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Quels dispositifs de financement appropriés pour la TPE
dans le contexte dune économie en développement
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Hind MALAININE
Professeure, Université Ibn Zohr, Agadir.Maroc
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Quels dispositifs de financement appropriés pour la TPE
dans le contexte dune économie en développement
?
Pr. Hind MALAININE
RESUME
La plupart de études confirment, notamment dans les pays en développement, que
le
système de financement actuel n’est nullement adapté aux besoins de la TPE.
L'accès à des
sources appropriées de financement demeure une attente constante, principalement pour la TPE
informelle qui constitue lun des segments les plus importants des entreprises dans ces économies.
S’il est largement admis que l’épargne constitue la principale source de financement, force
est de reconnaître que
la plupart des dispositifs développés n'ont généralement pas permis
de prendre en charge de manière durable question du financement de la TPE, car celle-ci
demeure trop grande pour la micro finance et trop petite pour la banque !
Partant de deux
enquêtes auprès de TPE, à la fois formelles et informelles, n
otre étude tente
de vérifier les
perspectives qu’offre la Méso finance, avec référence au cas du Maroc.
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INTRODUCTION
Les TPE constituent, dans la plupart des économies dites en développement, l’unité
économique dominante1. L’accès au financement demeure l'un des problèmes majeurs qui
entrave sa création et sa croissance. Au Maroc, comme dans de nombreuses économies
émergentes, si les grandes entreprises bénéficient de financements importants, les TPE, qui
contribuent majoritairement à la création d’emploi, sont quasiment ignorées par les dispositifs
de financement courants. Les Institutions de Micro Crédit (IMF) ont tenté de satisfaire un
segment décisif de cette demande constitué par les TPE informelles, qui sont, pour la plupart,
des micro entreprises.
De nombreuses études2 se sont penchées sur les moyens adéquats pour alléger cette contrainte
mais cette question reste toujours à l’ordre du jour ; chercheurs, pouvoirs publics et agences de
coopération tentent d’apporter une réponse à cette question centrale.
Certes, la satisfaction des besoins financiers de la TPE obéit à une « logique de
bancarisation », mais souvent leur statut et leur potentiel économique sont insuffisants pour
leur permettre l'accès aux banques commerciales. Par conséquent, les IMF tentent d’assurer
une plus grande prise en charge des besoins financiers de ces TPE. Mais entre les IMF qui
offrent des financements de court terme, et les banques, qui réservent leurs prêts aux TPE à
fort potentiel de croissance, (en priorité aux grandes entreprises et dans une moindre mesure
au PME), le financement de l'investissement des TPE constitue le chaînon manquant. Le
segment de la TPE disposant d’un potentiel de développement ne trouve nullement une
réponse appropriée à ses besoins auprès des IMF et se trouve confronté à des difficultés
pour être éligible au dispositif de financement des Banques classiques.
C’est ainsi, que malgré toutes les mesures mises en place dans une économie en
développement telle que celle du Maroc, la TPE continue de connaître de sérieux obstacles
à l'accès au crédit. Les nombreux dispositifs développés n'ont généralement pas permis de
prendre en charge de manière durable et soutenable la question du financement de la TPE,
car celle-ci demeure trop grande pour la micro finance et trop petite pour la banque ! La
question centrale reste comment faire correspondre durablement et de manière soutenable
l‘offre et la demande de financement de la TPE dans le mesure la TPE n’est ni au cœur
de la stratégie de la banque classique, ni la cible de la micro finance.
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1!Sarah MARNIESSE. Approches théoriques de la dynamique des microentreprises dans les pays en
développement
2 Notamment les analyses de A. Julien, P. Marchesnay, J. Filion, S. Marniesse, B. Savoie, I. Belletre
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Cette recherche se propose de voir dans quelle mesure la « Méso finance » est à même de
constituer une alternative opérationnelle au développement d’un secteur financier intégré
susceptible de couvrir les besoins de l’ensemble des segments de la TPE.
Rappelons que c’est pour explorer de nouvelles perspectives qu’une approche alternative est
apparue sous l’appellation de « méso finance ». Celle-ci prône une réorientation stratégique des
principaux intervenants du secteur financier. Elle préconise une montée « en grade » des
institutions de micro finance et/ou l’adaptation des banques au segment de petites et moyennes
entreprises qu’elles ne servaient pas. Cette évolution se fixe comme objectif de conduire les
banques à une descente dans la gamme de services et produits qu’elles offrent et les institutions
de micro finance à un élargissement de leurs produits offerts en direction des TPE.
Notre démarche consiste à proposer les contours opérationnels de la stratégie que recouvre le
concept de méso finance avec référence au cas de l’économie marocaine (III). A cet effet, nous
rappelons, tout d’abord, les limites de l’offre de financement dont bénéficient les TPE (I), et
nous mettrons en évidence les besoins spécifiques de ces petites unités, sur la base de deux
enquêtes, l’une auprès des TPE clientes des banques et l’autre auprès TPE clientes des IMF (II).
Cela nous permettra de relever enjeux et défis pour les acteurs et intervenants de la Méso
finance, ainsi que les orientations stratégiques qui nous paraissent souhaitables à la fois pour
les banques et les AMC dans le but de faciliter l’accès au financement des TPE et promouvoir
leur développement.
I.!LES LIMITES DE L’OFFRE DE FINANCEMENT DE LA TPE
L’objet de ce premier point est d’explorer les différentes réponses qui ont été apportées aux
besoins financiers des différents segments de la TPE aussi bien par les IMF que le secteur
bancaire classique. Compte tenu du rôle des IMF dans le financement des microentreprises
nous procéderons, tout d’abord, à un état des lieux de l’offre au profit de ce segment de la TPE
et ses perspectives d’évolution (I.1) et par la suite, nous nous pencherons sur l’offre du système
bancaire et sur ses limites (I.2).
I.1. LA TPE ET LE MICRO CREDIT
L
a microfinance est un nouvel élément du secteur financier qui constitue un moyen de
compenser les défaillances des systèmes locaux de financement.
On distingue, parmi les services financiers qu’elle assure, le microcrédit, l’assurance, le micro
épargne et le transfert d’argent3.
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3 Le microcrédit est défini par la Loi 58-03 au Maroc comme suit :
« Article 2 - Est considéré comme microcrédit tout « crédit dont l’objet est de permettre à des
personnes « économiquement faible » :
« - de créer ou de développer leur propre activité de production ou de service en vue d’assurer leur
insertion économique ;
« - d’acquérir, de construire ou d’améliorer leur logement ;
« - de se doter d’installations électriques ou d’assurer l’alimentation de leurs foyers en eau potable.
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Au Maroc, au cours des vingt dernières années, « la microfinance a émergé et s'est imposée
comme un sous-secteur du système financier dont elle contribue à élargir la portée et à
diversifier les services. A ce titre, il y a lieu de relever que l’essentiel des prêts des IMF, à savoir
72%, bénéficient aux microentreprises »4. L'importance accordée à la microfinance repose en
grande partie sur l'idée qu'elle constitue un moyen efficace de lutte contre la pauvreté à travers
la promotion d’activités génératrices de revenu (AGR) et notamment de microentreprises. De
manière générale, le secteur de la microentreprise constitue une des principales cibles des IMF
qui tentent de proposer des produits adaptés à cette clientèle5.
Toutefois, si les besoins de financement à court terme de la micro entreprise est relativement
bien satisfait, d’autres types de besoins ne le sont pas tels que le financement des
investissements dont la durée et le montant sont en deçà des possibilités des institutions de
microfinance. Le niveau de ces besoins financiers est très variable, mais ils sont généralement
de trois types : les crédits d'investissement, les crédits à court terme (crédit de trésorerie), les
engagements par signature (cautions).
Ce secteur aux impacts socio-économiques réels constitue une bonne expérience grâce aux
résultats importants dans la lutte contre la pauvreté et qui ont permis au Maroc de devenir un
leader dans la région MENA. Toutefois, et comme cette industrie continue d’évoluer, les défis
deviennent de plus en plus nombreux et mettent en lumière les faiblesses auxquelles ce secteur
doit absolument faire face.
En effet, dans le contexte actuel, le secteur est à une phase critique de son développement, et le
défis de la plupart des associations de microcrédit est celui de l’institutionnalisation et la
pérennité qui requiert non seulement la pérennité financière et un cadre juridique plus adapté
aux besoins de développement des associations performantes, mais aussi une vision stratégique
claire et une organisation transparente et efficace.
L'enjeu majeur du secteur de la microfinance demeure de pallier adéquatement et durablement
les insuffisances du secteur bancaire pour permettre le développement des microentreprises et
des TPE.
De manière générale, on peut affirmer que les IMF ont une assez bonne connaissance de la
clientèle des micro entreprises et ont développé des techniques, des outils et des produits de
plus en plus appropriés afin de mieux répondre aux besoins exprimés et de minimiser les risques
de crédit. A côté des activités génératrices de revenus ciblant les populations pauvres et
destinées à lutter contre la pauvreté, les microentreprises constituent la clientèle de prédilection
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« Le montant du microcrédit, qui ne peut excéder cinquante mille dirhams (50.000 DH) est fixé par
décret. Ce décret peut prévoir plusieurs niveaux de ce montant en fonction des objectifs de chaque
association de microcrédit et de ses moyens financiers ». ».
4 Symposium International Microfinance au Maroc Octobre 2012
5 Livre Blanc du Micro Crédit au Maroc, 2013
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