initial après étirement peut dépendre des conditions dans lesquelles
la déformation a été réalisée. Dans l’eau, le cheveu s’allonge
beaucoup plus rapidement, mais il revient aussi beaucoup plus vite
à son état initial quand cesse la traction. En revanche, si après avoir
étiré le cheveu, on le sèche en maintenant la tension, le cheveu
conserve à sec une partie de l’allongement qui lui a été donné. Ce
comportement est attribué à la contribution des liaisons hydrogènes
et des liaisons salines : à l’état mouillé, un certain nombre de ces
liaisons sont rompues ou affaiblies, les chaînes de kératine peuvent
donc glisser plus facilement et subir un certain étirement. Au cours
du séchage, de nouvelles liaisons s’établissent, qui vont cristalliser
le nouvel arrangement spatial interne. Ces nouvelles liaisons cèdent
toutefois progressivement sous la pression des forces naturelles de
rappel et ce d’autant plus vite que l’atmosphère ambiante est plus
humide.
Dans la pratique, on opère comme suit : la déformation est imprimée
aux cheveux mouillés :
– soit par enroulage sur des rouleaux de mise en plis ou des
papillotines ou d’autres supports de formes variables, ou même
autour d’un doigt avec fixation de la boucle avec des épingles ;
l’enroulage est suivi d’un séchage au séchoir ou à l’air libre ;
– soit à l’aide d’un peigne et d’une brosse, avec fixation de la forme
simultanément par un séchoir à main (Brushingt).
La forme obtenue dans ces conditions n’est que temporaire ; elle
disparaît à la première averse. D’où l’idée de rechercher des produits
capables de retarder cet inéluctable retour au naturel et d’essayer de
prolonger la forme d’un shampooing à l’autre.
Les produits de mise en forme et de coiffage sont basés sur des
solutions de polymères dits filmogènes, c’est-à-dire des substances
de haut poids moléculaire qui laissent, après évaporation, un film
enveloppant chaque cheveu : ce film doit à la fois exercer un rôle
mécanique en maintenant le cheveu dans la forme imposée, apporter
du gonflant à la chevelure et la protéger contre l’humidité ambiante.
Il ne doit être ni collant ni rêche, ni friable ni hygroscopique, ne pas
poudrer, rester invisible...
L’art du formulateur est à la fois dans le choix du (ou des)
polymère(s) pour satisfaire à ces exigences nombreuses et souvent
contradictoires, et dans la mise au point d’un support permettant
d’exalter les qualités du film polymère, de minimiser ses défauts et
de répondre aux besoins ou à une utilisation spécifiques (mise en
plis, Brushingt, coiffage avec les doigts, coiffures modelées,
structurées, ébouriffées, fixées...). La formulation a constamment
évolué avec les techniques de mise en forme, la mode, les types de
coiffure. La disponibilité de nouveaux polymères et de nouveaux
agents traitants a permis aux cosméticiens d’enrichir constamment
la palette de produits et de performances. Aux premières lotions
aqueuses ou hydroalcooliques se sont adjoints des gels, des mousses
aérosols, des sprays, des lotions et des mousses de coloration
temporaire, offrant un maintien plus ou moins rigide ou un
modelage coiffant souple plus ou moins traitant et embellissant
(apport de douceur, brillance, soin, démêlage, discipline, texture,
corps...).
La formule d’un produit de mise en forme, de coiffage ou de
maintien se compose en général de :
– polymères filmogènes ;
– plastifiants ;
– agents adoucissants, démêlants, donneurs de brillance ;
– parfum, colorant ;
– solvant (eau, alcool).
Les polymères utilisés sont, soit des résines non ioniques
(polyvinylpyrrolidone [PVP] ou copolymères de vinylpyrrolidone et
d’acétate de vinyle [PVP/VA]), soit, le plus souvent, des résines
anioniques, c’est-à-dire des polymères dont la structure porte un
certain nombre de groupements acides libres que l’on neutralise
pour obtenir une bonne solubilité dans l’eau et l’alcool. Le taux de
neutralisation revêt une grande importance car il détermine à la fois
la solubilité et la résistance du film à l’humidité : il doit donc être
soigneusement ajusté. Les plastifiants ont pour objectif de modifier
la flexibilité, la dureté, la résistance à l’humidité et d’empêcher le
poudrage du film. Ce sont des polyglycols, des dérivés de lanoline,
des silicones, des protéines. Les agents destinés à améliorer le
toucher, l’aspect, le démêlage des cheveux sont multiples, mais on
peut citer en particulier les polymères cationiques, qui, en plus de
toutes ces propriétés, renforcent l’adhésion du film grâce à leur
affinité pour la kératine.
Les laques sont normalement destinées à être appliquées sur la
coiffure terminée, c’est-à-dire sur cheveux secs, après le « coup de
peigne ». L’objectif n’est plus de gainer le cheveu, mais de recouvrir
la chevelure d’une résille invisible plus ou moins ferme, plus ou
moins souple, pour conférer une certaine rigidité à la coiffure finie
et la protéger contre les déformations mécaniques, le vent,
l’humidité.
Alors que les produits de mise en forme, de coiffage ou de maintien
s’appliquent après un shampooing ou pas plus d’une fois par jour,
les laques peuvent être appliquées plusieurs fois par jour. À plus de
90 %, ce sont des aérosols : une solution alcoolique conditionnée
sous pression et vaporisée au travers d’une valve commandée par
un bouton poussoir. La qualité d’une laque est à la fois dans la
finesse de sa pulvérisation et dans les propriétés de la maille
polymérique, qui doit satisfaire à des exigences tout aussi délicates
et multiples que pour les produits précédents. La plupart des
polymères filmogènes utilisables pour ces derniers le sont aussi pour
les laques. Les principales différences résident dans la concentration
en polymère (plus élevée en général) et la nature et la quantité de
plastifiants. La possibilité de formuler sans eau permet en outre de
faire appel à d’autres résines, dès lors que leur solubilité dans
l’alcool et leur compatibilité avec les propulseurs sont bonnes.
Les performances d’une laque dépendent dans une large mesure de
la technologie de pulvérisation. Les principaux gaz propulseurs
utilisés sont des associations à partir d’hydrocarbures simples ou
fluorés non chlorés ou d’oxyde de diméthyle (diméthyléther [DME]).
Déformation. Ondulation permanente
Quel que soit le corset polymérique dont on emmaillote le cheveu
pour prolonger sa forme, il ne résiste pas au premier shampooing.
Pour obtenir des boucles ou des ondulations durables, pour
imprimer à la chevelure un support de forme qui se conserve dans
le temps, il faut mobiliser d’autres liaisons que les seules interactions
ioniques (salines) et « hydrogène » : il faut libérer toutes les
ressources d’extension de la fibre en rompant les ponts disulfures
(cystine). Le principe de la permanente consiste à ouvrir
temporairement un certain nombre de liaisons disulfures K-S-S-K
entre les chaînes de kératine (K), grâce à l’action d’un agent
réducteur ou « liquide frisant » qui va rendre le cheveu plastique,
c’est-à-dire déformable sans élasticité, et permettre ainsi le
glissement des chaînes polypeptidiques de la kératine pour modeler
le cheveu dans une forme nouvelle, imposée par enroulage sur
bigoudi. Dans un deuxième temps, les liaisons disulfures sont
R
I
CH
•
•
•
N
I
H
O
C
II
C
O
•
•
•
H
I
N
II
C
I
R
H
K1
K2
2Liaisons « hydrogène ».
OC NH
HN CO
CH-CH2-CO2- +H3 N- (CH2)4-CH
3Liaison saline acide aspartique/
lysine.
50-190-B-10 Cheveux : techniques esthétiques Cosmétologie
2