Kinésithér Scient 2015;571:17-22
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détriment de la décongestion des membres supé-
rieurs des patients. L’Association française de mas-
seurs-kinésithérapeutes pour le traitement et la
recherche des atteintes lympho-veineuses (AKTL)
menée par Ferrandez et coll. [6,7] a pu démontrer
auprès de 76 patientes qu’il n’y avait pas de dié-
rence signicative d’ecacité entre les bandages
multicouches traditionnels et simpliés.
Il est aisé de comprendre que la simplication
du nombre de bandes prote à tous: le masseur-
kinésithérapeute qui peut tout à fait inclure une
pose de bandage en quelques minutes dans une
pratique libérale et le patient qui gagne de la fonc-
tionnalité du membre supérieur, rendant plus aisé
l’activité physique sous bandage, cruciale pour la
décongestion [8].
n Le bandage en héritage :
la contention/compression
Sans volonté de«tuer le père», la masso-kinési-
thérapie moderne, en fondant sa pratique sur la
preuve et non sur la seule expérience, a cherché à
rendre plus rationnelle et reproductible la réédu-
cation en pathologie vasculaire, tout en gardant
ce qui fonctionnait bien avec la PCD : drainage
manuel, bandages multicouches mais simpliés et
stratégie thérapeutique incluant une phase inten-
sive de plus courte durée (15-21 jours) et une
phase d’entretien.
Inspiré par le bandage que Mollard [9] décrivait
dans sa thèse de médecine en 1972 sur le traite-
ment des ulcères variqueux, il a semblé néces-
saire de « dégraisser » le bandage multicouches
traditionnel. Ce bandage multicouches simplié
est composé par la superposition de 2 bandes
aux propriétés physiques complémentaires bien
diérentes.
Le fondement de l’ecacité du bandage multi-
couches simplié repose sur l’action conjointe
d’une bande contentive ou à allongement court
(≤100%) [10] et d’une bande compressive ou à
allongement long (≥100%).
Theys et coll. [11] insistent sur cette diérence fon-
damentale, qui n’est pas que sémantique, entre les
deux mots, rappelant la perte de cette spécica-
tion dans l’anglais des publications internationales
où le mot « compression» est utilisé indiérem-
ment pour décrire les deux phénomènes.
La contention est le fait de bandes très peu exten-
sibles, c’est-à-dire se laissant très peu déformer.
De sorte qu’une fois posées, elles vont s’opposer
à toute modication de volume du membre. Elles
permettent ainsi d’assurer une continuité de résul-
tat clinique sur l’œdème après une séance de drai-
nage manuel (DM), réalisant comme un plâtre. Au
repos du membre, la pression appliquée par cette
bande est quasi nulle.
En revanche, lors de mouvements réalisés sous
le bandage, l’expansion de volume dû à l’activité
musculaire ne pourra s’étendre vers l’extérieur
du tissu, «contenu» ainsi par la bande à allonge-
ment court. La seule voie possible est donc d’aug-
menter la pression dans le tissu s’opposant ainsi
à la ltration capillaire et améliorant la fonction
lymphatique, aidant à la réduction de volume du
lymphœdème.
La compression est dénie comme l’action d’une
bande étirée sur un tissu, tant que la déformation
qui a modié la bande s’exerce. Elle est le fait de
bandes élastiques ou à allongement long dont
la principale propriété physique est de chercher
en permanence à revenir à l’état antérieur à sa
déformation. Les bandes compressives ont donc
la capacité d’exercer une pression constante sur le
membre, même au repos.
L’association de ces deux bandes permet donc
l’application d’une pression sur le tissu, quelle que
soit l’activité musculaire.
Le mode d’application de ces deux bandes répon-
dra à la nécessité de décongestionner un œdème
plus ou moins dur, plus ou moins dysmorphique.
n Le montage du bandage
multicouches simplifié
Ferrandez et Serin [12] décrivent les diérents
montages du bandage simplié(g.3):
• La bande contentive dite anti-œdème, en coton,
est placé en spirale dont les tours se recouvrent
l’un l’autre.
• Pour la bande compressive, le montage le plus
simple est en spirale : les tours de spires se
recouvrent 1/3-2/3, permettant ainsi un recou-
vrement à trois épaisseurs de bande.
• Autre montage possible, le montage en semi-
spica : une bande horizontale, une oblique
vers l’aval circulatoire. Très utilisé en pratique
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