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comportement des communautés à travers l’adoption des pratiques respectueuse de
l’environnement et les pratiques agroécologiques. Mais, pour ce qui est semences, les
populations africaines font face à une mainmise totale des multinationales sur cet
intrant qui constituent le premier maillon de la chaîne alimentaire.
Ce contrôle exacerbé sur les semences représente une véritable menace pour les populations
africaines et l’environnement. L’Afrique est perçue comme une opportunité commerciale à
grand enjeu économique pour les entreprises internationales. Ces grosses entreprises
semencières développent donc des stratégies commerciales et économiques sur les plans
juridiques, politiques et développementaux pour pouvoir imposer leurs semences en Afrique.
En Europe, ces multinationales contrôlent la production et le commerce des semences, et il est,
désormais, illégal de commercialiser, à titre onéreux ou gratuit, des semences n’appartenant pas
à une variété homologuée.
L’Afrique est donc E une nouvelle frontière possible pour faire du profit ; les terres,
l’alimentation et les biocarburants sont particulièrement visés. Des vagues d’investissements qui
sont fait à travers des programmes mondiaux (la Nouvelle Alliance G8 pour la Sécurité
Alimentaire et la Nutrition Alliance for a1 Green Révolution in Africa (Agra), etc.), sont conçus
pour consolider l’organisation du système alimentaire mondial sous la domination des grandes
entreprises multinationales semencières et autres firmes étrangères au continent. L’ouverture
des marchés et des espaces (les accords de Bangui, l’OAPI, …) sont faits pour garantir des
bénéfices aux multinationales et, est un des objectifs essentiels des interventions du G8. Les
multinationales comme Yara, Monsanto, Syngenta, DuPont Pioneer Cargill et tant d’autres,
veulent des marchés sûrs pour leurs produits en Afrique. Partout en Afrique, une
harmonisation des lois et des politiques est en cours, pour aligner les lois et les systèmes
propres à l’Afrique sur les intérêts des multinationales. Pour atteindre leurs objectifs, elles
exploitent en effet des politiques et des programmes gouvernementaux favorables aux
investisseurs.
Le détournement des semences paysannes devient alors un processus qui a gagné du terrain à
un rythme croissant comme l’atteste l’exemple de la tentative de confiscation des droits des
producteurs sur la variété « le violet de Galmi », une variété d’oignon très populaire, non
seulement au Niger, dont il tient son nom d’un village situé dans le sud-ouest du pays, mais
aussi en Afrique de l’Ouest.
Le mode opératoire est le même partout : avec l’appui de la recherche publique et privée, ils
détournent les semences paysannes, les modifient génétiquement, puis obtiennent un brevet
auprès de l’OAPI, et reviennent les vendre en vantant la « performance » tout en motivant les
mêmes communautés rurales à ne plus utiliser leurs semences classiques. Ainsi, les
multinationales n’ont pas de difficultés à convaincre les agriculteurs.
Cependant l’utilisation de semences conventionnelles, commercialisées par de grandes
multinationales crée une dépendance vis-à-vis des producteurs. Cette dépendance est faite, à
travers un des traits de ces semences, qui est son caractère « non-reproductible ». En effet, la
semence conventionnelle, au bout de deux ou trois années d’utilisation perd toutes ses
propriétés productives et aussi nutritives. Alors, pour espérer produire la saison suivante, les
producteurs sont contraints de s’orienter encore vers ces semences. Ce caractère « non-
reproductible » maintient les producteurs dans un cercle vicieux engendré par ces firmes. Alors
que, avec les semences paysannes, pendant la récolte, l’on fait la sélection massale dans les