De nos jours, la femme assume plusieurs responsabilités.
L’homme s’est-il adapté à cette nouvelle situation ?
Les garçons ont toujours vu leur père travailler et leur mère rester à
la maison pour s’occuper de la cuisine et du ménage. Aujourd’hui,
les choses ont changé, et certains hommes aussi. Ils se disent pour
le partage des tâches, mais ne l’appliquent pas forcément une fois
mariés.
La femme a investi le monde du travail et elle assume, en même
temps, la gestion de son foyer. Logiquement, elle partage son
domicile avec un conjoint qui devrait, normalement, participer à
son tour à toutes les corvées. Mais l’homme marocain a du mal à
s’adapter à cette situation…
On va encore revenir à la question de l’éducation. Personnellement,
je peux faire la vaisselle, le ménage… j’ai l’habitude de ranger ma
chambre parce que personne ne le fera à ma place. Je trouve ça
logique et tout à fait normal. Mais si la femme s’affirme, elle doit
être capable de poser comme condition à son futur mari de
conserver son travail et de partager les tâches ménagères.
L’émancipation de la femme et l’interchangeabilité des rôles sont
l’affaire de tous, et c’est tout le monde qui devrait en bénéficier.
C’est toute une culture traditionnelle qu’il faut changer. Il faut
s’engager pour bannir tous les stéréotypes qui stipulent que c’est à
la femme de s’occuper des corvées domestiques.
Concrètement, que doit-on encore faire pour améliorer la
situation de la femme ?
Il faut laisser de côté les cours d’éducation islamique et les
remplacer par des séances d’initiation aux droits de l’homme. Je
crois que c’est le meilleur moyen pour améliorer la situation de la
femme. Il y a aussi le côté économique. Quand la femme est
financièrement indépendante, ça change tout.
Dans notre société, on dit rarement “je t’aime” à sa copine devant
les autres. L’homme ne doit pas montrer de faiblesse ou de
sensibilité. C’est un problème d’éducation parce que l’enfant qu’il
a été, en grandissant, n’a jamais vu son père dire “ma chérie” à sa
mère. C’est aussi une question de religion. Un mot résume bien
notre culture : la hchouma. C’est un substrat culturel dont il faut se
débarrasser, même si cela risque de prendre des années.
On devrait tous penser à une démarche participative entre les
autorités, la société civile et les citoyens qui croient en l’égalité. A
mes yeux, c’est l’Etat qui reste le premier responsable. Il doit
protéger la femme de toute forme de violence. Il faut aussi penser à
reformuler la loi. Comment peut-on parler de droits des femmes