Interprétations théoriques de l'habitat : Qualité de vie et confort

Telechargé par ali khodja mehdi
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Journée scientifique « Qualité de vie,
confort et habitat»
Université d’Oum El Bouaghi, 2012.
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QUELQUES INTERPRETATIONS
THEORIQUES DE L’HABITAT
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ADAD Med chérif
« Les maisons d’habitation répondent à un besoin vital et reflètent la structure sociale.
Elle est l’expression des goûts, des besoins et des possibilités de ceux qui y vivent
comme des conditions du milieu physique dans lesquelles se trouvent leurs habitations.
Il s’ensuit une très grande variété de situations »
(Laborde Pierre, 19834 : 86)
RESUME
Partant de cette définition et étant un processus très complexe, qui met en œuvre
plusieurs paramètres tels que la culture, le mode de vie, la psychologie, le rôle de
l'architecte et de l’habitant, il existe plusieurs interprétations de l'habitat. Donc,
architectes, ethnologues, historiens, géographes, anthropologues, sociologues,
psychologues et d'autres ont employé des approches différentes pour l’étudier. Donc,
l'étude des approches de l'habitat particulièrement traditionnel présente un grand
intérêt pour la persistance et la pratique de ce type d'espace habité.
INTRODUCTION
Cet article vient répondre en proposant d'éclairer l'un des concepts de base de cette
recherche qui est celui de l'habitat. Il est le concept le plus ancien de l'histoire de
l'humanité. Toujours avec un rapport étroit avec l'homme, habitat lui a toujours un fidèle
compagnon à travers les lieux et les temps en prenant des formes diverses définies sous
l'influence des facteurs naturels sociaux ou culturels. Dans toute conception de l'espace,
il est nécessaire d'établir une adéquation entre d’abord les besoins de l’usager, l'aspect
esthétique, technologique et l'apport des sciences sociales, économiques et politique.
Sans rentrer dans les détails épistémologiques, étymologiques et évolution
historique, habitat est passé de l'abri qui exprime la survie à l'habitation reflet d'un
certain luxe de l'homme contemporain. Afin de cerner ce concept complexe, nous avons
jugé utile de présenter certaines définitions selon différentes approches.
Ce chapitre met aussi l'accent sur le besoin pour une meilleure compréhension des
approches sur l'habitat aussi bien contemporain que vernaculaire. Il montre qu'une bonne
analyse des édifices existants peut nous aider à mieux comprendre la pertinence de
certains principes fondamentaux de la conception des espaces. Donc, pour concevoir un
édifice des architectes optent pour des approches différentes. Une approche
couramment utilisée consiste à prendre d'abord en compte la composition géométrique
(plane et spatiale) le caractère du site, le microclimat, les vues etc. Pourtant cette
approche a été défiée en pratique par des mouvements d'architecture assez récents
consistant à emprunter des styles esthétiques d'un certain contexte et l'appliquer dans
un autre. Par exemple le mouvement moderne en architecture, suivi par pas mal
d'architectes de renom, a appliqué le principe du "style international " sur l'habitat dans
un certain nombre de pays. Or ce style n'a pas donné les résultats escomptés car les
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traditions et les habitudes locales ont été ignorées. De la même manière le post-
modernisme a emprunté une série de principes du style international tout en négligeant
l'importance de l'apport de facteurs physiques contextuellement définis dans la
conception. Ici l'usager n'a pas été consulté dans le processus. Un mouvement prôné par
John Turner était aux antipodes des mouvements suscités. Le futur habitant est consulté
dans toutes les phases de construction: c'est une participation active. Il est plutôt un
sujet qu'un objet. Dans ce contexte l'individu est sous les ordres du groupe. Le produit
final est un fruit collégial.
Cependant, l'usager n'est pas totalement dissout dans la communauté, il est
capable de bâtir sa maison à l'aide du groupe, il définit parfaitement ses besoins et ses
exigences et il est tout à fait capable de résoudre tout problème le touchant
personnellement. Tout ceci rentre dans le cadre d'entraide entres les membres du groupe.
Selon Rapoport (1972 :5), il s'agit d'une "construction indigène", il reconnaît que
le terme indigène est difficile à expliquer. Cependant, d'une manière générale, il le
définit comme le processus suivant lequel une construction indigène est conçue et
construite.
La tradition populaire peut être subdivisée en deux catégories d'architecture :
primitive et indigène. La première ainsi qualifiée par les anthropologues, est le produit
d'une société. Cela signifie qu'elle possède un certain degré de développement technique
et économique sous l'égide d'un certain type d'organisation sociale la famille
moyenne possède les connaissances nécessaires et suffisantes. Ici, la spécialisation est
presque inexistante. Dans ce contexte, la notion de participation communautaire prend
tout son sens.
Quand c’est les ouvriers spécialisés qui prennent en charge l’acte de bâtir de la
majorité des maisons, à ce moment- on passe de la construction primitive à la
construction indigène préindustrielle (Meistersheim A., 1972 :5). Cela n'écarte pas
l'apport de l'individu dans l'acte de bâtir. Donc l'intervention de l'ouvrier est une
question de spécialisation, d'où l'intervention de celui-ci est limitée. L'artisan, qui est
toujours un paysan, cohabite et coexiste avec l'usager. Celui-ci n'est pas seulement un
consommateur, il participe en grande partie à la conception des plans et à la
construction. La conception des plans de la construction indigène est variée et flexible.
Elle tient compte de la position de la maison par rapport au soleil, à la lumière, à l'eau
etc. Les modifications sont limitées aux particularités mais le type de maison demeure
le même. Ces particularités se définissent dans les exigences familiales, les dimensions
des espaces, le rapport avec le site etc. C'est une architecture populaire qui exprime une
culture et des valeurs aussi bien sous forme matérielle que spirituelle. Elle est faite sans
l'intervention des architectes, des artistes ou des décorateurs. La tradition populaire et
ses valeurs, dont l'environnement bâti fait parti, a une relation directe avec la culture de
masse alors que la haute tradition architecturale (monuments, palaces, châteaux etc.) met
en évidence la culture d'une classe supérieure ou d'une élite. Celle-ci traduit une
certaine idée de la puissance des grands en impressionnant la masse.
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Selon Anne Meistersheim (1972), le phénomène de «habiter » ne peut être
seulement expliqué architecturalement, l'ethnologie et la sociologie peuvent aussi
apporter leur part d’explication.
Aussi, l'habitat ne peut être uniquement interprété anthropologiquement ou en se
basant unilatéralement sur les matériaux de construction, la technologie, l'économie, le
mode de vie, c'est en fin de compte, l'environnement global qui doit être pris en
considération en prenant en compte le caractère global dans lequel se déroule l'acte de
bâtir, sachant que les relations, qui lient l’homme à son espace, sont très complexes.
Rapoport (1972 :1) insiste sur le fait que ce qui est déterminant c'est le type de
réponse que l'on donne aux besoins mais pas les besoins eux-mes. Ainsi par
exemple, ce qui intéressant n'est pas le fait de construire mais plutôt la façon dont est
construit le logis. C'est le savoir-faire qui est plus important que le produit lui-même.
L'étude et l'analyse des architectures populaires, qui tendent à disparaître devant une
architecture produit en masse, sont d'une importance capitale afin de tirer des
renseignements qui peuvent être d'un apport efficace dans la façon d'organiser l'espace
et de la manière de construire. L'exemple de l'architecte égyptien Hassan Fathy est très
édifiant. Cet architecte n’a fait qu'utiliser les matériaux et les techniques traditionnelles
de construction afin de satisfaire le besoin d'une pauvre communauté avide d'un besoin
en habitat.
L'habitat, qui est donc très lié à la culture, est exprimé par des valeurs spécifiques:
les codes, les signes, les règlements intercommunautaire, le degré d'intimité, l'utilisation
de l'espace sans oublier également la tolérance à la chaleur à la lumière etc.
Etant donné que chaque société possède sa propre culture, l'architecture ne peut
être universelle, elle est locale. C'est à dire, qu'elle s'accommode aux conditions propres
de son environnement et offre une variété de solutions en matière d'espace habité.
L'ajustement de l'espace tient aussi compte des paramètres tels que la lumière, le soleil,
l'eau etc. Paramètres souvent négligée par l'architecture dite «moderne ». La conception
est le résultat d'une besogne commune effectuée de la manière la plus simple.
L'architecture indigène se caractérise par l'ouverture et la non-spécialisation et elle est
tout à fait différente de la forme fermée.
Rapoport (1972 :1) explique que
« Le modèle lui-même est le résultat de la collaboration de nombreux individus pendant
plusieurs générations, aussi bien que de la collaboration existant entre ceux qui font et
ceux qui utilisent les maisons et les autres objets façonnés ; et c’est qu’on entend par le
terme traditionnel.
Dans ce contexte, l'architecte et le dessinateur sont inutiles puisque tout le monde
est préalablement au courant du type de la maison à bâtir. Les gens ont besoin de l'artisan
que pour accomplir des taches bien spécifiques.
Ainsi, les variables telles que le site, les dimensions, l'implantation sont le fruit
d'une large concertation au sein de la communauté. Tout ce savoir-faire est transmis
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d'une génération à une autre d'une manière spontanée. En somme, la tradition est le
moteur qui fait fonctionner la toute vie communautaire sous l'autorité collective.
2. - Habitat comme concept
Le concept «habitat» est aussi ancien que l'homme. Depuis sa création et au fil
des siècles celui-ci a toujours défini son espace habité. Sans pour autant prendre une
charge sémantique immuable, le concept change avec l'évolution de l'être humain. Le
logement constitue pour l'individu, la famille et la collectivité un besoin essentiel au
même titre que les besoins en alimentation, habillement, éducation. De plus en plus
les études en la matière prennent en considération un concept plus large « habitat»
lequel inclut, outre l'aspect du logement en tant que dortoir et abri contre les intempéries
et d'autres éléments d'appréciation relatifs aux équipements collectifs indispensables au
développement du bien-être physique et social de la famille et l'individu (Benamrane
D. : 13). L'objet de l'architecture est de concevoir le cadre de vie quotidien. C'est à dire
l'habitat. Sur le plan fonctionnel, l'habitat est considéré comme l'ensemble formé par
l'habitation et ses espaces extérieurs, les équipements, leurs prolongements et les lieux
de travail secondaire ou tertiaire.
Larousse définit l'habitat comme suit :
« Lieu habité par une population, une plante, un animal à l'état de nature. Aussi, il est
l'ensemble des faits géographiques relatifs à la résidence de l'homme (forme,
emplacement, groupement des maisons etc.: l'habitat rural, l'habitat urbain).
L'ensemble des conditions relatives à l'habitation »
Les termes «logement », «habitat », «demeure », «logis », «maison »,
«habitation » sont souvent utilisés avec la même signification.
En outre, le nouveau Petit Larousse illustré définit l’habitation comme suit :
« L’habitation est le lieu on habite: domicile, demeure, logement, maison ». Quant
au mot «habiter » il est l'équivalent à de «demeurer » et le vocable «demeurer » est
synonyme de «habiter ».
Il faut pourtant tenter de dépasser cette imprécision des dictionnaires. Nous
retiendrons deux termes : logement et habitat, la signification du premier s'inscrit dans
celle du second et comme l'un de ses composants.
L'habitation doit être étudiée d'une façon inséparable du reste de l'habitat. En
d'autres termes, l'ensemble des fonctions intérieures à l'habitation n'est qu'une partie des
fonctions de l'habitat qui comprend des modalités de satisfaction des mêmes besoins
extérieurs à l'habitation. Par exemple le repas: habitation (cuisine) correspond à la
cafétéria et au restaurant à l'espace extérieur. Le sommeil: habitation (chambre)
correspond au motel, hôtel à l'espace extérieur.
Le terme "habitat" signifie quelque chose de plus que d'avoir un toit et un certain
nombre de mètres carrés à sa disposition. D'abord, il signifie rencontrer d'autres êtres
humains pour échanger des produits, des idées et des sentiments, se mettre d'accord avec
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