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Journal LE DEVOIR du Lundi 9 Mars 2020

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VOL . CXI N O 51 / LE LUNDI 9 MARS 2020 / 1,52 $ + TAXES = 1,75 $
WWW.LEDEVOIR.COM
ACTUALITÉS
CULTURE
Dans Les nôtres, avec l’actrice
Marianne Farley, le déni et
les non-dits d’une petite ville
Les vieilles idées,
la chronique
de Jean-François
Nadeau |A 3
B8
SOCCER
Les coups à la tête limités chez les jeunes
Un projet pilote visant à restreindre les jeux aériens chez les moins de 10 ans sera mené dès cet été au Québec
MARIE-EVE COUSINEAU
LE DEVOIR
Imaginez une partie de soccer où les
joueurs, sur les lignes de côté, font des
rentrées de touches au sol avec le pied,
plutôt que dans les airs avec les mains.
Ce sera la nouvelle réalité de jeunes de
moins de 10 ans, dans diverses régions
du Québec, dès cet été. Soccer Québec
veut limiter les risques de coups à la
tête et de commotions cérébrales.
Le projet pilote sera mené dans des
ligues récréatives (match à 5 ou 7
joueurs) de Laval. « Mais les régions de
Saguenay, Lanaudière et Québec ont
aussi décidé d’embarquer dès cette année, dit au Devoir Éric Leroy, directeur
technique de Soccer Québec. Ces règles seront obligatoires à l’échelle provinciale à partir de la saison 2021. »
La fédération québécoise veut restreindre au maximum les jeux aériens
chez les plus jeunes. Pour y arriver, elle
interdira également aux gardiens de dégager le ballon avec les pieds, à la volée.
Ceux-ci pourront le déposer sur le terrain et jouer en faisant une passe au sol,
par exemple. Idem lors des coups de
pied de coin (« corner »).
«On s’attend à ce que le peu de jeu aérien qui existait [dans ces catégories
d’âge] soit complètement ou à 95 %
banni de toutes les situations de jeu »,
avance Éric Leroy. Pas question toutefois
d’interdire formellement les « têtes »
durant les parties, dit Soccer Québec.
Des pays bannissent les têtes
Aux États-Unis, les joueurs de moins de
11 ans n’ont plus le droit de frapper le
ballon avec la tête, pendant des entraînements et des matchs, depuis 2015.
Il y a deux semaines, l’Angleterre,
l’Écosse et l’Irlande du Nord ont annoncé de nouvelles lignes directrices à ce
sujet. Fini les «têtes» lors des entraînements des moins de 11 ans. Les joueurs
Plus de liberté, moins de violence
15
ans
Jusqu’à cet âge,
on recommande
en Angleterre,
en Écosse et en
Irlande du Nord
un maximun
de 10 têtes
par semaine.
apprendront cette technique graduellement, idéalement à partir de 13 ans. Les
trois fédérations recommandent un
maximum de 10 têtes par semaine, à
l’entraînement, jusqu’à l’âge de 15 ans.
C’est une étude écossaise, publiée
l’automne dernier, qui a poussé ces fédérations à agir. Selon cette recherche,
les ex-joueurs professionnels ont 3,5
fois plus de risques de mourir d’une
maladie neurodégénérative que la population en général. Cette étude n’a
toutefois pas démontré que les « têtes »
étaient la cause de la démence.
VOIR PAGE A 4 : TÊTES
CORONAVIRUS
Nouveaux
cas de part
et d’autre de
la frontière
La progression s’est accélérée aux
États-Unis tandis qu’au Québec,
les voyageurs de la relâche reviennent
ANNABELLE CAILLOU
LE DEVOIR
L’épidémie de coronavirus continue sa
progression au Canada et compte
maintenant 62 cas officiels. Un potentiel quatrième cas au Québec attend
une confirmation. Une augmentation
qui n’a toutefois rien à voir avec celle
observée aux États-Unis, où l’on
compte plus de 500 cas et 19 morts. La
gestion de l’épidémie sème d’ailleurs
fortement la controverse au pays.
Au Québec, le ministère de la Santé a
annoncé dimanche qu’un quatrième cas
probable de nouveau coronavirus attendait une confirmation du Laboratoire national de microbiologie de Winnipeg. Il
s’agit d’une femme de la Montérégie de
retour d’une croisière. Le ministère a
aussi officialisé le troisième cas annoncé
jeudi. La personne qui revenait de France
est bel et bien atteinte de la COVID-19.
Tous les cas canadiens confirmés en
date de dimanche ont comme origine
un voyage à l’étranger. « Tant qu’on n’a
pas de transmission locale, on est
contents », a fait valoir en entrevue la
Des milliers de personnes de tous les continents, comme ici à Pristina, au Kosovo, ont marché dimanche afin de réclamer la défense
des droits des femmes, plus de liberté et plus de vigilance face à la violence dont elles sont victimes. À Montréal, certains ont profité
de cette Journée internationale des femmes pour exiger la fermeture du plus grand site pornographique au monde, Pornhub. Ils accusent
son propriétaire, MindGeek, d’encourager l’exploitation sexuelle des femmes et des adolescentes. VOIR PAGES A 3 ET B 3
ARMEND NIMANI AGENCE FRANCE-PRESSE
Un gazoduc mort
avant de vivre ?
Le projet de Coastal GasLink est considéré comme une étape clé
du développement de l’industrie du gaz naturel au Canada
VOIR PAGE A 2 : CORONAVIRUS
ALEXIS RIOPEL
LE DEVOIR
Les barrages ferroviaires sont levés, mais la question du
gazoduc demeure en suspens. Or, le projet de Coastal GasLink revêt une telle importance pour l’industrie du gaz naturel au Canada qu’une annulation aurait des effets secondaires : elle pourrait décourager les autres investisseurs et
réduire considérablement les économies d’échelle des extracteurs de cette ressource, croient des spécialistes.
Le point d’origine du gazoduc projeté se situe près de
Dawson Creek, en Colombie-Britannique. Cette petite
ville se situe en plein centre de la formation géologique
Montney, qui s’étend sur 150 000 kilomètres carrés à l’est
des montagnes Rocheuses. La roche mère (siltite) qu’on y
trouve renferme des hydrocarbures pouvant être extraits
par fracturation hydraulique — une technologie mature
économiquement, mais controversée écologiquement.
Le projet de Coastal GasLink, auquel des chefs traditionnels wet’suwet’en s’opposent, est le principal corridor d’exportation envisagé vers l’océan Pacifique pour le gaz naturel
exploité dans le Montney et les formations environnantes.
VOIR PAGE A 2 : GAZ
INDEX
Avis légaux ........... B2
Culture...................B7
Éditorial.................A6
Pour suivre
l’actualité en
continu et lire
nos critiques de
spectacles,
consultez nos
plateformes
numériques.
Grille TV .................B7
Idées......................A7
Météo ................... B6
Monde ................... B1
Mots croisés......... B6
Sports................... B4
Sudoku ................. B6
LEDEVOIR // LE LUNDI 9 MARS 2020
ACTUALITÉS
A2
Un enjeu
«immense»
pour les
autres projets
GAZ
SUITE DE LA PAGE A 1
Il doit achever sa course à Kitimat, où
une usine de liquéfaction et un terminal
d’exportation maritime (le complexe
LNG Canada) doivent être construits.
Si ce plan de match venait à échouer
après l’étape des évaluations environnementales en raison de la mobilisation autochtone, il y a peu de chance
qu’un autre projet d’exportation depuis
la côte ouest voie le jour, selon Allan
Fogwill, le président et p.-d.g. du Canadian Energy Research Institute (CERI),
un organisme de recherche financé par
les gouvernements et l’industrie pétrolière et gazière.
« Si l’industrie entrevoit un projet
rentable au Canada, mais qu’elle n’a
aucune certitude de pouvoir aller de
l’avant, c’est très improbable qu’elle investisse les sommes nécessaires pour
effectuer les consultations, développer
l’ingénierie, passer à travers les processus d’approbation, obtenir les permis,
avant de finalement voir son investissement réduit à néant », explique-t-il.
Et puis, les entreprises d’exploitation et de transport peuvent bien décider de s’installer ailleurs, soutient
M. Fogwill. D’ailleurs, le complexe
LNG Canada est l’initiative d’un
groupe d’investisseurs très cosmopolite : Shell (40 %), Petronas (25 %), PetroChina (15 %), Mitsubishi Corporation (15 %) et Korea Gas Corporation
(5 %). « Ils peuvent diriger leur investissement n’importe où dans le
monde », souligne M. Fogwill.
« Si Coastal GasLink est bloqué, ça
crée un enjeu immense, observe,
quant à lui, le sociologue et économiste Éric Pineault, spécialiste de
l’énergie. Le gaz naturel serait enclavé.
Les circuits nord-américains vers le
sud sont déjà saturés. Le gaz finirait
par se rendre quelque part, aux terminaux d’exportation du golfe du
Mexique par exemple, mais devrait
être vendu à fort rabais. »
Historiquement, le Canada exporte
le gaz naturel extrait de son sous-sol
vers les États-Unis. Toutefois, depuis
une dizaine d’années, la production de
gaz de schiste a explosé au sud du
49e parallèle. L’abondance de l’offre a
poussé les prix à la baisse, et, depuis
2017, les États-Unis exportent plus de
gaz naturel qu’ils en importent.
Ainsi, les promoteurs désirant investir au Canada ont besoin de nouveaux
débouchés avant d’accélérer l’exploitation de la riche formation Montney, qui
contient 145 fois la quantité de gaz na-
turel consommée au pays en 2012. À
l’heure actuelle, l’Asie représente le
marché le plus prometteur, selon M. Pineault, qui est professeur à l’Université
du Québec à Montréal. Un terminal sur
la côte ouest tombe donc sous le sens.
« Cependant, même le marché asiatique est fragile, croit-il. En Chine, on
ne remplace plus les centrales au charbon par des centrales au gaz. […] Le gaz
naturel et les énergies renouvelables
sont kif-kif pour ce qui est du prix. Le
gaz naturel comme énergie de transition, c’est fini. C’était vrai il y a 10 ans,
mais maintenant la donne a changé. »
En outre, avant de s’enrichir avec le
gaz naturel du Canada, les industriels
doivent procéder à des investissements majeurs, comme on le voit avec
Coastal GasLink et LNG Canada, évalués à environ 40 milliards de dollars.
Or, M. Pineault estime que si un tel
projet d’exportation devait tomber, il
est possible que les économies
d’échelle permises par un projet d’exploitation d’envergure s’évaporent. « Si
on bloque la sortie de la ressource, on
peut ralentir la mise en œuvre de l’exploitation à un niveau situé sous le seuil
de rentabilité », dit-il.
Pour l’instant, la construction du gazoduc de Coastal GasLink suit son
cours. Le dimanche 1er mars, une entente de principe est survenue entre les
chefs héréditaires wet’suwet’en et les
gouvernements d’Ottawa et de Victoria. Elle concerne les droits territoriaux
de ce peuple autochtone, mais ne traite
pas directement du gazoduc litigieux.
Les Wet’suwet’en procèdent actuellement à l’examen de cette entente, mais
maintiennent leur opposition au passage du tuyau de 1219 mm de diamètre
sur leur territoire.
Après que la population wet’suwet’en se soit prononcé sur l’entente
de principe (au plus tard le 13 mars,
exige le gouvernement Trudeau), il est
possible que l’opposition au gazoduc
se ravive. Or, le premier ministre de la
Colombie-Britannique tient mordicus
à ce que le projet aille de l’avant. « Il y
a des divergences d’opinions au sujet
du projet de Coastal GasLink, mais les
permis sont accordés, c’est approuvé,
le projet est en cours », a-t-il déclaré le
2 mars.
Un rapport publié la semaine dernière par le Centre canadien de politiques alternatives avertit toutefois que
de miser sur le gaz naturel est un mauvais choix si la province souhaite décarboniser son économie d’ici 2050.
« En approuvant LNG Canada et
d’autres projets de gaz naturel liquéfié,
le gouvernement [de la Colombie-Britannique] exige de tous les autres secteurs de l’économie qu’ils réduisent
leurs émissions encore davantage afin
que la province atteigne sa cible
d’émission pour 2030 », écrivent les
auteurs Marc Lee et Seth Klein.
Coastal GasLink doit initialement
disposer d’une capacité de transport de
1,7 milliard de pieds cubes de gaz naturel par jour. La combustion d’un tel volume de gaz naturel entraîne des émissions équivalant à celles de 8 millions
de voitures. À terme, le gazoduc pourrait transporter quotidiennement
5 milliards de pieds cubes grâce à des
compresseurs supplémentaires.
Les autorités
californiennes
ont indiqué que
les passagers
du navire de
croisière Grand
Princess seraient
placés en
quarantaine ou
admis dans des
hôpitaux après
leur débarquement lundi à
Oakland.Le
bateau transporte
3500 passagers,
dont 237 Canadiens, qui
seront rapatriés.
NOAH BERGER
ASSOCIATED PRESS
Trump critiqué
pour sa gestion
de l’épidémie
CORONAVIRUS
SUITE DE LA PAGE A 1
Renforcer les liens de
la Francophonie mondiale
Catherine Cano
Administratrice,
Organisation internationale
de la Francophonie
Déjeuner-causerie
t 16 marst11 h 45
à 13 h 45
Avec l’appui de :
Inscription : corim.qc.ca 514 340-9622
Dre Caroline Quach-Thanh, pédiatre et
microbiologiste-infectiologue à l’Hôpital Sainte-Justine à Montréal. Elle
s’inquiète toutefois du retour de
voyage des Québécois qui ont profité
de la semaine de relâche pour prendre
le large et visiter d’autres pays, notamment les États-Unis.
La progression de l’épidémie s’est en
effet accélérée ces derniers jours chez
nos voisins du sud. En tout, près de 500
personnes y ont contracté la COVID19 et 21 personnes ont perdu la vie,
dont 17 dans une maison de retraite de
l’État de Washington.
Mais, pour le moment, seuls les voyageurs en provenance d’Hubei, en
Chine, et de l’Iran sont invités à s’isoler
volontairement à leur retour au Canada. On demande aux personnes
ayant séjourné ailleurs en Chine continentale, en Corée du Sud, à HongKong, en Italie, au Japon ou à Singapour, d’être attentifs à leurs symptômes durant 14 jours et d’éviter les endroits publics.
Contactée par Le Devoir, l’Agence de
la santé publique du Canada n’a pas indiqué si des mesures plus strictes pourraient prochainement être appliquées
aux voyageurs revenant d’un séjour
aux États-Unis.
Trump montré du doigt
Aux États-Unis, 30 États, ainsi que la
capitale fédérale, Washington, sont
désormais touchés. L’État de New
York, la Californie et l’Oregon ont décrété « l’état d’urgence ».
Devant l’accélération du nombre de
malades, le président américain, Donald Trump, s’est retrouvé sous le feu
des critiques, accusé d’avoir sous-estimé l’épidémie et mal géré la lutte
contre le virus.
Le milliardaire républicain a en effet
minimisé la dangerosité du coronavirus
à plusieurs reprises, assurant qu’il allait
disparaître en avril grâce à la hausse des
températures. Il a encouragé les personnes infectées à ne pas s’isoler, ce qui
entre en totale contradiction avec les
consignes officielles de mise en quarantaine volontaire des autres pays.
M. Trump a aussi émis des doutes sur les
statistiques de l’OMS concernant le taux
de mortalité du virus.
Et c’est sans compter les ratés dans le
dépistage de la COVID-19. « Les critères pour faire un test de détection
étaient super restrictifs. Pas moyen
d’en faire à moins de venir de la région
à haut risque », explique la Dre QuachThanh, qui suit de près l’évolution de
l’épidémie. Des contaminations communautaires, c’est-à-dire d’une personne n’ayant ni voyagé dans les zones
à risques ni été en contact avec un autre malade confirmé, sont ainsi passées sous le radar des autorités.
Pour le gouverneur démocrate de
l’État de New York, Andrew Cuomo, le
gouvernement Trump s’est retrouvé
«pris au dépourvu» et a «menotté» la
capacité d’action des États, en réservant
notamment au Centre de contrôle des
maladies (CDC) d’Atlanta l’habilitation
à analyser les kits de dépistage au début
de l’épidémie.
Mais Donald Trump se défend :
« Nous avons un plan parfaitement
coordonné et bien préparé à la MaisonBlanche », a-t-il écrit dimanche sur
Twitter.
Ainsi, plus de 4 millions de kits devraient être disponibles d’ici la fin de
semaine prochaine, en prévision d’une
augmentation des personnes infectées. Et l’un des responsables de la cellule antivirus à la Maison-Blanche, Anthony Fauci, n’a pas exclu d’éventuelles mises sous quarantaine de
grandes zones peuplées ou de villes entières, comme en Italie.
Les autorités californiennes ont également indiqué dimanche que les passagers du navire de croisière Grand Princess, où 21 cas de coronavirus ont été détectés, seraient placés en quarantaine ou
admis dans des hôpitaux après leur débarquement lundi à Oakland.
Le bateau transporte 3500 passagers,
dont des centaines de touristes étrangers qui devront être rapatriés. Parmi
eux, 237 Canadiens prendront l’avion
jusqu’à la base aérienne de Trenton, en
Ontario, où ils seront évalués avant
d’être placés en quarantaine pendant
14 jours. « Les passagers feront l’objet
d’un dépistage des symptômes avant de
monter à bord de l’avion. S’ils présentent des symptômes, ils ne seront pas
autorisés à monter à bord et feront plutôt l’objet d’une évaluation plus approfondie pour déterminer les prochaines
étapes», ont indiqué les autorités canadiennes dimanche.
Le même jour, l’Alberta a annoncé son
premier cas de coronavirus, à Edmonton. L’homme dans la quarantaine revenait d’un séjour dans plusieurs États
américains et aurait été contaminé par
un compagnon de voyage sur le bateau
de croisière Grand Princess, croient les
autorités. Ce compagnon est un des cas
confirmés en Colombie-Britannique.
Trois autres cas probables attendent
aussi une confirmation en Alberta.
En Ontario, on compte trois nouveaux
cas positifs, ce qui fait grimper le bilan à
31 malades dans la province. Il s’agit
d’une femme revenue du Colorado.
Dans le monde
Ailleurs dans le monde, le nombre de
cas d’infections augmente rapidement.
On compte désormais 109 000 personnes contaminées à travers 99 nations. Le nombre de morts s’élève quant
à lui à près de 3800.
L’Italie se classe maintenant
deuxième pays le plus touché après la
Chine. Dans les dernières 24 heures,
133 décès ont été enregistrés, ce qui
porte le bilan à 366 morts et 7375 cas.
Rome a décidé de mettre en quarantaine un quart de sa population
jusqu’au 3 avril, principalement au
nord du pays. Plus de 15 millions d’Italiens voient leurs déplacements strictement limités. Les frontières restent
toutefois ouvertes avec les pays voisins.
Ces derniers ont aussi vu une augmentation du nombre de malades ces
derniers jours. L’Allemagne compte
847 contaminations, soit 10 fois plus
qu’une semaine auparavant. En France,
le bilan est de 16 morts et de 949 malades. Le ministre de la Santé français a
annoncé dimanche soir que les rassemblements de plus de mille personnes
seront dès lors interdits.
En Afrique, un premier décès lié au coronavirus a été annoncé dimanche, en
Égypte. Il s’agit d’un Allemand de
60 ans.
L’Arabie saoudite a annoncé le bouclage « temporaire » de la région de
Qatif dans l’est, où ont été enregistrés
11 nouveaux cas de coronavirus.
L’Iran a annoncé 49 nouveaux décès,
soit la plus forte hausse quotidienne depuis les premiers cas au pays, portant à
194 le total des morts sur 6566 cas.
En Chine, 27 nouveaux décès et
44 nouveaux cas ont été enregistrés dimanche, portant le total des morts à
3097 avec au moins 80 695 personnes
contaminées.
En Corée du Sud, le bilan s’élève à
50 morts pour 7313 cas, dont 272 nouveaux dimanche, le plus petit nombre
de nouvelles contaminations en plus
d’une semaine.
Et à Moscou, quiconque ne respecterait
pas les mesures de quarantaine risque
désormais jusqu’à cinq ans de prison.
Avec Marie-Eve Cousineau, l’Agence
France-Presse et La Presse canadienne
LEDEVOIR // LE LUNDI 9 MARS 2020
ACTUALITÉS
Les vieilles idées
JEAN- FRANÇOIS
NADEAU
A
près sa déconfiture électorale en 1976, Robert Bourassa veillait à se faire oublier
pour espérer redevenir premier ministre
un jour. Alors que, contre toute attente, il
parvenait à revenir aux affaires, celles de
l’ancien cycliste Louis Garneau débutaient à peine. Recyclé en champion du tissu extensible,
l’ancien athlète olympique avait offert au premier ministre un maillot de bain. C’était un petit maillot, genre
Speedo, floqué d’une feuille d’érable, symbole qui paraissait d’emblée plus approprié que la fleur de lys ou la feuille
de vigne. Une photographie avait circulé de cette délicate
offrande faite au pouvoir.
Bourassa avait la réputation de commencer ses journées
en s’imposant la discipline d’un entraînement de natation.
Son apparente insubmersibilité en politique tenait-elle à la
pratique de ce rituel quotidien ? Sa politique, en tout cas, globalement attentiste, semblait toujours flirter avec la noyade
du laisser-faire. L’irrésolution, chez lui, devenue un trait fort
de l’exercice de son pouvoir, était perçue par ses admirateurs comme le fait d’un fin stratège, tout comme sa capacité à ne jamais répondre aux questions était confondue,
aux yeux des mêmes, avec l’expression d’un sens original de
la persuasion. Je suppose que Louis Garneau, jeune homme
d’affaires, loin encore de l’horizon de la faillite qui s’est dessinée devant lui ces jours-ci, aurait aimé pouvoir flotter
presque indéfiniment comme lui sur toutes les eaux.
C’est sous ce curieux exercice du pouvoir par Bourassa que
Mario Dumont avait commencé à se mouiller en politique
provinciale, avant de préférer prendre plutôt pour guide
Jean Allaire, puis de lancer l’ADQ, l’ancêtre direct de la CAQ
de François Legault. Dumont a continué de prêcher du côté
des médias de Québecor, lesquels servent désormais de
caisse de résonance à ses propos.
Spécialiste des phrases cinglantes, Mario Dumont a soutenu, ces derniers jours, que les insurgés de la barricade levée par la police à Saint-Lambert avaient laissé derrière
eux des « vidanges », le fait le plus éclatant disait-il de ces
« petits crottés ». C’est bien le qualificatif qu’il a employé :
« petits crottés ». De la part de quelqu’un qui ne s’est jamais montré spécialement empressé à défendre des mesures environnementales, il y a bien là quelque chose de
loufoque. Pareille giclée de paroles en l’air fait un peu songer à la manière de Donald Trump, qui jugeait bon par
exemple d’accuser Bill Clinton de prédations sexuelles,
quitte à oublier, ce faisant, sa propre grossièreté pourtant
autrement mieux documentée.
A3
MILIEU FAMILIAL
Les éducatrices optent
pour une grève illimitée
ROXANNE OCAMPO
LA PRESSE CANADIENNE
Les 10 000 responsables de services
de garde en milieu familial qui sont
syndiquées auprès de la CSQ se sont
prononcées dimanche en faveur d’une
grève générale illimitée partout à travers la province.
La Fédération des intervenantes en
petite enfance du Québec (FIPEQ), affiliée à la Centrale des syndicats du
Québec (CSQ), rapporte que ses membres ont appuyé dans une proportion
de 97,5 % le déclenchement de cette
vaste grève à compter du 1er avril.
Quelque 60 000 familles seraient
touchées par ses moyens de pression,
qui comprennent déjà des ouvertures
tardives des services de garde les vendredis. Et les parents ont raison de déplorer qu’ils font les frais des négociations pour le renouvellement de leur
convention collective, reconnaît la
présidente de la FIPEQ-CSQ, Valérie
Grenon.
« Pour tous les parents qui se sentent
pris en otage, on est sincèrement désolées. S’ils ont à être fâchés, celui qui les
La grève sera déclenchée
le 1er avril prochain.
Quelque 60 000 familles
devraient être touchées par
ces moyens de pression.
prend en otage, c’est le ministre de la
Famille, Mathieu Lacombe », a-t-elle
lancé en entrevue téléphonique avec
La Presse canadienne.
Le cabinet du ministre Lacombe a
pris acte des résultats du vote en se
désolant du « casse-tête supplémentaire » pour les parents. « Toutefois,
nous ne négocierons pas sur la place
publique », a-t-on écrit.
Salaire minimum
La rémunération constitue le principal
point en litige dans les discussions entre la FIPEQ et le ministère de la Famille. Les responsables de services
éducatifs ne sont pas rémunérées à
l’heure ; elles touchent plutôt une subvention du ministère pour offrir le service à leur domicile. Elles ont fait esti-
mer leur rémunération à partir du montant de la subvention et leurs heures de
travail et autres dépenses.
La FIPEQ en conclut qu’elles touchent 12,42 $ l’heure et revendique
l’équivalent d’un salaire horaire de
16,75 $ — ce qui correspond au premier
échelon pour une éducatrice non qualifiée en centre de la petite enfance
(CPE). Selon ses calculs, la plus récente
offre gouvernementale revenait plutôt
à 12,48 $ l’heure.
Quant au ministère, il ne diffuse pas
ses propres chiffres.
Le syndicat assure qu’il veut en venir
à une entente d’ici la fin du mois pour
éviter le débrayage. « S’il faut être en
négociation tous les jours, le soir, la fin
de semaine, on va l’être », soutient Valérie Grenon, en précisant que des négociations intensives sont prévues les
27, 28 et 29 mars.
Les travailleuses étaient réunies en
assemblée générale dans une quinzaine de points de rencontre à travers
le Québec, en cette Journée internationale des femmes. La FIPEQ tenait à
marquer le coup, tandis que 99 % de
ses membres sont des femmes.
Quand on y regarde bien, le programme
en matière de santé de Sanders n’est guère
différent de celui qui a conduit à l’assurance
maladie instaurée par Robert Bourassa,
au nom des effets positifs globaux de pareilles
mesures « socialistes »
Et voici que le même Mario Dumont, comme d’autres de son
clan, s’est mis à clamer ces jours derniers que Bernie Sanders
constitue en quelque sorte un danger public pour l’Amérique.
Pour quel motif ? Parce que Sanders serait « un vieux politicien avec de vieilles idées », dit Dumont. Des idées qui rappellent, selon ses propos, l’époque des « pantalons pattes
d’éléphant », c’est-à-dire les décennies 1960-1970, l’époque
forte de la social-démocratie qu’il réduit ainsi à un style vestimentaire « passé date ». L’habit politique dans lequel Dumont se vêt quant à lui date de la décennie suivante, avec
Margaret Thatcher et l’arrivée de Ronald Reagan. Dumont a
souvent répété admirer l’étoffe de la « dame de fer », même
si, dans les faits, ses idées peuvent aussi faire penser à celles
d’un Camil Samson qui ne chuinte pas.
Au cours de sa carrière politique, Dumont a constamment
plaidé en faveur de la privatisation du système de santé, un
modèle qui s’est enraciné aux États-Unis avec les résultats
que l’on sait : inégalités profondes, multiplication des laissés-pour-compte, appauvrissement des plus pauvres. Il y a
quelque chose du duplessisme dans cette approche. Duplessis répétait que la meilleure assurance contre la maladie
était la santé. Il réduisait ainsi tous les maux collectifs à des
questions de responsabilité individuelle, comme le font ses
héritiers baignés d’une sauce Thatcher. Voici précisément le
type de raisonnements déshonorants contre lesquels se bat
Bernie Sanders depuis cinquante ans.
Quand on y regarde bien, le programme en matière de
santé de Sanders n’est guère différent de celui qui a conduit
à l’assurance maladie instaurée par Robert Bourassa, au
nom des effets positifs globaux de pareilles mesures « socialistes ». Nous partions de loin en matière de santé, comme
ne cessait de le rappeler René Lévesque. Sommes-nous
prêts à y retourner, au nom du simple plaisir de jeter aux vidanges de « vieilles idées » ?
Mais qu’est-ce que peut bien vouloir dire, d’ailleurs, ce
qualificatif de « vieilles idées » ?
Quand les États-Unis toussent, dit-on, le Canada attrape
le rhume. Et on voit désormais que, lorsque quelques esprits aux États-Unis promettent des conditions de santé
meilleures au gros de leur population, quelques individus
d’ici, habités de l’esprit de Reagan, se mettent à faire de la
fièvre et à dénoncer le « socialisme », comme s’il s’agissait
de refonder l’URSS, alors qu’il n’est question que de justice
et d’équité pour tous.
À Gatineau, la conseillère municipale Nathalie Lemieux
est pressentie comme candidate à la mairie de la quatrième
ville en importance du Québec. Elle continue, sans faillir, de
refuser d’admettre que la Terre est ronde. C’est une vieille
idée que d’affirmer qu’elle l’est. « Dans la vie, dit-elle, tout
est une question de croyances. » Et d’ajouter : « On croit certaines choses parce qu’un jour on l’a entendu. » Qui donc at-on trop écouté, pourrait-on se demander, pour finir par se
persuader, contre la raison même, que la Terre est plate ou
qu’une population laissée à elle-même en matière de santé
constitue une avancée ?
Une cinquantaine de personnes ont protesté dimanche devant le siège social de MindGeek, l’entreprise à qui appartient Pornhub.
VALÉRIAN MAZATAUD LE DEVOIR
Pornhub doit fermer,
scandent des manifestants
Le « YouTube du porno » encourage la pornographie juvénile, selon eux
ANNABELLE CAILLOU
LE DEVOIR
Des dizaines de manifestants ont réclamé la fermeture du plus grand site
pornographique au monde Pornhub à
l’occasion de la Journée internationale
des femmes à Montréal, dimanche. Ils
accusent son propriétaire, MindGeek,
d’encourager l’exploitation sexuelle
des femmes et des adolescentes.
« Pornhub, plateforme du viol »,
« MindGeek, trafiquants ». Munis de
leurs pancartes, les manifestants se
sont donné rendez-vous vers 13 h dimanche dans l’arrondissement de
Côte-des-Neiges-Notre-Dame-deGrâce, juste devant le siège social mondial de MindGeek, l’entreprise à qui
appartient Pornhub.
« Fermez-le, fermez-le ! » « Honte à
vous », ont crié à tue-tête les participants, majoritairement anglophones,
encouragés par le klaxon des voitures
passant sur le boulevard Décarie.
Rappelons que Pornhub est sous le
feu des critiques depuis plusieurs
mois. Plusieurs femmes, victimes de
pornographie rancunière — dite « revenge porn » —, ont dénoncé la publication de vidéos les mettant en scène
sur le site Internet et critiqué le fait
que MindGeek n’ait jamais demandé
leur consentement avant d’accepter le
contenu sur sa plateforme.
Plus récemment, un article de la BBC
a révélé qu’une vidéo du viol d’une adolescente se serait également retrouvée
sur le site pour adultes.
Une pétition a été mise en ligne dans
la foulée pour réclamer la fermeture
du site Internet. En date de dimanche,
elle avait déjà récolté plus de 384 000
signatures.
Exploitation sexuelle
Pour Megan Walker, directrice générale du London Abused Women’s Shelter en Ontario et organisatrice du rassemblement à Montréal, Pornhub encourage la pornographie infantile et
vient même banaliser les violences
faites aux femmes, dans le but de générer des profits.
« [Cette situation] mène à de nombreux cas d’exploitation sexuelle, de
trafic, de torture et de décès chaque année. Doit-on rappeler que l’exploitation et le trafic sexuels sont illégaux ? »
a-t-elle dénoncé devant des manifestants gonflés à bloc.
« Il est scandaleux que Pornhub ait
partagé des vidéos à caractère sexuel
impliquant des filles d’âge mineur »,
a renchéri la sénatrice indépendante
Julie Miville-Dechêne, qui était présente au rassemblement. La sénatrice
est membre du Groupe parlementaire
multipartite pour combattre l’esclavage
moderne et la traite des personnes.
Si elle ne cherche pas à faire fermer
Pornhub, elle presse MindGeek de trouver des solutions pour mieux sécuriser
son site et prévenir la mise en ligne de
pornographie juvénile.
« À l’ère du mouvement #MoiAussi,
l’obtention du consentement de
chaque participant est essentiele, a
poursuivi Mme Miville-Dechêne. Même
si ça prend du temps et que c’est plus
compliqué, c’est la responsabilité de
MindGeek. »
Elle s’est dite prête à examiner avec
d’autres parlementaires les lois qui
existent présentement pour essayer
de mettre « une fin à cette réalité
troublante ».
De son côté, Megan Walker presse directement le gouvernement canadien
d’agir pour changer la situation.
« Il n’y aura pas d’égalité des genres,
tant que les violences sexuelles seront
considérées comme normales », a-telle ajouté.
Pornhub est le site pour adultes le
plus visité dans le monde et fonde son
succès sur le libre accès des internautes
à son contenu. Chaque année, 6 millions de vidéos sont mises en ligne et
génèrent plus de 42 milliards de visionnements. Pornhub est souvent qualifié
de « YouTube de la pornographie ».
LEDEVOIR // LE LUNDI 9 MARS 2020
A4
ACTUALITÉS
EN BREF
Ottawa veut interdire la
thérapie de conversion
Le gouvernement fédéral présentera lundi son projet de loi visant à
interdire la thérapie de conversion
au pays, qui vise à modifier l’orientation sexuelle ou l’identité de
genre d’une personne. Le dossier
sera piloté par le ministre de la Justice, David Lametti, et la ministre
de la Diversité, Bardish Chagger.
Dans la lettre de mandat que le
premier ministre Justin Trudeau
leur a remise au moment de leur
nomination après les élections
d’octobre, les deux ministres
avaient reçu la mission de présenter un projet de loi en vue de modifier le Code criminel de façon à interdire les thérapies de conversion
et travailler de concert avec les
provinces et les territoires.
La Presse canadienne
Les femmes peu
attirées par le secteur
manufacturier
La sous-représentation des
femmes dans le secteur manufacturier est un problème « encore plus aigu » en raison de la
rareté de main-d’œuvre, selon le
ministre québécois du Travail,
Jean Boulet. Celui-ci a annoncé
dimanche un soutien financier
de près de 714 000 $ pour un
projet de recherche sur leur inclusion. Mené de concert avec
Manufacturiers et exportateurs
Québec (MEQ), il doit s’échelonner sur deux ans. Un volet consistera à tester diverses approches
auprès d’entreprises en Montérégie, en Estrie et dans le Centredu-Québec, avec pour objectif de
développer de bonnes pratiques
pouvant être étendues à l’ensemble des employeurs. Selon les statistiques de MEQ, seulement
28 % des emplois du milieu
étaient occupés par des femmes
en 2017 au Canada.
La Presse canadienne
PARTI QUÉBÉCOIS
L’aile jeunesse s’élève contre
les écoles privées subventionnées
Référendum ou pas ?
PATRICE BERGERON
LA PRESSE CANADIENNE
Après un vif débat, les jeunes péquistes,
réunis en congrès à Montréal, ont réclamé dimanche la fin du financement
public des écoles privées, en plus de réclamer la gratuité scolaire pour chaque
individu.
« Les contribuables ne devraient pas
payer pour les choix des bourgeois », a
lancé une jeune péquiste avant d’être
applaudie par une partie de la salle.
« Si on coupe le financement, ça va
être encore plus élitiste », a de son
côté fait valoir un des militants opposés à cette position.
« Des parents qui font des sacrifices
ne pourront plus payer l’école privée à
leurs enfants. Ça va inonder les écoles
publiques [en raison de l’afflux de nouveaux élèves] », a-t-il ajouté.
Au Québec, les écoles privées sont
financées à hauteur de 40 % par
l’État. Ainsi, une enveloppe de plus
de 500 millions de dollars est distribuée chaque année dans les établissements privés.
Le sujet revient périodiquement en
raison des problèmes de sous-financement des écoles publiques, mais il demeure un tabou chez une grande partie
de la classe politique : il y a des écoles
privées dans un très grand nombre de
circonscriptions et de nombreux électeurs pour les défendre.
Un des candidats à la course à la direction du PQ, Sylvain Gaudreault, a
accueilli avec prudence la prise de position des jeunes péquistes. Il a dit être
ouvert et prêt à étudier cette proposition, sans nécessairement l’endosser
tout de suite. « Éviter la ségrégation,
moi, je pense que c’est ça, le principe »,
a-t-il dit en mêlée de presse, au terme
du congrès.
Dans un rapport volumineux, le
Conseil supérieur de l’éducation avait
Des parents
qui font des
sacrifices
ne pourront
plus payer
l’école
privée
à leurs
enfants. Ça
va inonder
les écoles
publiques
»
UN JEUNE PÉQUISTE
Les aspirants à la direction du
PQ ont pris part samedi au rassemblement des membres de
l’aile jeunesse péquiste. Tous
ont pris l’engagement de tenir
un référendum s’ils prennent le
pouvoir en 2022, à l’exception de
Frédéric Bastien. Celui-ci a accusé ses adversaires de conduire
le parti à sa perte en promettant
un référendum sur l’indépendance dans un éventuel premier
mandat. « Pour gagner, on a besoin de votes qu’on va reconquérir dans le 450 (la couronne de
Montréal), à Québec, en région », a-t-il évoqué. Il estime
que le PQ doit plutôt se présenter comme le meilleur défenseur de la Loi sur la laïcité. À
l’opposé, l’humoriste Guy Nantel, qui s’adressait pour la première fois à des militants péquistes depuis l’annonce de sa
candidature, s’est engagé à organiser un référendum dans une
première moitié d’un éventuel
mandat s’il devient premier ministre. Paul St-Pierre Plamondon a, quant à lui, rappelé qu’il
avait été le premier à prendre
l’engagement de tenir un référendum dans un premier mandat, même si la proposition avait
été mal reçue au début. « Je ne
peux pas vous dire en quelle année va avoir lieu le troisième référendum, mais je peux vous
dire qu’il va avoir lieu, a-t-il
lancé. Actuellement, outre
MM. St-Pierre Plamondon, Nantel et Bastien, le député Sylvain
Gaudreault et l’homme d’affaires Laurent Vézina sont sur
les rangs.
déjà souligné que l’école québécoise
était déjà la plus inégalitaire au pays.
Les membres de l’aile jeunesse péquiste se sont en outre prononcés sur
d’autres enjeux pendant le week-end.
Immigration Ils ont adopté une proposition pour dépolitiser la question du
nombre d’immigrants admis annuellement, en fonction de critères, mais
également pour favoriser l’immigration francophone et l’immigration en
région. Un des militants a aussi plaidé
pour une meilleure connaissance de
l’histoire et de la politique québécoise.
Samuel Loranger a fait un lien entre
l’intégration plus ou moins bien réussie
des nouveaux arrivants et leur allégeance politique.
« Ce n’est pas normal que des circonscriptions votent à 90 % en faveur
du Parti libéral du Québec ; il y a un
réel problème à ce niveau. »
Cégeps L’aile jeunesse a par ailleurs
adopté une proposition pour élargir la
loi 101 aux cégeps, soit rendre obligatoire la scolarisation collégiale en français, sauf pour les jeunes dont un des
deux parents a été scolarisé en anglais
au Canada.
Semaine de 35 heures Samedi, les
militants ont voté en faveur de la modification de la Loi sur les normes du travail pour établir la semaine de travail à
35 heures.
Salaire minimum Les jeunes péquistes ont en outre choisi de voter majoritairement en faveur de l’établissement
d’un taux horaire minimum de 15$.
Une monnaie québécoise Ils ont
également adopté une proposition pour
qu’une devise propre au Québec ait
cours une fois que l’indépendance sera
proclamée.
Drogues Les militants ont voté en faveur d’une décriminalisation de l’usage
de toutes les drogues, assortie de mesures de santé publique pour traiter les
problèmes de dépendance.
Les fonctions cognitives
possiblement touchées
TÊTES
SUITE DE LA PAGE A 1
Le coronavirus cause une infection respiratoire
(COVID-19) pouvant comporter les symptômes
suivants :
FIÈVRE
• TOUX
• DIFFICULTÉS
FIÈVRE
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Au Québec, les entraîneurs commencent à enseigner le jeu de tête à l’âge de
12 ans, avec un ballon mousse. Les plus
jeunes, eux, font des exercices développant les muscles du cou. Un « principe de précaution raisonnable », juge
Stéphane Ledoux, qui fait partie d’un
comité médical de Soccer Québec.
« Dans le plan de développement du
joueur, on considère qu’il y a suffisamment de gestes techniques à apprendre
avant 12 ans et qu’on n’a pas besoin
d’introduire la tête », explique-t-il.
Le neurologue ajoute que la « littérature scientifique demeure silencieuse » au sujet de l’effet à long
terme des coups à la tête sur le cerveau des jeunes. « Il n’y a aucune évidence que la politique [d’interdiction
des têtes aux moins de 11 ans] aux
États-Unis a engendré moins de commotions cérébrales ou de dommages
éventuels au cerveau depuis 2015 »,
dit Stéphane Ledoux.
Des parents préoccupés
Dans les gradins, certains parents sont
néanmoins préoccupés par l’effet des
coups à la tête sur le cerveau de leurs
enfants. Avant chaque match, MarcAndré McDuff met d’ailleurs son fils de
12 ans en garde contre les risques liés
aux commotions cérébrales. Il rappelle
à Elliot l’importance de frapper le ballon avec le milieu du front, la bonne
technique à utiliser.
Elliot reçoit des ateliers sur les jeux
de tête depuis cette année. Mais il tente
d’en faire depuis l’âge de 9 ans, selon
son père. « Quand je vois qu’il réussit à
en faire une dans une partie, puis que
ça fonctionne bien, je m’assure [quand
même] après le match de lui demander
“ça va, tu n’as pas d’étourdissements
ou quoi que ce soit ?”, explique MarcAndré McDuff. Pour moi, sa tête, c’est
vraiment important. »
Elliot joue au niveau compétitif dans
une ligue de soccer de Rosemont. Il n’a
jamais eu de commotion cérébrale.
Pour lui, marquer un but avec la tête
demeure la consécration. «Tes coéquipiers viennent plus vite vers toi, puis sont
encore plus contents », raconte-t-il.
Pour une interdiction complète
Le jeu de tête a beau procurer un sentiment d’ivresse, il peut aussi endommager le cerveau, signale Dave Ellemberg,
professeur titulaire à l’École de kinésiologie et des sciences de l’activité physique de l’Université de Montréal.
« Les études indiquent que quand
on fait plus de 300 impacts ou coups
à la tête par année, c’est là qu’on
commence à voir des changements,
que cela affecte les fonctions cognitives de façon significative », dit Dave
Ellemberg.
Dans une étude publiée en 2017, son
laboratoire a démontré que des athlètes
de haut niveau dans la vingtaine, qui
font des têtes au soccer, mais qui n’ont
jamais été victimes de commotion cérébrale, ont « des capacités cognitives
presque aussi affaiblies que ceux qui en
ont eu », indique-t-il.
C’est ce qui fait dire à Dave Ellemberg qu’il faut « éliminer les têtes complètement » des entraînements et des
matchs des moins de 20 ans qui jouent
dans des ligues récréatives.
Les joueurs « qui ont le désir et le talent d’un jour jouer pour des équipes
universitaires ou professionnelles »
pourraient continuer de recourir à leur
tête, à condition qu’ils soient « hyper
encadrés », pense-t-il.
Dave Ellemberg rappelle qu’à l’adolescence et jusqu’à l’âge d’environ 20 ans, le
cerveau connaît une «poussée de croissance », ce qui le rend plus fragile que
durant l’enfance. « Les conséquences
des coups à la tête sont donc plus
graves quand on les a entre 13 et 20 ans,
que quand on les a avant 13 ans »,
précise-t-il.
Soccer Québec dit modifier chaque
année ses recommandations en fonction des dernières études publiées. Afin
d’amasser davantage de données, son
comité médical vient d’ailleurs de recommander la mise en place d’un registre des commotions cérébrales soupçonnées au niveau 3A. Il pourrait être
en vigueur dès la saison 2021.
LEDEVOIR // LE LUNDI 9 MARS 2020
SOCIÉTÉ
A5
ALESS MC
JOURNALISME DE SOLUTIONS
Avoir intérêt à voir loin
En deux ans, le marché mondial des prêts à la durabilité a doublé
DIANE BÉRARD
COLLABORATRICE
LE DEVOIR
I
l devient évident qu’aucune transition ne sera
possible si tous les secteurs d’activité ne sont pas
mis à contribution. Or,
comment inciter toutes les
entreprises à adopter des comportements en accord avec le développement
durable ?
Et si on leur promettait un rabais de
taux d’intérêt sur leur financement ?
C’est le concept sur lequel repose un
produit qui vient de faire son apparition au Canada : le prêt à la durabilité.
Le principe est vraiment simple : ce
prêt est une facilité de crédit que l’entreprise peut utiliser pour financer ses
activités habituelles.
Cela n’a rien à voir avec une obligation verte, dont le montant doit être
consacré à un projet étiqueté vert. Toutefois, pour être admissible à un prêt à
la durabilité, l’entreprise doit démontrer qu’elle a une véritable stratégie de
développement durable (DD) liée à sa
stratégie d’entreprise. Et que sa stratégie de DD est assortie d’objectifs précis
et ambitieux. Réduire sa consommation d’eau ou d’énergie de X %, par
exemple.
L’entreprise et le prêteur s’entendent
sur quelques objectifs tirés de cette stratégie, adossés à des cibles précises et à
un horizon de réalisation. Et ils incluent
ces objectifs dans le contrat de prêt. Si
les cibles sont atteintes, l’emprunteur
obtient une réduction de taux.
Le 11 décembre dernier, les Aliments
Maple Leaf est devenue la première entreprise canadienne à obtenir ce type
de prêt. En janvier 2020, l’ontarienne
Brookfield Renewable Partners en a obtenu un elle aussi. Et, en février, ce fut
au tour de la firme d’ingénierie québécoise WSP Global d’en bénéficier. D’autres annonces sont à prévoir.
En deux ans, le marché mondial pour
ce type de prêt a doublé. En 2018, il était
de 60 milliards de dollars américains,
avec entre 30 et 50 transactions. En 2019,
on a noté entre 50 et 100 transactions
hebdomadaires, pour un total de 120milliards de dollars américains. La plus récente annonce: le 24 février, BNP Paribas a transformé son prêt de 550 millions
de dollars au transporteur JetBlue en prêt
à la durabilité (crédit à impact positif,
comme on le qualifie en France).
Le premier prêt à la durabilité a été accordé en 2017. Cette année-là, la Banque
ING et un groupe de 16 institutions financières ont accordé un prêt de 1,2 milliard de dollars américains à la multinationale hollandaise Philips. Il a été créé
pour pallier les limites des produits tels
que les obligations vertes, explique Jonathan Hackett, chef de la finance durable chez BMO. « C’est une demande
venue des entreprises qui cheminent
vers un modèle d’affaires plus durable,
mais qui étaient exclues des produits
issus de la première vague de la finance
durable », explique-t-il.
L’idée est astucieuse. Les institutions
financières prennent peu de risque,
puisque les prêts à la durabilité financent les activités habituelles des entreprises, et non des projets innovants. Et
les prêteurs en tirent des bénéfices
intéressants.
En juin 2019, BMO a annoncé qu’elle
allouerait 400 milliards de dollars canadiens à la finance durable d’ici 2025,
dont 150 milliards pour soutenir les entreprises qui visent le DD. En accordant
des prêts à la durabilité, les institutions financières font d’une pierre deux
coups, puisqu’elles atteignent aussi
leurs propres objectifs de DD. On s’en
doute, d’autres institutions financières
Le prêt à la durabilité,
c’est une demande venue
des entreprises
qui cheminent vers un
modèle d’affaires plus
durable, mais qui étaient
exclues des produits issus
de la première vague
de la finance durable
»
JONATHAN HACKETT
canadiennes sont en train de s’organiser pour offrir de tels prêts sous peu.
Les avantages
Qu’en est-il de l’efficacité de ces prêts ?
Contribuent-ils à migrer vers une
économie plus durable ? Leur attrait
réside, entre autres choses dans le
spectre des cibles. Celles-ci ne sont
pas seulement environnementales,
elles peuvent être sociales ou liées à la
gouvernance. Car une économie durable ne se limite pas à une économie
verte.
Ainsi, pour bénéficier d’une baisse de
taux, WSP doit atteindre trois cibles,
dont accroître la proportion de postes
de direction occupés par des femmes.
Prada, qui s’est vu accorder un prêt à la
durabilité de 73,5 milliards de dollars
canadiens en 2019, s’est engagée, entre
autres, à accroître le nombre d’heures
de formation de ses employés.
Ces prêts valent autant, ou aussi peu,
que les contrats qui les encadrent, souligne l’avocat Fabien Lanteri-Massa, associé au cabinet Blake, Cassels & Graydon. « Pour éviter l’écoblanchiment
et le socioblanchiment, deux associations de documentation juridique
composées de prêteurs et d’emprunteurs (LMA et LSTA) ont établi des
principes encadrant les documents de
prêts à la durabilité. »
Le prêt doit être lié à la stratégie de
DD de l’entreprise. « Si un client sollicite ce prêt mais qu’il n’a pas de stratégie de DD, nous allons l’inciter à prendre du recul pour évaluer les enjeux
sociaux et environnementaux auxquels font face son entreprise et son
secteur, et ce qu’il désire améliorer,
dit Jonathan Hackett, de BMO. Sinon,
ce type de prêt n’a pas de sens. »Le
contrat de prêt à la durabilité prévoit
aussi des cibles spécifiques et ambitieuses, une transparence et une reddition de comptes ainsi qu’un examen
par une tierce partie indépendante, qui
s’assure que le calcul est bon et que les
objectifs sont atteints.
Deuxième chance
On a parlé du rabais de taux dont bénéficient les emprunteurs qui atteignent les cibles environnementales
ou sociales auxquelles ils s’étaient engagés. Mais il y a plus, et c’est là une autre force de cet outil : certains contrats
prévoient une pénalité, hausse de taux,
si l’entreprise n’atteint pas ses cibles.
Le bon vieux principe de la carotte et
du bâton.
Toutefois, on a raffiné l’idée en ajoutant la notion de seconde chance. « Si
les institutions financières sont vraiment sérieuses lorsqu’elles affirment
vouloir contribuer au DD collectif à
travers ce produit, alors les sommes issues de la hausse de taux ne devraient
pas leur être retournées, explique l’avocat Fabien Lanteri-Massa. C’est pourquoi on évoque de plus en plus l’idée de
verser cette pénalité dans un fonds que
l’entreprise doit utiliser pour corriger
ce qu’elle n’a pas atteint la première
fois. Alors, le prêt à la durabilité remplit
vraiment son objectif : il incite les organisations à adopter des pratiques liées
au DD. »
On s’attend à ce que la demande pour
de tels prêts augmente au cours des
prochains mois. Par exemple, maintenant qu’Aliments Maple Leaf a ouvert
la voie, il ne serait pas étonnant que Saputo sollicite un prêt à la durabilité auprès de son institution financière. Rappelons qu’à la dernière assemblée annuelle, des actionnaires l’ont pressé
d’établir des cibles de réduction de son
gaspillage alimentaire. Ce serait un
bon point de départ pour un prêt à la
durabilité.
LEDEVOIR // LE LUNDI 9 MARS 2020
A6
ÉDITORIAL
DIRECTEUR BRIAN MYLES
Directeur des finances Stéphane Roger
Rédactrice en chef Marie-Andrée Chouinard
Chef des technologies Sylvain Coutu
Vice-présidente du développement Christianne Benjamin
L E D E VO I R // F O N D É PA R H E N R I B O U R A S S A L E 1 0 JA N V I E R 1 9 1 0 > FA I S C E Q U E D O I S !
FINANCES PUBLIQUES
La route sera longue
L
e Québec a réalisé des progrès majeurs en matière de
gestion des finances publiques et se retrouve aujourd’hui en bien meilleure posture qu’il y a dix ans.
L’exercice a été douloureux, et bien des services publics
ont pâti de la rapidité d’exécution. Mais le résultat est
là : on a retrouvé une certaine marge de manœuvre
pour réinvestir en santé et en éducation tout en réduisant la dette nette, ce qui se manifeste par une baisse significative de la place occupée par le versement d’intérêts sur les sommes empruntées.
JEAN-ROBERT
SANSFAÇON
Alors que les intérêts accaparaient 10 % des recettes
budgétaires au début de la décennie et même 15 %
10 ans plus tôt, ce ratio n’est plus que de 7,6 % (soit
1040 $ par habitant). La faiblesse des taux y est pour
quelque chose, évidemment, mais la diminution nette
de la dette en pourcentage du PIB au lieu des augmentations récurrentes auxquelles nous étions habitués explique aussi le phénomène.
En dépit de ces progrès, le versement d’intérêts occupe toujours le troisième rang dans les dépenses,
après la santé et l’éducation, et à 39,7 % du PIB, comparativement à 30,3 % pour la moyenne canadienne, la
dette nette du Québec est encore la plus élevée. Cela dit, nous avons comblé l’écart avec l’Ontario, qui n’est toujours pas parvenu à résorber les déficits annuels laissés par la dernière récession.
Depuis cinq ans, le gouvernement du Québec a enregistré des excédents
annuels totalisant pas moins de 21 milliards en incluant les sommes versées
au Fonds des générations pour réduire la dette. C’est beaucoup d’argent
pour une province pauvre, ce que nous sommes toujours comparativement
à la moyenne canadienne, dont le PIB par habitant est supérieur au nôtre
de 19,5 % (17,2 % pour l’Ontario). Ce qui explique que nous soyons encore
bénéficiaires de cette fameuse péréquation fédérale à hauteur de quelque
13 milliards de dollars cette année.
En somme, malgré quelques constats assez réjouissants, dont un taux de
chômage de 4,5 %, le plus bas de notre histoire contemporaine, le Québec
ne nage pas dans la richesse, même s’il aspire à une qualité de services publics de très haut niveau.
Dans une étude qu’il vient de publier, le bureau du Directeur parlementaire du budget (DPB) à Ottawa soutient que le gouvernement fédéral pourrait se permettre de réduire les impôts ou d’augmenter les dépenses de
41 milliards de dollars par année sans influer sur son ratio d’endettement.
Pour les provinces, c’est l’inverse : à cause du vieillissement de la population, il leur faudrait « augmenter les impôts et les taxes ou réduire les dépenses de l’ordre de 0,3 % du PIB (6 milliards en dollars) de façon permanente », notamment à cause des dépenses en santé.
Dans le cas du Québec, le DPB en arrive à la conclusion que ses finances
publiques sont « viables » à long terme. Mais en y regardant de plus près,
on constate que cette prévision optimiste inclut comme variable hypothétique des hausses récurrentes de revenus de péréquation dues à la faiblesse
de notre économie par rapport à la moyenne canadienne. Ce qui est une
moins bonne hypothèse !
Dans une autre étude publiée l’automne dernier par la Chaire en fiscalité
et finances publiques de l’Université de Sherbrooke, les chercheurs sont arrivés à la conclusion que la plus grande partie des surplus enregistrés récemment par le Québec était due au fait que notre économie avait obtenu
de meilleures performances que ce que son potentiel laissait prévoir. Un résultat inespéré dans un contexte qualifié d’austère par l’opposition, ou de
rigoureux par le gouvernement libéral en place.
En revanche, si les prévisions actuelles du ministère des Finances se
concrétisent, il faut s’attendre à ce que les prochains excédents budgétaires
soient plus fragiles, et même à ce que le Québec renoue avec les déficits
d’ici la fin de la décennie.
De ces différentes analyses, il ressort que le Québec a encore bien des
croûtes à manger pour combler l’écart qui le sépare des provinces comme
l’Ontario, l’Alberta, la Saskatchewan et la Colombie-Britannique. Le premier ministre albertain peut toujours se plaindre des difficultés de sa province, les Albertains seront encore pour longtemps les Canadiens qui gagnent les plus hauts salaires, qui paient le moins de taxes et dont la dette
provinciale est à peu près nulle.
Si le premier ministre François Legault et la CAQ aspirent à les rejoindre
au palmarès sans succomber à la tentation d’exploiter les hydrocarbures, il
faudra que le Québec forme mieux ses jeunes, qu’il incite les plus vieux à
poursuivre leur vie active, qu’il attire et intègre plus de travailleurs étrangers et convainque les entreprises, surtout les PME, d’investir beaucoup
plus pour améliorer leur productivité.
LETTRES
Combattre
la violence
par l’éducation
Après avoir lu l’éclairante chronique de Francine Pelletier sur la
violence faite aux femmes («La
guerre contre les femmes», Le Devoir, 7 mars 2020), une phrase du
poète québécois Gilles Vigneault
m’est venue en tête : « la violence
est un manque de vocabulaire ».
C’est aussi un signe de vulnérabilité, de détresse, de désespoir.
Comment comprendre, exprimer, extérioriser, maîtriser, surmonter nos émotions négatives,
la peur, la jalousie, la colère ?
Comment se valoriser autrement
que par l’argent, la consommation, l’apparence physique, le
contrôle, la domination ? Comment s’exprimer autrement que
par les menaces, les cris et les
poings ?
La connaissance de la langue
permet d’exprimer clairement
nos émotions et nos pensées,
même les plus complexes, les
plus subtiles. Les arts et la littérature peuvent nous ouvrir l’esprit,
nous sensibiliser, nous aider à
comprendre l’autre, sa réalité, ses
désirs, ses craintes, ses faiblesses, ses souffrances, au-delà
des différences d’âge, de sexe, de
langue, de religion, de couleur de
peau, d’orientation sexuelle.
La philosophie et l’éthique
nous apprennent à réfléchir, à
remettre en question nos sociétés, nos valeurs, nos préjugés,
nos comportements.
À l’ère de l’instantané, du
« post-humanisme », de la mécanisation et de la marchandisation
généralisée du monde et des
êtres, y a-t-il autre chose qu’une
lente et patiente éducation humaniste adaptée au XXIe siècle pour
améliorer les rapports entre
hommes et femmes, entre
humains tout court ?
Yann Leduc
Le 7 mars 2020
Aliénation, quand
tu nous tiens !
Les médiaux sociaux sont capables du meilleur comme du pire,
mais dans le pire, ils sont les meilleurs. À l’heure de la post-vérité,
où les faits ont moins d’importance que les émotions, même les
vérités scientifiques sont reléguées au rang d’opinions.
Jeudi dernier, Le Soleil rapportait les résultats d’une étude sur
la confiance des Québécois envers les médias, effectuée par le
Centre d’études sur les médias
de l’Université Laval et disponible sur Internet. Il n’est pas innocent que ce centre d’études
sur les médias soit situé à Québec, car la région fait figure de
cas particulier, même si le phénomène sur lequel se penche
l’étude, en l’occurrence l’érosion de la confiance de la population envers l’information véhiculée par les médias traditionnels et les réseaux sociaux, est
universel.
Tout peut devenir vrai ou faux
pour peu que des individus
LIBRE OPINION
Diagnostic et professions de la santé :
la fin d’une certaine exception québécoise
Marco Laverdière
Avocat, chercheur associé de la
Chaire de recherche du Canada sur
la culture collaborative en droit et
politiques de la santé de l’Université
de Montréal, enseignant à l’Université
de Sherbrooke et directeur général de
l’Ordre des optométristes du Québec
De façon un peu prévisible, la récente proposition du Collège des
médecins, appuyée par l’Ordre des
infirmières, visant à autoriser les
psychologues, sexologues, conseillers d’orientation et infirmières
à poser des diagnostics de troubles
mentaux, en fonction de leur
champ d’exercice, suscite des
réactions dans le milieu médical.
Rappelons que le même débat a
été soulevé l’an dernier en ce qui
concerne les infirmières prati-
ciennes spécialisées (IPS), alors
que le projet de loi 43, qui est toujours à l’étude à l’Assemblée nationale, vise maintenant à leur reconnaître ce droit.
À cette question lancinante visant à savoir si des professionnels
autres que des médecins peuvent
poser un diagnostic dans le cadre
de leur champ d’exercice, on répondrait habituellement « oui »
ailleurs au Canada et aux ÉtatsUnis, après un haussement
d’épaules, sans trop saisir pourquoi cette question est même
soulevée.
Pour comprendre pourquoi le
Québec a développé une approche plus restrictive à ce sujet,
il faut considérer que, depuis les
années 1970, et malgré les réformes intervenues depuis (« loi
90 » et « loi 21 »), les libellés des
champs d’exercice définis dans
les lois applicables indiquent que
le diagnostic est surtout réservé
aux médecins, alors que, pour
d’autres professionnels, il est
question de « l’évaluation » de la
condition d’un patient (le cas des
dentistes et des vétérinaires fait
exception).
Pour l’essentiel, le raisonnement
avancé à ce sujet est que le médecin est « le seul professionnel qui a
été formé et qui détient les
connaissances sur l’ensemble des
systèmes du corps humain ». Ce
n’est pas inexact et, bien sûr, c’est
ce qui fait que l’apport du médecin
est particulièrement appréciable
dans les cas les plus complexes.
Mais il est par ailleurs aussi vrai
que plusieurs professionnels de la
santé non médecins ont une expertise unique dans leur champ
d’exercice, de telle sorte que leurs
conclusions sur la présence d’une
dysfonction ou d’une condition
pathologique sera très fiable, voire
parfois davantage que celles d’un
médecin qui aurait des connaissances trop générales ou limitées
sur le cas en cause.
La Cour d’appel du Québec a
d’ailleurs déjà fait la part des
choses à ce sujet lorsque, en 2005,
elle a reconnu le droit pour les chiropraticiens de poser un diagnostic dans les limites de leur champ
d’exercice (2005 QCCA 189). Suivant le raisonnement avancé dans
ce jugement, on pourrait sans
doute dire que, sur le plan juridique, tous les autres professionnels de la santé qui peuvent de fa-
abonnés à tel ou tel influenceur
s’aliènent volontairement. Les
journaux sérieux peinent à combattre les mensonges par omission, à débusquer la vérité derrière les stratégies de communication tendancieuses qui ressemblent davantage à des
« pitchs » de vente, à accéder
aux données fiables sans passer
par la loi d’accès à l’information,
à vérifier et à nuancer les opinions polarisées qui circulent sur
les réseaux sociaux et la radio.
Le combat est-il inégal ? Qui a intérêt encore à ce que des journalistes d’enquête fassent publiquement ressortir les faits, les vérités,
si la demande s’affaiblit de plus en
plus chez les jeunes, les institutions politiques et les grandes entreprises privées ?
Georges Jodoin
Québec, le 6 mars 2020
Le Devoir,
de mère en fils
J’ai été camelot pour livrer Le Devoir quand j’avais 9 ans et j’en ai
maintenant… 72 ; ma mère ne jurait que par votre journal, et
c’était son plaisir quotidien.
Comme abonné je fais aujourd’hui le même constat que ma
mère quant à la qualité de votre
journal qui dépasse de loin beaucoup de journaux dans le monde.
Je dirais même que vous êtes
encore bien meilleur que dans
les années 1950… Merci de garder le flambeau et de l’attiser
continuellement.
Michel Léveillé
Montréal, le 7 mars 2020
çon autonome mettre au jour un
problème de santé et ensuite proposer un traitement seraient déjà
autorisés à poser un diagnostic, là
encore évidemment, en tenant
compte des limites de leur champ
d’exercice. Il ne manquerait donc
que la reconnaissance législative à
ce sujet.
Mais on comprend bien qu’il y a
manifestement d’autres enjeux
plus concrets qu’un seul changement de terminologie législative
consistant à remplacer « évaluation » par « diagnostic ». Pour les
professionnels intervenant en
santé mentale, c’est, semble-t-il,
celui de l’accès à des ressources
pour les patients, alors qu’un diagnostic est parfois exigé à cette fin.
Au-delà de la question du diagnostic, il semble d’ailleurs y avoir un
assez large consensus parmi les
professionnels concernés sur l’importance de régler ces véritables
problèmes.
Dans l’état actuel des choses, en
tenant compte des précédents jurisprudentiels et de l’environnement nord-américain, il est certainement possible d’y parvenir en
reconnaissant toute la valeur du
diagnostic médical, mais sans le
« sanctuariser » et sans nier l’existence de la capacité de diagnostiquer d’autres professions.
LEDEVOIR // LE LUNDI 9 MARS 2020
Directeur de l’information Florent Daudens
Adjoints Dominique Reny, Louise-Maude Rioux Soucy
Adjoints Baptiste Barbe, Paul Cauchon, Valérie Duhaime,
Directrice artistique Claire Dazat
Louis Gagné, Jean-François Nadeau, Anabelle Nicoud
Directeur de la production Christian Goulet
IDÉES
Le collège Gérald-Godin
renie sa raison d’être
André Campagna
Directeur fondateur du collège GéraldGodin (1996-2001)
Le journal Le Devoir nous informait le
2 mars 2020 du projet du cégep GéraldGodin de créer à Vaudreuil-Dorion
avec le collège anglophone John-Abbott
et le collège Valleyfield, un campus bilingue offrant des DEC dans les deux
langues.
C’est oublier que le collège GéraldGodin a été créé en 1995 par le gouvernement Parizeau non seulement pour
offrir aux francophones du « West Island » l’accès aux études collégiales en
français à proximité, mais aussi pour
endiguer l’anglicisation galopante des
non-anglophones par l’accès au seul cégep de la région, John-Abbott. Deux ans
plus tard, en 1997, sur proposition du
Collège, le gouvernement Bouchard
ajoutait une deuxième institution culturelle dans l’Ouest-de-l’Île, la salle
Pauline-Julien. Puis en 1998, l’UQAM,
à l’invitation du Collège, ouvrait une
antenne dans le même secteur. Également en 1998, grâce à la déconfessionnalisation des commissions scolaires
par la ministre de l’Éducation, Pauline
Marois, advenait la création de la Commission scolaire francophone Marguerite-Bourgeoys, dans le secteur ouest
de l’île de Montréal.
En quelques années donc, à la veille
du tournant du siècle, l’Ouest-de-l’Île
est passé de zéro à quatre grandes institutions de langue française et de culture québécoise, en cet unique milieu
minoritaire francophone alors au Québec. L’élan visionnaire donné par le
premier ministre Jacques Parizeau et
par le collège Gérald-Godin a donc
porté des fruits et a répondu à la demande historique de l’Association des
francophones de l’Ouest-de-l’Île.
Concernant la région de VaudreuilDorion et le besoin de sa clientèle anglophone minoritaire, elle est déjà bien
desservie par le collège John-Abbott situé à Sainte-Anne-de-Bellevue, plus
proche de ce secteur que les autres collèges. En ce qui concerne les francophones majoritaires, le collège de Valleyfield a déjà à Vaudreuil-Dorion une
antenne et, grâce à une mise en commun avec Gérald-Godin, il serait possible de créer un campus de plus grande
envergure dans cette région à majorité
francophone (66 % selon le chercheur
Frédéric Lacroix), en forte croissance
démographique située à l’extrême
ouest du Québec, à la frontière de l’Ontario et au cœur du Suroît.
Dans ce contexte, ai-je besoin de dire
qu’en lisant l’article du Devoir du
2 mars, je suis presque tombé en bas de
ma chaise. Comment le cégep GéraldGodin, comment sa direction, comment son conseil d’administration,
20 ans après l’ouverture de ses portes,
a-t-il pu faire ce virage à 180 degrés
pour devenir le porteur et le porteparole même, semble-t-il, voire le
complice, d’un projet qui, dans les faits
(les tendances exposées par Lacroix
sont si claires), contribuera à accentuer
l’anglicisation régionale de la jeunesse,
et, à moyen terme, à réduire l’importance de la présence francophone dans
cette région limitrophe, déjà exposée à
l’influence anglophone.
Et encore plus, le cégep Gérald-Godin
risque « d’être le dindon de la farce »
dans ce projet. Non seulement, son
campus principal à Sainte-Geneviève
perdrait une large partie de sa clientèle
provenant de Vaudreuil-Dorion, alors
que stagnent déjà ses effectifs, mais
en plus l’offre de DEC en anglais à
Vaudreuil-Dorion, ajoutera l’espace
physique manquant à John-Abbott pour
accueillir plus d’étudiants non anglophones (allophones et francophones)
selon la forte tendance démontrée par
Frédéric Lacroix. Le cégep GéraldGodin participerait ainsi à ce que certains appellent la « westlandisation »
du Suroît ! Le collège irait exactement
à l’opposé de sa raison d’être !
Dans un campus bilingue, la clientèle
anglophone serait en croissance continue, comme dans l’île de Montréal, au
détriment des francophones.
Et, cela est d’autant plus aberrant de
la part du collège Gérald-Godin qu’il y
a quelques années, « il s’en est fait
passer une petite vite » par le John Abbott College et en subit encore les
conséquences. Je connais bien le début de l’histoire pour en avoir été un
acteur. Dans la lettre fondatrice du
Collège du ministre de l’Éducation
Jean Garon, il avait invité le conseil
d’administration du Collège à considérer la création d’un nouveau programme technique en relation avec
l’importante industrie pharmaceutique de l’Ouest-de-l’Île. Dès 1997,
avant même l’ouverture du Collège, la
direction en a fait une priorité ainsi
que les directions qui s’y sont succédé.
Il y a une dizaine d’années, le ministère de l’Éducation autorisait le Collège à offrir le nouveau programme
d’études techniques en fabrication
pharmaceutique. Un programme à autorisation très limitée vu la dimension
relative de l’industrie. Selon la politique
Le cégep
GéraldGodin
participerait
à ce que
certains
appellent
la « westlandisation »
du Suroît
AUTOCHTONES
Rétablissons de bonnes relations
avec la nation mohawk
Pierre Trudel
Chargé de cours, UQAM, et membre de la
Chaire de recherche du Canada en études
québécoises et canadiennes
Les propos du premier ministre du
Québec quant à la présence d’AK-47 sur
le territoire de Kahnawake ont provoqué des réactions très négatives dans la
population de Kahnawake. La plupart
des acteurs sociaux de cette communauté, y compris le chef de la police, ont
vivement dénoncé ces paroles qualifiées de provocatrices et d’irresponsables. Les médias mohawks montrent
bien comment de tels propos portent
atteinte aux bonnes relations entre la
nation québécoise et la nation mohawk.
Tout comme le font le Conseil mohawk
de Kahnawake, les Gardiens de la Paix
(les policiers), les Maisons longues (traditionalistes) et les manifestants mohawks auprès de leur communauté,
M. Legault doit rassurer les Québécois
en les informant que les manifestants
n’ont jamais eu l’intention de faire
usage d’armes à feu. Tous ont été clairs
sur cette question. Trente ans après la
crise d’Oka, il s’agit d’un acquis important que nous partageons entre nos nations. Ne risquons pas de perdre ce que
nous partageons.
Selon le premier ministre, la Sûreté
du Québec aurait pu intervenir sur le
territoire de Kahnawake, « si possible », avec l’appui des Gardiens de la
Paix. Cela signifie que les agents de la
SQ, armés, pourraient se retrouver face
à d’autres agents de la paix, également
armés, et que la SQ devrait mettre les
autres policiers en état d’arrestation
pour obstruction. Qui veut de cette situation ? Personne ne souhaite une
telle détérioration des rapports avec la
nation mohawk. Le premier ministre
se doit de clarifier la situation au sujet
des règles d’intervention de la SQ à
Kahnawake. Il doit également intervenir afin de faire reculer les préjugés que
ses propos ont suscités auprès de la population québécoise.
Si la SQ n’est pas intervenue, c’est
parce qu’il n’y a pas eu de demande
d’assistance de la part des autorités policières de Kahnawake. Ces règles sont
Les gouvernements sont à la fois juges et parties, ce qui ne facilite en rien la résolution des conflits
avec les populations des Premières Nations.
JACQUES NADEAU LE DEVOIR
établies dans l’entente trilatérale entre
le Conseil mohawk de Kahnawake, le
gouvernement fédéral et celui du Québec. D’autre part, les trois conditions —
fondement juridique, nécessité d’agir et
urgence de la situation — qui pourraient
justifier une intervention de la SQ et qui
ont été établies par le coroner Guy Gilbert à la suite de la mort du caporal Marcel Lemay à Oka en 1990, n’étaient pas
réunies. Ce rapport avait conclu à une
intervention inappropriée de la SQ, qui
a depuis longtemps mis en œuvre les recommandations du coroner. Il est primordial que la SQ maintienne les rapports harmonieux qu’elle entretient
avec les Gardiens de la Paix de Kahnawake. Les policiers de Kahnawake ont
déclaré qu’ils n’avaient nullement l’intention de mettre en œuvre l’injonction
accordée au Canadien Pacifique. Cette
compagnie a précisé aux médias mohawks que l’injonction demandée visait
à ce que d’autres blocages ne se reproduisent pas sur le territoire du Québec.
À Kahnawake, elle a continuellement
souhaité une solution négociée. Manifestement, le Canadien Pacifique tient
à maintenir de bonnes relations.
Consentement préalable
Le litige actuel avec les Wet’suwet’en
concerne le « consentement préalable,
libre, et éclairé » des Autochtones au
sujet d’un projet de gazoduc sur leur
territoire. La Commission des droits de
la personne de la Colombie-Britannique a récemment relevé qu’il y a eu
atteinte à ce droit que possèdent les
Chefs héréditaires. Elle dénote aussi
La solution
à l’impasse
actuelle
passe par un
mécanisme
indépendant
des gouvernements
A7
historique du ministère de l’Éducation,
ce type de programme est limité à un
collège, sinon à quelques collèges très
distancés pour répondre à des besoins
régionaux distincts.
Cette fois, le ministère de l’Éducation s’est permis une brèche à sa politique historique. Que s’est-il passé ?
Sans doute, le lobbying du John Abbott College (qui était déjà actif en
1999) a été si puissant, auprès du gouvernement Charest (je crois), que le
programme lui a aussi été autorisé.
Aujourd’hui, ce programme est moribond à Gérald-Godin et débordant de
santé à John-Abbott d’après ce qu’on
m’en a dit.
En bref, « win » pour ce dernier, et
« perte » pour Gérald-Godin qui avait
travaillé pendant une dizaine d’années
pour développer ce programme en
étroite collaboration avec l’industrie
pharmaceutique.
Est-ce qu’un nouveau, « win-perte »
se prépare au détriment, cette fois, de
deux collèges de langue française dans
une nouvelle région, celle-là à majorité
francophone (pour combien de
temps) ? Tout l’indique !
L’article du Devoir nous apprend que
le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur étudie ce projet
de campus bilingue des trois collèges.
Souhaitons que le ministre consulte
aussi le chef du gouvernement du
Québec qui connaît on ne peut mieux
le contexte du « West Island », lui qui a
vu le jour à Sainte-Anne-de-Bellevue,
lui qui s’est imposé le voyagement
quotidien de dizaines de kilomètres,
pendant des années, pour aller étudier
dans un cégep de langue française du
centre de l’île. Et enfin lui qui s’est réjoui le 6 mars 2000 de la création
d’un cégep de langue française dans
l’Ouest-de-l’Île en présidant à l’inauguration du collège Gérald-Godin à titre de ministre de l’Éducation.
P.S. Concernant l’« emballement »
émouvant de la Fédération des cégeps
pour ce projet de campus bilingue, il
faut lui accorder que celle-ci est cohérente avec son passé : il y a 25 ans, en
1995, la Fédération s’était opposée à la
création d’un cégep de langue française dans le « West Island ».
que la GRC a fait usage de force excessive à l’endroit des manifestants. En
1997, les Chefs héréditaires ont été reconnus par la Cour suprême comme les
détenteurs des droits ancestraux de
leur nation hors des réserves. Cette reconnaissance aurait dû mener à la signature d’un traité qui tienne compte
de cette nouvelle norme juridique appuyée par le Canada lorsqu’il a adopté
une motion appuyant la Déclaration
des Nations unies sur les droits des peuples autochtones. Le premier ministre
du Québec, qui a également appuyé la
Déclaration des Nations unies, devrait
intervenir en ce sens. Il devrait faire des
représentations auprès de ses homologues afin que la « paix des braves »,
complément à un traité moderne, soit
la Convention de la Baie James et du
Nord québécois, se produise également
chez les Wet’suwet’en dans le Nord de
la Colombie-Britannique, tout comme
il souhaite qu’elle s’étende à toutes les
nations autochtones au Québec.
Les gouvernements sont à la fois juges
et parties, ce qui ne facilite en rien la résolution des conflits comme ceux qui
sont au cœur des revendications de la
nation wet’suwet’en. La solution à l’impasse actuelle passe par un mécanisme
indépendant des gouvernements.
Plutôt que d’exagérer nos différences,
il importe dans cette situation de mettre
en lumière ce que nous avons en commun. D’une part, il est d’intérêt public
que les populations qui ont tissé de
longues relations avec des territoires
éloignés méconnus de la plupart des Canadiens et des Québécois puissent bénéficier d’une nouvelle norme juridique
qui accroît leur participation au processus décisionnel. D’autre part, le chef de
Kahnawake, Joe Tokwiro Norton, et le
secrétaire de la Maison longue (traditionaliste), Kenneth Atsenhaienton Deer,
ont tous les deux affirmé que cette lutte
en appui aux chefs héréditaires wet’suwet’en constitue également une lutte
contre les changements climatiques.
Le Québec est directement concerné
par le fait que de vastes parties de son
territoire n’ont pas fait l’objet de traité.
Des « traditionalistes » sont également
présents parmi les nations autochtones
au Québec. Le premier ministre Legault doit prendre l’occasion de cette
crise pour appuyer l’engagement du
gouvernement fédéral à mettre en œuvre la recommandation de la Commission royale sur les peuples autochtones
(1996) au sujet de la réunification des
nations autochtones, ce qui participerait à créer des conditions d’une meilleure gouvernance. Tirons profit de
cette « crise » pour regarder vers l’avenir plutôt que d’associer la nation mohawk à des armes de guerre !
LEDEVOIR // LE LUNDI 9 MARS 2020
A8
ACTUALITÉS
calculer au jour le jour son empreinte
écologique, Began, une autre visant à
guider les consommateurs souhaitant
devenir Vegan, Canary, une appli proposant hôtels, circuits et itinéraires aux
personnes ayant choisi une destination
voyage, et Green Thumb, un outil numérique gardant la trace des tâches précises à réaliser dans son propre jardin.
Comme la majorité des 4800 élèves
du Wagon formés depuis six ans dans
35 villes à travers le monde, la cohorte
montréalaise attire des candidats de
tous âges qui effectuent un changement radical de carrière, rêvent de lancer leur propre start-up ou de devenir
développeurs pour d’autres entreprises.
Diplôme exigé ? Aucun.
Défaire les codes
Le « boot camp » du Wagon vise à encourager la diversité dans le milieu de la technologie
ISABELLE PARÉ
LE DEVOIR
C
es élèves n’ont pas la
bosse des mathématiques et n’ont pas non
plus passé leur adolescence le nez collé sur
un écran, une tuque
vissée sur la tête. Elles et ils ont 25,
30 ans ou plus de 40 ans et, pourtant, ils
ont choisi de plonger dans l’univers binaire du code et souhaitent bousculer
le monde très masculin de la « tech ».
En ce matin de février, ça bourdonne dans les locaux de La Gare, un
espace de cotravail situé dans le Mile
End, un endroit couru par les développeurs de jeunes pousses du milieu des
technologies. De jeunes femmes, des
mères de famille — et des hommes
aussi —, planchent depuis quelques
semaines neuf heures par jour sur
l’apprentissage du code et l’a b c des
logiciels et applications Web.
Du groupe, 60 % sont des femmes,
de nationalités multiples, issues de
professions et de milieux aussi hétéroclites que la santé, les arts artisanaux,
les affaires, le marketing ou la mode.
Rien à voir avec l’image lambda du
« super geek » et de la monoculture
masculine qui règne dans plusieurs
« tech » du quartier.
À preuve, la « salle de classe » réunit
ce jour-là un adepte du massage
shiatsu et de la médecine chinoise, une
ex-athlète de haut niveau, une spécialiste du design textile et des diplômés
de tous horizons, venus notamment du
milieu du commerce et des affaires.
« Parmi nos élèves, il y a huit femmes,
deux personnes non binaires et huit
hommes. On est très loin du profil type
du milieu, qui ne compte que 20 % de
femmes. Cette diversité des genres et
des expériences de travail change les
perspectives et a même une influence
sur les applications et les projets qui seront développés », affirme Marie-Gabrielle Ayoub, directrice de l’école Le
Wagon. La mère de jeunes enfants a
elle aussi fait une croix sur un emploi
dans le milieu de la santé pour sauter
dans l’aventure numérique.
Parmi les projets qui naîtront de ce
«boot camp» de codage pour non-initiés,
des applications aussi diverses que
Day-0 (Zéro), une plateforme visant à
La « salle de
classe »
réunissait ce
jour-là un adepte
du massage
shiatsu et
de la médecine
chinoise,
une ex-athlète
de haut niveau,
une spécialiste
du design textile
et des diplômés
de tous horizons.
PHOTOS
MARIE-FRANCE
COALLIER
LE DEVOIR
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Montréal (Québec) H2L 4X4
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Courriel
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Pas la bosse des maths
« Moi, j’étais nulle en maths et j’avais
l’impression, comme bien des gens, de
ne pas avoir le profil recherché pour travailler dans le milieu des technologies.
Ici, l’apprentissage est basé sur la logique
et sur la pratique. On teste, on fonctionne par essai-erreur : notre but c’est
trouver des solutions à des problèmes»,
souligne Marie-Gabrielle Ayoub.
« Il faut démythifier le profil des gens
intéressés par la tech. On n’est pas tous
des petits jeunes maigrichons confinés
derrière leurs écrans, des “Mark
Zuckerberg”, dit Camille Paiement,
une jeune dans la vingtaine. « Moi je
suis une femme, je suis noire, j’étais
vraiment pas une étudiante “A”, mais
j’ai pu faire ma place en y amenant
mon expérience passée. »
L’ex-athlète, qui a étudié et s’est entraînée au sprint pendant quatre ans
grâce à une bourse décochée dans une
université américaine, veut développer
sa propre application après s’être frottée
à la psychologie et au design de l’expérience-utilisateur à New York. «J’aimerais créer une plateforme pour promouvoir l’achat de produits bios et locaux où
les utilisateurs pourront amasser des
points. Si on veut changer les comportements et faire plus pour l’environnement, récompenser l’achat local fait
partie de la solution », pense-t-elle.
Professeure en design textile au cégep
du Vieux-Montréal, Vicky André, à
43 ans, a elle aussi déjà toute une feuille
de route derrière elle. Formée aux arts
visuels en France, elle a butiné dans les
domaines de la mode et des accessoires
avant de bifurquer vers le design de tissus. En voulant lancer son premier catalogue en ligne pour ses clients, elle s’est
heurtée à un mur avec le développeur.
« J’ai choisi de le faire moi-même et,
pour ça, il fallait que je plonge dans la
programmation. La technologie, c’est un
moyen, l’idée artistique reste au cœur de
la démarche. La technologie permet
juste d’explorer d’autres possibilités.»
À l’image de leurs élèves, les professeurs du Wagon, comme Stéphane, ont
aussi roulé leur bosse dans d’autres domaines avant de craquer pour le code et
de passer à travers l’expérience du
«boot camp». «J’ai eu sept vies avant de
venir ici, notamment comme massothérapeute. Le côté humain et collaboratif, la communauté répartie dans 30
pays, ç’a été un réel plus pour moi.»
L’expérience collective des milliers de
diplômés du Wagon sert en effet à nourrir les étudiants, qui ont un libre accès à
leurs conseils et aux 1300 applications
développées en cours de formation un
peu partout dans le monde. À Paris, seulement, cette petite école du code a
donné naissance à plus de 100 start-up,
certaines plus atypiques que d’autres, à
l’image de la diversité de ses élèves.
Notamment celle de Fiona, une Française créatrice d’une marque de tampons
100% bios et écologiques, scandalisée
«que la composition des protections féminines [soit] à peu près aussi peu encadrée que celle du papier toilette». «On
avait tout pour ne pas [être] sexy aux
yeux des investisseurs: […] un produit de
consommation courante, que la majorité
des investisseurs [hommes] n’utilisent
pas, dirigée par une femme de moins de
30 ans, dont c’est la première entreprise!» Un peu de code, beaucoup de
créativité et 20 000euros plus tard, les
tampons bio My Holy étaient nés.
« Je crois que les femmes, ou toute
autre personne qui se perçoit comme
ayant des barrières pour devenir développeur ou mieux comprendre le milieu de la programmation, peuvent le
faire. C’est très créatif et simplement
logique. Notre plus jeune élève avait
18 ans, notre doyen, 60 ans. Peu importe d’où on vient, ça s’apprend. »
PETITES ANNONCES
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dont la cause, les produits ou les services peuvent intéresser ses lecteurs. Si vous ne souhaitez pas recevoir de
correspondance de ces organisations, veuillez en avertir notre service à la clientèle. Le Devoir est publié du
lundi au samedi par Le Devoir inc., dont le siège social
est situé au 1265, rue Berri, 8e étage, Montréal (Québec)
H2L 4X4. Il est imprimé par Imprimerie Mirabel inc.,
12800, rue Brault, Saint-Janvier de Mirabel, division de
Québecor Media, 612, rue Saint-Jacques Ouest, Montréal, qui a retenu pour la région de Québec les services
de l’imprimerie du Journal de Québec, 450, avenue
Béchard, Québec, qui est la propriété de Corporation
Sun Media, 612, rue Saint-Jacques Ouest, Montréal. Envoi
de publication — Enregistrement no 0858. Dépôt légal :
Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2007.
LEDEVOIR // LE LUNDI 9 MARS 2020 / CAHIER B
MONDE
Le Liban dépose
le bilan | B 2
CULTURE
LE DEVOIR DE CITÉ
Le piège des belles écoles | B 5
Les trois sœurs,
clouées au sol
B7
MONDE
PRIMAIRES DÉMOCRATES
Biden
ou Sanders ?
FRANÇOIS BROUSSEAU
L
a possibilité — aujourd’hui crédible — que
Joe Biden puisse devenir, en novembre, le
« tombeur » de Donald Trump, a des petits
airs de restauration. Biden a été le vice-président de Barack Obama ; il a déjà passé huit
ans à la Maison-Blanche.
Dans la campagne des primaires démocrates — qui a connu,
il y a six jours, une simplification spectaculaire en sa faveur —,
Biden est redevenu le favori du camp dit «modéré» ou centriste (aussi appelé «camp de l’establishment»), contre le dernier adversaire sérieux qu’est désormais Bernie Sanders.
Sanders a pris, lui, la posture de la rupture, du révolutionnaire socialiste — ce qui, avant l’irruption en 2016 de ce sénateur solitaire, ancien maire de Burlington, était sans précédent à ce niveau en politique américaine. Mais attention
aux raccourcis et aux illusions d’optique…
Le duel qui s’est dessiné cette semaine après le Super Tuesday commence à prendre forme.
SCOTT OLSON ET KYLE RIVAS GETTY IMAGES / AFP
Restauration? Retour à «l’avant-Trump»? Comme si ces
trois années de présidence Trump n’étaient qu’un moment
d’égarement, un mauvais rêve vite effacé ?
Faux et impossible. Une défaite de Trump, oui, est plausible cet automne, malgré un système électoral qui forcera son
adversaire démocrate à le battre par au moins trois ou quatre
points de pourcentage pour emporter le collège électoral.
Mais un tel résultat n’effacera jamais ce qui s’est produit (ou
accentué) depuis novembre 2016 : un nouveau rapport à la
réalité, la montée des fake news (à la fois dénoncée et célébrée
chaque jour par Trump), le désintérêt populaire face à la politique, ou le radicalisme de ceux qui s’y impliquent toujours
(pro ou anti-Trump), l’effondrement du centre, du dialogue
et du « bipartisanisme » jadis constitutif du jeu parlementaire, le radical déclin international des États-Unis, etc.
Un éventuel président Biden occuperait un terrain politique profondément bouleversé par l’épisode Trump, dans
un pays divisé comme jamais. Biden président ne serait pas
un « Obama bis ».
Biden, candidat de la droite du parti? Pas vraiment. Qu’il
y ait aujourd’hui des caciques du Parti démocrate bousculés,
voire effrayés par l’efficace campagne de Bernie Sanders, le
« révolutionnaire » du Vermont, et qui voient dans Joe Biden
celui qui aurait le plus de chance dans un face-à-face avec
Trump : c’est vrai.
Pourtant, comme le faisait valoir ce week-end l’économiste Thomas Piketty dans Le Monde (à la suite de John R.
MacArthur, la semaine dernière dans ces pages), Sanders a
souvent de meilleurs sondages que Joe Biden dans les simulations face à Trump. Et il est celui qui serait le plus à même
de mobiliser en faveur des démocrates le vote des plus
jeunes et celui des plus pauvres.
Sanders, un socialiste révolutionnaire? Non. Ici, on paraphrasera le chroniqueur Paul Krugman, dans plusieurs textes
récents : Bernie Sanders n’est pas si à gauche qu’on le croit… et
qu’il le dit lui-même ! Son discours de « rupture révolutionnaire» est une posture autant qu’un véritable programme.
Sanders est un social-démocrate à l’européenne. Il est
pour les impôts et les dépenses publiques en matière d’éducation et de santé pour tous.
Qui plus est, dans le débat des derniers mois — c’était l’argument de Frank Bruni samedi dans le New York Times— il a gagné
la bataille des idées et tiré vers la gauche presque toute la cohorte
des candidats. La taxe sur le patrimoine des riches faisait aussi
partie du programme de Warren, Biden… et même Bloomberg!
Biden a un plan de… 1700milliards de dollars pour le climat.
Mais Sanders, par son ton, son intransigeance, son refus
du compromis et des alliances, transmet une odeur de dogmatisme (qui ne signifie pas extrémisme). Sans oublier certains de ses partisans, prompts à crier à la trahison et à haïr
leurs adversaires, y compris démocrates : miroir inversé – en
fait d’ardeur militante — des milieux pro-Trump.
Et puis, il y a ce passé « philo-soviétique » bien documenté, qui fournirait, cet automne, des cibles de choix aux
fauves du camp opposé. D’où cette idée que, malgré ses
bons chiffres actuels, une candidature Sanders ne tiendrait
pas la distance face à la machine Trump.
La mission unique — et peut-être brève — de Joe Biden cet
automne : mettre fin à cette présidence… puis passer rapidement la main.
François Brousseau est chroniqueur d’information
internationale à Ici Radio-Canada.
Bernie Sanders et Joe Biden
cumulent les appuis
Kamala Harris a décidé d’apporter son appui à Biden dimanche,
et un célèbre militant des droits civiques a rejoint le camp Sanders
MICHAEL MATHES
À WASHINGTON
SÉBASTIEN DUVAL
À DÉTROIT
AGENCE FRANCE-PRESSE
La sénatrice noire Kamala Harris pour
l’un, le célèbre militant des droits civiques Jesse Jackson pour l’autre : Joe
Biden et Bernie Sanders ont chacun
reçu dimanche un soutien de poids à
deux jours de leur premier « tête-àtête » de la primaire démocrate.
Le duel qui s’est dessiné cette semaine
après le Super Tuesday commence à
prendre forme, et les deux septuagénaires voient leurs troupes grossir à l’approche d’un autre gros mardi électoral.
Alors que six nouveaux États (Dakota
du Nord, Idaho, Michigan, Mississippi,
Missouri et Washington) se prononceront dans la course à l’investiture démocrate pour la présidentielle, Joe Biden, 77 ans, a reçu le ralliement d’une
ancienne rivale, Kamala Harris.
La sénatrice de 55 ans, qui espérait
devenir la première présidente noire
des États-Unis, avait fait un début de
campagne remarqué, prenant notamment à partie l’ancien vice-président
sur la question raciale lors d’un débat
télévisé en juin.
Mais le soufflé est vite retombé pour
l’ancienne procureure de Californie,
qui a jeté l’éponge en décembre faute
de fonds suffisants pour financer sa
campagne, et laisse désormais derrière
elle ses différends avec Joe Biden.
« Je crois vraiment en Joe, que je
connais depuis longtemps. Nous avons
aujourd’hui besoin d’un dirigeant qui
se préoccupe vraiment des gens et peut
donc les rassembler. Et je pense que
Joe peut y parvenir », affirme-t-elle
dans une vidéo publiée dimanche sur
son compte Twitter.
Sur le même réseau, l’intéressé l’a remerciée d’avoir « consacré sa carrière
à se battre pour les laissés-pourcompte », souvent aux côtés de son fils
Beau Biden, lui-même ancien procureur du Delaware et décédé en 2015.
Anciens adversaires
Pete Buttigieg, Amy Klobuchar, Beto
O’Rourke, Mike Bloomberg… Au nom
du « rassemblement » nécessaire pour
éviter l’éparpillement des voix, les ralliements à Joe Biden se sont multipliés
depuis ses succès en Caroline du Sud et
lors du Super Tuesday.
Tous ont estimé qu’il était le mieux
placé parmi les modérés pour faire barrage à Bernie Sanders, dont les idées très
à gauche pour les États-Unis font peur au
sein de l’establishment démocrate.
L’appareil du parti s’est mis en
marche pour mettre hors course le sénateur du Vermont, a encore analysé
samedi soir sur Twitter le président républicain, Donald Trump.
« Les démocrates ne veulent pas entendre parler de Bernie le dingue. Truqué ? », a-t-il écrit, se demandant notamment pourquoi Elizabeth Warren
ne s’était pas retirée avant le Super
Tuesday, ce qui a coûté des voix à Bernie Sanders.
La sénatrice progressiste, qui a quitté
vendredi la course à la Maison-Blanche
après une série de revers cuisants, n’a
encore officiellement apporté son soutien à aucun des deux grands candidats
encore en lice.
Soutien significatif pour Sanders
Dans le duel qui l’oppose désormais à
Joe Biden, Bernie Sanders, 78 ans, a
lui aussi reçu dimanche un soutien significatif : celui de Jesse Jackson,
l’une des figures du combat pour les
droits civiques.
«Bernie Sanders représente la voie la
plus progressiste» pour permettre aux
Afro-Américains de rattraper leur retard
d’un point de vue économique et social,
a expliqué le pasteur, une «prise» de
choix pour le socialiste autoproclamé
moins populaire que son rival auprès de
l’électorat noir.
Figure très respectée au sein de la communauté afro-américaine, Jesse Jackson
a contribué à «changer la politique américaine» et à «transformer le pays aux côtés de Martin Luther King», a salué Bernie Sanders, «très fier» de ce soutien.
Les deux hommes doivent s’afficher
ensemble dimanche lors d’une réunion
de campagne à Grand Rapids, dans le
Michigan, un État également convoité
par Joe Biden, soutenu localement par
la gouverneure Gretchen Whitmer.
« Joe a été là pour le Michigan quand
nous étions dos au mur », confie cette
dernière, en référence notamment à
ses efforts pour sauver l’industrie automobile de la faillite après la crise financière de 2008, lorsqu’il était vice-président de Barack Obama.
« Je pense que l’élection sera serrée
dans le Michigan », a prédit la gouverneure de cet État de la Rust Belt, région
industrielle du nord des États-Unis.
Je crois vraiment en Joe,
que je connais
depuis longtemps
»
KAMALA HARRIS
LEDEVOIR // LE LUNDI 9 MARS 2020
B2
MONDE
EN BREF
La Corée du Nord
tire trois projectiles
SÉOUL — La Corée du Nord a tiré
lundi trois projectiles non identifiés, a indiqué l’armée sud-coréenne, quelques semaines après
l’annonce par Pyongyang de la fin
de son moratoire sur les essais de
missiles balistiques de longue
portée. Les trois projectiles ont
été tirés depuis la région de Sondok, sur la côte est, en direction
de la mer du Japon, a indiqué dans
un communiqué l’état-major sudcoréen, sans autre détail. La Corée du Nord a annoncé il y a une
semaine que Kim Jong-un avait supervisé un «tir d’artillerie de
longue portée», après que Pyongyang eut menacé de faire la démonstration d’une nouvelle arme.
Agence France-Presse
Erdogan compte
amorcer des
discussions avec l’UE
ANKARA — Le président turc, Re-
cep Tayyip Erdogan, a annoncé se
rendre lundi en Belgique afin de
discuter de la question migratoire
avec des responsables de l’Union
européenne, peu après avoir appelé la Grèce à «ouvrir les portes »
aux migrants. «Je vais avoir une
rencontre avec des responsables
de l’Union européenne demain en
Belgique », a-t-il déclaré dimanche lors d’un discours à Istanbul retransmis à la télévision. À
Bruxelles, on a annoncé que
M. Erdogan allait rencontrer lundi
à 18 h (13 h à Montréal) le président
du Conseil européen, Charles Michel, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von
der Leyen. Des milliers de migrants tentent de passer la frontière entre la Turquie et la Grèce
depuis que le président turc a annoncé le 29 février qu’il cessait de
respecter un accord de mars 2016
avec l’Union européenne, prévoyant que les migrants restent en
Turquie, en échange d’une aide financière européenne à Ankara.
Agence France-Presse
Une femme réfugiée tenait
son enfant dans ses bras à Lesbos,
en Grèce, dimanche.
LOUISA GOULIAMAKI AGENCE FRANCE-PRESSE
Sur fond de crise, les Libanais se sont rendu compte que le système bancaire est extrêmement fragile.
JOSEPH EID AGENCE FRANCE-PRESSE
Le Liban dépose le bilan
Le premier ministre a annoncé samedi que son pays était
en défaut de paiement pour la première fois de son histoire
HALA KODMANI
À PARIS
LIBÉRATION
Attendue depuis plusieurs semaines, la
faillite du Liban est officiellement déclarée. À deux jours de la date fatidique
marquant l’échéance d’un remboursement de 1,2 milliard d’euro-obligations
de la dette publique du pays, le premier
ministre, Hassan Diab, a annoncé que
le Liban n’était pas en mesure d’honorer cette dette. Ce premier défaut de
paiement de l’histoire du pays entraînera une restructuration de la dette,
après négociations avec les créanciers.
Le premier ministre a promis d’engager une série de réformes structurelles
qui constitueront un test décisif pour
son gouvernement de technocrates,
controversé depuis ses débuts, mi-février. Le Liban est en effet secoué depuis octobre par un mouvement de
contestation populaire inédit contre
une classe politique accusée de corruption et d’incompétence.
Comment le pays en est-il arrivé là?
Le miracle libanais ne pouvait durer.
« Dégoulinant de dettes », selon l’expression populaire locale, le Liban est
« noyé », selon le premier ministre. Il
a d’ailleurs rappelé que la moitié des
recettes de l’État sont utilisées pour
rembourser les intérêts des créanciers. La dette s’élève à 92 milliards
de dollars (81 milliards d’euros), soit
environ 170 % du PIB national. Ce qui
en fait l’un des pays les plus endettés
au monde.
Les déficits se sont accumulés massivement depuis la fin de la guerre civile
en 1990, pour financer la reconstruction. Pour attirer les fonds des pays du
Golfe et de la diaspora libanaise, le
gouvernement a mis en place une politique monétaire très avantageuse pour
les déposants : les taux d’intérêt étaient
supérieurs à 15 %. Pendant des années,
l’épargne d’investisseurs étrangers
était déposée dans les banques libanaises, qui la dirigeaient ensuite vers le
rachat de dette souveraine auprès de la
banque centrale. Les banques versaient 5 % d’intérêts à leurs clients et
empochaient la différence entre le
taux servi par la banque centrale et
ceux versés aux déposants.
Cette mécanique, unique au monde,
a commencé à s’enrayer au début des
printemps arabes, en 2011. L’instabilité
régionale a fait fuir les investisseurs
étrangers. Confronté à la chute des entrées de capitaux indispensables à ses
dépenses, l’État n’a eu d’autre choix
que d’augmenter ses taux d’intérêt
dans l’espoir d’attirer à lui les capitaux
manquants. Une fuite en avant de l’endettement qui a abouti à une asphyxie
des finances publiques.
En 2018, une conférence d’aide internationale de sauvetage organisée à Paris adopte le plan CEDRE, avec
11,6 milliards de dollars (10,28 milliards d’euros) de promesses de dons et
de prêts conditionnés à un programme
de réformes structurelles de l’économie du pays. Mais, faute de réformes et
de bonne gouvernance, cette aide n’a
jamais été déboursée et le déficit public
a continué de se creuser. Sur fond de
crise politico-sociale, les Libanais se
rendent alors compte que le système
bancaire est extrêmement fragile.
Ceux qui le peuvent décident donc de
retirer leur épargne en dollars avant
qu’il ne soit trop tard. Avant la faillite
bancaire. Cette panique n’a fait que
précipiter la crise.
Le défaut de paiement
était-il inéluctable ?
Le Liban « va restructurer sa dette
conformément à l’intérêt national », a
indiqué Hassan Diab en annonçant samedi sa décision de ne pas rembourser
170
%
C’est la
proportion
du PIB libanais
à laquelle
équivaut
la dette du pays.
la première échéance de dette ce lundi.
« Le gouvernement a décidé d’accélérer un processus qui était inéluctable,
celui de la restructuration de la dette
publique », estime Alexandre Kateb,
économiste spécialiste des pays arabes
et maître de conférences à Sciences Po,
à Paris. « Ce premier défaut de paiement vis-à-vis des créanciers internationaux représente une décision souveraine et un geste fort adressés à la rue libanaise. On aurait pu envisager un scénario alternatif, un accord entre les
banques et l’État. Ce qui aurait nécessité l’intervention de créanciers privés
et de fonds internationaux. La décision
a été de privilégier l’intérêt des Libanais
plutôt que d’honorer la dette auprès des
créanciers internationaux. »
La restructuration de la dette fera
partie d’un vaste plan de sauvetage qui
devra se traduire par un plan de réduction des dépenses publiques de plus de
350 millions de dollars par an, selon le
premier ministre. Ce dernier s’est aussi
engagé à mener à bien les réformes
promises en 2018 dans le cadre du plan
CEDRE. « Les réformes ont commencé à être mises en place, indique
Alexandre Kateb. Mais la politique
d’austérité qu’elles impliquent ne peut
suffire à relancer l’économie du pays.
Pour donner un peu d’oxygène au gouvernement et sauver le peuple libanais,
un soutien financier extérieur est nécessaire. Des fonds devront être recherchés auprès du FMI et d’autres
créanciers. » Le Liban a déjà requis une
assistance technique de l’organisation
internationale pour mettre en place
des « réformes », censées restaurer la
stabilité et la croissance. Pour l’heure,
une aide financière n’est pas à l’ordre
du jour. Mais l’ampleur de la crise est
telle qu’un plan de sauvetage financier
semble inévitable.
Quelles implications
économiques et politiques ?
Le pari du chef du gouvernement est
extrêmement risqué au moment où la
rue libanaise est enflammée et la
classe politique, aussi divisée que
d’habitude. Parallèlement à l’annonce
du défaut de paiement, le premier ministre a réaffirmé sa détermination à
relancer l’économie productive et à
lutter contre la corruption à travers un
vaste programme. Celui-ci doit comporter en priorité une amélioration du
recouvrement de l’impôt auquel
échappe la majorité des Libanais, y
compris les plus fortunés, rappelant
les précédents des crises grecque et
argentine. Une restructuration du secteur de l’électricité, véritable gouffre
financier pour le pays, est également à
l’ordre du jour.
« Le volet politique d’un programme
de réformes est essentiel, poursuit
Alexandre Kateb. Il s’agit d’y associer
l’ensemble des Libanais alors qu’on ne
voit pas quelles forces politiques sont
prêtes à l’assumer. » Ainsi, le Hezbollah, qui domine la scène politique, était
opposé à une mise sous tutelle de l’économie libanaise, au nom de l’indépendance. Mais sans proposer de plan B.
« Il veut rester à l’écart de la décision
du défaut de paiement pour garder sa
crédibilité politique et sociale, prioritaire pour le parti », note Kateb. Et
d’ajouter : « Tout dépend de la bonne
volonté des différents acteurs. Nous
verrons si les banques jouent le jeu. Les
choses devraient se clarifier dans les
deux jours qui viennent. »
Rendez-vous est pris dans deux semaines. Débuteront alors les négociations sur la restructuration de la dette
avec les créanciers internationaux. Outre le FMI, le Liban discutera aussi avec
les pays de l’Union européenne. Mais
les regards se tournent déjà du côté de
deux poids lourds : la France et l’Allemagne, dont le rôle dans le sauvetage
financier du pays sera décisif.
AVIS LÉGAUX ET APPELS D’OFFRES
AVIS LÉGAUX
AVIS LÉGAUX
AVIS LÉGAUX ET APPELS D’OFFRES
SDC District central
Avis de convocation
Assemblée générale annuelle
À tous les contribuables qui tiennent un établissement d’affaires situé dans le territoire de la
Société de développement commercial (SDC)
District Central de Montréal, délimité sommairement par l’autoroute 40, l’autoroute 15, la rue
Sauvé et la rue Henri-Julien, veuillez prendre
note de ce qui suit : conformément à l’article 458
de la Loi sur les cités et villes du gouvernement
du Québec, vous êtes invités à titre de membre
à participer à l’assemblée générale de la SDC
District Central.
Mercredi 25 mars 2020, 16h30
555, Chabanel, 6e étage salle du conseil,
Montréal, H2N 2H7
Ordre du jour
1. Ouverture de l’assemblée
2. Élection du président et du secrétaire
d’assemblée
3. Conformité de l’assemblée
(avis de convocation et quorum)
4. Adoption de l’ordre du jour
5. Adoption du dernier procès-verbal
6. Présentation des états financiers
7. Nomination d’un vérificateur pour 2020
8. Rapport d’activités 2019 et perspectives 2020
9. Élection des administrateurs
10. Période de questions
11. Levée de l’assemblée
Pour information :
[email protected]
514 379-3232
Appel d’offres public
Le Réseau de transport métropolitain (« exo ») demande
des soumissions pour les biens ou services, ou l’exécution des travaux, suivants :
Fournitures de bureau
Numéro :
1002155
Les documents et conditions de la présente demande
sont diffusés par le site internet du système électronique
d’appel d’offres, à l’adresse :
www.seao.ca
Pour être validement reçue, toute soumission doit
être déposée au siège d’exo, situé au 700, rue de
La Gauchetière Ouest, 26e étage, Montréal (Québec)
H3B 5M2, durant les heures d’ouverture de celui-ci, AU
PLUS TARD LE 06 AVRIL 2020 à 14H30, heure légale.
Une ouverture publique des soumissions reçues suivra
au même lieu.
Exo ne s’engage à accepter aucune des soumissions
reçues.
Avis donné à Montréal, Québec, par :
Jean-Lys Carrière
Directeur principal – Approvisionnement
RÉSEAU DE TRANSPORT MÉTROPOLITAIN
téléphone : 514 985-3452
télécopieur : 514 985-3340
CANADA
PROVINCE DE QUÉBEC
COUR SUPÉRIEURE
DISTRICT DE LONGUEUIL
(Chambre de la famille)
No : 505-04-024319-154
ANDRÉANNE DUBOIS
Demanderesse
c.
MICHAEL DASILVEIRA
CORREIA
Défendeur
AVIS PUBLIC DE
NOTIFICATION
(Articles 136 et 137 C.p.c.)
Avis est donné à MICHAEL
DASILVEIRA CORREIA de
vous présenter au greffe du
Palais de justice de Longueuil, du district de Longueuil, situé au 1111, boulevard Jacques-Cartier Est,
à Longueuil dans les 40
jours afin de recevoir la
présente demande en déchéance de l'autorité parentale qui y a été laissée à
votre attention. Vous devez
répondre à cette demande
dans le délai indiqué dans
l'avis de présentation qui
l'accompagne, sans quoi
un jugement par défaut
pourrait être rendu contre
vous et vous pourriez devoir payer les frais de justice.
Il ne sera pas publié à nouveau, à moins que les circonstances ne l'exigent.
À Longueuil, le 9 mars 2020
JOSIANE VILLENEUVE,
AVOCATE
AVIS AUX CREANCIERS
AVIS EST PAR LES
PRÉSENTES donné que
SERBAN ANTONESCU M.D.
INC., société légalement constituée ayant sa place d’affaires
au 231, boul. De Gaulle, Lorraine, Québec, a fait cession
de ses biens le 2 mars 2020
entre les mains de ALLARD
BISSON INC., et que la première assemblée des créanciers se tiendra le 23 mars
2020 à 9h00, au bureau du
Syndic situé au 400-1600A,
boulevard Saint-Martin Est,
Laval, Québec, H7G 4R8.
FAIT À LAVAL,
ce 6 mars 2020.
Éric Bisson, CPA, CA, SAI
Responsable de l'actif
Courriel :
[email protected]
HEURES DE TOMBÉE
Avis légaux
et appels d’offres
Les réservations doivent être faites avant
15 h pour publication deux (2) jours plus tard.
Publications du lundi :
Réservations avant 11 h le vendredi
Publications du mardi :
Réservations avant 15 h le vendredi
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nous signaler immédiatement toute
anomalie qui s’y serait glissée.
En cas d’erreur de l’éditeur,
sa responsabilité se limite au coût
de la parution.
LEDEVOIR // LE LUNDI 9 MARS 2020
MONDE
Environ
350 000
femmes sont
descendues
dans les rues
de Madrid,
battant
du tambour
ou portant des
masques
chirurgicaux
contre le
« patriarcavirus ».
PIERRE-PHILIPPE
MARCOU
AGENCE
FRANCE-PRESSE
JOURNÉE INTERNATIONALE DES FEMMES
Mobilisations féministes
sous le spectre du coronavirus
Partout dans le monde, les femmes ont manifesté pour leurs droits dimanche
AGENCE FRANCE-PRESSE
À MONTEVIDEO
Du Pakistan à la Belgique en passant
par l’Asie centrale, des milliers de
femmes et d’hommes ont manifesté
dimanche à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes,
même si de nombreux rassemblements avaient été annulés en raison de
l’épidémie de coronavirus.
Des milliers de femmes ont défié la
société ultra-patriarcale du Pakistan
dans plusieurs villes, aux cris de « Donnez-moi ce qui est à moi » et « Nous
voulons la liberté ».
À Islamabad, des conservateurs leur
ont lancé des bâtons et des pierres, en
blessant certaines et en forçant d’autres à se mettre à l’abri jusqu’à ce que la
police intervienne.
À Manille, des centaines de femmes
et d’hommes ont brûlé une effigie du
président philippin, Rodrigo Duterte,
accusé de misogynie.
Les femmes avaient été à l’avant-garde
de la contestation qui a abouti à la chute
de Omar el-Béchir. Onze mois plus tard,
des dizaines de militantes soudanaises
ont exprimé leur déception devant le ministère de la Justice à Khartoum.
Au Kirghizistan, la police a arrêté des
dizaines de manifestantes — officiellement pour les protéger — après que des
hommes masqués les eurent attaquées. Les assaillants ont arraché leurs
pancartes et leur ont lancé des œufs
avant de prendre la fuite.
Interdiction de manifester à Istanbul : pour la deuxième année de suite,
le gouvernement avait banni tout rassemblement pour la Journée internationale des droits des femmes. Plusieurs centaines d’entre elles qui souhaitaient manifester ont été dispersées
par les forces de l’ordre à coups de gaz
lacrymogène. « Longue vie à la lutte féministe », pouvait-on lire sur la pancarte d’une manifestante.
Dans un pays paralysé par l’épidémie
de coronavirus, le président italien,
Sergio Mattarella, a dans un message
vidéo « rendu hommage aux femmes,
et elles sont nombreuses, qui travaillent dans les hôpitaux… dans les
« zones rouges » [en quarantaine] pour
lutter contre la propagation du virus ».
Environ 6300 personnes ont manifesté à Bruxelles dimanche. Une des
associations participantes, le Collecti.e.f 8 mars, a appelé les femmes
En haut, des milliers de femmes ont défié la société ultrapatriarcale du Pakistan. Au centre, la police a violemment dispersé
les femmes désirant manifester à Istanbul. En bas, des militantes
du groupe Femen ont manifesté contre le patriarcat à Paris.
ARIF ALI, YASIN AKGUL ET MARTIN BUREAU AGENCE FRANCE-PRESSE
de Belgique à arrêter toute forme de
travail les 8 et 9 mars, sous le slogan
« On s’arrête toutes, on arrête tout, on
s’arrête partout », afin de dénoncer les
inégalités et la discrimination.
À Paris, des militantes féministes ont
déployé une banderole au pied du Panthéon, proclamant « Aux femmes, la
matrie reconnaissante ».
D’autres manifestantes s’étaient déguisées (bleu de travail et fichu rouge)
en « Rosie la riveteuse », « icône de
toutes les travailleuses invisibles ». À
15 h 40 — heure symbolique où les
femmes cessent d’être rémunérées
compte tenu des écarts de salaires entre les sexes —, elles ont jeté leurs gants
de ménage, afin de protester contre les
inégalités de salaire et de répartition
des tâches ménagères.
Une marée violette a déferlé à Madrid : environ 350 000 femmes sont
descendues dans les rues de la capitale
pour défendre leurs droits, battant du
tambour ou portant des masques chirurgicaux contre le « patriarcavirus ».
« Le machisme tue plus que le coronavirus », pouvait-on lire sur l’une des
pancartes. Des dizaines de milliers se
sont aussi mobilisées dans les grandes
villes du pays.
« Un violeur sur ton chemin » : la performance du collectif chilien LasTesis,
devenu un hymne mondial contre les
violences envers les femmes, a été la
grande star du défilé à Santiago, qui a
réuni entre 125 000 et 500 000 manifestantes, selon les chiffres de la police
et des organisatrices.
Le cortège, long de 4 km, s’est arrêté
à plusieurs reprises pour que les manifestantes puissent reprendre la chorégraphie chantée qui dénonce les manquements des institutions dans la lutte
contre les violences contre les femmes.
Au-delà des revendications habituelles sur l’égalité entre les sexes et les
violences machistes, des milliers de
Brésiliennes ont défilé à São Paulo et
dans plusieurs autres villes sous le mot
d’ordre « il ne peut pas continuer »,
une allusion aux nombreux dérapages
machistes du président d’extrême
droite, Jair Bolsonaro.
À Quito, au milieu d’une manifestation réunissant plusieurs milliers de
femmes pour défendre leurs droits,
une trentaine d’Amérindiennes en tenue traditionnelle et le visage couvert
de peintures colorées ont dansé pour la
défense de la forêt amazonienne.
B3
EN BREF
Le câblage de tous
les 737 MAX pourrait
avoir à être refait
NEW YORK — L’agence américaine
de l’aviation (FAA) envisage
d’exiger que Boeing déplace certains câblages électriques sur
tous les 737 MAX avant d’autoriser l’appareil à voler de nouveau,
a affirmé dimanche le Wall Street
Journal. Cette décision s’appliquerait aux près de 800 appareils
déjà produits, ceux livrés aux
clients autant que ceux chez
Boeing, ce qui compliquerait encore le retour de l’avion dans le
ciel, précise le quotidien économique. La façon dont sont disposés certains câbles ne respecterait
pas, aux yeux de la FAA, les
normes de sécurité destinées à
éviter les courts-circuits, explique le Wall Street Journal.
« Dans des circonstances extrêmes, un problème de câblage
pourrait conduire les systèmes de
contrôle en vol à fortement tirer
vers le bas le nez de l’avion »,
comme lors des deux accidents
mortels sur des 737 MAX des
compagnies Lion Air puis Ethiopian Airlines, écrit le quotidien.
Agence France-Presse
Garde à vue pour deux
figures du « Hirak »
ALGER — Une trentaine de per-
sonnes interpellées par la police
lors d’une marche antirégime samedi à Alger ont été relâchées dimanche, mais la garde à vue a été
prolongée pour deux figures de la
contestation qui y participaient, a
indiqué dimanche une association de soutien aux détenus. « La
garde à vue a été prolongée pour
complément d’enquête jusqu’à
demain pour [Samir] Benlarbi et
[Khaled] Drareni », a déclaré à
l’AFP Kaci Tansaout, le porte-parole du Comité national pour la libération des détenus. Tous deux
sont des figures du « Hirak », le
mouvement de contestation populaire qui secoue l’Algérie depuis plus d’un an. Près de 300
manifestants avaient tenté de défiler samedi dans le centre de la
capitale, mais ils avaient été dispersés par la police.
Agence France-Presse
Enquête parlementaire
sur Boris Johnson
LONDRES — Une commission parlementaire britannique a ouvert
une enquête sur les luxueuses vacances du premier ministre, Boris
Johnson, afin de déterminer qui
les a payées, rapportait la presse
britannique dimanche. Selon
l’hebdomadaire The Observer, la
commission parlementaire de la
Chambre des Communes chargée de veiller au respect des règles de la vie parlementaire a ouvert son enquête en début de semaine. M. Johnson et sa fiancée,
Carrie Symonds, ont passé le nouvel an sur l’île privée Moustique
de l’archipel caribéen des Grenadines. Dans sa déclaration d’intérêts, le premier ministre a indiqué
que ces vacances d’une valeur de
15 000 livres (26 280 $ canadiens)
lui avaient été offertes par
l’homme d’affaires David Ross,
un donateur du Parti conservateur. Mais M. Ross a semé la
confusion en niant, dans un premier temps, avoir remis une telle
somme à Boris Johnson, avant de
revenir sur ses dires par l’intermédiaire de son porte-parole pour affirmer qu’il s’agissait d’un « avantage en nature ». Le Parti travailliste, principal parti d’opposition,
a depuis exhorté la commission
d’ouvrir une enquête.
Agence France-Presse
LEDEVOIR // LE LUNDI 9 MARS 2020
SPORTS
B4
La joueuse de tennis
américaine Kenin retrouve
le chemin de la victoire
Le Grand Prix de F1
de Bahreïn à huis clos
en raison de la COVID-19
KRASNOÏARSK — Le Québécois Lewis
Blessé, Lewis Irving est resté absent
des compétitions pendant un an.
LYON — L’Américaine Sofia Kenin, cinquièmejoueuse mondiale, a remporté
dimanche le tournoi de tennis WTA de
Lyon après sa victoire en trois manches
sur l’Allemande Anna-Lena Friedsa
6-2, 4-6, 6-4. Kenin, 21 ans, tête de série numéro1 de l’épreuve, gagne ainsi
son deuxième tournoi en 2020 après sa
victoire aux Internationaux d’Australie, et le cinquième de sa carrière. Elle
se hisse à la quatrièmeplace mondiale
à partir de lundi. Après son succès à
Melbourne, elle avait été éliminée dès
le premier tour à Dubaï et à Doha. « Je
suis très contente d’avoir gagné après
une bonne semaine. Cela n’a pas été facile. Toutes les parties ont été disputées
âprement », a déclaré Sofia Kenin, qui
a gagné quatre des cinq matchs qu’elle
a joués en trois manches.
MANAMA — Après le report de Shan-
Irving a couronné sa saison en décrochant la médaille de bronze en sauts
dimanche à la Coupe du monde de ski
acrobatique de Krasnoïarsk, en Russie. Irving, de Québec, a réussi un
double saut arrière avec trois vrilles
en super finale, ce qui lui a valu
116,29 points. Il s’agissait de la
deuxième médaille d’Irving cette saison. « Je suis super content ; quelle
belle façon de terminer une saison
comme celle-ci. Je suis également
très heureux de revenir d’une année
d’absence en raison d’une blessure et
d’avoir mes meilleurs résultats en carrière », a résumé Irving. Le Suisse
Noé Roth, lui, a triomphé, avec un
pointage de 127,40 points, devant le
Russe Pavel Krotov, à 124,43.
RICK BOWMER ASSOCIATED PRESS
La Presse canadienne
Agence France-Presse
Agence France-Presse
EN BREF
Irving termine sa saison
en bronze en sauts à ski
acrobatique en Russie
PATINAGE DE VITESSE
ghai, huis clos à Manama : le Grand
Prix de formule 1 de Bahreïn se tiendra, du 20 au 22 mars, en « la seule
présence des participants » en raison
« de la propagation continue du nouveau coronavirus ». « Organiser un
événement sportif majeur, ouvert au
public et permettant à des milliers de
voyageurs internationaux et de partisans locaux d’interagir en toute proximité ne serait pas la bonne chose à
faire pour le moment », s’est justifié le
Bahreïn International Circuit. La décision intervient au moment où les
pays du Golfe prennent des mesures
de restrictions importantes contre la
propagation de l’épidémie de COVID19 après avoir enregistré plus de 200
cas, dont 83 au Bahreïn.
Le Québécois
de 25 ans
a repris
ses activités
en août, après
avoir appris
qu’il était
en rémission
complète
de son cancer.
Une nouvelle
médaille d’argent
pour Dubreuil
LA PRESSE
CANADIENNE /
ASSOCIATED PRESS /
LIZ COPAN
LA PRESSE CANADIENNE
À HEERENVEEN
Laurent Dubreuil a couronné sa saison
en remportant la médaille d’argent sur
500 m, dimanche, aux finales de la
Coupe du monde de patinage de vitesse longue piste à Heerenveen, aux
Pays-Bas.
Dubreuil, originaire de Lévis, a franchi la distance en 34,304 secondes.
Seul le Japonais Tatsuya Shinhama l’a
devancé, en 34,070 secondes, établissant du même coup un nouveau record
de piste. Le podium a été complété par
le Japonais Yamato Matsui, à six centièmes de seconde du Québécois.
La veille, Dubreuil s’était emparé de
la médaille d’argent sur 500 et 1000 m.
Ces résultats lui ont d’ailleurs permis
de décrocher la troisième place au classement cumulatif sur ces distances.
Le patineur de 27 ans a connu une très
bonne séquence récemment, après
avoir notamment marqué l’histoire en
terminant deuxième du classement cumulatif des Championnats du monde
de sprint à Hamar, en Norvège, la semaine dernière. Il était alors devenu le
quatrième patineur canadien à monter
sur le podium lors de cette compétition.
Pour leur part, Alex Boisvert-Lacroix,
de Sherbrooke, et Gilmore Junio, de
Calgary, ont terminé 8e et 11e sur 500 m,
respectivement.
Par ailleurs, Tyson Langelaar, de
Winnipeg, a abouti au pied du podium
sur 1500 m. L’épreuve a été balayée par
les Hollandais Kjeld Nuis, Thomas
Krol et Patrick Roest, dans l’ordre.
Chez les dames, l’Ontarienne Ivanie
Blondin a remporté le titre du départ
groupé après avoir terminé cinquième
de la dernière épreuve de la campagne.
En dépit de ce résultat, Blondin, d’Ottawa, a obtenu 60 points qui l’ont assurée de finir au sommet du classement de la discipline avec un total de
548. Un peu plus tôt dimanche, Ivanie
Blondin s’était contentée du neuvième
rang sur 1500 m.
Au total, le Canada a amassé six
médailles aux finales de la Coupe du
monde.
SUMMIT DAILY NEWS
Le patineur
de 27 ans
a marqué
l’histoire,
la semaine
dernière, en
terminant
deuxième du
classement
cumulatif
des
Championnats du
monde
de sprint
à Hamar,
en Norvège
Maxence Parrot brille à Oslo
Le planchiste a remporté deux médailles d’or en deux jours aux X Games
LA PRESSE CANADIENNE
À OSLO
Maxence Parrot a décroché la médaille d’or lors de l’épreuve de descente acrobatique en planche à neige
aux X Games d’Oslo, dimanche.
Parrot, de Bromont, a ainsi acquis
une deuxième médaille en autant de
jours à cette compétition, après avoir
obtenu l’argent la veille au grand saut.
Ces deux médailles ont couronné
une saison réussie pour Parrot. Il avait
repris ses activités en août, après avoir
appris qu’il était en rémission complète
de son cancer. Le Québécois avait reçu
un diagnostic de lymphome hodgkinien en décembre 2018.
« Ç’a été toute une saison, surtout à
mon retour d’un cancer, a souligné
Parrot, qui compte 13 médailles en carrière aux X Games, dont 8 médailles
d’or. Je ne crois pas que j’aurais pu
demander mieux. Je vais maintenant
profiter de mes vacances. »
Le Québécois âgé de 25 ans a devancé
son compatriote Mark McMorris et le
Norvégien Stale Sandbech en finale.
L’autre représentant de l’unifolié inscrit à cette épreuve, Darcy Sharpe, a
fini au huitième et dernier rang.
« Je suis extrêmement content de ma
performance d’aujourd’hui. Ça représente beaucoup pour moi parce que la
dernière fois que j’avais gagné la médaille d’or en slopestyle, c’était en 2014.
Ça faisait un petit bout, alors j’étais
dû », a mentionné Parrot.
La pluie s’est mise de la partie pendant la compétition et elle a rendu la
tâche difficile aux planchistes. À
quelques occasions, on a pu voir Parrot
essuyer ses lunettes de glisse avant
d’effectuer ses manœuvres.
« C’était très demandant comme
journée. Nous avions de la difficulté à
voir ; la visibilité était médiocre, a-t-il
affirmé. Le parcours était exigeant
aussi. Les organisateurs ont été créatifs
avec les rampes et nous n’étions pas
Bienvenue aux dames
La capitale du Sénégal a été le théâtre d’une course automobile réservée aux femmes
AGENCE FRANCE-PRESSE
À DAKAR
Enfant, Célia Cissé regardait avec admiration sa mère piloter des voitures
sur des circuits automobiles. Ce dimanche, la jeune femme sénégalaise a
repris le flambeau de l’organisation du
trophée Mousso, une course automobile dakaroise exclusivement réservée
aux femmes.
«Certains commanditaires ne croyaient
pas à ce projet. Pourtant, on a réussi »,
lance celle qui, sourire aux lèvres, ne
cache pas sa joie en embrassant du regard le circuit bardé de cases orange que
franchiront 21 pilotes féminines.
Responsable d’une agence de communication dakaroise, Mme Cissé a
voulu ouvrir aux femmes une discipline traditionnellement masculine.
« Le sport permet de réveiller le leadership des femmes. Je trouvais important
de relancer cette initiative, et de le faire
un 8 mars [qui est la date de la Journée
internationale des femmes]. »
Entre 2002 et 2007, 6 éditions du trophée Mousso se sont déroulées dans la
capitale sénégalaise : après une éclipse
de 13 ans, certaines vétéranes remettent leur titre en jeu sur le bitume du
stade Senghor, situé dans un quartier
populaire de Dakar.
C’est le cas d’Awa Dionne, pilote et
vice-présidente de la fédération automoto du Sénégal. « C’est une course féministe », explique la doyenne de la
compétition. « Il faut faire évoluer les
mentalités. À Dakar, si un automobiliste est doublé par une femme, il fera
tout pour la devancer à nouveau, au péril de sa vie parfois », s’amuse-t-elle.
Et qu’importe si les rangs du public
sont clairsemés, si, en guise de bolide,
les participantes s’affrontent dans deux
Peugeot 206 dont les bosses sont recouvertes d’autocollants ; qu’importe la frilosité des commanditaires : toutes expriment leur joie d’être là, malgré tout.
« Participer à une course d’une telle
envergure représente beaucoup pour
Le sport
permet
de réveiller
le leadership
des femmes
»
CÉLIA CISSÉE
habitués à voir ce type de rampes en
slopestyle. »
McMorris, de Regina, en Saskatchewan, compte maintenant 20 médailles en carrière aux X Games d’hiver. Samedi, il avait écrit une page
d’histoire en remportant la médaille
d’or lors de l’épreuve du grand saut,
battant du même coup le record du
nombre de médailles (18) en carrière
qu’il partageait avec l’Américain
Shaun White.
Chez les dames, la planchiste albertaine Brooke Voigt a gagné la médaille de bronze en descente acrobatique. La Québécoise Laurie Blouin,
qui avait acquis le bronze la veille au
grand saut, s’est contentée de la cinquième place.
L’Australienne Zoi Sadowski-Synnott
a triomphé, devant l’adolescente japonaise Kokomo Murase et Voigt.
En ski, la Canadienne Meaghan Oldham n’a pu faire mieux que la septième
place en descente acrobatique.
moi: se dire qu’on peut faire une activité
réservée aux hommes. Cela veut dire
qu’on a les mêmes capacités qu’eux,
qu’on a le pouvoir de le faire aussi », se
réjouit Khadija Ndiaye Sarr, avant de
mettre son casque et de s’engouffrer
dans l’habitacle.
De l’autre côté des barrières se masse
une foule de curieux. Au nombre d’entre
eux, Babacar Ba, mécanicien de formation, est ravi de pouvoir assister à cet événement. «Le fait que cela soit une course
de femme change un peu des habitudes.
On a vu qu’à l’étranger, les femmes peuvent, comme les hommes, être des pilotes automobiles, pourquoi pas au Sénégal? s’interroge-t-il. Ce que les femmes
d’autres pays peuvent faire, les Sénégalaises le peuvent aussi. Elles peuvent
s’affirmer dans tous les domaines».
Âgé d’une dizaine d’années, le petit
Ibrahima écarquille les yeux à la vue
de ces pilotes peu conventionnelles.
« Je n’ai pas l’habitude, ce sont les
hommes qui conduisent normalement », dit-il — sans perdre une miette
de la compétition.
LEDEVOIR // LE LUNDI 9 MARS 2020
LE DEVOIR
DE CITÉ
B5
Le bois connaît
déjà une
certaine
popularité
dans les
nouvelles écoles.
Dans sa vision
de l’école du
XXIe siècle,
Québec entend
aussi privilégier
les espaces
de collaboration
et la lumière
naturelle.
GUILLAUME
LEVASSEUR
LE DEVOIR
Le piège des « belles » écoles
Les architectes craignent de se faire imposer par Québec un cadre déconnecté de la réalité
ANNABELLE CAILLOU
LE DEVOIR
L
Les plans
d’école
présentés
dans le
guide et
diffusés
publiquement
ne sont-ils
que des
exemples
ou des
directives
précises
pour les
architectes ?
»
PIERRE CORRIVEAU
a vision de l’école du XXIe siècle du
gouvernement Legault ne fait pas
l’unanimité auprès des architectes et
des experts du milieu. Ils craignent de
se faire imposer un cadre déconnecté
de la réalité et de voir pousser des bâtiments quasi identiques à travers la
province.
« C’est une vision simpliste, truffée
de clichés, qu’on nous présente. On
risque de se retrouver avec un décalage
entre les belles images présentées [par
le gouvernement] et un résultat bien
différent quand la marchandise sera livrée », explique Jacques White, professeur et directeur de l’École d’architecture de l’Université Laval.
Fin février, Québec a annoncé vouloir donner une signature visuelle aux
écoles de la province pour qu’elles
soient reconnaissables du premier
coup d’œil. Les architectes devront
ainsi suivre un guide qui précise les
grandes lignes directrices : de larges fenêtres, de grands espaces communs,
une belle cour et une signalisation
commune. Côté matériaux, le bois et
l’aluminium québécois seront privilégiés dans la structure, le parement ou
le mobilier. Le tout agrémenté de
touches de « bleu fleurdelisé ».
S’ils saluent la volonté du gouvernement d’embellir les écoles, les intervenants contactés se demandent comment interpréter ce nouveau guide qui
leur est imposé. « À quel point le bleu,
le bois et l’aluminium devront-ils être
utilisés ? Les plans d’école présentés
dans le guide et diffusés publiquement
ne sont que des exemples ou des directives précises pour les architectes ? »,
se demande le président de l’Ordre
des architectes du Québec, Pierre
Corriveau.
Questionné par Le Devoir pour
éclaircir la situation, le ministère de
l’Éducation n’a pas répondu à nos
questions.
Trop prescriptif ?
« On va devoir rester vigilants dans ce
dossier; il ne faut pas que cela devienne
trop prescriptif », dit M. Corriveau. S’il
est normal de donner des objectifs à atteindre aux architectes avant qu’ils ne
laissent aller leurs idées sur la planche
à dessin, il est plutôt rare de leur fournir des solutions dès le départ.
« On veut des suggestions, pas des
conditions strictes à notre travail »,
renchérit la présidente de l’Association
des architectes en pratique privée du
Québec (AAPPQ), Anne Carrier. Elle
craint que d’autres critères ne s’ajoutent lorsque les appels d’offres seront
lancés.
De son côté, l’architecte et directeur
de la firme Onico, Patrick Vincent, se
montre plus confiant. « Ce guide, je le
vois comme un coup de pouce, des
exemples de ce qui peut se faire. Et
même si on imposait largement le
bois, l’aluminium et le bleu, il reste
tout un champ des possibles pour les
architectes. »
La firme de M. Vincent a déjà plusieurs constructions d’écoles à son actif. Onico a notamment travaillé en
collaboration avec la firme CCM2 pour
concevoir l’école Boréal, à Boischatel,
ou encore l’école du Harfang-desNeiges, à Stoneham, souvent citées en
exemple.
Il fait d’ailleurs remarquer que le bois
connaît déjà une certaine popularité
dans le milieu, et que l’aluminium est
souvent utilisé. Quant au bleu, « pourquoi pas ».
Éviter le copier-coller
« Une signature visuelle n’est pas gage
de qualité. Pensons à IKEA ou à la SAQ,
est-ce qu’on souhaite vraiment ça pour
nos écoles ? », lance de son côté Anne
Cormier, architecte et professeure à
l’École d’architecture de l’Université
de Montréal. Elle regrette de voir la
qualité des écoles réduite à l’image
qu’elles projettent, du moins dans le
discours du gouvernement. « Ce n’est
En architecture,
c’est du cas par cas,
du sur-mesure. Chaque
bâtiment a ses propres
besoins et contraintes.
pas une couleur ou un matériau qui
fera qu’une école est de qualité, ce n’est
pas aussi simple. »
À ses yeux, imposer trop de directives
en amont — quant à la manière de
concevoir les écoles — risque de restreindre les architectes et de conduire
à des projets d’écoles trop identiques.
D’autant plus dans un contexte de rapidité : de nombreuses écoles attendent
d’être rénovées en profondeur et bien
d’autres doivent être construites.
« On critique beaucoup les écoles des
années 1960 en ce moment. Toutes calquées sur un même modèle, en béton,
avec peu de fenêtres. S’il faut suivre un
guide à la lettre, on va répéter la même
erreur en se retrouvant avec des écoles
toutes pareilles », renchérit le directeur
de l’Ordre des architectes du Québec.
En architecture, c’est du cas par cas,
du sur-mesure, explique-t-il. Chaque
bâtiment a ses propres besoins et
contraintes. Intégrer une grande cour
dans une école de Montréal n’est pas
aussi simple que de le faire dans une
école du Saguenay par exemple.
« Chaque objet architectural est inséré
dans un contexte, un environnement.
L’utilisation originale d’aluminium en
parement peut être une bonne idée en
milieu urbain, mais peut-être moins en
milieu rural par exemple. Ça pourrait
faire un gros clash avec les bâtiments
alentour », note Pierre Corriveau.
Plus de concours
«L’architecture, ce n’est pas juste empiler des matériaux. Un bâtiment bien
pensé, ça peut tout changer dans la qua-
lité de vie des gens», estime pour sa part
Anne Carrier, de l’AAPPQ. Or, le système actuel d’appel d’offres, qui favorise
le plus bas soumissionnaire, ne permet
pas d’accorder le temps nécessaire à la
conception d’un bâtiment, selon elle.
« Il faudrait pouvoir faire des concours
d’architecture pour nos écoles, comme
l’a fait le Lab-École ». Il est d’ailleurs
«décevant» que l’idée ne soit plus dans
les cartons du gouvernement.
En septembre 2018, en pleine campagne électorale, François Legault
avait promis que chaque projet de
construction ou d’agrandissement
d’école serait soumis à un concours
d’architecture. L’idée a été abandonnée en cours de route, pour des raisons
de coûts et de délais.
«Organiser plus de 400 concours en si
peu de temps, c’était une idée naïve à la
base. Mais de là à abandonner complètement l’idée d’organiser des concours,
c’est une grosse erreur », déplore
Jacques White, de l’Université Laval.
De l’avis de plusieurs experts consultés par Le Devoir, les concours d’architecture sont un « vecteur de créativité
et de renouvellement ». Le budget est
fixé d’avance, les objectifs à atteindre
aussi. Il ne reste plus aux firmes qu’à se
concentrer sur la conception architecturale. « Ça amène une réflexion plus
poussée, une recherche d’originalité et
de meilleure qualité. Et puisque c’est
un concours, le jury se retrouve devant
plusieurs possibilités de qualité »,
constate Mme Carrier.
Or présentement, seules les constructions de bâtiments publics relevant du
budget du ministère de la Culture et des
Communications — comme les salles
de spectacles, les musées ou encore les
bibliothèques — peuvent passer par des
concours. Pour le reste, il faut une dérogation du Conseil du trésor.
« On devrait en tout temps pouvoir
lancer un concours, comme on fait un
appel d’offres traditionnel. Il faudrait
que ce soit une option comme une autre », souligne Mme Carrier.
LEDEVOIR // LE LUNDI 9 MARS 2020
B6
ÉTHIQUE ET RELIGIONS
ALLEMAGNE
Un premier musulman
se présente pour le parti CSU
Le puissant parti chrétien et conservateur de Bavière tente de se renouveler
PAULINE CURTET
À NEUFAHRN BEI FREISING
AGENCE FRANCE-PRESSE
Barbe taillée au millimètre, sourire
inaltérable, Ozan Iyibas a tout de
l’homme politique en campagne. À un
détail près : il est le premier musulman
à représenter la CSU, puissant parti
chrétien et conservateur de Bavière.
« Je ne vois aucune contradiction
dans ce choix », annonce d’emblée le
candidat de 37 ans, calé dans un fauteuil avec sa tasse de thé, peu avant le
premier tour des municipales de
15 mars dans sa ville de Neufahrn.
Peu importe si, voilà deux ans, le ministre-président CSU de Bavière, Markus Söder, annonçait son intention
d’orner de croix catholiques tous les
lieux publics de la région, pour honorer
son « héritage culturel ».
« Les valeurs de ma religion sont
très proches de celles des chrétiens »,
affirme M. Iyibas, d’origine turque et
de foi alévite, une branche sécularisée
de l’islam.
Difficile adaptation
À Wallerstein, village de l’ouest de la
Bavière, les militants locaux ont pourtant refusé la désignation d’un autre
candidat musulman, Sener Sahin. Ils
ont préféré ne présenter personne aux
municipales.
« Il ne s’agissait pas de moi, mais de
ma foi. Par exemple, l’un des arguments a été que le “C” de CSU et le fait
que je sois musulman n’allaient pas ensemble », a confié Sener Sahin au quotidien Süddeutsche Zeitung.
Les dirigeants du parti ont bien tenté
d’intervenir en sa faveur, mais la base
n’a pas cédé, alors même que M. Sahin,
entrepreneur couronné de succès, était
à la fois joueur et entraîneur de l’équipe
de football locale.
La CSU, parti frère des chrétiens-démocrates d’Angela Merkel présent uniquement en Bavière, a dominé la vie
L’abolition
du cours d’ECR
ne fait pas
que des heureux
Si certains reprochent au cours
d’éthique et culture religieuse
de favoriser le multiculturalisme
canadien, d’autres affirment que
l’abolir tient du déni de la réalité
MOTS CROISÉS
publique bavaroise depuis la Seconde
Guerre mondiale, mais voit sa base
électorale s’éroder.
Avec 37 % lors des dernières régionales de 2018, la formation a enregistré
son plus mauvais score depuis 1954,
prise en étau entre la poussée du parti
d’extrême droite AfD et celle des Verts.
Le premier
musulman
à représenter
la CSU,
Ozan Iyibas
CHRISTOF STACHE
AGENCE
FRANCE-PRESSE
GIUSEPPE VALIANTE
LA PRESSE CANADIENNE
l’interdiction des signes religieux pour
les personnes en autorité ».
Le milieu nationaliste québécois applaudit la décision du gouvernement
Legault de vouloir transformer le cours
d’éthique et culture religieuse.
En janvier, le ministre de l’Éducation,
Jean-François Roberge, avait fait observer que celui-ci faisait l’objet de nombreuses critiques en annonçant une
consultation pour la révision en profondeur du cours. Des nationalistes reprochaient notamment au cours d’éthique
et culture religieuse de favoriser le multiculturalisme canadien dans l’esprit
des jeunes Québécois.
Nadia El-Mabrouk, une professeure
du département d’informatique de
l’Université de Montréal, une des plus
vives opposantes au cours, affirme que
le cours définit les citoyens par leur religion. Selon elle, celui-ci est responsable de la faible popularité de la Loi sur
la laïcité de l’État auprès des jeunes.
Elle n’est pas la seule à le croire. En
janvier, l’ancien chef du Parti québécois, Jean-François Lisée, a écrit sur
son blogue qu’il est « difficile de ne pas
voir une relation de cause à effet entre
ce cours et le fait que les Québécois de
18 à 24 ans, donc qui ont été exposés au
cours, soient les moins favorables à
« Éradiquer une réalité »
Mais pour Sabrina Jafralie, une enseignante qui donnait le cours dans une
école secondaire de Montréal, la décision est un autre signe de l’influence
croissante du nationalisme québécois
sur le gouvernement caquiste.
Mme Jafralie dit que le cours montrait
aux élèves que le Québec était peuplé
de gens dotés de croyances différentes.
On n’enseigne pas aux jeunes à être
plus religieux, souligne-t-elle, on leur
explique pourquoi certains le sont.
« Mais le gouvernement veut remplacer cette capacité à examiner et à explorer le sentiment religieux par leur propre religion — la laïcité », déplore-t-elle.
Le cours visait à exposer les élèves
aux religions que l’on retrouve sur la
planète. « On s’intéresse aussi au judaïsme et aux spiritualités des peuples
autochtones, qui ont marqué ce patrimoine, de même qu’à d’autres religions
qui contribuent aujourd’hui à la culture
québécoise », pouvait-on lire dans le
curriculum du cours.
Selon Mme El-Mabrouk, cette description est au cœur du problème. Elle déplore que toutes les pratiques religieuses soient placées sur un pied d’éga-
SUDOKU
Le parti cherche donc à se renouveler
et s’appuie sur M. Iyibas, consultant
pour start-up à la parole facile, pour ravir le siège de maire à l’élu écologiste
sortant, Franz Heilmeier.
Dans les rues de Neufahrn, paisible
ville de 20 000 habitants en banlieue
de Munich où il a grandi, Ozan Iyibas
semble connaître à peu près tout le
monde. Avec les gens qu’il croise, il
parle économie locale, transports en
commun et environnement plutôt que
religion.
« Pour moi, le plus important, ce sont
les problèmes de logement », lance
Erica, une retraitée croisée à la sortie
d’un magasin de fruits et légumes. « La
religion des candidats, ça ne fait aucune différence. »
Alors, inlassablement, il martèle que
son parti « n’est pas une secte ». « Si un
chrétien refuse à un musulman le droit
d’appartenir à la CSU, c’est qu’il n’a rien
compris à la chrétienté », estime-t-il.
«Beaucoup d’Allemands d’origine immigrée défendent des valeurs conservatrices, qui correspondent à celles de la
CSU », remarque de son côté Stefan
Wurster, professeur d’analyse politique
à l’école bavaroise de politiques publiques. Dans ce parti aujourd’hui, « le
conflit est moins entre chrétiens et musulmans qu’entre religieux et athées »,
ajoute-t-il.
Ozan Iyibas, lui, est convaincu que
son parti peut changer et vante un
« nouveau conservatisme », « qui suit
la tradition, mais innove en même
temps ». Il espère donc que « dans cinq
ou dix ans », sa foi personnelle « ne soit
plus un sujet ».
lité, qu’elles soient contraires ou non
aux valeurs québécoises, comme l’égalité entre les femmes et les hommes.
«Le cours est fondé sur une vision du vivre-ensemble liée au multiculturalisme,
mais nous avons changé de direction»,
fait valoir Mme El-Mabrouk en rappelant
l’adoption de la Loi sur la laïcité de l’État.
Un porte-parole du ministre de l’Éducation, Francis Bouchard, dit que le gouvernement québécois reconnaît que les
élèves doivent avoir des connaissances
sur les religions importantes pour mieux
comprendre le monde. Toutefois, la religion « occupe une place trop grande »
dans le cours actuellement, ajoute-t-il
dans un courriel. L’objectif du futur
cours ne sera pas de retirer l’aspect religieux, mais de rééquilibrer le contenu
avec «d’autres concepts afin de préparer
les jeunes à la société québécoise.»
Cela inclut des thèmes comme l’environnement, la littérature numérique et
la participation à la vie démocratique,
mentionne M. Bouchard.
Mme Jafralie continue de défendre le
contenu du cours, disant qu’il reflète la
réalité québécoise. Le changer serait
un déni. « On semble vouloir éradiquer
cette réalité, on veut que les valeurs des
jeunes soient plus québécoises, mais
c’est le gouvernement qui définit ce
qu’est être québécois. »
LEDEVOIR // LE LUNDI 9 MARS 2020
CULTURE
CRITIQUE THÉÂTRE
CHRISTIAN SAINT-PIERRE
COLLABORATEUR
LE DEVOIR
Jouer
dans
la terre
Courir l’Amérique
rend un hommage
plutôt fade à celles
et ceux qui ont bâti
le nord du continent
Le point de départ du plus récent spectacle du Théâtre PÀP, une création
d’Alexandre Castonguay, Patrice Dubois et Soleil Launière, ce sont deux livres de Serge Bouchard et MarieChristine Lévesque parus chez Lux
Éditeur : Ils ont couru l’Amérique et Elles
ont fait l’Amérique, eux-mêmes inspirés
de la série radiophonique produite et
diffusée par Ici Radio-Canada Première, De remarquables oubliés.
Dubois explique qu’il souhaitait créer
une œuvre à la hauteur du choc qu’il a ressenti en se documentant sur la présence
francophone en Amérique. À la hauteur
aussi, il ne s’en cache pas, des attentes des
différents Conseils des arts et de Patrimoine Canada. Pour donner naissance à
ce spectacle «symbolique» et «actuel»,
le metteur en scène a invité deux artistes
pour le moins charismatiques à le rejoindre: Alexandre Castonguay, comédien
Courir
l’Amérique
Un spectacle
d’Alexandre
Castonguay,
Patrice Dubois et
Soleil Launière.
Une coproduction du Théâtre
PÀP et du Petit
Théâtre du Vieux
Noranda.
Au Quat’Sous
jusqu’au
28 mars.
abitibien, et Soleil Launière, artiste
multidisciplinaire originaire de Mashteuiatsh, communauté innue établie sur
la rive ouest du lac Saint-Jean.
Adoptant la forme du work in progress,
un procédé qui s’épuise rapidement,
Courir l’Amérique entrelace les pages
d’histoire et les actions performatives,
les récits intimes et collectifs, souvent
très fragmentaires, et les images, incompréhensiblement banales. Métaphore du territoire, des racines et des
frontières, de la mort et de la renaissance, la terre est littéralement libérée,
fouillée, jetée par poignées. Ponctué de
discussions éthiques et esthétiques sur
l’œuvre en chantier, des échanges en
vêtements de travail où l’humour fuse
avant de tomber à plat et où des questions cruciales sont formulées puis laissées en plan, le spectacle fait appel à un
groupe de citoyennes et de citoyens
sans pour autant leur accorder la parole.
Il sera notamment fait mention
d’Étienne Brûlé, premier Français à cohabiter avec les Autochtones, de Marie
B7
Iowa Dorion, celle qui a « suivi le fil
d’un siècle qui trace la frontière entre le
Canada et les USA », de Shanadithit,
dernière survivante de la nation béothuk de Terre-Neuve, de Marie-Anne
Gaboury, exploratrice de ce qui est
maintenant l’Ouest canadien et grandmère de Louis Riel, de Suzanne La Flesche-Picotte, première femme médecin autochtone des États-Unis, et de
Sindy Ruperthouse, une Anichinabée
disparue à Val-d’Or en 2014…
Malheureusement, plutôt que de
combler nos trous de mémoire, plutôt
que de rendre justice aux femmes et
aux hommes qui ont bâti et résisté,
construit et prospéré, rêvé et inventé,
plutôt que de dire et représenter les
horreurs d’hier et d’aujourd’hui, dans
l’espoir que jamais elles ne se répètent, le spectacle, pourtant cruellement nécessaire sur le papier, pourtant pétri de nobles intentions, ne
prend jamais son élan dans l’espace,
n’atteint jamais sa forme, ne trouve jamais sa cohérence.
Se tenant loin des clichés de la Russie de la fin du XIXe siècle sans pour autant s’engager dans la relecture contemporaine, le spectacle conjugue tout naturellement le texte au présent.
YVES RENAUD
CRITIQUE THÉÂTRE
Clouées au sol
Avec Les trois sœurs, la rencontre entre René Richard Cyr
et Tchekhov méritait largement l’attente
CHRISTIAN SAINT-PIERRE
COLLABORATEUR
LE DEVOIR
Depuis sa sortie de l’École nationale en
1980, René Richard Cyr a touché à tout, de
la création au répertoire, du cirque à la comédie musicale, de la chanson populaire à
l’opéra, du conte à l’humour, et même à la
magie. Mais le metteur en scène a attendu la
soixantaine pour se frotter à une pièce de
CANAUX
18h00
18h30
19h00
ICI RC Télé Le Téléjournal avec Patrice Roy District 31
TVA
TQ
V
ICI RDI
TV5
D
VIE
MAX
VRAK
RDS
HISTORIA
ICI ARTV
EXPLORA
SÉRIES+
Z
sav-media
ÉVASION
TFO
Cinépop
SÉcran
Planète
MATV
CBC
CTV
GBL
ABC
CBS
NBC
PBS (33)
PBS (57)
UNIS
HBO1
AddikTV
TVA Sports
03/09
Tchekhov. Loin de faire les choses à moitié,
l’homme signe pour le Théâtre du Nouveau
Monde le texte français, la dramaturgie et la
mise en scène des Trois sœurs.
Jouissant d’une distribution de haut
vol et d’une équipe de concepteurs
hors pair, le spectacle offre un écrin impeccable et implacable au clan Prozorov, des êtres dont les échanges houleux sont aussi poignants que dérisoires, aussi terribles que désopilants.
19h30
20h00
20h30
21h00
Les trois sœurs
Texte : Anton
Tchekhov. Texte
français, dramaturgie et mise en
scène : René
Richard Cyr.
Au Théâtre du
Nouveau Monde
jusqu’au 31 mars.
21h30
22h00
Le rideau s’ouvre sur un portrait de famille, onze individus en quête de bonheur enfermés dans un grand caisson
créé par François Vincent et éclairé par
Étienne Boucher, un magnifique dispositif de bois veiné que les interprètes
ne quittent jamais pendant les 100 minutes que dure la représentation.
Au centre, il y a Olga, Macha et Irina,
les trois sœurs qui rêvent de retourner
à Moscou. En retrait, on trouve leur
frère, Andreï, et celle qui deviendra sa
femme, Natacha. Puis il y a Soliony et
Tousenbach, qui se disputent la main
d’Irina. Et le vieux Docteur, qui a un sérieux penchant pour la bouteille. Sans
oublier Koulyguine, le mari de Macha,
et Verchinine, le commandant dont
elle est sur le point de tomber follement amoureuse. Pour veiller sur tout
ce beau monde, il y a Anfissa, la domestique, un peu dure de la feuille.
S’il n’y a pas un seul maillon faible
dans la distribution, il faut absolument
souligner le supplément d’âme des
22h30
23h00
23h30
minuit
Lâcher prise
Une autre histoire
Faits Divers
Le Téléjournal
Sports express /23h05 On va se le dire
TVA nouvelles Le Tricheur
Refuge animal En tout cas
L'échappée / Comme avant
Fugueuse la suite
TVA nouvelles 22h35 Denis Lévesque
23h35 Deux filles le matin
Passe-Partout Cochon dingue Génial!
Ça vaut le coût Point doc / Les maîtres de l'eau Zone franche
M'entends-tu? Mc$ween
Dans les médias
Génial!
Souper parfait Souper parfait Avec mon ex Rire et délire Maître du chantier / Finition
La semaine des 4 Julie
CSI: Miami / La guerre froide
Souper parfait NVL
Moment V
Le National
RDI économie 24/60
Les grands reportages
Le Téléjournal
Mordus de politique
Le National
Le National
24/60
17h50 Champi.. Journal FR
Les pouvoirs extraordinaires du corps humain / Coronavirus
21h45 Itineris Le siècle de Jean Monnet
C dans l'air
0h15 J.Afrique
Policier criminel
Douanes
Douanes
Structures abandonnées
Phénomènes vus de l'espace
La frontière États-Unis-Mexique La ruée vers l'or: Dakota Boys Ferme à
Vendre ou rénover Australie?
Quoi ton plan? Les gratteux
Stage à la maternité
Dre Boutons
Dog Tales
Sauvages et
Vendre ou rénover Australie?
Cinéma
Bones / Roman meurtrier
Le mentaliste / Une promesse Un village à Brooklyn
JESSE STONE: MEURTRE À PARADISE (2007) Tom Selleck.
X-Files: Aux frontières du réel Un village
Sexe à New York
Mom (v.f.)
Clash
iZombie / La belle et le zombie Les 100
La servante écarlate: The Handmaid's Tale
Sexe à New York
17h00 Le 5 à 7 Hockey 360° Hors-jeu 2.0 F1 Magazine
En route vers 24CH: le valet L'antichambre (D)
Sports 30
Jeter l'ancre
De sentiers
Vacances
Chevaux, hommes
La malédiction d'Oak Island
La malédiction d'Oak Island
La malédiction d'Oak Island
Le mystère de l'or confédéré
FantomWorks
FantomWorks
17h30 Histoires Les belles histoires
Amour du country / Bluegrass Madame revient de loin
Margaret Atwood, écrivaine
5 degrés
Faire oeuvre utile
Le refuge de l'espoir
Jungle urbaine / En centre-ville Quand Homo sapiens
Reconstruire l'histoire
Villes
Villes
Vaincre l'expert
Concevoir
Les lettres orphelines
Élémentaire
FBI / Scénario catastrophe
NCIS: Los Angeles
NCIS: Nouvelle-Orléans
Les enquêtes du NCIS
La loi & l'ordre
Malades
Maripier!
Routiers déchaî Aventures à
Diesel Brothers (v.f.)
Pitbulls et prisonniers / L'élu
The Gifted (v.f.)
Surnaturel / Faux jumeaux
South Park
17h50 Maîtres 18h40 Histoire Anxiété
19h50 Gardiste Couple nerds Encore plus
Katia Makdissi Génie d'ici
L'ère robots
L'ère robots
Couple nerds Couple nerds 36.9°
Avec ou sans cash / Singapour House Hunters Bagages
À nous 2 Canada!
99 envies d'Évasion
1 famille, 1 VR
Hotel Impossible Top 10
Explorations
Les sapiens
S.O.S.!/ Maxi Subito texto
Top!/ Top!
Boum, canon Les sapiens
Le sens de sa place
ONFR+/ ONFR+ L’assa/ Mallette AmourRo
LE SILENCE DES FUSILS
18h05 AURORA TEAGARDEN: UN BÉBÉ SUR ... AURORA TEAGARDEN: MEURTRE AU CINÉMA 20h55 Y A-T-IL QUELQU'UN POUR TUER MA ... GIA: FEMME DE RÊVE (1997) Angelina Jolie.
17h40 LE MARIAGE D'ADIEU (2019)
19h25 NUIT D'ENFER (2019)
HÉRÉDITAIRE (2018) avec Milly Shapiro, Toni Collette.
23h10 SUPER TROOPERS 2 (V.F.) (2018)
Terribles secrets
La diabolique d'Arboga
Au rythme du Labrador
Histoire opéra 100 jours / En apnée
L'envers du paradis
La diabolique
Innovation
Mise à jour
CityLife
Le métro
Ma curieuse cité
Présence autochtone
MUZ
Mise à jour
CityLife
Innovation
Focus
CBCNews
JFL: Gags
Coronation St. FamilyFeud
Wild Bill
Luther
CBC News: The National
CBCNews
Hello Goodbye Coronation St.
CTV News Montreal
eTalk
Bob Hearts
9-1-1: Lone Star / Awakening 9-1-1: Lone Star
The Good Doctor / Heartbreak CTV National News Montreal 0h05 Daily S.
Global National Global News E.T. Canada
Neighborhood Nurses / Lady Business
9-1-1 / Fallout
Bull / Missing
Global News 23h35 The Late Show
News
News
Local 22 News Inside Edition The Bachelor / Season Finale Part 1 Partie 1 de 2
The Good Doctor / Heartbreak News
23h35 Jimmy Kimmel Live
Channel 3 News at 6:00 p.m.
Evening News Ent. Tonight
Neighborhood Bob Hearts
All Rise
Bull / Missing
News
23h35 The Late Show
6pm News
NBC News
Jeopardy!
Wheel Fortune The Voice / The Blind Auditions, Part 4
Manifest / Airplane Bottles
News
23h35 The Tonight Show
PBS NewsHour
This Old House Hour
Antiques Roadshow
Antiques Roadshow
Independent Lens / National Bird
Amanpour and Company
News
Outside Source PBS NewsHour
Doo Wop to Pop Rock: (My Music) Celebrates 20 Years
Longevity Paradox With Steven Gundry, Md
Amanpour
Pense vite!
La belle vie
Pas plus bêtes Chef mission Tournée générale
Prisons sans barreaux
Frères, fusils, festins
Au coeur du Yukon
Watatatow
17h00 THE WIZARD OF LIES
19h15 Curb
19h50 Veep
20h25 Last Wk The New Pope
22h10 McMillion$
23h10 SexCity 23h40 Westworld
DOMMAGE (2009) avec Walton Goggins, Steve Austin.
Killing Eve: la série
Sans regret
La conspiration
Les américains
La pécheresse
17h00 JiC
Le top des tops Le top LNH
Dave Morissette en direct
LNH Hockey / Golden Knights de Vegas c. Oilers d'Edmonton (D)
Le TVA sports Making Coco
18h00
18h30
19h00
19h30
20h00
20h30
21h00
21h30
22h00
22h30
23h00
23h30
minuit
performances d’Evelyne Brochu, bouleversante Macha broyée par le sort,
Éric Bruneau, dont le Verchinine est
aussi irrésistible physiquement qu’intellectuellement, et finalement Benoît
McGinnis, qui donne autant de nuances
à son Tousenbach que s’il s’agissait
d’Hamlet ou de Caligula.
La production brille à vrai dire de partout: de la pertinence des choix dramaturgiques et linguistiques à la délicatesse de la mise en scène, de la splendeur des costumes à la finesse de la direction d’acteur. Se tenant loin des clichés de la Russie de la fin du XIXe siècle
sans pour autant s’engager dans la relecture contemporaine, le spectacle
conjugue tout naturellement le texte au
présent. Impossible alors de ne pas se
reconnaître dans ces hommes et ces
femmes, des êtres qui continuent d’aspirer à mieux, d’espérer un jour meilleur, même après avoir réalisé qu’ils
étaient entravés de toutes parts, retenus
de tous côtés, cruellement cloués au sol.
ÀLATÉLÉ
Notre choix ce soir
Vivre et écrire
L’ultime saison de cette fiction inspirée de l’expérience de l’auteur Michel
Duchesne comme écrivain public
dans Hochelaga-Maisonneuve boucle
la boucle avec finesse et émotion.
Écrivain public, saison 3, tv5unis.ca
Coronavirus en questions et réponses
TV5 relaie cette émission spéciale, diffusée d’abord sur France 2, animée par
le médecin Michel Cymes, dont l’objectif est de répondre à toutes les questions à propos du coronavirus.
Les pouvoirs du corps humain, TV5, 19 h
Madame de 2020
Dans ce documentaire, Chantal
Lamarre et Sylvie Dumontier revêtent
leurs habits « vintage » des Galipeau’s
pour dresser avec humour un portrait
de la situation actuelle des femmes
dans divers domaines.
Madame revient de loin, Artv, 20 h 30
Amélie Gaudreau
CANAUX
18h00
18h30
19h00
ICI RC Télé Le Téléjournal avec Patrice Roy District 31
TVA
TQ
V
ICI RDI
TV5
D
VIE
MAX
VRAK
RDS
HISTORIA
ICI ARTV
EXPLORA
SÉRIES+
Z
sav-media
ÉVASION
TFO
Cinépop
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CBC
CTV
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03/09
19h30
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minuit
LEDEVOIR // LE LUNDI 9 MARS 2020
B8
CULTURE
CINÉMA
Le mur de silence
Les nôtres se penche sur l’impunité, ce phénomène encore trop fréquent
JÉRÔME DELGADO
COLLABORATEUR
LE DEVOIR
V
éritable suspens,
Les nôtres, deuxième
long métrage de
Jeanne Leblanc (Isla
Blanca), repose sur
une intrigue qu’il
vaut mieux, pour le plaisir du spectateur, ne pas connaître. Les non-dits se
multiplient, se superposent. Cette fiction contemporaine cultive à ce point le
secret que l’équipe envoyée au bal des
entrevues marchait sur des œufs.
Les « je ne sais pas si on peut en parler » et « on vous fait confiance » ont
teinté les échanges avec les membres
de la distribution des Nôtres. L’actrice
Judith Baribeau, et coscénariste, a
même avoué ne pas bien se sentir. « Je
ne voudrais pas aller trop loin. »
Dans une petite ville, une adolescente (Émilie Bierre) cache un fait,
voire plus qu’un, lourd(s) de conséquences. Sa mère, veuve depuis peu
(Marianne Farley), le maire de la localité (Paul Doucet) et la femme de celuici (Judith Baribeau) forment le triangle
d’adultes qui composent avec les fragments de ses aveux. Au cœur de la tempête, le fils du maire (Léon Diconca
Pelletier) écope, impuissant. Tout ce
beau monde et leurs voisins plongent
dans le drame, unis sans être complices. La petite communauté tient à
son image, à son confort. Quitte à fermer les yeux sur de grandes injustices.
Pour Judith Baribeau et Marianne Farley, également productrice, la retenue
des personnages fait des Nôtres un film
humain. «En général, dit Marianne Farley, c’est difficile de dire la vérité. Ultimement, on est tous en survie. On veut
être aimé, accepté. C’est souffrant, être
humain. » Sa partenaire de jeu qualifie
cette fiction de troublante et «cruelle»,
davantage que violente. Parce qu’elle
aborde des enjeux sociaux qu’on voudrait éviter, elle a une forte dose de réalisme. « On aime penser que, dans une
situation urgente, une cape de Superman nous pousse et on sauve tout le
monde, dit Judith Baribeau. La réalité,
c’est que souvent, on prend nos jambes
à notre cou et on s’en va. »
Sans héros à l’écran, comme dans la
vie. La communauté des Nôtres se révèle tissée serrée et, pourtant, le chacun-pour-soi y dicte les comportements. Bien plus que le drame d’une
fille de 13 ans, le récit, souligne la productrice-actrice, parle de déni et du refus d’aider. « C’est ça, le tabou : la communauté qui ne prend pas ses responsabilités. Le film est plus à propos de ça
que du reste», résume Marianne Farley.
Décortiquer la douleur
Les confidences étant rares, beaucoup
de choses passent par les regards. Celui
Peu de courage
Sans héros, avec nuances, Les nôtres. Et
sans monstre, précise Paul Doucet.
Lui qui a récemment incarné le pire de
tout — un pédophile dans L’amour, de
Marc Bisaillon (2018) — croit que la
meilleure approche pour suggérer le
mal demeure… l’humanité. « Comme
Hannibal Lecter dans Le silence des
agneaux. Si l’acteur fait un monstre,
personne ne s’identifie à lui et c’est facile de s’en désintéresser. Il y a toujours un côté humain. La déviance,
c’est une maladie. » Dans le fond, dit
l’acteur de 50 ans, Les nôtres dénonce
un silence généralisé. « Il y a un paquet
de regards obliques, mais [la vérité] ne
sort pas. Pourquoi ? » Comme dans la
vraie vie, déplore Marianne Farley, « le
courage est peu commun ».
Derrière leur peur de trop détailler
l’œuvre, les voix de ce conte peu farfelu
souhaitent qu’il suscite suffisamment
de curiosité pour éveiller discussions et
débats. Et briser finalement le mur du
silence.
On aime penser que, dans une
situation urgente, une cape
de Superman nous pousse
et on sauve tout le monde.
La réalité, c’est que souvent,
on prend nos jambes à notre
cou et on s’en va.
d’Émilie Bierre, notamment. L’actrice,
qui vient d’atteindre, à 15 ans, ses dix
ans de carrière, incarne une Magalie
plutôt réservée. Il y a un an, elle était
portée aux nues pour son rôle dans Une
colonie (Geneviève Dulude-De Celles),
rôle qui lui a valu le prix d’interpréta-
La jeune Émilie
Bierre dans
les bras de sa
mère à l’écran,
Marianne Farley.
VALÉRIAN MAZATAUD
LE DEVOIR
tion aux Écrans canadiens. Dans Les
Nôtres, elle récidive.
De son propre aveu, les deux personnages se ressemblent, l’obligent à adopter «un jeu introverti, qui parle avec des
silences et des regards au lieu de mots».
Malgré le peu d’écart entre les deux
Bertrand Chamayou
et le goût français
Le pianiste d’outre-Atlantique a réduit les mélomanes
montréalais par son jeu concentré et intransigeant
Sa rigueur, Chamayou l’allie à la fougue.
MARCO BORGGREVE WARNER CLASSICS
En rappel de son récital pour Pro Musica
à la salle Pierre-Mercure, Bertrand Chamayou a choisi la Pavane pour une infante
défunte de Ravel. Il nous y a donné un
concentré admirable de ce qu’est le goût
français et le style de cette musique,
concepts volontiers mis à mal ou détournés. La Pavane est un parfait terrain pour
déployer ce goût: toucher sans avoir l’air
d’y toucher (subtilité des transitions),
appuyer sans marteler, se recueillir sans
larmoyer. À ce stade du concert, hélas, le
Steinway du Centre Pierre-Péladeau tenait davantage de la casserole que d’un
instrument de concert.
Il ne nous semble pas que ce piano qui
avait besoin d’une retouche aux deux
»
JUDITH BARIBEAU
CRITIQUE CLASSIQUE
CHRISTOPHE HUSS
LE DEVOIR
tournages (un an), la jeune femme a appris à les dissocier. « Magalie a plus de
force et de caractère que Mylia, dans
Une colonie. C’est le même visage, mais
ce sont deux personnes différentes. »
Reconnaissante envers les réalisatrices qui l’ont dirigée, Émilie Bierre a
pu apprécier le défi d’incarner une adolescente si distincte d’elle. Pour rendre
crédible « l’état » de Magalie, il lui fallait la comprendre. « La lourdeur de ce
qu’elle porte, à un si jeune âge, c’est ça
qu’il fallait décortiquer. À la première
lecture, je me suis sentie étrange. En
apprenant à la connaître, tout semblait
une évidence », relate-t-elle.
Rieuse pendant l’entretien, un brin
nerveuse, Émilie Bierre a tenu à partager un truc que Jeanne Leblanc lui a
donné pour plonger dans la psyché de
Magalie : « Pour chaque moment clé,
on s’est fait un énorme tableau avec
des chansons à écouter avant de tourner. Jeanne me faisait mettre des écouteurs, pour m’aider à prendre le rythme
d’une respiration. »
Le scénario comportait sa liste de
chansons et l’une d’elles a franchi
toutes les étapes. Ça donne une scène
mémorable avec Magalie, écouteurs
aux oreilles. « J’ai fait cet étrange
rêve / Où nous étions tous deux / Torturés par nos désirs… » (Nous restions là,
Pierre Lapointe).
extrémités du spectre sonore après le
Carnaval de Schumann à la pause ait
été révisé à ce moment-là. Jouer Ravel
avec des aigus aussi instables n’a pas dû
être une partie de plaisir pour Bertrand
Chamayou, d’autant que la résonance
des aigus est l’un des enjeux principaux
de plusieurs des Miroirs. Mais c’est dans
la seconde des Mazurkas de SaintSaëns (et dans Une barque sur l’Océan)
que l’instrument s’est montré le plus
pénalisant pour les auditeurs.
Rigueur intellectuelle
Ce déplorable instrument ne nous a
pas empêchés d’apprécier les qualités
de Bertrand Chamayou, qui se dessinent de manière très limpide. Premier
enseignement : même s’il n’a pas joué
une note de Franz Liszt, c’est Liszt qui
Hélas,
le Steinway
du Centre
PierrePéladeau
tenait
davantage
de la
casserole
que d’un
instrument
de concert
coule dans ses veines. On s’en doutait
depuis son enregistrement des Années
de pèlerinage. On le sait assurément en
ayant entendu l’Étude en forme de valse
de Saint-Saëns, parée d’élans lisztiens.
La seconde qualité que l’on reconnaîtra à Bertrand Chamayou, c’est la rigueur intellectuelle de son cartésianisme. Il est, de ce point de vue, là aussi,
très français : son discours ne s’égare
dans aucune élucubration; il va droit au
but. Chamayou exagère presque cette
intransigeance qui peut le faire apparaître distant. Dans la respiration psychologique et musicale, il n’y a aucune raison
de s’empresser ainsi à enchaîner Oiseaux
tristes et Une barque sur l’océan. Chamayou y favorise toujours la coulée musicale sans exagérer les contrastes dynamiques et sans poser le moindre effet.
Cette rigueur, Chamayou l’allie à
la fougue. Alborada del gracioso ne
cherche pas la chaleur, la moiteur ou
quelque ambiance, mais le panache. En
fait, à part quand il est question de
cloches, on se pose rarement la question de ce que Chamayou nous raconte.
L’auditeur est surtout en éveil face à son
éthique pianistique et stylistique. On ne
s’étonnera donc pas que son Carnaval
de Schumann soit nettement plus Florestan qu’Eusébius, ces deux personnages fictifs qui illustrent la dualité de
la personnalité de Schumann, tantôt
conquérant, tantôt mélancolique.
Fonceur, Chamayou est loin de la
balance entre les deux trouvée par Éric
Le Sage. Il s’amuse des jeux, des élans,
des accents à contretemps, mais ne lâche
rien (ou s’il le fait, c’est avec rectitude)
quand s’instille la Sehnsucht, ce mélange
de nostalgie et de mélancolie qui teinte
le romantisme allemand. L’esprit de
conquête triomphera en apothéose, dans
la très impressionnante Marche finale.
Le pianiste a commencé son récital
par une Fantaisie de Beethoven, un
compositeur dont les pulsions devraient
lui convenir. Difficile de le juger là-dessus, nous étions alors placés trop près du
piano avant de reculer dans la salle.
Récital Bertrand Chamayou
Beethoven : Fantaisie op. 77. Schumann :
Carnaval, op. 9. Ravel : Miroirs. Saint
Saëns : Les cloches de Las Palmas,
Mazurkas nos 2 et 3, Étude en forme de
valse op. 52 n° 6. Salle Pierre-Mercure,
dimanche 8 mars 2020.
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