Manuel d’analyse de la presse magazine, sous la direction de Claire Blandin, 2018 Introduction « Objets médiatiques ignorés voire méprisés » La trivialité de l’objet magazine lui a, jusqu’ici interdit de pénétrer le corpus des sciences sociales. Mettre en valeur les études prenant les magazines comme source ou comme objet et a permis une circulation et une prise de conscience de leur importance dans des domaines aussi variés que l’histoire de la publicité, le marketing, les loisirs, le renouvellement de la photographie, la circulation des discours politiques… ou les représentations du militantisme. Première partie : Panorama Chapitre 1. Jalons pour une histoire de la presse magazine 1. Naissance de la presse magazine : l’enjeu de la reproduction des images Dans l’entre-deux guerres, —> naissance de Marie-Claire en 1937. « On passe de l’image de la silhouette à celle du visage. Pour Evelyne Sullerot, Marie Claire soutient l’industrie cosmétique naissante. De ce fait, ce ne sont plus des modèles en pied qui sont en couverture (…) mais des visages. C’est au maquillage que les femmes deviennent attentives. Les cosmétiques qui sont un luxe au début des années 1930 se démocratisent. L’essor de Marie-Claire, créée par Jean Pruvost, est un exemple de développement d’un secteur de presse, soutenu par l’émergence d’une catégorie d’annonceurs, l’industrie cosmétique. Le renouvellement de la nature des images concerne aussi bien la partie rédactionnelle que les annonces. « Lancé par Hélène GL sur le modèle des magazines américains qu’elle a découvert pendant l’Occupation. Elle donne une nouvvelle place à la photographie de mode dans la presse féminine et dépasse chaque semaines les 700 000 exemplaires dans les années 1950. 2. L’explosion des magazines depuis la Libération : en quête de représentations 3. Diversification et segmentation : de nouveaux modèles économiques Conclusion Chapitre 2. La presse magazine comme objet de recherche 1. Perspectives internationales (thématiques de recherches Etude des identités (de genre, d’éthnie, de catégories d’âge, de classes) Etude des pratiques culturelles Etude du politique Etude des représentations Etudes sectorielles 2. Perspectives françaises Presse magazine comme secteur Presse magazine comme genre Etudes des représentations et approches sociologiques Chapitre 3. Propriétés et fonctions de la presse magazine « Le genre reste très vaste et très diversifié, et il n’existe pas de définition usuelle » Jean-Marie Charon, La Presse magazine, 2008 —> difficulté —> toute approche savante de la presse magazine s’interroge sur les critères de sa définition, qui en déterminent les contours en tant qu’objet scientifique, en soulevant aussi des questions spécifiques, étroitement liées aux propriétés dégagées Il propose 6 critères de définition pouvant être passés au crible d’une double critique : - critique d’exhaustivité : la propriété considérée s’applique-t-elle à tous les magazines, par-delà la diversité de leur formules ? - critique de singularité : la propriété considérée ne concerne-telle que la presse magazine ? 1. Propriétés de l’objet a) L’iconophilie b) Une déconnexion de l’actualité c) Une vocation grand public 2. Propriétés du secteur a) La segmentation b) Le contrat de lecture c) La valorisation au sein de groupes d) L’internationalisation des concepts e) Des avantages économiques directs f) Des avantages économiques indirects 3. Usages spécifiques a) Un objet familier b) Une « lecture de transports » c) Un guide de consommation d) Un trésor esthétique et/ou pédagogique Chapitre 4. Analyser les publics de la presse magazine : audiences, réception, usages 1. Les organismes de mesure a) CESP b) AEPM / APPM c) Audipresse d) ACPM 2. L’étude des lectorats 3. Questionnaire, entretiens individuels, focus groupes : quels choix méthodologiques ? 4. L’étude de la réception 5. L’étude des usages Chapitre 5 Le discours de la presse magazine « comme un secteur particulier de la production médiatique propre à un état de société, et comme un ensemble de discours relevant de genres très variés » Le discours de la presse magazine et les discours de la presse magazine donc remplit bien une fonction spécifique dans le paysage médiatique d’une société, aux côtés, par ex, d’un discours télévisuel ou du discours de la presse quotidienne, mais elle fait par le biais d’un large éventail de formes, qui vont des clichés de langue à l’énonciation éditoriaele, en passant par l’appel aux émotions de l’auditoire ou par le recours à un genre photographique. Parler des dicours de la presse mag, c’est par ailleurs reconnaître que ce média est par nature polyphonique et constitue en réalité un carrefour où se croisent le discours publicitaire, le discours politque, le discours scientifique etc.. Prendre en compte la discursivité, c’est iansi s’intéresser aux propriéts linguistiques, sémiothique et rhétoriques pour les articuler aux conditions de leur mise en oeuvre, d’autre part à la valeur sociale qui leur est prêtée 1. Pourquoi analyser le discours ? a) Le discours entre linguistique et sociologie On peut rapporter une part des logiques discursives Si la presse magazine est redevable d’une approche discursive , c’est qu’une part de son inscription socioculturelle est lisible dans les formes linguistiques, sémiotiques et rhétoriques qu’elle met en oeuvre, en mêm temps que cette mise en oeuvre contribue elle-même à reconfigurer les cadre socioculturels qui autorisent sa production et sa circulation dans une commauté b) La fonction culturelle du discours (cf la double analyse du contrat de lecture par Eliseo Veron) Eliseo Veron, La Semiosis sociale : tout discours est pris dans des conditions de production et des conditions de reconnaissance, qui lui donnent un rôle dans la construction de la réalité sociale. Cette pratique culturelle atteint un seuil de densité sémiotique (c’est à dire : s’articule en un ensemble de valeurs - le vintage, l’artisanat, la personnalisation) suffisamment riche et complexe pour qu’on puisse obtenir un discours sur elle, qui la rende lisible, appropriable, communautarisable. C’est donc aussi parce que la lisibilité l’appropriation, la communautarisation, bref, la configuration de cetet praique sont des enejux médiatiques (et bien sûr économique) Comment le discours de la presse magazine rend lisible et reconfigure des fragments de culture et comprendre comment les discours de la presse magazine participent d’un style de journal qui s’impose comme un style de vie : voilà l’ambition très générale que peut se donner une approche discursive de la presse magazine. Analyser les discours pour en saisir la fonction culturelle, c’est donc bien plus qu’en analyser les simples contenus. On peut bien sûr recenser les thèmes abordés par les titres de magazines de presse —> mais on aura alors laissé de côté ce qui distingue l’un de l’autre des titres qui abordent pourtant les même contenus et tout ce qui fait que ces façons de parler projettent des communautés de lectrices et de lecteurs très différentes.. En proposant la notion de contrat de lecture, Eliseo Veron a cherché précisément à rendre compte de cette relation, si possible durable que les organes de presse instaurent avec leur lectorat, en la fondant moins sur des contenus que des stratégies énonciatives particulières. La double analyse du contrat de lecture « Une analyse sémiologique sans terrain permet de comprendre en détail les propriétés du discours du sipport tel qu’il s’offre (…) mais elle ne nous indique pas de quelle façon le contrat de lecture ainsi construit s’articule (plus ou moins bien) aux intérêts, attentes, imaginaires de ses lecteurs. Un terrain sans analyse sémiologique du contrat de lecture est un terrain aveugle : on étudie les attitudes et les réactions des lecteurs et des non-lecteurs, vis—à-vis d’objets dont on ne connaît pas les propriétés qui font de ces objets, précisément, des objets de lecture » L’analyse du contrat de lecture : une nouvelle méthode pour les études de positonnement des supports de presse 2. Comment analyser le discours ? a) Du linguistique, du sémiotique, du rhétorique (Analyser le lexique d’un magazine : l’exemple du xénisme) b) Présences de la doxa c) Les genres du discours : entre normes et scénographies d) Qui parle ? Strates, effacements, responsabilités e) Les thèses du magazines : idéologies, mythologues, communautés (cf Barthes et ELLE) Deuxième partie : Secteurs Chapitre 6. Presse(s) féminine(s) : le poids du genre Un secteur sous-étudié au regard de son poids économique et du lectorat qu’il touche : en 2016, plus de 3 millions d’exemplaires ont été diffusés en France 1. Emergence d’un domaine d’études 2. Histoire du secteur 3. Les grandes pistes de recherche sur les magazines féminins a) Patrons et journalistes : les presses féminines à l’aune de leurs professions b) Les contradictions d’un contenu à la fois normatif et émancipateur c) Les réceptions genrées des magazines féminins Conclusion