Pourquoi certains croyants changent

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Pourquoi certains croyants changent-ils de religion ?
propos recueillis par Jean Mercier
Créé le 30/09/2014 / modifié le 30/09/2014 à 18h41
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© Séverin Millet © Séverin Millet
Chrétiens, ils ont embrassé l’islam. Musulmans, ils ont demandé le baptême. Qui sont ces convertis
qui dérangent ? La Vie a interrogé un pasteur, un imam et un évêque pour comprendre leurs
motivations.
Que signifie devenir musulman quand on est chrétien ?
> Tareq Oubrou
Recteur de la mosquée de Bordeaux, théologien et écrivain.
« Islam et christianisme sont deux religions du salut universel, il y a une compétition normale entre
elles. Je connais des chrétiens qui viennent se convertir, ils ne croient pas à la Trinité, donc je
considère qu’ils ne sont pas chrétiens, même s’ils ont reçu le baptême. Les vrais croyants qui ont été
touchés par Jésus sont très rares. Donc si un chrétien sociologique veut devenir musulman, ça se
justifie dans ce contexte français où le catholicisme s’est beaucoup sécularisé. Il y a des prêtres qui
ne connaissent rien à la théologie catholique et ils sont incapables de la défendre. Par contre, les
chrétiens d’Orient sont très hostiles au fait qu’un de leurs membres se convertisse. »
> Gilles Boucomont
Pasteur de l’Église protestante unie du Marais, Paris IVe.
« La plupart des chrétiens qui se convertissent à l’islam vont y trouver un sens de la loi qu’ils n’ont
pas dans le catholicisme ou le protestantisme, où les exigences de foi ont été euphémisées. Ils
aiment dans l’islam le mélange d’exigence et de simplicité. De fait, un match se joue entre la
mosquée et la communauté évangélique, deux lieux où l’on n’a pas peur de dire la loi de Dieu. Le
problème est que, dans la foulée de 1968, pour la première fois dans l’histoire de l’Occident, les
citoyens ont perdu le sens de la loi. Le catéchisme chrétien se réduit parfois à un sentimentalisme
sympathique. L’Évangile libérateur nous affranchit aussi de la loi, mais quand elle n’a pas été
intégrée… Les conversions de chrétiens vers les musulmans sont un vrai signal d’alarme : nous ne
faisons pas notre travail face aux chrétiens en attente de repères ! Il faut réintégrer quelque chose du
« père » dans la foi. »
> Michel Dubost
Évêque d’Évry-Corbeil-Essonnes, président du Conseil des évêques pour le dialogue interreligieux.
« C’est fréquent. Les chrétiens sont beaucoup moins missionnaires que les musulmans, et ça
commence dans les cours de récré : les petits musulmans posent d’emblée la question religieuse,
mais pas les petits chrétiens ! L’islam est très attirant pour les plus jeunes. Les musulmans mettent
la pratique avant la foi : ils proposent aux jeunes des rites et des gestes. Ils vont de la pratique à la
foi. Les chrétiens font l’inverse : d’abord ils valorisent la foi, puis la pratique. Les adolescents sont
tellement peu sûrs de ce qu’ils croient qu’ils préfèrent d’abord pratiquer, plutôt qu’adhérer à un
corpus théologique. C’est
ce que leur propose l’islam, qui leur donne des repères qui seront ensuite renforcés par les préceptes
coraniques. Cela représente un grand défi pour l’Église. Il faut réfléchir sérieusement à la formation
des chrétiens. Ces derniers pensent de manière abusive que le Christ est venu abolir la loi et que le «
vrai » christianisme transcende la loi, mais c’est faux. Le Christ n’abolit pas la loi, il l’accomplit.
De nombreux catholiques ont troqué cette vérité pour un romantisme, croyant s’abstraire d’une
formalisation de la loi, avec des repères structurants. Je constate par exemple combien il est difficile
de parler du péché pour les catholiques. Alors que l’islam est totalement décomplexé à ce sujet. »
Et devenir chrétien quand on est musulman ?
> Tareq Oubrou
Recteur de la mosquée de Bordeaux, théologien et écrivain.
« Si l’on se réfère à la théologie fondamentale, dans l’islam, il est clair que la foi ne peut être
imposée, elle doit être assumée librement. Le Coran fait l’éloge de la raison. Mais les choses se
compliquent quand on appartient à la religion par l’appartenance à une communauté culturelle,
identitaire ou ethnique. En effet, des musulmans sociologiques quittent leur religion. L’intégrisme
islamiste inquiète beaucoup les musulmans sociologiques qui peuvent être tentés de devenir
chrétiens. Il est très rare que de vrais musulmans quittent l’islam. Celui-ci est né avec le pouvoir et
dans une société qui ne connaît pas la séparation des ordres. Donc, la sortie de la religion signe celle
de l’unité nationale… En France, aussi, cela se vit au niveau des tripes, car les musulmans se
sentent vulnérables, marginalisés. Il y a une condamnation théologique pour ceux qui apostasient.
La conversion n’est possible que si elle est pacifique, si elle n’est pas accompagnée de trouble à
l’ordre public. Dans les pays où l’islam fait partie de la culture, toute conversion pose problème.
Mais je ne sais pas trop ce qui se passe là-bas. »
> Gilles Boucomont
Pasteur de l’Église protestante unie du Marais, Paris IVe.
« À cause du battage médiatique autour des petits « Gaulois » qui se convertissent à l’islam, on
oublie tous ces musulmans qui viennent au christianisme, surtout au protestantisme, pour trois
raisons de ressemblance avec l’islam : l’absence de clergé, la centralité des Écritures, l’interdiction
des images. Parmi eux, des musulmans qui cherchent à s’intégrer dans une société qu’ils croient
chrétienne, mais aussi de vrais croyants ayant fait une expérience forte du Christ. Un quart des gens
que je baptise viennent de l’islam. Dans leurs familles, cela passe très mal. Certains convertis sont
menacés, ostracisés. On ne les baptise pas tous lors d’un culte public, ce qui est une entorse aux
principes de la Réforme. Le pire pour un converti de l’islam est d’être coupé de ses racines, et de
son réseau relationnel. Hélas, les Églises ne font pas ce qu’elles devraient faire pour ces personnes
en rupture : leur offrir une famille de substitution, avec une vraie vie fraternelle. »
> Michel Dubost
Évêque d’Évry-Corbeil-Essonnes, président du Conseil des évêques pour le dialogue interreligieux.
« Les gens qui sont réellement musulmans et se rallient à une foi chrétienne réellement vécue sont
très rares. En général, ils ont été marqués par une relation forte avec un chrétien, ou par une
expérience mystique. Je n’en ai rencontré qu’un ou deux alors que je baptise fréquemment des
personnes de culture musulmane, qui étaient en fait agnostiques même si elles faisaient le ramadan.
Si le converti vient d’une famille musulmane croyante, cela pose de graves difficultés. »
La Vie N° 241 mardi 30 septembre 2014
Traduït de “La Vie “ revista catòlica de França. Tinguem present que el que tracta l'hem d'enendre el
el context francés: el nostre no és (encara? ) el mateix.
Per què canvien alguns creients de religió?
Entrevista realitzada per Jean Mercier
Els cristians, que han abraçat l'Islam. Els musulmans, que va demanar el baptisme. ¿Qui són aquests
convertits inconvenient? Vida entrevistar a un pastor, un imant i un bisbe per entendre les seves
motivacions.
El que es converteix en un musulmà quan vostè és un cristià?
> Tareq Oubrou,
Iman de la Mesquita de Bordeus, teòleg i escriptor.
"L'Islam i el cristianisme són dues religions de salvació universal, hi ha una competència natural
entre ells. Sé que els cristians que vénen a convertir, que no creuen en la Trinitat, pel que considero
que no són cristians, fins i tot si han estat batejats. Els veritables creients que han estat tocats per
Jesús són molt rars. Així que si un cristià vol esdevenir musulmana sociològica, es justifica en
aquest context on el catolicisme francès és molt més secularitzada. Hi ha sacerdots que no saben res
sobre la teologia catòlica i que són incapaços de defensar-la. Per contra, els cristians orientals són
molt hostils al fet que els seus membres es convertiran. "
> Gilles Boucomont
Pastor de l'Església Protestant Unida de Le Marais, París IV.
"La majoria dels cristians que es converteixen a l'Islam es troba un sentit de la llei no tenen en el
catolicisme o el protestantisme, on s'han eufemizada les exigències de la fe. Estimen en l'Islam
barreja requisit i simplicitat. De fet, un joc es juga entre la mesquita i la comunitat evangèlica, dos
llocs en els quals no tenim por de dir la llei de Déu. El problema és que en el deixant de 1968, per
primera vegada en la història d'Occident, la gent ha perdut el sentit de la llei. El catecisme cristià de
vegades es redueix a un sentimentalisme compassiu. L'evangeli ens allibera com alliberador de la
llei, però quan ella no estava integrat ... conversions cristians als musulmans són una veritable toc
d'atenció: no fem la nostra feina contra el cristià espera de senyals! Hem de tornar a una cosa així
com "pare" en la fe. "
> Michel Dubost
Bisbe d'Evry-Corbeil, president del Consell dels Bisbes per al diàleg interreligiós.
"Això és comú. Els missioners cristians són molt menors que els musulmans, i comença al pati
d'esbarjo: els nens musulmans immediatament van plantejar la qüestió de la religió, però no el petit
cristià! Islam és molt atractiu per als joves. Musulmans van posar pràctica de fe abans que
s'ofereixen als joves ritus i gestos. Ells practicaran la fe. Els cristians fan el contrari: primer que
valoren la fe i la pràctica. Els adolescents són tan insegurs del que creuen que prefereixen practicar,
en lloc d'unir-se a un corpus teològic primer. Això és que els ofereix l'Islam, el que els dóna signes
que després es reforcen amb els preceptes alcorànics. Això representa un gran desafiament per a
l'Església. Hem de considerar seriosament la formació dels cristians. Aquests pensen incorrectament
que Crist va venir a destruir la llei i que el "veritable" cristianisme transcendeix la llei, però no ho
és. Crist no va abolir la llei, el que fa és portar-la a l'acompliment. Molts catòlics han canviat la
veritat per a un romanç, degut a la formalització abstracta de la llei, amb referència cultural.
Observo, per exemple, el difícil que és parlar de pecat per als catòlics. Mentre que l'Islam és
totalment desinhibit sobre això. "
I ser cristià quan s'és un musulmà?
> Tareq Oubrou
Iman de la Mesquita de Bordeus, teòleg i escriptor.
"Si ens fixem en la teologia fonamental en l'Islam, és clar que la fe no es pot imposar, ha d'assumir
lliurement. L'Alcorà lloa el raaonament. Però les coses es compliquen quan un pertany a una religió
per la pertinença a una identitat ètnica o comunitat cultural. De fet, els musulmans sociològics
abandonen la seva religió. El fonamentalisme islàmic preocupa molts musulmans sociològics que
poden tenir la temptació de convertir-se en cristians. És molt estrany que els veritables musulmans
abandonin l'Islam. Aquest neix amb el poder i en una societat que no coneix les ordres de
separació.( entre església i estat : nota del traductor) Així sortir de la religió ( cristianisme ) que és
signe d'unitat nacional ... A França, això és visceral,, i d'aquesta manera els musulmans se senten
vulnerables, marginats. Hi ha una condemna teològica pels que apostaten. La conversió és possible
només si és pacífica, si no s'acompanya d'alteració de l'ordre públic. Als països on l'Islam és part de
la cultura, la conversió ( al cristianisme ) planteja problemes. Però no sé el que passa allà. "
> Gilles Boucomont
Pastor de l'Església Protestant Unida de Le Marais, París IV.
"A causa de l'expectació al voltant dels petits" gals "que es converteixen a l'Islam, ens oblidem de
tots aquells musulmans que vénen al cristianisme, especialment al protestantisme, per tres raons de
semblança amb l'Islam: l'absència de clergat, la centralitat de les Escriptures, la prohibició de les
imatges. Entre ells, els musulmans que tracten d'integrar-se en una societat que creuen cristiana,
però els veritables creients han de tenir una forta experiència de Crist. Una quarta part de les
persones que vénen de batejar provenen de l' Islam. En la seva família, això és causa de gran
malestar. Alguns conversos es veuen amenaçats, condemnat a l'ostracisme. Nosaltres no els batejem
en un culte públic, que és una desviació dels principis de la Reforma. El pitjor per a un convertit de
l'Islam està ser tallat de les seves arrels, i de la seva xarxa de relacions. Per desgràcia, les esglésies
no estan fent el que han de fer per aquestes persones : oferir-los una família substituta, amb una
vida comunitària real. "
> Michel Dubost
Bisbe d'Evry-Corbeil, president del Consell dels Bisbes per al diàleg interreligiós.
"Les persones que són realment musulmans i s'alineen amb una realitat viva de fe cristiana, són
molt rars. En general, van ser marcats per una forta relació amb un cristià, o una experiència
mística. Només n'he conegut a un o dos, mentre que sovint batejo persones d'origen musulmà que
en realitat eren agnòstics encara que fessin Ramadà. Si el convertit ve d'una família musulmana
veritablament creient , això planteja seriosos desafiaments. "
La Vie 241, dimarts, setembre 30, 2014
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