Ainsi, en 1982, Carpenter et Coustan proposaient de nou-
veaux critères diagnostiques [6], aujourd’hui encore en
vigueur et recommandés par l’American Diabetes Associa-
tion (ADA) [2] en abaissant les valeurs seuils de glycémie
proposées antérieurement (Tableau 1).
Le diagnostic est généralement effectué entre la 24
e
et
la 28
e
semaine d’aménorrhée, sauf en cas de facteur de
risque de diabète gestationnel justifiant un dosage plus pré-
coce. Il repose soit sur une seule HGPO de 75 g ou 100 g de
glucose réalisée à jeun, soit en deux étapes, comprenant
une première HGPO de dépistage avec 50 de glucose (le
jeûne n’est pas nécessaire), dit test de O’Sullivan, suivie,
en cas de positivité, par une deuxième HGPO de 75 ou
100 g. Outre ces HGPO, certains auteurs préconisent un
test pragmatique basé sur un petit déjeuner classique com-
portant au moins 25 g de glucides avec mesure de la glycé-
mie à jeun et à la deuxième heure [8]. Pour les seules
recommandations internationales identifiées au nombre de
11 par l’HAS dans son rapport, sept seuils différents de gly-
cémies sont proposés pour l’HGPO 75 g, deux pour l’HGPO
100 g et deux pour le test de dépistage [17].
Les seuils définis par l’étude de O’Sullivan et Mahan [23]
et modifiés ensuite par différents auteurs reposaient sur
l’analyse du risque de développer un diabète après la gros-
sesse, ce qui est critiquable car ne prenant pas en compte
les complications périnatales. Les valeurs de l’OMS sont,
elles, basées sur des risques microvasculaires (rétinopa-
thie,…) et macrovasculaires sur une population générale.
Plusieurs études prospectives et rétrospectives ont corrélé
les seuils glycémiques avec la morbidité périnatale principa-
lement la macrosomie et la fréquence des césariennes.
Cependant, ce critère de jugement est loin d’être parfait.
La macrosomie est la complication la plus fréquente du dia-
bète gestationnel (15 à 30 % des grossesses) mais ne lui est
pas spécifique, ainsi moins de 10 % de l’ensemble des macro-
somies seraient dues au diabète gestationnel. La relation
entre niveau de glycémie et taux de macrosomie reste mal
évaluée. Une étude en cours, l’Hyperglycemia and Adverse
Pregnancy Outcome, devrait pouvoir répondre à cette ques-
tion [28]. L’hypertension artérielle est plus fréquente chez
les femmes ayant un diabète gestationnel mais le lien de
causalité n’est pas formellement établi. Une étude brési-
lienne portant sur une cohorte de 4977 femmes a identifié
7,2 % de diabète gestationnel en utilisant les critères OMS et
2,4 % avec ceux de l’ADA (HGPO 75 g Tableau 1). Les risques
relatifs (ajustés pour l’âge, l’IMC,…) étaient de 1,45 (OMS) et
1,29 (ADA) pour la macrosomie, 1,94 et 2,28 pour la préé-
clampsie, 1,59 et 3,10 pour les décès périnataux [26].
Soixante-treize pour cent des femmes diagnostiquées dia-
bète gestationnel par les critères OMS étaient considérées
comme non diabétiques avec les critères ADA ; à l’inverse,
18 % des femmes diagnostiquées DG avec les critères ADA
ne l’étaient pas avec ceux de l’OMS [26].
Il n’existe pas de consensus sur une stratégie de dépis-
tage, faute d’études de bonne qualité [3,17,29]. Jusqu’à la
moitié du deuxième trimestre de grossesse, les glycémies à
jeun et postprandiales sont plus basses que la normale, puis
un état d’insulinorésistance se développe progressivement
entraînant un diabète gestationnel chez les femmes dont la
fonction pancréatique endocrine est altérée [14,17]. Un
dépistage systématique ou ciblé sur les femmes à risque,
est donc préconisé entre la 24
e
et la 28
e
semaine d’aménor-
rhée ou plus tôt, lorsque le risque est élevé [2,14,17].
Cependant, il n’existe pas d’étude indiquant que cette
période est optimale, en identifiant les femmes qui seraient
à même de bénéficier le plus d’un traitement. La question
d’un dépistage systématique ou ciblé reste débattue [3,17,
30]. Un dépistage systématique diminue le nombre de faux
négatifs mais accroît les faux positifs sans bénéfice certain.
L’efficacité des traitements et les valeurs glycémiques à
atteindre pour diminuer le taux de complications restent
aussi à déterminer avec précision. Sur la macrosomie et
ses complications, l’efficacité du traitement par l’insuline
ou par la diététique seule n’est pas clairement démontrée
[3,17]. L’insulinothérapie diminuerait l’incidence de la
macrosomie uniquement chez les femmes ayant une hyper-
glycémie importante et un essai récent incluant diététique,
contrôle de la glycémie avec ou sans insuline a montré une
efficacité pour réduire la morbinatalité chez les femmes
ayant un diabète gestationnel modéré [3,13,17]. Concer-
nant l’hypertension et la prééclampsie, aucune étude per-
tinente ne permet d’évaluer l’efficacité de la prise en
charge du diabète gestationnel [17].
En 2007, le diabète gestationnel est une pathologie dont
les critères de diagnostic, de dépistage et de prise en
charge demeurent mal définis et controversés faute
d’études de bonne qualité. Certaines sont actuellement en
cours et devraient enfin pouvoir apporter des données fia-
bles [28]. Devant cette situation, à l’inverse de certaines
organisations comme l’ADA ou l’OMS, l’US Preventive Servi-
ces Task Force et l’HAS s’abstiennent de faire des recom-
mandations [3,17].
Quoi de neuf sur la microalbuminurie ?
Depuis la publication de Viberti en 1981 [29] montrant
que des concentrations d’albumine non détectables par
les bandelettes ou les méthodes colorimétriques usuelles
permettaient de prédire le développement de la néphro-
pathie diabétique, la microalbuminurie est devenue un
marqueur indispensable à la prise en charge des diabéti-
ques de type 1 et de type 2. D’abord considéré comme
marqueur prédictif de la néphropathie, ce paramètre
est vite devenu un marqueur de risque cardiovasculaire
indépendant des autres facteurs de risque. Trente à qua-
rante pour cent des diabétiques développent une néphro-
pathie dont la microalbuminurie est le signe le plus pré-
coce. Les traitements par inhibiteurs de l’enzyme de
conversion et/ou bloqueurs du récepteur de l’angioten-
sine se sont révélés être rénoprotecteurs et ralentissent
l’évolution de la maladie. Le dépistage est donc essentiel
puisque les traitements de l’atteinte rénale sont effica-
ces si ce dépistage est fait suffisamment tôt. Encore plus
que pour les autres paramètres urinaires, la phase préa-
nalytique pour la détermination de la microalbuminurie
est des plus importantes.
Conditions préanalytiques et expression
des résultats
La microalbuminurie est définie comme une excrétion
d’albumine comprise entre 20 et 200 μg/min ou 30 et
Actualités en diabétologie 97