Êtes-vous pour ou contre le travail de la femme ? Dites pourquoi ?
LES ARGUMENTS POUR LE TRAVAIL DE LA FEMME
La thèse : La femme a le droit de travailler tout comme l’homme.
Tout d’abord, la femme est un être humain. Elle a donc le droit
de jouir des mêmes droits que l’homme et d’exercer n’importe
quel travail hors de son foyer.
De plus, sur le plan intellectuel, la femme n’est pas inférieure à
l’homme comme on le prétend puisqu’elle reçoit la même
instruction que lui. Ainsi, on trouve des femmes pilotes d’avion,
ministres, chefs d’entreprise, ouvrières …
Enfin et surtout, le travail permet à la femme de s’assurer une
indépendance financière et peut, par conséquent, subvenir à ses
besoins et en cas de veuvage, à ceux de ses enfants.
LES ARGUMENTS CONTRE LE TRAVAIL DE LA FEMME
La thèse : la femme ne doit pas travailler en dehors de son foyer.
Tout d’abord, elle travaille déjà au sein de son foyer, parfois plus
de huit heures par jour en s’occupant de son mari, des tâches
ménagères, des soins et de l’éducation de ses enfants. Ce
serait donc injuste qu’elle travaille doublement.
Par ailleurs, la femme qui travaille hors de son foyer peut être
victime du harcèlement sexuel de la part de ses supérieurs
hiérarchiques, surtout dans le secteur privé.
Finalement et c’est l’argument principal, la femme doit s’occuper
elle-même de ses enfants au lieu de les confier à une bonne, ou à
une crèche car ils ont besoin d’affection et d’amour maternels.
La place de la femme est celle de l’homme. Ceci dit, cela dépend
d’elle. Si elle veut travailler, personne ne peut l’en empêcher ; et si
elle veut rester chez elle, c’est bien aussi !
La femme est avant tout un être humain, une citoyenne, et devrait
donc avoir les mêmes droits que l’homme. Sa place est partout : au
travail, dans la société, chez elle. Elle doit être présente dans le
champ politique, dans la vie collective, et occuper des postes à
responsabilité.
Elle est elle décide d’être. C’est son choix et sa volonté. Si
elle veut rester chez elle pour s’occuper des enfants et de son foyer,
c’est bien ; si elle veut travailler, ce n’est pas plus mal non plus.
Il n’y a aucune différence entre la femme et l’homme.
Malheureusement, l’histoire et la culture locales ont collé certains
rôles à la gent féminine. Or, l’homme aussi est censé prendre soin
de ses enfants et gérer son foyer.
La condition de la femme a-t-elle véritablement changé ?
Les Marocaines sont conditionnées par un certain nombre de
valeurs véhiculées dès l’enfance, qui font d’elles des personnes
soumises. Chez nous, l’homme passe en premier. La femme, elle,
ne peut que suivre. Il y a une sorte de volonté cachée de l’écraser
pour qu’elle reste inférieure à la gent masculine.
Il y a quelques années, la femme ne pouvait pas transmettre sa
nationalité à ses enfants. Aujourd’hui, elle a acquis ce droit. Je
pense que sa condition a connu certaines avancées. On ne peut pas
tout avoir à la fois. Et puis, il y a le revers de la médaille : les
femmes prétextent la religion pour expliquer leur soumission à leur
mari, entre autres.
Il y a différents indicateurs qui montrent la réalité sociale
marocaine. Le Haut-Commissariat au Plan a récemment mené une
enquête qui démontre que certaines portent le voile par obligation,
et non par choix. Le Royaume est classé 129ème sur 135 pays en
matière d’égalité des chances entre les hommes et les femmes. Ceci
n’est pas du tout en harmonie avec les discours officiels et avec ce
qu’on nous montre dans les médias.
A mon avis, il suffit de marcher dans la rue pour constater le
traitement qu’on réserve à la gent féminine. Les Marocaines sont
constamment harcelées et draguées seulement parce que ce sont des
femmes, et qu’elles sont donc des êtres faibles. Au Maroc, la rue
appartient aux mâles.
De nos jours, la femme assume plusieurs responsabilités.
L’homme s’est-il adapté à cette nouvelle situation ?
Les garçons ont toujours vu leur père travailler et leur mère rester à
la maison pour s’occuper de la cuisine et du ménage. Aujourd’hui,
les choses ont changé, et certains hommes aussi. Ils se disent pour
le partage des tâches, mais ne l’appliquent pas forcément une fois
mariés.
La femme a investi le monde du travail et elle assume, en même
temps, la gestion de son foyer. Logiquement, elle partage son
domicile avec un conjoint qui devrait, normalement, participer à
son tour à toutes les corvées. Mais l’homme marocain a du mal à
s’adapter à cette situation
On va encore revenir à la question de l’éducation. Personnellement,
je peux faire la vaisselle, le ménage… j’ai l’habitude de ranger ma
chambre parce que personne ne le fera à ma place. Je trouve ça
logique et tout à fait normal. Mais si la femme s’affirme, elle doit
être capable de poser comme condition à son futur mari de
conserver son travail et de partager les tâches ménagères.
L’émancipation de la femme et l’interchangeabilité des rôles sont
l’affaire de tous, et c’est tout le monde qui devrait en bénéficier.
C’est toute une culture traditionnelle qu’il faut changer. Il faut
s’engager pour bannir tous les stéréotypes qui stipulent que c’est à
la femme de s’occuper des corvées domestiques.
Concrètement, que doit-on encore faire pour améliorer la
situation de la femme ?
Il faut laisser de côté les cours d’éducation islamique et les
remplacer par des séances d’initiation aux droits de l’homme. Je
crois que c’est le meilleur moyen pour améliorer la situation de la
femme. Il y a aussi le côté économique. Quand la femme est
financièrement indépendante, ça change tout.
Dans notre société, on dit rarement “je t’aime” à sa copine devant
les autres. L’homme ne doit pas montrer de faiblesse ou de
sensibilité. C’est un problème d’éducation parce que l’enfant qu’il
a été, en grandissant, n’a jamais vu son père dire ma chérie” à sa
mère. C’est aussi une question de religion. Un mot résume bien
notre culture : la hchouma. C’est un substrat culturel dont il faut se
débarrasser, même si cela risque de prendre des années.
On devrait tous penser à une démarche participative entre les
autorités, la société civile et les citoyens qui croient en l’égalité. A
mes yeux, c’est l’Etat qui reste le premier responsable. Il doit
protéger la femme de toute forme de violence. Il faut aussi penser à
reformuler la loi. Comment peut-on parler de droits des femmes
quand on cautionne des lois qui permettent de marier les victimes à
leur violeur ?
Je pense que le premier pas serait l’éducation. Les enfants évoluent
avec l’idée que les deux sexes ne sont pas égaux. C’est révoltant !
Le jour nous commencerons à respecter les femmes et quand le
débat sera autour de l’homme avec un grand “H”, on arrivera à avoir
une génération instruite et respectueuse de la parité.
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