrans canadiens. Dans Les Nôtres, elle récidive. De son propre aveu, les deux personnages se ressemblent, l’obligent à adopter «un jeu introverti, qui parle avec des silences et des regards au lieu de mots». Malgré le peu d’écart entre les deux Bertrand Chamayou et le goût français Le pianiste d’outre-Atlantique a réduit les mélomanes montréalais par son jeu concentré et intransigeant Sa rigueur, Chamayou l’allie à la fougue. MARCO BORGGREVE WARNER CLASSICS En rappel de son récital pour Pro Musica à la salle Pierre-Mercure, Bertrand Chamayou a choisi la Pavane pour une infante défunte de Ravel. Il nous y a donné un concentré admirable de ce qu’est le goût français et le style de cette musique, concepts volontiers mis à mal ou détournés. La Pavane est un parfait terrain pour déployer ce goût: toucher sans avoir l’air d’y toucher (subtilité des transitions), appuyer sans marteler, se recueillir sans larmoyer. À ce stade du concert, hélas, le Steinway du Centre Pierre-Péladeau tenait davantage de la casserole que d’un instrument de concert. Il ne nous semble pas que ce piano qui avait besoin d’une retouche aux deux » JUDITH BARIBEAU CRITIQUE CLASSIQUE CHRISTOPHE HUSS LE DEVOIR tournages (un an), la jeune femme a appris à les dissocier. « Magalie a plus de force et de caractère que Mylia, dans Une colonie. C’est le même visage, mais ce sont deux personnes différentes. » Reconnaissante envers les réalisatrices qui l’ont dirigée, Émilie Bierre a pu apprécier le défi d’incarner une adolescente si distincte d’elle. Pour rendre crédible « l’état » de Magalie, il lui fallait la comprendre. « La lourdeur de ce qu’elle porte, à un si jeune âge, c’est ça qu’il fallait décortiquer. À la première lecture, je me suis sentie étrange. En apprenant à la connaître, tout semblait une évidence », relate-t-elle. Rieuse pendant l’entretien, un brin nerveuse, Émilie Bierre a tenu à partager un truc que Jeanne Leblanc lui a donné pour plonger dans la psyché de Magalie : « Pour chaque moment clé, on s’est fait un énorme tableau avec des chansons à écouter avant de tourner. Jeanne me faisait mettre des écouteurs, pour m’aider à prendre le rythme d’une respiration. » Le scénario comportait sa liste de chansons et l’une d’elles a franchi toutes les étapes. Ça donne une scène mémorable avec Magalie, écouteurs aux oreilles. « J’ai fait cet étrange rêve / Où nous étions tous deux / Torturés par nos désirs… » (Nous restions là, Pierre Lapointe). extrémités du spectre sonore après le Carnaval de Schumann à la pause ait été révisé à ce moment-là. Jouer Ravel avec des aigus aussi instables n’a pas dû être une partie de plaisir pour Bertrand Chamayou, d’autant que la résonance des aigus est l’un des enjeux principaux de plusieurs des Miroirs. Mais c’est dans la seconde des Mazurkas de SaintSaëns (et dans Une barque sur l’Océan) que l’instrument s’est montré le plus pénalisant pour les auditeurs. Rigueur intellectuelle Ce déplorable instrument ne nous a pas empêchés d’apprécier les qualités de Bertrand Chamayou, qui se dessinent de manière très limpide. Premier enseignement : même s’il n’a pas joué une note de Franz Liszt, c’est Liszt qui Hélas, le Steinway du Centre PierrePéladeau tenait davantage de la casserole que d’un instrument de concert coule dans ses veines. On s’en doutait depuis son enregistrement des Années de pèlerinage. On le sait assurément en ayant entendu l’Étude en forme de valse de Saint-Saëns, parée d’élans lisztiens. La seconde qualité que l’on reconnaîtra à Bertrand Chamayou, c’est la rigueur intellectuelle de son cartésianisme. Il est, de ce point de vue, là aussi, très français : son discours ne s’égare dans aucune élucubration; il va droit au but. Chamayou exagère presque cette intransigeance qui peut le faire apparaître distant. Dans la respiration psychologique et musicale, il n’y a aucune raison de s’empresser ainsi à enchaîner Oiseaux tristes et Une barque sur l’océan. Chamayou y favorise toujours la coulée musicale sans exagérer les contrastes dynamiques et sans poser le moindre effet. Cette rigueur, Chamayou l’allie à la fougue. Alborada del gracioso ne cherche pas la chaleur, la moiteur ou quelque ambiance, mais le panache. En fait, à part quand il est question de cloches, on se pose rarement la question de ce que Chamayou nous raconte. L’auditeur est surtout en éveil face à son éthique pianistique et stylistique. On ne s’étonnera donc pas que son Carnaval de Schumann soit nettement plus Florestan qu’Eusébius, ces deux personnages fictifs qui illustrent la dualité de la personnalité de Schumann, tantôt conquérant, tantôt mélancolique. Fonceur, Chamayou est loin de la balance entre les deux trouvée par Éric Le Sage. Il s’amuse des jeux, des élans, des accents à contretemps, mais ne lâche rien (ou s’il le fait, c’est avec rectitude) quand s’instille la Sehnsucht, ce mélange de nostalgie et de mélancolie qui teinte le romantisme allemand. L’esprit de conquête triomphera en apothéose, dans la très impressionnante Marche finale. Le pianiste a commencé son récital par une Fantaisie de Beethoven, un compositeur dont les pulsions devraient lui convenir. Difficile de le juger là-dessus, nous étions alors placés trop près du piano avant de reculer dans la salle. Récital Bertrand Chamayou Beethoven : Fantaisie op. 77. Schumann : Carnaval, op. 9. Ravel : Miroirs. Saint Saëns : Les cloches de Las Palmas, Mazurkas nos 2 et 3, Étude en forme de valse op. 52 n° 6. Salle Pierre-Mercure, dimanche 8 mars 2020.