"Nous vivons à une époque où l’on n’a plus envie d’entendre parler de hiérarchie. Il y a vraiment cette idée où tout le
monde participe, celle d’une société civile. Emmanuel Macron est le président de la société civile : il a choisi de mettre
plusieurs ministres anonymes, issus de cette même société. Et les collectifs, c’est cette idée où tout le monde participe"
En fin de compte, faire partie d’un collectif, c’est participer à sa manière, s’inspirer de son entourage, se servir de son réseau personnel
et mettre en pratique son savoir-faire. Une organisation que le monde de l’art a toujours prônée. "Presque tous les mouvements
d’avant-garde ont été créés par des collectifs, ils faisaient un manifeste à l’époque", souligne Manon. Et d’ajouter :
"Internet a donné envie aux gens de se servir de leur propre réseau. Au final, Internet, c’était un autre moyen de
faire de la culture ensemble et sans payer. Créer son collectif, ce n’est pas qu’une stratégie marketing, c’est aussi
une question de facilité et de pratique. Aujourd’hui, le pouvoir est aux gens : on est sans arrêt convoqués pour
participer. Par exemple, à la télé, on va beaucoup plus inviter le public à prendre part dans l’émission."
Des collectifs qui invitent à penser collaboratif
L’idée d’un collectif, c’est également ce souhait de travailler de manière collaborative. Andrea Crews a été créé par Maroussia Rebecq
en 2002. Le label, qui se définit comme un "collectif artistique multidisciplinaire", organise à côté de ses collections mode des
performances musicales, des expositions ou encore des workshops d’upcycling participatif.
La marque "Walk in Paris" a été fondée il y a 7 ans par Léo, danseur, et Gary, furtivement passé par le graff mais passionné depuis
toujours par la griffe. Ensemble, ils ont créé cette marque de streetwear, inspirée par l’univers du hip-hop, où se mêlent leurs
influences artistiques. Leur stratégie de com est principalement basée sur leur entourage et leur réseau. Et ça paye !
Effectivement, proches de Roméo Elvis, d’Angèle ou encore de Christine and the Queens – Léo faisait partie de sa troupe de danseurs
–, aujourd’hui, des artistes comme Skepta, Vald, Dimeh ou encore Sopico ont intégré la team "walkers". Récemment, le collectif
explore de nouveaux terrains en collaborant avec Francis Essoua Kalu, artiste peintre plus connu sous le nom d’Enfant Précoce.
D’ailleurs, c’est Gary qui s’est chargé de photographier le peintre – vêtu de la tête aux pieds en Walk In Paris – aux côtés de ses
œuvres, en plein cœur de Paris.
Une nouvelle ère créative
Comme l’annonçait Lidewij Edelkoort, grande prêtresse de la mode connue pour son manifeste Anti_Fashion publié en 2015, il
semblerait que nous assistions à une prise de conscience générale qui encourage vivement le travail collectif. Début 2018, la Casa 93,
une école de mode gratuite fondée par Nadine Gonzalez, a ouvert ses portes à Saint-Ouen.
Ce projet social vise à donner une chance aux jeunes aspirants créateurs issus des milieux défavorisés, ceux qui ne peuvent pas
dépenser plusieurs milliers d’euros pour étudier. Pendant leur cursus, les étudiants sont invités à imaginer une collection collaborative
d’upcycling, explique le site.
Le processus créatif est donc intrinsèquement remis en cause, et de plus en plus de marques mettent un point d’honneur à collaborer
avec des artistes. C’est également le cas du jeune duo créatif Études Studio, qui s’est autoproclamée "marque d’art". À travers leurs
collections de vêtements, les deux jeunes hommes multiplient les collaborations artistiques, mêlant la mode au design, à la peinture, à
l’architecture, à la musique, au graphisme ou encore à la photographie.
Comment les collecfs ont révoluonné la mode hps://www.konbini.com/fr/lifestyle/comment-collecfs-revolu